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 [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|

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Louis XIV


Louis XIV

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MessageSujet: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime30.03.12 22:21

Les prémices de la guerre
Acte I

Comme chaque jour, Versailles avait un rituel immuable au rythme du monarque, Louis XIV. Les tâches s'enchaînaient toujours avec le respect de l'horaire et de l'étiquette. Cela commençait au petit lever, puis le grand lever puis venait le déjeuner. Pas un jour ne se passait sans tout cela, avant de gagner le cabinet pour commencer les occupations quotidiennes, en particulier tenir conseil. Tout le monde le savait, l'Europe était sous tension, une guerre n'était jamais loin. S'il savait à quel point la guerre était proche, dans Versailles même, cette princesse lorraine qui demandait audience n'apportait rien de bon. Déjà dans le conseil, ça parlait stratégie, campements, militaires, ce problème des Trois-Évêchés à la fois française depuis le traité de Westphalie mais que la Lorraine considérait toujours comme à elle, financement … Alors qu'aucune guerre n'était officiellement prévue, Colbert répliquait que cela coûterait beaucoup trop cher alors que Louvois, autorisé à exercer la charge en l'absence de son père, expliquait avec ténacité à quel point une guerre était inévitable et bienfaitrice.

Les caisses de l'Etat ne se portent pas au mieux, une guerre ne nous aidera pas, lança Colbert, la main posée sur son livre de compte.
Mais si, en effet, on nous réclame les Trois-Évêchés, nous perdrons davantage, et vous aurez encore moins de recettes à encaisser, monsieur le contrôleur général ! répondit Louvois, qui ne lâchait rien.

Louis ne savait pas que la querelle entre le contrôleur général des finances et le ministre de la guerre par intermittence allait durer encore de nombreuses années. Cela était toujours amusant à voir, ils avaient la même esprit vif mais ne l'utilisaient de la même manière : Colbert voyait l'aspect financier quand l'autre voyait l'impact politique. Cela se bataillait depuis de longues minutes sans que le Roi n'eut dit un mot, les écoutant et observant, jusqu'à maintenant.

Avant d'émettre des hypothèses sur une guerre, il faudrait qu'elle soit déclarée. trancha le monarque, d'un ton sérieux.

Il gardait toujours cet air grave, sérieux, ses yeux perçants examinaient les deux hommes puis d'autres intervinrent, puis la guerre laissa place à d'autres affaires d'Etat, plus d'actualité puisqu'elles se déroulaient en cet instant. Le royaume de France n'était jamais totalement calmes, les affaires étaient en perpétuel mouvement, il y avait toujours de quoi faire, de quoi changer, qui punir et de quoi faire.

Puis le conseil s'acheva, il était l'heure des audiences. Enfin de l'audience, car il n'y en avait qu'une de prévue en ce jour. Il fallait être sot pour ne pas savoir ce qui allait se jouer durant cette entrevue entre la princesse de France. Non il ne s'agissait pas juste du sort de la France, mais de l'Europe toute entière. Et alors que le souverain se rendait au salon d'Apollon, qui servait de salle du trône pour les audiences. Audiences publiques bien entendu, toutes les portes étaient ouvertes et les courtisans pouvaient entrer et écouter. Il était courant que ces mêmes courtisans attendent la sortie du Roi, à la fin des audiences, pour en profiter pour se faire remarquer, glisser un mot en espérant que les Roi les remarque. Ah, Versailles ! Il s'assit donc sur son trône, encadré par Colbert et Louvois, ses deux hommes principaux à tout instant, ainsi qu'un entourage de gentilshommes plus ou moins proches de sa personnes et de sa Maison.

Enfin, on annonça la princesse de Lillebonne et cette dernière fit son entrée, fendant la foule de courtisans qui la laissèrent passer, leurs yeux allant de la jeune femme au monarque qui n'avait pas bronché ni hausser un seul sourcil. Assis, le dos droit, l'air majestueux, il l'observa exécuter sa révérence, la laissa dans cette position quelques secondes avant de prendre enfin la parole, puisque c'était l'étiquette : on ne se relevait que quand le Roi prenait la parole, et il prenait toujours la parole en premier.

Hé bien madame, j'espère que vous avez pu allègrement profiter de Versailles et que vous avez pu vous installer à votre aise avant cette audience, commença le Roi.

Poli sans être familier, égal à lui même en somme, il savait parler avec grâce tout en gardant le fait qu'il était le souverain, bien qu'une princesse de sang pouvait paraître presque son égale. Puis il reprit :

Bien que je me doute de la raison de votre présence, je vous laisse formuler votre requête.

