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| Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] | |
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| Sujet: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 06.02.12 22:27 | |
| Le fond de l’air était frais, l’automne était bien là, mais en ce jour d’octobre, quelques rayons de soleil tentaient de réchauffer le corps et l’âme. Les arbres n’étaient pas encore trop dégarnis et les feuilles roussies offraient un spectacle agréable à l’œil. Plusieurs promeneurs profitaient de ces derniers instants de beau temps avant la rigueur de l’hiver. Par groupe, ils déambulaient dans les allées du parc, se saluant au grès des parcours puis chuchotant entre eux les dernières rumeurs colportées. Les dames exhibaient des robes colorées, parfois bien décolletée, risquant la pneumonie pour un coup d’œil appréciateur.
Alaina réservait ses tenues les plus audacieuses pour une atmosphère plus chaude. Pour l’heure, elle se contentait de serrer les pans de sa cape autour d’elle. En frissonnant, elle essaya de se concentrer sur ce que lui racontait son interlocutrice.
- … un parterre magnifique bien-sûr, enfin, si elle n’avait pas eu l’idée de planter tous ces arums. Certes ce n’est pas moche, mais alors quelle odeur, ça me donne de ces migraines à chaque fois … Enfin, qu’est-ce que je disais ?
Alaina écarquilla de grands yeux, elle n’en avait pas la moindre idée. Elle ne savait même plus de qui cette pie bavarde était en train de parler. Voyant le peu d’intérêt que suscitaient ses élucubrations, sa voisine reporta son attention vers une autre proie, au grand soulagement d’Alaina.
Elle laissa le groupe la distancer un peu et porta son regard sur la nature alentour, superbement aménagé. Son esprit s’envola alors bien loin des bosquets de Versailles. Son corps suivait le mouvement, mais son esprit était loin, bien loin de Versailles. Elle pensa à Anna, à leur dispute qui remontait à quelques jours. Dans cette cour où les relations se faisaient et se défaisaient aussi vite que l’on changeait de vêtements, les vraies amitiés étaient rares. Etre en froid avec celle qui avait été comme une sœur touchait Alaina plus qu’elle ne l’aurait pensé. A tel point que même entourée d’une foule, elle se sentait seule.
Et puis cela faisait longtemps que Nicolas n’était pas venu frapper à ses carreaux. L’avait-il oublié dans d’autres bras ? Sa voix, sa chaleur, ses bras lui manquait tant.
Toute à ses pensées, elle ne vit pas la petite bosse du chemin et se pris maladroitement les pieds dedans, trébucha et déséquilibrée, failli tomber.
C’était sans compter sur un bras secourable, qui la rattrapa au dernier moment.
-Tout va bien, Mademoiselle ?
Alaina leva les yeux vers son sauveur et découvrit un gentilhomme brun, bien habillé, au sourire éclatant : Paolo de Murcia. Ce n’était pas un inconnu, loin de là. Sans qu’elle ne sache ni comment, ni pourquoi, il surgissait, ces derniers temps, partout où elle se rendait : bals, salons, … promenades. Cela était trop fréquent pour ne pas être suspect.
-Oui, merci de m’avoir rattrapé Monsieur, sans vous je finissais par terre, répondit-elle poliment sans que celui-ci ne lâche sa main, avec une sorte d’enthousiasme forcé.
-Vous êtes sur ? Vous me paraissez, bien songeuse. Ce joli front ne devrait jamais avoir à se plisser, ajouta-t-il galamment en portant sa main gantée à ses lèvres.
-Oh, ne vous en faites pas pour moi … répondit-elle en se forçant à rire, de plus en plus mal à l’aise.
-Pardonnez moi d’être indiscret, mais est-ce en lien avec le différent qui vous oppose à la Princesse de Russie, continua l’espagnol plus sérieusement.
Touchée d’être aussi transparente, Alaina détourna la tête. Elle vit que le petit groupe, sans se soucier des retardataires, avait continué son chemin. Elle n’arrivait pas à savoir si elle en était agacée ou soulagée.
Reportant son attention vers son interlocuteur, elle vit que son visage reflétait une sincère préoccupation. Le sachant marié, elle avait opposée à Paolo une politesse courtoise bien que légèrement indifférente. Mais en cet après-midi, un peu de chaleur humaine était bienvenue.
-Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert, Monsieur de Murcia. Bien que j’aie des griefs envers la princesse, cette dispute me peine, livra-t-elle doucement.
-Oh je n’ai pas de grand mérite, j’étais présent le soir où vous êtes partie de ses appartements comme un petit ouragan.
Alaina sourit de cette comparaison.
-Ah, un sourire, voilà qui éclaire ma journée. Venez, Mademoiselle, j’ai d’autres tours dans mon sac pour achever de vous dérider. Et laissez moi vous tenir le bras, on ne sait jamais, les allées de Versailles peuvent être fourbe pour les chevilles délicates des dames.
Avant qu’elle n’ai pu dire un mot, Paolo passa son bras sous le sien et repris le chemin. Alaina suivit, un peu décontenancée par la tournure des événements. Elle savait bien que cela était dangereux d’être vu, seule au bras d’un homme, marié qui plus est. Mais elle ne savait pas comment partir sans paraître impolie. Elle jeta un œil aux alentours, le jour commençait à tomber et l’air à fraichir. Il y avait peu de monde dans les allées et ils ne semblaient pas faire attention au jeune couple.
Elle se détendit, il n’y avait rien à craindre. |
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 07.02.12 19:42 | |
| Madame... Duchesse...
Bianca ouvrit péniblement un œil et à la vue de Bérénice penchée sur elle, le deuxième. Dieu que lui voulait elle ? Le jeune femme se redressa péniblement avant de répondre à sa suivante avec un manque total d'élégance dénotant d'une pointe (seulement!) d'agacement.
- QUOI ? Ne peux t-on pas s'assoupir en paix ici ?
