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 Prouver sa valeur, conserver son honneur

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MessageSujet: Prouver sa valeur, conserver son honneur   Prouver sa valeur, conserver son honneur Icon_minitime19.06.13 1:46

(Quand la victoire a un goût amer que l'on souhaite recracher...)


Le retour au camp militaire français se faisait dans une atmosphère de lourd silence. À ce moment où une petite patrouille de mousquetaires revenait d'une escarmouche avec leur vis-à-vis, certain étaient encore sous le choc de leur baptême du feu ennemi. Parmi eux, le Comte-cadet de Limoux qui s'était démarqué en ayant au moins les nerfs de dégainer son sabre et charger l'ennemi. C'était pas comme d'autres qui s'étaient glacés de peur réalisant qu'un sous-bois de Lorraine était un endroit affreux pour mourir. Heureusement que l'étonnement de cette triste rencontre était partagée par les deux camps sinon Dieu seul pouvait imaginer le carnage de recevoir une salve de balles de plomb par surprise...  

Sur son cheval d'un blanc pommelé qui des suites de la bataille avait une robe grise de saletés, Bastien conservait encore cet air ferme à la mâchoire serrée sur son visage tout aussi sale que son cheval. Si le sang bouillait en lui, son esprit n'était qu'un bourdonnement de questions sans réponses. Comment avaient-ils pu réagir si mal? Pourquoi n'ont-ils pas chargé l'ennemi? À combien près avaient-ils failli être perdant de ce combat? Les images de la bataille ainsi que les questions défilaient tour à tour dans un brouillon tourbillon et seul le temps allait permettre au Limoux d'enfin se calmer rejoignant le campement.

L'ennemi en angle devant sur la droite, pas le temps d'allumer les mèches des mousquets; trop près... "Au sabre!" était l'ordre répété de toutes parts. Se recalant le derrière dans le fond de sa selle le sabre prêt, il fixait l'ennemi confiant que ce n'était pas son dernier jour! Les doutes sur les capacités de ses compagnons qui étaient nés lors des entraînements semblaient prendre forme autours de lui.


- Dégaines bon sang! Tu n'es pas le fils d'un producteur d'artichauts! Bats-toi!


Il espéra lorsque ses talons éperonnés lancèrent sa monture au galop que la recrue derrière lui allait faire bon usage de se sabre qu'il avait pratiquement dû lui forcer dans les mains. Dévisageant l'ennemi d'une impétuosité dans le regard, Bastien ne pouvait plus rien pour l'autre outre que de tuer le plus rapidement possible...

Ce qu'il était grand ce campement pour des mousquetaires devant retourner en son centre pour y faire rapport et retrouver leur propre pavillon. Tout ces regards qui s'accrochaient à eux mesurant l'étendue du périple par les blessures et calculant les absent, morts. Tout ce campement qui se réveillait par une vague de murmures comme quoi une patrouille de mousquetaires s'en était prise plein la gueule... Durant cet instant, la victoire n'apportait aucun réconfort à ceux qui avaient participé au combat. Ceux-là savaient qu'ils étaient passés beaucoup trop près d'être dominé par l'ennemi ou ne serait-ce que par leur propre incompétence. Ils auraient dû les voir ces lorrains bien avant! Avoir leur court mousquet en main et créer le désordre dans les rangs ennemis par une volée dans leur flanc. Le simple fait que se ne fût pas le cas, suffisait à créer un sentiment tout aussi glauque que d'avoir le portrait d'Albert II du Saint-Empire qui vous fixe durant votre sommeil!  

Le jeune de Limoux n'avait pas pour sa part à baisser la tête et de fait, le menton était en l'air; les épaules droites. Il s'était battu fièrement et était aller au delà de ce que l'on aurait pu espérer de sa part. Sa respiration était toujours rapide mais de plus en plus contrôlée mais ces regards des soldats à terre l'agaçait... Le revers de la main droite qui se glisse sur son visage essuyant un peu de saletés et de sang. "Et d'où il vient ce sang?!" se dit-il. Sa main gauche tira les cordeaux pour faire ralentir l'allure de son cheval qui martelait fermement le sol de ses sabots partageant les émotions de son cavalier.  

- Tu vas te calmer non?! 

