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 Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli

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MessageSujet: Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli   Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli Icon_minitime03.10.12 15:23

Jean Baptiste Lully
Marianne Pilogue

« You are the music in me. »
CRÉDIT - CSS
Cette nuit était interminable. Le jeune fils de la Duchesse était souffrant et elle n’avait pas trouvé meilleure idée que d’assigner la douce et si docile Marianne pour le veiller, chanter pour l’apaiser… et bien évidemment, jouer de l’instrument qu’elle maîtrisait si bien pour le bercer. N’avait-on pas colporté la rumeur que le violon du grand Lully avait sauvé le Roi du trépas lorsque celui-ci était à l’article de la mort, cela dû à une terrible fièvre ? Rumeur ou non, la Duchesse y avait cru sans hésiter, ou du moins voulait y croire, pour son fils qu’elle aimait. La jeune femme était donc arrivée après la coiffure d’une autre grande dame dont elle avait déjà effacé le nom de sa mémoire – en même temps comment retenir tous ces noms ? – vers vêpres. Elle relayait une autre servante à qui elle adressa un tendre sourire et, sachant déjà que celle-ci devait être là depuis quelques heures au moins, elle lui retint le bras et lui murmura :
«La cuisine t’a préparé une assiette qui t’attend. »
Les yeux pleins de gratitude qui s’illuminèrent chez la servante qui devait pas avoir plus de 16 ans eurent tôt fait de donner assez de baume au cœur de la belle blonde pour se mettre à la tâche.

Elle s’assit doucement sur le lit et regarda l’enfant qui tremblait comme une feuille, le front trempé. Il ne survivrait pas longtemps, elle le sentait, elle le savait. Sire Christian lui en avait appris assez sur la médecine pour savoir que ce petit était irrécupérable. Et même sans ces connaissances, son instinct maternel aurait eu tôt fait de le lui faire sentir. Elle caressa les petits cheveux noirs qui collaient à son front, le dégageant doucement et y déposa un baiser.
« Marianne ? »
Le petit connaissait son prénom ? Ils n’avaient pourtant joué qu’une fois dans les jardins. Il s’en souvenait donc ?

Soudain, elle ressentit comme une présence et, tournant la tête, elle vit une ombre noire dans l’encadrement de la porte. Non pas celle par laquelle elle était entrée mais celle qui joignait la chambre de l’enfant et celle des parents. La servante se leva d’un bond et s’inclina profondément. Une grande et maigre figure habillée de noire, et peut être plus pâle encore que l’enfant, pénétra dans la pièce.
« Il a dit qu’il voulait te voir, toi. Que tu jouais si bien. Joue pour lui. Toute la nuit si il le veut. Je te paierai ce que tu veux. » dit la femme qui semblait avoir pris 20 ans en quelques jours. Elle n’avait pourtant qu’un ou deux ans de plus que Marianne quelques jours plus tôt. Et lui, quel âge avait-il ? 7 ans tout au plus ? Le pauvre petit ange tombé de son nuage d’enfance.
« Je ne veux pas de votre argent, Madame. C’est mon travail et votre fils mérite toute l’attention du monde. »
La Duchesse inclina la tête, s’approcha et embrassa son fils avant de sortir et de fermer doucement la porte. Marianne se retrouva seule avec l’enfant mourant. Celui-ci tenta de sourire pour rassurer la servante qui tremblait sans même s’en rendre compte. Elle se rassit sur le lit et le borda doucement.
« Tu as froid ? Tu veux une musique en particulière ? »
L’enfant marmonna un « F-Froid… » Et elle remonta un peu plus la couverture. Cet enfant l’émouvait. Elle commença par jouer quelques mélodies du grand compositeur italien qui semblèrent l’apaiser au moins un peu. Elle était infatigable et joua des heures durant sans s’arrêter. Mais au beau milieu, le petit fit une crise, tremblant plus que jamais et gémissant, de grosses larmes se mêlant aux gouttes de sueur. Elle posa alors le violon et s’allongea près de l’enfant, l’enveloppant contre la chaleur de son sein ou il cacha son visage pour étouffer ses pleurs. Elle se mit alors à chanter en le berçant. Il se calma au bout d’une heure pour à nouveau plonger dans un sommeil comateux. Mais elle ne s’arrêta pas pour autant…

