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 Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions

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Benoît de Courtenvaux


Benoît de Courtenvaux

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.
Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.
Discours royal:




ϟ La Main au collet ϟ

Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
Titre : Marquis de Courtenvaux, Magistrat parlementaire et avocat
Missives : 371
Date d'inscription : 10/04/2012


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MessageSujet: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime10.04.12 0:58





Benoît


de Courtenvaux




(Ewan McGregor)


Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions 1148741790"


« L'étude de l'homme est le propre de l'homme.  »



    ► 31 ans (Né le 9 juin 1635)► Marquis de Courtenvaux (et de Souvré depuis la mort de son cousin François retrouvé noyé) baron de Messey.► On ne peut pas faire plus français.► Célibataire ► Catholique► Hétérosexuel, on peut être sophistiqué et maniaque sans être homosexuel, les choses sont dites !



♕  PROTOCOLE ♕  
VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?

Ce palais enchanteur reluisant dans tous les coins, aux milles miroirs sans AUCUNE trace, n'aurait pas pu trouver plus grand admirateur que Benoît. Si ce n'est bien sûr le roi lui-même. Il s'y sent comme un poisson dans l'eau, Versailles est son élément. C'est le sophistiqué à l'état brut. Comment pourrait-il s'y sentir en enfer ? Il est le premier de ceux qui s'insurgent contre les inconscients qui osent uriner parfois derrière les colonnes de la galerie des glaces. Ce chef d'oeuvre si bien entretenu, si neuf ne peut pas être mis à mal par des nobles qui se font pouilleux. Il est aussi le premier à leur tendre des pièges. Pièges à souris dissimulés derrière les renfoncements, un ou deux orteils écrasés et on n'y reprend plus ces gredins. Benoît, très grand maniaque n'a pas assez à astiquer chez lui, il s'est donné comme mission de conserver le palais de son maître en état. Versailles ne sera jamais un dépotoir, une benne à ordures. Le chantier c'est dehors dans les marais ! Attention donc braves gens, le technicien de surface veille au grain plus que jamais.

COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?

Lorsqu'après le petit déjeuner, vous passez environ près de huit heures au Parlement à entendre et juger des traîtres à la royauté, c'est déjà une très bonne raison de croire à la théorie du complot. Lorsque qui plus est, vous avez été recruté parmi une élite afin de les pourchasser, il n'y a plus de doutes possibles. Ni fantasme, ni pureté dans ce qu'il se trame autour du trône. Benoît ne sous estime en aucune façon ces ennemis invisibles, ça serait là, la pire erreur à commettre. Il ne sous estime donc pas du tout le danger qu'ils représentent. Ses adversaires devraient d'ailleurs faire de même avec lui à partir de maintenant. C'est bien une réalité qu'il leur mènera la vie dure et ce même par deux fois : En les attrapant et en les envoyant peut-être à l'échafaud.

COLOMBE OU VIPÈRE ?

Bonne épaule ne signifie pas pour autant bonne poire. Benoît est l'une mais pas l'autre. D'un naturel profondément aimable, sociale et même gentil, il ne faudrait pas lui coller sur le front l'étiquette d'idiot. Il vous écoutera, vous consolera s'il le peut, devinera même vos tourments sans que vous ayez besoin de lui dire. Humaniste oui, il l'est mais c'est aussi le propre de l'homme de mordre. Trahissez le une fois, vous n'obtiendrez pas sa confiance deux fois. Il n'est pas profondément rancunier, il ne cherchera pas vraiment à se venger, il vous écrasera davantage de son mépris, par un silence de marbre. Bien peu de choses que le silence d'un homme, me direz vous. Au contraire, vous répondrais-je,chez Benoît il n'y a rien de pire. Vous préféreriez sans doute, qu'il vous tabasse à mort, qu'être dans l'incertitude totale de ses pensées profondes à votre sujet. Il est cette colombe qui vous guettera sur sa branche d'arbre aussi bien que la vipère dans les herbes folles. A prendre dans le sens du poil. Conseil d'ami !  

DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?

► Il aime se déguiser, comme tout bon espion qu'il est. Le don de contorsionniste apprenti lui sert d'ailleurs pour l'une de ses fausses identités.
► Il affectionne les cas de jurisprudence qui le changent de la routine au Parlement.
► Il vous regardera très souvent de la tête au pied et en sortira en l'espace de quelques secondes, un flot de déductions. Certaines peuvent prêter à sourire, d'autres seront plus sérieuses. Généralement son oeil ne le trompe pas.
► Il ne se lassera jamais d'instruire ses enfants naturels lui même.

♕  HOP, RÉVÉRENCE ! ♕
► Nicéphore What a Face
► 95 ans
► Je serai présent autant que mon artrite aigüe me le permettra.
Code bon (by Steph) et pas à Parkinson.
► Je cherchais un site de rencontre sur Versailles et curieusement on m'a redirigé vers cet asile de schyzos. Je me sentais seul dans ma maison de retraite, c'est bien je serai bien entouré maintenant.
► Peut-être un format de lettres plus grands, je n'y vois plus très bien avec cette satanée cataracte.



Dernière édition par Benoît de Courtenvaux le 28.10.13 23:35, édité 2 fois
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Benoît de Courtenvaux


Benoît de Courtenvaux

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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime18.04.12 22:27

Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Premie10
LE TEMPS


DE L'ENFANCE

_______________________________________________


Salon littéraire de la marquise de Sablé, Place royale, Paris.
1645,


Comme à l’accoutumée et ce malgré l’heure matinale, des chaises à porteur richement ornées se pressaient aux alentours d’un des lieux les plus fréquentés de la capitale. Il y avait là les précieux, les précieuses, parfois bien ridicules comme les qualifiera plus tard monsieur Jean Baptiste Poquelin, mais ceux-là étaient vraiment peu nombreux. Les beaux esprits s'y côtoyaient déjà pour jouter verbalement, débattre des dernières notions de médecine ou d’arithmétique, en attendant le divertissement du jour … En effet, Madeleine de Souvré, la propriétaire des lieux avait promis à tout ce cercle d’amis lettrés, de leur présenter son neveu. Il s’agissait d’un très jeune garçon âgé de dix ans à peine et sa tante lui donnait le sobriquet adorable de : Mon petit génie. L’était-il réellement ou n’était ce qu’un surnom affectueux dû à leur lien de parenté ? Telle était la question qui entre deux maximes, deux critiques littéraires, parcourait toutes les lèvres présentes de cette auguste assemblée. Les couloirs se remplissaient à vue d’œil, même les pauvres malheureux goûteux ou les paralysés tels que le célèbre monsieur Scarron n’avaient pas pu résister à la curiosité. Que donnerait ce jeune prodige ?

Derrière la porte, le front appuyé contre le bois parsemé de branchages dorés, Benoît de Courtenvaux, se tenait yeux fermés. L’appréhension le gagnait au fil des minutes. Le gratin de Paris allait le juger et sans doute le ridiculisait. Il n’était qu’un enfant et malgré sa maturité et les dons que sans fausse modestie il se reconnaissait, il ne se pensait pas à la hauteur. Comment rivaliser avec un La Rochefoucauld qui écrivait ici même, ses célèbres maximes ? Comment faire pâlir la comtesse de Saint Maur, dont sa tante était la protégée ? Il ne fallait pas se faire d’illusions, c’était cela que l’on demanderait de lui ! Éblouir et surprendre ! Avoir la conversation d'un adulte et non d'un bambin. Tout à ses tourments, son corps se raidit lorsque Madeleine de Soubré, entrebâillât la porte de son antichambre. Désireux cependant de ne pas montrer que l’angoisse le tétanisait, il se força à sourire à sa parente quadragénaire.

- Etes-vous prêt mon cher enfant ? N’ayez crainte, nul ne sera désappointé, vous êtes un Courtenvaux, un Souvré ! Votre nom seul pourrait se porter comme une devise, tant son prestige est grand. Votre grand père et mon père, que Dieu ait son âme, n’a pas acheté comme tant d’autres le grand honneur d’éduquer un roi. Il méritait ce privilège ! Vous ne faillirez pas à votre sang. Allez donc et la tête haute !

Benoît fit un geste pour prendre la main de sa tante, mais se ravisa après ce discours enflammé. Le poids de son glorieux grand père l’écrasait parfois, mais c’est aussi en lui qu’il puisait étrangement sa force. Comme aujourd'hui, comme à cette heure si cruciale où il ne devait pas faillir. Il accepterait cette épreuve et se battrait pour contenter ses ancêtres de l’au-delà. Il fallait être digne, il le serait même dans l’échec si cela tournait mal. L’enfant aujourd’hui deviendrait un petit homme ! Une bouffée d’air respirée à la hâte et la cage aux lions s’ouvrit grande devant lui. Ils étaient bien nombreux ceux qui allaient prendre plaisir à le pousser dans ses retranchements. Tous respiraient l’intelligence, la bataille serait rude. Tout juste dix ans et il devait déjà prendre les armes. Les jeux de mots, les luttes empreintes de diplomatie, sont parfois plus difficiles à mener qu’une guerre. Il en était conscient et tandis qu’il restait debout aux côtés du fauteuil de sa tante, il ne baissa donc pas un instant les yeux.

- Ma chère Madeleine, clama l’un des savants en s’avançant vers leur hôte, c’est bien mal à vous de nous avoir fait attendre ! Nous priver ainsi de votre présence revigorante est presque un crime !

- Allons vicomte, vous connaissez l’intérêt que je porte à ma toilette ! Ne dit-on pas « un esprit sain dans un corps sain ? » Je me fais l’esclave de ce principe et je ne peux que vivement encourager mon neveu ici présent à faire toujours de même.

- Ne craignez-vous pas d’en faire un coquet ou pire encore une coquette ? rétorqua Paul Scarron dans une réplique dure et acérée.

- L’on pourrait vous répondre monsieur que si les parfums ou les sels de bains sont des atteintes à la virilité, les perruques ou les fanfreluches ne le sont donc pas moins ! Pourtant, nos plus valeureux guerriers les portent sur les champs de bataille et plusieurs ici même. Les dentelles ou les mouches feraient-elles donc la valeur d’un homme pour vous, monsieur ?

Le silence seul répondit à ce trait lancé par l’enfant qui se tenait désormais au centre de la pièce. Mains derrière le dos, il suivit de son regard clair l’arc de cercle que formaient les invités de sa tante. Tante qui esquissa un sourire des plus radieux. Benoit avait pris non seulement l’initiative de prendre la parole et s’était attaqué à l’un des plus grands esprits de son salon. Pamphlétaire aux rimes aiguisées, l’époux de la jeune Françoise d’Aubigné restait coi devant ce petit bonhomme qu’elle avait sous sa responsabilité depuis la mort de ses malheureux parents. Ce silence généralement synonyme de néant, n’était pas rien, bien au contraire.

- Diantre ! Chère Madeleine, vous nous aviez point menti ! Ce petit marquis a du mordant et ne semble aucunement intimidé par nous tous.

- Vous avez été tous avertis mes amis, si votre intention ce matin était de déchiqueter mon neveu, tels les chiens à la curée, prenez garde, vous pourriez finir proie plutôt que chasseur !

- Allons donc, je demande à voir ! Une belle phrase bien tournée ne me persuade pas de ses prouesses. Il en faut plus pour m’impressionner.

- Cher Huet, vous qui prisez tant les mathématiques ainsi que la physique, donnez donc à Benoît l’un de vos calculs, un de ceux dont vous possédez le secret de la difficulté.

- Quelle merveilleuse idée ! Nous allons voir si vous êtes un véritable génie petit monsieur. Posez, deux mille cinq cent quatre-vingt-douze multipliés par trois cent quatorze. Divisez ce produit par six et soustraites ce dividende par … mettons quarante-quatre. Vous pouvez prendre une plume et un encrier bien évidemment, pour vous aider dans cette opération. Nous ne sommes pas des …

- Cela fait cent trente-cinq mille six cent quatre, monsieur.

S’efforçant de ne pas paraître niais en arborant une bouchée bée, Pierre Huet, grand érudit fit lui-même le calcul mental imposé à son « élève ». A sa grande honte, lui qui néanmoins restait un grand parmi les grands dans plusieurs domaines, dut prendre le papier, la plume et l’encrier proposés pour y poser l’opération mathématique. Sa vitesse, pourtant exceptionnelle en la matière venait d’être battue. Il ne pouvait que le reconnaître, la mauvaise foi ne faisait pas partie intégrante de son caractère.

- La vérité me force à dire que c’est tout à fait exact. Bravo monsieur le marquis.

Une vague de murmures teintés d’admiration déferla sur le salon durant plusieurs minutes. Benoît se détourna un instant d’eux pour chercher les yeux de sa parente. Peu lui importait de faire impression auprès de ces gens-là, bien que son succès soit agréable, il cherchait à plaire à celle qui lui servait de mère depuis la mort de la sienne. La lueur qu’il lut dans le regard de celle-ci lui fait légèrement bomber le torse, non pas d’orgueil mais de fierté ! N’était-ce pas ce qu’elle lui avait toujours dit de ressentir pour le Souvré qu’il était?