Jamais ce jeune lorrain n'avait vu un visage aussi déterminé à tuer, il l'aurait cru hystérique! S'il n'aurait pas été de la casaque bleu et du chapeau à plume, il aurait été impossible de dire l'époque de la scène tant la barbarie de deux hommes se battant aux tranchant d'une lame était présente. Entre ses mains tremblantes de peur, face au spectacle, ce jeune lorrain s'efforçait d'armer son arme et d'en allumer la mèche. Il senti sa poitrine se serrer et eu un haut le cœur lorsque le regard du mousquetaire cherchant sa prochaine cible se posa sur lui. Il ferma les yeux pour se ressaisir mais ses paupières se forcèrent à s'ouvrir contre sa volonté en attendant le mousquetaire lui hurler "À ta mort!!!"  Il leva son arme à feu en guise de protestation entre lui et le Comte-cadet de Limoux qui le chargeait. La garde du sabre de ce dernier percuta violemment le canon de l'arme qui lui faisait barrage dans un mouvement d'uppercut. Suivant des yeux son arme entre ses mains qui s'élevait vers le ciel, le jeune lorrain ne pu rien faire de plus que de constater avec horreur la lame du sabre qui lui tranchait le ventre dans son mouvement de retour. "À la tienne!!!" fût les derniers mots qu'il entendit avant de mourir...

Bastien fronça les sourcils chassant cette scène de sa tête... S'était inutile à présent que les rapports avaient été fait. Il ne restait plus qu'à se calmer dans l'espoir de trouver du repos. Il cherchait du regard sa tente. Celles des Froulay devaient être par là, ici par sa taille singulière, se devait être celle de Vallombreuse et sous les pattes de son cheval se devait être "Merde!" Il tira les cordeaux de justesse pour éviter un jeune mousquetaire qui se promenait l'air jovial et rêvassant, un seau d'eau à la main et qui manqua de se retrouver sous quatre fers. 

- M'enfin! Regardes où tu vas!

Le Comte-cadet était déjà d'humeur massacrante mais cet incident inopportun allait le faire sortir de ses gonds... Pour la première fois il réalisa combien il était sale en voyant la poussière et le sang sur son uniforme qui avait perdu tout son lustre. Devant lui, c'était le miroir de la blague... Le plus jeune mousquetaire de la compagnie, des cheveux blonds et scintillant trônant sur un uniforme tout beau tout propre et ce petit caractère "si attachant" pour tout le monde sauf Bastien qui le trouvait insignifiant! Tout le monde avait entendu parlé de ce jeune seigneur de Langoiran fait mousquetaire et aide de camp par et pour le pratiquement légendaire Léandre de Vallombreuse... 

Pour la première fois, Bastien le voyait devant lui et comme son pré-sentiment l'indiquait, il ne lui trouva rien d'exceptionnel. S'il avait fallu qu'un regard pour reconnaître Henri dépeint par tant de racontars, le Comte-cadet de Limoux ne pouvait se douter qu'il avait lui-même une réputation qui le précédait par son mauvais caractère et son talent de bretteur. Peut-être Henri le connaissait-il aussi sans l'avoir vu? Qu'importe, déposant le seau, il soutenu le regard méprisant de Bastien et encaissa la première insulte.

- Doit-on se surprendre qu'une catin de Lorraine nous déclare la guerre quand la fine fleur des armées françaises devient porteur d'eau?!

Après avoir craché son venin sur Henri qui pourtant ne demandait rien, Bastien posa ses bottes éperonnées au sol laissant son cheval entre les mains d'un spectateur... D'une main habituée il replaça les lames à sa ceinture et la casaque sous celle-ci. Il s'avança jusqu'à toiser de stature et du regard son jeune compagnon. Furieux mais pas fou, il voyait bien qu'il venait d'allumer quelque chose chez Henri, ainsi il lui rappela son rôle indigne d'un mousquetaire du Roi.

- Je suis Bastien de Limoux, je viens de défendre mes compagnons, de tuer des ennemis de notre Royaume et de notre Roi! Toi, qui es-tu et que faisais-tu? Tu portes l'eau à mon cheval qui aura vu plus de combats que toi?!


Où était-il lorsqu'ils s'en prenaient plein la gueule? Ici, en sécurité à porter de l'eau et comme si Henri était le responsable de toute cette journée, Bastien quant à lui voulait qu'il confirme son identité et réalise qu'il n'y avait rien à se pavaner aujourd'hui... Comme si la rumeur de son arrivée en brandissant ses titres au portier n'avait pas fait le tour du casernement... Bastien eu un dernier soupir méprisant avant de rajouter:

- Toi? Mousquetaire?!  

Une main se glissa dans ses cheveux en bataille sous son chapeau à plume laissant le temps au seigneur de Langoiran de répondre s'il en avait envie, sinon, il tournerait les talons laissant le souvenir de cet évènement s'évaporer de sa mémoire comme tout les autres de la journée...
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