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 De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina

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MessageSujet: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime18.06.12 13:39

Ecartant les rideaux de la fenêtre, Christian l’ouvrit tout en grand et posa ses deux mains sur le rebord de pierre avant d’inspirer profondément l’air frais de cette soirée de décembre. Le soleil n’était pas encore couché, mais déclinait lentement sur Versailles, teintant les toits d’une douce couleur rougeoyante et faisait scintiller, au loin, les dorures du palais qu’il pouvait apercevoir depuis sa chambre. Se désintéressant du contrebas où circulaient cavaliers et carrosses, il se pencha un peu plus par la fenêtre et se tordit le cou pour tenter d’apercevoir le ciel. N’y parvenant guère, il s’assit sur le rebord, jambes vers l’intérieur, tête vers l’extérieur, et en s’accrochant aux rebords bascula en arrière, de sorte que la moitié de son corps se trouvait suspendue au-dessus du vide. Fronçant les sourcils, il scruta les nuages, essayant de voir à travers eux, quand soudain un cri retentit dans la pièce.

« Holy Mary ! Mais que faites-vous monsieur le duc ? Vous allez vous tuer ! »

Haussant les sourcils de surprise, Christian tira sur ses bras pour se redresser légèrement, et en reconnaissant sa bien-aimée gouvernante Mrs McKenna il lâcha d’une main la fenêtre pour la saluer d’un geste avec un grand sourire… Ce qui n’arrangea pas les choses pour le cœur de la pauvre femme, puisque son maître ne tenait plus au-dessus du vide que par une main !

« Monsieur le duc, pour l’amour du Ciel cessez donc de faire le singe ! » s’exclama-t-elle en ouvrant de grands yeux.
« Mais je ne fais pas le singe, j’essaye de voir si la lune est déjà levée et à quoi elle ressemble aujourd’hui. » objecta-t-il, sincèrement étonné de se voir traité de singe.
« Et vous ne pouvez pas attendre que la nuit soit complètement tombée ! »
« Non, sinon il sera trop tard pour envoyer mon message, j’ai peur qu’elle ne soit déjà couchée. »
« Elle ? »

Mais impossible d’obtenir quoi que ce soit de plus de cet inconscient de duc, qui était déjà retourné à ses acrobaties, cette fois en montant debout sur le rebord de la fenêtre et se laissant tomber vers l’extérieur, se retenant avec son bras, à l’image d’un pirate sur le cordage du grand mât de son navire, guettant l’horizon à la recherche de bateaux à piller. Sauf qu’en fait d’horizon, c’est plutôt en l’air qu’il regardait. Catherine McKenna comprit qu’elle n’en tirerait rien de bon et renonça à inculquer un tant soit peu de bon sens à cette tête de pioche de duc de Sudermanie. Il était incorrigible ! Et elle ne se retint pas pour le marmonner en sortant de la pièce. Elle ne put pas le voir, mais un sourire étira les lèvres de Christian. Pauvre Mrs McKenna, il lui en faisait vraiment voir de toutes les couleurs… Bah, il lui ramènerait des fleurs le lendemain, et elle ne résisterait ni à l’attention, ni au sourire contagieux qu’il lui dédierait. Il rit en silence à cette vision, et descendit agilement de son perchoir pour se retrouver de nouveau en sécurité sur le plancher des vaches. Il alla aussitôt à son bureau et s’empara d’une feuille et d’une plume avant de griffonner :

« Mademoiselle d’Argouges, le temps est idéal pour tester notre petite expérience, et la lune sera pleine ce soir. Je pense que nous ne trouverons pas de meilleur moment. Rendez-vous à huit heures au bord du Grand Canal ! Bien à vous, Christian de Sudermanie. »

Sans prendre le temps de se relire, il cacheta la lettre et sortit dans le couloir pour attraper un domestique au passage et lui enjoindre de porter immédiatement cette lettre à mademoiselle Aline d’Argouges. Une fois le garçon parti pour accomplir sa tâche, Christian resta pensif quelques secondes, se frottant les mains comme quelqu’un qui est bien content de voir que ses plans se déroulent comme il le faut. Il jeta un œil à la pendule, qui indiquait six heures pile. Il lui restait donc deux bonnes heures avant de se rendre au point de rendez-vous fixé. Impeccable. Une lueur de contentement passa dans ses yeux bleus, et il s’en alla vers la bibliothèque où il savait que son fils était occupé à lire, les mains dans le dos et en sifflotant un air de Lully qu’il avait entendu quelques jours plus tôt lors d’un concert. La nuit s’annonçait très intéressante.

Un peu plus d’une heure plus tard, Christian sortait de son hôtel particulier et montait sur son cheval aussi blanc que celui du prince charmant qu’il n’était pas. Il fit claquer sa langue contre ses dents, et l’animal s’élança aussitôt à travers les rues de Versailles en direction du château. Il était impatient d’arriver, voilà plusieurs semaines qu’il discutait de cette « expérience » avec la jeune Aline d’Argouges, et elle avait enfin marqué son accord –un peu à contrecœur il est vrai- quelques jours plus tôt. Depuis, il avait guetté LE soir auquel toutes les conditions seraient réunies, et il espérait simplement que la jeune fille n’avait pas changé d’avis entre temps. Guérir Aline de sa phobie de l’eau était un défi à la hauteur de son excentricité et de sa curiosité scientifique ! Il s’était penché sur le problème presqu’aussitôt après l’avoir rencontré, et il lui était venu à l’esprit que la disposition stellaire pouvait peut-être agir sur les esprits et sur le corps de la même manière qu’elle agissait sur les marées. Alors pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Il estimait qu’il y avait de bonnes chances pour qu’elle parvienne à vaincre sa phobie en étant favorisée par les étoiles et la pleine Lune, qui pouvait avoir des effets apaisants. C’était ce soir ou jamais, et c’était le cœur léger et confiant qu’il galopait désormais non loin du palais. En arrivant devant les grilles, il sauta à terre et laissa sa monture à un écuyer, puis s’éloigna à grands pas vers les jardins qui le conduiraient directement au grand Canal.
Lorsqu’il arriva au point de rendez-vous fixé, il sortit sa montre et constata qu’il avait quelques minutes d’avance. Satisfait, il regarda autour de lui, appréciant le calme apaisant des bords du canal déserts. On n’entendait même pas le bruit de l’eau, plate et immobile, juste le silence et quelques bruits d’animaux furtifs et des oiseaux de nuit qui s’éveillaient. Christian s’assit en tailleur sur l’herbe pour attendre Aline, et plongea sa main dans l’eau pour en tester la température. Elle n’était pas chaude certes, mais pas plus froide que le lac Mälaren où il avait l’habitude de nager en Suède… Il retira sa main, recueillant un peu d’eau en son creux, qu’il laissa couler goutte à goutte sur l’herbe verte. Ce rituel terminé, un sourire énigmatique se dessina sur son visage, et il ferma les yeux, complètement absorbé dans cette atmosphère tranquille faite d’une bise fraîche sur ses joues, du contact de l’herbe douce sous ses mains, et du bruissement des feuilles d’arbre. Il s’oubliait dans ce calme absolu.

Lorsque le bruit de pas dans l’herbe lui parvint, il rouvrit les yeux et tourna la tête pour voir arriver son « invitée » du jour. Il l’accueillit avec un grand sourire et se releva lestement avant de déclarer :

« Bienvenue sur les bords du Grand Canal pour cette conférence nocturne sur les effets de la Lune et des étoiles sur l’esprit et le corps ! Ma chère Aline, je vois à votre visage que vous êtes très perplexe, et même dubitative, mais je vous assure que j’ai confiance en cette petite expérience. Je sens que cela va se révéler très intéressant. »

Il balaya l’étendue d’eau du regard avant de revenir à elle, enchaînant ses explications avec enthousiasme.

« Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit l’autre fois ? Il est prouvé –ou presque du moins- que la pleine Lune a un effet sur le corps humain, qu’il s’agisse de nous empêcher de dormir, de faciliter la fécondité des femmes, ou un accouchement, bref… Alors pourquoi pas sur les phobies ? Quelle que soit la raison physique à tout cela, il est évident que d’une manière ou d’une autre, la pleine lune stimule notre corps, d’où de fréquentes insomnies par exemple ou un enfantement plus aisé. L’esprit et le corps sont indissociables, c’est une évidence. Alors si la lune stimule le corps, pourquoi pas l’esprit ? »

Laissant à Aline le temps de méditer sur ces paroles (c’est-à-dire une seconde trois-quarts) il conclut avec un sourire ravi :

« Je suis donc sûr que nous avons de bonnes chances pour que ce soir, cette nuit, à la lumière de notre bonne amie la peine Lune, votre corps et votre esprit supportent le contact de l’eau et surpassent la peur qu’elle vous inspire. Le tout, c’est de savoir si vous, vous faites confiance à la Lune, et si vous me faites confiance à moi. »
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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime18.06.12 20:16