- Quis genium est qui scit Latina! Ego stare per eam! (Tout bon génie est celui qui connait son latin ! Je n'en démords pas ! )

- Enfin madame de Suze, n’oubliez pas je vous prie les charges importantes de mon frère et de ma sœur. Avoir un oncle, chevalier de Malte, Grand prieur de France ainsi qu’une tante abbesse de Préaux, et ne pas parler couramment le latin et le grec ? Allons donc ce serait faire insulte à notre nom !

- Ut ais, iuvenis, qui Latine loqui potest? (Vous prétendez donc, jeune monsieur, pouvoir vous entretenir avec quiconque en latin ?)

- Omnis, nescio, illud esse modeste apud vos si licet mihi ut faciam mihi operam praestant in die una. (Avec quiconque, je ne sais, ce sera bien modestement que je le ferai avec vous si vous me le permettez, afin de m'exercer et d'y exceller un jour.)

- C’est tout bonnement … incroyable !

A peine une attaque était-elle repoussée avec habileté, qu’une autre prenait sa place. Cette assemblée faisait fort mauvaise impression à Benoît qui se sentait traqué et forcé en tout de s’exhiber, lui qui n’appréciait particulièrement pas se mettre au-devant de la scène. Enfant de l’ombre il était, homme de l’ombre il serait. Il avait cette conviction ancré et son caractère était déjà bien affirmé pour qu’il ne change guère d’idées avec les années. Néanmoins, il ne pouvait taire en lui cette petite voix qui le poussait à tenir tête, à déclamer, tel un acteur au théâtre si ce n’est que les répliques étaient de lui. Un véritable défi improvisé de chaque instant. Aujourd’hui il s’agissait de faire honneur à son nom, mais demain ? Demain il voulait aider son prochain étant profondément humaniste. Il se penchait depuis quelques temps déjà sur les textes de lois. Mettre son habileté d’orateur déjà bien palpable au service de l’homme, voilà quel était son rêve. Sa seconde aspiration demeurait de servir son roi en tout, le seul sans doute qu’il ne jugerait jamais quoiqu’il fasse. Le souvenir de l’avoir vu plusieurs fois encore bambin crier à plein poumons pour réclamer ses figurines en bronze de soldats, ne pouvait que les unir. Il avait veillé sur les jours de ce petit roi lors d’une absence de son grand père et de sa mère, tous deux au service de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, durant un bon quart d’heure. Demain il veillerait avec le même zèle sur son trône ! Il se le promettait !

- Et que pensez-vous marquis, des tensions politiques que nous rencontrons à cause du cardinal Mazarin ?

Le sujet politique reste un terrain glissant et fâcheux. Benoît ne répondit donc rien. Néanmoins et malgré son jeune âge sa réplique n’aurait laissé aucun doute sur ses pensées. La reine avait accordé sa confiance à Mazarin, la reine était la régente, la tête du pays durant la minorité de son fils. Sa loyauté serait donc toute acquise à cette dernière, à son fils et au ministre. Pourtant, son silence soudain sembla être une victoire pour le gentilhomme qui s’adressait à lui et un sourire mesquin naquit sur sa bouche.

- N’avez-vous donc pas réponse à tout petit monsieur ?

- Je cherche monseigneur à ne pas connaître toutes les réponses, mais plutôt à me poser les bonnes questions. Celle-ci en étant une, je vous en sais gré.

- Vous feriez un excellent diplomate et juriste, marquis de Courtenvaux, puis je vous dire quelques mots en privé ? sollicita un homme assez âgé respirant la sagesse, qui n’avait jusque-là pas prononcé un mot.

C’est ainsi que le jeune marquis fit la connaissance de son mentor, greffier de la Grand' Chambre du Parlement de Paris : Gilles Boileau. Homme qu’il vénère toujours par-delà la mort. Comment pourrait-il en être autrement pour celui qu'il a toujours considéré comme un modèle et même comme un père ? Arraché du sien à tout juste cinq ans, à la cruelle bataille d'Arras avec si peu de réminiscences de cette figure pourtant essentielle lorsqu'on construit son existence, comment aurait-il pu ne pas s'attacher ailleurs ? Gilles Boileau put ainsi combler le manque affectif ou plutôt l'abîme au fond de son âme d'enfant ! C'est lui qui en fit un homme et quel homme !


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Benoît de Courtenvaux


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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime20.04.12 20:36

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LE TEMPS


DES


SÉPARATIONS

_________________________________________________

« Ma bien aimée tante,

Mon cœur et mes entrailles se sont noués lorsque mes yeux ont parcouru votre dernière lettre. Votre grand courroux à mon égard me tourmente. Comment puis-je l’apaiser ? La considération que vous avez à présent de moi est bien peu de chose en vérité. Néanmoins, je vous conjure pour l’attachement sincère que nous partagions de parcourir ces quelques lignes jusqu’au point ultime. Vous me reprochez de m’être enfui, volatilisé de la capitale dès les premiers affrontements. Cette attitude que vous qualifiez de lâcheté n’est ni plus ni moins que de la sagesse. Songez un instant que malgré mon très jeune âge, je demeure à la tête d’un titre et d’un rang très convoités. Je ne peux que me remémorer ces minauderies de femmes bien plus mûres que moi, le mois dernier au sein même de votre salon. Comment accepter une union dégradante de deux blasons, dont l’un serait immanquablement entâché par la pire des trahisons ? Vous m’avez élevé madame, dans l’amour de ma patrie et plus encore dans celui de mon roi. Que ce dernier soit quasiment forcé de fuir tel un captif m’a empli de honte. Sachez madame, que la vergogne m’étreint cruellement de faire partie de cette noblesse ô combien parjure. Demeurer à Paris exigerait de moi que je m’associe tôt ou tard aux frondeurs, certains sont déjà venus à moi, accompagnés de bien belles promesses. Je n’y suis donc pas resté. Je fais acte de rébellion en me perdant dans la province en compagnie de mes sœurs. Il ne sera jamais dit qu’un Courtenvaux aura profité de l’humiliation de son souverain pour pactiser avec ceux qui semblent être les nouveaux maîtres du pays ! Devrais-je le payer de mon sang m’importe bien peu. La vie bien courte de mon père a été sacrifiée pour l’honneur, comment ne pas suivre son exemple ma tante ? Taisez, je vous en supplie ces propos injuriants à mon égard. Je devine aisément qu’ils ne sont dus qu’à la douleur que vous a occasionnée notre séparation précipitée. Sachez qu’elle m’est tout aussi pénible, néanmoins devais-je vous mettre en péril auprès des personnes que vous côtoyer chaque jour ? Si un jour prochain, l’on vous demande de me renier, faites le chère parente. J’ose même vous demander de prendre les devants, offrez leur un écran de fumée. Votre intelligence vous servira à merveille dans cette voie. La France est à l’aube de la guerre civile et Paris une fois encore sera au cœur d’une boucherie que je pressens terrible. Soyez à leurs côtés, mais restez silencieuse et invisible sur les bancs de leurs débats car l’avenir portera Louis XIV à Reims et les coupables seront châtiés. Nul ne voit en cet enfant un véritable soleil qui se lève. Il m’a suffi de quelques minutes en sa présence pour m’en convaincre. J’ai choisi mon camp, ma tante et je vous prie de faire de même. Vous me répondrez, que j’inverse les rôles, que ce n’est point à moi de vous conseiller. Je n’ai que quatorze ans je le concède, ne suis guère clairvoyant, n’entends sans doute rien à la politique mais mon nom m’oblige ! J’espère que ces quelques mots auront fait taire à jamais la rancœur que vous semblez me conserver, depuis mon départ. Permettez-moi à présent de vous conter dans le détail les quelques semaines que nous venons de passer loin l’un de l’autre. Il y a tant à dire, que j’ai peur de m’y perdre …

Vous ne serez guère surprise d’apprendre que ce séjour sur nos terres, a renforcé la piété d’Alice. Vous devez vous souvenir tout comme moi de ses journées passées en prières et litanies de toute sorte. Lors d’une visite impromptue de la mère supérieure d’un couvent des Annonciades, ma sœur lui a fait si forte impression, que cette dernière me déclara l’accepter parmi l’ordre et ce même sans dot. Bien sûr, Alice recevra la somme prescrite sur l’héritage de notre regretté père. Il n’était pas question du contraire. Malgré quelques hésitations dues à la rapidité des évènements, j’ai ressenti une immense fierté et plénitude lors de son premier jour de noviciat. Je sais que ma tendre sœur ne sera heureuse qu’en servant en tout Notre Seigneur Jésus Christ. Là où se trouve son bonheur se trouvera le mien ! Las, séparé d’une sœur je ne pensais pas offrir à Dieu tout puissant plus d’êtres chers que je ne le pensais. Constance, mon aînée de quatre ans s’est vue cruellement séparée de son promis. La peste l’a emporté. Un jeune homme si bon ma tante, un futur beau-frère si parfait ! Je le regretterai tout comme je regretterai pour toujours de ne plus qu’apercevoir Constance que sous un voile de nonne. Sa douleur fut telle que seul le réconfort de la religion semblait lui apporter un quelconque souffle de vie. Je ne m’en réjouis guère mais si Dieu devient le fil invisible qui la raccroche à l’existence, comment aurais-je pu ne pas céder à sa demande de rentrer au couvent ? Le remords sans doute bien égoïstement est pour moi. Je suis à jamais séparé de deux de mes sœurs par le caprice du destin. Le cœur bien lourd et la main tremblante, je voudrais cesser la course folle de mes mots ici même et ne pas évoquer ma bien aimée cousine Yolande. Vous connaissez son entrain et sa bonne humeur, tous deux devenus presque légendaires dans notre famille. Ce matin peinée de me voir fort soucieux, elle est venue jusqu’à moi. Ses boucles auburn adorables virevoltant autour de son visage, elle me fit part d’une grande résolution : « Mon cousin, lorsque le roi fera une entrée triomphante à Paris, je promets de me consacrer à Dieu. Me sacrifier ne me gêne pas, si grâce à ça Dieu se sent forcé de rendre victorieux notre souverain. » J’ai alors tenté de la faire taire aussi élégamment que possible, mais je n’eus le temps d’aucun geste, sa main se trouvait déjà posée sur la Bible et sa parole donnée. Depuis lors, j’avoue que la peur me tenaille à la pensée de ce jour à la fois si glorieux et si triste qui nous offrira un roi mais nous prendra notre chère Yolande.

Bénissez nous ma tante, les jours ici se font longs et solitaires.

Songez à votre affectionné neveu qui est bien meurtri d’être tenu si loin de vous et qui n’espère qu’en votre pardon et votre compréhension.
Toutes mes pensées ne seront que pour vous durant les malheurs que nous traversons.

Ne me laissez pas dans le tourment de vous avoir déplu, et faites moi porter au plus vite de vos nouvelles. Ce vœu est ma plus fervente prière.

Je vous embrasse tendrement,

Benoît qui vous aime comme un fils. »


21 octobre 1652, Paris.

Le marquis de Courtenvaux déchira d’un coup sec, à l’aide de son coupe papier en or, le sceau de sa propre famille. Il ne devinait que trop bien l’expéditeur de ce courrier et c’est agrémenté d’un très long soupir qu’il se décida à déplier le parchemin.

« Mon cher cousin,

La parole d’une Souvré ne se donne qu’une fois. Aujourd’hui notre bon roi a fait une entrée triomphante dans la Capitale, il s’est installé au Louvre dit-on. J’en suis ravie car je sais qu’à l’aube de ce jour, tu as souri et cela me manquait depuis maintenant quatre ans. La pensée seule de ce sourire me suffit Benoît. Il est maintenant temps de faire comme je l’ai promis à Dieu et de le rejoindre à Loudun. On prétend qu’il y a quelques années ce couvent était possédé par des sorcières, c’est bien, au moins m’ennuierais-je point trop ! Le mystère sera présent à mes côtés jusqu’à ma mort. Rejoins-moi ici-bas, dès que tes études de grand juriste te le permettront. Nous enquêterons et deviendrions les espions de Richelieu dans l’au-delà. Quelle chance mon Dieu ! Ne sois donc point trop attristé par mon sort, l’amusement sera au rendez-vous ! Au pire tu sais bien que je le créerai quitte à me faire réprimander. Ça sera le cas en toute occasion, tu me connais que trop bien et cette tendance que j’aie au bavardage ne t’est pas inconnue. D’ailleurs je ne m’attarde guère, car le carrosse m’attend et mes malles ont toutes été hissées. Je songe à bastonner les serviteurs pour leur zèle mais ce ne serait guère chrétien à la veille de mon noviciat.

Sois heureux pour moi Benoît et plains plutôt la malheureuse Mère Supérieure qui va me supporter à compter d'aujourd'hui,

Ta cousine qui t’attendra comme le Messie, quitte à blasphémer. »



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Benoît de Courtenvaux


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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime22.04.12 18:08

Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Batail10
LE TEMPS


DES BLESSURES



(Chapitre I)

_________________________________________________

16 juillet 1656, Valenciennes.

- Les espagnols l’emportent une fois de plus c’est une réalité ! J’en ai ras le bol de voir mes compagnons tomber comme des mouches dans cette satanée guerre.
- Que Turenne ne vous entende pas malheureux !
- On dit qu’il s’est alité depuis la capture de la Ferté, il en est malade ! On lui a même fait porter des sangsues, c’est pour dire.
- Satané Condé, le temps glorieux de Rocroi est loin, très loin. Quelle idée de séparer nos deux corps d’armée en inondant les environs ! Quel grand stratège vraiment ! Les charges de cavalerie c’est très bien, mais quand ça ne détruit pas toutes nos résistances.

