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| Maximilien - Big brother is watching you. | |
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| Sujet: Maximilien - Big brother is watching you. 01.12.12 12:25 | |
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Maximilien-Philippe
de Wittelsbach
(Matt Smith)
« Didn't anyone ever tell you ? There's one thing you never put in a trap — if you're smart, if you value your continued existence, if you have any plans about seeing tomorrow — there's one thing you never — ever, put in a trap. … Me. »
► 28 ans d’aventures et de voyages. ► Duc de Bavière-Leuchtenberg, chevalier d’Empire. ► Autrichien, descendant direct de la famille Wittelsbach et Habsbourg, pour son plus grand malheur. ► Célibataire. ► Catholique. ► Hétérosexuel. (Noblesse étrangère)
♕ PROTOCOLE ♕ ► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?
Ni l’un ni l’autre, Versailles, c’est la Terre ! Ni tout blanc ni tout noir, un peu paradis un peu enfer, il suffit de savoir se débrouiller pour y survivre. Maximilien a pour lui toute l’expérience qu’il a amassée à la cour de Léopold Ier à Vienne, s’adapter à Versailles ne fut qu’une question de quelques heures, et principalement le temps de s’y retrouver dans ces immenses couloirs. Mais il ne fait aucun doute qu’il aime Versailles presque autant que Vienne, après tout il y a sa sœur bien-aimée, à l’hôtel de laquelle il loge, il y a des amis rencontrés au cours de ses innombrables voyages, des salons bondés de gens passionnants, et toujours une multitude de choses à écouter. Les intrigues, les complots, les ragots ? Il y est habitué depuis des années, et en cela devrait remercier son cousin l’empereur pour l’avoir inconsciemment formé au métier. Après tout, n’est-il pas un de ses conseillers officieux, et surtout son espion, ses yeux et ses oreilles dans toute l’Europe ? Alors si Versailles peut parfois être un enfer, Maximilien peut l’affronter sereinement, il a tous les armes nécessaires pour s’en sortir : l’habitude, la patience, et l’intelligence !
► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?
De quel complot me parlez-vous ? demanderait Maximilien avec un sourire si on lui posait la question. A Versailles comme ailleurs les complots sont légions, pourquoi la cour de France ferait-elle exception ? Tout le monde y est mêlé, parfois même sans le savoir, et presque tout le monde en est la cible, souvent sans le savoir. Le tout est de savoir s’y retrouver et surtout de savoir éviter ceux qui paraissent trop dangereux… Ou savoir les en empêcher. Maximilien n’a pas connaissance du complot contre le roi de France mais l’hypothèse, si on la lui soumettait, ne lui paraîtrait pas si saugrenue. Après tout il est lui-même en déplacement perpétuel pour espionner aux quatre coins de l’Europe afin de prévenir tout attentat ou tentative d’atteinte à l’empereur du Saint-Empire. Si l’empereur peut être victime d’attaques de ce genre, pourquoi pas le roi qu’on dit le plus puissant du monde ? En tout cas une chose est sûre : tant qu’il sera dans le coin, il compte bien découvrir les secrets les mieux gardés pour préserver au mieux son empereur.
► COLOMBE OU VIPÈRE ?
Ni colombe ni vipère, Maximilien s’apparente plutôt à un écureuil qui s’approche discrètement, épie, puis repart aussitôt sans que personne ne l’ait remarqué. Doté depuis l’enfance de l’étrange manie d’écouter aux portes, les rumeurs et les ragots lui échappent rarement, les secrets d’alcôve sont sa spécialité, et les garder pour mieux les utiliser par la suite ou les préserver est son métier. Maximilien n’est pas mauvaise langue mais se fait comploteur par nécessité, on est espion ou on ne l’est pas ! Intriguer ne lui apporte pas de plaisir particulier –même si, il faut bien le reconnaître, il aime déployer des trésors d’ingéniosité et réfléchir à des tactiques- mais il le fait pour son empereur et s’en tire si bien qu’il serait dommage d’arrêter, surtout avec un parcours réussi comme le sien !
► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?
- L’histoire : Maximilien est un grand passionné d’histoire, sa bibliothèque est dotées d’innombrables ouvrages à ce sujet et c’est initialement pour assouvir cette passion qu’il a voyagé aux quatre coins de l’Europe, se créant des connexions un peu partout. Collectionneur d’antiquités et de vieux manuscrits, il s’est constitué un cabinet des curiosités uniquement centré sur l’histoire et en connaît les moindres recoins. Aucun pays, aucune période n’a échappé à sa curiosité, et tous les amateurs d’histoire savent qu’en Maximilien ils auront toujours un interlocuteur passionné !
-Les langues étrangères : à force de voyager partout pour collectionner de vieux objets, Maximilien a fini par s’intéresser aux langues des pays qu’il a visité et s’est mis en tête de les apprendre, et ce dès l’âge de dix-sept ans. En onze ans, il a ainsi appris des langues aussi diverses qu’improbables. Il parle évidemment l’allemand, le français et connaît son latin, mais il maîtrise également l’anglais sur le bout des doigts, l’italien, et plus curieux, s’est lancé dans l’étude du chinois, du grec ancien et des runes. Et il n’y a rien qu’il aime plus que mélanger toutes ces langues lorsqu’il parle, alors ne vous étonnez pas de vous sentir étrangement polyglotte lors d’une conversation…
-Raconter des histoires : avec tous ses voyages dans des pays plus ou moins originaux, Maximilien a amassé une foule d’histoires, drôles ou singulières, à raconter à qui veut bien les entendre. Qu’il s’agisse de son séjour chez les Cosaques ou au fin fond de l’Ecosse, ou encore son court passage sur un bateau pirate, il a toujours des anecdotes à raconter… Plus ou moins modifiées pour les besoins du secret professionnel, bien entendu.
-Sa filleule, Marie-Anne : Marie-Anne est la fille de sa sœur Aliénor. Âgée de huit ans, la petite est une source d’amusement et de bonheur perpétuel pour l’heureux oncle et parrain qui ne perd jamais une occasion pour jouer avec elle ou lui raconter ses nombreuses aventures. Maximilien s’est toujours relativement bien entendu avec sa famille mais Aliénor et Marie-Anne sont les deux êtres qu’il chérit le plus ; et gare à celui qui oserait lever la patte sur elles, il risquerait fort de n’avoir bientôt plus que ses yeux pour pleurer… Maximilien est d’un naturel charmant et joyeux, mais lorsqu’il se met en colère, on le sent passer !
-Les codes secrets : autre passion qui a dérivé de son intérêt pour l’histoire, le déchiffrage et les codes secrets. C’est en apprenant à décrypter les runes que ça lui est venu, le mécanisme lui a beaucoup plu, et depuis il s’est renseigné plus avant sur le sujet. Il s’est avéré que son métier d’espion l’a conduit à déchiffrer d’autres codes, voire parfois à en inventer… Et il adore ça ! Les énigmes, les devinettes, le décryptage sont tout autant de passe-temps qu’il adore ! Sa dernière lubie ? Fabriquer, selon les croquis de Léonard de Vinci, ces objets appelés « codex » qui contiennent des messages secrets et dont il faut trouver le mot de passe pour les ouvrir. Il a réussi à en découvrir quelques uns et s’est même mis à en fabriquer lui-même !
♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕ ► Tout le monde a certainement deviné ► On a perdu le compte. ► Eternelle ? ► Code bon (by Steph) ► J'y vis ! ► Nu.Te. Lla.
Dernière édition par Maximilien de Wittelsbach le 02.12.12 21:57, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 01.12.12 13:06 | |
| Kapitel 1 :
Le garçon qui
écoutait
aux portes _________________________________________________ 1650.
« Maximilien ? Mais que fais-tu encore ? » demanda Ferdinand-Marie en fronçant les sourcils à la vue de son petit frère, de deux ans son cadet, l’oreille collé contre la porte. Ce dernier, ne semblant nullement surpris d’être ainsi pris en flagrant délit, esquissa un sourire malicieux en posant un doigt sur sa bouche. Parfaitement conscient que son aîné ne résisterait pas à la tentation de lui aussi venir écouter à la porte. Ferdinand-Marie hésita un court instant, regarda à droite, à gauche comme pour voir si personne n’arrivait… Puis rejoignit Maximilien qui déjà avait redirigé son attention sur ce qu’il se passait derrière la porte. Etrange tableau que ces deux gamins de quatorze et douze ans qui écoutaient à la porte pour saisir des conversations de grands, tableau pourtant si commun au palais de Schleissheim. Soudain, alors que les deux garçons fronçaient les sourcils parce qu’ils n’arrivaient plus à distinguer grand-chose de ce qu’il se disait, la porte s’ouvrit, laissant place à l’imposante silhouette de Maximilien Ier de Bavière… Qui haussa fort haut les sourcils à la vue de ses deux fils dont il comprit aussitôt qu’ils avaient écouté sa conversation !
