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 « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie

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Silvestre de Lévis


Silvestre de Lévis

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Volé par une jolie pirate
Côté Lit: Ca dépend de vous
Discours royal:



    Miaou ☀
    Mais oui! Mais oui!
    J'ai bien vu un Gros Minet!!


Âge : 27 ans
Titre : Vicomte de Vauvert, Seigneur de La Voulte et Beauchastel, Commandant du Soleil Royal (marine royale)
Missives : 232
Date d'inscription : 28/02/2012


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MessageSujet: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime18.04.13 5:15




-... et c'est ainsi que je rejoignis finalement les côtes du Québec, après des mois de voyages, acheva Silvestre, un rien dramatiquement.

-Aaaah... fut la réponse qu'on lui fit, suivit rapidement d'applaudissements.

Silvestre n'était rentré du Nouveau Monde que quelques semaines auparavant. Il faisait encore office d'attraction à histoires pour la totalité de la cour, quelque soit l'endroit et la soirée où il se trouvait. Un autre aurait surement été lassé, pire, agacé de ce petit jeu qu'on le forçait à jouer, mais Silvestre adorait voir les réactions de ses auditeurs – majoritairement féminines qui adoraient frémir, rire et se pâmer au gré d'histoires sur des lieux dans lesquels elles n'iraient jamais et qu'elles rêvaient de découvrir, à travers les récits de jeunes officiers comme Silvestre uniquement, bien évidemment – qui ne semblaient pas se lasser de ses aventures. Cela amusait grandement le premier lieutenant de marine, dans son pourpoint gris-argenté, qui souriait à son entourage, répondait à une question, précisait un détail, ou se contentait de faire un clin d'oeil, en fonction de ce qu'on lui demandait. Il savait que cela ne plaisait pas à son frère, voilà surement pourquoi il y mettait deux fois plus de cœur. Louis-Charles détestait l'attention qu'il ne provoquait pas. Et Silvestre, en parfait frère cadet qui se respecte, adorait contrecarrer les plans de son frère, à un ou deux détails prêt bien sûr. Mais Louis-Charles s'était éclipsé depuis longtemps, sans doute pour aller miser ce qu'il restait de leur fortune à quelque jeux de hasard.

Cela avait laissé le champ libre à Silvestre, qui s'était fait attraper par l'une des dames, madame de Courtanvaux. Celle-ci, marquise bretonne de son état, ne ratait aucune soirée à Versailles, de peur de risquer de se faire oublier de la cour. Il était vrai que sa présence n'était pas des plus notables. Elle avait cependant commencé à poser des questions à Silvestre, banales d'abords, puis de plus en plus poussées. D'autres dames et quelques messieurs s'étaient rapprochés, au point que presque toutes les personnes présentes dans le petit salon s'étaient retrouvées à écouter le vicomte de Vauvert. Celui-ci avait finalement décidé de raconter une histoire complète. Celle de Tortuga. Mais tout commençait avant, en partant de Montréal avec son navire marchand, en direction de la Louisiane. Ce voyage, qu'il racontait avec des allures de roman d'aventure, faisait en vérité revenir en lui bien d'autres souvenirs. Ceux d'Andréa de Bellevue. Dieu seul savait où elle était à ce moment là. Bien sûr, à aucun moment, il ne mentionna que le capitaine de l'équipage était une femme et qu'il la connaissait bien mieux que ce qu'on aurait put croire. Ce n'était pas le point le plus important. Après une attaque aussi sanglante que rapide, il avait été fait prisonnier à bord du navire au large de la Nouvelle Orléans, amené sur Tortuga, vendu comme esclave, il s'était échappé de chez son « propriétaire » et avait réussi à être embauché comme matelot sur un navire en direction de Port Royal, où il avait finalement put se faire reconnaître en tant qu'officier de la marine française – heureusement pour lui, l'Angleterre et la France n'étaient pas en guerre à ce moment là – et avait été rapatrié sur un navire marchand jusqu'à la Nouvelle Orléans, et de là, avait reprit la mer pour Montréal. Un voyage qui n'aurait dut durer que quelques semaines avait en fait duré presque un an.

Exactement le genre d'histoire qu'on adorait ici, à Versailles. Pourtant, pendant son récit, il n'avait pas put s'empêcher de remarquer que tout le monde n'appréciait pas son récit. Dans un coin, à l'autre bout de la pièce, Mademoiselle de Longueville et sa suivante les ignoraient royalement. Bien que Silvestre avait déjà repéré que la-dite suivante aimait énormément ses histoires bien qu'elle s'en cachait, la belle Gabrielle, elle, restait sans émotion et totalement froide. Pire que les blocs de glaces qui flottaient dans le Saint Laurent en plein hiver. C'était sa réputation. Elle adorait attirer l'attention, qu'on la regarde, lui dise à quel point elle était belle et toutes ces choses. Mais ce soir là, Silvestre était au centre de tous les regards. Et ce n'était pas la première fois. Jalouse ? Peut être. Ce soir en tout cas, le lieutenant avait décidé de le découvrir une bonne fois pour toute. Mais il savait d'avance que la conquête n'allait pas être aisée. Qu'à cela ne tienne, il avait vécut pire que cela. Les petits groupes se formaient à nouveau, et, pas à pas, peu à peu, de discussion en discussion, Silvestre se rapprocha de Gabrielle de Longueville. Si elle était cousine plus proche du roi qu'il ne pouvait l'être, la noblesse de Silvestre remontait à plus loin que celle de la jeune femme. Ils se valaient donc assez, bien que son orgueil à elle ne le reconnaîtrait jamais.

-Madame, dit-il en s'inclinant devant elle, je n'ai pas eus le plaisir de vous saluer ce soir.

Il savait d'avance qu'elle serait froide. Elle lui battait froid depuis son arrivée de toute façon. Et le jeune homme trouvait qu'il n'y avait rien de plus valorisant qu'une femme qui vous résiste. Il prit sa main et la porta à ses lèvres. Sans y avoir été invité, il s'installa à ses côtés, tout sourire.

-Vous avez la mine fort sombre. Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il le plus innocemment du monde, avant de faire une référence à l'histoire qu'il venait de raconter : Le divertissement n'était pas à votre goût ? Vous m'en voyez désolé. Je croyais pourtant qu'il avait plus à tout le monde...

Il glissa un coup d'oeil à la suivante de Gabrielle, avant d'offrir son plus charmant sourire à cette dernière.

-Vous me blessez, madame, le savez-vous ? Ajouta-t-il avec une certaine emphase de comédien. Votre manière de m'ignorer à chacune de nos rencontres va finir par me briser le cœur...

On pouvait clairement ressentir la moquerie dans ses paroles, bien qu'il n'aima pas faire ce genre de fausses scènes en public, aussi l'avait-il dit de manière à ce qu'elle seule puisse l'entendre. La pièce commençait de toute façon à se vider peu à peu. Pas assez vite au goût du jeune homme.
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime30.04.13 23:59

-... Et c'est ainsi que je rejoignis finalement les côtes du Québec, après des mois de voyages, acheva Silvestre de Lévis, d'un ton dramatique et plein de sous-entendus, attendant sans nul doute que l'on se pâme à l'idée des dangers auxquels il avait fait face et que l'on s'émerveille de son impressionnant courage.
Gabrielle de Longueville leva les yeux au ciel tandis que des applaudissements crépitaient dans le petit salon versaillais dans lequel la bonne compagnie s'était rassemblée loin du bal et des jeux d'argent pour parfaire leur art de la conversation. C'était généralement un lieu où la jeune duchesse arrivée quelques mois auparavant à la cour aimait à briller. Sa famille avait veillé à ce qu'elle reçoive la parfaite éducation d'une demoiselle de sa naissance. Et le goût personnel de Gabrielle avait fait le reste. Traînée dans les salons dès son plus jeune âge, elle connaissait parfaitement les actualités littéraires et mêmes scientifiques au même titre que les dernières rumeurs que sa fidèle Perrine lui rapportait avec soin ce qui faisait d'elle une parfaite interlocutrice lors des longues soirées d'appartements versaillaises. Mais ce soir-là, une marquise bretonne dont le principal trait de caractère était son insignifiance avait trouvé le moyen d'aller papillonner des yeux auprès de ce Silvestre de Lévis, fraîchement rentré de Nouvelle-France, pour obtenir un récit de sa part. Déjà, Gabrielle n'appréciait guère ce genre de femmes qui se donnaient en spectacle dans l'espoir de faveurs tant elle les trouvait ridicules – et Dieu savait à quel point elles s'étaient rapidement passé le mot pour abandonner le menuet et venir en nombre dès qu'il avait commencé sa première phrase à propos d'une histoire rocambolesque à propos de pirates, d'esclave et de fuite éperdue, digne des pires romanciers du siècle – sauf que dans leur cas, c'était au moins bien raconté. Mais en plus, elle ne comprenait pas l'intérêt qu'on pouvait manifester à de tels contes. Si quelqu'un n'avait jamais rêvé d'exotisme, c'était bien Gabrielle qui se contentait fort bien de ce qu'elle avait, ou plutôt de Paris et Versailles car même si on ignorait son implication dans la main de l'ombre, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être ambitieuse. Loin de la passionner, les bateaux, les batailles sur les mers et les peuples étrangers à la peau brune ne l'agaçaient même pas mais la laissaient totalement indifférente.