Ainsi parlaient quatre soldats penchés sur leur verre ou plutôt leur broc de vinasse. Ils n’étaient pas morts, mais avaient pourtant une mine de déterrés. Hélas bien de circonstance ! Leur supérieur se trouvait à l’heure actuelle, en compagnie de soixante-seize officiers et de nombreux fantassins aux mains de l’ennemi : Don Juan d’Autriche. Eux même avaient dû fuir et faisaient partie des deux milles rescapés du camp d’Henri de la Ferté-Senneterre. Sous leur tente improvisée, le silence régnait mais était parfois brisé de cris de révolte et d’humiliation, de claquements de bottes, de liquide puisé dans des barriques. On voulait oublier la désastreuse bataille mais parfois le souvenir en était trop vif, comme une marque au fer rouge dans l’esprit et dans le cœur. Alors on buvait pour contenir ses larmes. Ce manège aurait pu durer encore longtemps. C’est un lancier au visage ensanglanté qui faisant irruption changea la donne.

- Courtenvaux est à terre ! Quelques hommes pour m’aider à le transporter.
- Comment ça, ne nous dis pas qu’il est mort ? Il manquerait plus que ça !
- Je ne sais pas, quand je l’ai trouvé il respirait encore mais avait une sacrée blessure. Enfin ce n’est pas l’heure de discuter, venez !


Le soldat n’eut pas besoin de répéter sa demande que déjà une dizaine d’hommes se présentaient devant lui et attrapaient au vol une civière de fortune. Le marquis Benoît était apprécié de tous ses hommes. Pas un seul dans son régiment n’aurait trouvé à redire sur sa valeur de combattant. Officier aux ordres de la Ferté, il n’avait pas hésité à passer plusieurs fois le pont de fascines sous une grêle de balles et de flèches, afin de porter des messages à Turenne. Son courage faisait depuis mai, l’admiration de tous et sans doute était-ce lui le seul « vainqueur » de la bataille. Ayant blessé mortellement un autre marquis, le trop dangereux Albert de Mérode lors d’une sortie à cheval, leurs ennemis en dedans des murs, n’avaient guère osé se frayer un chemin hors de la garnison depuis. Une très bonne chose, car la débâcle aurait été alors totale. Néanmoins tout ceci relevait du simple détail comparé à son attitude plus qu’humaine face à l’épidémie de choléra. Si on l’aimait sincèrement, c’était bien pour avoir porté parfois lui-même ses hommes à l’infirmerie au risque d’être contaminé. Leur détermination à le retrouver ne faiblirait pas malgré leur patauges dans la boue et le voisinage des rats. L’obstacle cependant vint d’ailleurs.

- Laissez les morts et les agonisants, Turenne vient d’ordonner de lever le camp et de se replier dans le village de Quesnoy.
- Sergent, Courtenvaux est là quelque part, nous le trouvons et filerons aussitôt après.
- Nous n’avons plus le temps soldat, nous courons droit au massacre si nous restons ! Chaque minute compte ! C’est un ordre de votre supérieur en chef.
- Écoutez cet homme m’a frictionné lui-même pendant des heures pour que je ne crève pas à cause de cette saleté de maladie. S’il est vivant, je ne vais pas le laisser se vider de son sang. S’il est mort, il mérite une sépulture digne ! Ca ne sera pas le repas des charognards !

Un coup de feu retentit alors brusquement. Le sous-officier venait de tirer en l’air en signe de menace.

- Obéissez soldats ou dois-je vous considérer comme rebelles à l’autorité ? Vous savez ce que vous encourez !
- On s’en moque bien de passer par les armes, on fait ça depuis deux mois de risquer notre peau ! La mort ne nous effraie pas, notre conscience sera sauve au moins !
- C’est une honte … Arrêtez les !
- N’en faites rien sergent !

Turenne pâle certes mais apparaissant dans tout son panache et sa gloire venait d’intervenir. Tel un ressort, il avait bondi hors de son dais au son de la balle sifflant à quelques mètres de lui.

- Vous avez en tout et pour tout une demi-heure pour retrouver le capitaine de Courtenvaux et revenir au camp. Nous ne souffrirons point une minute de plus. Songez à vos compagnons d’armes messieurs.

Après avoir remercié par un salut tout militaire leur chef suprême, les hommes se dispersèrent et retournèrent bien des cadavres avant de parvenir jusqu’au corps quasi sans vie du marquis. Un bout de lance était planté au-dessus de sa hanche droite, non loin des côtes et du sang s’échappait abondamment de sa blessure. La face retournée, le pauvre malheureux ne respirait plus que de la terre depuis plusieurs heures, ses lèvres et sa gorge en étaient même imprégnées. Lorsqu’on le plaça avec grande difficulté sur la civière de fortune, il toussa durant des minutes qui lui parurent des siècles. La plaie ne s’en montrait que plus douloureuse encore.

- Monsieur le marquis, vous êtes entre de bonnes mains, tenez bon !
- Toute cette poussière … Retirez moi toute cette poussière.
- Capitaine, pas le temps pour une toilette dans les règles, nous devons lever le camp.
- Non ça me rend fou … j’ai la sensation d’être enterré vivant. De l’air … Plus de poussière. Elle est partout, elle m’étouffe. Le boulet de canon … Elle est sur moi. Enlevez-moi ça …

L’un des soldats pris de pitié face à cette respiration sifflante à l’extrême qu’il savait psychologique, déchira un bout de sa chemise. Les sources d’eau ne manquaient pas depuis l’inondation commandée par Condé, et bien que dégoûtantes, il y trempa le tissu. Il passa par la suite, ce bout de lin bien humecté sur le visage de Souvré qui s’évanouit avec un très léger sourire de satisfaction.

- Un traumatisé de plus les amis !
- J’en ai bien peur.

Quelques heures plus tard,

La poitrine et le ventre pansés et bandés, le marquis de Courtenvaux s’éveillait. Durant toute l’opération qui consistait à lui retirer le métal de sa chair, on l’avait assommé d’alcool pour lui donner le courage nécessaire. Une eau de vie qu’il avait mainte fois recrachée tant elle lui brûlait l’œsophage. Il avait eu droit également à l’ancestral bout de bois entre les dents qu’il avait mordu bien des fois depuis le début de son calvaire. Cependant, sa force était venue curieusement d’ailleurs. Un homme grièvement atteint au visage et à la balafre sérieuse se trouvait à ses côtés. Il portait l'uniforme des mousquetaires. Entre ces deux-là était née une solidarité qui aurait pu déplacer les montagnes. Ils ne se connaissaient pas, ne savaient rien l’un de l’autre pas même leurs noms mais c’est peut-être grâce à cet autre qu’ils survécurent. Revenu parmi les vivants avec lucidité, il interpella l’aumônier militaire qui assistait les blessés et leur offrait l’extrême onction.

- Mon père, mes jours sont-ils en danger ? Ai-je besoin de réclamer le secours de la religion ?
- Non mon fils, tranquillisez-vous.

A cet instant, un des praticiens rentrant, son tablier maculé de sang. L’horreur de la guerre souleva à nouveau le cœur de Benoît. Jamais il n’avait autant espéré en la propreté, le silence de son hôtel particulier.

- Je vous laisse parler de tout ceci avec le médecin. Il saura vous en dire plus sur votre état.

Le savant s’était déjà approché en entendant ce discours. Il tenait à la main un parchemin et une plume.

- Messire de Souvré, je suis bien aise de voir que vous avez repris connaissance.
- Ne me dissimulez rien monsieur. Ma blessure est grave ?

L’homme avisa une chaise et la plaçant au chevet de Benoît s’y assit dessus. Il prit alors le ton des confidences avec un ton grave et sérieux qui ne laissait rien présagé de bon.

- Nous n’avons pas pu extraire totalement le bout de lance. Un fragment s’est logé entre les côtes et il nous est impossible avec les moyens disponibles sur le camp d’y parvenir.
- Vous dites que je vais vivre avec un morceau de métal dans le corps pour le restant de mon existence ?
- Bien minime monsieur le marquis. Vous devrez néanmoins éviter à présent de vous rendre sur les champs de bataille. Un trop grand effort physique, de trop longues chevauchées pourrait déplacer le fragment.
- Pourrais-je tout au moins marcher ? Courir ?
- Sans aucune difficulté marquis. Vous ressentirez parfois une douleur lancinante à votre ancienne plaie, que nous saurons calmer par l’administration de quelques plantes. Mais la guerre réclame des capacités physiques constantes. C’est pour cela que je vous conseille davantage de revêtir l’habit d’avocat qu’une armure dorénavant. Voici … votre …

Le médecin hésitait à lui montrer le document qu’il tenait entre les mains. Benoît blêmissait à vue d’œil ne devinant que trop bien de quoi il s’agissait.

- L’acte officiel à parapher pour que vous soyez dorénavant et pour toujours réformé de l’armée de Sa Majesté.

Adieu le privilège et l’honneur de servir son roi. Benoît était meurtri au plus profond de son âme ! Pourtant il signa. Il signa et retomba sur sa couche crasseuse faite de paille, muet. Un silence empreint de colère froide contre le destin.

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Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.
Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.
Discours royal:




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Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime22.04.12 18:32

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LE TEMPS


DES BLESSURES


(Chapitre II)



_________________________________________________

Janvier 1658, Paris.

Gilles de Boileau après avoir serré la main de Benoît laissa sa joie l’envahir tout entier et donna l’accolade à son brillant élève.

- Magistrat Souvré ! Maître Courtenvaux ! Parlementaire à la Chambre des enquêtes et conseiller à la Tournelle ! Cela sonne si bien mon ami ! Félicitations pour votre brillante thèse et votre réussite. Nul ne pourra dire que vous avez volé le privilège de siéger parmi l’illustre assemblée.

Après un an et demi d’acharnement et d’études juridiques, scientifiques, littéraires, Benoît venait d’avoir l’insigne honneur d’être inscrit sur la liste des parlementaires. Juge et défenseur, en voilà un grand pouvoir. Benoît était heureux pour la première fois depuis longtemps. Il faut dire que sa convalescence bien qu’au milieu des ouvrages de toute sorte, n’avait guère été facile. Il privilégiait à présent les chaises à porteurs et les carrosses aux chevaux, ingurgitait des potions infectes pour apaiser ses maux au ventre ! Sa vie n’était guère facile, ce qu’il tentait d’oublier, se plaindre n’était pas dans ses traits de caractère. Il ne commencerait pas aujourd’hui puisque l’un de ses rêves se concrétisait. La bonne humeur serait donc au rendez-vous pour le restant de la journée, de la semaine, du mois … en vérité pour le restant de son existence. La difficulté de sa tâche ne l’effrayait guère, il était un homme responsable et le travail à fournir serait toujours rendu à temps.

Non vraiment le seul nuage à l’horizon était la peine qu’il ressentirait à sa première condamnation à mort, rendre la justice passerait hélas tôt ou tard par cette case. Envoyer un homme à l’échafaud n’était pas rien. Il se promit à cette heure solennelle d’étudier à la lettre chaque cas qu’on lui présenterait, de ne jamais se laisser trahir par les apparences. Avant tout humaniste, il apaiserait ses élans de conscience en acceptant également de nombreux dossiers de défense. Avocat et procureur. Emploi à double tranchant, mais il était prêt.

- Pourquoi ne pas profiter de l’après-midi pour fêter dignement votre nouvelle charge avec la belle Catherine ?

Son mentor venait de lui donner du coude sur le bras. A la pensée de sa si délicieuse promise, Benoît sentit son cœur s’emballer. Sa tendre affection, pour ne point nommer cela amour, à son égard semblait s’accroître davantage au fil des jours. Il avait connu quelques amourettes avant de la rencontrer et de lui demander sa main, mais aucune femme n’était comparable à sa fiancée. Dotée de la beauté et de l’esprit, il s’émerveillait à chaque instant des qualités si exceptionnelles de sa future épouse. Admirateur des grands poètes, il le devenait lui-même. Chaque jour était synonyme d’envois de quatrains sur ce qu’elle lui inspirait, de bijoux choisis avec minutie, de fleurs cueillies parfois par lui-même. Le désir qu’elle sache son omniprésence dans son âme, était plus fort que lui. Il l’aimait à en perdre l’esprit et c’était suffisant pour la gâter en tout !

- Croyez-vous ? Elle ne m’attend point.
- La belle affaire ! Bien au contraire, la demoiselle sera ravie de la surprise ! C’est un ordre, on ne veut plus de vous pour le reste la journée. A demain !

Avant même d’avoir pu dire une seule objection qui aurait été la première de sa carrière, Benoît vit Gilles de Boileau remonter les marches du Parlement quatre à quatre. Libre de toute corvée, le marquis céda à l’envie d’aller saluer mademoiselle de Corlay. Un déjeuner sur l’herbe où il lui réciterait son dernier poème lui semblait un parfait programme. Il préféra marcher l’esprit dans ses pensées, un sourire aux lèvres et traversant un parc, il déracina quelques marguerites et violettes. Nous disions fête ? Qu’à cela ne tienne, une bouteille de vin fut achetée par ses soins et il y inscrivit une nouvelle demande en mariage sur le papier blanc collé à même le verre. Toujours des attentions. Encore des attentions. Elle le méritait bien. A quelques mètres de sa maison, il plaça le tout dans une petite corbeille en osier et monta les marches.