Et que commence l'entrevue qui va bouleverser l'Europe ...
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Elena de Sotomayor


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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime29.04.12 22:31

Alors que tout Versailles était en chambardement pour le rituel du lever du Roi, la princesse de Lillebone prenait tout son temps pour arranger sa toilette et sa coiffure. Le jour tant attendu était enfin arrivé. La semaine précédente, Elena avait reçu un billet lui annonçant que l’audience auprès du souverain de France qu’elle réclamait avec acharnement depuis son arrivée au château de Versailles venait de lui être accordée. Pour l’occasion elle devait se présenter à son avantage : resplendir de beauté dans ses plus beau atours, afficher un sourire d’ange tout à fait charmeur et adopter une démarche gracieuse et emplie de confiance. Cet entretien serait la torche qui mettrait le feu à la poudre qu’elle avait rependue dans toute l’Europe.

Il ne faisait aucun doute que ce jour resterait gravé dans l’histoire. Ce serait le jour où le grand Louis XIV se plierait à ses exigences… ou celui de la déclaration d’une guerre qui marquera l’Europe entière. L’esprit intriguant de la jeune espagnole avait une fois de plus mit au point un plan machiavélique. Rien n’était assez à ces yeux, il lui en fallait toujours plus. Être devenue par son mariage une des princesses les plus riche et les plus influente de son époque ne lui suffisait pas. Maintenant, il lui fallait revendiquer ces terres de Lorraine qui lui appartenait de droit ! Son mari avait été dépossédé de l’héritage de ses ancêtres par cet infâme traité de Westphalie. Elle ne faisait que réclamer son du, du moins était-ce son point de vue. Peu lui importait que des nations se déchirent ou que des milliers d’hommes meurent sur le champs de bataille suite à un de ses caprices. Son ambition n’avait pas de limites.

Le roi était désormais assit sur son trône dans le salon d’Apollon. Par la création de ce palais, il était parvenu à rayonner dans toute l’Europe. Elena avait beaucoup entendue parlé de lui, elle savait qu’il était un remarquable diplomate mais aussi un homme inflexible. Elle savait pertinemment que sa demande lui serait refusée, cette audience était une mascarade qui attiserait les tensions déjà existantes. Le souverain de France était à n’en pas douter un excellent manipulateur, tout comme elle. La mise en scène faisait partie du jeu, le public était en place, il ne manquait plus que les trois coups pour que les acteurs entrent en scène. Il lui fallait donc faire en sorte que le spectacle soit divertissant pour le public de courtisans. Telles les tragédies si populaires, cette unique représentation aurait pour issue inévitable un conflit.

Enfin, la princesse de Lillebonne fut annoncée. Elle observait les regards passer du roi à elle. Sans se presser, elle traversa la pièce pour se présenter face au souverin et ses deux conseillers. Quel délice de constater l’importance qu’on lui accordait. Elle savait que la balle était dans son camps. Il ne lui restait plus qu’à décider quoi en faire. Elena accompli une révérence avec grâce et attendit patiemment que son adversaire l’invite à se relever, se pliant à l’usage de la cours de France. Son orgueil surdimensionné fit preuve de quelques réticences face à cette coutume dégradante mais savait qu’il lui était impossible d’un couper.

« Hé bien madame, j'espère que vous avez pu allègrement profiter de Versailles et que vous avez pu vous installer à votre aise avant cette audience. » commença le souverain.

A son aise ? Oui les appartements qui avaient étaient mis à sa disposition lui étaient parfaitement agréables. Luxueux et spacieux, comme il convenait à une personne de son rang. En revanche, la rencontre nocturne de son ennemie jurée dans l’orangerie n’avait en aucun cas était une source de réjouissance. A ce souvenir, un frisson la parcouru. Elle avait bien failli perdre la vie face à la rancune de Milena de Cortès. Cette furie finira six pieds sous terre, bientôt ! Elle prendrait un malin plaisir à finir ce qu’elle avait commencé il y a neuf ans. Mais ce n’était pas le moment de songer à tout cela. Elle devait rester concentrée pour que cet entretien tourne en sa faveur. Le roi de France était un adversaire redoutable.

Tout à fait votre majesté. J’admire les beautés des votre palais ainsi que votre hospitalité.

Elena avait appris à parler un français impeccable. Il ne restait de ses racines hispaniques qu’un accent doucereux. Bien que son vocabulaire soit parfois incomplet, elle n’avait aucune difficultés à converser. Le compliment qu’elle venait de faire n’était qu’une formalité mais elle espérait qu’il lui permettrait de mener l’entretien comme elle l’avait prévu.

Bien que je me doute de la raison de votre présence, je vous laisse formuler votre requête.