Toutefois, derrière son visage morne qui ne reflétait aucune de ses émotions et qui lui avait valu son surnom de bloc de glace, Gabrielle trépignait non à cause de ces dames (les hommes étaient encore plus idiots, c'était pour dire) ou de l'histoire mais bel et bien du conteur. Elle ne le connaissait même pas, seul son nom lui disait quelque chose car la famille de Lévis-Ventadour se vantait de ses origines prestigieuses ce qui faisait ricaner l'orgueilleuse Gabrielle dont la famille descendait, en toute modestie, des rois de France mais elle jugeait qu'il était inutile de le rappeler car tous les gens qui comptaient le savaient déjà. Mais ce n'était pas la première fois qu'il osait se montrer devant la galerie et Gabrielle songea, non sans méchanceté gratuite, qu'il aurait tout à fait pu s'engager dans la troupe de monsieur Molière, le ton faussement dramatique qu'il adoptait convenait à merveille au ridicule des tirades du dramaturge qui déclenchaient plus le rire que l'émerveillement. Mais si elle devait se montrer honnête, le seul sentiment qui dominait en cet instant, c'était bel et bien la jalousie. Elle n'était pas faite pour l'ombre en société. Sa place, c'était devant ces personnes, à la lumière. C'était là qu'elle avait grandi, c'était là où elle vivait à chaque instant. Pas pour finir oubliée dans un coin de salon au même titre que la marquise de Courtanvaux, obligée de faire parler les autres pour faire oublier qu'on n'a pas d'esprit. Par ses récits, Silvestre de Lévis la reléguait au second plan et cela l'exaspérait.

Hélas pour ses pauvres nerfs, quand la foule se dispersa, ce fut vers elle que le jeune homme se dirigea. Que lui voulait-il donc ? Qu'aurait-il voulu qu'elle fasse pour que son animosité soit plus claire encore ?
- Madame, dit-il poliment, je n'ai pas eu le plaisir de vous saluer ce soir.
- Quel dommage, rétorqua-t-elle d'un ton où pointait l'ironie tout en échangeant un regard avec Perrine qui l'avait accompagnée et qui se trouvait à ses côtés, voilà qui est chose faite. Bonsoir, monsieur.
Mais le vicomte de Vauvert ne bougea pas pour autant et ne parut pas refroidi par les paroles de son interlocutrice, faisant preuve de sa bravoure tant vantée dans ses récits et dont Gabrielle se serait volontiers passée.
- Vous avez la mine fort sombre. Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il après avoir baisé sa main qu'elle lui retira bien vite et s'être installé à côté d'elle sans lui avoir demandé sa permission, le divertissement n'était pas à votre goût ? Vous m'en voyez désolé, je croyais pourtant qu'il avait plu à tout le monde...
- Vous vous leurrez, j'ai beaucoup apprécié le passage où vous étiez esclave, la scène était fort plaisante à imaginer, dit-elle innocemment avant de poursuivre : figurez-vous que je souffre d'une présence malvenue que l'on ose m'imposer.
Le message était fort clair mais une fois de plus, le vicomte ne se démonta pas et adressa un sourire à Perrine ce qui attira un pincement au cœur de Gabrielle qui ne put s'empêcher de lancer un regard noir à sa suivante qui l'encourageait visiblement :
- Vous me blessez, madame, le savez-vous ? Votre manière de m'ignorer à chacune de nos rencontres va finir par me briser le cœur...
Il se moquait d'elle évidemment ce qui fut loin de calmer Gabrielle qui rétorqua d'un ton tranchant sans se soucier d'être polie, il n'en avait rien à faire lui-même de toute façon :
- Tant mieux, cela vous empêchera peut-être de venir nous casser les oreilles avec vos contes à dormir debout... Quoique non, attendez, l'arrêta-t-elle en levant l'index comme si elle était frappée par une illumination, prouvant par là qu'il n'était pas le seul à avoir des talents de tragédien, cela pourrait être encore pire, vous essayeriez alors de faire pleurer toutes ces jeunes filles en fleurs avec lesquelles vous avez du succès, ça serait encore pire !
Perrine dissimula un sourire en faisant mine de se détourner mais la duchesse malgré son ironie mordante n'était pas d'humeur à plaisanter aussi lui fit-elle signe de s'éloigner :
- Va Perrine, je ne vais pas tarder à me retirer dans mes appartements, va veiller, je te prie, à ce que tout soit prêt à mon arrivée.

Sans discuter, la jeune femme salua puis obéit à son amie qui se retrouvait désormais seule en compagnie de l'importun, d'autant plus que la pièce se vidait petit à petit, le cœur des jouvencelles ayant désormais besoin d'un peu de danse pour faire passer toutes ces émotions. Dommage qu'il n'y ait pas de salons consacrés à la cueillette de fleurs. Cette fois-ci, Gabrielle se retourna franchement vers Silvestre en fronçant les sourcils :
- Que voulez-vous donc, monsieur ? Je ne souhaite pas entendre plus d'histoires ce soir, je dirais même que vous m'avez fait ma semaine, voire mon mois et pourtant vous continuez à m'imposer votre vue, c'est un comble. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je ne suis pas l'une de ces femmes qui battent des cils en vous voyant arriver, je n'ai jamais cherché à attirer votre attention et je n'ai aucune forme de prétention ni sur votre cœur ni votre esprit. Mais visiblement, je n'avais pas été assez claire, voilà qui est réparé. Vous n'aimez pas danser ou jouer aux cartes comme votre cher frère aîné ?
Vous pourriez essayer de sauver votre fortune, termina-t-elle en pensée en songeant à ce qui se disait sur Louis-Charles de Lévis mais elle n'alla pas jusque-là car cela relevait de l'affront pur et simple. Elle fixa un instant, le regard plongé dans celui brun et rieur de Silvestre avant de se détourner, toujours de mauvaise humeur :
- Tout ceci m'ennuie, décréta-t-elle en se levant, je ne vous demande pas l'autorisation de me retirer, je sais que vous me l'accordez.
Tournant les talons, elle s'apprêta à s'éloigner mais ignorait encore que Silvestre n'avait pas l'intention d'en rester là. Pour être honnête... Avait-elle, elle-même, réellement envie d'en rester là ?
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime10.06.13 13:54

Le vicomte avait parfaitement conscience d'être un amuseur public, à la mode parce que fraichement de retour, mais dont on se lasserait vite après quelques semaines à lui faire raconter les mêmes histoires et à s'être laissé grisé d'envie d'aventure, depuis le fauteuil bien confortable où l'on s'était installé pour l'écouter. Les aventuriers en tout genre et les militaires ayant vu du pays – ou de l'océan, et il entrait dans les deux catégories – fascinaient souvent par cette indépendance qui attirait et séduisait tout en étant inaccessible à la plupart de la cour française. Après tout, qui aurait bien put quitter son petit confort particulier pour risquer sa vie on ne savait où, sur des territoires dont la population, la faune, la flore ou encore la cartographie restaient bien approximatives, et dangereuses. Mais il n'y avait pas besoin de quitter Versailles pour courir l'aventure. Entrer dans ces salons revenaient à faire une chasse bien dangereuse où la parole était à la fois une arme et une faiblesse. En accentuant sur sa nature de bon vivant, Silvestre passait pour un charmant compagnon de soirée, voir même de débauche, sans qu'on s'en méfia vraiment. Il n'y avait d'ailleurs pas de raisons de s'en méfier à proprement parler, mais le Vicomte avait ses propres objectifs et lui aussi savait jouer de ses relations pour y parvenir. Même s'il n'avait pas encore décidé de comment ou par où commencer pour réduire l'influence néfaste de son aîné et les problèmes qu'il jetait peu à peu sur la famille.