« Garnements ! Vous devriez avoir honte d’écouter ainsi aux portes comme de vulgaires domestiques trop curieux ! Ferdinand-Marie, retournez immédiatement à votre leçon d’escrime ! Quant à vous Maximilien-Philippe, vous professeur d’histoire vous attend depuis déjà dix minutes ! Allez avant que je ne sévisse ! » gronda le vieux chevalier de cette voix de stentor qui impressionnait toujours Maximilien, lequel ne se fit donc pas prier et déguerpit aussitôt. Son père les regarda s’évaporer au détour du couloir et laissa échapper un soupir las. Ces deux garçons avaient décidément bien besoin d’être encadrés, et il regrettait dans ces moments-là d’être aussi souvent loin du palais. Ferdinand-Marie ne l’inquiétait guère, malgré ses quelques bêtises avec son frère c’était un garçon sage et discipliné qui prenait très au sérieux son éducation et sa future position de prince-électeur. Son frère par contre, c’était une autre histoire… Bien qu’ils portent le même nom, Maximilien fils était aussi différent de Maximilien père que possible. Il n’était pas si indiscipliné que ça ; simplement c’était un garçon insaisissable dans tous les sens du terme. Energique, tenant rarement en place, il était toujours prêt à courir partout en compagnie de son frère et de sa sœur pour qui il nourrissait une grande affection, curieux de tout, mais en même temps discret quand il le voulait, si bien que parfois il paraissait presque invisible. Il souriait toujours, mais parfois, ce sourire paraissait renfermer un secret que son père aurait donné cher pour découvrir ; mais en vain, car le petit Maximilien en ce qui concernait ses états d’âmes était aussi hermétique qu’un coffre-fort. Bref, une véritable énigme pour un père qui n’avait guère l’occasion d’essayer de le comprendre. Il avait pourtant une affection particulière pour ce fils qui portait son nom, plus chétif que l’aîné certes, mais intelligent, travailleur et somme tout méritant. Mais rien à faire : entre le père et le fils, la communication semblait à peu près impossible, comme s’ils s’adressaient l’un à l’autre dans une langue étrangère. Il avait le pressentiment qu’il impressionnait son fils, qu’il lui faisait peur peut-être même, et aurait aimé passer plus de temps avec lui pour déverrouiller ce drôle de petit mystère. Mais son devoir était son devoir, et le prince-électeur ne pouvait s’y dérober. Ce qu’il ne soupçonnait pas, c’était que ses enfants souffraient plus de son absence que ce qu’il voulait bien soupçonner.
« Et donc monsieur Essa m’a expliqué que c’est grâce à Sir Francis Walsingham que la reine Elizabeth a pu contrer cette intrigue et rester sur le trône… Dis, tu m’écoutes Brigit ? Ne trouves-tu pas ça formidable ? » « Fantastique Maximilien, mais par pitié ne restez donc pas dans mes pattes sinon vous allez vous retrouvez avec de la pâte à pain sur la tête ! Regardez, vous avez déjà de la farine dans les cheveux ! »
D’un geste rapide et peu attentif Maximilien ébouriffa ses cheveux bruns et se remit à trottiner à la suite de leur gouvernante en lui racontant les exploits de Sir Francis, le maître espion de la reine Elizabeth I et nouveau héros du jeune garçon qui en changeait environ toutes les semaines. Passionné d’histoire, il avait eu le bonheur d’être placé sous la gironde d’un précepteur qui maîtrisait l’art des anecdotes et avait un talent fou pour dépeindre ces grands Hommes qui avaient fait l’Histoire et qui, un à un, venaient peupler l’imaginaire de l’enfant, comme tout autant de vieilles connaissances extraordinaires à qui il empruntait une qualité, un savoir, une caractéristique, et se construisait peu à peu autour de ces modèles qu’il se forgeait dans sa tête. L’Histoire n’était après tout qu’une longue histoire sans fin, et le petit garçon en raffolait, emmenant le soir dans sa chambre des livres qu’il lisait à la clarté de la Lune en écartant les rideaux. Le lendemain, il avait un tas d’histoires à raconter à Ferdinand-Marie, à Aliénor, ou à défaut, à Brigit qui l’écoutait toujours d’une oreille distraite mais avec le sourire.
« En revanche monsieur Essa n’a pas su me dire si la sorcière d’Edmonton était vraiment coupable ou non. Dis, tu crois que ça existe vraiment les sorcières ? » « Je crois surtout que vous allez finir par attraper une migraine à vous poser mille questions sans arrêts. Tenez, asseyez-vous là et prenez ce pain au raisin, mais ne dites pas à votre mère que vous avez mangé avant le souper ! »
La brave Brigit attrapa le gamin sous les aisselles –malgré ses douze ans il était encore petit et maigre, contrastant avec son aîné qui était grand et bien développé pour son âge- et le reposa d’office sur un tabouret en lui mettant le pain entre les mains. Maximilien ne songea même pas à protester, il était déjà reparti dans sa bulle d’histoires et d’Histoire ainsi que l’indiquaient son regard et son sourire rêveurs. Une bulle qu’il s’était fabriquée naturellement, sa manière à lui de se protéger de l’atmosphère de peur et d’appréhension qui hantait le palais en pleine guerre pendant que leur père n’était pas là. Une bulle dans laquelle il restait irrémédiablement seul, n’y admettant quelqu’un que de temps en temps et pour un très court laps de temps. Comme s’il avait peur de ce qu’une personne extérieure pourrait y découvrir. Mais aujourd’hui, Maximilien surprit Brigit en la tolérant dans cet espace privé habituellement si hermétique lorsqu’il leva la tête vers elle et lui demandant d’une voix presque honteuse :
« Brigit ? Tu crois que Père aurait préféré que je ne naisse pas ? » « Quoi ? Allons mon petit, ne dites pas de bêtises, bien sûr que non ! » « Mais regarde ! » s’exclama-t-il alors comme si la réaction de Brigit avait déverrouillé un verrou de la chaîne. « A chaque fois qu’il revient il passe plus de temps avec Ferdinand-Marie qu’avec moi ou Aliénor. Ferdinand-Marie est plus grand que moi, il est plus fort, et c’est l’héritier du titre de Père. Aliénor est la seule fille, je sais que Mère et Père ont des projets pour elle, de grands projets tu sais. Mais je crois qu’ils ne savent pas trop quoi faire de moi. Tu crois que je suis inutile, Brigit ? »
La gouvernante se retourna, considérant d’un œil bienveillant ce drôle de petit garçon dont les pieds ne touchaient même pas le sol sur ce tabouret trop haut pour lui, qui gardait les épaules légèrement voûtées et le regard baissé, comme s’il voulait prendre le moins de place possible. Voilà, c’était ça qui était étrange avec le petit Maximilien : sa manie de se faire plus petit, plus discret, pendant les moments où il ne jouait pas avec Aliénor et Ferdinand-Marie. Toujours souriant, toujours joyeux, mais si discret, timide même. Comme s’il s’excusait presque d’exister au milieu de ce frère aîné et cette sœur qui –selon lui- prenaient toute la place.
« Vous réfléchissez trop, mon petit monsieur. Votre sœur vous adore, votre frère vous écoute, et vos parents vous aiment, à leur manière. Et si vous voulez leur plaire encore plus, soyez un bon garçon, étudiez avec application, et faites honneur à votre famille, d’accord ? »
Mais en un instant Brigit comprit que son temps de présence dans la bulle de Maximilien avait expiré, au moment même où il hocha la tête en marmonnant un « hm hm » indistinct en faisant mine de s’intéresser à son pain, un sourire énigmatique aux lèvres. Puis il bondit de sa chaise et s’enfuit. Partant à la recherche de nouvelles explorations et de nouvelles bêtises, comme toujours. D’ailleurs elle le retrouver à peine une heure plus tard caché derrière un canapé avec Aliénor, prêts à bondir pour effrayer la pauvre Gretchen, la nouvelle servante. Somme toute, le petit Maximilien était un garçon tout ce qu’il y avait de plus banal : curieux, attachant, vif, timide, toujours partant pour s’amuser, et toujours prêt à douter de tout et surtout de lui…
1651.
« Maximilien ? Approchez-vous… »
La mine grave, Maximilien, âgé de treize ans désormais, s’approcha à pas mesurés du lit de son père. Maximilien Ier de Bavière, le front dévoré par la fièvre mais le regard encore clair et perçant, se mourait petit à petit sans que les efforts des médecins ne puissent rien y faire. Reclus dans sa chambre où il se reposait ou priait, c’était la première fois qu’il autorisait son jeune fils à lui rendre visite. Mieux, c’était lui qui l’avait fait mander. Alors oui, le petit Maximilien se sentait impressionné et ne savait s’il devait prendre cela pour un bon ou un mauvais présage.
