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 [Meaux] La plus surprenante des évasions ...

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MessageSujet: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime01.10.12 17:43

[Meaux] La plus surprenante des évasions ... Vibrant1 [Meaux] La plus surprenante des évasions ... March_henry [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Tumblr_lj7optAUYn1qa3j7jo1_500
Avez vous déjà vu un abbé et une gueuse sauver un espion ?

Précédemment …
Le calme, la tranquillité, le repos, voilà des mots que Guillaume pensait ne plus connaître l'existence depuis quelques jours, avec tous ces coups, ces insultes et cette douleur, sans oublier cet absence de sommeil qui allait le tuer si cela aurait continué. Pourquoi ses deux ravisseurs étaient partis, comme ça, sans un mot ? Ils devaient avoir peut être d'autres victimes, d'autres malheurs à semer sur leur chemin, Portau et son « ami » étaient sans doute deux des chevaliers de l'Apocalypse, la Guerre et la Mort sans aucun doute, et ils allaient retrouver les deux autres pour continuer à répandre le chaos sur la Terre, détruire des vies et tuer des innocents.

Voilà ce qu'avait pensé Guillaume avant de sombrer dans un profond sommeil, dans une position pas des plus confortable mais celle qu'il supportait le mieux : assis contre un mur, le dos courbé, tête rentrée au dedans et jambes relevées pour ramener les genoux contre le corps mais pas trop. Il n'y avait que comme ça qu'il trouvait un peu de paix, un peu moins de souffrance. S'allonger relevait de l'impossible, son dos était terriblement meurtri, un véritable champ de ruine, toute sa peau était rougie sous les coups de fouets, zébrée de part et d'autres et dont le sang avait suinté. Sur le torse, des cicatrices d'entailles se voyaient clairement. Quant à ses épaules, elles n'ont pas été épargnées, ni ses bras et pas même son visage. Seules ses jambes, à part de nombreux bleus et une ou deux entailles, restaient mieux épargnées que les autres. Seuls les dessous de pieds avaient souffert du fer rouge et marcher relevait presque de l'impossible. Non, du Perche n'était pas beau à voir, encore moins de visage : des entailles sur les joues, le nez déformé sous les coups, les lèvres gercées et coupées, de magnifiques coquards autour des yeux et des bleus sur les mâchoires. Non, il n'avait pas été épargné, loin de là, ses bourreaux furent même très créatifs.

Alors dormir, tenter de reprendre des forces avant de replonger dans le monde de l'horreur et achever sa vie entre les mains de ses geôliers. Il ne s'était pas fait prier pour s'endormir et rien ne pouvait le réveiller, pas les insultes des gardes qui tentaient de l'appeler mais en vain, ni même ses cauchemars. Après un long (enfin, tout est relatif) sommeil sans rêve, d'une noirceur totale, Guillaume avait revécu son calvaire dans ses rêves et quelques autres qui se sont déroulés sans queue ni tête. Puis il réussit à ouvrir la porte, une sorte de miracle qu'il n'expliqua pas et devait sortir de la maison, c'était son unique chance. Plusieurs portes s'offraient à lui les unes à la suite des autres. En ouvrant une, il vit un enchaînement de pièces très peu éclairées, la était immense, un grand labyrinthe ! Et on commença à le poursuivre, des personnes aux visages masquées, des lames bien aiguisées dans leurs mains. Il courut aussi vite qu'il put, tournant dans différents couloirs sans savoir où il allait réellement. Tout d'un coup, il trébucha et sa tête tomba sur quelque chose de dur et tâché de sang incrusté : un billot ! Cédric se trouvait au-dessus de lui, une hache à la main, un rire démoniaque s'échappa de sa bouche alors qu'il leva son instrument qui allait s'abattre au niveau de sa nuque.

NOOOOOOOOOON !

Ouvrant les yeux, l'espion se rendit compte qu'il se trouvait toujours dans sa cellule presque sans lumière. Ce n'était qu'un cauchemar, un très mauvais cauchemar qui lui avait donné des sueurs froides et le faisait trembler. A moins que ce soit aussi le froid. Après tout, Guillaume était torse nu, dans une pièce sans cheminée. Certes, aucun courant d'air ne venait d'une quelconque fenêtre vu qu'il n'y en avait pas mais ce n'était pas pour autant que la chaleur se faisait aussi sentir. On était en décembre après tout, un mois assez peu réputé pour ses hautes températures. De toute façon, il avait trop mal pour se couvrir.

Ce qui était étrange par contre, c'est que son cri n'alerta aucun garde. Les deux hommes qu'il avait aperçu tout à l'heure avant de s'endormir, des hommes de main de Portau et l'autre sans aucun doute. Pourtant, c'était leur rôle de le surveiller, et en profiter pour ricaner sur le sort du pauvre prisonnier qui se trouvait entre ses quatre murs Pourtant, il n'avait pas du dormir longtemps. En effet, seulement deux heures s'étaient écoulées et Guillaume restait toujours aussi épuisé, pensait au ralenti mais surtout incapable de faire le moindre geste. Tant mieux, du Perche pouvait replonger dans son sommeil en toute tranquillité, tenter de gagner quelques forces au moyen de quelques heures pour tenir un peu plus longtemps.

Mais des bruits se firent entendre alors qu'il replongeait dans les bras de Morphée. Impossible de distinguer quoi que ce soit mais cela semblait agité avec des voix et des choses qui s'entrechoquent. Tout cela interpella Guillaume qui essaya de se relever mais en vain, alors que les bruits semblaient venir juste au-dessus de lui. Alors à quatre pattes, il se traîna jusqu'à la porte, tout comme les bruits qui parvenaient désormais dans les escaliers, et s'accrocha à tout ce qu'il trouvait avant d'être enfin debout, s'accrochant à la petite lucarne. La pièce, qui fut sa salle de torture précédemment, était mal éclairée et il dut plisser pour essayer de capter une ombre mais ne voyait rien. Il tenta le tout pour le tout en hurlant.

AU SECOURS ! LIBEREZ MOI !

Mais ses jambes ne le portaient plus et n'ayant aucune force dans les bras, il se laissa tomber lourdement sur le sol, la tête lui tourna lourdement, en position assise. Puis des pas se rapprochèrent, deux voix – qui n'étaient pas celles des gardes – se firent entendre ainsi que des clés. On venait le délivrer. Enfin …

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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime07.10.12 12:57

Trois jours, c’est le temps qu’il avait fallu à Perrine pour mettre la main sur m’homme qu’elle cherchait. Trois jours, beaucoup de culot, une discrétion à toute épreuve, et un manque de scrupules absolu - autant de qualités dont elle savait admirablement faire preuve. Beaucoup de culot pour oser se lancer dans une aventure qui pourrait lui coûter quelques plumes, une discrétion à toute épreuve parce qu’elle tenait aux dites plumes, et un manque de scrupules lui permettant de mettre un énorme bâton dans les roues de son propre camps. Ou du moins, du camp de la Main de l’Ombre. Et la nuance, aux yeux de la camériste, n’était pas sans importance. Elle se serait bien moquée de l’entreprise contre Louis XIV si Gabrielle n’y avait pas adhéré, et aurait tout aussi bien suivi son amie et maîtresse de l’autre côté, ou dans tout autre complot. C’est à la duchesse de Longueville que Perrine était dévouée, non à une cause qui ne la concernait que de très loin. Et c’est précisément pour cette raison que la jeune femme ne s’inquiétait absolument pas de contribuer à porter un coup ou non à ladite cause en faisant ce qu’elle s’apprêtait à faire.

Tout avait commencé avec ce dîner, l’un de ceux auxquels la camériste transformée pour l’occasion en bourgeoise accompagnait Cédric de Portau, afin de d’extirper à leurs hôtes quelques informations. Le temps et les circonstances aidant, Perrine et Cédrix avaient fini par prendre cette drôle d’habitude de se faire passer pour un couple - détail qui n’était, physiquement parlant, pas toujours inexact. Ce soir là, les deux comploteurs se devaient de répondre à l’invitation de «vieux amis» dont la qualité principale consistait à connaître de façon presque exact tous trafics plus ou moins souterrains auxquels l’on se livrait dans les milieux marchands, et à trouver un certain plaisir à en parler dès que l’on remplissait correctement leurs verres. Une fois de plus, l’objectif devait donc être de les pousser à la confidence, mais là où Cédric et Perrine aimaient habituellement s’attarder, pour faire parler leurs victimes comme pour des entrevues, disons plus privées, tous deux furent plus prompts à se séparer que d’ordinaire. En cause, les révélation du comte de Gan sur son dernier exploit : l’enlèvement d’un des espions du roi. Perrine ne s’en serait guère préoccupée, et l’aurait applaudi avec plus de sincérité si l’espion en question ne s’avérait pas être... Guillaume du Perche.

Cet homme-là pouvait se targuer d’être l’une des seules tâches sur la conscience généralement absente de la demoiselle. Elle ne regrettait pas de l’avoir piégé, permettant ainsi l’enlèvement de la favorite, loin de là. Ce qui inspirait quelques remords à Perrine, c’était d’avoir fait son amant du comte, au vu et su de Gabrielle qui, elle, nourrissait de véritables sentiments à son égard. La jeune femme ignorait cet amour naissant, mais les aveux de son amie lui laissaient dans la bouche un arrière goût de trahison qu’elle n’avait jamais voulu commettre. Dès lors, il avait paru évident à Perrine qu’il était absolument hors de question de laisser Guillaume aux mains de Cédric, dont la haine devait déjà avoir fait quelques dégâts non négligeables. Encore une fois, c’était à Gabrielle que la camériste était dévouée, non au complot.