Il n'avait pas la réputation de dangereuse vipère que pouvait avoir la belle Gabrielle de Longueville. Belle, tous l'admettaient. Elle fascinait. Mais certains cercles la disaient dangereuse, de par sa haute naissance, ses relations... Si elle n'était pas reine de France, elle était sans nulle doute celle du bon goût de la cour et de ce qui se devait d'être ou de ne pas être à la mode. Elle pouvait sans nul doute briser une réputation, et donc une famille entière. Et le tout par une pique bien sentie ou un sourire. Le genre de femme qu'il ne valait apparemment pas avoir comme ennemie, et dont il fallait se garder, de surcroit quand on était nouveau à la cour. Hélas, trois fois hélas, Silvestre n'avait jamais été très raisonnable. Cela se serait sut autrement. Il adorait le danger, et Gabrielle de Longueville était un danger nouveau qu'il lui tenait à cœur d'affronter. Il savait bien qu'elle ne l'appréciait guère, il l'avait bien senti, dès leur première rencontre. Il lui faisait de l'ombre, l'arriviste. Cela amusait le jeune homme, car il se savait une mode qui passerait, là où mademoiselle de Longueville resterait une étoile qu'on regarderait toujours. Alors pourquoi se sentir menacer ? A la fin de son récit, il avait poussé sa chance jusqu'à – disons le clairement – imposer sa présence à la jeune femme qui n'en semblait vraiment pas enchantée, malgré le numéro de charme du lieutenant de marine. Heureusement, elles ne sont pas toutes aussi faciles à séduire les unes que les autres, cela deviendrait monotone.

-Quel dommage, voilà qui est chose faite. Bonsoir, monsieur. Railla-t-elle en réponse aux salutations de Silvestre.

Il en fallait bien plus pour déconcerter le jeune homme qui n'avait pas pour habitude de se laisser refroidir aussi facilement. Il engagea donc la discussion, malgré l'envie claire de la jeune femme d'y mettre fin au plus vite.

-Vous vous leurrez, j'ai beaucoup apprécié le passage où vous étiez esclave, la scène était fort plaisante à imaginer. Figurez-vous que je souffre d'une présence malvenue que l'on ose m'imposer.

Une fois de plus il ignora clairement le sous entendu qui en était à peine un, et prit une mine contrite en changeant de sujet, même s'il était certain que cela ne fonctionnerait pas sur Gabrielle.

-Tant mieux, cela vous empêchera peut-être de venir nous casser les oreilles avec vos contes à dormir debout... Quoique non, attendez, cela pourrait être encore pire, vous essayeriez alors de faire pleurer toutes ces jeunes filles en fleurs avec lesquelles vous avez du succès, ça serait encore pire !

Silvestre eut ce petit sourire qui le caractérisait si bien. S'ils devaient commencer à jouter en paroles, le combat serait long et âpre, car ils semblaient aussi doués l'un que l'autre.

-Du moment que vous n'êtes pas celle qui pleurera, ma chère, vous m'en verrez soulager. Je ne supporterai pas de voir ces beaux yeux tristes. Quoi qu'on m'a dit qu'il était impossible de vous émouvoir... Hélas, je suis du genre à adorer faire mentir les idées reçues.

La pique, directement liée à leurs réputations respectives, ne pouvait être plus claire. Et l'échange semblait vraiment amuser la suivante de la jeune femme, car celle-ci se détourna, mais son rire était visible au mouvement de ses épaules, ce qui agaça sa maîtresse.

-Va Perrine, je ne vais pas tarder à me retirer dans mes appartements, va veiller, je te prie, à ce que tout soit prêt à mon arrivée.

La suivante ne se fit pas prier. Silvestre balaya le salon du regard. Presque seuls...

-Oseriez-vous me quitter alors que je viens de mettre mon cœur à vos pieds ? S'offusqua faussement le vicomte, main sur le cœur, en vrai comédien.

Gabrielle prit un air agacé.

-Que voulez-vous donc, monsieur ? Je ne souhaite pas entendre plus d'histoires ce soir, je dirais même que vous m'avez fait ma semaine, voire mon mois et pourtant vous continuez à m'imposer votre vue, c'est un comble. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je ne suis pas l'une de ces femmes qui battent des cils en vous voyant arriver, je n'ai jamais cherché à attirer votre attention et je n'ai aucune forme de prétention ni sur votre cœur ni votre esprit. Mais visiblement, je n'avais pas été assez claire, voilà qui est réparé. Vous n'aimez pas danser ou jouer aux cartes comme votre cher frère aîné ?

Les mâchoires de Silvestre se crispèrent. Touché... Mais cela ne dura qu'une infime seconde et immédiatement, le jeune homme reprit son visage charmeur, tout sourire. Mais Gabrielle se leva.

-Tout ceci m'ennuie, je ne vous demande pas l'autorisation de me retirer, je sais que vous me l'accordez.

Silvestre, contrairement à n'importe quelle éducation de gentilhomme ne se leva pas. Il resta là, et éclata de rire. Un rire vrai, franc, et un rien moqueur, qui coupa la retraite de la jeune femme sans qu'il ait besoin d'agir réellement.

-Est-ce tout ? Vraiment madame ? Cela me déçoit...

Il s'assura qu'enfin, ils soient seuls, avant de se redresser un peu sur son siège.

-Votre réputation vous précédait et j'avais à cœur de voir la magnifique, mais froide Gabrielle se mesurer à moi, et je ne trouve qu'une jeune femme qui fuit devant l'ennemi. Vraiment...

Silvestre finit par se lever et s'approcha de la jeune femme, prenant doucement une de ses mains dans la sienne, l'observant.

-Vous êtes tellement habituée à avoir ce que vous voulez que vous ne prenez même plus la peine de lutter ? Vraiment madame... Imaginez. Un duel, même verbal, entre un Lévis et une Longueville. Les familles les plus anciennes et les plus puissantes de la cour. Ne me prenez pas pour un sot, j'avais parfaitement comprit votre froideur à mon égard, bien que je n'en ai pas compris le motif, du moins jusqu'à maintenant. Auriez-vous peur de moi, Gabrielle ?

Il s'était rapprocher d'elle jusqu'à murmurer les dernières paroles à son oreille. Puis la lâcha pour se reculer, mais il se doutait qu'il avait piqué son orgueil. Une Longueville, comme un Lévis, n'a peur de rien ni de personne. C'était l'une des conséquences d'avoir un nom aussi haut placé.

-Vous auriez tort, ma chère, de me comparer à mon frère. Si ce n'est le nom qui vient de la moitié du sang que nous partageons, nous n'avons rien en commun lui et moi.

Puisqu'il lui fallait apprendre les règles de Versailles, pourquoi ne pas le faire avec la meilleure professeur possible, celle qui en connaissait toutes les ficelles parce qu'elle en tirait une bonne partie ?
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime27.06.13 21:05

Apparemment, ce n'était pas ce soir-là que Gabrielle de Longueville allait s'en tirer à si bon compte, après avoir lancé quelques insultes bien senties (mais toujours fort polies, elle savait où était la frontière entre la pique et l'affront pur et simple) et avoir choisi de se retirer loin des gourgandines et surtout de cet agaçant Lévis. Elle ne voulait pas chercher à savoir la raison pour laquelle il lui tapait autant sur les nerfs car elle aurait plutôt aimé pouvoir dire qu'elle était indifférente à ses réflexions et qu'en outre, il ne méritait guère plus d'attention que les quelques (précieuses) minutes du temps qu'elle lui avait accordé – les autres femmes lui en accordant beaucoup trop, cela faisait un équilibre. Mais comme le découvrit une Gabrielle exaspérée, Silvestre de Lévis n'avait guère l'instinct de conservation ce qui en soit expliquait bien des choses, on ne pouvait être tout à fait saint d'esprit pour quitter le confort et la compagnie de la civilisation pour partir à l'aventure dans des endroits du globe que Gabrielle aurait tout donné pour ne jamais connaître. Cependant, il ne semblait pas se rendre compte qu'il avait à faire à une espèce toute particulière de fauve, la Précieuse de salon qui n'avait pour habitude de se lancer démonter et qui possédait des griffes assez acérées pour faire fuir tous les importuns – aussi petits et agaçants que les mouches qu'ils étaient. Face aux paroles de circonstance qu'il lui avait dites, elle n'avait répliqué qu'avec le profond mépris qu'elle éprouvait, en négligeant la simple politesse car là encore, pour s'accrocher autant qu'une sangsue (tiens, il fallait songer à lui demander s'il en avait déjà croisé), il ne la méritait pas. Mais alors qu'elle s'était levée pour partir, il continuait à s'adresser à elle, sans paraître comprendre les messages fort clairs qu'elle lui avait fait passer – on ne pouvait d'ailleurs être plus clair à moins d'en venir aux mains ce que Gabrielle s'était toujours refusé de faire, elle avait un rang à tenir, elle, ce qui laissa à penser à la jeune femme que non seulement le Nouveau Monde accueillait des fous mais qu'en plus, il les renvoyait dépourvu de tout charme de l'esprit et de tout tact. Bref, cette soirée déjà fort peu sympathique se transformait en petite catastrophe et la jeune femme en vint même à se dire que la seule manière de lui échapper était peut-être de tomber en pâmoison. Mais il y avait le danger qu'il ne la rattrape et se méprenne sur les causes de son évanouissement, ce qui la contraignit à rester debout sur ses jambes bien fermes, haussant à peine un sourcil exaspéré devant le jeune homme.

