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 Retrouver son père, Trouver son honneur, Se trouver Soi [Henri/Ferdi]

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Retrouver son père, Trouver son honneur, Se trouver Soi [Henri/Ferdi] Empty
MessageSujet: Retrouver son père, Trouver son honneur, Se trouver Soi [Henri/Ferdi]   Retrouver son père, Trouver son honneur, Se trouver Soi [Henri/Ferdi] Icon_minitime15.02.14 20:07

"Un fils bien né ne redoute ni les menaces, ni les reproches de son père ; ce qu'il craint, c'est son silence."

La lueur du couchant baignait le camp des mousquetaires d’une lueur dorée, le vent faisait claquer la toile des tentes et au loin on pouvait entendre la rumeur de soldats discutant, chantant parfois autour d’un feu. Cependant, Henri pas plus qu’un autre ne trouvait le goût d’apprécier le tableau. Après l’excitation des premiers jours, la réalité de la guerre avait repris ses droits. Plusieurs affrontements avaient déjà eu lieu, avec leur cortège de mort et de blessures, plus ou moins visible. Dorénavant, le calme de la nuit était régulièrement troublé par les cris des cauchemars ou les râles des mourants.
Les pâles figures qu’il croisait avait pour la plupart d’être hantés malgré l’enthousiasme que certains semblaient se trouver en devoir d’afficher. A moins que cet enthousiasme ne soit pas feint, et que les meneurs réussissent vraiment à soulever les troupes. Cela, Henri ne le savait pas car il n’avait pu participer à une bataille. A la joie de faire partie des troupes françaises, la frustration de devoir rester en arrière avait succédée. Pire, certains le traitait de planqué dont la principale mission était de s’assurer que Vallombreuse, dont il était aide de camp, ne manque pas de feu. Il était lucide sur sa capacité à en découdre avec l’ennemi et il savait qu’il aurait probablement finit dans le cortège des estropiés, voir pire, mais une blessure apporte la gloire. Etre intact était presque un affront.
Ses seaux d’eau dans les mains, il marchait en prêtant attention à son chemin, histoire de ne pas se retrouver au milieu d’une altercation encore une fois. Pas qu’un peu d’action lui déplaise, mais le savon que Vallombreuse lui avait passé et le risque de se voir renvoyer à Paris l’avait calmé.
Sans encombre, il pénétra sous la tente de son supérieur. Avec surprise, il constata que celui-ci n’était pas seul. Il tenait un parchemin dans la main et les nouvelles qu’il annonçait ne semblait pas le ravir, vu sa mine sombre. Pas qu’il soit particulièrement bout en train le reste du temps.
Discrètement, Henri se glisse en direction de l’âtre, les hommes ne semblent même pas l’avoir remarqué. Il s’active pour faire chauffer l’eau mais ne peut s’empêcher de saisir quelques bribes de conversation.
-Sait-on depuis combien de temps ? questionna Vallombreuse.
-Non, Monsieur, on s’en est rendu compte que le lendemain matin, avec la confusion de la bataille, personne ne se doutait qu’il manquait, répondit le messager.
-Ce n’est pas étonnant, commenta son supérieur.
Vallombreuse, fît une pause et relut le message, comme s’il recelait un double sens qu’il n’avait pas encore percé.
-Vous êtes sur qu’il ne figure pas parmi les morts ? reprit-il
-C’est la première chose qu’on a vérifié, vous pensez bien, répondit son interlocuteur visiblement agacé.
-Alors, quoi, une désertion ? rétorqua Vallombreuse.
-Non évidement non. J’ai interrogé des hommes de sa troupe, il a été coupé de ses lignes du côté de la forêt de Haye. On craint qu’il ait été capturé, avoua l’homme.
-Nous aurions eu une demande de rançon, non ? douta le Marquis.
-Pas nécessairement, s’il a été capturé avec d’autres hommes, il n’est pas certain que nos ennemis se soit rendu compte de leur prise, suggéra son interlocuteur.
-C’est mal le connaître, le Baron d’Anglerays ne se cacherait pas parmi ses hommes, assura Vallombreuse.