Le carrosse se stoppa dans la cour avec un crissement, les joues rosies par le vent, Alaina en descendis promptement, sans attendre l’aide de Jacques. Otant sa pelisse et son manchon, qu’elle abandonna dans le vestibule, elle pénétra sans autre forme de cérémonie dans la cuisine où Marie et Jeanne préparait le repas du soir.
-Votre après-midi s’est bien passé, Mademoiselle ? Questionna la gouvernante.
-Il était long et ennuyeux. Madame De Champiers s’obstine à m’inviter pour m’entendre chanter mais elle ne me demande que des airs datant du siècle dernier et comme en plus elle est de plus en plus sourde, elle finit inévitablement par me raconter sa vie. Celle-ci n’est pas dénuée d’intérêt, mais comme elle raconte invariablement les mêmes histoires, c’est un peu lassant.
Cette familiarité aurait pu étonner, voir choquer, plus d’un courtisan, mais Alaina s’en moquait. Cette maison était devenue son foyer depuis qu’elle avait émigrée et depuis que le marquis vivait paisiblement ses vieux jours dans son château breton, la famille de domestique était ce qui ressemblait le plus à une famille à ses yeux. D’autant plus que Marie étant au service du Marquis depuis de très nombreuses années, elle n’ignorait rien de ses activités et par extension, de celle de sa filleule. Aussi c’est sur un ton où toute forme d’ordre avait été gommée qu’elle s’adressa à Jeanne.
-Pourrais-tu me faire couler un bain, s’il te plait ?
La jeune fille s’éclipsa et Alaina passa au salon où un bon feu chassait la fraîcheur du soir de ce mois de décembre. Attrapant un tisonnier, elle brassa quelques braises offrant son visage à la chaleur. Son esprit s’envola bien haut et bien loin, comme à chaque fois qu’elle contemplait des flammes, comme hypnotisé. Avec ironie, elle se demandait parfois si apprécierait autant le feu si elle ne craignait autant l’eau. Un bruit dans la cour la tira de sa rêverie. Elle fronça les sourcils en consultant l’horloge au dessus de la cheminé, bien qu’il ne soit guère étonnant qu’un coursier arrive à des heures indues, eu égard aux activités de la maîtresse des lieux. Jacques la rejoignit dans le salon.
-Un pli pour vous Mademoiselle, de Monsieur de Sudermanie.
A l’évocation de ce nom, Alaina comprit immédiatement la teneur de la missive et son visage se figea. Non pas qu’elle n’apprécia pas son auteur, bien au contraire. Christian avait cette petite pointe de folie délicieuse qui transformait chaque conversation en une aventure. C’était en outre une des personnes les plus aimables qu’elle connaisse. Non, si elle n’était guère enchanté par cette lettre, c’est parce qu’elle faisait écho à un de leurs échanges remontant à quelques jours. Après moultes tentatives, il avait fini par lui arracher son consentement pour tenter une des fameuses expériences de Christian, sur sa propre personne. Dès leur rencontre, il avait été renseigné sur sa phobie puisqu’il avait assisté à l’une de ses humiliations. Cependant, persuadé que la lune et les étoiles influaient sur les humains, il était aussi persuadé de pouvoir la guérir. Et autant écouter Christian théorisé pouvait être passionnant, autant être l’un de ses cobayes lui plaisait moins. Mais il avait tellement insisté qu’elle avait craint de le froisser et finit par céder.
Elle ouvrit néanmoins le pli, espérant tout de même découvrir une invitation à dîner.

« Mademoiselle d’Argouges, le temps est idéal pour tester notre petite expérience, et la lune sera pleine ce soir. Je pense que nous ne trouverons pas de meilleur moment. Rendez-vous à huit heures au bord du Grand Canal ! Bien à vous, Christian de Sudermanie. »

-Jeanne, appela-t-elle. Il n’y aura pas de bain pour moi ce soir. Marie, pourrais-tu me préparer une légère collation ? Je vais changer de tenu et ressortir. Jacques, j’espère que tu n’as pas dételé la voiture.
Après avoir relancé toute sa maisonnée, elle monta effectivement enfiler une robe en lainage chaud moins seyante que sa robe en soie mordoré mais plus confortable pour ce qu’elle s’apprêtait à faire.
Sur le chemin menant au grand canal, elle put observer à loisir la ronde lune qui semblait l’observer également. D’après Christian, c’est quand elle est pleine que ses pouvoirs sont les plus forts et peuvent avoir le plus d’influence sur la destiné des humains. Intérieurement elle chercha à se souvenir. Y-avait-t-il une lune pleine le soir où son père était mort ? Et le soir où elle avait fuit l’Irlande ?
Sentant la nostalgie la gagner, elle chassa ses pensées, se remémorant qu’elle avait servit à Christian une histoire à propos d’une prétendue noyade lorsqu’elle était petite. Elle n’aimait pas mentir ainsi à celui qu’elle commençait à considérer comme un ami mais elle préférait agir pour sa sécurité. Deux personnes uniquement étaient au courant et cela faisait déjà beaucoup. Peut-être, plus tard, pourrait-elle lui expliquer.
Jacques arrêta le carrosse à quelques distances du lieu de rendez-vous et elle finit le trajet à pied. Elle marchait lentement, comme pour retarder ce qui allait arriver. Contrairement à Christian, elle ne pensait pas pouvoir être guérit et les minutes qui allait suivre ferait probablement ressurgir encore une fois cette nuit terrible. C’est en arrivant sur les bords du canal qu’elle se rendit compte qu’elle était essoufflée, non pas parce qu’elle marchait trop vite mais parce qu’elle retenait son souffle. Son corps était tendu et son visage reflétait surement son anxiété. Le suédois était déjà là et semblait perdu dans ses pensées, les yeux fermés.
-Bonsoir Christian, dit-elle d’une voix douce pour ne pas le surprendre.
Celui-ci tourna vers elle un visage souriant, semblant sincèrement heureux de la voir.
-Bienvenue sur les bords du Grand Canal pour cette conférence nocturne sur les effets de la Lune et des étoiles sur l’esprit et le corps ! Ma chère Aline, je vois à votre visage que vous êtes très perplexe, et même dubitative, mais je vous assure que j’ai confiance en cette petite expérience. Je sens que cela va se révéler très intéressant.
La jeune fille ne put s’empêcher d’avoir un sourire triste.
-J’ai peur que vous fondiez un peu trop d’espoir en moi, mon cher Christian. Il me semble bien souffrir d’un mal incurable et n’être pour vous qu’un piètre sujet.
-Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit l’autre fois ? Il est prouvé –ou presque du moins- que la pleine Lune a un effet sur le corps humain, qu’il s’agisse de nous empêcher de dormir, de faciliter la fécondité des femmes, ou un accouchement, bref… Alors pourquoi pas sur les phobies ? Quelle que soit la raison physique à tout cela, il est évident que d’une manière ou d’une autre, la pleine lune stimule notre corps, d’où de fréquentes insomnies par exemple ou un enfantement plus aisé. L’esprit et le corps sont indissociables, c’est une évidence. Alors si la lune stimule le corps, pourquoi pas l’esprit ?
Alaina haussa les épaules sans dire un mot, la présence de cette étendue sombre la rendait nerveuse.
-Je suis donc sûr que nous avons de bonnes chances pour que ce soir, cette nuit, à la lumière de notre bonne amie la peine Lune, votre corps et votre esprit supportent le contact de l’eau et surpassent la peur qu’elle vous inspire. Le tout, c’est de savoir si vous, vous faites confiance à la Lune, et si vous me faites confiance à moi.
Le ton était faussement léger, Christian attendant qu'elle réponde sincèrement. Elle était sur que si elle répondait non, il ne la forcerait pas, mais qu'il serait déçu. Elle plongea son regard dans les prunelles bleues de son compagnon. Son regard ne pouvait être plus franc et inspirait confiance indubitablement. Mais il y avait cette peur sourde qui lui vrillait les entrailles et cette petite voix qui l’encourageait à courir très loin.
-Je ne sais guère si je fais confiance à lune, quoique j’ai pris son apparence il y a peu à l’occasion d’un bal, je ne sais si je dois y voir un signe. Quant à vous faire confiance, Christian, mon instinct me souffle que vous êtes une personne sincère, j’en ai eu la preuve dès notre rencontre car je n’oublierais jamais la gentillesse et la prévenance dont vous avez fait preuve à mon égard. C’est en moi que je n’ai guère confiance. Dès que je ne fais même que m’approcher de l’eau, la panique me prend. Ce que vous prenez pour de l’incrédulité n’est en fait que de l’appréhension. Néanmoins je vous avais promis de venir, donc me voici. Je suis votre chose pour la soirée cher Monsieur. En tout bien tout honneur cela va de soi, ajouta-t-elle dans une tentative désespérée de détendre l’atmosphère.
Le vent se leva soulevant sa jupe, balayant l’herbant, ondulant l’eau. Tout était très calme autour d’eux et elle se sentit presque un peu apaisé. Au moins, il n’y aurait personne pour assister à sa crise de panique ce soir.
-Alors, comment procédons nous ? demanda-t-elle, en se forçant à regarder son ennemie. Voulez-vous que je m’immerge ?
Raide elle fit quelques pas, afin de s’approcher du bord.
-Est-elle froide ? S’enquit-elle en frissonnant, sans savoir si c’était réellement la perspective de la température qui faisait courir un frisson le long de sa nuque.
Christian l’accompagna jusqu’au bord, continuant de lui exposer ce qu’il avait prévu. Il semblait vouloir lui faire comprendre quelque chose, mais sans savoir réellement comme s’y prendre. Il finit par exposer ce qu’il attendait d’elle.
-Vous voulez que je me déshabille ? S’exclama-t-elle. Complètement ?
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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime27.07.12 15:38

