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 Quand la vengeance se transforme en scandale

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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
Discours royal:



♈ LA BELLA FARNESE ♈
Più bella cosa non c'è

Âge : 24 ans
Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
Missives : 1402
Date d'inscription : 03/09/2011


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MessageSujet: Quand la vengeance se transforme en scandale   Quand la vengeance se transforme en scandale Icon_minitime20.09.13 23:52

Quand la vengeance se transforme en scandale Tumblr_mtg1ubvMCq1ro2g1no2_500

« Le scandale est souvent pire que le péché. »
Il faisait bon en ce mois d'avril 1667, et l'on avait beau se dire que le temps ne faisait pas tout, que certains s'ennuyaient à Versailles, il y avait toujours de quoi faire. Tenter de nouveaux amants parmi les quelques hommes restants, voir fleurir des nouveaux salons, quelques fêtes naissaient par-ci par-là pour occuper les gens restés à Versailles. Une société largement féminine à dire vrai, la plupart avait un mari, un frère ou autre en guerre, à attendre des nouvelles. Et ces femmes ne faisaient pas que se morfondre, à guetter un messager pour une lettre, un mot, un signe. Tout le monde n'était pas Michelle de Bergogne voyons ! Non, il fallait voir de ces dames qui savaient s'occuper en toute circonstance, et de préférence en étant sur le devant de la scène.

A tout hasard, prenons mademoiselle Farnèse, qui vivait à présent seul dans l'hôtel particulier de la famille. Son frère Alessandro était parti combattre aux côtés des espagnols mais tenait à rassurer sa jeune soeur sur sa santé et terminait toujours ses lettres sur des recommandations, que Sofia n'aille pas s'embourber dans quelconque intrigue où elle pourrait y perdre, pas sa vie mais pire, son honneur ou sa dignité. Peut-être était-elle trop confiante, mais la princesse italienne était certaine d'être intouchable, et pensait toujours avoir un ou deux coups d'avance sur ses ennemis. Allongée dans sa méridienne, elle relisait la lettre de son aîné, se jurant de lui répondre dès le lendemain, et ordonna à ses domestiques de bien traiter le messager, il aurait une longue route à faire dès demain. Elle n'avait pas le temps d'écrire ce soir, il y avait une soirée appartements à Versailles. Puisque le roi et son frère étaient partis se battre, leurs épouses devaient organiser les mondanités. Marie-Thérèse adorait jouer, il lui arrivait de perdre des fortunes certains soirs, et Henriette aimait se montrer, parader et faire sa mondaine. C'était autant de raison pour lesquels on jouait à la Cour ce soir. Alors qu'il disait festivité disait belle tenue. Et en parfaite modeuse du grand siècle, Sofia voulait se montrer, en témoigne sa robe d'un magnifique rouge orangé repiqué d'or et des précieuses dentelles aux manches et au décolleté, ce dernier se devait d'être grand pour pouvoir y placer de beaux bijoux. Flânant en robe de chambre devant ses boîtes, elle opta pour la simplicité : du diamant. Le rubis en aurait été de trop, il ne fallait pas non plus trop en faire. Sa rivière de diamants, le bracelet et la bague assortis feraient une magnifique parure sur la personne. Dommage que le prétendant n'ait pas été jusqu'à offrir les pendants d'oreilles, elle devra se contenter d'une autre collection, mais aussi belles.

Après l'étape du bain, de l'enfilage des sous-vêtements, de la robe, du maquillage et la coiffure, la demoiselle Farnèse était fin prête pour monter dans son carrosse pour faire les quelques centaines de mètres qui la séparait du château. On pouvait se préoccuper de la guerre, être mondain et aimer la mode, faire comme si tout était normal, comme si le roi allait paraître à tout instant pour s'en aller jouer au billard avec ses messieurs de Mortemart et de Froulay, comme si Monsieur allait apparaître plus coloré et tyrannique avec sa horde de mignons comme jamais, que si le duc de Richmond allait pouvoir jouer son grand seigneur avec ses dames, ou que le capitaine Sforza allait être entouré de passionnés de voyages, à boire les paroles de l'italo-espagnol et de ses aventures. Mais ces hommes étaient sur le front, on ne pouvait pas croiser grand-monde, même s'il restait de la qualité : elle salue monsieur de Sudermanie avec un petit sourire complice, tapa la tête du petit Alvise comme un toutou, ... Mais elle évita soigneusement le prince Colonna, cet être chétif qu'elle avait poussé dans la fontaine il y a de cela quelques années. On ne peut pas garder que de la qualité, Luigi aurait pu être utile en chair à canon, au lieu d'envoyer des hommes aussi délicieux que le prince-héritier de Saxe et l'adorable prince du Danemark. La vie était mal faite.