Perrine resta toutefois évasive sur les raisons qui la poussèrent à demander à cette dernière de la laisser s’absenter une soirée. Si quelque chose ne fonctionnait pas, elle préférait lui raconter l’affaire après plutôt que de l’inquiéter inutilement et de lui donner de faux espoirs. Son congé obtenu, elle avait enfin put mettre à profit le fruit des recherches de ses trois derniers jours : à savoir retrouver cet abbé dont du Perche lui avait parlé, et qui, semblait-il, avait une dette envers lui. Si l’abbé était homme de parole, alors le moment était venu.
Le plus difficile n’avait pas été de trouver Choisy, mais plutôt d’être certaine qu’il s’agissait bien de lui. Le souvenir de cette conversation avec du Perche commençait à dater, et Perrine avait bien cru ne jamais retrouver ce nom. Pourquoi lui alors qu’elle aurait très bien pu payer un mercenaire ? Une intuition, et peut-être le plaisir de fouiller, de retrouver une trace plus ou moins perdue. La jeune femme n’oubliait jamais de lier le vital à l’agréable.

C’est emmitouflée dans une longue cape sombre, le visage à moitié dissimulé par sa capuche qu’elle se présenta chez l’abbé. Quelques mots urgents, un ton mystérieux, et un regard noir à tout obstacle possible lui permirent d’être introduite auprès de Choisy et d’exiger un entretien absolument privé. Sans plus traîner, elle annonça rapidement le but de sa visite.
«Vous avez une dette, monsieur, et il est temps de la payer, déclara-t-elle de but en blanc. Le comte du Perche est en danger, et vous et moi allons l’en sortir.»
Le ton, sibyllin, n’acceptait aucune réplique, et Perrine n’eut d’ailleurs pas grand mal à convaincre Choisy. Voilà un homme capable de tenir sa parole.
«Mon nom est Perrine, reprit-elle après avoir eu la confirmation qu’il la suivrait, vous n’avez pas besoin d’en savoir plus. Je sais de source sûre que le comte est enfermé à Meaux depuis quelques jours. En partant immédiatement, nous pourrons y être dans la nuit.»
Ainsi naquit la plus étrange des association, pour la plus improbable des évasion, celle de Perrine, camériste intrigante, accompagnée de Choisy, l’abbé travesti (qui heureusement, ne l’était pas ce soir).

Faisant fi de ces considération, les deux nouveaux compères tentèrent de perdre le moins de temps possible en détails techniques et se mirent en route. Aux lèvres de la demoiselle, un sourire en coin s’était étiré et semblait ne plus vouloir disparaître. L’aventure avait quelque chose d’excitant, et Perrine savait toujours tirer de toutes choses les bons côtés - du moins la concernant. Tout cela ressemblait fort à un jeu, dans lequel toutefois il n’était pas question de perdre la moindre manche, sous peine de ne pouvoir retenter sa chance plus tard. Tout ce qu’elle espérait, c’était que Cédric et géant blond de comparse - un homme fort peu aimable - fussent bel et bien absents. Mais en juger par les préparatifs qu’elle avait observé chez Gabrielle, une réunion de la Main de l’Ombre se tenait, et ils ne pouvaient décemment la manquer.
«Comment avez-vous du Perche ? Demanda la camériste à son improbable compagnon pour faire la conversation, alors que la voiture filait sur les routes. Qu’est-il arrivé ?»
Simple curiosité. Perrine savait que l’abbé devait beaucoup à Guillaume, mais les détails lui avaient échappés - si elle les avait jamais connus.

Il eurent ainsi tout le loisir de discuter, et d'échafauder quelques plans bancals tant ils ignoraient ce qui les attendait exactement, avant de rallier enfin Meaux. Perrine bénit Cédric d’avoir été si bavard, à tel point qu’ils ne mirent qu’une courte heure à trouver la maison susceptible de servir de geôle à l’espion. Ayant déjà abandonné la voiture plus loin, les deux comparses s’arrêtèrent à distance. Quelques mètres en avant, deux silhouettes - des gardes, probablement - discutaient tranquillement.
«Bien... Que faisons-nous?»


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Thimoléon de Choisy


Thimoléon de Choisy

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Libre comme les cieux : il brûle comme l'enfer !
Côté Lit: Tous les anges et les démons de cette terre s'y étendent pour mon plus grand plaisir...
Discours royal:



    ANDROGYNE
    l'Allure stupéfiante.


Âge : 23 ans
Titre : Abbé de Saint-Seine - Comtesse des Barres - les yeux et les oreilles de la Cour...
Missives : 382
Date d'inscription : 02/08/2011


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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime08.10.12 23:33

    « Olympe revient de loin, mon chère Lazarre. Pour elle, la vie sans diamants est presque une découverte. C'est un peu comme la vie sans champagne pour certains, tout est plus lent et l'on s'ennuie vite. Elle se dit que c'est peut-être ça le secret qui sauvera le monde, accepter de s'ennuyer…. Pffff ! Pas facile… »

    Alors que Thimoléon examinait avec un air dubitatif son image dans le miroir, encore en robe de soirée, la perruque en moins et le fard à moitié enlevé… Il quittait la peau d’Olympe, sa jumelle mondaine. Depuis ses derniers ennuis aux jeux : voilà l’abbé de nouveau « pauvre » (du moins pour lui). Moins de colliers, moins de diamants, moins de robes… moins d’amusements aussi. Avec la guerre qui se profilait à l’horizon, Versailles changeait peu à peu de visage, tout comme le jeune homme qui se démaquillait à l’instant. Les masques se fissurent tous un jour… Heureusement que son tempérament et l’amour sans faille de son ami d’enfance, Philippe, l’aidait à toujours sourire et rire aux éclats des moindres détails subtiles qu’il ne manquait jamais de relever pour le plaisir des oreilles et des zygomatiques de la Cour de France.

    Il ordonna à son valet nègre de descendre voir si son repas était bientôt prêt et il poursuivit sa métamorphose seul. Tout en passant un mouchoir humidifié à l’eau de rose sur son visage pour se débarrasser des dernières traces de la jeune femme qu’il était quelques heures plus tôt, il pensa soudain au Comte du Perche. Voilà un moment qu’il n’avait pas de nouvelles de son beau complice…
    Thimoléon songea que son séduisant espion devait être plongé dans de fantastiques aventures quand on frappa à la porte.

    « Un instant ! dit-il en retirant sa robe de satin bleu, puis son corsage avant d’enfiler une chemise d’homme puis se couvrir d’une robe de chambre en soie. Entrez ! » Ordonna-t-il.

    La porte s’ouvrit laissant apparaitre Lazarre qui s’avança pour venir chuchoter à l’oreille de son maître.

    « Une jeune femme qui n’a pas voulu me donner son nom vous attends dans le petit salon de musique. »

    L’abbé jeta un regard fort intrigué à son domestique. Il n’était pas tellement habitué à tant de mystérieuses visites. Sans un mot il congédia son valet et enfila à la va-vite une de ses robes ecclésiastiques noires dont les manches et le bas de la robe laissait apparaitre une dentelle raffinée et peu…ecclésiastique justement.

    Une fois dans le salon, il découvrit une jeune femme qui restait invisible, le visage dissimulé sous la capuche d’une cape noire. Cette mise en scène eut le don de faire sourire Thimoléon qui ne se priva pas de lancer sans la moindre cérémonie :

    « Alors mon ptit poussin ? Peur de prendre froid ou peur d’être reconnu ? »

    -Vous avez une dette, monsieur, et il est temps de la payer, déclara la jeune femme de but en blanc. Le comte du Perche est en danger, et vous et moi allons l’en sortir.»

    A ses mots, un frisson traversa le jeune abbé. Guillaume du Perche ? Son séduisant chevalier en danger ? Il fût si choqué par la nouvelle qu’instinctivement il posa une main sur son cœur comme un animal blessé. Le Comte l’avait prévenu que lui venir en aide ne serai pas toujours rose, mais l’abbé en avait cure. Sa dévotion pour l’espion de sa majesté le Roi était sans failles !

    « Je ne sais comment l’histoire de ma dette envers monsieur le Comte est venue jusqu’à vos oreilles, mais je suppose que vous ne viendriez point me trouver si cela n’était pas important… Puis-je au moins connaitre votre nom ? »

    -Mon nom est Perrine, reprit-elle après avoir eu la confirmation qu’il la suivrait, vous n’avez pas besoin d’en savoir plus. Je sais de source sûre que le comte est enfermé à Meaux depuis quelques jours. En partant immédiatement, nous pourrons y être dans la nuit.»

    La jeune femme piquait sa curiosité au vif mais l’abbé ne se voyait pas en quoi c’était le moment de jouer les commères…Du Perche était vraisemblablement en danger et il ne fallait pas perdre un instant ! Il fit venir Lazarre à qui il ordonna de faire faire préparer sa voiture le plus vite possible, se changea pour une tenue plus adéquate à un éventuel sauvetage et cela fait, l’étrange duo du jour prit la route.

    «Comment avez-vous connu du Perche ? Demanda la camériste à son improbable compagnon pour faire la conversation, alors que la voiture filait sur les routes.

    -Et bien ! Voilà que le p’tit poussin veut bavarder ! rit Thimoléon. Vous qui faites tant de mystères… Mon histoire avec le Comte est surement une des choses que je chérirai jusqu’à ma mort. Il m’a sauvé la vie par deux fois !

    -Qu’est-il arrivé ?

    -Oh ça ! » s’exclama-t-il en songeant à ses péripéties vénitiennes.

    Il lui raconta alors comment il avait malencontreusement perdu au jeux, comment Guillaume avait remboursé ses dettes comme un miracle tombé du ciel ( et quel ange ! avec un physique pareil… Hum hum nous nous éloignons du sujet) Puis comment cet incroyable chevalier lui avait sauvé la vie d’un sale malfrat qui en voulait à l’argent qu’il n’avait plus…

    « Ma dette envers cette homme est éternelle…»

    Ils discutèrent encore un moment sur les kilomètres qui les séparaient de Meaux, échafaudant des plans peu originaux, très approximatifs….bref, on voyait aisément qu’ils n’avaient jamais fait cela de toute leur vie ! Perrine indiqua la direction d’une maison abandonnée dont on lui avait parlé mais ne ils ne prirent point le risque de s’en approcher avec la voiture, trop voyante. L’abbé et la jeune femme descendirent puis se dirigèrent dans la lumière flamboyante du crépuscule vers le mystérieux repère où l’on retenait le Comte. Ils se postèrent à quelques mètres de là, pouvant déjà apercevoir deux gardes surveillant l’entrée.