Elena avait bien réfléchi à la façon dont elle formulerait sa requête. Il ne fallait pas que transparaisse la moindre menace ni la moindre ombre d’hostilité. Le soutien du Saint-Empire Germanique lui était acquis, elle le savait. Cependant il n’était pas encore temps de révéler toutes les cartes de son jeu, en particulier en public. Elle avait donc fait le choix de jouer sur des sous-entendus suffisamment explicites cependant pour que le souverain et ses conseillers comprennent où elle souhaitait en venir mais pas assez pour que les courtisans présents ne comprennent pas les enjeux politiques de l’audience.

J’ai beaucoup écouté les récits de la famille de mon époux votre majesté , commença-t-elle d’une voix douce. Je me suis renseignée auprès d’amis de confiance, j’ai étudié des livres et des cartes d’un ennuis terrible… et j’ai pris connaissance d’un traité signé par vous-même. Le traité de Westphalie.

Elena se tue quelque instant afin d’observer la réaction du Roi. Elle s’aventurait sur un terrain dangereux. La politique l’amusait beaucoup, les tensions entre les états étaient à l’extrême ses derniers temps. Un mot de sa part et son plan allait se mettre en marche. Sans l’ombre d’une hésitation elle repris la parole, tout en sachant pertinemment que ce qu’elle allait déclarer déclencherait les hostilités.

Par ce traité, vous avez dépossédé mon époux de son héritage. Je suis donc ici aujourd’hui afin de vous faire part de mon souhait d’obtenir réparation de cette injustice, votre majesté.

Affichant un sourire carnassier, elle attendait avec impatience l’impact de ses mots…


Dernière édition par Elena de Sotomayor le 11.07.12 18:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime10.05.12 16:37

L'avenir de l'Europe se jouait entre deux personnes, ici dans ce salon. Si aucune des deux partis ne trouvait un accord, chacun devait choisir son camp et ses armes. Contrairement à notre époque contemporaine où la guerre est un signe de brutalité et de violence, ici la guerre est davantage une vision conquérante, bénéfique pour tous. Pour le souverain voulant montrer sa force, sa puissance et sa grandeur ; pour les nobles qui peuvent rayonner et tenter de se distinguer, même la mort sur le champ d'honneur ne fait pas peur, il renforce davantage le prestige. Si une guerre était évitée, c'était surtout pour des raisons économiques car cela coûtait cher à mobiliser tous les hommes, à les nourrir, les payer, les armes, les canons, les campements, rien n'était gratuit. Mais c'était le prix à payer pour garder sa grandeur et montrer sa supériorité.

Louis XIV n'était pas dupe, il avait grandi pendant cette fameuse guerre de Trente ans, il en connaissait les motivations et les rouages, ainsi que son dénouement politique. Il savait aussi que la paix ne durerait jamais bien longtemps. Cela faisait plusieurs années que la France n'était pas entrée dans un conflit directe. Bien sûr, elle combattait aux côtés des hollandais dans la guerre maritime contre l'Angleterre, mais c'était pour mieux garder ces Provinces Unies comme alliées, l'autre grande puissance européenne avec la France. Alors, face à la princesse de Lillebonne, le monarque français connaissait déjà ses futurs adversaires si jamais guerre, il y avait. Il n'était pas dupe de cet entretien, connaissait presque la teneur du discours quand l'ambassadrice devant lui allait lui tenir. Cela faisait de nombreux jours que l'on s'agitait au Conseil pour adopter la meilleure stratégie. Comme toujours, Colbert avait tapé du poing (du moins mentalement) en répétant que cette guerre serait un gouffre financier. Peut être, mais tout avait un prix, même la grandeur d'un règne et d'un royaume. Mais à l'heure actuelle, il restait impassible, le regard froid posé sur la princesse dont il se méfiait. Un visage d'ange, une voix sucrée mais des revendications du diable, cette femme n'était pas à sous-estimer.

J’ai beaucoup écouté les récits de la famille de mon époux votre majesté , commença-t-elle d’une voix douce. Je me suis renseignée auprès d’amis de confiance, j’ai étudié des livres et des cartes d’un ennui terrible… et j’ai pris connaissance d’un traité signé par vous-même. Le traité de Westphalie.

C'était donc cela. Il ne fit qu'un bref hochement de tête. Ce traité, qui n'avait guère plus à tout le monde, avait enfin apporté la paix en Europe, mettant fin à une interminable guerre. La France en avait retiré de bons bénéfices puis son droit de seigneurie sur les Trois-Evêchés fut confirmé et elle put annexer la plus grande partie de l’Alsace. Un des plus grands perdants fut le royaume que représentait la princesse face à lui, la Lorraine.

Par ce traité, vous avez dépossédé mon époux de son héritage. Je donc ici aujourd’hui afin de vous faire part de mon souhait d’obtenir réparation de cette injustice, votre Majesté.