Ce n’est qu’aux premiers rayons du soleil que la mère entra et vit la jeune servante presque dans le même était de pâleur qu’elle. Elle se leva difficilement, complètement raidie et fit une révérence, semblant à deux doigts d’éclater en sanglots. Dans un élan, la Duchesse serra la servante dans ses bras. Dans ces moments-là, seules deux femmes pouvaient se comprendre… D’un regard elles se promirent de se soutenir et la grande dame finit par congédier la jeune femme, qu’elle aille se ressaisir. Mais elle n’aurait pas beaucoup de temps pour cela… La voilà déjà en retard pour aller jouer chez le compositeur de la Cour. Elle courut dans sa petite chambre et enfila, à peine rentrée, une robe qui n’était pas complètement froissée, vert pomme avec des lacets sapin. Assise ensuite devant un miroir tellement sale qu’on se voyait à peine dedans, elle se démêla les cheveux et se regarda, découvrant avec horreur le nez rouge et brillant, les yeux gonflés, les cernes violettes… Bon les cernes elle pouvait les masquer mais c’était bien tout. Et puis tant pis, elle n’était plus à ça près avec le compositeur. Il était si patient avec elle. Mais ce qui lui donnait aussi l’envie de faire d’autant plus d’efforts ! Elle noua ses cheveux fermement et essaya de masquer encore un peu les cernes sous ses yeux. Mais la poudre n’aida pas beaucoup et elle ressemblait plus à une comédienne de Molière qu’à une servante. Epuisée, elle fit néanmoins l’effort de se laver le visage et resta un moment à regarder son reflet dans la bassine, absente, rêveuse. Elle glissa ses mains sur ses cheveux pour ranger quelques mèches et enfila ses chaussures avant de trottiner vers les appartements du compositeur. Enfin, trottiner était un grand mot car la jeune femme était tellement fatiguée que ce qu’elle croyait être marcher à toute allure était plutôt traîner des pieds. Ceci expliquant qu’elle arriva chez Lully avec un retard considérable ! Elle gratta à la porte et se glissa à l’intérieur sans attendre de réponse. La pauvre avait l’air d’un fantôme… ou au moins avait-elle d’avoir vu en fantôme. Faisant alors une profonde révérence, elle murmura :
« Mille pardons du retard Signor Lulli… »
Peut-être qu’il demanderait par lui-même plus d’informations ou du moins une justification pour son retard mais pour l’instant, Marianne crut bon de se taire et d’attendre que l’artiste parle. Ses yeux divaguaient pendant ce temps sur les tapisseries qui recouvraient le sol. Elle repensa à l’enfant et l’envie de pleurer, d’éclater en sanglots, la prit et menaçait de la faire craquer devant le musicqueur du Roy.


Dernière édition par Marianne Pilogue le 07.10.12 0:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli   Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli Icon_minitime06.10.12 22:49


« I've heard it said that people come into our lives for a reason, bringing something we must learn.»

La veille au soir, Jean-Baptiste avait était victime d’une flémingite aigue de prendre le chemin de son manoir et avait préféré rester dans ses appartements à Versailles. Depuis qu’il avait déclaré la guerre à son ancien amant, Luigi, il n’avait pas été un courtisan des plus exemplaires, préférant la présence de son fidèle serviteur à celle des autres nobles. Mais, même pour le casanier qu’il était, la solitude pouvait peser sur le long terme. C’est pourquoi, la veille, il avait demandé à ce qu’on prévienne Marianne qu’il souhaitait la voir le lendemain matin.
C’était une drôle de relation qui les reliait ces deux-là. Surprise dans le théâtre du château à jouer alors que les portes étaient fermées, interdisant ainsi donc l’accès à la salle, par le compositeur, la jeune servante avait réussi à s’en tirer grâce à son indéniable talent. Et depuis ce jour, il n’est pas rare de voir l’italien lui donner des leçons particulières.