    «Bien... Que faisons-nous ? demanda Perrine en se tournant vers Thimoléon.

    -Parce que vous croyez peut être que moi je sais ce que je fais ? dit l’abbé en lui jetant un regard scandalisé. C’est vous qui m’avez amené ici que je sache ! ajouta-t-il tout en prenant garde de ne pas élever la voix pour ne pas être entendu des gardes. Raaaah Seigneur ! Faut vraiment tout faire soi-même ! Râla-t-il en levant les yeux au ciel.

    Il reposa son regard sur les gardes et la maison, retrouvant un esprit un peu plus concentré histoire de servir à quelque chose. Il examina les alentours puis reposa son regard sur Perrine.

    « Après un examen attentif de la situation, des lieux, de notre position par rapport aux gardes…, commença Thimoléon avant de saisir soudainement les épaules de la jeune Perrine. Il va falloir me faire confiance mon enfant ! »

    A vrai dire : il ne savait absolument pas ce qu’il faisait. A présent il aurait voulu rentrer chez lui, prendre un bain, pleurer comme une jouvencelle à la vue des deux gardes aux airs de molosse, manger des macarons, essayer des robes (sa tenue d’homme tout en cuir le mettait mal à l’aise !) et… fuir !

    Essayant d’oublier son instinct de survie qu’il hurlait dans son esprit, il serra le pommeau du fleuret qu’il avait emmené avec lui et dont il ne savait absolument pas se servir… Thimoléon avait bien demandé des leçons d’escrime à Aymeric de Froulay mais celui-ci semblait aussi motivé qu’une plante verte face à la perspective de se retrouver avec le Choisy… Et bien tant pis ! Si il mourrait ce soir ça serai la faute de Froulay ! Reprenant quelques peu ses esprits, il se dit qu’il fallait tout de même un plan pour sauver ce pauvre Guillaume. Un plan bancale (évidemment), suicidaire (à 99,9%) et assez stupide (un peu). Mais Thimoléon vous répondrait : un plan ça reste toujours un plan !

    « Voilà ce que nous allons faire : nous allons contourner cette clairière pour arriver par l’arrière de la maison. De là nous avancerons en longeant les murs, chacun d’un côté, pour prendre en tenaille les deux gardes et les neutraliser. Ils ne sont que deux heureusement ! »

    Mais qu’est-ce qu’il venait de raconter là ? Lui-même n’était qu’à moitié convaincu par son propre discours… Il essaya de trouver la force de faire bouger ses muscles afin de longer la clairière puis ils arrivèrent au dos de la maison, près pour l’embuscade. L’abbé jeta un dernier regard à sa complice, sorti son fleuret avec la précision d’un babouin puis il essaya de trouver l’homme, le vrai qui sommeillait en lui pour avancer vers les deux machines à tuer (c’était juste des gardes mais reconnaissons que la peur de l’abbé déforme quelque peu la situation). Il longea le mur, ne sachant pas où en était rendu Perrine. Il avança, un pas, deux pas, trois pas, etc, voyant le coin de la maison se rapprocher et sa panique monter en conséquence à chacun de ses pas. La sueur coulait dans son dos, un petit vent glacial vint lui fouetter le visage et le voilà qui était arrivé au bout…

    Il jeta discrètement un regard pour voir si la jeune femme était bien là mais…rien. Un autre coup d’œil : toujours rien. Son cœur battait à tout rompre ! Qu’allait-il faire ? L’avait-elle trahi ? Etait-ce un piège ?... Les questions se bousculaient de plus en plus dans la tête de cet abbé qui n’avait rien à faire là (selon toute personne un tant soit peu censée…) Il sentait une chaleur insupportable lui monter au joues, les mains qui se mettent à trembler… Il fallait se décider : piège ou non il le faisait pour le beau du Perche !... Il se murmura alors à lui-même :

    « Seigneur, tu as vraiment un sens de l’humour… de merde ! »

    Et sans perdre une minute, ni une seconde : il quitta sa cachette comme une furie hystérique droit sur les garde en hurlant à pleins poumons :

    « MECREAAAAANTS !!!! »

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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime01.11.12 20:42

Si Perrine avait eut le temps de ruminer minutieusement son hypothétique entrevue avec un abbé qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam et n’était pas même certaine de trouver, le reste des évènements, en revanche, devait relever purement et simplement de l’improvisation. Elle n’avait pour informations que celles qu’avait lancées Cédric - déjà précieuses, certes - n’avait pas la moindre idée de ce qui les attendait réellement au bout du chemin, et surtout, ne s’était jamais lancée dans une telle entreprise. En un mot, la d’ordinaire redoutable camériste n’avait la moindre solide idée de la façon dont l’on pourrait orchestrer cette évasion. Et étrangement, cette perspective l’excitait follement.
Perrine, en effet, n’était pas femme à s’inquiéter. La nervosité et l’angoisse étaient deux émotions la plupart du temps étrangères à la demoiselle. En apparence, et bien souvent même en deçà des apparences. Toutes ces intrigues, elles les prenaient comme un jeu auquel il était simplement essentiel de ne point perdre, comme autant de petites ficelles qui la raccrochaient à cette cour tumultueuse dont elle aurait tant voulu faire partie.

Alors même là, face aux innombrables incertitudes qui se dressaient devant Choisy et elle, rien en semblait pouvoir entamer l’humeur pétillante de Perrine qui, après avoir joué les mystères, n’avait pu s’empêche de chercher à en savoir plus sur la dette qu’avait réellement l’abbé envers Guillaume. Une dette «éternelle» selon l’ecclésiastique (qui n’en avait alors absolument pas l’air, dans son costume de cuir, rapière à la ceinture) dont l’histoire tira un sourire amusée à la camériste.
« Eh bien, vous ne trouverez sans doute jamais meilleure occasion que celle-ci de lui rendre la pareille, vous pourriez me remercier, fanfaronna-t-elle. Je crains que nous le tirions d’un très mauvais pas... »
Le carrosse s’arrêta sur ces quelques mots, un peu moins rieurs peut-être que les précédents. Si elle en croyait les paroles de Cédric, Perrine avait de solide raison de craindre qu’en effet, du Perche ne soit pas au mieux de sa forme. Elle connaissait assez Portau et avait cru deviner en lui assez de haine à l’encontre de l’espion pour se douter de ce qui s’était passé ces derniers jours dans cette maison abandonnée. En y songeant, il était déjà que Guillaume soit toujours en vie ! Du moins, elle l’espérait.

C’est sans le moindre remord à l’idée de trahir son propre camp que Perrine entraîna un Choisy peu vaillant (mais qui s’en cachait bien, à sa décharge) vers une maison à l’allure peu engageante, gardée par deux molosse aux airs encore moins attrayants encore. Portau savait choisir ses gardes... A cours d’idée, la demoiselle se tourna vers son compagnon. Elle avait trouvé l’endroit, après l’avoir trouvé lui... à son tour de réfléchir.
« Parce que vous croyez peut être que moi je sais ce que je fais ? rétorqua-t-il. C’est vous qui m’avez amené ici que je sache ! Raaaah Seigneur ! Faut vraiment tout faire soi-même ! »
Perrine leva un sourcil.
« Réfléchissez donc au lieu de vous en prendre à voter Seigneur. Vous n’imaginiez tout de même pas que je savait déjà comment le sortir de là ? »
Il était déjà beau qu’elle ait pu savoir où le trouver - ou même savoir avant qu’il ne fut trop tard ce qui lui arrivait.
Il y eut un instant de silence, chacun des deux aventuriers en herbe cherchant un moyen - il faut l’admettre - d’éviter a confrontation avec les deux hommes qui gardaient les lieux. Perrine allait suggérer de contourner l’endroit pour voir s’il n’existait pas une issue moins défendue, mais avant qu’elle eut ouvert la bouche, Choisy reprit la parole.

« Après un examen attentif de la situation, des lieux, de notre position par rapport aux gardes… Il va falloir me faire confiance mon enfant ! déclara-t-il, s’attirant ainsi un regard perplexe de sa compagne.
- Pourquoi ne suis-je pas entièrement convaincue ? Et ne m'appelez pas "mon enfant". marmonna-t-elle.
- Voilà ce que nous allons faire : nous allons contourner cette clairière pour arriver par l’arrière de la maison. De là nous avancerons en longeant les murs, chacun d’un côté, pour prendre en tenaille les deux gardes et les neutraliser. Ils ne sont que deux heureusement ! »
... C'était là une façon de voir les choses. Hélas, Perrine n’ayant pas de meilleure idée que celle-ci - somme toute, peut-être moins idiote qu’elle ne l’avait d’abord craint - elle se contenta de hocher la tête et tous deux quittèrent leur poste d’observation pour gagner l’arrière de la maison. Petite, fort heureusement. Sans doute l’ancienne annexe d’une ferme, ou quelque chose de se goût là.
C’est sur cette remarque dépourvue du moindre intérêt que Perrine se mit à longer son pan de mur, vaillant à se faire la plus discrète possible. A quelques pas de la fin, elle s’arrêta, réalisant soudain qu’elle n’avait pas le moindre moyen de neutraliser un garder. Elle ne faisait évidemment pas le poids face à un seul de ces deux hommes. Se mordant la lèvre, elle jeta un long regard autour d’elle, à la recherche de n’importe quel élément crédible pour...