« Venez mon fils… J’ai ouï dire par votre mère et vos précepteurs que vous faisiez beaucoup de progrès à l’escrime. Est-ce vrai ? » s’enquit le père en se redressant péniblement sur ses oreillers. « Oui père. Herr Heidgl a dit que j’exécutais très bien la passado. » se contenta de répondre l’enfant en se demandant où son père voulait en venir. « C’est bien. Je sais que vous êtes un garçon intelligent, mais il ne faut pas oublier de cultiver votre corps. Appliquez-vous bien en escrime et en équitation, autant que vous vous appliquez en histoire et en langues. »
Une toux violente interrompit le prince-électeur dans ses recommandations et un éclair de panique passa dans les yeux verts du jeune garçon. Devait-il aller chercher un médecin ? Sa mère ? Quelqu’un ? Il faisait déjà un geste vers la porte quand la poigne solide de son père se referma sur son bras, le faisait tressaillir.
« Non n’allez chercher personne, inutile d’inquiéter votre mère pour des broutilles… Ecoutez plutôt ce que j’ai à vous dire. Comme je vous le disais vous êtes un garçon intelligent, vous aimez vous cultiver, et vous comprenez beaucoup de choses pour votre âge… Peut-être plus que votre frère aîné, qui pourtant sera bientôt prince-électeur. »
Maximilien-Philippe releva sur son père un regard interloqué. C’était bien la première fois que son père lui faisait un tel compliment et le plaçait au-dessus de Ferdinand-Marie. Jusque-là, il l’avait toujours vu dans de grandes conversations « de grands » avec son frère, ou complimenter sa petite sœur ou la regarder d’un air bienveillant et s’était toujours senti le laissé pour compte. Ce changement d’attitude lui réchauffa le cœur autant qu’elle le lui serra, car il pressentait qu’elle n’était due qu’à une fin proche.
« Je sais que j’ai été très absent pour vous tous à cause de mes fonctions. Et peut-être plus absent encore pour vous que votre frère ou votre sœur. » reprit le prince-électeur comme s’il avait lu dans les pensées de son fils. « Mais c’est uniquement parce que j’ai toujours eu l’intime conviction que des trois, c’était vous qui aviez le moins besoin de moi. Le plus débrouillard, le plus indépendant, le plus accompli. Je n’ai aucune crainte quant à votre avenir : vous ferez de grandes choses, mon fils. J’en suis persuadé. Je ne vous l’ai pas assez dit et je le regrette, mais je sais que vous avez l’âme d’un Grand. Vous saurez vous débrouiller sans moi. »
Les larmes montèrent aux yeux du petit Maximilien qui retint même sa respiration pour ne pas les laisser couler. Combien de fois n’avait-il pas rêvé d’entendre son père lui dire quelques mots de confiance ou de fierté… Et il fallait que ce soit sur son lit de mort. Alors qu’il avait tant de choses à lui demander, tant de conseils à recevoir.
« Votre frère a beau être l’aîné, il vous écoute plus qu’il ne veut bien le laisser paraître. Je sais que vous aimez l’histoire et la politique, puisque vous avez la fâcheuse habitude d’écouter aux portes, alors conseillez-le. Soyez pour lui le soutien infaillible qu’aucun argent ni aucun pouvoir ne pourra jamais acheter. Et veillez sur notre petite Aliénor, elle a besoin d’un grand frère qui veille sur elle et je crains que Ferdinand-Marie n’ait que faire de ces considérations filiales… »
La gorge nouée, aussi solennel que s’il venait de recevoir une mission d’une importance vitale, Maximilien hocha la tête. Il n’arrivait pas à prononcer les mots, mais dans sa tête il promit, une fois, deux fois, dix fois. Oui, il pourrait se débrouiller tout seul. Il était petit, il était maigrichon, mais si son père le disait, alors oui, il en serait capable ; il pourrait soulever des montagnes à la force de ses bras, il pourrait imposer ses décisions aux autres, il pourrait être un gagnant, il pourrait avoir raison de ses adversaires, il pourrait même sauver le monde s'il le voulait. Son père l'avait dit. Il ne devrait jamais l'oublier.
Maximilien de Bavière sourit, puis lui fit signe qu’il pouvait s’en aller. Deux jours plus tard, le prince-électeur s’éteignait, laissant derrière lui trois enfants, un pays rebâti à la force de ses bras, et un vide qui s’atténuerait avec le temps sans jamais pouvoir se combler tout à fait…
Dernière édition par Maximilien de Wittelsbach le 01.12.12 15:16, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 01.12.12 13:15 | |
| Kapitel 2
Le garçon qui
voyait
le monde. _________________________________________________ Ainsi commence la véritable histoire de Maximilien-Philippe de Wittelsbach. Âgé de treize ans à la mort d’un père aussi craint qu’admiré et regretté, c’était un garçon vif mais timide, qui se sentait écrasé entre un aîné et une benjamine à qui l’on accordait plus d’attention. Mais les derniers mots de son père sur son lit de mort eurent sur l’enfant nouvellement duc de Bavière-Leuchtenberg un effet aussi inattendu que réjouissant : il sembla à tous que Maximilien quittait peu à peu cette bulle de discrétion dont il savait si bien s’entourer pour s’affirmer avec l’adolescence. Plus dynamique encore, plus bavard, il était passé maître dans l’art d’entraîner son frère et sa sœur dans de drôles d’aventures pas toujours avouables, des farces et des facéties de toutes sortes qui jusque-là n’avaient été que timides et parfois maladroites. Souriant et toujours de bonne humeur, Maximilien faisait le bonheur des gouvernantes qui ne trouvaient jamais en lui un enfant difficile, et sa curiosité et sa soif d’apprendre faisaient la joie de ses précepteurs –bien qu’aussi leurs migraines parfois, avec toutes les questions qu’il posait toujours à la chaîne. Curieux de tout et surtout du monde des grands, il avait appris à écouter aux portes sans se faire attraper et en apprenait beaucoup sans en avoir l’air…
Jusqu’à ses seize ans, Maximilien vécut surtout au palais familial de Schleissheim mais au fil des ans, on l’aperçut de plus en plus à la cour impériale de Vienne. Et pour cause : son jeune cousin Léopold, de deux ans son cadet et héritier du trône de l’Empire, ne cessait de réclamer la présence de son cousin à ses côtés, ce cousin qui avait toujours quelque chose d’intelligent à dire et lui était si sympathique. Ferdinand III de Habsbourg, l’empereur du Saint-Empire, considérait d’un œil favorable l’amitié qui unissait son fils à son cousin, ce dernier étant effectivement d’une intelligence et d’une culture rares pour son âge, deux talents qui ne demandaient qu’à être cultivés. L’Empereur invita donc plus souvent son neveu à la cour de Vienne, le laissant discuter avec ses ministres, et ayant lui-même de longues conversations avec lui durant lesquelles il soulignait son désir de voir l’amitié entre Maximilien et Léopold se renforcer. Maximilien n’avait beau avoir que seize ans, on disait déjà de lui qu’il conseillait admirablement son frère aîné ; pourrait-il aussi garder un œil bienveillant sur le jeune Léopold ? Décidément, Maximilien de Bavière ne s’était pas trompé sur le destin de son fils : il semblait que de grandes choses lui soient destinées…
Féru de découvertes et de voyages, Maximilien entreprit de faire le tour de l’Europe et visita tour à tour la France, l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie où il développait de nombreux contacts, aimant écrire des lettres et échanger des idées sur toutes choses, en particulier la politique et l’histoire. C’est pendant cette période que le jeune homme se lança dans une entreprise qui continue de l’occuper aujourd’hui : la constitution d’un cabinet des curiosités uniquement centré sur l’histoire. Entre ses dix-sept et ses dix-neuf ans, Maximilien laissa libre cours à sa passion et passa plusieurs mois notamment dans de vieux monastères germaniques ou français à inspecter d’anciens manuscrits, ou en Angleterre et au Danemark il se prit de passion pour l’histoire de la conquête anglo-saxonne et des Vikings, ou encore en Grèce où il pouvait passer des heures à déambuler dans les temples en ruines tout en prenant des notes ou faisant de nombreux croquis. Partout où il allait, le jeune Maximilien laissait derrière lui une impression de profonde sympathie, de bonne humeur et de joyeuse curiosité qui ne manquait pas de séduire son entourage. Et il aurait certainement continué encore longtemps ses voyages incessants, lorsque la mort de Ferdinand III, empereur du Saint-Empire, le ramena à Vienne. Il avait n’avait pas loin de vingt ans, et son jeune cousin, couronné empereur, allait célébrer sous peu son dix-huitième anniversaire. Un couronnement décisif pour l’Europe entière, et à l’occasion duquel Léopold avait réclamé la présence de son précieux cousin.