Et avant même d'attendre la réponse de la jeune femme, la duchesse se leva d'un bon en la fusillant du regard. Maintenant qu'elle était réveillée il ne servait à rien de se rendormir tant elle avait de choses à faire.
- Pardonnez-moi, répondit Bérénice en s'inclinant devant sa maîtresse, mais vous m'aviez demandé de vous faire signe à l'heure de votre rendez-vous avec mademoiselle de Laval.
Et mince ! Il revint alors à l'esprit de Bianca qu'elle avait accepté d'accompagner son amie pour une balade dans le parc. Elle fit un tour sur elle même afin de regarder l'horloge posée sur la cheminée de son boudoir. Celle-ci indiquait approximativement 18 heures déjà... Et voilà... Encore une fois, elle s'était, non, on l'avait mise en retard. Elle soupira longuement et ne prenant pas la peine de faire la morale à sa suivant sur le fait qu'elle aurait du la réveiller plus tôt, elle la congédia d'un geste de la main. La danoise se regarda rapidement dans le miroir et constata que si sa tenue était tout à fait convenable, de sa coiffure de ce matin ne subsistait qu'une masse mal domptée de cheveux blonds. Elle hésita quelques instants à rappeler Bérénice afin qu'elle l'aide à remettre un peu d'ordre dans sa chevelure, puis se ravisa et se contenta d'attacher par elle même quelques mèches, donnant l'illusion que ce ratage capillaire était un effet voulu. Après tout, la mode versaillaise était au changement. En regarder promptement par la fenêtre, elle aperçut un léger vent agitant les quelques feuilles rouges qui subsistaient encore sur les arbres du parc. Bianca prit donc le soin d'attraper, avant de sortir de chez elle, une cape légère qui lui parut adéquate à la saison,.
Une fois dehors, elle s'arrêta quelques secondes et ferma les yeux pour apprécier le doux souffle automnal qui caressait son visage. Elle appréciait particulièrement ce moment de l'année, quand les allées du parc commençaient à se vider sans être pour autant dénuées de vie, puisque quelques groupes de courtisans aimaient encore à se promener pour profiter des rayons du soleil avant un long hiver. Puis se rendant compte que son amie Lena devait déjà s'impatienter et que vu l'heure avancée de la journée, elle n'attendrait pas longtemps, elle se mis en route vers les bosquets, lieu de leur rendez-vous. Le chemin n'était pas bien long et en une dizaine de minutes elle fut arrivé au dit lieu. Enfin, l'endroit était un vrai labyrinthe et la duchesse savait pertinemment qu'il lui faudrait clairement plus de temps pour retrouver celle qui l'attendait.
En chemin, elle croisa quelques unes de ses connaissances qui la saluèrent, mais à aucun moment Bianca ne prit le temps de s’arrêter et se contenta de leur répondre d'un sourire aimable. Pendant qu'elle marchait, une multitude de choses lui traversaient l'esprit. Elle pensa un instant à son pays natal, le Danemark et eu un petit pincement au cœur en réalisant qu'elle n'y était pas retourné depuis des années déjà. Elle se rappela ses promenades sous la neige accompagnée de ses frères, le bon vivre qui régner dans ce palais beaucoup plus conviviale que la cour de France... Mais ne laissons pas la nostalgie s'installer et profitons du moment présent que diable ! Et de toute façon, une scène inattendue allait vite la tirer de ses rêveries.
Alors qu'elle traversait le bosquet de l’Étoile en flânant, sans prêter vraiment attention à ce qui l'entourait, son regard fut tout de même attiré par un jeune couple situé à une petite dizaine d'elle, marchant dans une allée perpendiculaire. Les deux jeunes gens étaient dos à elle et de ce fait ne pouvaient soupçonner sa présence. Bien que Bianca ne pu voir leurs visages, elle se doutait de l'identité du galant mais n'avait pas idée de celle de la demoiselle. Pour être sûre qu'elle ne se trompait pas, s'arrêta et tendit l'oreille. A la voix grave de l'homme, il ne fut pas difficile d'entendre quelques mots. Il parlait d'éclairer sa journée et lui proposa son bras, ce que la jeune femme ne refusa visiblement pas. Elle était maintenant absolument certaine qu'elle connaissait cet homme, ne restait plus qu'à découvrir le visage de la demoiselle peu farouche. Elle prit le temps de réfléchir une seconde à la façon dont elle pourrait bien les interrompre... Et il ne fallut pas longtemps avant qu'une idée toute simple lui vienne à l'esprit. Elle ébouriffa un peu plus ses cheveux et se mit à courir en direction du couple.
- Paolo ? Cria t-elle en accourant vers eux.
Une fois à sa hauteur, Bianca prit l'air épuisée et fit mine de reprendre son souffle, comme si elle venait de courir sur des kilomètres.
- C'est bien vous ! Dit elle entre deux faux soupirs, pardonnez-moi cette interruption mais Monica vous cherche et il semblerait que cela soit urgent. Heureusement que je vous ai trouvé !
Évidement, rien de cela n'était exact ! La jeune femme n'avait même pas vu Monica aujourd'hui étant trop occupée à dormir. Mais elle savait que celle-ci ne lui en voudrait pas le moins du monde et lui serait même reconnaissante de ce geste d’amitié, ne tenant pas compte de la dispute conjugale que ce mensonge allait engendrer.
Toujours est-il que Paolo de Murcia parut évidemment fort contrarié et les yeux qu'il leva au ciel indiquait son manque total d'envie de rejoindre son épouse, qu'il détestait au moins autant que Bianca haïssait Simon. Mais devant le regard insistant de la danoise, il se résolut à partir en prenant soin saluer sa belle. Une fois qu'il fut parti, madame de Brabant prit le temps de regarder plus en détail l'insolente jeune femme qui osait se montrer au bras d'un homme marié. Elle reconnut bien vite la certaine Aline d'Argouges ! Bianca se fit la réflexion qu'elle aurait pu aisément la reconnaître et ce même de dos, puisqu'à plusieurs reprises déjà, elle l'avait vu accompagnée du mari de son amie espagnole. Quelle effronterie ! Ne lui avait on jamais dit qu'il valait mieux éviter de se montrer en public toute amourachée d'une homme, entiché d'une épouse qui plus est ! Mais plutôt que de lui lancer à la figure tous les noms d'oiseaux qui lui passaient par la tête, elle préféra la diplomatie. Du moins pour le moment. Elle passa ses doigts dans sa chevelure et se tourna vers Aline.