S’il ne frappa pas à la porte, ce fut pour l’effet de surprise ! S’il rentra à pas de loup et plaça sa main sur les lèvres de la suivante tout à coup tétanisée, ce fut pour l’effet de surprise ! Elle devait se préparer, car il ne la trouva ni dans le salon, ni dans son antichambre. Bien, il n’aurait pas la muflerie de pénétrer dans sa chambre à coucher et patienta devant la porte, qu’elle sorte. S’il ne tint pas sa résolution de gentilhomme ce fut pour la voix d’homme qui retentit dans la pièce. Jusqu’au dernier moment, il crut que ce dernier allait la violenter, que jamais elle n’aurait laissé rentrer un autre homme que lui. Lui qui patientait la nuit de noces pour avoir ce droit. Il donna un coup sec dans la porte et sortit son épée pour faire face à celui qui venait de signer son arrêt de mort. S’il ne le tua pas, ce fut l’effet de son cœur se brisant en mille morceaux et qui rendit insignifiant celui qui lui meurtrissait les côtes. Catherine, SA Catherine prodiguant des caresses à un inconnu et lui offrant un baiser des plus torrides. Il est certain qu’à son entrée foudroyante, elle chassa un instant l’homme de ses bras, mais le mal était fait !

- Comment osez-vous me faire ça à quelques mois de notre mariage ?
- Benoît …
- Marquis de Courtenvaux dorénavant madame.
- Marquis, apaisez-vous, je vais vous expliquer …
- M’expliquer une chose parfaitement limpide ? Inutile madame ! Votre cœur n’a jamais été à moi ! Je fus bien stupide de le croire et de vous offrir de surcroît le mien.
- Je n’ai pas osé vous l’avouer. Vous êtes un homme très bien, très droit …
- Qualité que vous ne semblez pas posséder madame.

Ce spectacle répugnant qui l’avait un instant plus tôt pétrifié sur place devenait insupportable. Tourner les talons n’était donc pas une option mais une nécessité VITALE ! Si seulement Catherine ne s’était pas mise devant lui pour lui barrer la route, il y serait arrivé. Sa tenue légère ainsi exhibée sous ses yeux ne faisait que le torturer davantage.

- Marquis, ne partez pas je vous en prie ! Parlons-en ! Laissez-moi l’occasion de me défendre, vous allez bientôt devenir avoué, c’est votre devoir.

Benoît eut un ricanement bref face à l’ironie de la situation, mais lui permit d’un signe de la main de lui donner sa version. Jamais il ne lui dirait que désormais il était bien avocat et parlementaire ! Cette nouvelle, elle s’en moquait bien. Pourquoi la partager avec elle ?

- Je n’ai pas pu refuser votre proposition de mariage, mes parents en avaient besoin après la Fronde ! De plus, je vous portais une réelle affection, croyez-moi, mais ce n’était pas ce que vous espériez de moi. Je n’ai jamais osé vous l’avouer, vous aviez toutes les attentions à mon égard. Je ne voulais pas briser vos illusions.

Que croyait-elle ? Qu’elle ne l’avait pas fait de la pire des façons par la trahison ? La franchise peut blesser mais là il s’agissait d’un couteau dans le dos. L’excuse ne tenait pas.

- Pardonnez-moi Benoît.

Secouée par des hoquets de pleurs, Catherine de Corlay posa ses mains sur ses épaules, dans le but de le supplier. Geste qu’il ne fallait pas faire, son contact à présent le dégoûter. Il attrapa ses deux poignets et la poussa au sol.

- Ne me touchez pas ! Considérez nos fiançailles comme rompues. Cet homme est libre de demander votre main, si ce n’était pas seulement votre corps qu’il désirait. Je ne veux plus jamais vous revoir ou entendre parler de vous ! La galanterie seule m’oblige à taire ce que je pense de vous. Sachez néanmoins que je vous méprise car la haine est encore un sentiment et vous méritez que je ne vous en porte aucun. Adieu !

Passant au-dessus du corps en pleurs de son ancienne promise, il laissa tomber le panier non loin d’elle. Le vacarme produit par la bouteille brisée en milles fragments l’accompagna comme un écho de son propre cœur en lambeaux, jusqu’à la sortie. Dire qu’il entendrait quelques années plus tard, à nouveau parler de cette femme. Quelle misère !




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Benoît de Courtenvaux


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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime27.04.12 17:21

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LE TEMPS


DE


L'ESPIONNAGE


(Le recrutement)

_________________________________________________

Eté 1659, Hôtel de Courtenvaux

- Nicéphore ! Tiens-toi prêt mon brave, le coup est pour ce soir … Je vais mettre mes affaires en ordre, sait-on jamais ce qu’il peut m’arriver.
- Pardon ? Vous dites ? Vous voulez des betteraves et un bougeoir avant de prendre l’air ? Pourquoi faire maître ?

L’audition désastreuse de son fidèle domestique venait encore de frapper. Benoît patient comme à l’accoutumée, répéta d’une voix plus forte, sa requête. Il ne s’agissait pas de tout faire rater.

- Je dois sortir le petit ou le grand matériel marquis ?
- LE GRAND ! Ce soir je dois tuer malheureusement.
- Vous allez à la faculté ? A cette heure ?

Souvré abaissa les bras désespéré tandis que ses yeux priaient le ciel de se faire entendre convenablement.

- C’EST CA OUI. JE REVIENS DANS VINGT MINUTES ! VINGT TU M’ENTENDS NICEPHORE ?!
- Oh là là, inutile de crier vous savez, je ne suis pas sourd. Allez filez, je prépare tout. Vous finiriez par me mettre en retard.

Nicéphore était un vieillard mais un vieillard bien gaillard et parfois bien insolent. Si tout le personnel du marquis de Courtenvaux était trié sur le volet, il faisait une exception pour ce sourd. Ancien marin, les boulets de canon tirés à répétition à quelques mètres de son oreille, Nicéphore avait la gratitude entière de son maître. Lors de la bataille d’Arras, le soldat avait tenté l’impensable pour sauver son père et avait d’ailleurs assisté à son dernier souffle. Le sexagénaire n’avait eu besoin, ni recours à une quelconque recommandation pour rentrer à son service. C’était somme toute très naturel de veiller sur lui jusqu’à sa mort. Un juste retour des choses. Benoît ne réclamait son aide que pour les coups durs souvent nocturnes, les journées étaient laissées libres de toute entrave domestique ! Nicéphore croquait sa vie à pleines dents depuis une dizaine d’années. Ce n’était pas le cas de Souvré. Il n’avait quasi plus le temps de respirer depuis cette entrevue très secrète avec le roi de France. Pourtant tout avait commencé lors de son conseil.

********************

Février 1659, Palais du Louvre

Ses doigts tapaient sur le secrétaire en bois de chêne magnifiquement ciselé. Autour de lui étaient assis les principaux ministres de Sa Majesté. Tous le dévisageaient avec un courroux non feint. Ils se sentaient humiliés. Pour cette fois, la déduction aurait été à la portée d’un enfant. L’animosité était palpable et semblait vibrer jusqu’à la poignée de la porte. La raison en était simple. Le marquis de Courtenvaux n’avait rien à faire auprès de Louis XIV. Lui-même se posait la question de sa présence ici, son poste le réclamait au Parlement. L’honneur le remplissait de joie, mais il patientait de connaître le rôle qui lui serait assigné aujourd’hui.

- Autre point de l’ordre du jour, messieurs, l’émeute d’Aix en Provence contre le président du Parlement. Marquis de Courtenvaux, vous qui êtes un éminent membre de cette assemblée, éclairez nous sur cette affaire.

Ah ! Il s’agissait donc de cela ! Qu’en dire sinon ce que les gazettes en narraient.

- Sire, le baron d’Oppède a échappé de très peu à un assassinat et certes les coupables sont de fait fort condamnables par la justice de Votre Majesté, cependant …
- Des frondeurs ! Des mécréants ! s’indigna le seigneur de Pomponne, aux affaires étrangères.
- Continuez messire de Souvré. Autorisa le roi.
- Cependant, disais je, par sa charge d’Intendant de Provence monsieur de Forbin-Maynier a outrepassé ses droits et je ne suis guère étonné des agissements de la population et de la noblesse provinciale.
- Vous prendriez la défense de rebelles à la couronne, Courtenvaux !

Si le protocole n’interdisait pas catégoriquement de se lever en présence du roi, Benoît aurait lancé l’un de ses gants à la face de Denis Marin, intendant des finances. L’insulte n’en fut pas moins cuisante pour son nom.

- Dois-je exposer ici même le rôle que j’aie tenu durant la Fronde et par la même rappeler à certains d’entre vous, la place qu’au contraire ils ont pu adopter en ces temps troublés ?
- Messieurs, silence ! Marquis votre conseil sur la répression à tenir ?

Le roi hésitait sur la conduite à tenir, mais Benoît ne lui aurait pas fait l’affront de se vanter de cette demande assez exceptionnelle. Les yeux ronds, ses ministres crispaient leurs mâchoires sous la frustration. Louis XIV réclamait l’avis de quelqu’un et il ne s’agissait pas du cardinal de Mazarin.

- Votre Majesté risque par des condamnations à mort, à voir soulever la Provence. L’assemblée des communautés, la petite noblesse, les procureurs sans oublier bien entendu le clergé. L’archevêque n’est autre qu’un Grimaldi et les alliances de cette puissante famille avec les différentes principautés italiennes et d’autres voisins de la France ne se comptent plus. Il serait plus avisé de châtier les coupables par des confiscations, des exils ou par un envoi aux galères. La Tournelle elle-même ne prendrait pas une décision plus sage Sire. Il faut éviter la gangrène.

Un silence fait de pensées stratégiques, politiques et judiciaires emplit la salle du Louvre. Le visage impénétrable, le roi se leva de son siège quelques minutes plus tard et donna congé sans rien répondre à son petit discours. Il exécutait un salut respectueux lorsque Louis XIV le pria de l’accompagner jusqu’à son antichambre. Décidément cette journée ne lui épargnait pas les surprises, cela dit pour cette fois, elles n’étaient pas mauvaises.

- Marquis de Courtenvaux, nous prendrons en considération votre opinion sur l’affaire d’Aix.
- J’en remercie Votre Majesté.
- Nous désirons à présent vous entretenir d’un tout autre sujet.
- Je suis à vos ordres Sire. Quel est-il ?
- Cela concerne votre loyauté à mon égard à vrai dire …

Les joues de Benoît s’empourprèrent avec violence. Le roi allait-il lui faire l’insulte de le croire traître, à cause des remarques stupides de son secrétaire d’état ?

- Une loyauté à toute épreuve, je n’ai qu’un regret, celui de pouvoir vous offrir qu'une seule fois ma vie, sire.
- Nous n’en doutons en aucun cas. Votre répartie de tout à l’heure nous a fait souvenir que votre fidélité fut contre vents et marées, toute à notre couronne. C’est pour cela, que nous voudrions vous faire incorporer notre réseau d’espions.

Benoît fut tellement stupéfait qu’au contraire cette fois, l’envie de s’asseoir le prit. Mais encore une fois, le respect à la personne royale ne le permettait pas ! La proposition était si incroyable, qu’il osa planter ses yeux dans ceux du monarque. Autre chose interdite puisqu’on devait baisser le regard devant lui plutôt, mais de cela il ne put s’empêcher. Comment refuser un tel privilège ? Mais surtout comment l’accepter ?

- La confiance de Votre Majesté m’est plus chère que tout, cependant, vous n’ignorez pas les blessures de guerre qui sont les miennes.
- Nous n’ignorons pas non plus votre sens de la déduction. Déjà lorsque nous étions enfants, vous aviez deviné mon besoin de jouer avec mon régiment de plomb et précisément les figurines que je voulais. Je suis curieux aujourd’hui de connaître comment vous avez réussi à lire ainsi dans mes pensées. Vous ne me saviez rien de moi cinq minutes plus tôt, hormis peut-être ce que votre mère vous en avait dit, mais je ne lui parlais que fort peu.
- Votre Majesté était fort courroucée ce jour-là. Il m’est apparu limpide que vous étiez d’humeur guerrière. Votre régiment me semblait le parfait jouet pour vous apaiser. Quant aux figurines, Votre Majesté avait insisté pour porter un habit rouge vif, ce fut un réflexe de lui tendre Mars et Vulcain.
- Vous saviez aussi que j’étais particulièrement en colère à cet instant. Cela aussi n’a été confié à personne.
- Vous teniez à la main un bout de tissu que j’avais vu quelques instants plus tôt sur la robe de votre jeune amie, la servante que vous nommiez : la reine Marie. Il avait été déchiré et vous le teniez fermement dans votre poing ! Une dispute avait dû vous opposer.

Louis XIV sourit de ce sourire indéchiffrable que l’on lui connaissait.