« MECREAAAAANTS !!!! »
La camériste sursauta violemment à ce cri, et risqua un regard de l’autre côté du mur pour observer ce qui s’y passait. Là, elle ne put retenir une moue, entre l’envie de se laisser gagner par un fou rire, la perplexité et peut-être une pointe d’inquiète en voyant Choisy, épée maladroitement brandie devant lui, faire face aux deux molosses ahuris de le voir intervenir ainsi. Le premier instant de surprise passé, elle se plaqua à nouveau contre le mur. Ce passage là de l’aventure ne l’enthousiasmait guère à vrai dire, mais maintenant qu’elle était là... autant agir.
Rapidement, elle ramassa une pierre qui se trouvait fort à propos à ses pieds, et coula un nouveau regard sur le combat. Personne ne l’avait vue : il était temps d’en profiter. Préférant ne pas s’informer de la mauvaise posture ou non de Choisy, elle attendit que l’un des deux gardes se rapproche de sa position pour lui bondir dessus et l’attaquer à coup de pierre. Elle dut s’y reprendre à plusieurs fois, mais l’homme surpris n’eut heureusement pas le temps de faire autre chose que de brandir son arme sur elle avant qu’elle ne parviennent (enfin) à lui asséner dans la mâchoire un coup dont il se souviendrait (ou non). Profitant de son avantage, elle assura ses arrière avec un second coup, et eut le plaisir (mitigé) de le voir s’effondrer tandis qu’à ses côtés, miraculeusement semblait-il, Choisy se débarrassait de son propre adversaire.
« Quelle discrétion, tout Meaux, au moins, a pu profiter de votre cri de guerre ! lança-t-elle, sévère, en lançant son arme improvisée et vaguement ensanglantée dans un coin alors qu’il lui reprochait elle ne savait quel retard (non, vraiment, elle ne voyait pas). Allons, ne perdons pas de temps. J’espère qu’ils n’ont pas d’amis. »

Et là-dessus, le duo improbable (mais pas si inefficace, après tout !) pénétra dans la vieille masure - vide.
« Essayez de ne pas faire de bruit cette fois. Et rangez votre épée, ou vous risquez de crever un oeil à quelqu’un, marmonnait Perrine en lançant un regard perçant dans chacune des pièces - vides - qui s’offraient à sa vue. »
Lorsqu’ils eurent fait le tour de l’endroit, Perrine commençait à se poser des questions mais une oeillade avisée les conduisirent finalement devant une porte verrouillée.
« A vous l’honneur... minauda la jeune femme en s’écartant. »
Il ne s’attendait tout de même pas à ce qu’elle enfonce la porte elle-même ? Une fois que ce fut chose faite, et qu’ils furent assurés qu’il ne se trouvait personne d’autre dans les environs, Perrine et Choisy descendirent les quelques marches. Là, une nouvelle pièce, avec pour seul mobilier une table et divers instruments peu engageant. A tout hasard, bien qu’elle n’eut pas la moindre notion dans le maniement du poignard, la camériste attrapa une des petites lames qui n’était pas encore ensanglantée et sonda l’endroit du regard.

« Du Perche ? Guillaume ? appela-t-elle à tout hasard avant de repérer une porte. Choisy, là ! Prenez la torche. »
Et en effet, l’espion se trouvait bien derrière la lourde porte. Perrine ne put retenir un soupir de soulagement. Ne restait plus qu’à l’en faire sortir et à rentrer à Paris sans encombre ce qui, ne nous faisons pas d’illusion, était encore loin d’être gagné.
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Thimoléon de Choisy


Thimoléon de Choisy

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Libre comme les cieux : il brûle comme l'enfer !
Côté Lit: Tous les anges et les démons de cette terre s'y étendent pour mon plus grand plaisir...
Discours royal:



    ANDROGYNE
    l'Allure stupéfiante.


Âge : 23 ans
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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime01.01.13 19:59

    Honnêtement… Qu’est-ce qu’il faisait là ? pensa Thimoléon. Lui, l’abbé, le courtisan, l’homme de lettres ? Il croyait faire un cauchemar ! Où était donc passé les macarons et les beaux bijoux ? Il croyait que c’était une tout autre vie. Un dur réveil comme le jour où sa mère était venue le chercher à la cour pour l’emmener étudié à la Sorbonne. Et là, loin des robes, de l’or et des diamants, le voilà qui fait tournoyer une épée sous le nez de deux gros molosses et danser comme une ballerine pour éviter les coups. Plus les minutes de ce combat absurde passaient plus il se demandait ce que sa complice pouvait bien faire à le laisser se faire embrocher comme un vulgaire cochon ! Heureusement son bonheur fût sauf en voyant débarquer la jeune femme derrière l’un des deux hommes en lui assenant des coups sur la tête à l’aide d’une pierre. Elle mena son combat comme une vraie tigresse tandis que Thimoléon, plus par un coup de chance que par un coup de maître, parvint à faire trébucher le deuxième bonhomme qui s’effondra de tout son long dans un grand vacarme. L’abbé soupira de soulagement à la vue des deux gardes inconscients. Une bonne chose de faite.

    « Quelle discrétion, tout Meaux, au moins, a pu profiter de votre cri de guerre ! lança sévèrement Perrine, en lançant son arme improvisée dans un coin.

    -Oui enfin j’ai été tout de même plus efficace ! se plaignit l’abbé de mauvaise foi. Que faisiez-vous bon sang ? On n’est censé s’entraider il me semble !

    -Allons, ne perdons pas de temps. J’espère qu’ils n’ont pas d’amis.

    -Hum…A qui le dites-vous !» soupira Thimoléon.

    Sur ces bonnes paroles et ce combat épique, les deux espions improvisés pénétrèrent dans la maison silencieuse. La jeune femme jeta un regard perçant à l’abbé :

    « Essayez de ne pas faire de bruit cette fois. Et rangez votre épée, ou vous risquez de crever un œil à quelqu’un !»

    Thimoléon répliqua avec un regard noir et une mine boudeuse et rangea son fleuret à sa ceinture. Certes, il n’était pas un grand escrimeur mais il n’avait pas deux mains gauches non plus !... Enfin…

    Il n’eut pas le temps de poursuivre ses pensées que le duo arrivait à la hauteur d’une grande porte verrouillée. Perrine s’écarta du chemin du jeune homme et lui présenta la porte d’un signe de main avec un petit sourire presque moqueur.

    « A vous l’honneur... fit-elle en minaudant.

    -Mademoiselle, jeta froidement Thimoléon. Je ne suis peut-être pas le guerrier vengeur que vous attendiez mais cessez de douter aussi vulgairement de mon sexe. C’est insultant ! »

    Là-dessus, il releva ses manches en continuant de fixer Perrine avec agacement avant de s’avancer plus motivé que jamais, prêt à en découdre avec cette porte close. Il examina un peu la porte, le montant et la serrure, estimant qu’elle semblait assez lourde dans l’ensemble puis prit un peu de recul. Il se prépara en fixant la porte comme un taureau fixe un toréador puis dans un élan fabuleux fonça droit sur le montant de bois sombre. Il courut comme un désespéré avant de s’écraser contre la porte… qui avait à peine bougée. Il souffrait le martyr et la tête lui tournait. Il jeta un regard en biais à Perrine qui semblait s’amuser comme une petite folle dans son coin à constater de sa peine.

    « Pas la peine de m’aider surtout ! Vous… »

    Il n’eut pas le temps de poursuivre qu’un craquement sourd se fit entendre. C’est alors que la lourde porte en chêne bascula vers l’intérieur et l’abbé avec. Le tout s’écrasa lourdement sur le sol poussiéreux à l’intérieur de la pièce plongée dans la pénombre. Thimoléon sentait tout son squelette tant il avait mal. Il se releva péniblement en époussetant ses vêtements et en se massant les côtes. Perrine ne lui prêtait pas même attention qu’elle le dépassait en rentrant dans la pièce en examinant chaque recoin. L’abbé continua de ronchonner :

    « Non, non ! Ne m’aidez surtout pas, Mademoiselle ! Laissez cela ! Je vais bien ! C’est incroyable comme vous êtes prévenante ma chère…»

    Terminant ses jérémiades en marmonnant dans sa barbe, il rejoint sa complice. La pièce ne comportait qu’une table sur laquelle étaient disposés des instruments à faire peur. L’abbé frissonna à la vue de ces objets de la mort puis reporta son attention sur Perrine qui venait de se saisir d’un poignard.

    « Du Perche ? Guillaume ? Appela-t-elle.

    -Guillaume ? » S’étonna Thimoléon en jetant un regard suspicieux à la jeune femme face à tant de familiarités.

    Non ! Non… Il n’était pas jaloux… Un peu, peut-être ? C’est alors qu’ils entendirent une voix étouffée. Les deux jeunes gens tournèrent immédiatement la tête dans cette direction et Perrine l’interpela en lui montrant une porte.

    « Choisy, là ! Prenez la torche. »

    L’abbé se précipita à côté de la porte en se saisissant de la torche puis donna un coup d’épaule, puis deux dans la porte qui finit par céder plus facilement que la première. L’espion était bien là, ligoté sur une chaise et le corps en sang. Tremblant d’effroi devant cette vision d’horreur, Thimoléon se précipita près de son ami et complice et prit son visage ensanglanté entre ses mains voir si il était encore conscient. Il lui donna deux trois petites tapes sans succès.

    « Mon pauvre ami, se désespéra l’abbé. Que vous ont-ils fait ?

    La vue du beau brun dans un tel état fit l’effet dans choc dans l’esprit de Choisy qui devint aussitôt plus directif et plus sûr de lui que jamais. Il se tourna vers sa complice.

    « Vite, aidez-moi. Est-ce qu’il y a de quoi panser ses plaies ? N’importe quoi qui puisse faire l’affaire , indiqua le jeune homme. On ne pourra pas le ramener en vie si on le laisse ainsi.

    Perrine s’exécuta tandis que Thimoléon s’occupait de défaire les liens de Guillaume dont la tête reposait lourdement sur son torse. Voir blesser son sauveur de la sorte, mettait le jeune abbé hors de lui ! Il prit conscience qu’il pouvait vraiment n’importe quoi pour le bien de son protecteur et ami. Certes, il fallait pour lui oublier qu’il avait beau admirer et (dans le fond) aimer l’espion, sa dévotion presque sans bornes n’irait que dans un sens. Mais tant pis ! Faire tout ça pour Guillaume du Perche était sa manière tordue d’exprimer ses sentiments et sa reconnaissance éternelle.

