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 De la mise à jour de quelques poèmes... Ou comment s'attirer des ennuis en voulant bien faire

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MessageSujet: De la mise à jour de quelques poèmes... Ou comment s'attirer des ennuis en voulant bien faire   De la mise à jour de quelques poèmes... Ou comment s'attirer des ennuis en voulant bien faire Icon_minitime25.09.12 13:44

- Mais enfin, faites attention ! S'exclama Racine en levant les yeux de son manuscrit pour foudroyer la servante du regard, furieux d'être dérangé dans la rédaction de sa scène et surtout d'avoir failli faire une crise cardiaque à cause du boucan qui venait de réveiller la moitié de Paris.
- Pardonnez-moi, monsieur, je vais tout remettre en place, répondit la jeune femme, d'un ton piteux.

Elle se tenait debout, armée d'un balai, à côté d'un amoncellement d'objet divers qui avaient failli l'assommer lorsqu'elle avait eu les velléités d'ouvrir l'une des immenses armoires de la chambre du dramaturge et parut se ratatiner devant le maître. De toute façon, Racine ne comprenait pas pourquoi on – enfin Charlotte – lui envoyait toujours des servantes pour faire son ménage lorsqu'il désirait plus que tout être seul et tranquille. Surtout quand elles étaient nouvelles et maladroites. Celle-ci ne ferait pas long feu. Cependant, elle semblait animée d'une volonté de bien faire car elle s'empressa de se pencher pour ranger – avec méthode – dans les placards ce qui avait chuté. Racine s'apprêtait à fixer de nouveau son attention sur ses vers quand un objet particulier gisant sur le sol attira son attention. C'était une petite cassette noire, fermée par une serrure, qu'il n'avait pas revue depuis une éternité. La servante la ramassait avec précaution mais faillit la lâcher de surprise quand Racine s'écria en sautant de son siège :

- Attendez, je veux la voir !

Sans attendre de réponse et faisant fi de ses yeux ronds, il la lui arracha des mains et la considéra avec une certaine émotion. Lorsqu'il était jeune, qu'il était arrivé à Paris sans le sou, tout ce qu'il possédait de précieux, il le conservait à l'intérieur de cette cassette. Puis au fil des années, lorsqu'il était devenu pensionné puis protégé royal, lorsque sa richesse avait augmenté de façon considérable, qu'il avait pris possession de l'hôtel de Bourgogne, il l'avait rangée dans un coin puis oubliée. Il tenta de l'ouvrir mais elle était évidemment cadenassée.

- Il faut que nous retrouvions la clé, lâcha-t-il à la servante qui hocha la tête, encore non habituée à le contrarier, je veux revoir ce qu'il y a à l'intérieur.

Et c'est ainsi que ce duo improbable se mit en quête d'une clé dans le fouillis que représentait la chambre de Racine. La chance était de leur côté car, après quelques dizaines de minutes de recherche, la servante ressortit victorieuse d'une bataille contre un tiroir empli de papiers divers et brandit l'objet désiré. Racine ne put s'empêcher de sauter de joie et de serrer la jeune femme dans ses bras dans un élan d'enthousiasme, laquelle, sonnée, recula de quelques pas quand il la lâcha enfin. De toute façon, il ne s'intéressait déjà plus à elle et entreprenait d'ouvrir le coffret comme s'il allait découvrir un fabuleux trésor. La cassette ne comportait que des papiers couverts d'écritures de personnes bien différentes. Il y avait là quelques lettres de l'abbé Le Vasseur qui lui donnait des nouvelles de Port-Royal, les tractations de son oncle Sconin pour lui faire attribuer un bénéfice à Uzès, entreprise soldée par un échec et surtout, au fond de la cassette...

- Les poèmes..., souffla Racine, ému malgré lui.

Les feuillets étaient couverts de vers rédigés d'une belle plume assurée et droite. C'était son écriture. Ses poèmes. Malgré les années qui s'étaient écoulées, le dramaturge sentit ses yeux se remplir de larmes qu'il chassa bien vite. Ces poèmes représentaient bien plus pour lui que tout ce qu'il avait vécu avec elle. Bien peu de choses en vérité car son époux puis la mort avait arraché la jeune femme à lui. Il l'avait pourtant passionnément aimée mais elle n'en avait jamais rien su. Cela aurait-il changé quelques chose ? Sans doute aurait-elle pris ses distances et n'aurait-il pas récupéré ces trésors quelques temps avant son décès. Il les lut rapidement, reconnaissant ça et là les expressions de la jeune femme même si les thèmes choisis étaient tristes et mélancoliques. Lui, il l'avait connue joyeuse, pleine de vie et d'entrain. Mais ils étaient néanmoins des parts d'elle. Elle les lui avait confié en lui recommandant le nom d'un éditeur mais il n'avait jamais réussi à le retrouver. Et à l'époque, il n'était pas assez reconnu et riche pour les faire publier lui-même. Et il fallait bien avouer qu'il avait désiré garder les textes pour lui. S'ils avaient fini par lui sortir de la mémoire, elle, elle y était toujours resté comme une de ces étoiles qui marque l'existence et transforme les destinées. Aujourd'hui, il pouvait lui rendre hommage et accomplir enfin les désirs qu'elle avait exprimés au moment de rejoindre le paradis.


C'est ainsi que quelques semaines plus tard paraissait un poème dans une gazette parisienne à la mode. Racine avait mis un point d'honneur à ce qu'il soit publié sous le nom de cette jeune femme tant chérie.

Perce-moi l'estomac d'une amoureuse flèche,
Brûle tous mes désirs d'un feu étincelant,
Élève mon esprit d'un désir excellent,
Foudroie de ton bras l'obstacle qui l'empêche.

Si le divin brandon de ta flamme me sèche,
Fais sourdre de mes yeux un fleuve ruisselant :
Qu'au plus profond du coeur je porte recélant,
Des traits de ton amour la gracieuse brèche.

Puisque tu n'es qu'amour, ô douce charité,
Puisque pour trop aimer tu nous as mérité
Tant de biens infinis et d'admirables grâces,

Je te veux supplier par ce puissant effort
De l'amour infini qui t'a causé la mort,
Qu'en tes rêts amoureux mon âme tu enlaces.


Ophélie de Froulay


Les ennuis pouvaient commencer.


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