« La situation est grave, mon cousin. A peine couronné, je me retrouve avec une guerre sur les bras, encore une fois les Danois et les Suédois évidemment… » « Allons, vous savez bien que ce sont des cousins maudits, ils n’aiment rien tant que se faire la guerre quitte à ruiner le pays pour y parvenir. Que comptez-vous faire ? » « Je l’ignore. Mes ministres me conseillent de m’allier aux Danois, d’autres me suggèrent de lancer nos armées de manière indépendantes pour prendre le dessus et me lancer dans une conquête de nos voisins… » « Pardonnez-moi Altesse, mais vos ministres sont des idiots s’ils pensent que nos armées seront suffisantes pour contenir et vaincre le Danemark ET la Suède ! De plus notre pays a été assez ravagé comme ça par la dernière guerre, laissons-lui le temps de s’en remettre avant de le saigner à nouveau. » souligna Maximilien avec un sourire amusé. « Et vous qui êtes si malin, que suggérez-vous ? » « Cela dépend. Dites-moi d’abord ce que vous cherchez, je saurai vous répondre ensuite. » « La paix. Comme vous venez de le souligner l’Empire a déjà bien souffert, la Bavière dans les premières. Il nous faut achever de nous reconstruire et ce n’est pas en envoyant tous les hommes se faire massacrer au combat que j’y arriverai. » « Dans ce cas pourquoi ne pas renouveler cette alliance que votre père avait conclue avec Jean II Casimir ? Laissez-moi me souvenir… Je crois bien qu’elle avait été conclue le 1er Décembre de l’année dernière par votre père ; il se proposait ainsi de servir de médiateur pour ramener la paix entre les nations, n’utilisant les armes que dans la nécessité qui s’imposerait. Ni réel allié ni adversaire, un simple intermédiaire qui ramènerait la paix petit à petit sans prendre parti. » « J’ignorais l’existence d’un tel traité. » s’étonna Léopold. « Je vois que ne vous êtes toujours pas débarrassé de cette drôle d’habitude que vous avez d’écouter aux portes, mon cousin ! »
Maximilien rit de bon cœur, puis se leva de son fauteuil et alla jusqu’à la fenêtre où il tira les rideaux pour contempler le parc du palais.
« Faites-moi confiance Sire, renouvelez ce traité en spécifiant bien la mission que vous assignez à nos troupes, qui ne s’allieront à celles de Jean-Casimir que dans un but pacificateur. »
Et Léopold, sans en aviser personne, suivit le conseil de son cousin. Le 27 Mai 1657, douze mille troupes habsbourgeoises furent envoyée en Pologne et Lituanie où, en Juin de la même année, elles ramenèrent la paix civile pendant que danois et suédois reculaient. C’était une première victoire pour l’Empereur Léopold, et une victoire de l’ombre pour celui qui l’avait si bien conseillé… Victoire qui allait avoir des répercussions inattendues, puisque Léopold prit conscience de l’aide précieuse que son cousin pouvait lui apporter.
« Mon cousin ? J’ai un service important à vous demander… »
Et Maximilien, le discret et sympathique Maximilien, de sourire en sachant déjà ce qu’on allait lui proposer.
Dernière édition par Maximilien de Wittelsbach le 01.12.12 15:38, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 01.12.12 13:25 | |
| Kapitel 3 :
Le garçon qui
avait peur
des monstres. _________________________________________________ 1659.
« La Pologne est à nos trousses, mon ami. Tout comme la moitié de nos pays voisins qui ne rêvent que d’une chose, s’emparer de nos terres et réduire notre peuple à l’état de servitude. Mais foi de Sirko, ils ne savent pas à quels adversaires ils se heurtent ! » « S’ils ne le savent pas encore je crois qu’ils ne vont pas tarder à le découvrir. » se contenta de commenter Maximilien avec un sourire avant de suivre le polkovnyk cosaque hors de sa tente, se retenant de s’envelopper de ses bras pour se réchauffer. Pourquoi diable faisait-il aussi froid dans ce pays ? Il ignorait si cela était dû au caractère austère et rude de ses habitants, mais une chose était sûre, Léopold aurait intérêt à le remercier chaleureusement lors de son retour en Autriche. La Zaporoguie était décidément loin d’être un pays accueillant. Il était arrivé à Nova Sich quelques semaines plus tôt et pouvait affirmer qu’il s’agissait sans conteste du voyage le moins agréable qui lui ait été donné de faire pour son impérial cousin. Depuis que celui-ci lui avait demandé à mots couverts de servir ses intérêts, en Autriche comme à l’étranger, Maximilien avait mis du cœur à la tâche, voyageant dans tous les pays d’Europe plus seulement pour assouvir sa passion d’historien mais aussi pour être agréable à Léopold. Finalement, son étrange passion pour les vieux objets avait fini par lui être utile : tout le monde connaissait, ou avait au moins entendu parler de ce jeune duc autrichien qui connaissait si bien l’histoire de chaque pays qu’il visitait et s’intéressait aux ruines, aux antiquités, et aux vieux manuscrits qu’ils recélaient. Aussi, dès qu’une famille retrouvait des vieilleries dont elle ne savait que faire, on n’hésitait pas longtemps avant d’écrire au duc de Leuchtenberg pour demander son expertise, son conseil, ou lui proposer de les emmener. Utilisant ces connexions pour être accueilli dans à peu près toutes les cours d’Europe, le jeune duc en avait profité pour briller en société, rencontrer de nouvelles personnes, se créer des connexions. L’exercice n’était pas bien difficile pour lui : il avait enfin quitté l’enveloppe de l’enfance et avait beaucoup grandi, et s’il n’avait toujours pas une silhouette de grand sportif malgré ses deux heures d’exercice quotidiennes, au moins avait-il l’allure et le visage d’un jeune homme. Il n’était pas particulièrement séduisant, mais n’était pas dépourvu de charme, avec son sourire chaleureux, sa bonne humeur communicative, sa discrétion et l’étincelle espiègle qui dansait dans ses yeux verts. Il maîtrisait l’art de la conversation et savait mieux écouter encore qu’il ne parlait ; et surtout, il savait merveilleusement bien faire parler les autres… Tout se liait avec une facilité déconcertante : sa passion pour l’histoire lui permettait de se lier avec tout un chacun, et ensuite il n’avait plus qu’à tendre l’oreille ou poser innocemment les bonnes questions pour entendre ce qu’il fallait savoir, et surtout ce qu’il ne fallait pas savoir. Et c’était bien ce qui en faisait un aussi bon espion pour son cousin.
Zigzaguant entre les tables en bois du campement où s’étalaient plusieurs dizaines de cartes militaires et évitant la silhouette massive des Cosaques qui se dressaient sur son chemin –mais comment ces hommes faisaient-ils pour se promener ainsi torses nus ou avec juste une espèce de fourrure sur les épaules ?- Maximilien suivit Ivan Sirko et ses imposantes moustaches en attrapant du coin de l’œil tous les détails possibles du Sich. Les Cosaques et leur météo désastreuse n’étaient peut-être pas le peuple le plus accueillant qu’il lui ait été donné de rencontrer, mais il fallait avouer que leurs coutumes et leurs tactique guerrières étaient proprement fascinantes. Pas étonnant que leurs adversaires aient tant de mal à les faire plier. Notant cette information dans un coin de sa tête, il tourna dans l’allée suivante et entra dans une autre tente, plus grande, à la suite de Sirko. Illuminée à l’aide de torches, il lui fallut quelques secondes pour que ses yeux s’habituent à l’obscurité.
« Voilà votre homme, Wittelsbach. Nous l’avons attrapé comme vous nous l’aviez demandé dans votre dernière lettre. »
A travers la pénombre, Maximilien distingua enfin les traits du prisonnier, immobilisé à l’aide des cordes qui le tenaient solidement saucissonné. Le duc de Leuchtenberg reconnut aussitôt ces traits malgré la pâleur, les yeux révulsés de peur et l’hématome qui lui mangeait la moitié du front.
« Le comte de Weiden… » souffla Maximilien, se redressant sans paraître surpris, comme si cette découverte ne faisait que confirmer ses soupçons. « Il a tenté de traverser le territoire comme vous le pensiez dans votre lettre. Nous n’avons eu qu’à lui mettre la main dessus avant qu’il n’arrive à Moscou. » « Il a avoué ? » « Inutile, il avait toutes les preuves sur lui. Regardez, nous les avons mises sur la table. »
Maximilien se dirigea vers la table en question et, à l’aide d’une torche que tenait à ses côtés un imposant Cosaque –ils étaient encore plus effrayants à la lueur du feu !- parcourut les objets des yeux. Un poignard, un mouchoir imbibé d’un liquide provenant certainement de cette fiole, une carte de l’Autriche, la Pologne et la route jusqu’à Moscou, et surtout, une lettre signée de la main de Weiden. A ce stade-là ce n’étaient plus des preuves, c’était l’évidence même. Après avoir lu la lettre, Maximilien la jeta négligemment sur la table et reporta son regard songeur sur le prisonnier, un homme en cavale depuis plusieurs semaines après que Maximilien ait réussi à déjouer sa tentative d’assassinat sur la personne du l’empereur. Depuis, il l’avait fait rechercher partout et avait prédit avec raison qu’il cherchait à gagner Moscou, contrée lointaine et neutre où l’on n’irait pas le chercher. Finalement, les Cosaques étaient des alliés sacrément utiles quand on savait les amadouer.