    Une fois que Perrine trouva de quoi couvrir les plaies du comte, il fallut réfléchir à comment transporter le jeune homme inconscient. Thimoléon et sa complice s’échangèrent un regard qui voulait tout dire. Ils avaient beau être efficaces, il ne fallait pas espérer les voir parvenir à soulever la masse de muscle qu’était l’espion de sa Majesté. Le stress poursuivant ses effets sur le jeune abbé, celui-ci jeta des regards dans tous les coins de la pièce en désordre avant de trouver enfin ce qui lui fallait. Il se tourna vers la jeune femme en lui montrant du doigt sa trouvaille.

    « Voilà ce qu’il nous faut ! » s’exclama-t-il en désignant dans un coin sombre une vieille brouette en bois.

    Tant bien que mal, les deux sauveteurs improvisés trainèrent le corps de l’espion jusque dans la brouette. Inerte, Guillaume avait ses bras et ses jambes qui dépassaient mollement de son brancard improvisé. Ne perdant pas un instant, Perrine et Thimoléon saisirent chacun un manche de la brouette et commencèrent à avancer. La brouette roulait en zigzaguant de manière grotesque, les gestes des deux acolytes n’étant pas coordonnés.

    « Mais je vous ai dit à gauche ! » commença à s’énerver l’abbé.

    Non, décidément, ce sauvetage ne serai définitivement pas comme les autres !

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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime11.02.13 0:10

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Thimoléon et Perrine ne formaient pas le duo rêvé pour un sauvetage dans les règles. Le premier, une fois qu’on l’avait vu l’épée à la main, n’avait de crédible ni l’air ni le nom, tandis que la seconde n’était guère plus impressionnante et semblait prendre tout l’exercice à la légère. Ajoutez à cela qu’ils étaient visiblement incapables de s’entendre, et l’on comprend aisément que, s’il y avait eu lieu de faire des pronostics sur les suites de cette journée, personne n’eût parié sur leur réussite. Mais les apparences sont trompeuses, et les deux aventuriers en herbe ne faisaient pas exception. Perrine était une jeune femme pleines de ressources, et Thimoléon quant à lui avait au moins le mérite de savoir enfoncer les portes - mérite dont tout le monde ne peut se vanter, c’est un fait - et d’attacher, semblait-il, une réelle importance à la dette qu’il avait envers le comte du Perche. La demoiselle regardait toujours avec un oeil perplexe, voire moqueur, les dettes d’honneur que l’on s’échangeait presque volontiers entre gentilshommes plus ou moins accomplis, mais en ce cas, elle était intérieurement soulagée de voir l’abbé si pressé de rendre à Guillaume la monnaie de sa pièce. Il n’était déjà pas terriblement efficace, alors si en plus il avait été moins motivé...

Toujours était-il que doués ou non, ils avaient fini par se débarrasser des deux molosses, et même réussi à trouver la bonne issue dans cette maison somme toute peu rassurante. Perrine ignora allègrement les remontrances et autres jérémiades de son compagnon, trop occupée à poursuivre son investigation et à s’emparer de l’un des poignards alignés sur la table. Tout cela avait quelque chose de terriblement excitant, mais elle garda pour elle cette pensée dont elle doutait qu’elle fût partagée par Choisy. Il n’y avait bien qu’elle pour voir le côté grisant des choses dans ce genre de situation mais après tout, ne valait-il pas mieux voir les choses en ce sens plutôt que de céder à la panique ? Perrine, de plus, n’était pas inconsciente, et le sourire indéfinissable qui étira ses lèvres, signe qu’elle s’amusait presque, ne l’empêcha pas de repérer la petite mais épaisse porte qui creusait l’un des murs de la pièce en d’en déduire que si du Perche était bien dans cette maison, il ne pouvait l’être que derrière cette porte-là. Oubliés les sourires et les piques à son compagnon : d’un coup, elle retrouva tout son sérieux, tout en ne pouvant s’empêcher de songer à l’état dans lequel ils risquaient de retrouver le comte. Connaissant Cédric, et l’espèce de brute nordique qui l’avait accompagné dans cette affaire, elle savait d’avance que ses craintes n’étaient pas infondées.

Et elles se vérifièrent lorsque Choisy eut enfoncé ce nouvel obstacle (puisque évidemment, ils n’avaient pas songé à chercher sur les deux gardes un quelconque trousseau de clés) sans le moindre égard pour une quelconque forme de discrétion ; mais lorsqu’elle devina la silhouette bien maltraitée de Guillaume, Perrine elle-même en oublia ses commentaires sur les méthodes trop bruyantes de son compagnons. Et tandis que celui-ci se précipitait sur le comte, elle pinça les lèvres en notant de se rappeler de ne jamais contrarier Cédric outre-mesure - même si c’est exactement ce qu’elle s’apprêtait à faire. À son tour, elle s’approcha du jeune homme tout ensanglanté, et visiblement inconscient.
« Vite, aidez-moi, lança l’abbé soudain bien plus réactif. Est-ce qu’il y a de quoi panser ses plaies ? N’importe quoi qui puisse faire l’affaire. On ne pourra pas le ramener en vie si on le laisse ainsi. »
Perrine hocha la tête et sortit de la cellule. La pièce qui s’offrit à nouveau à ses yeux alors qu’elle se demandait s’il était possible d’y trouver de quoi offrir un minimum de soins à l’inconscient lui tira une moue. À première comme à deuxième vue, ça ne ressemblait vraiment pas à un endroit où elle pourrait mettre la main sur ce genre de choses, ceci dit, elle se lança néanmoins dans une fouille plus ou moins méthodique des quelques malles qui se trouvaient là. Elle trouva beaucoup d’instruments peu engageants, des armes, des munitions et enfin, dans un coffret, un maigre attirail qui, dans l’urgence, devait cependant faire l’affaire. Si Guillaume avait été amené ici, il semblait clair qu’il n’était pas prévu qu’il en ressortît... Un vague sourire étira fugitivement les lèvres de la camériste : elle aimait être l’élément imprévu.

Rapidement, elle revint vers Choisy en brandissant sa trouvaille. Avec une aisance insoupçonnée pour une simple domestique (enfin, simple...) et l’absence de gêne d’une ancienne amante, elle pansa comme elle le pouvait les plaies les plus inquiétantes du jeune homme tout en essayant de donner quelques indications à l’abbé pour qu’il fît de même. Il valait mieux ne pas s’éterniser, des fois que Portau eût laissé dans les environs d’autres petites surprises telles que les deux molosses de l’entrée - ce qui eût été logique d’ailleurs. Les deux complices (qui, pour une fois, parvinrent temporairement à s’entendre) firent donc vite, puis se redressèrent. Un regard échangé, et Perrine comprit qu’ils pensaient à la même chose : comment sortir Guillaume de là ? Techniquement s’entend : il n’était même pas utile de les regarder pour savoir qu’ils ne pouvaient le porter jusqu’à la voiture. La jeune femme commençait à envisager d’aller chercher le cocher, afin qu’il se rendît utile mais étonnement (oui, c’est dire à quel point elle avait en estime les capacités de réaction de Choisy) ce fut son improbable compagnon qui eut la moins mauvaises de toutes les idées envisageables.
« Voilà ce qu’il nous faut ! s'écria-t-il soudain en désignant... une brouette dans un coin. »
D’abord sceptique, tant quant à la raison de la présence d’une brouette qu’à sa potentielle utilité, Perrine finit par se résigner : ils n’avaient pas un choix très éclectique, et encore une fois, quelque chose lui disait qu’ils s’en sortiraient mieux s’ils ne s’attardaient pas. Bon gré mal gré, elle alla donc aider de son mieux l’abbé à transporter l’espion toujours inconscient dans on brancard improvisé - ce qui ne fut pas chose aisée, il faut le dire.

Mais il y eut pire. Une fois Guillaume installé, bras et pieds pendants des deux côtés de la brouette, il fallut diriger celle-ci. Or... il s’avéra que l’on ne pouvait s’inventer conducteur de brancard du jour au lendemain, et dès les premiers pas, Choisy et Perrine en firent l’amère découverte. Chacun à un manche, il tentèrent quelques pas absolument désynchronisés, et qui n’allèrent pas en s’arrangeant malgré leurs efforts grandissants. Il n’en fallut pas plus pour relancer les hostilités.
« Mais je vous ai dit à gauche ! lança l’abbé alors que la brouette faisait un violent écart à droite.
- Ah oui ? Eh bien je suggère que vous cessiez de dire quoi que ce soit, vous voyez bien que ça ne marche pas, rétorqua Perrine en levant les yeux au ciel. Et arrêtez de nous diriger vers l’escalier : comment voulez-vous qu’on arrive à monter ?! »
Agacée à son tour, elle le força à reculer et dirigea l’engin de malheur vers la seule autre porte de la pièce. Une fois ouverte, ils purent traverser un long couloir qui fut l’occasion de cogner une ou deux fois la brouette (et le comte, heureusement toujours inconscient) contre le mur tout en se lançant des amabilités. Lorsqu’ils virent se dessiner une nouvelle porte et sous celle-ci, la lumière du jour, Perrine songea que Gabrielle lui devait une fière chandelle. Car si elle faisait tout cela, c’était moins pour l’espion que la duchesse.