Spoiler:



Pour faire confiance à quelqu’un comme Christian, il fallait répondre à deux critères : il fallait soit être aussi cinglé que lui (sans forcément le savoir), soit être complètement désespéré. Il existait une troisième option : on pouvait aussi lui faire confiance parce qu’on était capable de se laisser abandonner à son aura imprécise, mais rassurante. Les gens qui appartenaient à cette dernière catégorie se comptaient sur les doigts de la main. Voire même à une seule personne : Lisbeth, son épouse décédée. A laquelle de ces catégories Aline d’Argouges appartenait-elle ? Peut-être était-il trop tôt pour le dire, mais le fait était là : elle lui faisait assez confiance pour se rendre au bord du Grand Canal à une heure que certains qualifieraient d’indécente pour se soumettre à des expériences dont elle ignorait encore la teneur. Folle ou désespérée donc. Pas autant que lui cependant. Car il fallait bien avoir un grain de folie pour donner rendez-vous en pleine nuit à une jeune femme dans le dessein de lui faire prendre un bain dans l’eau froide du Grand Canal. Surtout en invoquant une théorie aussi alambiquée que la sienne. Mais diable, il était scientifique, non ? Un scientifique en avance sur son temps, voilà tout… Du moins était-ce ce qu’il se plaisait à penser sans y croire réellement. Il était tellement amusant de voir les yeux exorbités de ses interlocuteurs lorsqu’il invoquait cette excuse pour expliquer ses excentricités ! Les grands génies étaient toujours incompris, non ?
Enfin, Aline était venue, là était l’essentiel, qu’elle le prenne pour un fou ou non. Après tout, si elle l’avait cru dangereux, elle ne serait pas venue, n’est-ce pas ? Même si elle n’avait absolument pas l’air à l’aise, mais ça, c’était son job à lui de l’aider à se détendre en vue de l’épreuve qui l’attendait.

-Je ne sais guère si je fais confiance à lune, quoique j’ai pris son apparence il y a peu à l’occasion d’un bal, je ne sais si je dois y voir un signe. Quant à vous faire confiance, Christian, mon instinct me souffle que vous êtes une personne sincère, j’en ai eu la preuve dès notre rencontre car je n’oublierais jamais la gentillesse et la prévenance dont vous avez fait preuve à mon égard.

Christian esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir. Il est vrai que les précieuses de Versailles étaient rarement tendres entre elles et qu’Aline avait fini à l’eau grâce à deux d’entre elles. A l’époque, il avait déjà eu l’occasion précédemment de voir à quel point la jeune femme avait peur de l’eau, et ces deux expériences combinées avaient achevé de le convaincre qu’il devait faire quelque chose pour l’aider. Mais il ne pensait pas avoir réussi à réellement gagner sa confiance, du moins jusqu’à aujourd’hui. Après tout, c’était surtout lui qui était chaque fois revenu sur le sujet, et à plus d’une occasion il avait eu l’impression de l’importuner, lui qui ne cherchait qu’à venir en aide à une nouvelle amie qu’il estimait sincèrement. Entendre de sa bouche que cette confiance en quelque sorte était réciproque lui faisait infiniment plaisir, et redoubla encore son désir de la guérir de cette phobie qui ne lui rendait la vie que plus difficile.

-C’est en moi que je n’ai guère confiance. Reprit-elle. Dès que je ne fais même que m’approcher de l’eau, la panique me prend. Ce que vous prenez pour de l’incrédulité n’est en fait que de l’appréhension. Néanmoins je vous avais promis de venir, donc me voici. Je suis votre chose pour la soirée cher Monsieur. En tout bien tout honneur cela va de soi.

Christian esquissa une révérence, son immuable sourire absent toujours au coin des lèvres, avant de répliquer en lui tendant la main :

« Cela va de soi. » répéta-t-il. Dieu merci, il n’appartenait pas au clan des don Juans, vu la situation un autre aurait pu essayer d’en tirer profit. Mais Christian devait appartenir à une autre espèce. Christian était un alien. Christian était… Bizarre. « Votre confiance m’honore, chère amie. Je vais essayer de m’en montrer aussi digne que possible. »

Un bref silence s’instaura entre eux, pendant lequel il vit Aline couler un regard méfiant et effrayé vers la calme étendue qui s’étalait à leurs pieds. Etrange de voir comme ce qui la terrifiait elle l’apaisait lui. Il avait toujours aimé l’eau, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, et tout enfant déjà passait des heures à nager dans les lacs glacés de sa Suède natale. L’eau avait toujours été « l’endroit » privilégié de ses réflexions ou de ses moments de détente, lorsqu’il fallait fuir la sévérité familiale, l’ennui ou la vie trop cadrée d’un duc de Sudermanie. Il espérait pouvoir un jour remplacer la peur viscérale d’Aline par cette même sensation apaisante. Là était tout le but de la manœuvre !

-Alors, comment procédons nous ? Voulez-vous que je m’immerge ?
« C’est effectivement une partie du plan. » se contenta-t-il de répondre en atténuant la brusquerie de l’annonce par un grand sourire et un ton léger. L’amener à entrer dans l’eau ne serait certainement pas une partie facile, autant l’y aider en affichant bonne mine et en lui montrant qu’il n’y avait là rien de si terrible ! D’ailleurs il avait peut-être une idée pour la mettre en confiance vis-à-vis de l’eau… La même technique avait marché avec son fils alors qu’il avait six ans, peut-être marcherait-elle aussi avec une jeune adulte ? « Evidemment je ne vais pas vous laisser y aller toute seule. Et même, pour vous prouver ma bonne volonté, je vais y aller avant vous ! » s’exclama-t-il joyeusement en retirant chaussures, chausses et pourpoint en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Pieds nus et ne gardant que pantalon et chemise, il leva les bras vers le ciel et s’étira en inspirant profondément l’air frais de la nuit, l’air tout à fait content de ce qu’il s’apprêtait à accomplir.

-Est-elle froide ? lui demanda Aline. Il était vrai que s’il était habitué aux températures glaciales de la Suède, elle ne l’était probablement pas…
« Un peu ! » répondit-il comme si ce point n’avait pas plus d’importance qu’un grain de poussière sur une plage de sable blanc. « Mais rassurez-vous, rien d’insurmontable, une fois qu’on est dedans ça va tout seul. Il suffit que le corps s’habitue à la température, c’est l’affaire de cinq minutes tout au plus… D’ailleurs, il va falloir que vous fassiez comme moi et que vous vous déshabilliez… »
-Vous voulez que je me déshabille ? Complètement ? l’interrompit-elle, au comble de la stupeur.

Il éclata de rire, ce fou rire qui prend les gens qui entendent une absurdité alors qu’ils ne s’y attendaient pas et la trouvent hautement comique. C’est vrai qu’il était assez excentrique pour le lui demander, mais heureusement le bon Dieu avait décidé de le doter d’un minimum de tact en plus de toutes ses bizarreries ! Qu’il ait au moins ça pour lui, le pauvre garçon !

« Mais non, pas complètement ! » répondit-il sans pouvoir s’empêcher de rire à l’idée. « Simplement retirer le superflu, ce qui pourrait vous alourdir dans l’eau… Il est vrai que quand je vous ai envoyé ce message je n’ai pas pensé à vous dire de prendre des vêtements de rechange, mais j’ai demandé à mon aimable gouvernante de me prêter une de ses robes. Vous faites sensiblement la même taille, elle n’a pas rechigné… Elle compatit à votre sort. » expliqua-t-il en désignant un baluchon posé non loin de là. Cinglé peut-être, mais aussi prudent. Tuer un de ses sujets d’expérience d’une pneumonie serait du plus mauvais effet.

Christian, les mains dans les poches, s’approcha du bord du bassin en regardant l’eau avec une sorte de sympathie dans le regard, comme s’il saluait intérieurement une vieille amie. Et soudain, il y entra à pieds joints ! Plouf ! L’eau froide qui lui montait jusqu’aux genoux lui saisit aussitôt les mollets et les pieds, et un frisson lui parcourut l’échine. Décidément, l’eau froide et ses vertus revigorantes l’étonneraient toujours ! Pas le moins du monde handicapé par la température de l’eau, il fit quelques pas, lui permettant de s’enfoncer un peu plus vers les profondeurs, et bientôt l’eau lui arriva à la taille. Dans son dos, il sentait le regard d’Aline d’Argouges, qui devait se demander ce qu’il faisait, et surtout ce qu’elle faisait là.

« Vous voyez, j’ai encore pieds jusqu’ici ! Vous ne risquez absolument rien, à part peut-être un bon rhume… Qui guérira en deux tisanes bien chaudes ! » lui lança-t-il avec l’air d’un enfant ravi de sa découverte. « Elle est un peu fraîche, mais vous verrez, ça fait beaucoup de bien à tout le corps ! L’eau froide stimule le sang, paraîtrait-il… »

Recueillant de l’eau entre ses mains, il s’aspergea le visage, la nuque, les bras, avant de faire un signe de main accompagné d’un sourire complice à son amie, et… De plonger sous l’eau. L’eau froide lui fouetta le visage, mais il était heureux. Heu-reux ! Depuis le temps qu’il n’avait pas pu faire une bonne baignade dans le canal, finalement c’était là une bonne occasion ! Et il ne se souciait absolument pas de faire peur à Aline, persuadé qu’en lui montrant que lui ne risquait rien, il la convaincrait qu’elle ne risquait rien non plus. Il resta donc en apnée quelques instants, avant de remonter à la surface pour libérer ses poumons comprimés par le manque d’air. Une véritable renaissance !