Les mots étaient posés, la Lorraine voulait donc retrouver ses terres auprès de la France. Il faut dire que la Lorraine était en bien mauvaise posture au moment du traité, Charles IV de Lorraine n'étant pas d'une grande puissance ni en état de négocier quoi que ce soit. Peut-on vraiment parler de dépossession ? Pas tout à fait. Louis XIV était encore jeune en cette année 1648, à l'époque du traité, il avait tout juste dix ans et bien qu'il soit déjà roi, il n'était pas majeur, le cardinal Mazarin avait entrepris toutes les négociations, le monarque n'avait qu'à apposer sa signature. Des années plus tard, Louis XIV ne regrettait en rien les décisions de son parrain qui a su prendre les bonnes décisions face à la complexité de la situation. Le silence qui régnait dans le salon suffisait à faire comprendre l'enjeu de la situation et la tension qui y régnait. Mais le monarque, toujours maître de lui-même, prit enfin la parole.

Si vous et votre époux cherchez quelqu'un à blâmer, madame, tournez vous vers le duc de Lorraine en personne et soyez satisfaite qu'il ait signé, sinon vous seriez sous domination française actuellement. Seul son engagement à cesser toute accointance avec les maisons ennemies à la France ont permis de garder à la Lorraine son statut actuel.

Il se tut un instant, ne la quittant pas du regard, avant de reprendre.

Il n'y a aucune injustice, il s'agit d'une simple organisation des choses. Les Trois-Évêchés se trouvent sous tutelle française depuis plus d'un siècle, ces villes ont demandé la protection de feu le roi Henri II. Ce traité n'a servi qu'à officialiser l'union des villes de Metz, Toul et Verdun au royaume de France. Monsieur de Louvois, lisez nous le paragraphe qui lui est consacré dans la traité.

François Michel Le Tellier de Louvois, secrétaire d'État de la Guerre durant l'absence régulière de son père, fit un pas en avant, un ouvrage à la main où était imprimé les articles du Traité de Westphalie. Le jeune secrétaire de vingt-cinq ans au visage fier lut donc attentivement.

Selon l'article LXXI : « Premièrement, que la suprême Seigneurie, les droits de Souveraineté, et tous autres droits sur les Évêchés de Metz, de Toul et de Verdun, sur les villes de même nom, et sur toute l'étendue de ces Évêchés, nommément sur Moyenvic, appartiennent à l'avenir à la Couronne de France, et lui soient incorporés perpétuellement et irrévocablement de la même manière qu'ils appartenaient jusques ici à l'Empire Romain. »
En d'autres termes, monsieur de Louvois ?
Que Votre Majesté à l'entière jouissance de ces Évêchés.


Un geste de la main royale suffit à Louvois de faire un pas en arrière pour reprendre sa place initiale tandis que Louis reprit la parole, n'ayant quitté la princesse des yeux que quelques instants.

Voyez madame, si vous avez toujours la volonté de reprendre ces terres, il faudra aller contre la loi. Et employer la force.

La balle était dans le camp de la belle, Louis XIV l'avait prévenue …
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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime11.07.12 20:53

Un soufflet ! Voila ce qu’était la réponse du Roi de France à ses revendications. Elena s’était attendue à plus de diplomatie de sa part. Elle était consciente que le souverain ne pouvait pas accéder à sa demande mais jamais elle n’aurait imaginé ce refus à peine voilé. Son adversaire était peu être Roi, ce n’est pas pour autant qu’il devait montrer autant de dédain à un princesse de sang. La jeune femme enrageait un peu plus à chaque mot qui sortait de la bouche de Louis XIV. Le fait que la Loraine ait perdu les Trois Evêchés ne serait pas une injustice ? On se moquait d’elle !

A la demande du souverain, un noble lu un extrait du traité de Westphalie. Cela ne fit qu’augmenter la colère de l’espagnole. Elle connaissait parfaitement cet infâme article LXXI l’ayant étudié sous toutes les coutures pour en trouver une faille. Elle se fichait bien de l’entendre une fois de plus. Le Roi la prenait-elle pour une amatrice ? Dans l’esprit d’Elena, cette lecture laissait sous entendre qu’elle ne les connaissait pas. Toujours à rechercher le mal même où il ne l’est pas, elle prit l’intervention de Monsieur de Louvois comme une insulte. L’égo de la princesse de Lillebonne de supporta pas une telle humiliation ! Elle écouta pourtant la réponse de Louis XIV à sa demande sans l’interrompre en serrant les dents de rage.