- C’est cela que je recherche dans cette élite, Courtenvaux. Le sens du détail que vous possédez et la possibilité d’en faire des déductions aussi précises. J’ai lu certaines de vos procédures, et vous m’avez convaincu de votre talent. Vous avez de nombreux atouts pour me servir contre mes ennemis. Jusqu’alors seule le prétexte de vous proposer tout cela me manquait pour une parfaite confidentialité. Les évènements de ces derniers jours me l’ont donné. Acceptez-vous marquis ?

Le temps de la réflexion lui aurait été nécessaire mais il dut se décider vite. On ne fait guère attendre un roi.

- Je suis votre serviteur Sire et je me ferai un devoir de ne pas vous décevoir.
- Je connais votre profond humanisme marquis et je ne vous dissimule pas qu’il vous faudra parfois avoir recours au crime d'état.

Benoît déglutit. En effet voilà un aspect qui ne l’enchantait guère et même en aucun cas. Néanmoins depuis qu’il avait porté l’habit militaire, il avait tué pour son roi. Les victimes ne seraient plus espagnoles mais françaises. Où était la différence ?

- Je m’y résoudrai lorsque Votre Majesté me l’ordonnera.

********************

Cinq mois plus tard, après quelques missions de routine, il devait tuer pour la seconde fois. L’homme représentait un péril considérable, il projetait ni plus ni moins un attentat contre le convoi royal se préparant à rejoindre l’infante Marie Thérèse. Il en avait eu la preuve ce matin.

La plume tournoyant entre son pouce et son index, Benoît réfléchissait sur les mots à mettre dans cette lettre. Peut-être demain serait-il mort. Il devait prendre des dispositions et envisager cette hypothèse. Un œil sur la pendule lui indiqua qu’une dizaine de minutes lui était accordée pour cela.

« Cher Ferdinand,

A qui d’autre écrire le danger que j’encours ce soir, tu le connais mieux que quiconque. Nous nous connaissons peu pourtant, mais tu as jugé bon d’accepter d’être le parrain d’Edmond, lorsque celui que j’avais choisi pour lui est mort. Ce fils qui est mien sache donc qu’il est tien si un malheur survenait. Je ne verserai pas dans la tragédie, tu aimes bien trop rire pour l’aimer, mais je ne peux fermer les yeux sur cette hypothèse. Rien n’est sûr en ce monde et certainement pas notre enveloppe charnelle. Je te recommande donc de prendre soin de lui, il est gascon comme toi ce qui devrait vous rapprocher lorsqu’il atteindra l’âge adulte. Je te demande également de ne pas l'éloigner de sa demi sœur Alexandrine. Séparés seulement de quelques mois, tous deux s’aiment comme des jumeaux. N’omets pas de leur répéter à quel point leur père les aimait, qu’il regrette peut-être sa luxure d’un temps où l’amour d’une femme l’avait rendu inconsolable, mais en aucun cas de les avoir tenus dans ses bras. Promets-moi de ne les conduire à aucun orphelinat insalubre où ils ne respireraient que de la saleté et n’auraient qu’une piètre éducation.

Mon intendant te remettra le jour de mon enterrement, une somme coquette pour les frais occasionnés.

Remets leur lorsqu’ils atteindront l’âge de seize ans, leur héritage, tu en trouveras acte chez le notaire Laboisier.

Je t’en remercie mon ami, car seul un ami ferait cela pour moi et je sais que tu le feras,

Benoît, marquis de Courtenvaux. »


Après avoir aposé sa bague-sceau sur la cire chaude, Souvré se dirigea vers la sortie. Au dehors l’attendait Nicéphore.

- Vas remettre ceci au baron d’Anglerays.
- On va pêcher la raie ? On y verra goutte dans la Seine, il est minuit passé.

Benoît le prit au cou et le força ainsi à pencher la tête pour y lire l’adresse.

- Ah je dois aller remettre ça au cinglé, d’accord j’y cours. On se rejoint là-bas alors.
- OUI DANS UNE HEURE !

Il irait à pieds, si c’était la dernière promenade de son existence, autant qu’elle soit riche en réflexions philosophiques comme il en avait le secret. On ne change pas un Courtenvaux.



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(Janus)


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Réflexions philosophiques ou plutôt pratiques ? Sur la route qui le conduisait au crime, Benoît tenait en main le lacet au nœud coulant dont il se servirait hélas dans trois quart d’heure ou tout au plus une heure. Il refusait pour plusieurs raisons d’avoir affaire aux armes blanches ou à feu. Le motif primordial restait la hantise de toute saleté. Le sang qui vous éclabousse était un trop franc rappel de la boue et de la boucherie du champ de bataille, pour être supportable. Sur lui comme sur ses habits. Depuis qu’il était revenu de la guerre, plus que le fragment de lance coincé entre ses côtes, le traumatisme l’enveloppait tout entier. Un minime grain de poussière devait être porté loin, très loin de son champ de vision. C’était psychologique certes mais surtout vital. Ses collègues, Ferdinand d’Anglerays ne faisant pas exception en ricanaient parfois même souvent, mais ce soir encore il allait leur montrer sa conception du travail bien fait. Faire place nette aurait pu être sa devise. Le sang est bien trop ineffaçable sur les pierres pour y parvenir. Il poussait la minutie au point qu’on ne sache même pas quel était le lieu de ses crimes. Ayant écarté toute arme de cette sorte de son esprit, il ne restait guère que le poison, recours bien trop vil pour un humaniste comme lui ou l’étranglement comme options. Il n’avait guère perdu de temps dans cette voie, dès que le souverain l’avait fait rejoindre l’élite des espions. Quelques jours après leur entrevue secrète, il s’était présenté sous le chapiteau d’un cirque. Les colporteurs acclamaient les prouesses d’un dresseur de tigres venu des Indes dans toute la capitale. Les créatures exotiques très prisés par la cour, cette troupe s’était installée pour une durée indéterminée entre la capitale et Versailles. Benoît s’y était présenté dans la peau de son premier personnage : Janus, le contorsionniste.

Cela remontait à l’enfance, il s’était découvert ce don qui ne demandait qu’à être travaillé pour le perfectionner. Benoît écrivait à l’image de sa tante et pour trouver l’inspiration poétique, les coins les plus reculés de la nature se révélaient indispensables. Les cavités des grottes parfois très étroites ne l’avaient jamais guère effrayé et constituaient plus un défi en soi. Une de ses sœurs l’avait également cru un jour coincé entre deux marches d’escalier mais Benoît s’y était glissé à son aise. Souple et agile toujours. Même sur le champ de bataille, surtout sur le champ de bataille où il se jetait littéralement dans les endroits inaccessibles pour le commun afin de passer des messages entre les deux chefs d’état-major. Bien entendu, aujourd’hui avec cette plaie lancinante au ventre il ne pouvait se permettre trop de prouesses physiques. Néanmoins, comme toute personne exsangue des conseils des médecins, surveillée de près, il étouffait. Il rêvait de l’interdit. Se présenter pour obtenir ce rôle n’avait guère été précédé de scrupules. Raffiné malgré ses vêtements de simple artisan, il avait décoché son sourire le plus séduisant à l’ouvreuse et avait pu devancer tous les postulants. Une fois dans les coulisses, il avait remarqué en moins de temps qu’il en faut pour le dire, l’indien. C’est à lui qu’il désirait parler. Lui dont il devait obtenir la confiance pour lui demander par la suite s’il était en relation avec la secte de la déesse Kâli.

Benoît fut cependant déçu et comprit vite après une tentative d’approche quasi nulle, qu’il lui faudrait être plus persuasif dans sa stratégie. Pour s’assurer un homme à jamais, il faut qu’il ait une dette de sang envers vous. Le marquis alla jusqu’à mettre au point quelques jours plus tard, une arrestation dans les formes sous un prétexte vaseux mais très incriminant. Au moment où la torture allait être (soi disant) infligée à l’homme, il fit son entrée et ordonna sa mise en liberté. Benoît s’était fait vil, il n’en était pas fier, mais la raison d’Etat l’y obligeait. Il lui fallait ce poste et sa quête du temps précieux lui interdisait d’apprendre les cultures orientales pour obtenir avec patience l’amitié d’un homme. La ruse fonctionna et se confiant à lui sur le désir de quitter le carcan de sa fonction par les jeux du cirque, les deux hommes sortirent de la prison très bons amis. Benoît avec la promesse d’être formé. Un mois plus tard, plus soudés que jamais, le marquis en vint à ce qui l’intéressait réellement. Subtilement cela va sans dire.

- On dit que dans ton pays, se trouve une confrérie d’étrangleurs qui offre des victimes à l’une de vos déesses.

L’hindou qui venait de mordre dans une pastèque se tourna vers lui, et ses yeux ardents pénétrèrent les siens. On eut dit qu’un coup de fouet venait de lui être assené. Point faible touché.

- A notre vénérée Kâli oui. Pourquoi toi intéressé à ça Janus ?
- Je suis fasciné par les sacrifices d’autrefois. Ces cérémonies qui rassemblaient tant de personnes autour d’un autel. Nous n’en faisons plus en France depuis la grande civilisation des grecs, ce qui est bien dommage. Je pense que mon Dieu mériterait plus qu’un agneau à Pâques, mais que les humains s’immolent même pour lui.

Interpréter le rôle du fanatique religieux, était une astuce comme une autre. Elle fonctionna. Depuis plusieurs jours, par son attitude et certains objets dans sa roulotte, il ne le savait pas innocent dans cette affaire.

- Pour toi mon frère, je tuerai et donnerai tout à ton Dieu.
- C’est aimable à toi, Ali Remjay, mais je veux être celui qui traque, tue et donne les sacrifiés à mon seigneur et maître. ça n'aurait pas la même valeur venant de toi tu comprends. Tu n'es pas de ma foi. Je dois le faire.

L’hindou eut un air consterné.

- Pourtant tu connais la méthode des grands Thugs non ?
- Moi est l’un d’entre eux.
- Eh bien alors montre-moi mon frère. Apprends-moi.
- Pour la dette de toi, oui. Demain soir ici. Retrouve ici moi.

Benoît était satisfait que sa ruse fonctionne, pourtant il devait s’assurer que ce qu’on lui avait rapporté était bien vrai.

- Je viendrai mon frère. Dis-moi, mon Dieu refuse que son offrande souffre beaucoup au moment où elle monte à lui. Le présent est repoussé, tu comprends.
- Oh, le mort pas souffrir. Non. Des secondes et tout droit chez ton Dieu.
- Sans sang ?
- Non, pas de gouttes.

Tuer pour tuer, Benoît désirait que ce soit rapide. Il avait trouvé son homme. Dès le lendemain, ils s’étaient exercés pendant des heures, sur des sacs de lin. Au bout de quelques semaines il était prêt à pratiquer sur un humain, son apprentissage meurtrier. Ce premier traître à la couronne était décédé en quelques secondes, comme promis ! Ce soir ne fut pas l’exception à la règle. Posté à l’heure dite, à la sortie du domicile de sa proie, il s’élança sur lui dès qu’il fut à portée. L’individu rendit son dernier souffle en l'espace de quelques instants. Benoît l’âme serrée fit entendre une respiration saccadée non pour l’effort physique, mais pour la torture morale qu’il subissait. C’est avec grande difficulté qu’il eut la force de retirer le nœud coulant de la gorge de sa victime.

Quelques minutes plus tard, solidement attachée à un mulet, une petite charrette se postait au coin de la ruelle. Nicéphore rentrant automatiquement dans son rôle d’ivrogne titubant, pour d’éventuels passants.

- Oh merci monseigneur … hic … mon compagnon a bu un peu trop ce soir … hic … chagrin de femmes … j’espère qu’il ne vous a pas trop embêté. Je le ramène à la maison.

Le vieux domestique hissa le corps sur ses épaules.

- Dis donc toi … Tu pourrais dire pardon à ce monsieur non ?
- Ce n’est pas nécessaire, il m’a juste bousculé. Je vous souhaite la bonne nuit.
- QUOI ? Pardon, je crois que j’ai un peu trop bu moi aussi … Allez bien le bonsoir monsieur hein …

Maugréant contre le défunt avec sa voix de stentor, le domestique l’emporta.

- Oh là là, Félicien il faut arrêter tant que tu peux encore … hic … pense à ta femme … hic … tu mériterais un seau d’eau glacée … t’as de la chance, la Seine est trop loin … sinon je t’y aurai mis la tête moi mon gars … hic … regarde comme tout le monde te regarde ... Allez ouste dans le charriot et t’as pas intérêt à ronfler pendant le chemin … hic … Hu cocotte.

La situation prêtait à rire et chaque passant en effet riait, Benoît lui s’en retourna à son hôtel. Ferdinand d’Anglerays et ses collègues le verraient revenir en un seul morceau et bien vivant. Son devoir fait, mais à quel prix ? Le sacrifice de sa conscience pour le bien de l’Etat.



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Benoît de Courtenvaux


Benoît de Courtenvaux

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.
Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.
Discours royal:




ϟ La Main au collet ϟ

Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
Titre : Marquis de Courtenvaux, Magistrat parlementaire et avocat
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LE TEMPS


DES


CONFESSIONS

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Paris, automne 1664,

- Parle misérable ou fais tes prières ! Où as-tu mis les joyaux ?