En se réveillant, Lully se retourna, pensant que le prince romain serait là et que la réception chez les Sardini n’avait été qu’un mauvais rêve mais son bras ne trouva que le vide. Déjà lassé, alors que cette histoire ne datait que de quelques semaines, le florentin soupira en s’extirpant de son lit avant de s’emparer de sa robe de chambre. Il ouvrit la porte de sa chambre et trouva un petit-déjeuner copieux sur un plateau dans lequel trônaient croissants, chocolat chaud, pain et une multitude de petits pots de confitures. Avec un sourire, Lully s’installa dans le fauteuil le plus proche du feu et attendit qu’André fasse son apparition pour le remercier pour ensuite se mettre à déguster le petit festin matinal qui avait été préparé.
« - André...? Puis-je savoir en quel honneur ai-je droit à des gâteries pareilles? Ce n'est pas mon anniversaire pourtant.
- Oh, une simple envie Monsieur. Je voulais seulement vous faire plaisir...
- Je te remercie pour ton attention mon cher ami.»

Après quelques minutes, le compositeur agita une petite cloche et une petite troupe de serviteurs fit sont entrée pour la corvée habituelle d’habiller le musicien. Jean-Baptiste aurait pu choisir des vêtements sombres pour aller de pair avec son humeur mais c’était sans compter la venue de Marianne alors il se résigna et opta pour un pourpoint rouge bordeaux.

Prêt à l’heure pile pour son rendez-vous, le musicien attendit patiemment pendant quelques secondes que la jeune femme apparaisse. Mais en vain. Au fil des minutes, il s’inquiétait de plus en plus et finit par faire les cent pas dans son cabinet.
Alors qu’il s’apprêtait à rappeler son homme de main, Marianne fit enfin son entrée et salua l’italien en faisant l’habituelle révérence en s’excusant platement pour son retard.
« -Mille pardons du retard Signor Lulli… »
Se rapprochant d’elle, Lully posa ses mains sur les épaules de la servante pour l’aider à se relever et tomba nez à nez avec une demoiselle à l’allure exténuée.
« - Que vous est-il arrivé ?, demanda le compositeur, les sourcils froncés d’inquiétude, on dirait que vous n’avez pas dormi de la nuit mademoiselle. »

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MessageSujet: Re: Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli   Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli Icon_minitime07.10.12 0:00

Jean Baptiste Lully
Marianne Pilogue

« You are the music in me. »
CRÉDIT - CSS

La jeune femme balançait entre l'envie d'être partout ailleurs que dans cet état devant l'homme qu'elle admirait le plus au monde et pour lequel son respect n'avait pas de limite... et celle de rester là, de se laisser glisser dans ses bras, d'éclater en sanglots et puis, pourquoi pas, de tout lui raconter dans un souffle larmoyant : sur l'enfant, sur la musique qu'elle avait joué toute la nuit à son exemple pour le petit garçon mourant en souhaitant naïvement le sauver comme il avait su Le sauver Lui. Elle l’aurait même presque supplié de l’accompagner, de retourner avec elle chez cet enfant et de jouer pour lui… peut être, qui sait, que si le grand compositeur jouait, lui, plutôt que la petite servante ignare qu’elle était, l’enfant pourrait être sauvé… et si c’était possible ? Mais l’esprit de la jeune femme allait à toute allure et elle sentait presque la tête lui tourner… tout cela alors qu’elle était toujours plongée dans sa révérence. Heureusement, l’artiste l’aida à se relever et elle put pour un instant tenir grâce aux deux mains posées sur ses épaules.
« - Que vous est-il arrivé ? On dirait que vous n’avez pas dormi de la nuit mademoiselle. »
Marianne rougit au niveau de ses fossettes blêmes. Elle devait vraiment avoir une très sale mine pour que le compositeur remarque son état de fatigue. Baissant le plus humblement du monde son visage de porcelaine, elle dit doucement, d’une voix si faible qu’elle s’y reprit elle-même à trois fois avant de réussir à faire échapper un son.
« Vous ne croyez pas si bien dire… Je n’ai en effet pas dormi. J’étais auprès d’un enfant mourant cette nuit Signor, dit-elle avec de gros tremblements dans la voix, comme si elle se retenait de pleurer. Sa mère est venue me trouver pour que je veille sur lui et je suis restée à ses côtés, à jouer, et à chanter pour lui, pour l’apaiser. »
La gorge nouée à ce souvenir, elle se mordit l’intérieur de la lèvre pour étouffer un hoquet. Peut-être que le musicien saurait par lui-même reconnaître le parallèle avec son aventure avec le Roi ? Ou peut-être pas… peut-être que cette histoire ne l’intéressait nullement et qu’elle l’importunait avec cela. Elle ferma donc les yeux pour faire disparaître une larme avant de dire, toujours aussi faiblement :
« Mais je vous importune avec mes histoires Signor, nous sommes là pour parler de musique et pour jouer surtout… Mes histoires sont fort peu intéressantes en comparaison. Cependant, ajouta-t-elle en relevant les yeux vers l’italien pour lequel elle aurait presque porté un genre d’adoration, je ne vous ai pas demandé comment vous vous portiez ? »
Car cela, c’était d’importance ! Elle n’était qu’une sous-fifre et ses états d’âmes étaient de peu de valeur mais chez nobles… tout pouvait basculer d’après un de leur états d’âmes ou de leur caprices ! C’était ce qu’il y avait de plus passionnant à la Cour, cette toute puissance des nobles. Mais elle divaguait de sa pensée pour bien peu cette jeune rêveuse et dût se forcer à se concentrer sur la réponse que lui donnerait bientôt le musicien.