« Voyez madame, si vous avez toujours la volonté de reprendre ces terres, il faudra aller contre la loi. Et employer la force. »

Les derniers mots du Roi indiquaient que sa position était ferme, il n’avait aucunement l’intention de changer une virgule du traité. Le but de l’entretien venait de dévier. Il n’était plus question de parvenir à un arrangement mais de semer les graines de la discorde entre les nations. Cependant, encore fallait-il le faire avec habileté. L’option du conflit venait d’être soulevée par le Roi de France, il lui fallait rebondir sur cette ouverture immédiatement. Pourtant, Elena ne pu empêcher son orgueil blessé de cracher son venin sur un ton emplit de colère et de dédain.

En effet Monseigneur, il s’agit d’une simple « organisation des choses » comme vous le dites si bien. Cependant contrairement à l’époque où ce fichu traité à été signé, la Lorraine possède aujourd’hui les alliés nécessaires pour pouvoir influencer les décisions politiques la concernant. Votre organisation ainsi que la loi que vous prenez plaisir à citer nécessite des modifications.

La réplique ne manquait pas de piquant. La jeune femme n’avait pas mâché ses mots. A l’instant présent, elle se fichait bien de tous les spectateurs. Seul lui importait de panser son orgueil blessé en public. Une promesse de guerre formulée par son adversaire serait parfaite pour cela. Les provocations faisaient partis du jeu, il n’y avait aucun mal à s’en servir. L’espagnole avait encore quelques atouts dans sa main qu’elle abattait avec un sourire narquois les uns après les autres. Elle n’attendit pas que le roi lui réponde pour continuer, cette fois sur un ton plus concilient.

Je ne souhaite pas aller contre vos lois, ma présence ici aujourd’hui le prouve. Je désire parvenir à un arrangement, pour le bien de vos sujets autant que des miens. Cependant si nous ne parvenons pas à nous entendre, alors je serais contrainte de passer outre vos traités pour régler notre différent.

La jeune femme jouait tour à tour le démon débordant d’ambition et l’ange voulant éviter un bain de sang à de pauvres innocents. Pourtant aucune de ses paroles n’était contradictoire. Pour son auditoire, il y avait de quoi en être perdu. Cependant aux yeux de fins observateurs, le vrai visage de l’espagnole venait d’apparaitre au grand jour. C’est celui d’une manipulatrice hors paire qui n’en est pas à son coup d’essai. Il n’y avait pas à redire, Elena était parfaite dans son rôle d’ambassadrice.

Il ne restait à Elena plus qu’à fixer l’avenir de l’Europe. Il fallait clôturer cet entretien avant de se faire une nouvelle tentative d’humiliation de son adversaire. Elle termina donc sa déclaration d’une voie douce et séductrice, suintante d’hypocrisie :

Cessons donc de jouer si vous le voulez bien Monseigneur et parlons ouvertement. Est-ce une guerre que vous désirez ?

Elena venait de prononcer les quelques mots qui allaient chambouler l’Europe. L’ambitieuse était sur le point d’obtenir le conflit dont elle rêvait depuis des mois. Elle imaginait déjà les troupes françaises massacrées sur le champ de batailles et ses alliés triomphants achevant les blessés. Comme cette vision était jouissif ! La Lorraine sortirait grandie des affrontements. Et elle, elle aurait enfin toute l’influence sur les souverains d’Europe qu’elle convoitait.

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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime24.07.12 0:15

Il était clair que les Trois Évêchés ne seraient pas rendus à la Lorraine. Quand on signe un traité, on s'y engage jusqu'au bout, davantage quand celui-ci est favorable ! Le monarque ne plierait pas, ce n'était pas dans son caractère, Louis XIV était un être inflexible, à moins de véritablement lui montrer les bons arguments pour le faire réfléchir. Là, il n'y en avait aucun, la princesse de Lillebonne venait simplement étaler sa vanité aux yeux de tous. Bien sûr, jamais le souverain ne le dirait à voix haute, il n'était pas si impoli. Déjà qu'il ne prenait pas de gants pour expliquer la situation.

La lecture de l'article LXXI achevait cette discussion qui n'avait pas lieu d'être, Louvois lisait très clairement ce qui était à la France, royaume qui était dans son droit de jouir de ces évêchés et sans aucune raison de modifier un seul caractère. Pourquoi se plierait-il ? Qu'aurait-il à gagner ? Rien, Louis s'en sortirait perdant d'un point de vue stratégique, diplomatique et économique car ces villes étaient riches, ce qui n'était pas rien pour les caisses du royaume, et donnait à Colbert ce qu'on appelle un sourire en langage humain, bien rare sur le visage du ministre.