Agrippé sans délicatesse au col , Benoît de Courtenvaux se trouvait à moins de deux centimètres d’un homme dégageant une haleine pestilentielle. Chose qu’il aurait relevée davantage en d’autres circonstances, mais ce soir il s’agissait de sauver sa peau. Pourtant il avait pris les précautions d’usage pour cette filature de bandits. Sa peau de Janus lui avait permis d’acquérir une certaine notoriété qui lui servait comme il avait prévu. Quel homme doté des plus noires intentions, pour récupérer une lettre, un document compromettant, un acte notarial, ou pour commettre un vol parfait ne faisait pas appel à celui qui pourrait les lui fournir ? Celui qui pouvait pénétrer dans toute demeure. Il aurait fallu être aveugle, sourd ou posséder les deux infirmités pour ne pas voir le filon du contorsionniste sans rival. Benoît servait donc ces gens-là avant de les interpeler, lorsque le fruit était mûr pour cela. Ce soir, pourtant les choses tournaient mal, même très mal. Il n’avait pas les diamants, les rubis, les émeraudes. La propriétaire des lieux pourtant dans la confidence de l’arrestation, avait pris peur et pris la fuite avec. Il était revenu bredouille et comble de malchance les agents de la maréchaussée tardaient à pointer le bout de leur nez. Il fallait ruser.

- Réponds ou tu vas faire connaissance avec ma petite amie !

Ça se gâtait de plus en plus ! La lame froide d’une dague posée tout contre sa joue, le dissuada d’attendre une minute de plus. A la hâte, il ouvrit de ses dents une bague-chevalière et fit semblant d’ingurgiter un contenu toxique. Aussitôt les bandits comprenant que trop bien ce qu’il se passait écartèrent l’objet de ses lèvres. Le geste fut si brusque que sa bouche entaillée saigna. Puis il mima un étouffement, il n’avait qu’à se remémorer la bataille de Valenciennes pour l’interpréter à merveille et chuta à terre.

- Il s’est empoisonné, l’imbécile ! Viens, il ne faut pas rester ici ! On peut nous voir !

Lorsqu’ils tournèrent à l’angle de la rue, Benoît se redressa et fit quelques pas. Une fois encore la malchance le frappa.

- Attends j’ai oublié ma dague sur place.

C’était le moment où il fallait plus que jamais désobéir aux praticiens et prendre la poudre d’escampette.

- Regarde, le salaud nous a joués ! Il est vivant !

Une course poursuite se déclara entre ces trois hommes. Benoît tentait de mettre tous les obstacles possibles entre ses futurs assassins et lui. Hélas à cette heure avancée, il ne restait plus guère d’étalages de fruits, de légumes et le temps lui manquait pour placer un charriot quelconque sur son passage. Ce sont donc plutôt des paniers en osier qui volèrent. Les cloches d’une église appelant les fidèles lui donnèrent l’idée de s’y réfugier. L’obscurité d’une église est protectrice contre des poursuivants et ces deux-là ne tenteraient peut-être rien. Primo à cause des potentiels témoins, secundo car même un bandit peut être sans loi mais pas forcément sans foi. Il les aurait à l’usure quitte à rester là toute la nuit. Avec d'ailleurs cette fois-çi un peu de chance de son côté, peut-être les avait-ils déjà semés et ne l’avaient-ils pas vu y rentrer ?

Par mesure de précaution, Benoît après avoir assisté à la messe profita de la sortie du prêtre saluant les paroissiens pour se dissimuler dans un confessionnal. Il attendit que le curé regagne le presbytère, avant de s’y installer confortablement. Il s’assit donc et le silence des lieux accumulé à une journée harassante eut raison de lui. Il tomba de fatigue.

- Mon père ? Absolvez moi mon père car j’ai grièvement pêché …

Le marquis fut tiré de son sommeil par ces paroles. Qui était-ce ? Sans doute avait-on vu ses pieds derrière le rideau de jais et en avait-on conclu que le prêtre recevait en confessions. Que répondre à cet homme apparemment si désespéré ? Il n’allait pas le renvoyer chez lui tout de même ! Il n’était pas prêtre certes mais peut-être pouvait-il ne pas avoir perdu totalement sa journée, en venant en aide à une pauvre âme en peine.

- Mon fils, Notre Seigneur Jésus Christ est miséricordieux. Quelle que soit votre faute, si vous vous en repentissez sincèrement, il vous accordera Son pardon. Qu’est-ce donc qui vous tourmente autant ?
- J’ai menti mon père. Je mens honteusement depuis mon enfance. Je condamne des personnes chaque jour à cause de cela et pourtant je ne fais guère mieux.

Cette voix. Non ce n’était pas possible. Pas son collègue du Parlement ! Pourtant à travers le bois grillagé, il ne put que se rendre à l’évidence. Emile de Coublans se tenait derrière. Il semblait au comble du désespoir.

- Vous ne dites rien mon père … Mais je comprends l’horreur que je dois vous inspirer et inspirer à Dieu.
- Euh … non bien sûr que non mon fils, mais je me dois de tout comprendre. De quel mensonge parlez-vous donc ?

Il tenta de modifier quelque peu sa voix et murmura presque. Emile ne devait pas le reconnaître.

- Je me fais appeler Emile depuis mon plus jeune âge, pourtant mon véritable prénom est Martin. Je ne suis pas issu d’une noble famille, je suis au contraire un enfant des rues. Ma tante m’a substitué à un petit marquis mort suite à une longue maladie. Elle était nourrice et lorsque les parents ont réclamé l’enfant, elle m’a donné à eux. Je ressemblais à cet enfant et depuis je triche. J’ai fait des études de droit et je suis devenu magistrat. J’ose juger les autres. C’est peut-être pour cela que je n’arrive pas à me regarder dans un miroir depuis !

Benoît tombait des nues littéralement. Ces confidences-là ne lui plaisaient en aucun cas. Tous deux punissaient toute sorte de crime et l’usurpation d’identité en était un. Un délit terrible. Que faire ? Il était soi-disant un prêtre, il ne pouvait guère sortir pour le traîner dehors par la peau du cou et s’expliquer sur le sujet. Il n’était pas son collègue ce soir. A vrai dire aussi, Emile ou plutôt Martin lui faisait pitié. Il ressentait l’envie de le protéger et non pas celle de le punir. Mais ce faisant, il se faisait son complice. Il faudrait songer à la meilleure voie à suivre. Mais pour l’instant, il était porteur de la parole du Christ.

- Je ne vais pas minimiser votre faute mon fils, pourtant il me semble évident que vous en souffrez assez pour vous faire de trop vives remontrances. Un jour peut-être, il faudra envisager de révéler à vos collègues et à vos proches cette terrible vérité. Ouvrez-vous peut-être à l’un d’entre eux et obtenez son précieux avis. Vous ne pouvez pas conserver en votre âme, le poison d’un tel secret. Cet autre et Dieu vous donneront alors sans doute le meilleur chemin à emprunter. En attendant, faites-vous peut-être plus conciliant et généreux envers votre prochain pour apaiser les tourments de votre conscience. Allez en paix mon fils …

Coublans ou celui qui prétendait être le marquis de Coublans se signa, se releva et quitta les lieux laissant un Benoît songeur, très songeur. Dès le lendemain et depuis bientôt deux ans, Courtenvaux tente de se rapprocher de lui afin de devenir cet autre qui pourra au mieux le conseiller. Son collègue parlementaire pour l’heure se méfie. Faudra-t-il qu’il lui fasse part de son petit secret pour que ce dernier ose aborder le sujet avec lui ? Oui sans doute le faudra-t-il un jour.



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LE TEMPS

DES OUBLIS

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Manoir de la Loire, printemps 1665

Adossé contre un des murs du château, Benoît faisait face à une de ses coéquipières préférées et pourtant fort têtue. Les mains sur les hanches, tous les deux débattaient sur leur mission actuelle. Sur le fond ils étaient d’accord, sur la forme, ils étaient loin d’être parvenus à un résultat. Cela faisait pourtant déjà deux heures qu’ils tentaient d’y parvenir. Entre ces deux-là, les prises de becs sympathiques se multipliaient. Elle, Garance de Castelnau tenait plus de la féline prise de panique, traversant la savane et renversant tout sur son passage. Lui, égal à lui-même, réfléchissait avant de décider de toute action. Les jambes et l’esprit. Tandem aux antipodes et pourtant tandem efficace car complémentaire.

- Non ce n’est pas une bonne idée, je regrette. Vous ne m’avez pas persuadé !
- Courtenvaux un peu de nerf, pour cette fois écoutez-moi ! Obtenir deux invitations pour ce bal de province est une aubaine ! Il sera sans doute là, nous pourrons le faire parler en lui offrant quelques verres.
- Et nous boirons par la même occasion. Vous savez que ce que j’ingurgite tous les jours, me donne suffisamment de nausées et de migraines. Mes médecins même disent que je suis immunisé contre les poisons. C’est pour vous dire.
- Justement marquis, vous ne risquez donc rien. Monsieur ! Monsieur s'il vous plait ! Un instant !

Souvré n’avait pas pu arrêter la tornade Castelnau. Certes il appréciait grandement son naturel, sa fraîcheur de vivre mais là elle brûlait les étapes en prenant une initiative. Et leur duo ? Une bourse chutant élégamment dans la paume de l’interpelé, organisateur des festivités, cette dernière revient avec deux cartons d’invitation. Benoît la foudroya du regard.

- Allons cessez d’être rabat joie, vous portez toujours de beaux costumes et vous ne les exhibez pratiquement jamais ! A quoi cela sert-il d’être autant sophistiqué si vous ne paraissez plus guère en public. Figurez-vous que j’ai aussi envie de m’amuser, je m’ennuie suffisamment en compagnie de mon époux, toujours par monts et par vaux.

Sa collègue gesticulait et semblait partie dans une de ses tirades. Dès qu’elle abordait le sujet de son mari, Victor d’Amboise, elle était intarissable. A dire vrai, cet homme était un mystère en chair et en os, pour sa femme même. Il n’osait pas répondre à ce sujet et généralement la laissait dire ce qu’elle avait sur le cœur, puisqu’ils semblaient très souvent éloignés … Puis ils se retrouvaient. C’était un manège sans fin, Benoît suivait tous les épisodes de leur vie conjugale, heureusement elle lui taisait leur intimité. Il aurait plus manqué que ça. Néanmoins aujourd’hui, agacé par son attitude, Benoît brisa son silence coutumier.

- Cessez donc de geindre continuellement sur Victor. Enquêtez, faites le suivre et peut-être vous serez plus tranquillisée sur les endroits qu’il fréquente. Les gens qu’il visite.

Le marquis s’était attendu à une réplique acerbe, mais le mutisme soudain de sa collègue l’inquiéta. La lueur éclairant ses yeux, davantage encore. Dans quoi venait-il de se fourrer ? Son sens de la déduction fut maudit à cette minute.

- Oubliez ça Garance !
- Mais puisque vous me le proposez si gentiment vous-même ! Vous avez eu une idée de génie, maintenant mettez la en œuvre Benoît !
- N’y comptez pas ma chère !
- S’il vous plait ?

Garance lui faisait à présent ses yeux de biche et avait joint les mains. Benoît ne put s’empêcher de sourire face à sa mine digne d’une petite fille capricieuse. Roulant des yeux, il céda.

- Fort bien, j’enquêterai sur lui mais c’est bien parce que c’est vous !
- Merci, vous êtes très chic !
- Non je suis un imbécile …
- Et parce que vous êtes imbécile ou chic, vous n’allez pas contrarier une femme en ne l’invitant pas à danser, lorsqu’on entend déjà de la musique à quelques mètres de nous. Vous n’êtes pas un goujat, vous êtes Benoît de Courtenvaux, le magnifique !

La maline savait y faire pour le mettre dans sa poche. Il n’était pas un goujat non, sa galanterie était même appréciée de toutes les femmes. Bien entendu qu’il ne la laisserait pas faire tapisserie. A présent ils avaient les entrées au manoir de ce riche seigneur de la Loire. N’ayant pas de meilleur plan sur cette mission, il lui tendit le bras.

- Ouvrons l’œil, nous ne sommes pas ici que pour nous divertir.
- Je sais …

Et ils ouvrirent l’œil et ils dénichèrent après quelques virevoltes l’homme à faire parler. Un verre pour l’accompagner, deux verres, puis trois, puis dix … Puis rien. Le cerveau plongé dans un trou béant de mémoire, le noir complet. Lorsque Benoît ouvrit à nouveau les paupières, il faillit hurler et tomber du lit. Ils étaient dans une auberge et lui se tenait aux côtés de sa coéquipière. Il n’avait pas osé la toucher ? Avoir des aventures oui, faire porter les cornes à un autre lui qui les avait si bien portées étant fiancé, NON ! Or la dame était mariée ! Il constata qu’il était encore plus ou moins vêtu ce qui était bon signe, mais il n’allait pas avoir le culot de vérifier si c’était le cas de Garance. Elle s’éveilla quelques minutes plus tard et l’aperçut dans sa chambre. Ce fut un autre genre de mutisme qui s’installa entre eux. Se souvenait-elle de quelque chose ? A en croire son visage baigné dans la stupeur, pas plus que lui ! Ils se retrouvèrent après une bonne toilette revigorante, dans la salle à déjeuner de l’auberge et le dialogue fut plus qu’éloquent sur leurs intentions …

- Pourchassons-nous l’homme ?
- Non nous avons eu les informations que nous voulions sur l’affaire. Rentrons à Paris.
- D’accord, je vais faire mes bagages.