- Je suis vraiment désolée, quelle impolie je fais ! En plus de vous interrompre, je ne me présente même pas. Bianca de Brabant, enchantée. Avec ce sourire avenant sur ces lèvres, on aurait presque pu la prendre pour une comédienne. Ravie de faire votre connaissance, répondit-elle sur un ton enthousiaste. Maintenant que nous sommes toutes les deux seules, pourquoi ne pas faire quelques pas ? A moins que vous ne soyez pressée par le temps, je ne voudrais en aucun cas vous importuner.
Après tout, Lena pourrait bien attendre un peu plus car voilà une activité qui paraissait bien plus intéressante que la parlote.
Dernière édition par Bianca de Brabant le 05.04.12 12:03, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 09.02.12 20:08 | |
| A peine avaient-ils fait quelques pas, qu’un cri se fît entendre :
-Paolo !
Le couple se retourna pour découvrir une masse de cheveux blond éparses qui fonçait vers eux. Avec un frisson, Alaina reconnut Bianca de Brabant. Si elle ne fréquentait guère la jeune femme, elle connaissait sa réputation de langue de vipère. La sachant en plus proche de Monica de Murcia, la jeune irlandaise ressentis un indicible mal aise, comme si elle avait été surpris en faute avec Paolo.
Mais après tout, ils ne faisaient rien de répréhensible, se dit-elle. Bianca ne pouvait absolument rien leur reprocher, tenta-t-elle de se convaincre.
Pour l’heure, cette dernière soufflait comme un bœuf d’une manière un peu trop convaincante pour être naturelle.
- C'est bien vous ! dit-elle en s’adressant à Paolo, pardonnez-moi cette interruption mais Monica vous cherche et il semblerait que cela soit urgent. Heureusement que je vous ai trouvé !
Alaina trouva cette situation bien étrange. Pourquoi Monica aurait-elle envoyée son amie arpenter les jardins pour trouver son mari ? Ne pouvait-elle envoyer un valet ?
Paolo de son côté se montra fort contrarié. Il leva les yeux au ciel en marmonnant quelque chose en espagnol qui devait surement désobligeant envers son épouse, au vu du ton employé.
-Une affaire urgente ? Vraiment ? rétorqua-t-il sceptique. Voyons, elle ne trouve plus les couteaux à beurre peut-être !
Mais devant le regard intransigeant de la danoise, il capitula.
-Bien, je devrais aller voir ce qu’elle me veut, soupira-t-il.
Puis il se tourna vers Alaina : -Je suis navré de devoir écourter notre promenade très chère. Puis-je espérer que nous puissions remettre cela un autre jour ?
La jeune femme ne savait plus où se mettre. Elle sentait le regard de la Duchesse dardée sur elle pendant que l’espagnol se montrait ouvertement galant avec elle.
-Heu, … peu … peut-être, bredouilla-t-elle.
Il lui baisa la main, puis salua Bianca avant de partir nonchalamment.
Alaina regarda le jeune homme s’éloigner, puis se détourna pour partir. Mais avant qu’elle n’ait pu faire un pas, la danoise engagea la conversation :
- Je suis vraiment désolée, quelle impolie je fais ! En plus de vous interrompre, je ne me présente même pas. Bianca de Brabant, enchantée.
Alaina faillis éclater de rire. S’il était bien superflu à quelqu’un de se présenter, c’était bien la Duchesse de Brabant. Tout le monde connaissait la princesse à Versailles, autant pour ses frasques que pour sa noblesse.
-Aline d’Argouges, de même, répondit-elle, esquissant même une petite révérence.
-Ravie de faire votre connaissance, répondit-elle sur un ton enthousiaste. Maintenant que nous sommes toutes les deux seules, pourquoi ne pas faire quelques pas ? A moins que vous ne soyez pressée par le temps, je ne voudrais en aucun cas vous importuner.
Si la proposition était polie, le ton ne laissait place à aucun refus. Sans même attendre sa réponse, Bianca passa un bras sous celui-ci de l’irlandaise qui se retrouvait pour la deuxième fois de l’après-midi en balade forcée. C’est à croire que tout Versailles voulait se promener à son bras. Que n’aurait-elle donnée pour être chez elle, au chaud avec un bon thé et son chat sur les genoux. Les deux jeunes femmes firent quelques pas en silence, tout en s’enfonçant dans les bosquets.
-L’automne est doux cette année vous ne trouvez pas ? dit l’irlandaise en désignant les arbres, pour amorcer la conversation.
Dans ses lointains souvenirs de cours à propos des conversations mondaines, il lui semblait que lors que l’on n’avait rien à dire, ou que l’on ne voulait répondre à une question, la meilleure solution était de parler météo.
-J’aime particulièrement cette saison, continua-t-elle. Toutes ces couleurs chaudes, ça me rappelle mon pays.
Alaina regarda la princesse du coin de l’œil.
-Vous savez, dit-elle, vous n’avez rien interrompu, il se trouve que Monsieur de Murcia se trouvait dans le groupe de promeneurs dont je faisais partie. Il m’a retenu quand j’ai trébuché et nous avons parlé un moment.
Elle tenta un petit sourire mais sans succès.
-J’espère que vous ne pensez pas que j’essayais de … séduire ou détourner Paolo de sa femme ? répondit-elle. -Parce que ce n’est pas le cas, vraiment, s’écria-t-elle avec un rire qu’elle voulait léger mais qui sonna comme hystérique.