Devant la porte, la jeune femme lâcha brusquement tout ce qu’elle avait en main et alla discrètement entr’ouvrir le battant de bois. Elle glissa un oeil dehors et, soulagée, annonça que les environs semblaient déserts.
« Maintenant taisez-vous, et essayez de vous concentrer jusqu’à ce qu’on retrouve la voiture... Je vous ai vu vous battre une fois, c’est déjà trop, lança-t-elle avec un sourire narquois. »
Là-dessus, tant bien que mal, ils sortirent sans trop savoir où ils se trouvaient exactement durant les premiers mètres de cette nouvelle étape de l’expédition. Reconnaissant l’arrière de la maison une fois qu’ils eurent (difficilement) gravit une petite butte, Perrine voulut reprendre le chemin qu’ils avaient fait à l’aller mais visiblement, Choisy préféra une autre option et... soudain la brouette bascula, entraînant le comte et la jeune femme elle-même dans sa chute.
« Bon Dieu, Choisy ! s'écria celle-ci. Mais qu’est-ce qui vous prend ?! »
Elle tenta de se redresser mais l’engin et le comte pesant de tout leur poids sur elle, elle ne put que vaguement bouger. Moins moqueuse soudain, elle leva un regard excédé vers son compagnon.
« Mais aidez-moi, qu’attendez-vous ? Il serait bien qu’on ne traîne pas indéfiniment ici... La prochaine fois que j’ai besoin d’aide, rappelez-moi de ne pas venir vous chercher. »

(ce rp est débile PTDR Pardon si c’est décousu ou pas clair, j’ai écrit en plusieurs (trop de) fois ><)
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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime09.03.13 17:44

    « Mais je vous ai dit à gauche ! lança l’abbé alors que la brouette faisait un violent écart à droite.

    - Ah oui ? Eh bien je suggère que vous cessiez de dire quoi que ce soit, vous voyez bien que ça ne marche pas, rétorqua Perrine en levant les yeux au ciel.

    Malgré la remarque de la jeunejavascript:bbstyle(-1) femme, l’abbé s’obstinait à faire avancer cette brouette branlante.

    -Et arrêtez de nous diriger vers l’escalier : comment voulez-vous qu’on arrive à monter ?!

    C’est alors que Thimoléon eut un temps de pose, arrêtant net ses efforts et se tourna vers sa complice avec un air contrit :

    « Oui…C’est vrai… Désolé…, s’excusa l’abbé, honteux. On va passer par la porte, je vous suis.

    L’air farouchement agacée, la demoiselle reprit la direction de l’engin diabolique et les dirigea vers la seule porte qui se trouvait à l’autre bout de la pièce.

    Décidément, se dit Choisy. Il faisait un piètre espion de terrain ! Ces événements l’avaient définitivement convaincu de rester à la cour pour tisser sa toile d’espions dans le beau monde. A maintes reprises, la brouette (et le comte inconscient accessoirement) vint cogner violemment contre le mur, destabilisant un peu le parcours de nos deux héros improvisés. Enfin, arrivés devant la porte, Perrine lâcha brusquement son manche de la brouette, faisant basculer dans un bel ensemble l’engin de bois, le corps inconscient de du Perche ainsi que l’abbé qui se rattrapa de justesse contre le mur. Il lança un regard noir à la jeune femme qui ne se préoccupait absolument pas de lui, entrouvrant la porte de boir pour vérifier s’ils n’étaient pas repérés. Tant bien que mal, s’y reprenant une ou deux fois, Thimoléon se saisit de son ami par le dessous des bras et tira de toutes ses forces pour le hisser dans la brouette.

    « Ne…m’aider…surtout pas…., gémissait Choisy en soulevant le corps de l’homme avec une voix déformée par l’effort.

    La demoiselle se tourna vers lui en lui lançant avec un sourire narquois :

    « Maintenant taisez-vous, et essayez de vous concentrer jusqu’à ce qu’on retrouve la voiture... Je vous ai vu vous battre une fois, c’est déjà trop.

    -C'est moins intelligent qu'un dauphin, d'accord, mais ça vole, cracha Thimoléon avec agacement en se remettant de son effort « surhumain ». Quelle bougresse vous faites !

    Sur ces belles paroles, le duo poussa la brouette sur plusieurs mètres dans un couloir sombre avant de déboucher enfin sur des prés en friches. Exécutant encore bien des efforts, les jeunes gens hissèrent la brouette sur une petite butte qui surplombait l’arrière de la maison qu’ils venaient de quitter.

    « Enfin ! soupira l’abbé, soulagé.

    Plus motivé que jamais, il reprit son manche et poursuivit son chemin quand… Sans comprendre pourquoi, Perrine poussait la brouette dans le sens inverse. En quelques secondes, le tour fût joué. Dans un formidable roulé-boulé, nos deux complices, la brouette et le corps inconscient du comte glissèrent avec un total manque d’élégance sur plusieurs mètres. Une fois la chute terminée, de l’autre côté de la butte, Thimoléon se releva tant bien que mal, le visage maculé de terre, en époussetant ses vêtements et crachant de la poussière par terre. C’est alors qu’une voix mélodieuse se fit entendre dans son dos :

    « Bon Dieu, Choisy ! s'écria Perrine. Mais qu’est-ce qui vous prend ?! »

    Se retournant vers l’intéressée, quel ravissement de voir sa complice étalée par terre, le tout bloquée par le poids de la brouette et du corps du comte, le tout renversé avec un désordre des plus risibles. L’abbé ne put s’empêcher d’éclater de rire devant ce tableau grotesque.

    « Hihihi ! Quelle mine, ma chère ! »

    La jeune femme tentait dese redresser mais l’engin et le comte pesant de tout leur poids sur elle, elle ne parvenait qu’à vaguement agiter ses bras et ses jambes comme une enfant se roulant par terre. Elle jeta sur lui un regard excédé.

    « Mais aidez-moi, qu’attendez-vous ?

    -Je profite du spectacle, rien de plus, continuait de rire l’abbé, les bras croisés, gravant se souvenir dans sa mémoire.

    -Il serait bien qu’on ne traîne pas indéfiniment ici..., suggéra Perrine, toujours plus agacée.

    -Oui, oui, soupira Thimoléon, Ca va ! J’arrive, tenez bon ! dit-il en venant débarrasser sa complice du poids de la brouette et du comte.

    -La prochaine fois que j’ai besoin d’aide, dit-elle en se relevant. Rappelez-moi de ne pas venir vous chercher.

    -Comme vous y allez ! s’exclama Choisy avec un sourire amusé. Avouez que tout cela est tout de même amusant, non ? » demanda-t-il avec un petit regard moqueur tandis qu’ils remettaient le comte au fond de la brouette.

    L’ensemble du trio étant de nouveau sur pieds (ou sur roue), ils prirent à la hâte la direction de la voiture qui les attendaient plus loin. Ils zigzaguèrent longuement entre les herbes hautes et la roue vibrait et grinçait sous le choc du gravier jonchant le petit chemin. Nos deux complices étant un peu plus coordonnées dans leurs mouvements, ils ne tardèrent pas à voir apparaitre un détour du chemin le carrosse qui les attendait. Arrivés à son pied, le cocher vint leur prêter main forte et ouvrit la porte. Thimoléon se hissa à l’intérieur et vint attraper les épaules du comte toujours dans les vappes.

    « Attrapez ses pieds, indiqua l’abbé à la jeune femme.

    Choisy tira de toutes ses forces (celles qui lui restaient en tout cas) et souleva le corps de du Perche tendit que Perrine poussait sur ses jambes sans l’aide du cocher qui les regardait faire, très amusé. Maladroitement, l’abbé monta l’espion à l’intérieur sans omettre de le cogner contre les parois du carrosse. Désolé de faire involontairement tant de mal à son ami, Thimoléon n’arrêtait pas de chuchotter à l’attention du Comte :

    « Oups ! Excusez-moi mon ami. Aïe ! Tenez bon… c’est presque fini. Avant de reporter son attention vers Perrine. Mais poussez, Madame, vous dis-je ! »

    Puis il vit le cocher se moquer ouvertement de nos deux complices. Choisy lui jeta un regard furieux :

    « Et vous là, sombre crétin ! Bougez-vous le train ou je vous fais avaler votre fouet ! Aidez-la ! »

    Avec tant d’émotions durant ces quelques heures, Thimoléon en avait perdu sa patience et sa politesse et ne se privait pas de s’adresser au cocher comme on parle à une mule. Ce sauvetage était presque réussi… presque…

    Un bon quart d’heure plus tard, le comte était allongé sur une des banquettes de la voiture tandis que Thimoléon et Perrine étaient assis en face. Enfin sur le chemin du retour après toutes ses aventures, l’abbé laissa échapper un sourire satisfait avant de se tourner vers sa compagne.

    « Ma chère, malgré notre maladresse, je dois avouer que nous nous en sommes sorti à merveille ! Qu’en dites-vous ? »

    Malgré toutes les horreurs qu’il avait pu penser ou dire sur elle dans l’instant, il se disait qu’il ne se priverait pas de revoir la demoiselle pour quelques missions…moins périlleuses…. Dans un salon, en belle robe, avec des tasses de chocolat, des macarons, des coussins… Oh oui ! Et un feu de cheminée !... Non décidément, Thimoléon n’était certainement pas un homme de terrain ! Mais quelle aventure !