Pire que tout, alors que Sofia parlait avec l'archiduchesse autrichienne sur la soirée, qu'on sentait beaucoup l'empreinte de Madame, elle vit non loin d'elles, celui qui devrait être banni de toutes les cours et ne pouvoir vivre que sur une île de lépreux tant il leur ressemblait : Francesco. Il lui fit un sourire un peu moqueur, elle leva les yeux au ciel, un sourire méprisant sur les lèvres. Entre l'anniversaire et mademoiselle de Saint-Amand, Sofia s'était bien amusée avec Francesco. S'il n'avait pas voulu mourir lors du nouvel an, quelle mauvaise éducation franchement, il devra rester en vie mais payer de sa réputation et sa chute sociale. Pour l'instant, la jeune femme n'avait pas d'idée pour continuer, elle avait assez pensé à lui, et se détourna de sa personne. Peut-être aurait-il fallu qu'elle garde un œil sur le vénitien, pas si stupide qu'il n'en avait souvent l'air. Elle le vit à peine parler au signor Mario Morosini, joli noble aux dents longues. Et alors qu'elle s'était essayée, sans grand succès au jeu du pharaon, la Farnèse quitta la table pour tomber nez à nez avec Francesco à qui elle ne fit pas de politesse, tout juste un sourire narquois.

« Je vais finir par croire que j'attire les rats à force de te voir près de moi. »

Elle s'était amusée un temps de sa vengeance, là Sofia avait autre chose à faire, jouer sa mondaine et non plus sa vengeresse au cœur de pierre. Ce soir, il était temps de s'amuser, de profiter de cette belle soirée, et ne pas s'attarder sur des idiots qui n'en valaient pas la peine. A moins que la jeune femme ait une autre idée en tête. Elle fit semblant de ne pas voir l'autre vénitien, attendre qu'il s'approche. Mario Morosini lui avait envoyé une missive la veille déjà, enflammée et passionnée, du genre qu'on ne recevait pas souvent. Sofia n'accordait pas une grande importance aux mots couchés sur un papier, elle savait à quel point cela pouvait être trompeur, mais ils étaient toujours flatteur. Alors quand il vint à elle, la Farnèse fit semblant de rien, sans deviner un instant qu'un autre vénitien observait la scène.

« Mademoiselle, détestez-vous les vénitiens au point de me retirer ?
Sachez monsieur, qu'il y a du bon à Venise, il faudrait chasser la vermine.
Mais, il n'y aurait plus personne !
s'exclama le jeune homme.
Et vous trouveriez ça mal ? » questionna la princesse, amusée.

On put donc voir la jeune femme passer une partie de son temps avec Mario Morosini, celui-ci la couvrait d'attention, elle ne répondait qu'en sourire et en remerciement. En tant que dame d'honneur de la reine, il lui fallait respecter certaines règles, et il y avait celle, intransigeante, de la moralité. Chaque dame devait avoir une vertu irréprochable. Marie-Thérèse ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, il y avait des dames à la moralité douteuse parmi ses dames. Sofia ne se donnait pas facilement, mais elle aimait beaucoup qu'on la courtise, qu'on la couvre de cadeaux et que les hommes se désespèrent à l'avoir. C'était la partie séduction la plus intéressante à son sens, même si elle ne rechignait pas à quelques plaisirs de la chair, elle n'était qu'humaine après tout, personne n'était parfait ! Il est vrai que son galant du soir était beau jeune homme, agréable, intéressant et des plus attentionnés, mais la princesse italienne ne se voyait pas lui ouvrir son lit dès ce soir. Mais la soirée s'étendait sur plusieurs heures, qu'elle avait peu mangé (la faute à un corset serré) et s'était vue servir un peu trop de champagne, les bulles lui montaient à la tête, même si elle savait un peu se tenir, restait digne, même si elle riait un peu trop à certains moments, rien de bien méchant. Et puis la reine avait dû perdre l'équivalent de la Champagne au jeu, elle ne devait pas vraiment se rendre compte de ce que sa dame faisait, ni du jeune homme à ses côtés.