Pensait-il vraiment que ses tentatives ridicules de séduction pouvaient fonctionner ? Quand on avait goûté aux poèmes des écrivains des salons comme ceux de ce jeune Racine – ou aux lèvres de Guillaume du Perche mais cette pensée-là, il valait mieux la garder pour elle -, toutes ces jérémiades paraissaient bien fades. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher de lever les yeux au ciel quand il se donna pour défi de la faire pleurer (allons, un peu de sérieux ! Il pouvait attendre longtemps avant d'y parvenir – et d'ailleurs, il lui faudrait attendre un mariage royal pour que ses yeux s'embuent et que les barrières s'effondrent) et quand il insista en déclarant avoir déposé son cœur à ses pieds, image qui eut au moins le mérite de lui arracher un sourire mauvais. En fine observatrice qu'elle était, elle ne put s'empêcher de remarquer la fine crispation de mâchoire qu'il eut lorsqu'elle évoqua vaguement son frère aîné, probablement occupé çà et là à perdre une fortune issue d'on ne savait trop où. Il y a des paroles qui ressemblent à des confitures salées après tout. Mais cela ne dura qu'une infime seconde et tout de suite après, avec une maîtrise admirable pour quelqu'un qui avait plus l'habitude des Sauvages (que Gabrielle soupçonnait de ne pas beaucoup dissimuler leurs sentiments) que des salons. On aurait pu penser que cela l'aurait fait vaciller légèrement mais au contraire, il démontra qu'il était une mouche beaucoup plus acharnée – ou aveugle au choix – que les autres : dès qu'elle fit mine de s'éloigner pour aller soigner son ressentiment dans ses appartements versaillais  (et se choisir une pauvre victime qui en ferait les frais, au hasard Louis XIV ou Amy of Leeds), il éclata de rire. Ce fut sans doute la bonne stratégie à adopter car malgré elle, la jeune femme stoppa sa marche et étonnée, elle se retourna pour lui faire face de toute la hauteur de son orgueil.
- Est-ce tout ? Vraiment madame ? Cela me déçoit...
Gabrielle devant ces paroles qu'elle ne comprenait pas, se contenta de hausser les sourcils en croisant les bras sur sa poitrine. Heureusement pour sa migraine à venir, il se chargea de l'éclaircir :
- Votre réputation vous précédait et j'avais à cœur de voir la magnifique mais froide Gabrielle se mesurer à moi et je ne trouve qu'une jeune femme qui fuit devant l'ennemi. Vraiment...
- Vraiment ? L'interrompit Gabrielle, surprise malgré elle et l'attaquant avec toute l'ironie dont elle était capable, mais dites-moi enfin, monsieur, ce qui, dans mon attitude, a pu vous laisser penser que j'avais envie de m'abaisser à me mesurer à vous ? Je préfère encore parler d'indigestion de melons avec cette bonne dame de Courtanvaux – ce qui constitue son principal sujet de conversation plutôt que d'avoir à discuter avec vous de cœurs brisés ou à terre.

Évidemment, il aurait été trop beau que ces paroles puissent avoir un effet et elle prit une moue butée, digne de la jeune fille d'à peine vingt ans qu'elle était quand il se releva pour s'approcher d'elle et lui prendre une main dans la sienne. Elle était si outrée qu'elle ne songea pas immédiatement à la lui arracher.
- Vous êtes tellement habituée à avoir ce que vous voulez que vous ne prenez même plus la peine de lutter ? Vraiment madame... Imaginez. Un duel, même verbal, entre un Lévis et une Longueville. Les familles les plus anciennes et les plus puissantes de la cour. Ne me prenez pas pour un sot, j'avais parfaitement compris votre froideur à mon égard, bien que je n'en ai pas compris le motif, du moins jusqu'à maintenant. Auriez-vous peur de moi, Gabrielle ?
Il ne comprenait donc rien et mélangeait tout ! Enfin presque car au moins, il n'était pas assez imbécile pour ignorer sa froideur à son égard ce qui laissait de l'espoir pour le Nouveau Monde finalement. Mais face à cette attaque totalement injustifiée – Gabrielle ne savait guère ce qui pouvait bien signifier le terme « peur », elle plissa les yeux de colère contenue et ôta sa paume de la sienne avec une moue dégoûtée. Se pensait-il réellement membre de la plus ancienne famille de la cour pour simplement la toucher ? Heureusement, il s'était éloigné d'elle alors qu'il avait murmuré ses dernières paroles à son oreille. Fort heureusement pour sa survie, Gabrielle ne songea pas de l'endroit où elle se trouvait et du risque d'être surprise dans cette position.
- Vous auriez tort, ma chère, de me comparer à mon frère. Si ce n'est le nom qui vient de la moitié du sang que nous partageons, nous n'avons rien en commun lui et moi.
Cette fois-ci, ce fut au tour de Gabrielle de laisser éclater un rire sans joie, juste perfide et moqueur, tout en épiant les réactions de Silvestre en face d'elle.
- La seule scène qu'il me plaît d'imaginer en cet instant, ce sont les multiples façons dont je pourrais être enfin débarrassée de votre présence. Pour qui me prenez-vous pour être... Effrayée ? L'une de ces jeunes filles en fleurs qui sont assez naïves, pour ne pas en dire davantage, pour pleurer à vos récits, continua-t-elle avec mépris, si vous pensiez que j'allais tomber dans vos bras après quelques phrases convenues, c'est vous qui êtes bien trop sûr de vous et c'est là, la première leçon de la cour, monsieur de Lévis. Ne jamais être trop confiant car la cour se charge de vous détruire petit à petit jusqu'à ce que vous ne puissiez plus vous montrer devant elle.

La porte du salon s'ouvrit brusquement sur l'une des dames de la reine, une vieille duègne toute vêtue de noir que Gabrielle connaissait sous le nom de Gundred et qui lui lançait des regards peu amènes quand elle se rendait au lever de Marie-Thérèse. D'ailleurs, elle ne fit pas défaut à sa réputation et son visage sec et maigre se tordit dans une grimace impossible à reproduire. Pas question de continuer les explications devant elle aussi Gabrielle tourna-t-elle les talons pour s'enfoncer dans les détales des couloirs du château. Des bruits de pas lui indiquèrent que Lévis l'avait suivie et au beau milieu du chemin, sans prévenir, elle se retourna vers lui, si bien qu'il faillit lui rentrer dedans.
- Vous dites que vous ne ressemblez pas à votre frère mais vous avez encore à le prouver. Vous êtes deux jeunes arrogants qui ne vous distinguez pas du reste de ces courtisans qui distribuent sourires, argent ou histoires pour séduire des jeunes filles sans défense. Vous savez, monsieur, vous êtes d'ailleurs bien ordinaire même si je dois vous reconnaître que vous avez une force de volonté presque impressionnante. Mais si vous voulez vraiment être au-dessus de la masse, il va falloir mettre la barre plus haut, beaucoup plus haut.
C'était comme un défi qu'elle lui lançait sans savoir particulièrement si elle souhaitait qu'il y souscrive ou pas, qu'il la laisse enfin tranquille ou pas. Après tout, quoi qu'elle dise, la joute commençait à devenir intéressante et sa colère, si elle ne s'apaisait pas, la conduisit à retrouver son ironie mordante :
- Et puis franchement, si vous désirez vous adresser à moi et que je vous réponde autre chose que des insultes, ôtez les phrases toutes faites de votre vocabulaire et ne me traitez pas de « froide » avant de faire de moi une souris terrifiée devant le gros chat que vous êtes.
Elle avait lancé cela en retrouvant son sourire moqueur, bien peu consciente de la façon dont la soirée allait se terminer...
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Silvestre de Lévis


Silvestre de Lévis

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Volé par une jolie pirate
Côté Lit: Ca dépend de vous
Discours royal:



    Miaou ☀
    Mais oui! Mais oui!
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Âge : 27 ans
Titre : Vicomte de Vauvert, Seigneur de La Voulte et Beauchastel, Commandant du Soleil Royal (marine royale)
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime29.07.13 11:55

Si Gabrielle de Longueville, plutôt que de battre froid à Silvestre de manière aussi ostensible, l'avait tout simplement ignoré, comme certaines femmes de la cour qu'il n'avait jamais remarquées, il n'était pas à douter que le jeune homme aurait sans doute passé son chemin, sans même lever un sourcil, sur la froide beauté de la cour de France. Oui, mais voilà, la belle Gabrielle se comportait d'une manière excessive. Froideur excessive, piques excessives, tout était excessivement étrange chez cette jeune femme et cela ne pouvait que piquer la curiosité de Silvestre qui n'était pas du genre à se laisser démonter pour si peu. Au contraire, plus le jeune homme voyait le comportement de la demoiselle de Longueville plus il avait envie d'approfondir la question, et l'occasion était trop belle pour la laisser passer. Elle devait bien s'ennuyer pour avoir ce comportement de supplication d'attention, et pour en vouloir à ce point à tous ceux qui pouvaient la lui voler, Silvestre dans le cas précis. Ah, les femmes, que de complications elles faisaient ! Certes, on ne pouvait pas vivre sans, mais on pouvait difficilement vivre avec aussi. Silvestre n'était pas un séducteur, du moins il ne se considérait pas comme tel. Il aimait vivre, pleinement, il avait trop connu les peurs des nuits froides dont on n'était pas certains de voir la fin pour ne pas comprendre que la vie se vivait pleinement. On pouvait le targuer d'avoir trop vécu au contact des sauvages, mais leur façon de vivre avait fasciné le vicomte, et il n'avait pu s'empêcher de voir qu'ils avaient bien raison sur nombre de choses par rapport aux chrétiens.