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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime27.07.13 13:54

Ce n’est pas sans ironie que Perrine songea que la Main de l’Ombre avait peut-être du souci à se faire. En effet, malgré les difficultés qu’elle rencontrait avec son compagnon, elle estimait ne pouvait que revoir à la hausse leurs chances de s’en sortir, et il lui semblait donc vaguement inquiétant pour les duc de Valois et ses complices (dont elle était censée, officieusement certes, faire partie) qu’il suffise d’une camériste bien renseignée et d’un abbé fort maladroit mais plus ou moins plein de bonne volonté pour tenir tête à deux des membres les plus effrayants du complot, qu’elle servait uniquement parce que Gabrielle en faisait partie, et une fois de plus, preuve était faite que c’était avant tout pour celle-ci qu’elle agissait. Elle s’autorisa d’ailleurs à penser que la duchesse lui vaudrait une fière chandelle pour cette expédition, car si Perrine semblait prendre les choses à la légère et s’agacer plutôt que s’alarmer de l’inefficacité relative de l’équipe qu’elle formait avec l’abbé de Choisy, elle n’en était pas moins consciente que si Cédric ou le baron de Sola se décidaient soudain à revenir, toutes les fausses explications qu’elle était capable d’inventer ne suffiraient pas à leur éviter quelques… désagréments. Les deux comploteurs étaient heureusement bien assez au courant de ce qu’il pouvait en coûter de ne pas assister à une réunion convoquée par Hector de Valois pour se permettre un retour trop hâtif, et à moins que quelqu’un ou quelque chose ne les trahisse, la camériste et son compagnon improvisé avaient (encore) toutes les chances de s’en sortir. S’ils parvenaient toutefois à diriger correctement la brouette sans achever le pauvre comte du Perche (inconscient, dieu merci) ou s’entretuer pour de bon après s’être copieusement traités d’incapables – solution que la jeune femme aurait volontiers envisagée plusieurs fois s’il n’avait pas été clair qu’elle ne pouvait sortir Guillaume de cette sordide geôle seule. Hélas, nécessité faisait loi, et elle n’avait d’autre choix que de s’accommoder de son acolyte qui avait au moins pour mérite de tenir à sortir le comte, (et à se sortir lui-même) de cet endroit. Après tout, tant qu’ils obtenaient le résultat souhaité, ils n’auraient par la suite nul besoin de s’étendre sur les détails de l’expédition et pourraient épargner à ceux qui voudraient entendre cette histoire les combats risibles, les enfonçage de portes, les insultes et les brouettes. Les brouettes surtout, d’ailleurs, si l’on considérait la façon peu glorieuse dont ils tentaient, tant bien que mal, de diriger celle-ci, heurtant au passage tous les murs qui pouvaient bien se trouver sur leur route, et ce même lorsqu’ils arrivaient à se mettre d’accord sur une direction (ce qui n’était en soi pas évident). Perrine, alors qu’ils s’escrimaient maladroitement à gravir la butte qui se dressait à l’arrière de la maison dont ils venaient de sortir le comte, aurait sans doute beaucoup donné pour que cette idée ne leur soit jamais venue, ou après avoir trouvé un meilleur moyen de parvenir à transporter Guillaume, et ses craintes quant aux conséquences d’une telle idée ne tardèrent pas à se confirmer. Affalée sur l’herbe, bloquée sous le corps de son ancien amant et de son brancard improvisé, la jeune camériste se prit à maudire l’abbé, la brouette et tout ce qui pouvait bien lui venir à l’esprit. Vue d’ici, la situation n’avait brusquement plus rien d’amusant.

L’abbé de Choisy, quant à lui, n’était visiblement pas du même avis, et après s’être redressé, ne retint pas un ricanement qui excéda d’autant plus Perrine qu’elle ne pouvait ni bouger ni le faire taire tant qu’il ne se décidait pas à venir l’aider.
« Je profite du spectacle, rien de plus ! se moquait Thimoléon, faisant ainsi monter chez sa compagne de violentes envies de meurtre. »
Heureusement pour les suites de cette aventure, il sembla en avoir conscience car, sans toutefois cesser de rire, il vint enfin l’aider à soulever la brouette et son passager, lui permettant ainsi de se redresser en grommelant qu’elle comptait bien ne plus jamais faire appel à lui dans ce genre de situation.
« Comme vous y allez !  Avouez que tout cela est tout de même amusant, non ? »
Perrine, lèvres pincées, et sans doute légèrement vexée de s’être retrouvée dans l’incapacité de faire quoi que ce soit sans l’aide de l’abbé ne répondit pas, et se contenta d’aller attraper les chevilles du pauvre comte malmené pour le remettre dans son véhicule d’urgence. En jetant un regard à la fois navré et critique sur l’état de ce dernier, elle songea qu’ils avaient sans doute dû ajouter bien dans marques à celles dont il était déjà couvert lorsqu’ils l’avaient trouvé dans sa cellule, en témoignait les quelques traces de coups qui se formaient déjà et imagina bien le désarroi des médecins qui risquaient de chercher longtemps d’où venaient ces quelques blessures, bien plus bénignes que les précédentes et visiblement plus récentes. Ceci dit, les errements des deux complices avaient au moins pour mériter de garder Guillaume inconscient, du moins Perrine l’espérait, car il valait mieux qu’il ne sache rien de ce qui était entrain de se produire. Non pas qu’elle ne voulût pas tirer sa part de gloire de l’aventure – certes, peu glorieuse – mais elle avait encore au fond d’elle assez de pitié pour estimer plus charitable de lui épargner une telle vision. Elle ignorait ce que dirait Choisy, mais pour sa part, elle préférait éviter de lui faire savoir quel duo hautement incongru s’était chargé de le sortir de sa geôle : à sa place, elle n’aurait guère apprécié.

Là-dessus, il était plus que temps de se remettre en route et, avec un peu plus d’efficacité qu’avant leur chute, l’abbé et la camériste reprirent chacun un manche de la brouette et se hâtèrent autant qu’ils le pouvaient pour revenir vers leur voiture, restée à l’écart, exactement à l’endroit où ils l’avaient laissée – ce qui, vu le déroulement de la dernière heure, constituait une sorte de petit miracle. En se retournant, Perrine put admirer une dernière fois la partie la plus improbable de leur œuvre, à savoir les deux molosses toujours assommés dont elle devinait les silhouettes à l’avant de la maison et qui ne semblaient toujours pas avoir été découverts par qui que ce soit. Elle en profitant pour se débarrasser du petit poignard qu’elle avait subtilisé dans ce qui ressemblait fort à une salle de torture et l’envoya au loin dans les hautes herbes. Autant ne pas s’encombrer d’objets dangereux comme celui-ci, elle était encore capable de vouloir se débarrasser de Choisy, pour peu qu’il parvienne à faire des derniers efforts qu’ils leur restaient une nouvelle épreuve. Heureusement, il semblait s’être décidé à se montrer (un peu) plus efficace et lorsque le cocher de la voiture eut ouvert la porte, monta à l’intérieur du véhicule pour se saisir des épaules de Guillaume que Perrine avait tenté de placer correctement dans sa brouette.
« Attrapez ses pieds, indiqua l’abbé, ce en quoi la jeune femme s’exécuta sans mot dire, sous le regard goguenard du cocher qui, après n’avoir rien compris à ce qui se passait, semblait à son tour trouver le tout fort amusant. »
Il ne restait plus qu’à hisser le jeune homme sur sa banquette avant de vider les lieux, ce qui s’avéra être plus facile à dire qu’à faire. Perrine avait beau pousser de toute ses forces et Choisy tirer de son côté, ils n’arrivèrent à rien. Lasse de ces efforts inutiles, la jeune femme se redressa soudain, observant d’un œil circonspect tout ce qui se trouvait sous ses yeux pour trouver une meilleure solution.
« Mais poussez, madame, vous dis-je ! l’apostropha l’abbé entre deux excuses à l’égard du comte malmené et toujours inconscient.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point, rétorqua une Perrine soudain bien plus philosophe que sa patience à bout ne semblait le lui permettre, mais qui estimait qu’en effet, à trop se précipiter, ils ne s’en sortiraient définitivement pas. »
Elle ignora les nouveaux reproches et autres jérémiades de l’abbé, mais c’est en revanche exactement au même instant que leurs deux regards se posèrent sur le cocher, dont le sourire moqueur se figea soudain.
« Et vous là, sombre crétin ! Bougez-vous le train ou je vous fais avaler votre fouet ! Aidez-la ! tempêta l’abbé. »
Sans plus se faire prier, le jeune homme baissa la tête et se plaça aux côtés de la camériste. A deux, ils réussirent enfin à soulever le comte tandis que Choisy le tirait sur l’une des banquettes. A force d’efforts, d’insultes, d’ordres parfois dépourvus de sens et de patience qu’il ne possédait plus, les trois compères finirent néanmoins par réussir à placer correctement le comte, et l’on put enfin laisser se refermer la portière de la voiture tandis que Perrine se laissait tomber en soupirant aux côtés de Choisy.
« Ma chère, lança celui-ci, malgré notre maladresse, je dois avouer que nous nous en sommes sorti à merveille ! Qu’en dites-vous ?
- Vous êtes têtu comme deux chameaux qui se disputent pour un verre d’eau lorsqu’il s’agit de conduire une brouette et ne savez définitivement pas ce qu’est la discrétion mais… malgré tout, nous nous en sommes sortis, accorda Perrine avec une moue goguenarde. Maintenant, il faut que nous quittions cet endroit avant de nous retrouver à plus fort que nous. »
A ces mots, elle frappa contre la paroi de l’habitacle pour signifier au cocher qu’il était temps de partir et enfin, le véhicule s’ébranla.

Tout en observant le comte, la jeune femme resta un moment silencieuse, ce même comte qu’elle avait allègrement abusé et trahi quelques mois plus tôt, et elle ne put réprimer un sourire en songeant que si elle venait de mettre un énorme bâton dans les roues du complot, elle ferait au moins une heureuse en la personne de Gabrielle, qui avait elle-même participé à l’enlèvement de la favorite dans lequel Guillaume avait été un outil bien utile. Le destin avait décidément de drôles de desseins. Songeant qu’il était temps de décider de la fin de cette affaire, Perrine se tourna soudain vers Thimoléon et lança, d’un ton qui n’admettait pas de réponse :
« Vous allez le ramener chez lui, à Versailles, moi je m’arrête à Paris. Inventez une histoire, ce que… »
Elle s’interrompit en fronçant les sourcils car la voiture s’était arrêtée. A nouveau, elle frappa deux coups contre la paroi, pour s’entendre répondre par le cocher qu’ils traversaient un village et qu’il était difficile de s’y frayer un passage entre la population qui occupait les rues.
« Eh bien, faites-vous de la place, nous n’avons pas toute la journée ! rétorqua Perrine. »
Elle jeta un regard par la fenêtre qui se trouvait de son côté et eut la satisfaction de sentir que l’on se remettait en marche plus rapidement, au grand dam d’un groupe d’hommes qui se trouvaient aux côtés de la voitures et furent même éclaboussés lorsque celle-ci passage près d’eux, roulant dans une flaque d’eau – du moins, il fallait souhaiter pour eux qu’il ne s’agisse que d’eau.
« Inventez n’importe quelle histoire, reprit Perrine en revenant à son acolyte, vous pouvez même vous attribuer toute la gloire de son évasion si cela vous fait plaisir, je ne tiens pas à être citée. »
Le message était clair : pas un mot de sa présence, la jeune femme préférait prendre ses précautions. Elle se hâta d’ailleurs de disparaître dès qu’ils eurent passé les portes de Paris, et ce sans laisser le choix à l’abbé de Choisy, auquel elle adressa un clin d’œil complice. Rapidement, elle gagna l’hôtel Longueville où, comme elle s’y attendait, Gabrielle souhaita immédiatement la voir. Lasse, la camériste se laissa tomber dans un sofa, poussant un long soupir de soulagement.
« Voilà qui est fait, la rassura-t-elle. On le ramène à Versailles, il a besoin de soins mais tout va bien. Pour ma part, c’est la dernière fois que je fais une chose pareille, je préfère encore me faire passer pour une duchesse en province ! »
Un sourire amusé lui échappa, car au fond, elle ne pouvait nier que toute cette aventure avait eu quelque chose de terriblement excitant, et qu’il s’agissait là des plaisirs et aléas de l’intrigue.