Pendant toute la lecture, le souverain restait impassible, ne trahissait rien sur son visage et ne lâchait pas du regard la princesse de sang qui se crispait. Cet entretien public devait lui faire admettre son échec et, comme beaucoup de personne de ce rang, l'ego était fragile et très facile à froisser. Il était facile de penser que l'entretien ne se terminerait pas dans l'amitié …

Employer la force, cela était tombé. Une menace de guerre à demi-mot, parler de cette évidence si Elena ne reculait pas dans sa volonté. Mais la dame avait l'air de nature belliqueuse, cela ne l'arrêterait pas, elle transpirait de suffisance, cela en était presque palpable et ce, jusque dans sa voix.

Je ne souhaite pas aller contre vos lois, ma présence ici aujourd’hui le prouve. Je désire parvenir à un arrangement, pour le bien de vos sujets autant que des miens. Cependant si nous ne parvenons pas à nous entendre, alors je serais contrainte de passer outre vos traités pour régler notre différent.
Les perdants veulent toujours des modifications, il n'y a jamais de traités sans mécontents, madame. Ce traité a été décidé par toutes les parties, il fallait, à cette époque, avoir des hommes compétents en matière de diplomatie et stratégie. Nous ne sommes pas responsables de l'incompétence des autres.
Le ton était froid et les mots, durs. Si la princesse ne mâchait pas ses mots, Louis se permettait de répliquer avant de reprendre. Je crains qu'il est difficile de nous entendre si nous restons sur nos positions, l'un de nous a tort, la France est dans son droit.

Il était clair que Louis expliquait en sous-entendus que la Lorraine était en tort, qu'il était stupide de continuer ainsi, qu'elle pouvait toujours partir. Mais en avait elle envie ? Le monarque en doutait fortement à la voir agir de la sorte, le repousser dans ses retranchements pour cette fichue guerre que tout le monde semblait attendre parmi les courtisans aux yeux grands ouverts, parés pour combattre, peu importe leur camp. Il faut dire que depuis la paix des Pyrénées, la France restait en dehors de toute guerre. Si, il y avait bien la guerre anglo-hollandaise où la France prêtait main forte aux Provinces Unies, par pure contradiction contre l'Angleterre et qu'il valait mieux avoir la Hollande de son côté vu leur puissance. Autant dire que si guerre il y a, La France aurait un allié de choix ! Mais une guerre maritime où la France n'a que peu participé, on ne pouvait pas véritablement parlé d'une vraie guerre, elle semblait un peu obscure pour toute personne n'ayant pas le pied marin ! Enfin bref, y aura t'il une guerre ? Cela était bien parti pour, même si le Roi avait déjà cette idée en tête lorsqu'il avait accepté de recevoir Elena de Sotomayor, cette femme sans aucun scrupule, l'air si fière, voire même hautaine face à lui. Il est roi de France, que diable ! Un peu de respect ! Mais elle ne semblait pas en prendre compte, cette mijaurée.

Cessons donc de jouer si vous le voulez bien Monseigneur et parlons ouvertement. Est-ce une guerre que vous désirez ?
De nous deux, vous semblez bien davantage la vouloir. Mais vous me posez une question qui n'a pas lieu d'être. Je refuse de céder, je suis dans mon droit. Vous êtes en tort et vous vous obstinez. Une guerre est inévitable.


Dans la salle, les courtisans poussèrent des « oh » de surprise et cela commençait à discuter à tort et à travers.

Madame, j'espère que votre petit coup d'éclat a eu l'effet que vous escomptiez.

Cela n'arrêtait pas les murmures dans la salle, tout le monde allait de son petit commentaire. La guerre se mettait doucement mais sûrement en place ...



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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime15.08.12 19:05

Elena se doutait bien que le Roi de France ne se plierait pas à ses menaces. Mais jamais elle n'aurait imaginer qu'il refuserait catégoriquement de remettre en cause ne serait-ce qu'une ligne du traité de Westphalie. Mais le souverain ne s'arrêtait pas là. Il rejetait la responsabilité de la situation actuelle de la Lorraine sur incompétence des diplomates défendant les intérêts de la famille de son époux. Le Roi de France avait raison, Elena en était consciente mais elle préférerait mourir que de l'avouer. Pourtant cela ne l'empêchait pas pour autant de convoiter le domaine des Trois-Évêchés. Il faut bien avouer que si l'ambitieuse espagnole avait occupé à l'époque sa place actuelle, jamais un traité aussi désavantageux pour son parti aurait été signé. Son orgueil et sa fierté lui aurait empêcher d'apposer son accord écrit. Elle aurait fait jouer ses relations au sein de l'Europe, aurait jour de ses charmes et serait parvenue à satisfaire ses ambitions. Au fond, elle ne faisait rien de plus que d'essayer de récupérer ce que son époux n'aurait jamais du céder. De son point de vu, elle était donc tout à fait dans son droit contrairement à ce qu'affirmait Louis XIV.