Alors elle pouvait bien lui faire tous les reproches du monde, avoir une fausse idée de lui, ce n'était pas ce qui lui importait. On aurait aussi pu se demander pourquoi le jeune homme accordait autant d'importance à ce que Gabrielle de Longueville, elle ou une autre au même comportement, d'ailleurs, pouvait bien penser de lui, avait-il quelque chose à prouver, comme une certaine légitimité ? Ce n'était pas comme ça qu'il voyait les choses, mais c'était sans doute ça, dans le fond. Prouver qu'il était différent de son aîné. Ce n'était pas une raison pour retenir ainsi Gabrielle, certes, mais l'occasion était par trop belle. Leurs éclats de voix pouvaient attirer quelques curieux mal placés qui pouvaient venir s'enquérir de ce qui se passait dans ce salon désormais presque désert, mais aucun des deux protagonistes n'en avait quoi que ce soit à faire, c'était évident. Et la discussion menaçait de tourner à l'aigre, il n'y avait qu'à voir les piques qu'ils s'envoyaient. Une dispute entre Longueville et Lévis aurait de quoi alimenter les potins de la cour pour l'année à venir, il n'y avait pas de doute... L'exaspérer ? Oui c'était bel et bien son but, et il n'y avait pas de doute à avoir, cela fonctionnait parfaitement. Sauf qu'elle savait se défendre, toutes griffes dehors. Leur joute verbale faisait s'affronter deux parfaits maîtres, c'était l'évidence même.

Et si Silvestre avait frappé fort, Gabrielle n'était pas en réserve.

-Vraiment ?  Mais dites-moi enfin, monsieur, ce qui, dans mon attitude, a pu vous laisser penser que j'avais envie de m'abaisser à me mesurer à vous ? Je préfère encore parler d'indigestion de melons avec cette bonne dame de Courtanvaux – ce qui constitue son principal sujet de conversation plutôt que d'avoir à discuter avec vous de cœurs brisés ou à terre.

Silvestre accusa le coup, mais ne se laissa pas démonter pour autant, contre attaquant, face à la mine boudeuse de la jeune femme. Elle avait presque l'air adorable, quand elle faisait cette tête. Presque... Mais elle eut une attaque en traitre en parlant de Louis-Charles, auquel Silvestre en supportait pas d'être comparé. Cela lui fit presque perdre son sang froid, mais il se reprit, hélas, Gabrielle l'avait bien comprit.

-La seule scène qu'il me plaît d'imaginer en cet instant, ce sont les multiples façons dont je pourrais être enfin débarrassée de votre présence. Pour qui me prenez-vous pour être... Effrayée ? L'une de ces jeunes filles en fleurs qui sont assez naïves, pour ne pas en dire davantage, pour pleurer à vos récits, si vous pensiez que j'allais tomber dans vos bras après quelques phrases convenues, c'est vous qui êtes bien trop sûr de vous et c'est là, la première leçon de la cour, monsieur de Lévis. Ne jamais être trop confiant car la cour se charge de vous détruire petit à petit jusqu'à ce que vous ne puissiez plus vous montrer devant elle.

-Tomber dans mes bras ? Vous surestimez votre importance, rétorqua Silvestre, narquois.

Certes, cela n'était qu'une pique pour la provoquer, mais en bon militaire qu'il était, Silvestre savait faire la différence entre un coup d'audace et une cause perdue. Et pour le moment, bien qu'il avait cru en la première possibilité, la seconde commençait à lui apparaître de plus en plus clairement. Il savait encore battre retraite au moment opportun plutôt que s'homicider, mais le moment ne lui paraissait pas encore venue, et il décidait de jouer la chance légendaire qui entourait sa lignée. La conversation s'arrêta net sur la porte du salon qui s'ouvrit. Une vieille femme leur jeta un regard mauvais, et si Silvestre avait cru aux contes racontés dans son enfance, il aurait pu penser qu'il s'agissait d'une de ces sorcières sorties des histoires que sa nourrice lui racontait quand il était enfant. Mais cela profita à Gabrielle qui tourna les talons pour s'échapper par l'une des autres portes. Silvestre la suivit, la rattrapant sans difficulté, n'étant pas encombré comme elle par des couches et des couches de soieries. Elle vit soudain volte face vers lui, comme un fauve traqué qui se retrouve acculé par ses poursuivants :

-Vous dites que vous ne ressemblez pas à votre frère mais vous avez encore à le prouver. Vous êtes deux jeunes arrogants qui ne vous distinguez pas du reste de ces courtisans qui distribuent sourires, argent ou histoires pour séduire des jeunes filles sans défense. Vous savez, monsieur, vous êtes d'ailleurs bien ordinaire même si je dois vous reconnaître que vous avez une force de volonté presque impressionnante. Mais si vous voulez vraiment être au-dessus de la masse, il va falloir mettre la barre plus haut, beaucoup plus haut.

Un défis ? A l'image de celui que les dames lançaient aux chevaliers lors des temps jadis ? Il ne fallait pas oublier que les Lévis avaient acquis leurs lettres de noblesses lors des tournois mais aussi des croisades, et cela ne faisait nullement peur à Silvestre.

-Et puis franchement, si vous désirez vous adresser à moi et que je vous réponde autre chose que des insultes, ôtez les phrases toutes faites de votre vocabulaire et ne me traitez pas de « froide » avant de faire de moi une souris terrifiée devant le gros chat que vous êtes.

Tiens ? La belle se serait-elle apaisée ? Vu le ton et le sourire qu'elle affichait, cela y ressemblait fortement. Pourtant, à l'instant précis, il n'avait aucune difficulté à devenir le chat auquel elle le comparait, et s'il le fallait, elle deviendrait la souris qu'il voudrait entre ses griffes, quelques heures seulement. Le ton du jeune homme se fit plus doux alors.

-Mais il y a bien pour moi des manières de vous montrer que je ne suis pas mon frère. Quand à séduire une jeune fille sans défense... Sans défenses vous n'êtes pas, cela est clair, vous venez de le prouver ma chère. Froide ? Vous l'êtes, mais belle aussi, comme un matin d'hiver que le givre à blanchit et que le soleil éclair. Mais je ne me ferai pas mauvais poète pour vous, vous ne goûtez guère mes talents de conteur, ajouta-t-il avec ironie.

Il s'approcha d'elle jusqu'à la repousser contre le mur, sans la bloquer pour autant, si elle voulait s'enfuir, elle le pouvait encore. Mais le jeu devenait bien trop intéressant pour lui, comme pour elle, il l'imaginait sans difficulté. Et elle était joueuse, alors pourquoi aurait-elle reculé maintenant ?