-Non pas qu’il soit moche, ou ennuyeux. Parce que ce n’est pas le cas. Paolo est un homme charmant et plein d’esprit et… et je suis sur que sa femme doit être ravie d’être marié avec lui. Mais justement, il est marié … charmant mais marié !
Alaina tenta à nouveau de rire puis se ravisa d’un coup, devant le regard de la danoise. Elle avala sa salive avec difficulté. Un gouffre s’ouvrait sous ses pieds. Plus elle parlait, plus elle s’enfonçait et elle sentait bien que Bianca n’était guère convaincu par ses explications. Or elle devinait aisément la suite de ce malheureux après-midi. Dès demain, toute la cour saurait qu’Aline d’Argouges courrait après les hommes mariés. Peut-être même que Monica lui ferait une scène.
Mentalement, elle se donna une gifle. Pourquoi avait-elle été aussi bête ! Voilà des semaines, non des mois, qu’elle repoussait ses avances et au moment où elle craque un tout petit peu, il fallait qu’une des plus grandes commères de Paris les voit.
Ce qu’elle ne comprenait pas, c’est pourquoi la danoise ne la lâchait pas. Après tout, selon le code des rumeurs versaillaises, le simple fait de les avoir vu ensemble permettait de nourrir les discussions jusqu’à la fin de la semaine, au moins ! Alors pourquoi continuer de marcher avec elle, bras dessus, bras dessous, comme si elles se connaissaient.
D’autant plus que, que la jeune femme semblait savoir précisément où aller, dirigeant sa compagne d’une poigne ferme, sans lui donner ne serait-ce que l’opportunité de se dégager.
-Bianca, où allons-nous ? |
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 11.02.12 17:47 | |
| -L’automne est doux cette année vous ne trouvez pas ? dit Aline pour ne pas paraître impolie par son silence
-Humm... c'est certain, répondit Bianca avec nonchalance.
Elle se demandait si c'était sa présence qui gênait Aline, ou si elle manquait naturellement de conversation. N'y avait il pas un sujet plus intéressant que la météo à aborder, surtout sachant qu'un homme venait de lui faire ouvertement des avances ? Enfin, étant donné que la danoise n'était pas prête à lâcher son bras, elles auraient bien le temps de papoter de choses plus... intimes disons.
-J’aime particulièrement cette saison,Toutes ces couleurs chaudes, ça me rappelle mon pays, continua-t-elle, visiblement décidée à ne pas parler d'autre chose que de son goût quant aux saisons.
-Au Danemark, les arbres sont déjà recouverts de neige à cette époque. Et comme les températures glaciales en décourageraient plus d'un de s'aventurer dehors, il devient plus facile de se cacher quand on ne veut pas être interrompu, rétorqua la jeune femme avec un léger rictus au coin des lèvres.
-Vous savez, essaya-t-elle de justifier, vous n’avez rien interrompu, il se trouve que Monsieur de Murcia se trouvait dans le groupe de promeneurs dont je faisais partie. Il m’a retenu quand j’ai trébuché et nous avons parlé un moment.
Il semblerait qu'Aline commence enfin à aborder le sujet tant attendu par Bianca, qui tenta pourtant de garder une attitude neutre, bien qu'elle commençait à trouver un sens à cette promenade plus ou moins forcée.
-Quelle chanceuse vous êtes ! Paolo est si galant... Surtout avec les jeunes femmes... lui répondit Bianca avec un air qu'elle voulait le plus sincère possible.
-J’espère que vous ne pensez pas que j’essayais de … séduire ou détourner Paolo de sa femme ? Demanda son interlocutrice, commençant surement à s'inquiéter de ce que la danoise pouvait bien imaginer.Parce que ce n’est pas le cas, vraiment !
- Je ne pense rien du tout ! Vos affaires privées ne me regardent pas.
Bianca préféra faire semblant de ne pas s’intéresser réellement à la situation, laissant à Aline le soin de se débattre avec ses explications. Bianca la regarda avec un sourire plus ou moins sincère tant elle avait envie d'éclater de rire devant le spectacle de cette demoiselle ne sachant pas le moins du monde gérer son stress.
- Enfin... faites tout de même attention aux apparences, dit elle comme on donnerait un conseil à une amie, voulant en réalité la pousser à se confier un peu plus tant la peur de noircir sa réputation semblait la tenailler.
-Non pas qu’il soit moche, ou ennuyeux, Parce que ce n’est pas le cas. Paolo est un homme charmant et plein d’esprit et… et je suis sur que sa femme doit être ravie d’être marié avec lui. Mais justement, il est marié … charmant mais marié !
La duchesse ne répondit pas, se contentant un hochement de tête, peu convaincu par ses prétextes de bonheur conjugal. Et surtout, oh que non Monica n'était pas chanceuse. Personne ne voudrait pour époux ce bourreau des cœurs, qui ne pensait qu'à attirer dans son lit toutes les jeunes femmes de la cour. Le pire était qu'il s'en ventait. Même Simon, aussi goujat qu'il soit, avait la délicatesse de ne pas venir conter à sa femme ses aventures amoureuses. Enfin, Monica pouvait au moins s'avouer heureuse d'avoir une amie comme la Brabant, qui ne raterait pas une occasion de faire payer à ces filles le mal qu'elles lui causaient. Après tout, la moindre des choses entre femmes bafouées, c'est de s'entraider. Alors que les deux promeneuses avançaient à bonne allure, Bianca sachant parfaitement où elle souhaiter emmener la briseuse de mariage, celle-ci lui demanda.
- Bianca, où allons nous ?
- Oh, je ne sais pas exactement, c'est seulement le chemin que j'ai l'habitude de prendre, lui répondit elle tout naturellement. Devant le regard peu rassuré d'Aline, elle continua en riant légèrement , Je ne vais pas vous abandonner dans les bois, n'aillez crainte.