Sans doute devenait-elle un peu trop tactile aussi, elle s'était laissée plusieurs fois à toucher le bras du jeune homme, lui effleurer la main et ne pas respecter une distance raisonnable entre elle et lui. Elle ne disait pas non quand il toucha du bout des doigts sa taille comme si de rien n'était. L'alcool était à la désinhibition, Sofia Farnèse en était la preuve vivante en cette soirée. Alors quand Morosini s'approcha de l'oreille de celle-ci pour lui proposer de se retirer en un endroit un peu plus tranquille, elle n'hésita pas longtemps. Pour essayer un soupçon de discrétion, il partit le premier, lui donnant rendez-vous près de l'escalier d'Orléans. Après avoir papillonné quelques minutes supplémentaires, Sofia quitta à son tour l'enfilade de salons, feignant de quitter la fête pour retourner chez elle. L'alcool ne la faisait pas marcher totalement droit, et le petit sourire qui lui collait aux lèvres montrait bien qu'elle n'était pas tout à fait dans son état, ou qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Dans ce cas là, il s'agissait des deux. Mario Morosini l'attendait, quelques mètres à peine à la sortie de la fête, lui prit la main pour l'entraîner dans un salon, qu'on ne pouvait pas qualifier de privé puisque la porte était en verre, et l'enlaça pour mieux l'embrasser. En temps normal, l'italienne aurait préféré un endroit plus intime, dans les appartements du jeune homme par exemple. Mais cet alcool, encore et toujours, avait annihilé tous ses principes, et la voici comme une poupée de chiffon dans les bras de ce beau-parleur qui lui avait fait tourner la tête toute la soirée. Elle se laissa entraîner dans la passion, serrant ses bras autour de son cou, se laissant plaquer contre le mur et ne pensant plus à rien d'autre qu'a l'instant présent.

Elle se croyait seule au monde avec son amant. Nous ne sommes jamais seuls à Versailles, il traînait toujours des regards indiscrets, ne connaissant aucune notion d'intimité prêts à tout pour dénicher la dernière histoire à la mode. Et si Sofia avait juste pris la peine de regarder vers la porte sur le mur opposé où elle se trouvait, elle aurait vu des visages les observer, elle aurait peut être fait attention aux commentaires et aux rires des courtisans, elle aurait su qu'elle serait la nouvelle histoire à la mode à Versailles pour ses moeurs légères, avec un vénitien, elle qui en détestait tant un autre. Si elle avait fait attention à tout cela, elle aurait aussi vu que parmi tout ce monde, il y avait d'ailleurs Francesco, qui n'aurait pas pu imaginer meilleure vengeance, bien qu'il ne l'ait pas imaginé tout à fait comme cela.

Mais non, Sofia ne vit rien de tout cela, s'étourdissant d'un plaisir qui l'enivrait, avec un homme qui n'était qu'un pantin dans une machinerie démoniaque. Lorsque les amants d'un soir se quittèrent discrètement dans un coin de Versailles que les courtisans avaient finalement déserté, Sofia sortit du château pour monter dans son carrosse, la tête tournant toujours, mélange d'alcool et d'alcôve. Elle n'imaginait pas un instant que cette perte de conscience d'elle-même entraînerait autant de problèmes pour sa personne et son avenir social. Oh, elle était très loin d'imaginer cela en effet. Cela sera pire qu'une douche froide lorsqu'elle apprendra ce qu'on raconte sur elle et ce qu'elle devra fait. Sans s'en douter un seul instant, Sofia Farnèse venait de sceller une partie de son destin ...
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Francesco Contarini


Francesco Contarini

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je m'aime tellement ! Quoique, il est possible que je l'aime elle aussi...
Côté Lit: C'est open bar ! Entrée gratuite pour les libertins
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• DON JUAN •
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Âge : 27 ans
Titre : Nobilis Homo vénitien, Ambassadeur déchu, Banquier de la Main de l'Ombre & bras droit de Victor d'Amboise
Missives : 710
Date d'inscription : 16/01/2011


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MessageSujet: Re: Quand la vengeance se transforme en scandale   Quand la vengeance se transforme en scandale Icon_minitime07.11.13 21:24

Quand la vengeance se transforme en scandale Tumblr_ml1xcc082k1rs22pko2_500_zpsc45becd7

« La vengeance est plus douce que le miel. »
Homère


précédemment...


    Ah la chienne! La traitresse! Sofia ne perdrait rien pour attendre! Se jouer ainsi de l’ambassadeur était la goutte de trop qui faisait déborder le canal. On le trainait dans la boue à la moindre occasion, on l’insultait, on le bafouait… Et tout cela pour le rire de ces ridicules demoiselles. Il y avait déjà la Longueville avec sa gueuse et maintenant Sofia et sa folle psychopathe! Alors cette gamine voulait donc jouer? Et bien Son Excellence lui réservait un divertissement de tout les diables! La Farnèse était prête à le tuer (en vain) il y a quelque mois, maintenant elle montait des scandales de toute pièce. La peste ne reculait devant rien pour le pousser à bout. Cette fois, Francesco avait un tour imparable dans sa manche. Ce petit quelque chose que Sofia ne semblait pas voir… Elle le connaissait bien mal finalement, s’étonnait Francesco.