« Merci pour votre aide, mon cher Sirko. Comme promis je ferai en sorte de vous envoyer des hommes pour maîtriser cette rébellion lituanienne. Je vous demande simplement d’être discret à ce sujet ; si l’on vous interroge, ce ne sont que des spadassins que vous avez payés… » précisa Maximilien un demi-ton plus bas. « Vous avez ma parole, Wittelsbach, d’autant plus que je sais que je peux me fier à la vôtre. Que voulez-vous faire de cet homme ? » « Disposez-en comme vous voulez. Faites en une de vos recrues si vous le souhaitez, ou gardez-le comme prisonnier, peu m’importe. Mais faites en sorte qu’il ne puisse plus nuire au Saint-Empire. »
Il avait retrouvé le traître et pouvait maintenant le laisser entre de bonnes mains. Son travail, si on pouvait réellement appeler ses activités d’espion ainsi, n’était pas celui d’un bourreau. Il trouvait les informations, et se contentait de laisser les autres mettre la main au collet et punir. Sa seule tâche était de s’assurer que tout était fait comme il le fallait. Cette partie de ses fonctions était sûrement celle qui lui plaisait le moins, mais bah, il n’avait pas vraiment le choix, et ça n’était qu’exceptionnel. Maximilien était ce qu’on pouvait appeler un espion mondain, ayant des yeux et des oreilles partout dans les cours d’Europe, mais il était rare qu’il se lance à la poursuite d’un assassin comme il l’avait fait ici. Même si on le soupçonnait d’être un espion, il était difficile de se l’imaginer limier de terrain… Et pourtant, comme Weiden venait d’en faire l’expérience amère, l’habit ne faisait pas toujours le moine. Maximilien empocha la lettre compromettante pour la ramener à Léopold, et sortit sans jeter le moindre regard à son prisonnier. Son sort était désormais entre les mains des Cosaques. Et Maximilien était bien content de ne pas être à sa place…
1661.
« IL SUFFIT ! Vous épouserez notre cousin Sigismond-François d'Autriche, il est archiduc de l'Autriche inférieure et du Tyrol, réjouissez vous que diable ! » vociféra Ferdinand-Marie, faisait sursauter Maximilien qui lisait tranquillement dans la pièce d’à côté et faillit en tomber de son fauteuil. Aussitôt il bondit sur ses pieds et courut jusqu’à la porte où il colla son oreille, et entendit encore quelques éclats de voix avant de percevoir une porte qui claque et des pas précipités qui passèrent devant la sienne. Il entrouvrit la porte et reconnut la cascade de cheveux blonds de sa sœur, ce qui fut assez pour le décider à sortir et se lancer à sa poursuite.
« Aliénor ! Aliénor, mais arrête-toi, écoute-moi ! » l’appelait-il en vain, l’entendait-elle seulement ? Finalement il la rattrapa et lui posa une main sur l’épaule, à la fois pour la rassurer et la faire ralentir. « Tu as dépassé tes appartements de cinq bonnes portes. » lui fit-il remarquer en souriant et en la faisant pivoter vers lui. L’humour marchait toujours d’habitude, un bon mot, une petite plaisanterie, et il pouvait lui arracher un sourire qui lui permettrait de repartir. Pas cette fois : les yeux bleus d’Aliénor croisèrent les yeux verts de son frère, et la jeune fille fondit en larmes. Un instant décontenancé, son unique réflexe fut de refermer les bras sur elle, ces bras trop grands, trop maigres, mais qui avaient au moins le mérite de pouvoir accueillir sa chère petite sœur dévastée. La gorge de Maximilien se noua mais il n’en montra rien alors qu’il essayait de la consoler. Il était au courant des projets de son frère et de sa mère et avait tenté de les en dissuader lorsqu’on l’avait mis dans la confidence. Et il croyait avoir réussi. Jusqu’à aujourd’hui. Un frisson lui parcourut l’échine alors qu’il se demandait pourquoi on ne l’avait pas écouté. Etait-il donc le seul à entr’apercevoir les conséquences désastreuses que ce mariage pourrait avoir ? Leur propre exemple n’avait-il pas suffi ? Alors même qu’il se détachait d’Aliénor en affichant un sourire rassurant et qu’il allait lui promettre d’aller parler à Ferdinand-Marie, Maximilien fut pris d’un drôle de vertige. Il chancela légèrement, mais suffisamment pour qu’Aliénor ne s’en rende compte et lui attrape le bras avant de le regarder d’un air effaré.
« Maxi ? Qu’est-ce qui t’arrive ? » « Rien… Rien tout va bien Aliénor, pourquoi ? » répondit-il d’une voix moins assurée qu’il ne l’aurait voulue. « Mais regarde-toi, tu as tout pâle ! »
L’était-il ? Il fallait dire qu’il craignait de se regarder dans le miroir, maintenant qu’il avait reconnu les symptômes si familiers. Cette sensation de malaise, et ensuite celle de ne plus être tout à fait là. Comme s’il évoluait dans un rêve alors qu’il ne dormait pas. Pourtant il fallait qu’il reprenne le contrôle, il le savait ; il ne fallait pas qu’ils gagnent. Alors il leva les yeux dans le miroir et en apercevant son reflet, blêmit un peu plus.
« Maxi ? » appela Aliénor en regardant tour à tour son frère et son reflet dans le miroir, ou plutôt, en cherchant ce point qu’il semblait fixer dans le miroir, comme s’il y avait quelque chose. « Ce n’est rien. » répondit Maximilien sans détacher son regard du point dans le miroir. « Retourne dans tes appartements. Je vais voir Ferdinand-Marie. » Et, s’arrachant au spectacle que lui offrait le miroir, il se dirigea vers les appartements de son frère, alors que la réalité devenait enfin à nouveau palpable.
« Vous ne pouvez pas marier Aliénor à Sigismond-François, mon frère. C’est une erreur, une terrible erreur. » « L’erreur serait, je pense, de refuser un mariage aussi avantageux. Maximilien, je sais que vous êtes très attaché à notre sœur et que notre cousin n’a pas le physique facile et n’est peut-être pas le prince dont rêvent toutes les jeunes filles. Mais il faut apprendre à grandir, la vie n’est pas un conte. » « Mais vous ne comprenez pas ! » s’emporta Maximilien, à la grande surprise de son frère, habitué à un Maximilien calme et joyeux. « Sigismond est le cousin de notre mère, ce mariage est contre-nature ! » « Notre père était bien l’oncle de notre mère et… » « Et regardez où cela nous a conduit ! Regardez vos oncles, vos cousins, ne voyez-vous pas qu’il y a quelque chose d’anormal chez nous tous ? » « Etes-vous en train d’insinuer que… » commença à s’agacer Ferdinand-Marie, sans que Maximilien ne lui laisse le temps de terminer. « Je n’insinue pas, j’affirme ! Ca fait des années que les membres de notre famille se marient entre eux, alors même que Dieu l’interdit ! Regardez le résultat, regardez notre mère, regardez Sigismond et ses cousins ! » s’exclamait Maximilien en frappant du poing sur la table. Il avait beau être un garçon habituellement discret et aimable, son entourage avait vite appris qu’il valait mieux éviter de le mettre en colère. « Nous sommes tous débiles, difformes, certains d’entre nous finissent même pas devenir fous et bons à enfermer ! Nous sommes des monstres, Ferdinand-Marie, et nous le devenons un peu plus à chaque nouvelle union. Vous n’avez pas le droit d’infliger ça à notre sœur et à l’enfant qu’elle portera, c’est un crime ! »
Ferdinand-Marie bondit sur ses pieds et fusilla son frère cadet du regard.
« Me traitez-vous de criminel, mon frère ? Traitez-vous nos parents, notre famille, de criminels ? » « De criminels, de fous furieux, de meurtriers, oui ! » « Vous vous oubliez, mon frère ! Vous ne souffrez même pas de la moindre tare, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas ! » « C’EST FAUX ! »
Le miroir vola en éclats si brusquement que Ferdinand-Marie sursauta violemment et eut le réflexe de porter la main à son épée. Hébété, il lui fallut quelques secondes pour réaliser que c’était le poing de Maximilien qui était responsable de ces dégâts, s’il en croyait les phalanges ensanglantées de son frère que celui-ci regardait comme si elles ne lui appartenaient pas. Ferdinand-Marie en resta sans voix. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait son frère se mettre en colère, mais c’était la première qu’il le voyait le faire de façon aussi violente. Un silence pensant tomba come une chape de plomb dans la pièce. Maximilien ne disait plus rien, ses yeux comme voilés fixaient un point aux pieds de Ferdinand-Marie.