« Alors, ma chère Aline ? Vous voyez bien qu’il ne m’arrive rien ! Au contraire, je m’amuse comme un petit fou ! » s’exclama-t-il avec effectivement l’air d’un bienheureux. Il se boucha le nez et repartit la tête en arrière, afin de dégager sa vue des cheveux trempés qui l’obstruaient, puis nagea de nouveau vers le rivage où elle l’attendait et enfin, sortit de l’eau. Trempé comme un sac, la chemise collant à son torse, et l’air toujours aussi content de lui. Il n’avait pas froid, et se sentait merveilleusement bien. Enfin, après avoir contemplé l’eau de laquelle il venait de sortir, il se tourna de nouveau vers elle, le regard confiant et le sourire aux lèvres.

« Alors ? Etes-vous prête à tenter l’expérience ? Je sais que ce geste vous en coûte, mais croyez-moi vous n'aurez rien à regretter... Au moins vous aurez tenté. Et n'oubliez pas que je suis là pour vous aider ! »

Et pour conclure sa proposition, il lui tendit la main comme une invitation…
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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime29.09.12 12:31

-Vous voulez que je me déshabille ? Complètement ?
Elle n’avait pu retenir son exclamation ! Apparemment, Christian trouva cela hautement comique. Ce qui arriva presque à la vexer.
-Mais non, pas complètement ! la rassura-t-il. Simplement retirer le superflu, ce qui pourrait vous alourdir dans l’eau… Il est vrai que quand je vous ai envoyé ce message je n’ai pas pensé à vous dire de prendre des vêtements de rechange, mais j’ai demandé à mon aimable gouvernante de me prêter une de ses robes. Vous faites sensiblement la même taille, elle n’a pas rechigné… Elle compatit à votre sort.
Elle observa le paquet de linge avec une moue dubitative. Si elle avait sur, elle aurait pris ses propres vêtements de rechange. En même temps, elle aurait pu s’en douter. A quoi s’attendait-elle ? A apprendre à nager sur un tabouret bien au sec ! Il est vrai qu’avec Christian, il est difficile de savoir à quoi s’attendre. Il lui aurait dit qu’ils allaient nager sur l’herbe qu’elle l’aurait cru volontiers. Néanmoins elle n’était pas ravie qu’une personne de plus soit au courant de ses peurs. Il était déjà bien suffisant que Versailles se gausses de ses plongeons dans les fontaines pour que les serviteurs en fassent autant.
-Je vous remercie de votre sollicitude Christian, mais cela est-il bien nécessaire … tenta-t-elle d’une vois mourante.

Sur ces entrefaites, Christian s’approcha du bord et y plongea les deux pieds joints d’un coup. Alaina eu un mouvement vers lui, comme pour le retenir, mais il avait pied et largement. Il fit quelques pas, comme si cela était le plus naturel du monde. L’irlandaise se demandait avec angoisse ce que son ami attendait d’elle. Qu’elle fasse comme lui ? Qu’elle saut à pied joint dans ce canal boueux ? Seigneur, jamais elle n’y arriverait. Il lui faudrait déjà bien du courage pour s’approcher du bord.
-Vous voyez, j’ai encore pieds jusqu’ici ! Vous ne risquez absolument rien, à part peut-être un bon rhume… Qui guérira en deux tisanes bien chaudes ! Elle est un peu fraîche, mais vous verrez, ça fait beaucoup de bien à tout le corps ! L’eau froide stimule le sang, paraîtrait-il…
Ces paroles, que son interlocuteur pensait surement rassurante, eurent l’effet inverse. Parce qu’elle savait bien que sous l’euphémisme « un peu froide » se cachait une température polaire.
L’eau de la manche était aussi glacée quand le bateau avait chaviré. Elle se souvenait encore de la morsure sur sa peau.
-Ne serait-ce pas plus raisonnable d’attendre la belle saison ? Tenta-t-elle de nouveau.
Elle aurait été prête à tenter n’importe quoi pour éviter ce qui l’attendait.
Sans l’écouter, Christian joua avec l’eau, avant de plonger et de disparaître sous un cri d’Alaina. Il resta immergé un temps infini, pendant lequel la jeune fille fût persuadée qu’il s’était noyé, elle regardait autour d’elle, éperdue, incapable d’aller chercher son ami et pourtant terrorisée à l’idée qu’il lui arrive quelque chose. Mais celui-ci réapparu, très content de sa petite démonstration.
-Christian ne refaites jamais cela, cria-t-elle en masquant sa peur derrière de la colère.
-Alors, ma chère Aline ? Vous voyez bien qu’il ne m’arrive rien ! Au contraire, je m’amuse comme un petit fou !
Boudeuse, elle croisa les bras sur sa poitrine. Après tout, si elle restait au bord, il n’irait pas la jeter de force. Sentant que la partie était loin d’être gagnée, il sortit de l’eau et s’approcha d’elle ruisselant. Elle ne pu retenir une grimace devant ses vêtements trempés et surtout la perspective qu’elle allait probablement finir ainsi.
-Alors ? Etes-vous prête à tenter l’expérience ? Je sais que ce geste vous en coûte, mais croyez-moi vous n'aurez rien à regretter... Au moins vous aurez tenté. Et n'oubliez pas que je suis là pour vous aider !
Avec un sourire désarmant, il lui tendit la main. Elle l’observa alternativement avec le canal. Avala difficilement sa salive tant l’angoisse lui serrait la gorge. Puis pris la main de son compagnon, comme une acceptation.
-Vous resterez avec moi, n’est-ce pas ? demanda-t-elle comme une petite fille qu’elle était encore au fond. Vous le promettez ?
Et il promit.
Plus morte que vive, elle s’appuya sur sa main tendue pour ôter ses bottines. Frissonnante autant de peur que de froid, elle enleva sa cape, sa jupe et son corsage, ne gardant que sa chemise et un jupon sur elle. Elle fit rouler ses bas et défit sa coiffure, laissant ses boucles se répandre dans son dos. Elle se sentait glacé à l’intérieur.
Sa main toujours dans celle de Christian, ils s’approchèrent de l’eau. Le suédois y entra et après une hésitation, elle fît de même. L’eau lui enserra la cheville comme un étau et elle serra la main de son compagnon. D’un sourire il l’encouragea à continuer. Ce qu’elle fît.
Le bord de son jupon effleurait la surface. Elle regarda ses pieds qu’elle ne vît point.
-c’est comme si j’étais amputée dit-elle sans trop savoir pourquoi.
Christian se plaça devant elle et lui pris son autre main. Il commença à reculer. Au début elle ne bougea pas, laissant ses bras se tendre au maximum. Puis elle n’eu plus le choix et fit un pas. Puis deux, puis trois. Et l’eau lui arriva à la taille, plaquant le tissu contre son corps.
- Peut-être pourrions-nous nous arrêter ici pour cette fois, proposa-t-elle en claquant des dents.
Mais implacable, Christian continua de reculer. A cet instant un poisson lui effleura la cheville. Elle hurla et se jeta dans les bras du suédois, sans se rendre compte qu’elle venait de faire deux pas de plus et que l’eau lui arrivait à présent à la poitrine. Elle s’accrocha à lui désespérément enroulant jambes et bras autour de son corps de manière très peu correcte. Mais qu’importe, elle s’en fichait.
Elle était persuadé que les cadavres de ses compagnons d’infortune venait l’entrainer au fond, comme elle aurait du l’être quand elle avait fait naufrage.
Le visage perdue dans son cou, elle murmura :
-Aidez moi !
Compatissant, quoique surpris, Christian referma ses bras autour de sa protégée et la berça comme une enfant, lui chuchotant des paroles réconfortantes. Petit à petit elle se calma et repris une position plus décente.
Alors qu’elle pensait qu’ils allaient regagner la rive. Elle se rendit compte avec effroi que Christian envisageait de lui faire mettre la tête sous l’eau.