Si elle ne voulait pas la perdre, il n'était pourtant pas dit qu'elle ne lui veuille aucun mal. N'allez pas penser là qu'elle souhaiter sa mort ! C'était un peu tiré par les cheveux. Non, elle voulait simplement lui faire comprendre qu'il valait mieux pour elle qu'elle reste loin du couple de Murcia et de Bianca par la même occasion si elle ne voulait pas transformer sa petite vie tranquille en un tourbillon de mésaventures. Et d'après ce que la danoise avait entendu dans les rumeurs -et oui, les bruits vont vite à Versailles- il serait assez aisé de mettre Aline face à son point faible. Enfin, en espérant que ce ce qui était arrivé à ses oreilles n'était pas un tissu de mensonges.
- Vous savez, commença Bianca sur le ton de la confidence, ce que vous pouvez ressentir pour monsieur de Murcia ne me regarde absolument en rien, et ne pensez pas que je vais aller crier sur tous les toits qu'il vous fait la cour. Malgré ce qu'on dit de moi, je ne suis pas mauvaise langue au point de détruire une réputation à cause d'une simple faiblesse du cœur.
Elle essayait comme elle pouvait de gagner un minimum la confiance d'Aline, mais cela n'allait pas s'avérer chose aisée et cela pouvait se comprendre. Mais bon, avec un peu de chance son numéro d'actrice marcherait et dans le cas contraire, au moins elle aurait essayé.
-Le bassin du Dauphin, s'écria soudain la jeune femme à la vue du lieu où elle venait d'amener l'irlandaise, j'adore cet endroit !
Elle lâcha alors le bras d'Aline et partie s’asseoir sur le rebord du bassin. Mais voyant que cette dernière ne le suivait pas, elle lui fit signe de la main pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas envie de rester seule.
-Et bien, venez donc ! Je ne vais pas vous manger, s'exclama-t-elle en riant. |
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 16.02.12 18:29 | |
| - Oh, je ne sais pas exactement, c'est seulement le chemin que j'ai l'habitude de prendre, tenta de la rassurer Bianca. Mais ces mots eurent l’effet contraire, prononcé trop légèrement pour être tout à fait honnête. Lorsque son grand oncle passait de grandes heures à lui conter les subtilités de l’art de l’espionnage, il insistait toujours sur une chose : l’instinct. Quand votre instinct vous souffle quelque chose, il faut l’écouter. Se faire confiance peut vous sauver la vie. Pour l’heure, l’instinct d’Alaina lui disait que malgré ses airs angéliques, Bianca n’était pas aussi innocente qu’elle voulait bien le laisser paraitre. Et qu’elle ne voulait peut-être pas tant de bien que ça. - Je ne vais pas vous abandonner dans les bois, n'aillez crainte. Ajouta la danoise un peu moqueuse. Alaina sourit, après tout, elle s’en faisait peut être un peu trop. Qu’est ce que la duchesse de Brabant pouvait bien lui faire, au beau milieu du parc de Versailles. Si elles devaient se battre, l’irlandaise était à peu près sur d’avoir le dessus.
-M’abandonner dans les bois, rien que ça ! Chère payé pour un moment de faiblesse vous ne trouvez pas ? Glissa Alaina. Surtout quand il est totalement innocent. - Vous savez, commença Bianca sur le ton de la confidence, ce que vous pouvez ressentir pour monsieur de Murcia ne me regarde absolument en rien, et ne pensez pas que je vais aller crier sur tous les toits qu'il vous fait la cour. Malgré ce qu'on dit de moi, je ne suis pas mauvaise langue au point de détruire une réputation à cause d'une simple faiblesse du cœur. -Oh allons Bianca, jouons carte sur table. Je sais que vous êtes proche de Monica de Murcia et j’en sais suffisamment sur vous pour ne pas me leurrer sur les suites de cet après-midi, trancha Alaina. J’avoue, Paolo de Murcia me fait la cour, et ça ne date pas d’hier. Mais je ne suis pas la seule dans ce cas là et je n’ai jamais encouragée ces élans, ce qui n’est pas le cas de toutes les demoiselles de la cour qui n’ont pas toujours de scrupules à s’afficher indécemment, aux yeux de l’épouse trompée, voir du mari trahi.
L’attaque était à peine déguisée. Il était de notoriété publique de Simon de Brabant portait des cornes aussi grosses que les statues du bassin d’Apollon.
-Et puis entre nous, je n’ai pas réussit à côtoyer le Duc de Vivonne tout en préservant ma réputation, pour me compromettre avec Monsieur de Murcia.
Pour tout réponse, elle reçu un regard bleue perçant, ne laissant rien deviner des pensées de leur propriétaire.
Soudain les bosquets firent place à une large esplanade, avec en son centre, une magnifique étendue d’eau surmontée d’une imposante statue.
-Le bassin du Dauphin, s'écria la Brabant, j’adore cet endroit. Elle sauta du coq à l’âne, oubliant la joute verbale qui venait de se tenir. Lâchant son bras, elle se dirigea vers la fontaine, pendant qu’une boule se formait dans la gorge d’Alaina. Le bassin du Dauphin était l’une des pièces d’eau les plus profondes du parc de Versailles, au moins trois mètres. L’année précédente, on avait même mis en scène des répliques de bateaux pour l’anniversaire du Roi. De quoi mettre l’irlandaise très mal à l’aise. Regardant à droite et à gauche, elle ne vit personne susceptible de faire diversion. Il ne lui restait qu’une solution : fuir. Qu’importe les rumeurs, qu’importe la réputation, qu’importe les apparences. Alaina ne pouvait pas rester près de cette pièce d’eau. Déjà il avait fallu toute la patience de Christian pour l’amener à entrer jusqu’à la taille dans un étang. Puis elle avait sangloté deux heures durant dans ses bras, tellement l’épreuve l’avait bouleversée.
Mais là, s’approcher de l’eau alors qu’elle était en compagnie d’une personne dont les intentions n’étaient pas claires, il en était hors de question. Déjà, son souffle devenait plus court et elle avait du mal à respirer, ses jambes étaient en coton rendant finalement toute fuite impossible.
Une idée lui traversa l’esprit : était-ce intentionnel ? Bianca de Brabant l’aurait-elle amené ici de manière délibérée ?