Fin pour Perrine (je ne sais plus si vous deviez ajouter quelque chose)
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MessageSujet: Re: [Meaux] La plus surprenante des évasions ...   [Meaux] La plus surprenante des évasions ... Icon_minitime08.10.13 18:11

Il ne sentait plus ses jambes ni ses membres en général et, après avoir eu du mal à se lever pour appeler à l'aide, Guillaume était retombé sur le sol, épuisé par la fatigue de ne pas avoir dormi et par la douleur qu'il endurait. Son regard voyait trouble, il se sentait partir mais Du Perche voulait tenir jusqu'au secours de ses bienfaiteurs, si toute fois il s'agissait bien de cela, et non pas de l'achever comme un chien par d'autres sbires. Puis il entendit son nom, par une voix féminine. Instinctivement, il pensa à Gabrielle. Mais comment aurait-elle pu savoir, et surtout comment une duchesse pouvait venir jusqu'ici ? Puis son prénom retentit, Guillaume leva la tête un instant, sûr qu'il s'agissait de Perrine qui parlait à ... au nom de Choisy, il comprit que ses sauveurs étaient aussi improbables que salvateurs. On ne fait jamais la fine bouche après une torture sur qui pouvait bien nous sauver.

Après ? Tout était devenu noir, comme s'il s'était autorisé à lâcher prise. Rien ne vint perturber ce sommeil/coma, pas même les rocambolesques aventures de ses deux alliés, ni même le voyage en brouette d'où il tomba. Si, à ce moment-là, il avait ressenti une vive douleur, avait grimacé et pousser un gémissement mécontent, mais c'est à peine s'il avait pu faire un geste, même ouvrir un œil était au-dessus de ses forces. Peu de choses auraient pu réveiller Du Perche en cet instant de toute manière. S'il avait gardé le sommeil pendant toutes ce temps (minutes ? heures ?) qu'avait duré le sauvetage, vu tous les coups qu'il avait pris, en plus de ceux infligés par la torture, il était bon pour dormir pendant plusieurs jours ! Mais il n'était pas plus mal qu'il ne garde aucun souvenir de cette évasion, les deux acolytes de fortune pourraient se glorifier et inventer ce qu'ils voudraient pour bien se faire voir s'ils le désiraient, l'histoire était libre vu que Guillaume n'en aurait aucun souvenir, si ce n'est celui d'être sorti de ce cauchemar éveillé. Après tout, la méthode importe peu, même si celle-ci implique une camériste intrigante, un abbé travesti et une brouette en bois bien peu maniable. Tout, tout plutôt que de rester dans cet endroit sordide où Portau et son glacial partenaire l'avaient retenu, loin de ces instruments de torture, de ces techniques barbares dont il garderait les traces longtemps encore sur le corps, et plus longtemps encore dans l'esprit !

Mais rien ne le réveilla, du voyage de Meaux jusqu'à Paris, puis Paris jusqu'à Versailles. Le long trajet fut berçant, calme et reposant, tout ce qu'il fallait pour Guillaume en cet instant. Ce n'est qu'à l'arrêt qu'il tenta d'ouvrir un œil, le bercement s'était arrêté, et l'espace d'un instant, l'espion pensa qu'il n'avait fait que rêver de cet instant de délivrance, que tout n'était qu'illusion et qu'il se trouvait encore dans sa cellule, et que les pas qu'il entendit, c'était Portau et le bourreau bis. Mais les voix furent familières encore une fois, on sentait même une pointe d'inquiétude, puis la voix du vieil Arthur se fit entendre, quelques bribes de paroles. Des ordres sans doute car il se sentit happé au dehors, sentant le froid sur son torse nu. Surpris par la température, il ouvrit les yeux, légèrement, et il vit Choisy, l'air inquiet, ce qui sourire légèrement le comte.

Merci ... murmura t'il doucement.

Puis il se sentit porté et ... ce fut le trou noir.

Guillaume ne rouvrit les yeux que bien plus tard, un jour après cette surprenante évasion qui l'avait tiré des enfers pour être ramené sur terre. Il faisait jour, et ce petit soleil hivernal lui fit plisser les yeux, voyant que plusieurs personnes se trouvaient autour de lui : Arthur bien sûr, qui le veillait comme toujours mais aussi un homme âgé, peu identifiable sur le coup, même Guillaume l'avait déjà vu quelque part. Voulant sortir du lit, il se retrouva bien vite dans l'incapacité du moindre mouvement tant toutes les parties de son corps le faisaient souffrir, tiraient et semblaient s'enflammer. L'homme âgé lui posait des choses sur le corps tandis qu'Arthur lui posa un linge humide sur le front.

Je suis ... chez moi ? Vivant ? s'étonna l'espion.
Vivant et chanceux je dirais même, lança le vieil inconnu. Le roi m'a fait venir à l'annonce de votre retour, je serais votre médecin, sur ordre de Sa Majesté. Et ce que je peux vous dire, c'est que le bon dieu veille sur vous.

Antoine Vallot, premier médecin du roi, avait bien raison : il était chanceux, et ne pouvait pas le nier. Il n'aurait pas dû s'en sortir, et malgré son incapacité à bouger, Guillaume était de retour dans ses appartements, il reconnaissait sa chambre, même la vue du jardin du Trianon. Tout ce qu'il pensait ne jamais revoir était à nouveau là, comme par enchantement.

Vous avez été bien amoché, monsieur, vous avez eu à faire à des bouchers, reprit le médecin.
Vous n'avez pas idée ...
Tout ceci sera long à guérir, ménagez-vous, reposez-vous et gardez bien les bandages. Je viendrais vous voir tous les deux jours. Prenez soin de vous, comte.

Vallot posa ses dernières compresses, parla à messe basse avec Arthur et quitta les appartements de l'espion à l'esprit toujours un peu brumeux alors que son fidèle valet vint s'asseoir à ses côtés. Il y eut un long silence entre les deux hommes avant que le valet n'ouvre la bouche.

L'abbé de Choisy t'a envoyé des fleurs et est passé hier pour te veiller. Je n'aurais jamais pensé que ce garçon puisse te sauver un jour ...
Il ... il était seul quand il m'a ramené ?
Oui, pourquoi ? demanda Arthur.
Non, rien. Guillaume se dit qu'il devra parler à Perrine aussi de cette histoire, et la remercier.

Après quelques tentatives, il réussit à s'asseoir en posant délicatement son dos, entièrement recouvert d'épaisses compresses, sur les oreillers. Il commença par se regarder les bras lacérés, les poignets bandés, les bleus un peu partout, son torse couvert de compresses, cachant les entailles au couteau qu'il avait eu. Cela l'horrifiait et le dégoûtait, pendant que son valet tenta de faire de l'humour et prendre les choses avec le sourire.

Vallot disait que tu avais des bleus à de drôles d'endroits, comme si on t'avait cogné ou fait tomber par terre comme un sac à légumes. Je pense que Choisy n'a pas été le plus adroit des sauveurs.

Il ne croyait pas si bien dire ! Mais en cet instant Guillaume n'était plus à quelques cicatrices et bleus près. Il demanda un miroir et quand il vit l'hésitation du valet à le lui donner, Du Perche comprit qu'il ne devait pas être bien beau à voir, mais insista quand même. Il aurait mieux fallu qu'il ne se voit pas ... Le reflet du miroir était abominable : ses deux yeux étaient cerclés de noir, se pommettes violettes traduisaient d'un certain acharnement dans les coups, tout comme le nez tordu et la lèvre fendue, et de multiples petites coupures un peu partout sur son visage tuméfié et bouffi. Un véritable monstre, loin du beau jeune homme à la gueule d'ange. Pourtant pas homme à verser des larmes, il dut retenir les siennes face à cet affreux spectacle qu'il stoppa en posant le miroir  tourné sur ses couvertures. Portau avait réussi non seulement à le diminuer physiquement mais surtout à l'écorcher moralement. Quelque chose s'était brisé en cet instant en du Perche, qui se mit à parler d'un ton dur, intransigeant.

Tu vas fermer les rideaux de ma chambre, et couvrir les miroirs, je ne veux rien voir, je ne veux plus me voir. Et ne plus voir personne.
Mais des gens s'inquiètent et ... il fut coupé d'un ton tranchant.
Je m'en moque ! Personne, tu m'entends, personne ne passera la porte de ma chambre, à part Vallot, et toi. Allez.

Détournant les yeux d'Arthur, Guillaume jeta le miroir à travers la pièce, et finit sa course contre le mur où il se brisa. Finalement, il n'était pas complètement tiré des enfers, une part de lui y était restée : son âme. A partir de ce jour, Guillaume décida de ne vivre que dans sa chambre, seul à ruminer ses pensées. Aucun courrier ne fut ouvert, peu importe de qui il soit, il s'empila sur son bureau. Quant aux visiteurs, ils ne purent passer le seuil de la porte ... enfin, presque, mais ceci est une autre histoire ...


Fin (désolé de l'attente)
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