    Debout devant la fenêtre donnant sur le parc de la Sérénissime, il sonna son valet Paolo qui accourut aussitôt, connaissant l’impatience légendaire de son maître. L’air pensif, sans même jeter un regard au domestique, Francesco lui ordonna d’un ton dur et froid :

    « -Va donc à Versailles me dénicher ce jeune libertin sans cervelle qui se cache parfois dans les jardins. J’ai une mission de la plus haute importance à lui confier. Presse-toi ! »

    Sans échanger un mot de plus, le valet s’inclina puis quitta sans attendre le manoir pour galoper jusqu’au château du Roi.

    Quelques heures plus tard, le valet revenait dans le salon où se trouvait Francesco avec à ses côtés un jeune gentilhomme au physique des plus avantageux. Un sourire carnassier se dessina sur le visage de l’ambassadeur. Tout cela serait parfait !

    « -Je vous en prie, Signore Morosini, installez-vous ! s’exclama Francesco en invitant le jeune homme à s’asseoir.

    -Merci Votre Excellence, fit l’invité. C’est un plaisir de pouvoir de nouveau travailler avec vous.

    -Mais tout le plaisir est pour moi, poursuivit le vénitien plus mielleux que jamais.

    -Alors ? Quelle est la nouvelle mission que vous me proposez ? demanda Mario Morosini avec un petit sourire mesquin.

    -Tout d’abords mon ami, fit le Contarini en l’arrêtant d’un geste. Si nous voulons réussir, nous devrons faire preuve de tact, de respect et d'une bonne dose de charme. expliquait l’ambassadeur en parcourant le salon d’un air passionné avant de faire volte-face vers son acolyte. C'est pourquoi vous devrez me laisser parler, moi !

    -Je serais muet comme la tombe: je vous écoute. »

    Ainsi, après lui avoir exposé les détails exacts de son entreprise, les deux hommes s’échangèrent une poignée de main avec un sourire aussi diabolique qu’entendu en se donnant rendez-vous aux festivités données par Madame le surlendemain.

    ~~~~~~~

    C’est donc à la date prévue que Francesco se rendit, fier comme un paon, aux fêtes d’appartements données à Versailles. Une chance que la République de Venise n’est pas prit part au conflit qui opposait actuellement la France avec le reste de l’Europe. L’idée de partir au front répugnait Francesco, qui était bien plus à l’aise avec les affaires de cour ! C’est élégamment vêtu d’un habit bleu brodé d’argent et décoré de sa chaîne d’ambassadeur pendant à son cou que le vénitien entra d’un pas conquérant dans un salon noir des courtisans encore présents à la cour de France. A peine était-il rentré qui croisait déjà le regard de sa jolie victime/ennemie. Son air contrarié et ses regards noirs qu’elle lui lançait en disait long sur sa pensée. Francesco était ravi. Il saisit une coupe de champagne au passage d’un serviteur avec un plateau avant de chercher si son complice était déjà là. C’est alors que Sofia arriva comme une flèche dans son champ de vision en lui jetant sèchement au visage avec un sourire narquois :

    « Je vais finir par croire que j'attire les rats à force de te voir près de moi.

    -C’est toujours un plaisir de te voir », fit l’ambassadeur en levant sa coupe de champagne sur son passage.

    Il se délectait d’avance de ce qu’il réservait à cette idiote ! Après quelques minutes à saluer les uns et les autres il finit par voir arriver Morosini qui s’était habillé avec beaucoup de soin comme à son habitude. Le vénitien appréciait de travailler avec ce jeune lion car ils partageaient le même souci du détail. Les deux hommes se saluèrent brièvement avant de s’éloigner de quelques regards et oreilles trop indiscrètes (notamment Sofia qui n’était pas si loin).

    « Vous lui avez envoyé une missive galante comme convenu ? demanda le Contarini en laissant glisser son regard d’azur sur la foule.

    -Oui, acquiesça le libertin avec un sourire coquin. Je m’en suis chargé dès que je suis rentré à mon hôtel.

    -Y’a-t-il eu une quelconque réponse de sa part ?

    -Absolument rien, s’excusa Mario.