Comme si de rien n’était, leur tandem s’élançait à nouveau sur les routes, sur d’autres affaires. Loin, très loin de cette nuit.







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Benoît de Courtenvaux


Benoît de Courtenvaux

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Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Victor10
LE TEMPS


DE


L'HYPOCRISIE

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Jardins de Versailles été 1665,

La cible était en vue. Celle-là il ne devait pas la tuer fort heureusement. Simplement la surveiller et tenter un rapprochement, pour être mis dans ses confidences. Que ne faut-il pas faire pour les beaux yeux d’une dame n’est-ce pas ? Il s’était mis lui-même dans la gueule du loup et à présent en assumait les conséquences. Une promesse d’un Courtenvaux ne se rompt pas. Sur le chemin du retour, préférant parler de l’époux que de leur nuit peut-être coupable, il avait en effet juré à Garance d’apprendre un maximum de choses sur Victor d’Amboise. Cela faisait quelques semaines maintenant qu’il avait réussi à l’aborder et à lier une sorte d’amitié avec cet homme. Il ne mettait pas à cette enquête tout son potentiel, des missions bien plus importantes l’appelant ailleurs, mais cela dit il avait fait du chemin pour gagner l’estime du mystérieux personnage. En revanche, sans doute quelques mois s’écouleraient avant qu’il puisse faire quelques trouvailles croustillantes à son sujet. Le visage impassible, le sourire facile tout au moins en sa compagnie, le rendait impénétrable. Sur Victor, son sens de la déduction ne fonctionnait que fort peu. En soi, Victor était un défi et puisque ce matin-là, les occupations lui manquaient, autant essayer de le cerner davantage.

- Bonjour monsieur d’Amboise, vous êtes fort matinal.
- Vous-même semblez-vous être levé avant l’aube cher marquis.
- C’est que l’été est un bienfait dont il faut profiter. Puis je me joindre à vous pour une promenade ?
- Mais faites, je vous en prie.

Un point de gagné, que ce soit par courtoisie pure ou à cause de cette amitié naissante, il pourrait tout au moins avoir un entretien privé avec Amboise. Beaucoup de choses peuvent résulter de ces têtes à têtes sympathiques. S’il n’y parvenait pas, au moins aurait-il essayé. La conversation lancée, Benoît décida de s’enquérir d’entrée de jeu, sur son emploi du temps.

- Je ne vous ai point vu hier soir au cercle. La Reine qui à l’accoutumée perd des sommes folles a vaincu sa belle-sœur. Un duel royal, il est fort regrettable que vous l’ayez manqué. C’était l’évènement de la soirée.
- Croyez bien que cela me désole tout autant que vous, des affaires me réclamaient ailleurs et je ne pouvais m’y dérober.

Souvré osa donner une sorte de petite taloche dans le dos de ce faux ami et adopta le ton des confidences typiquement masculines.

- Je vois bien que vous aviez en tête d’autres jeux que les nôtres. Le nom de la belle ?

Est-ce un ricanement que Benoît perçut aussi étouffé dans la gorge de son interlocuteur ? Il n’aurait su le dire.

- La Police marquis. N’oubliez pas mes fonctions.

Peut-être cet homme disait vrai et n’avait aucune maîtresse, ce qui pouvait en tant que tel rassurer sa femme, mais Victor ne lui inspirait pourtant aucunement confiance. En d’autres circonstances, Courtenvaux eut haï se montrer aussi amical envers un homme qu’il n’appréciait guère, mais décidément non, l’individu était louche. Aucun remords, aucun regret. Il y mettrait le temps qu’il faudrait mais saurait découvrir ses petits secrets.

- Le travail nous apporte bien souvent plus de désagréments que de plaisirs. Comme je compatis …

Le pire c’est que mimer la sincérité, y mettre toutes les formes faisait partie intégrante de son métier d’orateur. Il savait baratiner et donc y exceller. Un sursaut de sa déduction légendaire lui fit tout au moins apprécier un fait. Son compagnon ne le cernait pas plus que lui-même.

- Et vous-même marquis, êtes-vous allé au bord de la Loire pour y cueillir des fruits plus mûrs que ceux qui poussent à la cour ?

La formule était jolie pour parler des femmes. Victor d’Amboise avait-il un côté poète ? Cela l’étonnait grandement.

- Entre hommes nous nous comprenons et la chose n’est pas impossible.

Benoît lui décocha un clin d’œil complice.

- Je vois …

Si Benoît se pencha à cet instant, ce fut pour ramasser la canne d’Amboise qui venait de chuter parmi un des bosquets. Cette distraction lui épargna le regard haineux de Victor. Que ce dernier ait fait le rapprochement entre sa venue dans cette région et le départ de sa femme pour la même province, n’était pas impossible. C’était même très propable, mais comment Benoît aurait-il pu deviner que séparés, elle pouvait lui faire ce genre de confidences ? Comment aurait-il pu se douter qu’il les avait aperçus bras dessus-dessous ?Le soir même, le marquis se rendait à un bal et il ne put que constater qu’il était suivi. ENCORE ! Les ennemis ne lui manquaient pas malheureusement et pour mettre un nom sur ce masque noir, il lui faudra de la patience. Néanmoins, cette fois-ci, il répliquerait et montrerait à son adversaire que la chasse ne serait guère aisée pour lui non plus. Il était las de ce petit jeu incessant depuis des jours. Benoît se dissimula donc dans un renfoncement et patienta que l’inconnu parvienne à sa hauteur. La chose faite, il l’agrippa par son grand manteau noir et le plaqua contre le mur d’une bâtisse.

- Qu’est-ce que tu veux? Pourquoi me suis tu ?

L’homme ne répondit pas. Pourquoi ? Connaissait-il sa voix ? Faisait-il parti de ses connaissances ? Benoît tenta d’ôter son masque mais comme il s’en doutait, l’inconnu se débattit comme un forcené. Néanmoins ayant prévu sa réaction, Courtenvaux plaça son bras sous le cou de son agresseur.

- Écoute-moi bien ! Je n’aime pas ce genre de petits jeux, mais si tu insistes, attends-toi à avoir un adversaire à ta taille !

Sitôt l’avertissement lancé, l’individu enragea plus encore et le repoussa violemment. Benoît le laissa fuir. Il songea l’avoir suffisamment effrayé pour ce soir. Il déplissa d’un revers de la main son pourpoint mis à mal et faisant quelques pas, il aperçut un pli. Voilà qui devenait plus intéressant encore. Son instinct d’espion lui commanda de ramasser cette lettre. Ce qu’il y lut était édifiant. Complots contre le roi ? S’il remettait la main sur cet homme, ce dernier pourrait bien ne pas faire de vieux os … La prochaine fois il ne serait pas aussi tendre. Sans doute Victor d’Amboise prenait-il lui-même cette résolution pour en terminer une bonne fois pour toute avec lui. Il avait retiré son masque à quelques ruelles de là et étouffait de colère. Au moins ne ferait-il pas le rapprochement entre Victor et le porteur de la lettre, elle n’était pas signée !




Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Rancoe10
LE TEMPS


DES


RANCOEURS

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Paris, automne 1665,

- Dans deux jours vous dis-je mon ami ! L’aumônier de la reine tentera une énième fois d’exorciser une pauvre malheureuse possédée. On dit qu’il a déjà pratiqué sur elle des incantations évangéliques.
- Où donc aura lieu ce … rituel ?
- Sur la place Royale. Rendez-vous compte de la foule qui va se presser pour assister à un tel évènement.

Benoît de Courtenvaux arrangeait comme si de rien n’était, les manchettes d’or de sa chemise et en rabattait les dentelles sur son habit. Une attitude qui contrastait terriblement avec l’engouement manifeste du comte à ses côtés. Pourtant, ce peu d’intérêt était feint. Rien n’attisait davantage sa curiosité que les agissements de Jean de Baignes alias Jean Arçay. Pour lui nuire bien évidemment, car cet homme, ce moine lui soulevait le cœur à la seule prononciation de son nom. Et pour cause …

**************************

Couvent de Loudun, septembre 1653,

Le marquis reçut Yolande dans ses bras, cette dernière n’avait plus les pieds posés au sol au cours de cette étreinte toute fraternelle. Il put grâce à cela la faire tournoyer dans les airs, comme lorsqu’ils étaient enfants. Néanmoins, il fallait prendre garde aux regards noirs des geôlières de sa parente et en particulier celui de la Mère Supérieure. Les sœurs n’étaient jamais bien loin, et les effusions sentimentales mal perçues.

- Que je suis heureuse de te revoir Benoît ! Tu as tenu parole !
- Mademoiselle, me feriez-vous l’affront d’en avoir douté ? Promesse ou non, j’aurai couru te voir à la première occasion. Comment te portes-tu ?
- Ma foi, bien si on considère le fait que je prononce mes vœux cet hiver. La préparation est une véritable corvée …

La mine exaspérée de sa cousine le fit froncer les sourcils.

- Tu sais que tu n’es pas forcée de …
- Tais-toi Benoît, ne rends pas les choses plus difficiles …

Cette fermeté dans la voix, ce sérieux n’était pas coutumier à Yolande. Benoît baissa la tête et se mura dans le silence quelques instants. Comme si aucun nuage n’était passé dans la conversation, Yolande le conduit à un banc de pierre.

- Sais-tu qu’Anne est ici ?
- Vraiment ?
- Oui, je ne sais pas si je devais te l’avouer, car j’avoue être un peu jalouse que tu l’aimes autant.
- Comme une sœur !
- Justement Benoît.
- Ne fais pas la moue Yolande, l’affection que je vous porte est différente mais pas moins intense. Il faut me croire.

Le sourire qu’elle lui adressa le rassura sur la question.

- Où est-elle ?
- Avec sa pauvre mère mais elle ne devrait plus tarder à quitter la cellule des visiteurs. Elle sera si heureuse de te revoir.
- Et moi donc !

Anne Arçay, jeune fille à la douleur palpable, était séparée de sa famille tout comme lui. Digne malgré cette souffrance, comme lui. Leur relation était de l’ordre des coups de foudre. Amical celui-là et quasi fraternel. A chaque rencontre, ils se confiaient davantage à l’autre et se séparaient l’âme apaisée. Chacun semblait avoir recherché jusqu’alors cette oreille attentive et compréhensive. Ils l’avaient enfin trouvé. Le hasard fait bien les choses, ou plutôt comme le croyait Benoît, le destin dans ce cas précis. Une heure passa néanmoins sans que la concernée n’apparaisse. L’entretien accordé touchait à sa fin, il embrassa tendrement sa cousine et attendit. Tous les visiteurs seraient priés de quitter les lieux, ils ne pouvaient guère se manquer. Ce qui arriva. Vêtue de noir, elle lui apparut bien contrariée et courroucée. Sur son visage se dessinait une détermination effrayante. Que se passait-il ? Son père encore ? Lorsque la jeune fille d’un peu plus de vingt ans le vit, elle lui accorda néanmoins un sourire radieux. Il le lui rendit bien.

- Bonsoir Benoît, les visages amis se font si rares que je suis bien aise de te revoir.
- Que se passe-t-il ? Ta mère est-elle souffrante ? Ton père lui fait-il subir d’autres humiliations ?

L’inquiétude particulièrement sincère, l’étreignait à la gorge. La vie de son amie n’était que semée d’embûches.

- Non pas à elle, à moi …
- Je ne comprends pas. Qu’a-t-il fait ?

L’humiliation et la haine firent perler des larmes de rage dans les yeux d’Anne.

- Une fois encore, il s’est rangé du côté de son fils. Je désirais plus que tout effrayer mon frère, alors j’ai joué avec ses nerfs. Je lui ai apparue plusieurs fois en parfaite démone prête à lui arracher le cœur. Cela fonctionnait à merveille, mais il a fallu que mon père assiste à ça. Il m’a crue posséder et j’ai dû subir durant des heures, les absurdités du père exorciste.

La jeune rousse cracha à terre. Fort heureusement, tous deux étaient sortis du couvent, sinon Benoît se serait réellement irrité de son comportement. A vrai dire, il sentait l’incompréhension le gagnait au fil de son récit. Cette guerre fraternelle lui paraissait stupide malgré le chagrin d’Anne. Pour autant la répudiation de sa mère n’était pas du ressort du petit Jean, de dix ans son cadet. Pourquoi lui faire subir de telles frayeurs ? Sa soif de justice ne pouvait accepter que l’on traite ainsi un innocent.

- Anne, cesse ça je t’en supplie.
- Je ne fais que commencer et je vais mettre les bouchées doubles pour terroriser cet avorton.
- ANNE ! Si tu penses que parce que je t’ai toujours soutenue, je vais te couvrir de lauriers, tu te trompes. Je ne cautionne pas ton geste ! Jean n’est pas responsable de tes malheurs, il n’est âgé que de quatorze ans. Ton but est-il donc de le faire mourir ?
- Et pourquoi pas !
- Ne compte pas sur moi pour te répondre : Amen ! J’espère que tu n’auras jamais à regretter ce que tu fais ! Je ne te pensais pas si vindicative !
- Qui te donne le droit de me juger ?
- Qui te donne celui d’infliger ça à ton propre frère ! A ton sang Anne !
- Je te pensais mon ami et je constate bien que tu es comme tous les autres.
- C’est parce que je le suis, que je te supplie de cesser cette folie. Cette rage causera ta perte !
- Bonsoir Benoît ! Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.