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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime21.10.12 18:26

Christian n’était ni insensible ni dénué d’empathie. Au contraire, son entourage avait plutôt tendance à le décrire comme quelqu’un d’attentif, toujours à l’écoute des besoins des uns et des autres, et sans être particulièrement fin psychologue, il était doté de cet instinct sûr qui lui permettait de vite cerner la véritable nature de ses interlocuteurs. Sans pouvoir expliquer comment ni pourquoi, il savait presqu’immédiatement, lors d’une conversation, s’il pouvait faire confiance à son interlocuteur. C’était la raison pour laquelle il avait évité autant que possible la compagnie de cette femme qui l’avait pourtant poursuivi de ses assiduités, Chiara di Genova. La demoiselle était certes une beauté, mais il y avait eu ce quelque chose chez elle qui l’avait profondément dérangé et l’avait poussé à la fuir dès qu’elle était dans les parages et à la repousser lorsqu’elle se faisait trop insistante. Et puis une fois qu’il avait décidé s’il pouvait faire confiance ou non à quelqu’un, son instinct lui permettait de détecter leurs forces, mais aussi leurs failles, et leurs besoins. Il ne les cherchait pas : il les constatait et refourguait l’information dans un coin de son cerveau, parmi les données de ce qu’il savait sur son entourage, sans jugement, sans modifier son opinion sur eux d’un iota. Et de temps en temps, il fallait que l’information ressorte pour être utilisée à bon escient. C’était le cas d’Aline d’Argouges, dont Christian devinait que la phobie de l’eau avait une signification plus profonde qu’une simple peur de faire trempette. Il le voyait à l’ombre sur son visage, au froncement des sourcils, à la manière qu’elle avait de baisser les yeux, au frisson qui passait sur sa peau dès que l’eau était évoquée devant elle. Comme si un vent glacé qu’elle seule pouvait sentir l’englobait toute entière, prisonnière de ces fantômes froids qui revenaient la hanter lorsque sa mémoire le décidait. Alors oui, Christian croyait bien faire en voulant l’aider à se débarrasser de sa phobie. Mais il y avait une chose que Christian n’arrivait pas encore à concevoir : que ce faisant, il pouvait malgré lui faire plus de mal que de bien. Il avait beau être un redoutable observateur, et d’une infinie gentillesse, il était trop cloisonné dans sa vision scientifique du monde, qui lui indiquait que tout effet avait une cause et que tout problème donné avait une solution. Inconsciemment, il ne se souciait que du résultat et ne voyait pas les dommages collatéraux qu’il pouvait entraîner. Tant que ses expériences ne concernaient que lui, pourquoi pas : mais quand une amie comme Aline pouvait en pâtir, la donne changeait considérablement. Il allait pouvoir le découvrir à ses dépens.

-Vous resterez avec moi, n’est-ce pas ? Vous le promettez ?

La voix serrée d’angoisse d’Aline aurait dû lui mettre la puce à l’oreille et lui intimer de freiner la cadence, de ralentir le processus, de lui laisser plus de temps, peut-être. Mais pour une fois, une information échappa au suédois, qui croyait déjà voir le résultat se profiler à l’horizon. C’est donc avec un sourire confiant –ce maudit sourire confiant qui poussait les gens à lui accorder sa confiance malgré les risques encourus- qu’il lui avait promis. Confiant en lui-même. Et trop confiant en la jeune femme dont, sans le savoir, il surestimait les capacités. Patiemment, il attendit qu’elle ait accepté d’entrer dans l’eau, les pieds tout d’abord.

-c’est comme si j’étais amputée. Fit-elle remarquer dans un souffle.

Le sourire de Christian s’effaça, laissant la place à une expression soucieuse. Il était en train de réaliser quelle violence Aline devait se faire pour suivre ses consignes et, d’une manière ou d’une autre, en tirait un certain sentiment de culpabilité. Raison de plus, à son sens, pour réussir cette expérience. S’il réussissait à la guérir de sa phobie, il compenserait pour la frayeur qu’il était en train de lui infliger en ce moment même, un calvaire dont il ne voulait pas plus mais qui était nécessaire. Fort de cette nouvelle résolution, Christian fit un pas pour se retrouver face à elle et lui prit les deux mains, ses yeux bleus brillant d’une lueur qui semblait dire : « faites-moi confiance ». Et c’est ce qu’elle fit. Pauvre victime de la confiance qu’elle plaçait en un docteur Faust qui aimait trop jouer avec le feu. Ils firent un pas, puis deux, s’enfonçant à chaque fois un peu plus dans la vase et l’eau glacée. Bien que marchant à reculons, Christian ne glissa pas une seule fois, les yeux rivés sur Aline pour guetter la moindre de ses réactions. Et il la voyait pâlir un peu plus à chaque nouveau pas fait, à chaque centimètre gagné par l’eau avant qu’elle ne lui arrive à la taille.

- Peut-être pourrions-nous nous arrêter ici pour cette fois. Proposa-t-elle d’une voix brisée par la peur et le froid.

Il allait répondre gentiment qu’ils y étaient presque, mais un poisson passa entre leurs pieds et elle laissa échapper un cri terrifié. Un cri comme Christian n’en avait que rarement entendu. Le dernier en date devait remonter à l’époque où on l’avait envoyé combattre en Pologne d’ailleurs, dans ce couvent en flammes recélant de si terribles souvenirs… L’espace d’un court instant, la cicatrice dans son dos l’élança terriblement. Comme si le cri d’Aline l’avait réveillée pour lui rappeler qu’il avait déjà échoué à sauver son prochain, un rappel cuisant de sa culpabilité et de ses failles. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il resta sans voix et paralysé un court instant, alors qu’en temps normal, il aurait immédiatement su quoi dire et quoi faire, alors qu’elle se jetait à son cou, il aurait su comment devenir le meilleur radeau du monde, il aurait su la rassurer tout de suite, il aurait su la remettre à flots et l’amener à se dépasser. Au lieu de quoi, sa gorge se serra, et lorsqu’enfin il referma ses bras sur elle, les flammes de Pologne dansaient encore devant ses yeux. Sans le savoir, ils étaient l’un comme l’autre la victime de leurs propres fantômes au même moment, et finalement Christian se demanda si elle ne le soutenait pas autant qu’il ne la soutenait, mais sans en avoir même conscience. Et puis elle lui demanda de l’aider. Une bête phrase, qui tenait en deux mots, mais qui provoqua dans le cœur du duc un véritable séisme. Non, il ne la laisserait pas couler. Cette fois-ci, il ne faillirait pas à la tâche ! Le regard du duc se durcit de détermination alors que les flammes de Pologne s’effaçaient de sa mémoire pour laisser place aux eaux glacées du Grand Canal de Versailles. Quoi qu’il en coûte, il guérirait Aline de sa phobie, foi de Vasa !

« Tout va bien Aline, calmez-vous. Ce n’était qu’un poisson, le Grand Canal en est plein, des carpes, des truites, croyez-moi ils ont plus peur de vous que vous n’avez peur d’eux ! Vous avez déjà fait le plus difficile, regardez-vous, vous qui il y a un quart d’heure encore ne vouliez pas entrer dans l’eau… Ne trouvez-vous pas ce progrès formidable ? Vous êtes forte Aline, je vous fais confiance, je sais que vous allez y arriver… » chuchota-t-il à la pauvre jeune femme dont il était le bourreau involontaire. Et alors qu’elle levait vers lui un visage gêné, il se contenta de sourire. D’effacer ainsi l’incident qui venait de se produire. Il était si facile de tout effacer d’un sourire, quand il le voulait…
Sans lui lâcher la main, il recula encore d’un pas, puis deux. Lorsqu’il estima que la profondeur était suffisante, il s’arrêta. L’eau leur arrivait un peu plus haut que la taille, mais rien qui ne mît leurs vies en danger pour ce qu’il avait prévu pour la suite.

« Aline ma chère, c’est l’exercice suivant qui sera déterminant. Rassurez-vous, vous ne risquez absolument rien, je suis juste à côté de vous. Ce que je veux, c’est vous mettre la tête sous l’eau. Pas complètement bien sûr ! » corrigea-t-il en voyant l’air paniqué qu’arborait sa protégée. « Pas tout de suite, du moins. Regardez, je vais vous montrer ce que j’attends de vous. »

Toujours sans lui lâcher la main –il avait bien compris que ce serait là le seul moyen de la rassurer- il plia les genoux de manière à faire entrer progressivement dans l’eau le haut de son corps en non-immergé. Frissonnant légèrement à cause de la morsure du froid, il ne s’arrêta que lorsque le bas de son visage fut sous l’eau, ses yeux toujours au sec. Puis, lorsqu’il eut besoin de respirer, il bascula la tête en arrière et laissa l’air envahir de nouveau ses poumons. Puis il sourit à Aline, comme un bienheureux.

« Vous voyez, rien de bien sorcier… Je veux juste vous habituer au contact de l’eau sans que vous ayez peur de vous noyer. Nous avons toujours pied ici, et puis je serai là pour vous tenir afin que vous ne glissiez pas. Et c’est promis, si après ça vous ne vous sentez pas le courage de pousser plus loin, nous retournerons au rivage. »

Il se redressa, passa une main dans ses cheveux trempés pour les plaquer en arrière, avant de la sonder du regard.

