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 On creuse, on creuse, et parfois... [RP UNIQUE]

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MessageSujet: On creuse, on creuse, et parfois... [RP UNIQUE]   On creuse, on creuse, et parfois... [RP UNIQUE] Icon_minitime24.07.12 21:33

Adossé au mur de pierre qui constituait l’un des deux bords de la rue du Nord, Ferdinand avait une vue imprenable sur le carrefour en face duquel trônait fièrement le fameux Hôtel de Bourgogne. Les mains enfoncée dans les poches, il avait l’air de n’importe quel petit noble qui passerait par-là à toute heure de la journée et ne se distinguait guère des autres badauds présents à cette heure avancée de la journée. Le soleil commençait à décliner sur Paris et l’air se refroidissait ostensiblement. L’on disait même qu’il neigerait d’ici ce soir. Si cette perspective n’avait pas l’air de réjouir les quelques gardes qui patrouillaient dans le secteur sur son ordre, le baron lui, n’en avait que faire. Il était si concentré sur sa mission qu’il en oubliait sa frilosité habituelle, et probablement l’adrénaline provoquée par la connaissance de la suite des évènements l’aidait-il beaucoup à faire fi de ses origines du sud qui l’auraient sûrement poussé à rester bien au chaud chez lui. Mais bah ! Quand on veut aider un vieil ami et servir son bon roi, il n’y a pas de temps assez mauvais pour l’empêcher, n’est-ce pas ? Il esquissa un sourire en voyant Racine justement sortir de l’hôtel sans le remarquer et s’éloigner, probablement vers la taverne la plus proche. Ensuite, il vit plusieurs comédiens quitter les lieux, Blandine en faisant d’ailleurs partie il se rencogna derrière son mur et attendit patiemment qu’elle ait disparu avec ses camarades. Quitte à mener une opération délicate dans le coin, autant ne pas se faire remarquer de certaines personnes.
Quelques instants s’écoulèrent ainsi, et pendant qu’il guettait la sortie de sa cible, un autre homme correctement vêtu, appartenant sûrement à la petite noblesse comme lui mais plus âgé et mieux bâti, s’approcha de lui et lui adressa la parole en gardant les yeux rivés sur le bâtiment que Ferdinand surveillait depuis bientôt deux heures.

« Toujours rien ? »
« Toujours rien. Elle ne devrait plus tarder, apparemment c’est toujours la dernière à sortir. » répondit Ferdinand en serrant la main du nouveau venu, l’un des chefs de la garde dont le fou avait requis l’aide pour cette opération délicate. Les hommes qui patrouillaient sur la place l’air de rien étaient à lui, et dès que leur proie sortirait de l’hôtel, ils n’auraient plus qu’à la cueillir tranquillement et l’amener au poste qui se trouvait à peine à deux rues d’ici. Une simple interpellation en somme, mais mieux valait pour les personnes impliquées que tout ceci reste discret. Et pour la jeune femme, et pour Racine.
« Vous êtes sûr qu’elle a les informations que vous recherchez, baron ? » demanda le chef de la patrouille.
« Je ne suis jamais sûr de rien, hélas. Mais les probabilités sont élevées. Il y a trop de pistes qui mènent à elle. Elle a très bien pu avoir accès à la pièce et la modifier à sa guise, ou bien aider quelqu’un à le faire. Après tout, elle ne porte pas ce cher Racine dans son cœur… »
« Si vous le dites baron, je ne demande qu’à vous croire. Tenez, la voilà d’ailleurs. »

Ferdinand suivit le regard du garde et aperçut en effet une fille qui devait approcher les vingt-cinq ans, aux cheveux blonds filasse, la mine boudeuse et chafouine et le regard méprisant. La suspecte idéale. Elle regarda à droite, à gauche, avant de traverser le carrefour. Elle était à mi-chemin lorsque, d’un geste de la main, Ferdinand signala le coup d’envoi. Le garde en civil sortit de sa cachette, aussitôt reconnu par ses hommes qui convergèrent vers la couturière et l’entourèrent bientôt sans qu’elle n’ait plus aucune issue. Aussi perplexe que méfiante, elle les toisa d’un regard noir avant que le chef ne s’avance. Ferdinand, pour l’instant, restait en retrait.

