Françoise d'Aubigné, un pont entre Ciel et Terre ...

La violence est un vice tapis dans le cœur de l’Homme … Monsieur Constant d’Aubigné purgeait une peine pour faux monnayage et soupçonné de traiter avec l’ennemi anglais dans la prison de Niort quand sa fille Françoise y vit le jour en novembre 1635. Cet être qui se retrouvait être son père n’en avait que faire de cette nouvelle bouche à nourrir. De plus, Jeanne de Cardaillac était lasse de vivre dans des conditions aussi misérables alors qu’elle rêvait d’une belle maison & de domestiques pour l’aider dans ses tâches quotidiennes. Son mariage était loin d’être celui qu’elle aurait aimé avoir … Malheureusement, elle avait dû faire une croix sur ses rêves le jour où elle épousa Constant d’Aubigné. Françoise était son troisième enfant & il lui était impossible de l’élever convenablement. La jeune maman abandonna son dernier né à sa tante Madame de Vilette qui était huguenote. Elle reçut auprès de cette dame beaucoup d’affection mais surtout une éducation protestante. Sous le règne de Louis XIV, c’était une chose fort mal vu ! La petite Françoise de ces années de très bons souvenirs même si très souvent, elle n’était que la nièce à qui on devait la charité.

En 1647, alors qu’elle a 12 ans, Françoise quitte le royaume de France pour la Martinique où son père fut nommé gouverneur de Marie-Galante. Là-bas, la jeune fille se retrouve confrontée à un monde qu’elle ne connait pas. Élevée par sa tante, elle connait les bonnes manières et possède un peu de culture mais pas assez pour briller en société. La « belle indienne » comme on la surnomme sur cette île conquise par la France se retrouve plonger dans un monde où les petits gens ainsi que les plus importants sont humbles. Chacun s’entraide & ne cherche pas à évincer les autres pour obtenir des faveurs. Dans cet environnement tellement différent, Françoise porte secours aux plus démunis. Cette même année, elle perd son père et elle rentre en France. Elle n’a que 13 ans & déjà un passé bien chargé …

Sa marraine Madame de Neuillant ne laisse pas le choix à Jeanne de Cardaillac en lui reprenant Françoise qu’elle envoie au couvent des Ursulines, rue Saint-Jacques à Paris. Elle prend cette décision afin de convertir sa filleule au catholicisme. Évidemment cette conversion ne s’est pas fait de gaité de cœur. Françoise a donné beaucoup de fil à retordre aux sœurs. Ces dernières ont dû sévir à de nombreuses reprises pour que cette enfant du Diable retrouve la route de Dieu. En apparence, la demoiselle est devenue une bonne catholique mais son cœur est resté à jamais protestant. Cette éducation stricte mais surtout cette décision prise sans son consentement ont renforcé la haine qu’elle voue à sa marraine. Françoise ne veut plus avoir affaire avec elle ! Pourtant c’est même tante qui va lui faire rencontrer son futur mari : le célèbre poète Scarron. Comment l’idée de ce mariage naquit dans l’esprit de la jeune femme ? Françoise n’a jamais éprouvé de quelconques sentiments pour cet homme mais comme on la força à l’épouser, elle dut s’accommoder de sa présence. On peut même dire qu’elle finit par avoir de l’affection pour ce mari infirme. De plus, il était très attrayant avec la culture & son humour. En sa présence, elle devient une dame cultivée mais aussi importante. Leur salon était devenu un lieu prisé par la haute société française. On se bousculait pour y venir ! C’est ainsi qu’elle eut l’honneur d’y croiser Racine ou Marie d’Assérac ou encore Marie Fouquet. Elle était également devenue une espèce de mécène pour certains de leurs invités comme Vincent Daugier pour qui elle s’était éprise d’affection. Elle l’aida à se faire un nom en tant que peintre. Malheureusement même si cette alliance n’était pas basée sur l’amour, les deux époux étaient un modèle pour leur entourage jusqu’au jour où Scarron décéda. Il ne lui laissa que des dettes & le nom de « veuve Scarron ». Françoise n’avait plus rien …

Cette perte causa beaucoup de peine à la jeune femme. Elle n’avait que 25 ans et plus personne au monde. De nouveau orpheline, Françoise se sentit perdue. Elle ne savait pas quoi faire … Sans but & vivant dans la misère, la demoiselle se sentait condamnée. Songeant à quitter Paris pour s’installer ailleurs, Françoise se voyait déjà finir sa vie seule … oubliée de tous. Son existence a pris un tournant inattendu lorsqu’elle devient l’objet de l’attention de l’Intouchable du Roi Soleil : Ferdinand d’Anglerays. Flattée par cette attention, la jeune femme a l’impression que ce beau rêve peut prendre fin à tout moment & la renvoyer dans les bas-fonds de la capitale.