« Qu’en pensez-vous Aline ? Est-ce que vous voulez bien relever ce dernier défi ? Je reste à vos côtés et ne vous lâcherai pas pendant tout le temps où vous aurez la tête en partie dans l’eau, je vous le promets. Je ne vous presse pas –allez-y à votre rythme, sans vous dépêcher. » dit-il en plaçant délicatement sa main dans le dos de la jeune femme pour illustrer ses paroles. Le reste dépendait d’elle à présent.
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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime26.01.13 17:42

Nous sommes tous schizophrène. Même les plus sains d’esprit d’entre nous. Il y a toujours en nous deux personnalités. Celle de surface, la polie, la réfléchie, celle qui analyse, qui retient. Celle qui pense. Et puis il y a l’autre. L’instinctive, l’impulsive, l’imprévisible. Le reste de cet état animal qui était le notre lors de la nuit des temps et qui fait que nous avons pu survivre jusqu’à aujourd’hui. Bien sot serait celui qui pourrait dire quand surgit du tréfonds de notre être, cet état de réaction pure. Un rien l’active : une bête, un geste, … un élément. Le noir, le feu, … l’eau.
Mais lorsque votre vie durant vous passez votre temps à jouer à être quelqu’un d’autres, les choses se fondent et se confondent. Et l’être instinctif, tapit, surgit.
Si Alaina raisonnait, elle savait pertinemment qu’aucun cadavre ne viendrait lui attraper les chevilles dans ce canal. Encore moins ceux de ses compagnons d’infortune qui à l’heure qui l’est doivent girent au fond de la Manche, au mieux. Elle savait aussi qu’aucune vague ne viendrait la submerger et qu’ayant pied, il n’y avait que très peu de risque qu’elle se noie.
Mais la bête était là. La bête qui s’était accroché des heures durant à une planche pourrie et à la vie. Et qui croyait que cette eau était douée d’une vie propre qui pourrait pour réclamer son due surgir en une main terrifiante pour la prendre par le cou et la maintenir sous la surface, jusqu’à ce que ses poumons explosent.
Inspirant profondément, Alaina repoussa la bête dans un coin sombre et se détacha de Christian. Elle crut qu’il serait surpris ou gêné de sa réaction mais étonnamment il semblait … compréhensif et déterminé. Elle se sentit incroyablement en confiance, elle avait envie de mettre sa vie entre les mains de cet homme, se mettre à nue, tout lui révéler. Parce que ses yeux lui disaient que jamais il ne la laisserait tomber et que de son combat, il faisait sien.
Elle sentait qu’avec lui elle pourrait un jour faire taire la bête à jamais.
Les mots qu’il lui murmura à l’oreille la mirent dans un état second, comme hypnotique.
Force, progrès, confiance …

Alors quand il se recula, elle ne lutta plus et se laissa entraîner.
« Aline ma chère, c’est l’exercice suivant qui sera déterminant. Rassurez-vous, vous ne risquez absolument rien, je suis juste à côté de vous.
Elle hocha la tête, concentrée.
-Ce que je veux, c’est vous mettre la tête sous l’eau. Pas complètement bien sûr !
Ses yeux s’assombrirent et une peur sourde, qu’elle connaissait aussi bien qu’une vieille amie surgit au milieu de sa poitrine. Mettre la tête sous l’eau. Et dire qu’elle avait dû se faire violence pour mettre un pied !
-Pas tout de suite, du moins. Regardez, je vais vous montrer ce que j’attends de vous.
Avec effroi, elle le vit disparaitre peu à peu sous la surface sombre du canal. Inconsciemment, elle retint sa respiration en même temps que son ami, fixant ses yeux qui semblaient flotter au dessus de la ligne de flottaison. Le temps semblait suspendu, puis il respira à nouveau.
La peur descendit d’un cran, et se logea dans son estomac.
Lorsqu’il revint à la verticale, Christian arborait un sourire éclatant. Alaina se demanda si la mort pouvait sourire et si la mort pouvait revêtir les traits d’un ami.
-Vous voyez, rien de bien sorcier… Je veux juste vous habituer au contact de l’eau sans que vous ayez peur de vous noyer. Nous avons toujours pied ici, et puis je serai là pour vous tenir afin que vous ne glissiez pas. Et c’est promis, si après ça vous ne vous sentez pas le courage de pousser plus loin, nous retournerons au rivage.
Elle tourna la tête pour voir le bord du canal qui semblait si près et si loin. Leurs vêtements formaient un tas sombre et ils lui semblèrent appartenir à une autre vie. Comme si en entrant dans l’eau elle avait traversé la surface d’un miroir et se retrouvait à présent dans le monde des rêves … ou des cauchemars.
-Qu’en pensez-vous Aline ? Est-ce que vous voulez bien relever ce dernier défi ?
-D’accords Christian, mais vous restez, vous me le promettez ? Pas de tour, je ne le supporterais pas. Je vous fais confiance, comme je crois que je n’ai jamais fait confiance à personne , chercha-t-elle à se rassurer.
-Je reste à vos côtés et ne vous lâcherai pas pendant tout le temps où vous aurez la tête en partie dans l’eau, je vous le promets.
Très bien.
C’est drôle, maintenant qu’elle avait pris la décision, son corps refusait d’obéir, comme si son corps se souvenait de ce jour là.
Je ne vous presse pas –allez-y à votre rythme, sans vous dépêcher.
Elle sentit sa main sur son dos et ce contact la rassura. Comme un déclencheur, ses genoux obéirent et elle entama sa descente. L’eau couvrit sa poitrine d’un voile glacé, elle sentit ses cheveux dénoués se répandre autour d’elle comme une pieuvre, puis l’eau atteignit le menton, les lèvres, elle inspira et plongea son nez.
Incapable de s’arrêter, elle disparut de la surface de la terre.

Au lieu de lutter, elle laissa les images venir à elle. Elle revit le ciel, sombre et tourmenté. Elle entendit le murmure des prières de la vieille femme à côté d’elle, sentit le vent salée sur sa peau. Et puis cette vague, immense, plus haute que toutes les autres et le craquement horrible. Le plongeon glacé et ce remous incessant. Ces vagues qui vous avalent les unes après les autres, sans aucun répit.
Le manque d’air.

Soudainement, elle fut remontée à la surface, presque surprise de revenir ici et maintenant.

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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime09.03.13 22:21

Christian avait confiance en lui. Il avait confiance en sa connaissance de l’esprit humain, en sa connaissance des peurs de ses semblables, et en ses propres capacités : il était persuadé qu’il pouvait guérir Aline de ses phobies et pas un seul instant il ne se disait qu’il pouvait se tromper. L’hypothèse était là, quelque part dans son esprit car un scientifique qui ne doutait pas était voué à l’échec : mais il avait confiance en lui-même et en sa protégée. D’un inébranlable optimisme, il était persuadé que l’esprit humain était capable de venir à bout de toutes ses faiblesses, qu’il s’agisse de peurs, de traumatismes, ou toute autre blessure causée par un facteur extérieur. L’esprit humain était une espèce d’entité supérieure aux yeux du suédois, une chose qu’il plaçait au-dessus de tout le reste et avait certainement tendance à idéaliser, croyant fermement que les hommes étaient tous doués de raison et que cette raison était de taille à renverser des montagnes ou venir à bout de tout et n’importe quoi, qu’il s’agisse de la peur de l’eau, de la peur de son prochain, ou de la peur de finir en enfer parce qu’on a fait confiance à la science. Une confiance aveugle qui poussait Christian à poursuivre ses expériences et l’avait poussé à fonder Sophia dans le but de faire éclater les murs qui empêchaient encore cette raison suprême d’exister au grand jour. L’éducation, la domination des peurs irrationnelles par le pouvoir de la raison : voilà ce qui amènerait la paix et la prospérité aux hommes. Et s’il était habitué à ce que l’on rie de lui, même dans les milieux scientifiques, lorsqu’il partageait ses convictions, il n’en démordait pas et se contentait de sourire en attendant patiemment son heure. Des hommes comme Copernic, Bruno et Galilée avaient ouvert la voie : c’était à des hommes comme lui et ses amis de la poursuivre, et à des gens comme Aline d’Argouges de lui donner ses lettres de noblesse. Si elle réussissait à vaincre les démons qui l’habitaient, quels qu’ils soient, rien qu’en comprenant qu’ils n’avaient pas lieu d’être, alors il aurait gagné. Il serait peut-être le seul à le savoir, mais il aurait gagné.

Alors oui, Christian était prêt à y consacrer tout le temps qu’il faudrait, toute la nuit si cela était nécessaire, mais il réussirait à la faire aller dans l’eau jusqu’à bout. Il devenait impitoyable sans le vouloir mais heureusement sa détermination était nuancée par la patience et le tact dont il savait faire preuve avec la pauvre jeune femme terrifiée. Et il savait qu’il était capable de l’amener où il voulait sans la brusquer, sans quoi il aurait immédiatement renoncé à l’entreprise. Entrer dans l’eau devait être un acte volontaire, la volonté d’Aline, pas la sienne. Même si sa volonté à lui devait jouer un rôle déterminant dans le processus, au final, c’était bien elle qui acceptait de s’y soumettre et de tenter l’expérience. Aussi loin cette expérience devait-elle l’amener.

-D’accords Christian, mais vous restez, vous me le promettez ? Pas de tour, je ne le supporterais pas. Je vous fais confiance, comme je crois que je n’ai jamais fait confiance à personne.