« Mademoiselle. Suivez-nous, et un bon conseil, ne faites pas d’esclandre, sinon vous pourriez le regretter plus tôt que vous ne le pensez. » ordonna le garde en faisant signe à ses hommes de s’emparer d’elle.
« Quoi ? Mais j’ai rien fait ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » s’exclama-t-elle, indignée.
« Vous êtes accusée de crime de lèse-majesté et outrage envers sa Majesté la reine. Suivez-nous sans protester, et vous aurez peut-être une chance d’échapper à l’échafaud. »

Le sang déserta complètement le visage de la jeune femme. Toujours en retrait, Ferdinand ne perdait pas la moindre miette du spectacle, scrutant son visage en essayant de déceler la moindre faille d’un possible masque. Soit cette fille était réellement surprise et était bel et bien innocente, soit elle avait été utilisée à son insu, soit c’était une excellente menteuse. Une énigme que le comédien chevronné qu’il était aurait grand plaisir à résoudre. Pour un peu, il regretterait presque l’absence de Courtenvaux. C’était exactement le genre de devinette qu’il affectionnait et qu’ils aimaient résoudre en même temps par des moyens différents. On ne pouvait pas cacher grand-chose à Benoît, mais il était difficile de tromper un acteur endurci comme d’Anglerays. C’est qu’il avait ça dans le sang, le gascon !
La couturière arrêta de se débattre, comprenant dans quelle situation terrible elle se trouvait, et se laissa traîner jusqu’au repère des gardes qui l’installèrent dans une cellule où, très vite, Ferdinand et son acolyte vinrent la rejoindre. Elle jeta sur eux un regard à la fois effrayé et méfiant.

« J’sais pas ce que vous m’voulez, mais je vous assure que c’est pas moi ! J’lui ai rien fait à la reine moi d’abord ! »
« Ca c’est à nous de décider, la ribaude. » lança Ferdinand d’une voix aussi insolente que cassante. « Dis-nous d’abord comment tu t’appelles et ce que tu fais à l’hôtel de Bourgogne. »
« J’m’appelle Suzon, m’sieur, et j’suis ménagère. A l’occasion je fais aussi des travaux de couture, mais pensez-vous, c’est pas pour ça qu’ils me payent plus hein… »
« Ta position te convient ? »
« Y a mieux mais y a pire… »

Ferdinand darda sur elle un regard acéré qui la fit rétrécir un peu.

« Crois moi Suzon, vaut mieux que tu nous dises la vérité si tu veux pas passer dans la pièce d’à côté. On sait que tu l’aimes pas, ton patron. Tout ce qu’on veut savoir, c’est à quel point et pourquoi. Il a fait quelque chose qu’il fallait pas ? »
« Ah, c’est l’patron qui a des ennuis alors ? » soupira-t-elle de soulagement. « Fallait l’dire plus tôt. Evidemment qu’il a fait un truc qu’il fallait pas, il a toujours des ennuis çui-là de toute manière. En plus c’est un mauvais patron, il râle tout le temps, il passe sa vie à la taverne ou avec une poule dans les bras, il en fout pas une et quand il fout quelque chose c’est bon pour la fosse à purin, alors… »

Ferdinand dut faire un rude effort sur lui-même pour ne pas éclater de rire devant ce portrait bien peu flatteur de son ami, mais n’en laissa rien paraître. Après tout, il n’était pas obligé de lui raconter cette partie-là de l’entretien, lorsqu’il irait l’informer des avancées de son enquête. Le pauvre avait reçu assez de briques sur la tête depuis l’anniversaire du roi, inutile d’en rajouter avec les avis tranchants d’une couturière en furie.

« Eh ben figure-toi que ton patron en a remis une couche. Il a écrit un vers contre la reine qui a été lu à voix haute à l’anniversaire du roi devant toute la cour… Sa Majesté est furieuse contre lui, je dirais même que sa tête n’est pas loin du couperet. »
« Pas vrai ? Ha, bien fait pour lui ! » s’exclama-t-elle d’une voix triomphante avec une lueur mauvaise dans le regard. « Qu’ils lui coupent la tête, ça f’ra de la vermine en moins dans c’te ville tiens ! »
« Je n’en jurerais pas, ma jolie. Et tu sais pourquoi ? Parce que c’est pas Racine qui a écrit ça. »
« Hein ? »
« C’est pas lui qui a écrit ce vers. On le sait, on a des preuves. » mentit-il effrontément. « C’est quelqu’un d’autre, quelqu’un qui a accès à ses manuscrits, donc à sa chambre, donc quelqu’un qui vit ou travaille à l’hôtel de Bourgogne. Et quelqu’un qui doit avoir une sacrée dent contre lui. Tu vois où je veux en venir ? »

Elle comprenait, au vu de son visage qui venait littéralement de se décomposer et de passer à une pâleur mortelle. Elle avait tout de la coupable idéale. Et pourtant, Ferdinand n’y croyait pas une seconde. Cette fille était trop bête pour si bien combiner son coup, et elle était sûrement incapable d’écrire la moindre rime en imitant l’écriture de son maître. On en revenait donc à l’hypothèse numéro deux : elle avait servi de pion sur un échiquier. La question était de savoir qui tirait les ficelles.