Sa phobie de l’eau n’était pas un secret, mais le procédé paraissait tout de même un peu grossier, pas digne d’une Duchesse.
-Et bien, venez donc ! Je ne vais pas vous manger, s'exclama la Duchesse en riant.
Elle lut comme une lueur de défi dans ses yeux. Elle se souvint de la honte cuisante qu’elle avait ressentie quand des demoiselles de la cour l’avait poussée dans le grand canal l’été dernier. Elle avait fait une crise de panique qui avait été très longue à calmer, hurlant, pleurant… Elle s’en voulait de ne pouvoir surmonter cette phobie. Dans un sursaut de fierté, elle serra les poings, inspira profondément et fit un pas. Puis un autre et ainsi de suite. Il lui sembla qu’elle mettait une éternité à atteindre le bord de pierre. Sans pouvoir détacher son regard de la surface à peine troublée par la brise, elle s’assit, à bonne distance de la Duchesse. Son corps était tendu à l’extrême et elle sentait bien que ses mains tremblaient. Mais bravache, prenant sur elle-même, elle leva les yeux sur la Duchesse avec, elle l’espérait un petit air de défi.
- Pourquoi protégeriez-vous un couple adultérin ? Je ne vois pas ce que vous y gagniez ? Entama Alaina en changeant de ton.
- Que feriez-vous si vous étiez à ma place, courtisée par un homme qui est marié à une autre ? relanca Alaina, avec un petit sourire, plein de sous-entendu.
Elle soupira puis rit : -Le mariage n’est pas l’institution qui réussit le mieux aux femmes.
-Pour ma part, ce n’est pas vraiment quelque chose que j’envisage, soupira Alaina. Non pas que je ne le souhaite pas, mais les circonstances … Elle laissa sa phrase en suspend, l’image de Ruzé flottant devant elle. Elle perdit un instant contact avec la réalité, le parc de Versailles s’effaçant pour être remplacé par le décor de sa chambre, emplit des souvenirs de leur dernière rencontre.
Un mouvement de la part de la Duchesse la ramena à la réalité. |
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 19.02.12 14:24 | |
| Bianca voyait bien qu'Aline était très mal à l'aise lorsqu'elle lui demanda de venir près d'elle. Mais après de longues secondes d'hésitation et ayant besoin de tout son courage, elle vint s’asseoir mais assez loin pourtant, craignant sans doute un geste plus ou moins involontaire de la danoise. Aline paraissait très crispée, mais après avoir pris une longue inspiration, elle reprit finalement la conversation lançant à Bianca un regard assuré.
- Pourquoi protégeriez-vous un couple adultérin ? Je ne vois pas ce que vous y gagniez ?
Elle réfléchit quelques instants en levant les yeux au ciel puis lui répondit
- Rien. C'est juste que je vous comprends... En un sens du moins.
A peine eut-elle dit cela que son interlocutrice continua avec un sourire qui déplut fortement à Bianca.
- Que feriez-vous si vous étiez à ma place, courtisée par un homme qui est marié à une autre ?
Cette remarque, la duchesse ne l'apprécia absolument pas. Peut être que son mariage n'allait pas bien mais il était inutile de lui rappeler ouvertement que cela se savait. Et puis d'abord, elle n'avait jamais eu en public d'attitude compromettante avec un homme elle ! Et peut être qu'en privé il en était autrement, mais cela, personne n'en avait la preuve tangible. Elle préféra donc ne pas répondre à sa question. Devant son silence, Aline soupira avant de lâcher un petit rire ce qui eut pour conséquence de s'attirer un regard noir de la part de Bianca.
-Le mariage n’est pas l’institution qui réussit le mieux aux femmes.
-Sans avoir testé vous ne pouvez rien affirma, lui répondit-elle du tac au tac.
-Pour ma part, ce n’est pas vraiment quelque chose que j’envisage, soupira Aline. Non pas que je ne le souhaite pas, mais les circonstances …
Alors que Bianca attendait la suite et fin de sa phrase, elle n'eut droit qu'à un silence et un air rêveur. Décidément, l'anglaise n'était pas de très bonne compagnie. En plus d'enchaîner les remarques sarcastiques de très mauvais goût, elle laissait à tous vents ou presque ses phrases en suspend. Pendant ces longues secondes de silence, Bianca se demanda à quoi elle pouvait bien penser... Sans doute à un homme. Paolo ? Non, sans doute pas puisque visiblement, si elle ne disait pas non à son numéro de paon, elle n'était pas décidé à se laisser tomber dans son lit. Enfin, entre ce qu'on pouvait dire et la réalité, il y avait parfois un faussé énorme et la danoise n'accorda donc qu'une importance minime aux dires de la demoiselle. Et de toute façon, même si ces parole était vérité et que jamais il ne lui serait venue à l'esprit de répondre aux avances qu'on lui faisait, son attitude était très déplaisante et méritait bien qu'on le lui rappelle. Alors que la jeune brune semblait désormais complètement absente, l'esprit à mille lieues d'ici, la danoise se leva et vint se placer juste devant elle qui était encore assise. Pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule, elle passa sa main devant ses yeux.
- Eh ! Je sais qu'il fera bientôt nuit, mais ce n'est pas encore le moment de rêver, lui signifia-t-elle.
Voyant que Bianca se tenait dangereusement près d'elle, Aline ne semblait absolument pas rassuré et son visage crispé témoignait d'une angoisse certaine. Pourtant, qui oserait croire que la duchesse puisse faire le moindre mal. Son visage d'ange était censé assurer à tout le monde que ses intentions étaient toujours des meilleurs. Soit, peut être que cela ne marchait qu'avec les hommes.
- Bon, parlons sérieusement, dit alors Bianca tout en se planta juste devant Aline de façon à ce qu'elle ne puisse pas se lever. Savez vous que même sans vous avoir jamais rencontré, votre nom ne m'était pas inconnu ?