Aurait-il dû s’en vouloir d’utiliser cette confiance pour la rendre aussi malléable qu’une marionnette, même pour son propre bien ? Christian l’ignorait et c’était probablement le cadet de ses soucis pour le moment, même si cette possibilité clignotait dans un coin de son esprit comme une alerte rouge qu’il s’empressait d’ignorer pour se concentrer sur ce qu’il faisait. Quitte à être un tyran, autant qu’il remplisse correctement sa promesse et réussisse à la « guérir » comme il le lui avait juré. Alors il avait promis. Bien sûr qu’il resterait, jusqu’à ce qu’elle ait atteint son objectif, ou jusqu’à ce qu’elle demande à regagner le rivage et qu’ils l’aient regagné. Non, il ne la lâcherait pas ; il s’était promis de ne plus lâcher personne qui commettrait la folie de lui accorder sa confiance. Assez de gens avaient eu à en souffrir les conséquences, que ce soit en Pologne ou en Suède, alors qu’il s’agisse de ses quelques vrais amis, de son fils, ou des gens moins proches qui, pour une raison ou pour une autre, plaçaient leur confiance dans cet homme tranquille au sourire désarmant, il était hors de question pour lui de les lâcher. S’il avait longtemps fui les responsabilités que lui incombaient son rang ou son rôle de frère, amant, ou ami, cette période-là était révolue. On pouvait se détendre là-haut : Christian avait bien retenu la leçon. Il ne voulait à aucun prix revoir dans les yeux de qui que ce soit cette lueur de déception, cette condamnation terrible et mortelle qu’il avait pu voir dans ceux des Sobieska. Le raisonnement était peut-être égoïste, mais Christian était trop honnête même avec lui-même pour nier ses propres pensées. Il sentit la main d’Aline se raidir dans la sienne et lui-même s’était peut-être raidi, plus que jamais conscient de la responsabilité qui pesait sur ses épaules. Sensation peut-être exagérée : après tout il ne s’agissait que d’apprendre à une jeune femme à entrer dans l’eau sans frôler la syncope à chaque fois. Mais pour Christian, cette tâche était devenue une véritable croisade à laquelle il ne devait échouer à aucun prix, pour elle autant que pour lui-même. Il avait vu quelle confiance Aline d’Argouges avait placée en lui et qu’elle attendait de lui qu’il la guérisse enfin, qu’il la libère de ses démons, ne serait-ce qu’un peu, ne serait-ce que pour commencer. S’il ne tenait pas sa parole, il ne serait plus digne de sa confiance ni de la confiance de qui que ce soit d’autre. Il fallait qu’elle arrive à mettre la tête dans l’eau et comprenne qu’elle pouvait y arriver. C’était devenu son chemin de croix. S’il n’arrivait pas à se montrer digne de la confiance aveugle qu’elle avait elle-même avoué avoir placé en lui, il n’était plus digne de la confiance de personne. Et aux yeux de Christian, c’était une chose inacceptable.

« Allez-y, Aline. Vous pouvez me faire confiance. » avait-il répété d’une voix assurée, forte d’une résolution sans cesse renouvelée.
Très bien. Avait-elle répondu avant qu’il ne réitère ses encouragements. Elle devait y arriver, elle allait y arriver. Christian en avait la conviction, et cette conviction se renforçait au fil des secondes qui s’égrenaient, alors qu’Aline s’abandonnait doucement et s’enfonçait dans l’eau, centimètre par centimètre. Si le cœur de Christian battait d’impatience, il n’en montra rien. C’aurait été choisir le pire moment pour la brusquer, ce moment où enfin elle se laissait complètement aller et atteignait le point de non-retour tant attendu. La soutenant toujours dans le dos, Christian la regarda s’enfoncer doucement dans l’eau, jusqu’à ce que son visage ne soit englouti par les flots. Ca y était. Ils y étaient arrivés. Le cœur de Christian accéléra alors qu’il se mettait à compter les secondes, sachant pertinemment qu’il ne pouvait pas la laisser sous l’eau trop longtemps, si peu habituée qu’elle était. Mais il fallait impérativement qu’il la laisse suffisamment longtemps pour qu’elle comprenne qu’elle n’avait rien à craindre. Et les secondes s’égrenèrent, interminables. Christian en laissa s’écouler exactement dix avant de la ramener doucement à la surface. Et lorsqu’elle ouvrit la bouche pour reprendre sa respiration comme le nouveau-né sortant du ventre de sa mère, lorsqu’elle ouvrit les yeux après cet étrange baptême, Christian lui dédia un sourire radieux.

« Vous l’avez fait ! » s’exclama-t-il avec une joie qu’il ne chercha même pas à contenir en la remettant sur ses pieds et en la serrant dans ses bras sans aucune gêne, et sans se soucier de la bizarrerie de la situation. Au point où ils en étaient, il n’était plus à ça près, et n’avait de toute façon jamais été du genre à s’embarrasser des conventions. « Je savais que vous y arriveriez, j’en étais intimement convaincu. » répéta-t-il en se détachant d’elle, sans cesser un instant de sourire comme un bienheureux, comme si la victoire était la sienne et pas celle d’Aline. Finalement, remarquant qu’elle frissonnait –avec la température de l’eau et toutes ces émotions il y avait de quoi- il finit par dire : « Allons, retournons au rivage. Il est grand temps de vous sortir de cette eau glacée, et vous avez bien mérité de vous reposer. Vous avez dépassé de loin toutes mes attentes, et je parie de vous avez dépassé les vôtres… »

Lui prenant le bras pour l’aider à regagner le rivage sans glisser, il s’avança avec elle, et il leur fallut moins d’une minute pour regagner la terre ferme. Une fois au sec, Aline se laissa tomber sur l’herbe pendant que Christian fouillait dans son sac pour en tirer une couverture qu’il déposa sur les épaules de la brave jeune fille. Puis, les poings sur les hanches, l’air très satisfait, il s’exclama en regardant les eaux calmes du grand canal :

« Aline, je dois dire que je suis extrêmement fier de vous. Je ne pensais pas que vous iriez aussi loin ce soir, et vous avez fait preuve d’un courage extraordinaire. Honnêtement, je ne pense pas que j’en aurais été capable à votre place ! » Puis, après un temps et quelques secondes passées à observer le canal, dont les eaux bleues et froides lui rappelaient tant son cher lac Mälaren en Suède, il ajouta : « Ce canal me rappelle les eaux dans lesquelles j’avais l’habitude de me baigner à Gripsholm, en Suède… Et notre petite baignade m’a rappelé qu’il y avait une éternité que je n’avais pas nagé –pour de vrai, je veux dire. » Une autre pause, puis… « Aline, si vous me le permettez, je vais profiter du fait que vous repreniez des forces pour aller nager un peu, moi aussi. Notre petit défi m’a donné envie de faire de l’exercice ! Fermez les yeux si vous avez la chance d’être plus pudique que moi. Il est où le sac...? Ah, le voilà ! » ajouta-t-il avec un clin d’œil.

Puis, sans vraiment lui laisser le temps de protester, il prit une autre couverture dans le sac et se débarrassa de sa chemise avant de partir, torse nu et couverture sous le bras, en direction de l’eau qu’il venait à peine de quitter. Puis, arrivé au bord, se sachant assez loin d’Aline pour qu’elle ne le distingue pas nettement –non pas qu’il soit particulièrement pudique mais peut-être qu’elle l’était effectivement- se débarrassa du reste de ses vêtements trempés et les laissa à côté de sa couverture pliée avant de plonger dans le canal, nu comme un ver. Donnant une poussée de jambes, il plongea jusqu’au fond du canal qui allait s’approfondissant à mesure qu’il gagnait le centre, ses bras et son torse frôlant la vase, sentant le glissement de l’eau glacée sur tout son corps ; puis, prenant appui sur ses pieds se projeta de nouveau à la surface. La tête hors de l’eau, il passa une main dans ses cheveux trempés pour les plaquer en arrière et leva la tête pour admirer le ciel et la lune –s’il avait voulu être poétique, il aurait dit qu’ils lui souriaient. Et il leur sourit en retour, sachant qu’il n’y avait personne pour le voir et que même s’il y avait eu quelqu’un, pourquoi s’en soucier ? Il était heureux, il se sentait bien, et il n’aurait certainement pas laissé quelques rabat-joies lui gâcher cela. Tranquillement, il nagea d’un bord à l’autre du canal deux ou trois fois, puis, estimant qu’il avait laissé Aline seule assez longtemps, il regagna le rivage. Le passage de l’eau glacée à laquelle il s’était habitué à l’air froid et mordant ne le perturba nullement –peut-être lui donna légèrement la chair de poule, mais sans plus – et sans se soucier de savoir si Aline avait pensé à détourner le regard, se cintra les reins de sa couverture dans sa grande couverture, attrapa ses vêtements, et rejoignit sa protégée.

« J’espère que vous me pardonnerez mon manque total de respect des conventions, mais maintenant que vous me connaissez, plus grand-chose ne devrait vous étonner venant de moi, je me trompe ? » lança-t-il avec bonne humeur en s’asseyant à ses côtés, aussi tranquille que le serait aujourd’hui un homme sortant sagement d’une baignade au bord de la mer. Se retrouver à demi-nu devant une comtesse n’avait pas l’air de le perturber, et sans doute ne s’attendait-il pas non plus à ce que cela puisse la perturber elle. Aussi continua-t-il d’un ton tout à fait badin en tournant la tête vers elle : « Alors, qu’avez-vous pensé de notre petite expérience ? A-t-elle porté ses fruits ? Qu’avez-vous pensé au moment où vous vous êtes retrouvée sous l’eau ?»