Ce traité n'aurait jamais du être signé, il est une honte pour la Lorraine que je représente devant vous aujourd'hui tant il a affaibli la puissance de la famille de mon époux. Nous réclamons une révision de ce texte afin d'obtenir un héritage revient de droit à mon époux et moi même.

Elena savait très bien qu'il ne servait à rien d'exposer une nouvelle fois son point de vue. Le souverain avait très bien compris le litige. Elle insistait par pur orgueil, incapable de lâcher le morceau. Cela ne faisait aucun doute que le Roi avait vu clair dans son jeu depuis longtemps. Ce n'était pas elle qui menait l'entretien, et cela était difficile à accepter pour l'orgueilleuse. Elle avait essayé de pousser son adversaire à l'erreur mais au final c'était elle qui se retrouvait désormais en mauvaise posture au cours de l'audience. En cherchant à déstabiliser son adversaire, la princesse de Lillebonne avait trop précipiter les choses en évoquant la finalité de la guerre. Le souverain s'était jeté dans cette ouverture sans envisager une seconde de parvenir à un accord amiable.

« Madame, j'espère que votre petit coup d'éclat a eu l'effet que vous escomptiez. »

Oh que oui son coup d'éclat était parfait ! Elle venait de jouer un coup magistral. La princesse venait de déclencher la tempête qui allait déchirer l'Europe entière dont elle rêvait. Son objectif était atteint, elle venait d'obtenir une déclaration de guerre. De plus, tous les regards des courtisans étaient braqués sur elle, la vipère était au centre de toute l'attention. Que pouvait-elle rêver de mieux ?

Pourtant, bien qu'après des mois de préparation ses plans machiavéliques se concrétisaient enfin, la seule émotion qu'éprouvait la belle espagnole était une immense frustration. Qu'il était humiliant de voir son opposant exprimer autant de mépris à votre égard en une seule et unique phrase. L'insulte à peine dissimulée dans les paroles du Roi de France occupaient toutes ses pensées. Il venait de la faire paraître aux yeux de la cours entière comme une manipulatrice sans aucun talent. Louis XIV démontrait qu'il avait vu clair dans son jeu depuis le début de leur entretien. Il paraissait évident qu'il savait depuis longtemps où elle voulait en venir. Elle, la brillante Sotomayor avait été incapable de retourner la situation en sa faveur. Cette dure vérité était un coup sévère pour son égo. Le souverain des français souhaité cette guerre mais lui en faisait porter la responsabilité. C'est donc sur un ton hautain emprunt de colère qu'elle répondit :

Qu'il en soit ainsi alors ! Je ne changerais en aucun cas ma position sur cette affaire qui nous oppose. Mon époux et moi-même feront tout ce qui sera nécessaire pour obtenir une révision du traité de Westphalie. Puisqu'il semble clair que nous ne parviendront pas à un accord, se sera donc en tant que représentants de nations ennemis que nous nous quitterons.

Ces paroles prononcées, l'ambassadrice tourna effrontément le dos au souverain et traversa le salon d'un pas rapide, la tête haute. Il n'y avait plus rien à ajouter à la conversation. Le futur des états d'Europe venait d'être décidés en moins d'une demi-heure. L'ambition d'une seule femme a fait vaciller toutes les négociations de paix des vingts dernières années. Et cela sans qu'elle ait le moindre remord ni scrupule. L'unique chose qu'Elena retenait de son audience avec le Roi de France est qu'elle haïssait cet homme au sommet de l'état français. Le jour où les armées s'affronteront sur le champ de bataille, elle savourera d'autant plus la victoire du Saint Empire.

Alors qu'elle fendait la foule sans un regard pour les courtisans l'entourant pour retourner furieuse à ses appartements, certains ont pu l'entendre murmurer en espagnol sur un ton rageur :

Seigneur, puisses-tu faire en sorte qu'il tombe sur le champs de bataille.
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Louis XIV


Louis XIV

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Belle et douce Amy, l'unique. Peu importe mon alliance ...
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MessageSujet: Re: [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena|   [Salon d'Apollon] Le lion et la couleuvre |Elena| Icon_minitime03.09.12 13:30

Il fallait tout le temps des mécontents avec ce genre de traité, et souvent c'était les perdants qui rechignaient. C'était toujours injuste, jamais de leur faute, il y a eu une erreur, on crie à l'injustice, c'est tellement plus simple que d'accepter qu'on est un perdant. Charles IV de Lorraine était un couard et un incapable, toute l'Europe le savait, même sa propre famille sans aucun doute. Voilà pourquoi il avait été exclu des négociations, cet homme ne voyait jamais plus loin que le bout de son nez et n'avait aucun sens de la négociation ni du bon sens, Mazarin avait vu juste à cette époque là. Le cardinal avait toujours bien dit à son filleul qu'il fallait se méfier des lorrains et en particulier de Charles IV. La preuve, il avait repris les armes contre le France en 1652 et depuis, il ne cherchait qu'à reprendre les armes. Si Elena déclarait la guerre par pure vénalité, elle avait son oncle par alliance qui l'appuyait pour sa vengeance.