« Mon frère, je… » « Vous dites que je n’y connais rien, Ferdinand. Mais vous ne me connaissez même pas, comment pouvez-vous savoir ? » reprit Maximilien d’un ton monocorde. « Que voulez-vous dire ? » « Regardez à vos pieds, et dites-moi si vous voyez ce chat noir. »
Ferdinand-Marie hésita un instant, de plus en plus mal à l’aise, puis baissa les yeux. Il resta immobile quelques secondes, puis répondit en levant un regard circonspect vers son frère.
« Je ne vois rien. » « Il fait la taille d’un chat normal, son poil est noir comme l’ébène mais parsemé de taches rousses. Il a un œil gris et un œil vert et ses dents sont plus acérées qu’un chat normal. Croyez-vous aux monstres, mon frère ? » demanda soudainement Maximilien en planta ses yeux verts dans les siens. « Maximilien êtes-vous devenu fou ? » ne put que répondre Ferdinand-Marie d’un air horrifié. « Parfois je me le demande. Mais regardez-moi, je suis toujours capable de conscience, je vous conseille toujours aussi bien alors que je vois ces choses depuis que j’ai treize ans. Pourtant je les vois. Les monstres existent, Ferdinand-Marie. Ils n’existent que pour moi. C’est ça, mon héritage de notre famille. Subir leur présence qui me rappelle sans cesse que c’est ma propre famille qui en est responsable, que nous en sommes tous responsables. C’est la malédiction des Habsbourg et vous le savez aussi bien que moi. »
Ferdinand-Marie resta interdit face au regard franc de son frère, dans lequel il pouvait lire à la fois le ressentiment le plus profond et un infini désespoir.
« Renoncez à ce mariage. Je peux vivre avec ça, Aliénor a l’air d’avoir été épargnée mais ne prenez pas le risque d’infliger ça à un enfant innocent, je vous en supplie. » conclut le jeune homme avant de sortir de la pièce. Finalement, le mariage serait tout de même célébré quelques mois plus tard, et jamais Ferdinand-Marie ne reparla à son frère de cet incident ni de l’aveu qu’il lui avait fait. Dans les grandes familles les secrets les mieux gardés étaient les plus sombres, les moins avouables, les plus honteux, ceux que l’on veut cacher aux yeux du monde, les monstruosités. Et comme Maximilien lui-même aimait à le formuler : « les Habsbourg se cachent pour pleurer ».
Dernière édition par Maximilien de Wittelsbach le 02.12.12 13:10, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 01.12.12 13:35 | |
| Kapitel 4 :
Le garçon qui
était devenu
un homme. _________________________________________________ Malgré le mariage désastreux de sa sœur à qui il rendait visite à chaque fois qu’il en avait le temps, la vie continuait pour le jeune duc de Leuchtenberg, désormais âgé de vingt-trois ans. Il continuait de parcourir l’Europe de long en large et en travers pour servir au mieux son cousin Léopold Ier, toujours sous sa couverture de fantasque passionné d’histoire ou de langues perdues. Les années qui suivirent furent riches en émotions, avec notamment un nouveau séjour chez les Cosaques, mais aussi en Italie bien évidemment, en Espagne, au Portugal, plusieurs fois en France, en Angleterre, en Ecosse, et même au Moyen-Orient. D’ailleurs c’est à l’occasion d’un voyage en Turquie, à laquelle il a accédé par bateau, que lui est arrivée la cocasse aventure de voir le navire sur lequel il naviguait attaqué par des pirates. Certes, il avait bien cru sa dernière heure arrivée, mais alors qu’on lui donnait le choix entre sauter de la planche, mourir fusillé ou se faire égorger, il avait réussi à négocier sa liberté et celle de l’équipage contre le bateau et une rançon. Finalement ils avaient été débarqués sur les côtes turques sans la moindre possession et avaient réussi à rallier la ville la plus proche à pieds. Une aventure pas vraiment glorieuse mais toujours amusante à raconter. Ah, et vous a-t-il aussi parlé de cette fois où il s’est retrouvé coincé dans un tonneau de vin vide pour pouvoir écouter une conversation mais n’a pas réussi à en ressortir ? Comme quoi, le terrain, ce n’était pas toujours son truc… Heureusement qu’un domestique passait par là et a pu le faire sortir discrètement de la maison, un garçon intéressant d’ailleurs, qu’il s’était promis de revenir chercher… « Et tu y es retourné ? »« Pas encore, les… évènements m’en ont empêché. Mais j’irai, foi de Maximilien ! » Un jeune homme au teint excessivement pâle et aux pommettes proéminentes sourit faiblement depuis son lit alors que Maximilien marchait de long en large dans la pièce en affichant ce sourire confiant et un tantinet énigmatique qu’il arborait en toute circonstance, et surtout quand un défi s’offrait à lui. Finalement, le duc de Leuchtenberg s’arrêta et s’appuya contre la balustrade du lit en croisant les bras avant de jeter un regard au malade. « Et toi, comment te sens-tu ? Tu m’as l’air d’avoir repris un peu de couleurs depuis la dernière fois… »« Ne dis pas de bêtises, Wittelsbach. » grogna Niels, comte de Stubenberg, âgé de vingt-six ans et ami de très longue date de Maximilien. « Je sais bien que tu ne m’as jamais vu dans un aussi mauvais état. La chose qui me ronge de l’intérieur n’est plus très loin de m’avoir, j’en ai bien peur, mon ami. »Maximilien ne répondit pas mais son sourire s’effaça lentement de son visage. Bien sûr qu’il savait, ça faisait des années que Niels n’avait pratiquement pas quitté son lit et que Maximilien lui rendait quotidiennement visite à chaque fois qu’il était à Vienne. Qui l’aurait cru, pourtant, que ce serait lui qui serait condamné à partir le premier ? Il avait toujours été grand, fort, vigoureux, un grand sportif doté d’une parfaite hygiène de vie. Jusqu’à ce que la maladie, inexplicable, ne se soit déclarée alors qu’il n’avait que quinze ans. Cela faisait maintenant onze ans qu’il oscillait entre la vie et la mort, se rapprochant chaque jour un peu plus de l’issue finale. Depuis combien de temps se connaissaient-ils, tous les deux ? Aussi loin que ses souvenirs remontaient, ils se connaissaient déjà alors qu’il n’avait que dix ans ; Niels avait quelques années de plus que lui mais c’était comme s’ils avaient été jumeaux. Maximilien avait toujours nourri une profonde admiration pour celui qu’il avait toujours traité en meilleur ami, celui qui même depuis son lit avait toujours su l’écouter, lui qui avait plus l’habitude d’écouter les autres, son ami qui souriait à toutes les histoires folles qu’il lui racontait ou levait les yeux au ciel en entendant toutes ces exubérances, lui donnait des conseils pour gérer sa famille, soutenir sa sœur, ou même en matière de cœur… « Et cette jeune femme que tu m’as si bien décrite la dernière fois ? Dis-moi que tu as fait des progrès depuis, je ne suis pas sûr de survivre jusqu’à dans vingt ans que tu te décides à faire quelque chose tu sais ! » s’exclama Niels en se redressant sur ses oreillers et en étouffant une toux. « Ne te donne pas tout ce mal va. La demoiselle en question s’est fiancée le mois dernier et a même eu la gentillesse de m’inviter à son mariage ! »« Quoi ? Oh Himmel, Maximilien je suis désolé… »« Bah, n’en parlons plus. Parlons plutôt de toi, que disent les médecins ? »« Oh la même chose que d’habitude, que je ne passerai pas l’hiver ! Mais j’ai bien peur que pour cette fois ils aient raison, mon ami… Enfin, je ne m’en plains pas. » ajouta-t-il aussitôt en voyant l’air grave de son ami. « Pour un malade j’ai eu une vie relativement simple, je ne souffre pas trop… Je me suis même marié, j’ai deux beaux enfants… Et un meilleur ami qui vient me voir malgré son emploi du temps de ministre ! » sourit-il en posant une main sur l’avant-bras de Maximilien qui ne put s’empêcher de sourire malgré la tristesse sourde qu’il sentait au fond de son cœur. Ca faisait des années qu’il était préparé à la mort de Niels ; et pourtant l’échéance qui se rapprochait le terrifiait. Il se sentait comme l’enfant qui apprend à nager et doit bientôt se détacher du roc sur lequel il s’accrochait toujours pour ne pas couler. Il savait qu’il pouvait y arriver, il s’y était entraîné. Mais il restait cette peur sourde, presque viscérale, vicieuse : et si je n’y arrivais pas ? Comme s’il avait lu dans ses pensées, Niels s’empara de la main de Maximilien qui releva les yeux vers lui et ne se déroba pas à ce regard fiévreux qui s’éteignait de plus en plus. « Tu prendras soin de Gretchen et des enfants, hein ? »« Bien sûr. Tu peux me faire confiance. » répondit Maximilien en serrant dans la sienne cette main qui s’agrippait à lui. Niels hocha la tête et