« C’est toi qui as écrit ça, la ribaude ? »
« Mais non ! J’vous jure m’sieur, c’est pas moi ! » balbutia-t-elle au bord de la crise d’angoisse.
« Eh, qui d’autre alors ? Y a personne dans la troupe qui déteste Racine autant que toi et qui a accès aussi facilement à ses documents. Ceux qui auraient pu le faire n’y avaient aucun intérêt. Reste plus que toi, ma grande. »
« Mais puisque je vous dis que j’y suis pour rien ! »
« Alors quoi ? T’as fait rentrer quelqu’un ? T’as aidé quelqu’un d’autre à modifier la pièce ? »

Elle allait de nouveau pousser une exclamation d’indignation, quand elle s’interrompit net, une lueur dans le regarde. Ferdinand comprit aussitôt qu’ils venaient de mettre le doigt sur quelque chose.

« Je crois… Mais c’est pas logique, pourquoi elle aurait fait ça ? »
« De qui tu parles ? »
« Une dame qui est venue l’avant-veille de la représentation. Une mécène, qu’elle a dit. D’ailleurs elle était pas contente de voir que son argent servait à payer les tavernes du patron… »
« Une mécène ? Qu’est-ce qu’elle voulait ? A quoi ressemblait-elle ? »
« Bof, j’sais plus trop… Une jolie dame, très brune, avec la peau foncée, une hispanique ou une italienne, pour sûr. Elle avait un accent en plus. Une sacrée belle plante, mais il les a toutes, c’est un baratineur. Elle voulait voir le théâtre, et comme j’lui ai dit que la dernière pièce du patron était nulle, elle a voulu lire. Ah, et elle avait un bandage à la main droite aussi.»
« Et tu lui as montrée ? »
« Bah bien sûr, j’allais pas dire non à la banque… »
« Et tu l’as vue modifier quelque chose ? »
« Non, rien du tout, elle a juste lu… »
« réfléchis bien, il en va de ta tête.Tu l’as laissée toute seule à un moment ? »

Suzon prit le temps de la réflexion, sûrement motivée par la menace de voir sa tête rouler à ses pieds, avant d’opiner lentement du chef.

« Y m’semble que je suis sortie cinq minutes, mais pas plus… Ensuite elle est partie et j’ai rangé le papier, et voilà… »

Quelques dizaines de minute plus tard, après quelques dernières vérifications et questions, on laissa repartir la malheureuse couturière qui aurait bien des choses à raconter à ses sœurs ce soir. Ferdinand quant à lui resta assis seul dans la cellule encore quelques instants, le temps de rassembler ses idées. Une femme d’assez belle allure pour se faire passer pour une mécène, typée espagnole avec un accent étranger, portant un bandage à la main droite, donc une cicatrice si elle l’enlevait d’ici-là… Qui donc pouvait être cette femme ? Il ne connaissait personne correspondant à ce portrait dans l’entourage directe de Racine mais… Pourtant il évoquait en lui des échos qui ne lui étaient pas inconnus. Il avait du croiser une femme comme ça quelque part… Mais où ? Et surtout, qui était-elle ? Et si elle n’était pas de l’entourage de Racine, pourquoi s’en prendre à lui ?

La solution lui apparut aussitôt. Son regard s’éclaira alors qu’il se rejetait en arrière sur sa chaise. Si Racine n’avait été qu’un pion lui aussi ? Et si la véritable cible avait été celle du vers, à savoir la reine en personne ?
Si tel était bien le cas, la situation changeait du tout au tout. Bien sûr, il n’était encore sûr de rien et devait interroger Racine sur cette hispanique mais c’était une possibilité non-négligeable… Qui lui paraissait terriblement tentante. Il bondit sur ses pieds et remonta dans la salle principale, où il écrivit un mot qu’il fit envoyer à Racine : « Notre affaire avance. J’ai bon espoir, ne perdez pas le vôtre et allez boire un verre à ma santé ! P.S : faites attention au choix de vos couturières à l’avenir. Signé : d’Anglerays. »

Une fois ceci fait, il sortit dans la rue, les mains dans les poches et l’air content du monsieur qui a bien fait son travail. Il esquissa un entrechat en s’éloignant, prêt à retourner fustiger quelques têtes au palais. Il ignorait qu’au même moment, il était observé, et que l’affaire prendrait bientôt une toute nouvelle tournure pour le moins inattendue…

A suivre....

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