Ce traité n'aurait jamais du être signé, il est une honte pour la Lorraine que je représente devant vous aujourd'hui tant il a affaibli la puissance de la famille de mon époux. Nous réclamons une révision de ce texte afin d'obtenir un héritage revient de droit à mon époux et moi même.
Si vous voulez une révision, faites mais vous ferez perdre du temps à l'Europe entière.


Le ton était implacable, cette femme ferait tout pour que les Trois-Évêchés retournent à la Lorraine pour avoir quelques rentes supplémentaires mais il ne suffisait pas de papillonner des cils et de taper du pied pour avoir quelque chose. Les princes et princesses de sang se croyaient au-dessus de tout car ils sont des grands de royaume avec gouttelettes de sang royal dans leurs veines, ou parce qu'ils avaient fait les bons choix matrimoniaux. Cela n'impressionnait guère Louis, sang royal dans toute sa splendeur, lui qui avait vu la Fronde et la capacité de ces princes de sang à se déchaîner pour quelques broutilles et quelques charges.

Alors la princesse de Lillebonne n'était pas grand chose pour le monarque français, tout juste une demoiselle capricieuse qui avait eu les bons mots pour être encouragée par son oncle et assez manipulatrice pour faire céder son mari. Louis XIV ne s'attendait pas à grand chose de cet entretien, il en savait la finalité et il n'y avait aucune issue possible pour un accord de paix : lui avait la loi de son côté, elle la détermination de violence. Aucun ne changerait de position, surtout pas Louis qui ne voulait pas trahir un traité si difficile à obtenir après la guerre de Trente Ans. Et la Lorraine avait deux soutiens de poids : le Saint-Empire et l'Espagne, ces deux grands royaumes, bien qu'appauvris par les précédentes guerres seraient tout à fait partantes pour tenter de mettre en pièce leur ennemi français. Louis avait donc cédé sans avoir à faire grand chose, Elena savait comment jouer ses coups mais elle avait face à elle un homme perspicace qui, même s'il avait déclenché une guerre,l'avait fait avec dignité et grandeur et la princesse lorraine ne passait que pour une petite arriviste effrontée. Ce qu'elle était d'ailleurs. Mais tous les courtisans ont pu voir la grandeur de leur Roi, cet homme absolu qui ne jouait pas au monarque mais l'incarnait totalement. Il gagnait de toute façon.

Qu'il en soit ainsi alors ! Je ne changerais en aucun cas ma position sur cette affaire qui nous oppose. Mon époux et moi-même feront tout ce qui sera nécessaire pour obtenir une révision du traité de Westphalie. Puisqu'il semble clair que nous ne parviendront pas à un accord, ce sera donc en tant que représentants de nations ennemis que nous nous quitterons.
Puisque Dieu en a décidé ainsi, si nous devons prendre les armes, nous le ferons madame, quand l'hiver sera passé.


Par besoin de dire plus à une femme qui n'y connaissait rien au protocole puisqu'elle tourna les talons sous le regard des courtisans presque outré d'un tel comportement. Louis la laissa, comme on laisse une enfant n'ayant pas eu le jouet qu'elle désirait retourner dans sa chambre.

Ainsi, dans ce salon d'Apollon, pendant cette audience, la guerre franco-lorraine était déclarée. L'annonce se répandrait comme une traînée de poudre au travers du château puis dans Paris et cela s'étendrait dans la France et l'Europe. Certains trépignaient pour envoyer leurs missives afin d'annoncer les prochaines batailles. Pour l'heure, il faudra faire jouer les alliances et si Louis pouvait compter sur des hommes fidèles pour commander ses troupes comme Froulay, Vivonne, Turenne et bien d'autres, les alliés au-delà des frontières seront plus difficiles à convaincre. A cet instant, seules les Provinces Unies pourraient s'allier dans un combat sans merci contre les autres, mais cela ferait venir l'Angleterre dans la guerre. Ce qui n'était que le caprice d'une femme devenait la préoccupation de l'Europe entière.

Mais pour l'instant, à Versailles, alors que tout le monde s'activait ou piaillait sur la future guerre de 1667, Louis XIV restait maître de lui-même, impassible, se leva de son fauteuil et, accompagné de Louvois et Colbert, fendit la foule pour se rendre à son cabinet du Conseil. Ce n'était plus le moment de traîner, la guerre était aux portes de la France.
FIN
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