eut un sourire soulagé. « Allez file, Wittelsbach. Je sais que ta sœur t’attend. Sors avant que je ne te fasse mettre dehors, j’ai assez vu ta trogne pour la journée ! » reprit le malade en lui faisant signe de la main de s’en aller sans pouvoir dissimuler l’humour dans sa voix. Maximilien leva les deux mains pour signifier que d’accord, d’accord, inutile de s’énerver, ce n’était pas bon pour son ulcère, puis sortit en lui dédiant un clin d’œil. Difficile de croire que la mort était si proche, Niels avait l’air si vivant, malgré ce corps en ruines qui le lâchait peu à peu ! Et pourtant, quelques semaines plus tard à peine, Maximilien se tenait debout au premier rang dans la chapelle, avec à son bras une veuve effondrée qui n’avait pu que se tourner vers le premier soutien qui s’était présenté. Et de sa main libre, il tenait celle d’Aliénor qui avait accepté de l’accompagner, et se sentait désolé de la broyer de la sorte mais c’était encore le seul moyen qu’il avait trouvé pour retenir les larmes qui menaçaient dangereusement de couler alors que sa cage thoracique semblait compressée sous un poids abominablement lourd. Il se montra courageux tout au long de la cérémonie, après tout les hommes n’étaient pas censés pleurer, même aux funérailles de leur meilleur ami. Sagement, il attendit d’être de retour au palais, enfermé dans ses appartements, sans plus personne autour pour en être témoin, et se laissa glisser au sol dos à la porte avant de ramener ses jambes contre lui et de poser son front sur ses genoux, un poing fermé contre sa bouche, comme pour empêcher les sanglots de sortir, ou au moins les rendre plus silencieux. Il n’entendit pas la voix d’Aliénor dans le couloir qui l’appelait. Il lui fallut un certain temps pour faire le deuil de son ami, mais au moins il fut ensuite en mesure d’aider la veuve de Niels et ses enfants comme il le lui avait demandé. Après tout, Maximilien avait beau avoir cette perte à coeur, il s'y attendait. Et si le chagrin était bien là, la résignation avait fait son office et l'avait aidé à passer outre ; et puis Maximilien n'était plus un petit garçon que la tristesse pouvait briser en deux comme un fétu de paille. C'était un jeune homme à qui la vie avait encore tout à offrir, et il comptait bien en profiter, ne serait-ce que pour rendre hommage à son meilleur ami ! 1666.« Monsieur, vous êtes sûr que ce soit une bonne idée de… »« Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut. » souffla Maximilien en plaquant une main impérieuse sur la bouche de son valet avant de lui intimer de le suivre avec un sourire espiègle. Le pauvre Igor se demanda une fois de plus ce qu’il fabriquait avec un maître pareil et s’interrogea sur les raisons qui le poussaient à rester à ses côtés, avant de renoncer et de lui emboîter le pas. A pas de velours, les deux hommes s’approchèrent de la fenêtre et s’accroupirent dans la pelouse pour ne pas être vus des hôtes à l’intérieur. Au-dessus d’eux, des voix teintées d’un fort accent germanique se faisaient entendre. « Il est temps d’agir, l’empereur n’est plus sur ses gardes depuis la tentative ratée de Weiden. Si nous frappons maintenant il est encore temps de conclure un accord avec la Pologne, nous aurions beaucoup à gagner à réprimer les révoltes cosaques… »« Qu’auraient-ils à gagner à réprimer ces révoltes ? Elles ne concernent pas le Saint-Empire, si ? » demanda Igor à voix basse. « De l’argent mon ami, beaucoup, beaucoup d’argent. » chuchota Maximilien en souriant alors qu’il tendait l’oreille. « Les cosaques ukrainiens rendent les polonais complètement fous à force de leur montrer qu’ils peuvent n’en faire qu’à leur tête. Ils finissent par devenir une menace, surtout s’ils s’allient à Moscou et s’ils visent aussi à s’attirer les sympathies du Danemark ou pire, de la Suède, qui ne s’est jamais entendue avec la Pologne… »« Mais ce serait nous plonger dans une nouvelle guerre et… »« Et nous nous retrouverions avec pratiquement tous les pays du nord sur le dos. Exactement, mon cher. » répondit le duc de Leuchtenberg en lui prenant le bras pour l’entraîner un peu plus loin, toujours courbés en deux. Maximilien et son fidèle Igor étaient arrivés à Versailles quelques semaines plus tôt, emménageant chez Aliénor qui avait acquis un grand hôtel particulier qui ne demandait qu’à recevoir un peu plus d’habitants. Le chemin avait été pour le moins chaotique jusqu’à Versailles où les frères Wittelsbach s’étaient réfugiés en catastrophe sur une idée de Maximilien. Les évènements de ces derniers mois défilèrent en un éclair dans sa tête : son séjour dans le Tyrol avec Aliénor, son amie Eléonore et Sigismond, le froid qui l’avait forcé à rester alité durant tout leur séjour, ce soir où les deux femmes étaient rentrées de promenade seules, alors qu’il était pourtant sûr que Sigismond était sorti aussi… Et deux jours plus tard, quand on avait retrouvé son corps. Maximilien se mordit la lèvre inférieure à ce souvenir. Mais qu’est-ce qui lui avait pris bon Dieu, qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi sa petite sœur avait-elle eu la folie de se faire complice d’un meurtre ? Il avait compris immédiatement ce qu’il s’était passé, et d’ailleurs avait eu beaucoup de mal à avaler la pilule, refusant de lui adresser la parole pendant plusieurs mois alors que son cerveau cogitait pour trouver une solution pour que personne ne découvre la vérité… En vain : la sœur de Sigismond avait eu des soupçons, soupçons qui étaient devenus rumeurs, rumeurs qui étaient devenus enquête ordonnée par Léopold Ier… Qui avait confié cette tâche à son meilleur espion. Lui. Le frère de la coupable. Les pensées de Maximilien dérivèrent vers la seconde responsable, cette Eléonore Sobieska dont sa sœur s’était entichée. Il lui avait fait confiance au début : après tout elle était amie avec sa sœur, semblait drôle, vive, intelligente et somme toute sympathique. Il se souvenait encore des discussions et des fous rires qu’il avait partagés avec elle notamment en parlant de leurs différents voyages et de leur expérience commune des Cosaques. Oui, le souvenir de ces conversations était encore bien vivace dans la mémoire du jeune homme et c’était peut-être pour cette raison qu’il s’en méfiait encore plus. Grâce à Léopold pour une fois, il avait découvert une nouvelle facette potentielle d’Eléonore et mené sa propre investigation sur elle, révélant une situation bien plus sombre et moins glorieuse que ce qu’elle voulait laisser paraître aux yeux du monde. La face verso de la médaille était visible aux yeux de Maximilien désormais, et depuis la mort de Sigismond à laquelle il était convaincu qu’elle était mêlée, elle n’était plus à ses yeux qu’une dangereuse veuve noire qui ne pourrait que nuire à sa chère petite sœur. Il fallait la neutraliser avant qu’elle n’entre de nouveau dans sa vie. Il savait qu’elle était à Versailles mais avait-elle déjà repris contact avec Aliénor ? Le visage de Maximilien s’assombrit à cette perspective. Avec un secret comme celui qu’ils détenaient à trois, Eléonore avait tous pouvoirs sur sa sœur, et pas grand-chose ne pourrait l’empêcher de la faire chanter ou de lui nuire de toute autre manière. Elle avait l’arme ultime, elle savait qu’Aliénor était mêlée à un assassinat. Etait-ce elle d’ailleurs qui avait volé cette maudite correspondance ? Dans tous les cas, Maximilien ne nourrissait plus à l’égard de la rousse que du ressentiment, des soupçons, et une inébranlable méfiance. Il fallait qu’il l’empêche de nuire, par tous les moyens. Sans compter qu’elle avait toutes les raisons d’en vouloir à Léopold et pouvait parfaitement décider de s’en prendre à lui aussi… En un mot comme en cent, Eléonore Sobieska était à mettre hors d’état de nuire. Par quelque moyen que ce soit. En tous les cas, Versailles avait été la seule issue possible pour échapper à la fois aux folies maritales de Ferdinand-Marie qui s’était mis en tête de la marier une troisième fois et aux soupçons de la cour viennoise. Il n’avait pas vraiment laissé le choix à sa petite sœur, mais il savait que c’était la meilleure solution ; il l’avait donc envoyée à Madrid puis en France où elle bénéficiait de l’une des meilleures protections possibles : celle de la reine Marie-Thérèse, leur cousine. Ca lui avait semblé une bonne idée, mais avec la guerre qui approchait à grands pas, l’attitude à adopter le laissait encore indécis. Fallait-il rentrer à Vienne ? Les soupçons à l’égard d’Aliénor