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MessageSujet: Re: Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli   Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli Icon_minitime22.10.12 21:16


« I've heard it said that people come into our lives for a reason, bringing something we must learn.»

Quelque chose ne tournait pas rond chez la jeune femme, c’était clair et net maintenant que Lully avait senti ses tremblements entre ses mains. La relâchant pour se reculer d’un pas, le compositeur baissa les yeux vers elle et attendit patiemment que Marianne lui explique les raisons de son interminable retard.
« - Vous ne croyez pas si bien dire… Je n’ai en effet pas dormi. J’étais auprès d’un enfant mourant cette nuit Signor. Sa mère est venue me trouver pour que je veille sur lui et je suis restée à ses côtés, à jouer, et à chanter pour lui, pour l’apaiser. »
Jouer toute la nuit pour sauver un enfant malade… ? Cela rappela au florentin une nuit semblable à celle que la servante venait de vivre. Seulement, il ne s’agissait pas d’un jeune garçon mais du Roi et les choses étaient diamétralement opposées. Son élève releva les yeux vers son professeur et s’empressa de remettre les choses à leur place en lui demandant comment il se sentait aujourd’hui.

L’italien avait toujours eu de l’affection pour cette demoiselle à l’allure fragile et aux doigts de fées lorsqu’elle jouait du violon et la voir dans un état de détresse pareille lui nouait légèrement la gorge. Il ne pouvait rester aveugle et sourd pour ignorer qu’un enfant souffrait.
« - Mais je vous importune avec mes histoires Signor, nous sommes là pour parler de musique et pour jouer surtout… Mes histoires sont fort peu intéressantes en comparaison. Cependant, je ne vous ai pas demandé comment vous vous portiez ?
« - Avez-vous cru du plus profond de votre cœur en votre musique ? N’oubliez pas ma première leçon, elle vous guidera sans cesse : soyez vous-même. Mais en attendant, montrez-moi vos mains je vous prie. »


Si elle avait manié son instrument toute la nuit, ses mains avaient sûrement du en pâtir et il était tout bonnement hors-de-question qu’elle joue une minute de plus. Surtout qu’elle n’était que servante et que cette partie de son corps était son gagne-pain. En voyant leur état, Lully ne réfléchit pas à deux fois à ce qu’il ferait.
« - Vous allez rester avec moi jusqu’à ce qu'elles soient soignées. Je vous ferais excuser auprès de vos maîtresses habituelles et vous paierait ce qu’elles vous devront. Maintenant, asseyez-vous, ordonna d’une voix autoritaire le compositeur avant de lui tourner le dos pour se diriger vers l’armoire dans laquelle il piocha quelques partitions vierges et une plume avec de l’encre, comme vous n’êtes pas en état, nous allons commencer l’apprentissage des notes. »