Cette fois-ci les larmes coulaient sur les joues de sa sœur de cœur. Il ne la retint pourtant pas. Elle devait mûrir ses paroles. Le fit-elle ? Il ne le sut jamais. Au mois de décembre, on lui annonçait sa mort. Son frère l’avait tuée et s’en vantait parait-il dans la région. Yolande lui avait confirmé la chose, le père exorciste en lien étroit avec le couvent, lui avait raconté le décès de son amie par le menu. Jean de Baignes n’était pas un ange innocent mais un véritable démon. La culpabilité le serra tellement au cœur ce jour-là, que le marquis resta prostré de longues heures. Il ne se vengeait que peu pour lui même mais elle, il la vengerait.

**************************

Petit à petit, l'oiseau fait son nid. La patience restait l'une des principales qualités de Souvré. Un an et demi déjà que le petit freluquet exerçait auprès de la reine. A l'étudier de près ou de loin, il avait cerné en lui une ambition dévorante. Ce poste n'était qu'une marche pour grimper plus haut, toujours plus haut. C'est au coeur de cette soif de pouvoir, qu'il frapperait. Le jour de l'exhibition, car il en s'agissait clairement d'une, il eut la satisfaction de voir son actrice, placée auprès de lui depuis plusieurs semaines, le ridiculiser. Quoi qu'il fasse, elle restait tout aussi hystérique. Le public était déçu et parmi eux se tenaient des nobles personnages qui ne manqueraient pas de colporter cet échec cuisant à la cour. L'échec serait la punition de l'assassin et la main inconnue qui le frappe, sa hantise. C'était à son tour de vouloir le terroriser !



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Benoît de Courtenvaux


Benoît de Courtenvaux

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.
Côté Lit: Je n'y tiens pas une collection ! Mais il n'est pas glacé non plus.
Discours royal:




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Âge : 32 ans et des poussiè... (Non pas ce mot maudit)
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 17:18

Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Prosti10
LE TEMPS


DE LA


COMPASSION

_________________________________________________

Versailles, petits appartements du marquis de Courtenvaux, 1666,

- N’oubliez pas mademoiselle Ornelle de bien vérifier qu’aucune trace ne subsiste sur les vitres. Qu’aucune poussière ne soit déposée sur l’encadrement des portraits et plus encore sur mes livres. Je vous demanderai enfin de laver les sols et de n’aérer le salon que si le vent vint du nord, sinon tout ce sable pénètrera à l’intérieur. Ce serait une véritable invasion doublée d’une horreur.

Voilà c’était tout. Les tâches quotidiennes de sa femme de ménage apparaissaient à Benoît comme une bénédiction. Lui-même prenait plaisir à astiquer et à chasser ces petits grains intrus mais hélas le temps lui manquait ! Il devait même sacrifier à son travail de magistrat et d’espion, ce petit plaisir là. Plus qu’un massage, le ménage le relaxait et sa maniaquerie ne lui sautant pas aux yeux, il pensait sincèrement que c’était le cas de la plupart des gens. La suite des évènements allait lui prouver le contraire.

- Bien monsieur. Oui monsieur.

Le marquis revêtait son manteau rouge de parlementaire et sourit devant son miroir. Brave fille que cette Fiona. Une vraie fée du logis malgré son caractère qu’il devinait bien trempé et un brin de fainéantise. Il émanait d’elle une fragilité que peut-être elle-même ne pensait pas posséder. Courtenvaux comme pour Isabeau Lacassagne jadis, avait décidé d’offrir un emploi à une de ces pauvres malheureuses nées dans les bas quartiers. Quelle ne fut pas sa déception lorsque sortant de son antichambre, il la trouva sur le palier, prête à sortir avec en mains une bourse bien garnie de ses écus. Une voleuse ? Pourquoi donc ? Ses gages n’étaient-ils pas suffisants ? Sa mâchoire se crispa tandis qu’il faisait quelques pas dans sa direction. Elle crut sans doute qu’il désirait l’attraper pour la faire jeter par la suite en prison, car elle ouvrit la porte violemment pour s’enfuir.

- Je ne vous dénoncerai pas Fiona, inutile de vous sauver !

La jeune fille encore craintive referma très lentement la porte des appartements. Benoît tentait de pénétrer son âme en plantant ses yeux dans les siens.

- Pourquoi ? Ce que je vous offre ne convient-il pas ?
- Ma sœur monseigneur, je dois nourrir ma pauvre sœur infirme et payer ses médicaments ! Ce que vous me donnez est généreux mais seulement pour subvenir à mes propres besoins, pas aux siens.

Si la donzelle était un jour un convoquée à la barre des témoins, elle n’aurait convaincu personne. Jolie mais fort mauvaise menteuse. Benoît ne se laissa pas convaincre par ce faux ton désespéré, ces quelques larmes de crocodiles. Il lui en fallait plus pour être dupé. Bien tenté cependant. Il arpenta quelques instants le salon afin de réfléchir sur l’attitude à adopter. La misère humaine fait commettre bien des choses au point d’en arriver à voler et à mentir à son bienfaiteur. La leçon qu’il voulut lui donner est celle du repentir, dont il était un fier défenseur. Il fit donc le contraire d’une procédure judiciaire normale et referma les doigts de la demoiselle sur son or. Celle-ci eut une sorte de réflexe et attachant ses jupons à une guêpière jusqu’à pratiquement dévoiler son intimité, elle ouvrit son corsage.

- Que vous faut-il pour votre plaisir monseigneur ?

Benoît la dévisagea intensément et imagina ses joues, ses yeux, ses lèvres fardés. Il était bien dommage qu’une adolescente aussi adorable vende son corps au plus offrant avec autant de facilité. Au cours de ses procès, les prostituées parfois défilaient devant lui, certaines tabassées au faciès boursoufflés, d’autres droguées pour que les maquereaux puissent les garder sous leur coupe. Quelle vie attendait Fiona Ornelle ? La mort de la main d’un détraqué sexuel ? Les coups ? La dépendance à l’alcool et aux substances toxiques ? Et si elle avait été mise sur sa route pour qu’il puisse la faire dévier de ce chemin ? Le marquis s’avança et sans même poser un œil sur le décolleté outrageant, relaça lui-même son corset et fit retomber ses jupes. Sans un mot. Sans une explication pour un tel refus. Elle l’interpréterait à sa guise et peut-être reviendrait à la raison. Il s’y efforcerait en tout cas.





EPILOGUE

_________________________________________________

Ainsi vous a été présenté Benoît de Courtenvaux. Il s'est mis à nu sous vos yeux, en toute sincérité, sans fausse pudeur sous la plume de son auteur. Il est cet homme brillant et surdoué oui, mais il l'a payé par des moqueries et la terreur de décevoir son entourage. C'est pour cela que malgré ses capacités, ses heures à étudier ne se comptent plus. Sa place est celle du mérite. Sa loyauté, quant à elle est à toute épreuve. Ne tentez pas de le corrompre. Ne tentez pas plus de voir en lui un névrosé pathétique, malgré sa hantise de la saleté. Vous seriez bien surpris alors de voir ce qui se cache sous ce vernis de civilisation, de raffinement et de maniaquerie. Benoît de Courtenvaux est un homme, c'est tout. Habité de tout ce qu'il peut y avoir de bon et de mauvais dans un coeur humain. Que l'on ne l'oublie jamais.



Je remercie d'avance l'admin qui me validera de ne pas avoir eu peur de mon roman. What a Face Je profite de l'occasion pour lancer une chasse au trésor. Qui découvre qui je suis en premier gagnera un petit quelque chose What a Face
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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

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Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



ADMIN TRAVESTIE
Monsieur fait très Madame

Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 17:52

TU ES VALIDÉ !
BIENVENUE A VERSAILLES

Je disais : VOUS ÊTES VALIDE ! Avec votre grand âge, faut parfois parler un peu fort, mais je ne veux pas abîmer ma jolie voix pour vous Boude

Enfin heureusement que vous avez encore toute votre tête pour cette fiche ... épique What a Face Non vraiment une super fiche, je l'ai lu au fur et à mesure, j'ai beaucoup apprécié l'histoire et le style d'écriture ! Je n'ai pas grand chose à dire d'autre ... Ah si, Mister veut bien t'engager pour épousseter le cabinet des médailles Razz ... Non ce n'est pas tendancieux, voyons What a Face
.
Pardon PTDR

Tu connais la maison, tu sais où aller et quoi faire, amuses toi bien avec Benoît qui promet de grandes choses **
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PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum.Fiches de liensFiche de rpsDemandes de rangs et de logementsProposer un scénario.

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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:00

MOUAHAHAHAHHAAHHAHAHAH What a Face

Swiffer est dans la place What a Face Tremblez Versailles, parce qu'on va ROXER DU PONEY What a Face

Et parce que je suis d'une incroyable gentillesse, je ne balance pas le nom tout de suite et laisse une chance aux autres de remporter le prix PTDR

RE-BIENVENUUUUUUUUUUUUUUUE PARMI NOUS, s'pèce de schizo en puissance ! cheers
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:05

Bienvenuuuuuue !!! cheers cheers

Je n'ai lu que le début de ta fiche, mais ça laisse déjà présager un personnage haut en couleurs. Grégoire se méfiera des pièges quand il ira pisser un peu partout dans le palais What a Face

Quant à savoir qui est le joueur...Un des deux Romains ? oui Guigui ? A moins qu'écrire au masculin dans la présentation du joueur ne soit un piège What a Face

Qui que tu sois, amuse-toi bien avec ce nouveau personnage ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:06

Oh un collègue **
BIENVENUE A TOI Héros (Ferdigi) Bienvenue au club des non-bras-cassés \o/ What a Face



Mystérieux Benoît, je SAIS qui tu es (a) J'ai TROUVE **
... Lisa ? (a)
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Côté Coeur: Une fois offert et mis à lambeaux, il est pour l'heure tout entier à son roi.
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:13

Merciiiiiiiiii Votre Altesse, promis j'astiquerai de fond en comble votre cabinet des médailles, faudra juste que vous négociez avec votre frère pour me laisser une petite heure de paix ? What a Face ça peut se faire ? What a Face

Dites oui, dites oui, je veux faire le ménage ! Prières

Ferdi : On va casser la baraque c'est moi qui te le dis What a Face On est les anciens de la maison pour l'instant What a Face

Emma : * sonnerie de réponse fausse digne de Questions pour un Champion * What a Face Sorry je ne suis aucun des trois What a Face Merci pour ton message de bienvenu, tu gagnes malgré tout un bisou de ma part pour avoir courageusement essayé. What a Face

Marie : What a Face Très chère, vous venez de gagner le jackpot What a Face Lorsque nous nous reverrons entre schyzos, je vous offrirai donc un starbuck sans doute. Vous pouvez aussi avoir droit à un lien dépotant entre nous What a Face

Eh bien oui Benoît = Lisa. angélique

Ne me maudissez pas ceux que j'aie clairement accusés parfois d'être ce gentil Ben, pour brouiller les pistes.

Ewan fait des yeux de biche pour se faire pardonner What a Face Vous pouvez que craquer What a Face
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:22

Alors, ça... J'avais des doutes (je savais que c'était une de nos deux admins, je savais que tu m'avais dit que j'allais être surprise en voyant ton nouveau DC - un mec ! - et je savais que Jojo/Cha étaient dans le coup - qui est mieux placée que toi pour comploter avec eux ?, tu prétendais ne pas savoir qui c'était malgré l'adresse ip Suspect ) mais c'est quand même une surprise Razz . Tu nous as bien menés en bateau !

En tout cas, re-welcome =) ! J'adore ce perso haut en couleurs même si je n'ai pas terminé de lire cette super fiche ** . Et il nous faudra absolument un lien What a Face , je commence déjà à y réfléchir Twisted Evil

A très vite !

PS : Tutur demande si ça modifie des choses pour ce que tu m'avais dit par msn pour notre projet Caliméro .
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 18:24

Si on ne peut même plus se fier aux règles d'accord masculin/féminin dans les présentations des joueurs Boude Laughing Je suis tombée dans le piège, bouuuh Razz


Mais merci pour le bisous.

Lisa, c'est ton premier personnage homme What a Face Fêtons ça Alcool
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Megan Campbell


Megan Campbell

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Côté Coeur: Après mon pays et un souverain, vient le visage d'un français un peu trop maniaque.
Côté Lit: Après le passage d'un souverain, je suis devenue bien difficile. N'espérez rien de ce côté!
Discours royal:



    Caledonia you're calling me
    And now I'm going home


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Titre : Baronne de Campbelltown et espionne très personnelle de Charles II
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime28.04.12 19:21

Bravo Lisa, tu as maintenu le suspens jusqu'au bout Razz

Megan est heureuse de voir arriver ce nouvel espion Siffle il me tarde d'aller comploter avec vous dans une taverne PTDR

J'ai pas lu en entier, mais surtout quelques passages, mais j'ai adoré ce que j'ai lu **

Rebienvenue ma poupette cheers
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MessageSujet: Re: Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions   Benoît de Courtenvaux - L'homme aux déductions Icon_minitime

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