s’étaient-ils estompés ? Dans tous les cas Maximilien ne pourrait pas être avec elle ; Léopold l’envoyait en Lorraine combattre aux côtés du duc afin de soutenir l’Espagne. Il n’aimait pas l’idée de s’éloigner d’elle alors que la dangereuse correspondance courait toujours… Mais pour cette fois, il ne pouvait pas faire grand-chose pour changer la situation. « Que faisons-nous, monsieur ? La réunion semble se terminer, il serait imprudent de rester dans les parages. » intervint Igor, le tirant de ses pensées. « Natürlich my friend ! » répondit joyeusement Maximilien en se redressant pour jeter un coup d’œil à l’intérieur de la maison. Il avait les noms des comploteurs qui s’étaient trouvés là, il n’aurait plus qu’à expédier une missive –codée- à Léopold pour les dénoncer. Il bondit sur ses pieds sans se soucier des gestes paniqués de son valet qui lui signifiait qu’il était à découvert et s’avança tranquillement dans le parc en sifflotant. Quand tout à coup… « Halte ! Qui va là ?! »« Oups… » fit Maximilien en levant les mains alors que des fusils armés de mousquets pointaient vers lui et Igor qui le fusillait du regard. « Ne me regarde pas comme ça Igor, avoir de la malchance ça arrive même aux gens très bien tu sais… »« J’en suis sûr monsieur, mais les gens très bien aimeraient bien s’en sortir aussi, dans ce genre de situation ! »« Oh mais ne t’en fais pas, j’ai un plan. » sourit Maximilien. « … vous avez aussi dit ça la dernière fois et au lieu de cinq minutes, vous avez mis un an à revenir me chercher ! »« Mais quand cesseras-tu de me rabâcher cette histoire, c’est fou ce que tu es rancunier ! »Pendant qu’ils parlaient, les gardes s’étaient rapprochés, mais Maximilien ne semblait pas s’en émouvoir. Au contraire, il souriait. Après tout, il y avait des gardes devant eux, mais pas derrière… « Alors messire ? Que fait-on ? » s’impatienta Igor qui ne semblait pourtant pas paniquer non plus. « Ce qu’on fait Igor ? Eh bien, pour formuler la chose simplement… »FIN.
Dernière édition par Maximilien de Wittelsbach le 02.12.12 21:53, édité 1 fois |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 21:52 | |
| Fiche terminée ! |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
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► Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 22:29 | |
| TU ES VALIDÉ ! BIENVENUE A VERSAILLES
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AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH Mon Maxi Je suis tellement contente que tu l'aies pris ! Je te l'avais déjà dit, mais je te le redis encore et encore Il était entre d'excellentes mains avec toi ! Concernant son histoire, tu as tout bien saisi le personnage, le contexte et la dure famille des Habsbourg C'était pas évident, bravo à toi J'ai dévoré ta fiche au fur et à mesure, et devant mon PC, j'étais comme ces smileys : et C'est pour te dire mon niveau de fan-attitude ! Bref, je t'aime Et merci pour les cosaques et leurs imposantes moustaches Bon tu connais la maison, tu sais ce qu'il te reste à faire Encore merci d'avoir pris Maxi et amuse toi bien avec lui (ça aussi je te fais confiance ^^) PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum. ♣ Fiches de liens ♣ Demandes de rangs et de logements ♣ Le flood ♣ N'oublie pas de mettre tes liens de présentation, fiche de liens et point info dans ton profil
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| | | Derek de Saxe
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: pas encore de problèmes cardiaques, merci de vous en préoccuperCôté Lit: Surprise, ça bouge!Discours royal:
En toute modestie deutsche Qualität
► Âge : 26 ans
► Titre : Prince-héritier de Saxe, Duc de Saxe-Weissenfels
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► Date d'inscription : 07/02/2012
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 23:16 | |
| Rebienvenue! Si tu ne me situes pas, je suis le type qui a mis en cloque ta soeur hors mariage! J'ai bien ri au passage avec les cosaques, ça m'a fait repenser à la lettre au sultan. Et j'ai A-DO-RE la conversation avec Ferdinand-Marie à propos des problèmes de consanguinité dans la famille! Je le trouve touchant ce personnage! Tout mignon,adorable! Bref, amuse toi bien avec Maxi! On se retrouvera en Lorraine! |
| | | Invité
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 23:34 | |
| Oh une invasion de Habsbourgs (oui à partir du moment où ils sont deux, on peut parler d'invasion ) ! Bon, Eléonore n'est pas franchement contente de te voir par ici mais la joueuse a réussi à la faire taire quelques instants pour te souhaiter la (re)bienvenue et pour te dire qu'elle a adoré ta fiche ! A mort Vive les Cosaques Amuse toi bien avec ce Maxi ... Je ne doute pas une seule seconde que ce sera le cas |
| | | Paris de Longueville
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une servante de ma connaissance...Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en!Discours royal:
ADMIN BIZUT Phoebus ৎ Prince des plaisirs
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► Titre : Prince de Neuchâtel
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► Date d'inscription : 12/01/2010
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 23:35 | |
| J'aime ce perso J'aime ta fiche Je ne vais pas tout répéter, mais comme mes VDD, amuse-toi bien avec Maxi et vouiiiiii on se trouvera un lien de malade |
| | | Elisabeth d'Alençon
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: seul Dieu peut m'indiquer qui aimerCôté Lit: Je me réserve pour mon futur époux, je ne suis pas de celles qui se donnent!Discours royal:
When your faith is strong, you dont need a proof
► Âge : 20
► Titre : duchesse d'Alençon, abbesse de Remiremont
► Missives : 414
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 02.12.12 23:37 | |
| Re-bienvenue miss!
Je me demande bien qui tu peux être (le fait que nous parlons en ce moment sur msn ne m'éclaire absolument pas :p)
A très vite, dans nos liens! |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 03.12.12 0:41 | |
| Eh bien quel Maxi tu nous fais ! Mais ça je n'en doutais pas en sachant qui tu es Encore un perso haut en couleurs pour toi et qui te va comme un gant. J'espère que nous aurons un lien avec l'un de mes moi en tout cas. Je te souhaite de bien t'éclater avec ce nouveau toi ! Au plaisir de le croiser un jour au détour d'un rp. |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 03.12.12 1:00 | |
| Adeline - Les Habsbourg sont PARTOUT voyons et puis y a pas qu'eux, t'as oublié Marie-Thé et Mathilda qui ont du sang Habsbourg dans les veines nous sommes une légiooon ! Cie - Rien qu'avec le lien qu'on vient de se trouver, je sais que ça va rocker j'espère qu'on pourra se le jouer bientôt, pendant la guerre, plus tard, qu'importe en tout cas ravie qu'il t'ait plu à ce point Laeti - Ca y est, tu sais qui je suis à nos complots maintenant ! Lisa - Je suis contente qu'il te plaise à toi aussi évidemment des liens, les liens c'est indispensable je passerai faire un tour sur les fiches de liens bientôt tu n'y couperas pas |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 03.12.12 4:46 | |
| Re-bienvenuuuuuuuuue!!! (Qui que tu sois. ) |
| | | François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
► Âge : 25 ans
► Titre : Maréchal des Logis des Mousquetaires, Capitaine de la garde de Monsieur, Marquis de Lavardin
► Missives : 521
► Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 03.12.12 5:42 | |
| Rebienvenuuuuuuuuuuue amuse toi bien avec tes nouveaux problèmes |
| | | Rose Beauregard
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Pas de coeur, cela ne cause des troubles de l'humeur et c'est trop fragile. Car quand on le brise, ça fait si mal, un coeur.Côté Lit: Je ne compte plus les hommes, seulement les pièces qu'il laisse une fois qu'ils ont fait leur affaire.Discours royal:
Ô la belle ÉPINE pleine de rose
► Âge : 24 ans
► Titre : Prostituée ; Princesse de Schwarzenberg (faux titre)
► Missives : 351
► Date d'inscription : 04/11/2011
| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. 03.12.12 17:11 | |
| Rebienvenue Maximilien est vraiment un excellent personnage, il m'avait tapée dans l'oeil aussi mais je ne regrette pas de ne pas l'avoir pris, tu l'incarnes excellemment bien |
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| Sujet: Re: Maximilien - Big brother is watching you. | |
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