Lui qui se réjouissait de pouvoir l’écouter jouer pendant une heure ou deux, voilà qu’il allait passer la fin de sa matinée à lui enseigner ce qu’il avait le plus en horreur dans son art : la théorie. Quelques minutes après, en passant dans le dos de Marianne, il posa une main sur son épaule qu’il pressa en douceur avant de reprendre le fil de sa leçon. Plus il la voyait, plus une idée folle germait dans son esprit et plus il la chassait en vitesse. Comme si à son âge, adopter une servante, n’allait pas faire encore plus enfler les rumeurs à son sujet comme il n’était pas marié.
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MessageSujet: Re: Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli   Jouer pour adoucir les mor... moeurs. || J.B. Lulli Icon_minitime26.10.12 12:27

Jean Baptiste Lully
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« - Avez-vous cru du plus profond de votre cœur en votre musique ? N’oubliez pas ma première leçon, elle vous guidera sans cesse : soyez vous-même. Mais en attendant, montrez-moi vos mains je vous prie. »

Marianne regarda son maître de musique, son mentor, son idole presque, avec une admiration sans bornes. Elle baissa humblement les yeux quand il lui demanda si elle avait cru en sa musique. Oui, de tout son être, elle avait cru que la musique sauverait cette enfant. Tant qu’elle aurait joué, l’enfant aurait vécu. Il était peut-être mort entre temps… La suite des mots du compositeur la troubla. Être elle-même ? Et si ce « elle-même » était simplement trop banal, trop vulgaire pour cette musique divine ? La gorge encore nouée des images de la nuit passée, elle répondit d’une voix faible qu’elle corrigea d’un toussotement avant de reprendre :

« C’est votre musique que je jouais Signor… Enfin, dont je faisais une pâle interprétation. C’est en votre musique que j’ai cru, de tout mon cœur, de toute mon âme. »

Sachant pertinemment l’état déplorable de ses mains, la jeune femme eut une légère hésitation avant de les céder au compositeur. Elle les glissa finalement à contre cœur entre celles de Lully et tenta de décrypter son visage pendant qu’il observait les mains cloquées de la jeune femme. Elle aurait voulu les cacher, honteuse de les voir si abimées, si laides tout simplement mais n’osa pas les lui enlever.

« - Vous allez rester avec moi jusqu’à ce qu'elles soient soignées. Je vous ferais excuser auprès de vos maîtresses habituelles et vous paierai ce qu’elles vous devront. Maintenant, asseyez-vous, ordonna d’une voix autoritaire le compositeur avant de lui tourner le dos pour se diriger vers l’armoire dans laquelle il piocha quelques partitions vierges et une plume avec de l’encre, comme vous n’êtes pas en état, nous allons commencer l’apprentissage des notes. »

Avant qu’elles ne lui échappent, la jeune femme pressa ses lèvres contre les mains du compositeur avec ferveur. Le cœur battant et la reconnaissance qui menaçait de faire déborder sur ses lèvres, des sanglots de gratitude, Marianne pressa une nouvelle fois ses lèvres contre ses mains.

« Merci Signor Lulli, merci mille fois. Vous êtes trop bon, comme toujours. Mais j’ai bien peur de vous ennuyer en vous forçant à ce travail de pédagogue. Certes la pédagogie est un art que vous maîtrisez mieux que tout musicqueur ou professeur de musique que j’aie connu mais cela doit vous être bien rébarbatif. Tout cela en me payant alors que c’est moi qui suis en dette chez vous ! Je vous dois tant Signor… »

Elle fit une profonde révérence et le regarda partir pour ensuite revenir avec les partitions. Certes l’exercice serait sans doute rébarbatif au premier abord mais elle avait beaucoup à apprendre de cet homme, que ce soit dans la théorie ou dans la pratique. Elle s’assit donc au bureau de son maître, à la demande de celui-ci et ne put empêcher un frémissement lorsqu’il vint poser une main sur son épaule. Elle ne l’avait pas senti venir et fut prise au dépourvu. Dans un élan de tendresse, ou de recherche de tendresse, elle posa sa main sur celle de son maître et pencha légèrement la tête pour que les doigts tièdes du compositeur effleurent sa joue. Se rendant compte de sa réaction déplacée, elle libéra la main et se redressa, posant ses mains sur ses genoux, rougissant légèrement. En effet, elle n’avait pas de poudre pour cacher ses états d’âmes. Elle était à nue devant lui avec ses vêtements charmants mais simples, ses joues non fardées et rosissantes, ses yeux gonflés, bouffis presque et rougis, ses mains blessées et tremblantes.
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