A l’évocation de ce nom, Henri releva brusquement la tête, comme pétrifié. L’homme disparu, probablement capturé par les lorrains serait Ferdinand. Un scénario catastrophe germa dans son esprit. Il pouvait rester des années captifs, voir même mourir durant sa détention, ce ne serait pas la première fois. L’imaginé amaigris, enfermé, cela brisa le cœur du jeune homme. Il ne pouvait pas le perdre, avant de l’avoir vraiment trouvé, avant de lui avoir dit. Cela l’amena à sa mère, si Ferdinand venait à disparaître, cela l’anéantirait.

Vallombreuse finit par s’apercevoir que son aide de camp était planté comme un piquait et le regardait les yeux écarquillés.
-angoiran, qu’est ce que vous faites planté là ? Vous n’avez rien d’autre à faire ?  l’interpella-t-il abruptement.
-Heu, non Monsieur, bredouilla Henri, embarrassé.
-Et bien allez donc dehors voir si j’y suis, le congédia son supérieur.
-Mais, Monsieur, l’eau …tenta-t-il de plaider.
-Langoiran ! Exécution, trancha Vallombreuse.

Penaud, Henri tourna les talons et sortis, mais il resta à proximité de l’entrée pour essayer de capter la fin de l’entretien.
-…plus d’informations … prévenir le Roi
-…perte pour notre armée…
-…faut agir rapidement
-
-…votre plan d’action ?
-voici ma proposition : rien

Le jeune homme serra le poing, ainsi les officiers n’allaient rien faire pour tenter de sauver le Baron. Il serait laissé à son sort. Henri aurait bien tenté d’écouter le reste, mais un groupe de soldats saouls s’approchaient et chantant à tue-tête
« Buvons un coup, buvons-en deux
A la santé des amoureux,
Buvons un coup, buvons-en deux
A la santé des amoureux,
A la santé du Roi de France
Et... pour le Roi d'Angleterre,
Qui nous a déclaré la guerre ! »


Avant d’avoir pu faire un pas, Vallombreuse sortis en trombe de la tente pour apostropher les soudards.
-Soldats, taisez-vous et rejoignez votre baraquement ou je vous colle au trou, c’est clair ?
L’homme qui l’accompagnait secoua la tête
-Ils nous envoient les compagnons de la chanson version tutu et clarinette, comment voulez vous que nous gagnions cette guerre.
Posant les yeux sur lui, Vallombreuse l’apostropha à nouveau.
-Tu es encore là toi, file j’ai dit.
Henri ne demanda pas son reste.

Plus tard, couché sur sa paillasse, le sommeil se dérobait. Il ne cessait de penser  Ferdinand. A son père. C’était la première fois qu’il le qualifiait en ces termes, même pour lui-même. Certes, il savait qu’il était son père mais mettre des mots dessus, penser à lui en tant que tel, il n’en avait pas l’habitude.
Perdre un paternel, il savait en revanche, ce que cela faisait. Certes il était bien trop jeune à la mort de celui qui lui avait donné son nom, mais il avait grandit sans lui et avant d’apprendre que l’auteur de ses jours était bel et bien vivant, il en avait souffert. Alors perdre Ferdinand à son tour. Il ne pourrait pas le supporter. Et dire que s’il avait bien compris la conversation, rien n’allait être fait pour le retrouver.

Petit à petit, une image germa dans son esprit : retrouver Ferdinand. Si il arrivait à le localiser, peut-être serait-il en mesure de convaincre Valombreuse de mettre en place une équipe de secours pour le libérer. Il rejeta d’abords cette idée, mais son esprit vagabonda. Ici, il était inutile, on le lui avait bien fait comprendre. Sauver Ferdinand, c’était gagner ses lettres de bravoure. Finalement, il ne tint plus. Il se leva et se rhabilla. Il jeta rapidement dans une sacoche un pain, un morceau de jambon et du fromage. Silencieusement, il arracha un cheval. Il se retournait fréquemment de peur qu’on l’arrête. A moins qu’il l’espère. Il était conscient de la folie de son acte. Il était ignorant, il ne connaissait pas la région, il ne se battait pas très bien et pourtant, une fois le premier pas effectué, le reste s’enchaina. Personne ne se trouva sur son chemin pour l’arrêter et au milieu de la nuit, le jeune homme s’éloigna du camp.
La nuit l’engloutit.
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