-Je croyais que la peur vous était inconnue... ? Et laissez-moi découvrir comment vous faire fondre.
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime02.08.13 16:55

Devant l'arrivée impromptue d'une duègne de la reine Marie-Thérèse qui n'aurait pas manqué de raconter tout ce qu'elle avait vu à la moitié de la cour – tout en se défendant d'être de ces dames qui se plaisent aux ragots, ce qui clamaient haut et fort ces duègnes à défaut de le mettre en pratique, ce qui ne manquait pas d'étonner Gabrielle qui ne comprenait pas comment la reine pouvait être celle qui était le moins au courant de ce qui se passait dans sa propre cour, la jeune femme avait préféré prendre la fuite. Une dispute de haut vol entre une Longueville et un Lévis ? Cela aurait en effet créé bien des discussions à Versailles, surtout que les deux jeunes gens n'avaient non seulement aucune raison de se connaître mais encore moins de se chercher querelle, a priori. Mais la duchesse de Longueville ne tenait pas à être au centre des plus folles rumeurs, surtout quand elles concernaient de près sa réputation et sa vertu. C'était bien assez de prendre des risques en allant rejoindre Francesco Contarini qui n'était définitivement pas l'amant le plus discret au monde ou en rêvant aux lèvres de Guillaume du Perche, il aurait été du plus grand ridicule que d'être l'objet de racontars qui n'avaient aucun fondement et n'en auraient jamais (c'était beau de se voiler la face). Surtout quand on faisait parti d'un complot qui se devait de conserver le plus grand secret. Elle ne voulait pas susciter les rumeurs mais bel et bien les écouter, les attraper au vol quand elles passaient de bouche à oreilles, même celles réputées les plus délicates et les plus fermées afin de les transmettre à ceux qui en auraient meilleur usage – à savoir Hector de Valois ou de les utiliser à meilleur escient. La jeune duchesse ignorait si elle souhaitait être suivie par Silvestre de Lévis pour poursuivre leur joute ailleurs, si ses nerfs mis à rude épreuve auraient préféré le voir s'éloigner (ou tenir compagnie à Gundred, certaine qu'elle était du genre à avoir les yeux qui brillent devant un jeune homme qui raconte ses extraordinaires aventures, ne serait-ce que par vanité de songer qu'elle avait peut-être encore ses chances, chances qu'elle avait perdues avec le passage au nouveau siècle d'ailleurs), une envie qu'elle ne comprenait guère la poussait, elle, à vouloir qu'il n'abandonne pas aussi vite. Qu'il lui prouve finalement qu'il n'était pas comme tous ces imbéciles de courtisans qui pensaient pouvoir déclamer deux vers et sourire bêtement pour conduire les jeunes filles innocentes dans leur lit. Cela fonctionnait peut-être avec Michelle de Bergogne à qui il devait suffire d'offrir des fleurs pour la voir se pâmer mais certainement pas avec quelqu'un de la trempe de Gabrielle de Longueville. Quand on parlait réputation, après tout...

De fait, tel un chevalier du XIIe siècle qui ne lâchait pas sa lance avant d'être parvenu à jeter son adversaire à terre – ou à être tombé lui-même de cheval, sans la classe, l'honneur et la distinction qui allaient avec, Silvestre de Lévis était derrière elle dans ce couloir assez sombre où elle s'était engouffrée dans le but de retrouver ses appartements au plus vite. Elle s'était retournée pour faire face au jeune homme, le fixant droit dans les yeux – non sans être contrainte de lever la tête en conséquence, et détaillant sans complaisance les traits de son visage dont elle ne sut réellement interpréter l'expression. Elle détestait ses provocations basses qui n'avaient que pour but de la mettre davantage en colère comme si ce regard vert ne souhaitait que se repaître de son exaspération en sachant qu'il en était la cause. Il avait presque l'air de s'amuser à s'imaginer être ce chat qui jouait avec sa souris avant de la dévorer, or Gabrielle avait bien conscience qu'elle n'avait là pas le rôle le plus agréable aussi choisit-elle soigneusement ses mots pour le frapper là où cela pouvait faire le plus mal. Elle s'était rendu compte que sa faiblesse se trouvait en la personne de son frère, il lui fallait donc les rapprocher et les mettre sur le même plan. Elle n'était pas loin de penser qu'ils se valaient bien de toute façon. Mais sa langue avait dépassé ses pensées et loin de prendre la mouche, le sourire de Silvestre sembla s'élargir à la mention de ce qui ressemblait bien à un défi. Face à l'indifférence et à la stupidité, Gabrielle n'avait plus qu'une arme qu'elle dégaina avec grand plaisir : son ironie.
- Mais il y a bien pour moi des manières de vous montrer que je ne suis pas mon frère, répliqua Silvestre sans se laisser démonter le moins du monde et avec une voix que la jeune femme, qui levait un sourcil perplexe, trouva plus doucereuse, quant à séduire une jeune fille sans défense... Sans défense, vous ne l'êtes pas, cela est clair, vous venez de le prouver, ma chère. Froide ? Vous l'êtes, mais belle aussi, comme un matin d'hiver que le givre a blanchi et que le soleil éclaire. Mais je ne me ferais pas mauvais poète pour vous, vous ne goûtez guère mes talents de conteur, termina-t-il avec ironie.
- Qui a parlé de talent ? Répliqua Gabrielle au tac au tac, avec autant de mauvaise foi que de méchanceté gratuite, tout en songeant que les mauvais poètes, on les pend sans procès, c'est plus court, idée qu'elle n'aurait pas manqué de mettre à exécution le jour où Hector prendrait le pouvoir.
C'était là néanmoins une dernière bravade, pour l'honneur et par simple plaisir de blesser son adversaire qui se rapprochait d'elle et dont la présence la troublait davantage qu'elle ne l'aurait voulu. Il ne l'écoutait plus de toute manière et la repoussa doucement contre le mur jusqu'à ce qu'elle se sente prisonnière. En un éclair, Gabrielle eut l'impression de revivre une telle scène mais c'était avec un tout autre homme, un homme qu'elle désirait avec autant d'ardeur qu'elle détestait Silvestre de Lévis.
- Je croyais que la peur vous était inconnue... ? Et laissez-moi découvrir comment vous faire fondre...

Cette voix était douce et tentatrice... Tant et si bien que le trouble de la jeune femme augmenta. Elle ne savait plus comment réagir, si elle devait paraître outrée de tant de familiarité – alors qu'elle lui avait lancé tant d'insultes peu de temps auparavant ou si elle devait simplement prendre à nouveau la fuite. Elle ne parvenait plus à se souvenir ce qu'elle avait l'intention de faire quelques temps auparavant, la raison pour laquelle elle désirait rejoindre aussi vite ses appartements alors que la musique continuait à jouer quelque part dans le château et que les rires s'élevaient encore dans le lointain, les rires de ces courtisans stupides bien loin de se douter qu'ils étaient là pour l'amusement d'un tyran et que quelque part, dans cette prison dorée, un chat et une souris se livraient à un jeu, sans que l'on sache vraiment qui était le chat et la souris. Heureusement pour Gabrielle, ou peut-être malheureusement, une voix retentit dans ce fameux couloir où Silvestre lui faisait face.
- Ah mais... Mademoiselle de Longueville, est-ce vous ? Quelle joie de vous revoir !
La jeune duchesse fit un bond, par crainte d'être surprise dans cette position et à une distance raisonnable du Lévis, elle fit volte-face pour voir qui arrivait vers eux. L'obscurité avait peut-être empêché l'homme de bel et bien distinguer ce qui se passait devant lui, ce qui n'était pas proprement rassurant car cela signifiait aussi qu'il pouvait s'imaginer n'importe quoi. Mais lorsqu’elle distingua le visage souriant de Le Nôtre, le jardinier du roi qui prenait toujours beaucoup de plaisir à venir lui demander son avis sur ses parterres (parce qu'invariablement Michelle de Bergogne lui répondait que ça manquait de fleurs) et lui parler littérature, tout en ignorant ce qu'était une rumeur, Gabrielle se sentit rassurée.
- Oh monsieur de Lévis, vous tombez à pic, je voulais justement vous parler des formes de plantes qu'on ne trouve pas en Europe mais dont j'aimerais agrémenter mes jardins ! Continua Le Nôtre, réjoui de trouver de la compagnie (quelle idée aussi de la chercher dans un couloir aussi sombre, qu'en pensez-vous mademoiselle de Longueville ? L'on m'a dit que vous aviez une demeure à Châteaudun dans laquelle que je pourrais exercer mon art et faire mes expériences...
Gabrielle avait certes l'habitude de le trouver agaçant mais elle aimait parfois à avoir une conversation avec le talentueux jardinier. Mais fort étrangement, alors qu'elle aurait pu trouver rassurant de le voir couper court à la joute orale avec Silvestre de Lévis avant que celle-ci ne dérape, elle s'en trouva à la fois déçue et frustrée. Aussi en quelques mots bien sentis, elle parvint à faire partir l'homme en lui promettant de venir le voir à la prochaine soirée d'appartements.
- Je vous le promets, monsieur Le Nôtre... Mais oui, c'est cela, le coupa-t-elle alors qu'il insistait.
Bientôt la silhouette du jardinier disparut dans l'obscurité et un silence profond accueillit les deux adversaires.