En effet, quelques fois déjà, le nom de mademoiselle d'Argouges était arrivé à ses oreilles. En fréquentant les salons, le nombre de choses que l'on pouvait apprendre sur une personne sans même la connaître était tout bonnement incroyable. Évidemment, démêler le vrai du faux, c'était une autre histoire, mais dans le cas d'Aline, au vu de sa peur apparente lorsqu'elle se trouvait près de l'eau, rien de ce qu'elle avait entendu n'était faux. Elle s'accroupit alors et prit ses mains dans les siennes pour lui faire croire à un peu de sympathie.
- Mais vous savez, après ce que j'ai entendu vous concernant, je ne peux que vous dire à quel point je vous trouve courageuse. La position dans laquelle vous vous trouvez ne doit pas être évidente à gérer au quotidien.
Bianca n'était pas encore décidé à lui dévoiler exactement le contenu de ces rumeurs dont il était question, bien que la jeune femme s'en doute peut être, à moins qu'elle n'ait de secrets plus grands à cacher et qui dans ce cas là risquerait de semer le doute dans son esprit.
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 05.03.12 22:12 | |
| - Eh ! Je sais qu'il fera bientôt nuit, mais ce n'est pas encore le moment de rêver, dit Bianca. Le mouvement de la danoise la ramena à la réalité. Elle réalisa alors que cette dernière s’était considérablement rapprochée, se tenant devant elle, ce qui la mit encore plus mal à l’aise, si c’était possible. D’autant plus qu’elle affichait un air un peu trop doucereux au goût de l’Irlandaise. Un sourire de façade, mais un regard qu’elle ne pouvait totalement maîtriser et qui lui laissait une drôle de sensation. Comme un goût de prise au piège. - Bon, parlons sérieusement, dit alors Bianca, en avançant encore. Dominant la jeune fille de toute sa taille, touchant presque ses genoux, elle la toisait. Alaina commença par reculer avant de se rendre compte qu’il s’agissait d’une très mauvaise idée. L’eau trouble semblait la narguer autant que la jeune femme. Le vent qui soufflait ridait sa surface, comme si la fontaine se moquait d’elle et de sa peur. Puis elle réalisa qu’il lui était à présent impossible de se lever sans bousculer la Duchesse. Insidieusement, la panique la gagna, se coulant le long de sa colonne vertébrale, tel un serpent. Alaina se sentit désespérément seule. - Savez-vous que même sans vous avoir jamais rencontré, votre nom ne m'était pas inconnu ?Levant la tête, elle la fixa : - Vraiment, suis-je à ce point célèbre au sein de la cour ? répondit-elle avec une légère pointe d’ironie. La Duchesse fini alors par s’accroupir, rassurant légèrement Alaina. Avec des gestes lents et doux, elle prit ses mains dans les siennes. Ses gants blancs enserrant les mains nues d’Alaina. De manière totalement incongrue, elle repensa à sa propre mère, qui insistait toujours pour qu’elle en mette. Petite, elle répliquait que cela l’empêchait de tenir les reines de son cheval … Pourquoi le regrettait-elle à présent ? - Mais vous savez, après ce que j'ai entendu vous concernant, je ne peux que vous dire à quel point je vous trouve courageuse. A présent qu’elles étaient pratiquement à même hauteur, Alaina put plonger ses yeux dans les deux océans bleus qui lui faisaient face. De quoi parlait la Duchesse : de sa fureur, qui l’avait amenée à tuer un homme ? De sa double identité, qui lui permettait de survivre ? De sa volonté de vivre sa vie comme elle l’entendait, ayant déjà bien éprouvé à quel point celle-ci pouvait s’écourter ? Mais était-ce du courage ? Ou de l’inconscience ? - La position dans laquelle vous vous trouvez ne doit pas être évidente à gérer au quotidien.A ces mots, la jeune irlandaise se raidit. - Ma position, répliqua-t-elle en insistant sur le dernier mot. Se sentant insultée, son sang d’irlandaise se réveilla. Qu’on la traite de courtisane, de fille légère, voir même de voleuse de mari, cela passait encore. Mais avec son air de ne pas y toucher, la Princesse Danoise insinuait bien des choses et cela Alaina ne pouvait l’accepter. Certes sa vie n’était pas un exemple de vertus, mais la Duchesse n’était pas une nonne non plus. Et puis parbleu, elle était Comtesse ! Combien aurait-elle aimé jeter à la figure de la jeune femme sa véritable identité. Mais pas encore, pas maintenant. Elle se força à rester calme mais ne put s’empêcher de répliquer vertement : - Ma position comme vous dites, ne regarde personne d’autres que moi. Je ne pensais pas que vous vous rabaissiez à colporter les rumeurs. Je ne sais pas à quoi vous faites allusion précisément, peut-être même prêchez vous le faux, pour savoir le vrai.La danoise eu un sourire en coin, prouvant qu’Alaina avait fait mouche. Après avoir baissée la tête, elle la releva, la fixant à nouveau droit dans les yeux. -A moins que nous soyons ici dans un but bien précis.La danoise se releva et semble méditer. Alaina en profita pour évaluer ses chances de fuir, peut-être en bousculant la duchesse. Au loin, le bruit d’un groupe s’approchant se faisait entendre. Alors qu’elle s’apprêtait à se relever et avant même d’avoir pu esquiver un geste pour l’éviter, la danoise la poussa fortement en arrière. Déséquilibrée, les bras battant l’air pour se raccrocher à quelque chose qui n’existait pas, Alaina, Comtesse de Cork, passa cul pardessus tête et atterri dans l’eau, avec un grand bruit très peu gracieux. Les sensations furent les mêmes que dans son souvenir. Le froid d’abord qui la transperçait de toutes parts. Puis la perte de repères, la suffocation et tout de suite après la panique, la terreur à l'état pur. Elle essayait tant bien que mal de se débattre pour remonter, mais ses jupes alourdies la gênaient l’empêchant de battre des jambes et l’entraînant au fond. Par instinct de survie, elle réussit à battre des bras suffisamment pour émerger et aspirer une goulée d’air puis replongea dans son enfer aquatique. Dans son esprit, les deux scènes se mêlaient et l’eau avait à nouveau un gout salée. Elle s’attendait presque à voir arriver une de ces vagues qui la retournait, l'enfonçait, la ballotait comme un fagot, lui donnant à chaque fois l'impression qu'elle allait mourir. A nouveau elle émergea et se mit à crier, à supplier : - Au secours, à l’aide …Mais ici point de pêcheurs, les intempéries de Versailles sont plus rudes que celle de la nature. A nouveau les flots la submergèrent. C’est dans les moments où l’on perd ce qu’on a de plus précieux, qu’on se rend compte que l’on y tient. Et à cet instant, au moment où elle revivait ce qui était pour elle son pire cauchemar, Alaina se sentit pris d’un furieux désir de vivre, d’aimer, d’ouvrir les bras si grand qu’elle pourrait engloutir le monde. FIN pour Alaina
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| Sujet: Re: Phobie : peur irraisonnée, instinctive et obsédante [Bianca/Alaina] 10.03.12 15:02 | |
| -Ma position comme vous dites, ne regarde personne d’autres que moi. Je ne pensais pas que vous vous rabaissiez à colporter les rumeurs. Je ne sais pas à quoi vous faites allusion précisément, peut-être même prêchez vous le faux, pour savoir le vrai.