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MessageSujet: Re: De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina   De l'influence d'une théorie foireuse sur la phobie de l'eau| PV Alaina Icon_minitime10.04.13 21:19

Perdue dans un autre monde, hanté de fantômes disparus, Alaina perdit le sens des réalités. Ce qui dura au plus quelques secondes lui paru bien plus long. Aussi, quand Christian la tira hors de l’eau, elle mit quelques secondes à se reconnecter à la réalité. Elle était hébétée, comment avait-elle pu se plonger tout entière sous l’eau ? Les gouttes ruisselant le long de ses cheveux lui prouvaient qu’elle n’avait pas rêvé.
Etait-elle guérit ?
Regardant autour d’elle, elle eu presque un haut le cœur. Non, elle ne l’était pas. La confiance que Christian avait placée en elle, l’avait mise dans un état presque second, comme hypnotisé. L’espace d’un moment, elle s’était sentie comme hors de son corps, son esprit était ailleurs et une autre partie d’elle-même contrôlait ses mouvements.
Et puis, elle le sentait, une fois sous l’eau, ses vieux démons lui avaient joué le pire tour. Si Christian n’avait pas été là, elle se serait laissé mourir. Car c’est bien ce qu’elle avait en tête lorsqu’elle avait surpassé volontairement les instructions. Subitement, elle avait voulu faire taire les cris des noyés, pour toujours. Elle repensa à cette période dont elle ne gardait qu’un vague souvenir mais où elle n’avait vécu qu’à moitié, traumatisée par cette chance qui lui avait été offerte, celle se survivre. Ce soir, elle était redevenue cette fille entre deux monde, ni tout à fait vivante, ni tout à fait morte. Elle avait souhaité basculé d’un côté.
Mais à présent, le vent balayait sa peau humide lui rappelant qu’elle était vivante, l’air de la nuit gonflait ses poumons, les étoiles brillaient au dessus d’elle et elle sentit la rage qu’elle avait de vivre. Elle n’avait pas survécu à une guerre, un naufrage et un métier d’espion pour se noyer dans le canal.
Et elle bascula du côté de la vie, une fois de plus.

A l’exclamation de son acolyte, elle comprit qu’il n’avait pas saisit toute l’étendu de ses dilemmes intérieurs. Et heureusement, elle ne pouvait tout lui révéler, et au-delà, ne souhaitait pas qu’il connaisse cette partie d’elle. Elle ne voulait que partager cet enthousiasme si communicatif. Sa joie faisait plaisir à voir et lorsqu’il la serra dans ses bras, elle ne put s’empêcher de sourire. C’était comme s’il vivait tout cela lui-même, et pour ça il en était touchant.
Le vent balaya à nouveau le canal et elle frissonna.
-Allons, retournons au rivage. Il est grand temps de vous sortir de cette eau glacée, et vous avez bien mérité de vous reposer. Vous avez dépassé de loin toutes mes attentes, et je parie de vous avez dépassé les vôtres…
-Sans conteste oui ! S’exclama-t-elle, je ne pensais même pas être capable de mettre un pied dans l’eau. Vous êtes un faiseur de miracle Christian.
Elle n’osait pas lui dire qu’elle ne pensait pas que ce soir ai changé quelque chose. Oui elle était entrée dans le canal, mais il avait du l’accompagner, pas à pas. Oui, elle avait plongé la tête sous l’eau, mais c’était parce que l’espace d’un instant de folie elle avait songé à rejoindre ses fantômes.
Mais si demain une autre promenade la menait à proximité d’un plan d’eau, la même terreur la paralyserait à coup sur.
D’ailleurs, lorsqu’ils se retournèrent, et qu’elle vit la distance qui les séparait de la berge elle dû se retenir de ne pas courir. Elle se contenta de s’accrocher à son bras, un peu plus fort.
Arrivé sur la terre ferme, elle sentit ses dernières forces la lâcher et elle s’écroula par terre. Ses cheveux et sa jupe lui collait au corps dans une désagréable sensation mais elle n’en avait cure. Avec tact comme toujours, Christian lui posa une couverture sur les épaules. Elle s’enroula dedans avec délice, réalisant seulement à quel point elle était gelée.
-je dois dire que je suis extrêmement fier de vous. Je ne pensais pas que vous iriez aussi loin ce soir, et vous avez fait preuve d’un courage extraordinaire. Honnêtement, je ne pense pas que j’en aurais été capable à votre place !
-Sans vous Christian, je ne l’aurais jamais fait. Et ce n’était pas du courage, mais … du désespoir, souffla-t-elle.
Elle ne sut pas s’il l’avait entendu, son regard perdu dans les profondeurs de l’eau noire.
-Ce canal me rappelle les eaux dans lesquelles j’avais l’habitude de me baigner à Gripsholm, en Suède… Et notre petite baignade m’a rappelé qu’il y avait une éternité que je n’avais pas nagé –pour de vrai, je veux dire.
Sa voix avait imperceptiblement changée, plus lointaine avec un accent un peu plus prononcé. La manière dont il prononça le nom du fleuve était emprunt d’une nostalgie douloureuse. Elle comprenait ce sentiment qui prend parfois les expatriés alors qu’un infime détail vous rappel votre pays et le manque que vous avez de lui.
-Aline, si vous me le permettez, je vais profiter du fait que vous repreniez des forces pour aller nager un peu, moi aussi. Notre petit défi m’a donné envie de faire de l’exercice !
-Quoi maintenant ? s’exclama-t-elle. Mais … comment ? avec quoi ?
Elle était déjà interloquée par le plaisir évident que Christian avait manifesté tout au long de leur exercice, mais de là à y retourner !
-Fermez les yeux si vous avez la chance d’être plus pudique que moi. Il est où le sac...? Ah, le voilà !
Au premier abord, elle ne compris pas son clin d’œil et son allusion à la pudeur. Puis elle le vit retirer sa chemise. Elle ouvrit de grands yeux et rougit un peu. Certes, ce n’était pas la première fois qu’elle voyait le corps d’un homme, mais les circonstances étaient différentes. Voir son amant nu dans son lit était une chose, voir un ami torse nu une autre. Elle le suivit des yeux alors qu’il s’éloignait d’elle.
C’est alors qu’il se mit parfaitement nu.
Dans un accès de pudibonderie, reste d’éducation catholique, Alaina eu un petit cri de surprise et se cacha les yeux. Mais bien vite, elle les rouvrit, curieuse de savoir à quoi ressemblait un homme du nord dans son costume d’Adam. Elle découvrit au clair de lune, un homme plus mince, même nerveux. Les muscles de son dos saillaient entre ses épaules. Son regard, descendit un peu plus … mais il plongea.
Alaina ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire un peu bête, devant la situation. Puis elle rit franchement, au moins cette petite scène avait détendu l’atmosphère après toute cette tension.
Alors qu’elle entendait les mouvements de brasse de Christian, elle s’allongea dans l’herbe et se perdit dans les étoiles, pensant à milles choses.

Lorsqu’elle se redressa, Christian s’avançait vers elle, une couverture noué autour des reins. Une petite voix dans sa tête émis l’idée qu’en se relevant un peu plus tôt, elle aurait pu voir ce qu’il y avait en dessous, mais elle chassa cette pensée.
J’espère que vous me pardonnerez mon manque total de respect des conventions, mais maintenant que vous me connaissez, plus grand-chose ne devrait vous étonner venant de moi, je me trompe ?
-Oh Christian, vous vivez depuis assez longtemps à Versailles pour savoir que les conventions ne sont que pour les conservateurs et les personnes âgées. Les briser est devenu un sport national ! répondit-elle avec amusement. Il est vrai que nous avons fait forts : vous à moitié nu et moi dans une chemise et un jupon trempé, ce qui entre nous n’est guerre mieux en termes de pudeur. Et vous savez le pire, c’est que si des courtisanes nous surprenaient, le pire des ragots qu’elles trouveraient à colporter, c’est l’état de ma coiffure.
Pour ajouter à sa plaisanterie, elle essora ses cheveux avant de les rejeter en arrière.
Alors, qu’avez-vous pensé de notre petite expérience ? A-t-elle porté ses fruits ? Qu’avez-vous pensé au moment où vous vous êtes retrouvée sous l’eau ?
Elle prit un moment pour réfléchir, elle ne voulait pas blesser son ami, mais le connaissant, elle savait que lui mentir serait pire.
-Christian, je sais que j’ai réussi à entrer dans l’eau et même à mettre la tête sous la surface mais en tout honnêteté, je ne pense pas être guérit. A chaque pas que je faisais, j’avais l’impression d’entrer un peu plus dans la folie. Et sans vous je ne me serais même pas approcher du bord. Sous l’eau, je revivais ce naufrage, j’entendais le cri des autres personnes présentes dans le bateau, comme si elle m’en voulait de ne pas être morte avec eux. Ce que je me demande toujours d’ailleurs. Pourquoi avoir été épargné ? Qu’avais-je de plus qu’une mère ou qu’un pêcheur ? En réalité, je ne me suis pas arrêté ma tête à moitié dans l’eau parce que je souhaitais qu’elle m’engloutisse une bonne fois pour toute et que ce tourment cesse enfin. Parce que demain, au même endroit, la même peur m’étreindra, quoi que je fasse.
Durant tout son aveu, elle avait fixé un point droit devant elle, ne voulant voir la peine sur le visage de son ami. Doucement, elle tourna la tête. Il la fixait d’un air indéchiffrable. Elle ne put d’empêcher de remarquer qu’au clair de lune, ses cheveux paraissaient argentés.
- Êtes-vous fâché ? demanda-t-elle.
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