Gabrielle, qui tournait le dos au jeune homme, lentement, fit demi-tour et croisa son regard brillant. Malgré ses hésitations, elle était toujours là même si de multiples occasions lui avaient été données de partir et de l'abandonner dans ce couloir. Mais si Silvestre de Lévis était stupide – cela, elle n'en démordrait pas –, il l'avait plutôt bien cernée, elle était joueuse et n'était pas du genre à abandonner au cours de la partie. Il étaient allés trop loin dans pour pouvoir désormais reculer, le jeu était bien trop engagé. Elle en prit conscience quand ses jambes refusèrent de reprendre le chemin de ses appartements et quand un sourire moqueur écarta à nouveau ses lèvres :
- Je n'ai pas peur, monsieur de Lévis, ni de vous, ni de détester, ni d'aimer... Je suis une Longueville.
Elle se tenait très droite, la tête haute car si la soirée se terminait comme elle se profilait désormais, elle se donnerait peut-être. Probablement. Mais elle ne se donnerait pas comme une souris, prise au piège contre un mur. Non elle se donnerait librement comme la femme pleine de fierté et d'orgueil qu'elle était. Elle ne serait jamais une souris, elle était une lionne, prête à sortir griffes et crocs au besoin, s'apaisant juste de temps à autre pour se faire chatte. Ce moment était peut-être venu.
- Vous voulez me faire fondre ? Et bien ? Que comptez-vous faire, monsieur de Lévis ?
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime01.09.13 17:37

La discussion, si elle avait mal tourné ces quelques minutes auparavant, avait prit un nouveau cour une fois que les deux jeunes gens s'étaient retrouvés seuls dans ce couloir sombre qui n'avait rien de très engageant au premier abord mais qui en même temps laissait aller à plus d'intimité. Silvestre n'avait rien prémédité – ça aurait été après tout très mal le connaître lui qui préférait de loin profiter du moment présent que de se projeter dans un futur incertain, même s'il était assez imminent et à court terme – mais la fuite de Gabrielle l'avait laissé sur sa fin. Il n'avait pas spécialement envie de comprendre la jeune femme, ne faisant pas parti de ces hommes qui insistent pour tout comprendre, bien au contraire. Elle le détestait, sa curiosité, rien de plus, voulait savoir pourquoi. Et il n'avait pas vraiment besoin qu'elle change d'avis, elle pourrait tout à loisir continuer sur sa lancée après leur petite discussion, si cela en restait là. La jeune femme avait elle-même choisit son piège, après tout. Il lui semblait encore entendre de temps à autre quelques brides d'instruments venant de la soirée qui se déroulait un peu plus loin mais cela servait à peine de bruit de fond. Ils étaient définitivement seuls. Silvestre comprenait difficilement pourquoi Gabrielle avait choisit de prendre un chemin aussi peu fréquenter pour se débarrasser de lui là où il aurait été bien plus efficace de traverser le bal. Il n'y a guère de meilleure cachette qu'un endroit plein de monde. Au point que son ton était devenu différent, plus proche, moins mordant. Et les défenses de Gabrielle se faisaient moins fortes, il n'y avait qu'à voir sa maigre défense lors des nouvelles piques du lieutenant de marine :

-Qui a parlé de talent ?

Bien pauvre, à la vérité.

Seuls ? C'est du moins ce que Silvestre pensait et facilitait le rapprochement qu'il avait commencé à initié, comme ça, parce que sur le moment, il sentait que cela pouvait se faire, il n'y avait qu'à regarder dans les yeux de Gabrielle pour le comprendre ; elle semblait prête à se laisser toucher, à croire que la nuitchangeait toute chose et Silvestre était prêt à profiter de l'instant, jusqu'à ce qu'une porte s'ouvre et qu'un personnage que Silvestre aurait bien transpercé d'un coup de poignard de frustration ne s'avance vers eux et salue la jeune femme. En une seconde, le charme était brisé, et Gabrielle sursauta, brutalement ramenée à la réalité, s'écartant prestement du vicomte qui dut se retenir d'être cinglant. En cela, il était bien un Lévis, détestant qu'on le prive de ce dont il avait envie. L'importun s'avança et Silvestre reconnut Le Nôtre. Il se retint de justesse de lever les yeux au ciel en soupirant. Le jardinier royal l'avait poursuivit pendant des heures pour lui demander toutes les caractéristiques des plantes du Nouveau Monde et quel genre pourrait s'adapter aux terres de France pour rendre les jardins royaux encore plus somptueux qu'ils ne l'étaient déjà. Ce à quoi le jeune homme avait répondu de son mieux mais n'étant pas botaniste, il ne pouvait être assez précis. Depuis, il évitait le jardinier du roi comme la peste.

-Ah mais... Mademoiselle de Longueville, est-ce vous ? Quelle joie de vous revoir ! Oh monsieur de Lévis, vous tombez à pic, je voulais justement vous parler des formes de plantes qu'on ne trouve pas en Europe mais dont j'aimerais agrémenter mes jardins ! qu'en pensez-vous mademoiselle de Longueville ? L'on m'a dit que vous aviez une demeure à Châteaudun dans laquelle que je pourrais exercer mon art et faire mes expériences...

Silvestre grinça des dents, en songeant que c'était reparti pour un tour, mais heureusement, le jardinier s'était très vite tourné vers la jeune femme, qui semblait devoir un avis sur tout et dont le goût était le summum du chic versaillais. Un sourire moqueur était peu à peu revenu sur les lèvres du jeune homme. Mais oui, après tout, qu'en pensait Gabrielle ? Il n'écoutait déjà plus, se contentant de fixer la duchesse, signifiant clairement qu'il n'en avait pas fini avec elle. Et la pauvre essayait tant bien que mal de se débarrasser de Le Nôtre mais rien n'y faisait. Il ne voulait décidément pas s'arrêter. Soudain agacée, la jeune femme décida que cela suffisait :

-Je vous le promets, monsieur Le Nôtre... Mais oui, c'est cela.

Ravi, Le Nôtre le salua, et tourna les talons, les laissant seuls à nouveau. Silvestre la fixait toujours avec son étrange sourire. Essayerait-elle de fuir à nouveau ? Fatigué de jouer au chat et à la souris, il l'aurait sans doute laissée faire. Le Nôtre avait en parti brisé le charme et il n'avait plus envie de chasser une proie – si on pouvait appeler Gabrielle une « proie » - qui continuait à se rebiffer en permanence. Alors, que déciderait-elle ? Elle sembla elle-même hésiter sur la conduite à tenir.

-Je n'ai pas peur, monsieur de Lévis, ni de vous, ni de détester, ni d'aimer... Je suis une Longueville.

Il était facile de se cacher derrière un nom. Mais qu'était-ce qu'un nom au fond ? Cela ne définissait que peu de choses sur notre personnalité, mais c'était ainsi. Silvestre ne répondit pas. Tout le monde avait ses peurs cachées, elles étaient plus ou moins difficiles à accepter, voilà tout.

-Vous voulez me faire fondre ? Et bien ? Que comptez-vous faire, monsieur de Lévis ?


Le sourire de Silvestre s'effaça un bref instant, mais il ne bougea pas. Cru-t-elle qu'il cédait soudain et qu'il faisait machine arrière ? Bien au contraire, il s'assurait qu'elle ne cèderait pas un pouce de terrain. Ni l'un ni l'autre n'en avaient jamais eus l'intention pourtant. Alors le jeune homme fit un pas vers elle et glissa une main derrière la tête de la jeune femme, approchant leurs deux visages et l'embrassa. Il ne se fit ni passionné, ni langoureux. On aurait dit un autre combat, différent du précédent qui les avait fait s'affronter, mais un combat tout de même. Sans vraiment laisser de choix à Gabrielle pourtant, Silvestre la poussa contre le mur, cherchant à taton de sa main libre la poignée d'une porte qui s'ouvrit sur un petit cabinet désert – le contraire, en plus d'être très inconvenant, aurait été surprenant étant donné l'heure. La prenant par le bras, il l'entraina à l'intérieur, refermant la porte derrière eux. Il faisait sombre, personne n'aurait prit le risque de laisser une chandelle sans surveillance de peur de faire prendre feu à tout le château. La seule lueur venait de la petite lucarne qui donnait sur la cour intérieure du château éclairé de mille feux, comme tous les soirs. Dans la semi obscurité, Silvestre s'approcha à nouveau de Gabrielle et encore une fois prit ses lèvres, avant de la faire basculer sur le petit canapé du bureau, s'allongeant sur elle et entreprenant de défaire les lacets de son corsage d'une main experte. Mais il n'y avait pas à dire, les vêtements des indiennes du Nouveau Monde étaient quand même bien moins compliqués.

Leur étreinte dura de longues et agréables minutes, jusqu'à ce que Gabrielle ne se relève, alors que Silvestre, allongé sur le dos, la regardait, largement accoutumé à l'obscurité, désormais.