    -Au contraire, sourit Francesco. C’est le signe que vous l’avez au moins flatté, ce qui n’est pas rien : croyez-moi. »

    Ce plan serait un véritable succès. L’ambassadeur vénitien n’avait pas l’ombre d’un doute. C’est alors que le signore Morosini jeta à son compatriote italien un regard intrigué :

    « Dites-moi Votre Excellence : est-ce l’œuvre de quelques jalousies qui vous pousse à tourmenter cette femme ?

    -Oh ! s’exclama Francesco. Mais pour être jaloux, il faut être amoureux. Et ça, mon cher, j’en suis préservé depuis longtemps ! indiqua-t-il avant de donner une tape sur l’épaule de son complice. A présent c’est votre tour de rentrer en piste : faites-moi rêver, mon ami », ricana-t-il avant de boire une gorgée de champagne tout en observant au loin sa victime tomber dans son piège infâme.

    C’est avec l’habilité d’un fauve que Mario Morosini s’approcha de la Farnèse. Ils entamèrent la conversation. Les minutes, les heures et les verres d’alcool filèrent doucement. Et peu à peu, voilà que la jeune femme impitoyable se faisait de plus en plus biche aux airs égarés. Francesco jubilait tandis que la foule commençait à jaser sur les toutes nouvelles frasques de la princesse italienne. C’était parfait ! Restant bien à l’écart du reste de la fête, l’ambassadeur put aisément observer successivement l'avancée de Mario et les réactions des courtisans. C’est alors que Mario, après avoir passé une majeure partie de la soirée à faire boire la princesse, se retira discrètement du salon tout en lançant un clin d’œil à son complice vénitien. Plus que quelques minutes et Francesco pourrait donner la touche finale à son exquise vengeance. Scrutant la Farnèse d’un regard perçant, il put la voir quitter à son tour le salon d’un air bien trop léger pour être dans son état normal. Aaaah qu’il est bon de faire le mal, se dit le vénitien en se mêlant de nouveau à la foule.  

    Les courtisans riaient, jacassaient, parlaient de choses et d’autres… Mais Francesco leur réservait un nouveau sujet de conversation des plus délicieux. C’est ainsi que le Contarini prit la liberté de s’approcher d’un groupe de courtisanes qui avaient la réputation d’être de vraies commères. Il prit place près de l’une d’elle qui était occupée à écouter une autre conversation et il se pencha discrètement à son oreille. La bombe serait lâchée dans 3… 2… 1…

    « Avez-vous vue la princesse Farnèse entrée dans ce salon près de l’escalier d’Orléans ? Dieu sait ce qu’elle peut bien y faire ! » dit-il d'une voix outrée.

    Et sans même attendre une réaction de la cocotte, il se leva et disparut dans la foule. Il était temps de laisser la « magie de Versailles » opérer !  

    C’est donc à la vitesse d’une trainée de poudre que son murmure, le bruit, la rumeur, courrait à travers l’assemblée présente à la fête.

    Ainsi, dans un fantastique bourdonnement, un mouvement de foule des plus suspects se créa près de la porte par laquelle Sofia et Mario étaient disparuent quelques minutes plus tôt. Piqué par la curiosité et par l’amusement, le vénitien ne put s’empêcher de s’approcher et fendre la foule de courtisans qui semblaient s’entasser en file indienne jusqu’au fameux salon dans lequel devait se trouver le scandale du jour. Plus le Contarini avançait et plus il entendait des bribes de sa propre rumeur déformée par des versions successives. Il ne pouvait s’empêcher de rire face à tout ce capharnaüm et la folie, si importante, que cela avait entrainé. C’était une surprise de taille qui réjouissait Francesco. C’est alors que jouant une dernière fois des coudes avec les derniers courtisans qui lui barraient la route, il pût constater de l’ampleur du scandale qu’il avait lui-même orchestré. Son complice était si vile et pervers qu’il avait réalisé le coup de maître de choisir un salon avec… une porte vitrée. Toute la cour pouvait profiter du spectacle d’une princesse italienne complètement ivre dans les bras d’un homme, s’adonnant à des plaisirs lubriques. Les gens riaient, certains partaient pour aller chercher d’autres courtisans pour leur montrer le spectacle du soir tandis que d’autres en profitaient pour simplement regarder. La cour était si perverse !

    Francesco, plus enjoué que jamais, tourna le dos à la porte vitrée et quitta la soirée en laissant Sofia à son triste sort. La voilà toute occupée à son scandale, laissée en pâture à la cour française, si cruelle. Elle voulait le voir tomber ? Lui pouvait la faire descendre en enfer ! Ce que ne savait pas encore le vénitien c’est qu’il venait bien malgré lui de déplacer une pièce maitresse de son existence sur échiquier de la vie.


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