Et bien le moins que l'on puisse dire, c'est que cette remarque fit tilt dans l'esprit d'Aline et qu'elle tenait bel et bien à son honneur. Cette vision de la jeune femme s'enflammant littéralement lui tira un léger sourire en coin de bouche trahissant son amusement, tant à cause de la réaction de l'irlandaise, qu'à cause de la situation fort déplaisante dans laquelle celle-ci se trouvait. La danoise, se trouvait toujours accroupie face à celle pour qui elle ressentait une antipathie de plus en plus forte.
-Oooh... Si vous saviez tout ce dont à quoi je peux me rabaisser pour un peu d'amusement, lui répondit Bianca en riant. J'aurais d'ailleurs mieux fait d'aller colporter quelques rumeurs plutôt que de vous adresser la parole ! J'ai l'impression que l'on m'enterre vivante tant vous êtes ennuyeuse, continua-t-elle avec un ton de plus en plus méprisant tout en se relevant.
-A moins que nous soyons ici dans un but bien précis.
Bianca se tut un instant. Aline semblait avoir définitivement prit conscience des ses intentions peu amicales. Il était dorénavant inutile et surtout difficile, tant l'envie de sauter à la gorge la tenaillait, de feindre une quelconque marque d'affection pour la demoiselle. Elle posa alors les yeux sur la jeune femme, qui semblait de plus en plus impatiente de la quitter, et lui dit avec un immense sourire terriblement hypocrite.
- Puisque vous soulevez la question, je dois vous avouer que vous n'avez pas tort...
Et à peine quelques secondes après qu'elle avoir dit cela, et sans laisser la moindre possibilité de s’échapper à Aline, elle la poussa avec force de façon à ce qu'elle soit totalement déséquilibrée et bascule en arrière. La scène était plutôt amusante. Bianca contempla l'irlandaise tentant de se rattraper dans le vide, puis tombant à l'eau dans un énorme fracas fait du cris aigu qu'elle poussa en se rendant compte que la seule issue possible était la chute, et de celui de son corps entrant lourdement en contact avec l'eau glacée. La danoise ne put retenir un grand éclat de rire tant la vision de cette femme si fière dans une situation si ridicule lui était délectable. Et tout cela grâce à une simple rumeur qu'elle avait entendue une fois ! Comme quoi celle-ci ne sont pas toujours faite que de vent et peuvent même s'avérer plutôt utiles dans certaines situations.
Besoin d'aide ? S'exclama-t-elle.
Pour la forme, Bianca répondit aux appels au secours d'Aline en lui tendant vaguement la main sans qu'il lui soit possible de l'atteindre. La duchesse ne bougea pas pendant quelques secondes encore, regardant avec attention mademoiselle d'Argouges se débattant pour maintenir sa tête à la surface et ne pas sombrer sous cette masse d'eau qui la ballottaient comme une vulgaire marionnette. Puis les pas qu'elle avait entendu quelques minutes auparavant semblèrent se rapprocher, et à l’entente des hurlements de la nageuse ne tarderaient pas à venir jusqu'ici. Voulant éviter d'être vue, elle salua sa victime, sachant pourtant bien qu'elle ne l'entendrait pas tant elle était occupée à éviter de se noyer.
Bon, vous semblez aimer l'eau donc je vous laisse patauger... Au plaisir !
Bianca fila alors en vitesse laissant le soin à Aline de se débrouiller toute seule. Elle finirait bien par comprendre qu'elle avait pied et au pire, quelqu'un viendrait la sortir de ce mauvais pas. Dans tous les cas, la jeune femme se contrefichait de ce qui pourrait bien lui arriver, et quand bien même elle se noierait, personne n'aurait la mauvaise idée de venir l'accuser. Évidemment, au fond d'elle, tout ce que Bianca souhaitait, c'était donner une bonne leçon à cette briseuse de mariages de bas étage ce qui était chose faite, mais sa conscience s'en remettrait si elle venait à se faire engloutir sous les flots du bassin. A cet instant, la danoise se rendit compte que d'ici peu, le soleil disparaîtrait complètement et qu'elle ferait mieux de rentrer chez elle au plus vite si elle ne voulait pas attraper la mort tant le fond de l'air était froid. Elle s'empressa donc de prendre le chemin du retour, sans prendre la peine de chercher Lena avec qui elle avait initialement rendez-vous, puisque son amie ne l'avait sans doute pas attendu. Après quelques minutes de marche, c'est tout sourire qu'elle s'installa au coin du feu, un bon livre entre les mains, repensant à l'amusant début de soirée qu'elle avait passée.
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