-En avons-nous fini de notre guerre, Madame, ou n'en sommes-nous qu'à notre première bataille ? Demanda-t-il, malicieux et un rien provocateur.
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MessageSujet: Re: « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie   « La curiosité naît de la jalousie. » PV Gabie Icon_minitime22.09.13 18:27

Gabrielle de Longueville se tenait bien droite, incapable de faire un pas en arrière ou un quelconque geste qui aurait pu ressembler à une fuite. Le passage du royal jardinier aurait pourtant pu lui permettre de quitter le malotru qui ne cessait de blesser son orgueil et qui s'imaginait sans doute que c'était en poursuivant les femmes jusqu'à leur chambre qu'on parvenait à ses fins et de rejoindre enfin ses appartements où se tramaient des intrigues bien plus intéressantes et dignes d'intérêt que les contes prétendu aventurier. Mais les fleurs et les parterres étaient bien loin de son esprit, elle avait d'ailleurs renvoyé monsieur Le Nôtre du côté des courtisans qui continuaient à rire dans le lointain, sans se demander où se trouvait le jeune couple qu'ils avaient déjà oublié comme tout ce qui n'apparaissait pas à leurs yeux, telle était la rude règle de Versailles. La duchesse de Longueville aurait très certainement pu tourner les talons ou accompagner le jardinier vers la fête sans perdre la face, en se contentant de lancer un regard à son interlocuteur qui aurait trahi tout son mépris mais elle ne le fit pas et garda le menton haut, plein de défi, à la fois incapable de savoir ce que le futur proche lui réservait tout en se doutant pertinemment de ce vers quoi ce jeu du chat et de la souris tendait, ce qui la troublait. Mais malgré son indécision qui lui ressemblait si peu, la jeune femme n'avait pas baissé le regard un seul instant, continuant à faire face à son adversaire avec autant de force et de fierté que les chefs de guerre de sa famille, qui en avait fait son renom, avaient combattu Anglais et Espagnols. C'était d'ailleurs ce nom qu'elle portait qui avait fini par franchir ses lèvres comme pour soutenir l'orgueil de sa tête, comme pour lui servir de bouclier, la rendre inatteignable. Sans doute n'était-ce rien pour le vicomte, peut-être riait-il de la voir rappeler qui elle était mais il aurait eu tort. Il coulait dans les veines de Gabrielle un sang qui lui faisait ignorer la peur ou le danger. Lorsque, comme elle, on était élevé en respectant des ancêtres valeureux, on ne pouvait que grandir dans le but de les rendre fiers de soi. Ce nom, en soit, disait tout sur la jeune femme, et si, de par son sexe elle ne portait pas l'épée, elle n'en utilisait pas moins les armes à sa disposition comme tous ceux qui avaient illustré le nom en question. Elle avait vu sa mère aimer avec une passion qui l'en avait dévorée de l'intérieur, elle l'avait vu haïr jusqu'à soulever des provinces et faire s'ébranler des armées, et elle se réclamait de cette femme qui l'avait portée dans son sein comme le serpent nourrit ses petits. En vérité, ce nom de Longueville était la quintessence de ce que représentait la duchesse et la raison pour laquelle elle n'avait pas pris cette fuite dont elle exécrait jusqu'à l'idée.

Tout restait suspendu à ce face à face dans un couloir désormais désert, à cet échange de regards indéfinissables qui ne voulaient lâcher prise comme si c'était là une façon de montrer une faiblesse mais Gabrielle ne put s'empêcher de lancer une dernière provocation à l'égard du Lévis. Jusqu'où était-il prêt à pousser l'impudence ? Jusqu'où pensait-il avoir poussé Gabrielle dans ses retranchements ? C'était là la seule chance qu'elle lui laissait, s'il ne la saisissait pas, elle rentrerait dans ses appartements et savait fort bien qu'il ne lui faudrait pas longtemps pour oublier cet épisode qui pour aussi désagréable qu'il eut été ne méritait pas que l'on s'appesantisse dessus. Pendant un instant, elle crut qu'il allait la laisser partir. Un silence passa entre eux alors qu'il s'abstenait de répliquer et seul au loin, le bruit d'un menuet se laissait entendre. Un sentiment confus de regret s'empara de la jeune femme alors qu'elle s'apprêtait à reculer, déçue de voir qu'il était plus lâche qu'elle ne l'avait pensé et qu'il ne tenait pas ses promesses. Cet homme n'était-il qu'un homme de bons mots ? Mais alors qu'une moue ironique se formait sur les lèvres de Gabrielle, il s'approcha, résolument, et glissa une main derrière la tête de la jeune femme pour se pencher vers elle. Malgré elle, la jeune femme ferma les yeux pour mieux sentir les lèvres qui se posèrent sur les siennes, remplie soudain par la certitude que c'était ce qui couvait depuis le début de leur conversation. Le baiser fut étonnamment dénué de passion ou de ferveur mais elle ne protesta pas en le sentant la repousser contre le mur puis en l'entraînant dans une petite pièce sombre dont la porte claqua derrière eux, faisant définitivement s'évanouir les rumeurs de la cour, comme s'ils se trouvaient hors de celle-ci, protégé par la barrière de l'obscurité. Gabrielle n'était pas assez idiote pour songer que cela aurait pu être vrai et savait fort bien que quiconque aurait pu rentrer sur l'instant et les découvrir dans une position bien peu honorable mais cette pensée rajoutait à l'adrénaline qui s'était mis à courir dans ses veines, comme si soudain le véritable combat s'était engagé et qu'elle devrait livrer la bataille dont le reste n'avait été que les prémisses. Une fois de plus, les deux jeunes gens restèrent silencieux, tentant d'habituer leur vision à la pénombre, jusqu'à ce qu'ils se distinguent enfin et que Gabrielle se laisse tomber dans un sofa dans lequel elle s'enfonça, suivie de son adversaire. Elle s'accorda juste un petit rire lorsqu'il entreprit de dénouer son corsage mais bientôt son esprit ne fut plus occupé que par les baisers qu'elle recevait et délivrait et par les soupirs qui franchissaient ses lèvres.

Ils demeurèrent de longues minutes dans ce cabinet jusqu'à ce que Gabrielle se relève pour se rhabiller. Elle n'avait nulle envie de s'attarder en la compagnie de Silvestre de Lévis maintenant qu'ils avaient fait leur petite affaire. Un simple regard en la direction du jeune homme, toujours allongé sur le canapé lui confirma que ses sentiments à son égard ne s'étaient pas miraculeusement transformés et qu'il l'agaçait toujours autant avec son sourire et sa confiance en lui. Seule sa mauvaise foi refusait de lui montrer que cet agacement était teinté d'un certain amusement qu'elle dissimula en levant un sourcil ironique devant les premières paroles qu'il prononçait depuis leurs provocations :
- En avons-nous fini de notre guerre, Madame ? Ou n'en sommes-nous qu'à notre première bataille ? L'interrogea-t-il, non sans malice et sous-entendus.
La bouche de Gabrielle se tordit en un sourire moqueur alors qu'elle se rapprochait de lui afin qu'il l'aide à relacer son corsage, ouvrage qu'elle ne savait faire sans l'aide d'une domestique et qu'elle tortillait sa longue chevelure brune dans ses paumes pour ne pas qu'elle le gêne. Elle ne répondit que quelques instants plus tard alors que les doigts de Silvestre courraient sur le tissu de sa robe :
- Je pense que la guerre est déclarée, n'est-ce pas monsieur de Lévis ? Ne suis-je pas une adversaire qui vaut la peine d'être combattue ?
Quand il eut terminé, elle relâcha ses mèches et se retourna vers lui pour lui faire une toute dernière fois face, considérant le jeune homme à moitié nu avec ironie :
- Ne vous y trompez pas, vous êtes toujours aussi ennuyeux et votre conversation tout comme vos histoires sont toujours plus assommantes qu'une discussion avec monsieur Le Nôtre ou cette bonne madame de Courtanvaux mais vous avez la chance d'avoir un peu plus de charme qu'eux.
Elle releva une dernière fois la tête et après un dernier coup d’œil à son amant, elle quitta la pièce sans se retourner, sachant fort bien que cette histoire en s'arrêterait pas là. Il avait attisé sa curiosité et semblait capable de lui procurer autant de plaisir que de déplaisir, ce n'était pas là ce qui était permis à tout le monde. En regagnant enfin ses appartements, Gabrielle se prit à songer, néanmoins, que ce n'était là que le pâle reflet du chamboulement qu'avait provoqué chez elle un simple baiser de Guillaume du Perche et qu'elle aurait tout donné pour que ce fut lui qui se fut lancé à sa poursuite car elle aurait aimé le tenir dans ses bras ou se blottir dans les siens tout le restant de la nuit au lieu de partir la tête haute. Mais ce fut là le seul regret qui lui serra la gorge car lorsqu'elle ouvrit la porte de ses appartements, rejoignant sa chère Perrine qui l'attendait pour partager les dernières nouvelles et les derniers ragots, nul remord ne troubla son cœur et elle en oublia presque ces agréables moments de distraction pour se consacrer entièrement à ce qui constituait sa mission.

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