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| Ecris l'histoire... | Helle | |
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| Sujet: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 21:16 | |
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Helle, Pia, Inga
de Sola
(Tamzin Merchant)
« Les yeux des hommes sont des poignards Des métronomes toujours en retard Ils nous admirent, puis nous insultent, Nous traitent en reines, nous traitent de…»
► 26 ans. ► Baronne de Sola, femme de lettres. ► Danoise, avec des racines germaniques. ► Mariée (sic...), mère d’une petite fille de douze ans. ► Hétérosexuelle.
♕ PROTOCOLE ♕ ► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?
Il y a douze ans, Helle vous aurait probablement répondu que ça ne dépendait que d’une personne… Mais aujourd’hui elle vous dira que ça ne dépend que d’elle. Elle en a suffisamment vu pour décider elle-même d’être heureuse ou non quelque part, et c’est elle et elle seule qui fera de sa propre vie un paradis ou un enfer. Versailles n’a rien à voir là-dedans : on y trouve de tout, des gens bien, des gens moins bien, des amis, des ennemis, le tout est de savoir choisir et de s’entourer des bonnes personnes. Au Danemark elle a expérimenté l’Enfer, en Suède ce qui approchait le plus du Paradis, la voilà suffisamment armée pour prendre son destin en main et faire plier les obstacles à sa volonté ! Elle appréhende certaines retrouvailles, mais heureusement elle sait se faire des alliés et est devenue sacrément débrouillarde. Quoiqu’il arrive, elle a appris à faire valoir ses droits et à se battre pour, justement, sortir de l’Enfer… Et ce ne sont pas quelques courtisans à la langue trop pendue qui la feront flancher !
► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?
Le complot ? Elle en est à la fois très proche et très éloignée. Si le nom des Sola y est définitivement associé –dans le plus grand secret évidemment- Helle elle-même en revanche n’en sait pas grand-chose et honnêtement n’en veut pas trop savoir. Les seuls complots qui l’intéressent sont ceux qui la concerne, elle ou sa famille, et les menacent directement. Elle se jettera à corps perdu dans la lutte qui lui permettrait de protéger les siens, mais restera soigneusement loin des autres. Elle sera sans pitié pour ses adversaires, laissera les autres en paix. N’allez pas croire que Helle est une enragée : c’est au contraire une jeune femme charmante, un peu distraite, un peu déconnectée de la réalité et dans son monde, mais les attaques répétées de la famille royale danoise contre elle et sa famille l’ont marquée. Plus question de se laisser écarteler. C’est tout. Donc le complot… Peut-être. Sûrement. Mais tous les rois y ont droit un jour, non ?
► COLOMBE OU VIPÈRE ?
Ah les rumeurs… Les armes favorites du courtisan ! Helle adopte vis-à-vis d’eux deux attitudes : les ragots qui concernent les autres, elle les ignore. Les ragots qui concernent ses proches ou la concernent directement par contre, c’est une autre histoire. De là à y croire il y a une marge, mais elle ne connaît que trop bien le danger qu’une rumeur peut représenter pour la victime. Elle en a suffisamment fait les frais injustement pour le savoir ! Si elle doit se défendre, Helle n’hésite pas à utiliser ses propres armes : l’écriture. Femme de lettres accomplie, c’est une grande épistolière, et elle avait son succès à la cour de Suède pour ses « nouvelles » qu’elle écrivait et se répandaient ensuite comme des traînées de poudre. Il est facile de bien tourner un texte pour faire comprendre certaines choses à ses lecteurs… On ne soupçonne jamais assez le pouvoir de la littérature.
► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?
- Ecrire bien entendu : elle a un nombre impressionnant de correspondants aux quatre coins de l’Europe depuis plusieurs années, et surtout est connue dans certaines Cours pour ses « nouvelles ». Elle écrit des histoires depuis l’enfance, mais après avoir lu « Don Quichotte » de Cervantès, qui est considéré comme le tout premier roman, elle s’en est inspiré pour mettre en forme des contes, histoires courtes écrites en prose que sans publier elle envoie à ses correspondants qui lui en demandent. Une romancière avant l’heure en somme, même si elle est loin d’être considérée comme une grande écrivaine ! « De charmantes petites notes », tout au plus. - L’escrime : elle ne pratique pas, mais elle aimerait. En attendant, elle adorait en Suède assister à des entraînements entre gentilshommes. - La danse : dans les bals ou dans ses appartements, en groupe, en couple ou en solo, la danse est un excellent défouloir et lui permet d’oublier tous ses soucis ! - L’équitation : la demoiselle a passé son enfance sur une île où les propriétés des habitants étaient éloignées les unes des autres. Pour rendre visite à sa famille, pas d’autre choix que le cheval ! Naturellement, elle y a pris goût et chevauche toujours avec plaisir. - L’herboristerie : art de manier les herbes et les potions appris à cause de circonstances urgentes et tragiques, elle en a pourtant développé un certain goût et une grande curiosité pour la botanique et les mélanges. Attention à ce que ça pourrait donner !
♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕ ► Prénom/pseudo ► 18 ans. ► Présente, très présente, trop présente ? NON, on n’en a jamais trop :face : ► Code bon by Lisa ► Comment avez vous connu le forum ? Voyons, je suis une accro’, une convaincue ! D’ailleurs m’avez-vous reconnue ? :face : ► Suggestions ? Pas plus que les autres fois :face :
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 21:17 | |
| ♕ Naissance. 1640. ♕
Hey, du… Hey, du. Hör’mir mal, hör’mir mal zu. Ich will dir mal was erzählen von mir Das hatte ich noch nie gemacht AuBer bei dir. Vielleicht bringt’s dir was Ich kenn’ dir ja nicht Ich seh’ nur wie traurig Du bist… Le nord de l’Allemagne, à la frontière danoise, était bien silencieux et froid en cet hiver 1640. Tout n’est que paysages enneigés, dont la blancheur éblouissante n’est troublée que par le passage de quelques animaux qui ne laissent que leurs traces furtives avant de disparaître dans leurs trous et tanières, et que la neige ne se mette à retomber pour tout recouvrir à nouveau… A travers les grandes baies vitrées du château familial à Barnekow, Inge caresse son ventre complètement arrondi en regardant rêveusement au dehors. Sous ses yeux s’étendent ces immenses étendues immaculées, et au loin le lac étincèle de mille feux comme une mer de diamants sous l’éclat du soleil d’hiver. Ses pensées étaient toutes entières dirigées vers le petit être qu’elle portait dans son ventre. Garçon ou fille, peu importait, elle avait déjà deux fils pour garantir la lignée familiale. Quel que soit le sexe de son futur bébé, elle l’élèverait en lui apprenant à aimer comme elle ces vastes terres d’une beauté irréelle, féérique, et à acquérir la noblesse d’âme qu’elles-mêmes recélaient au plus profond de leurs entrailles… Svend, baron de Barnekow, rejoignit son épouse et s’agenouilla près du fauteuil qu’elle avait à dessein amené près de la fenêtre. Avec douceur, il posa ses deux mains sur le ventre rond de la baronne. Les yeux bleus du mari rencontrèrent les yeux d’émeraude de l’épouse et ils échangèrent un sourire sans avoir besoin d’échanger de paroles. Rares étaient les mariages d’amour en ces temps-là, mais les époux Barnekow faisaient exception. Âgés respectivement de vingt-cinq et vingt-trois ans, ils s’étaient aimés dès le premier instant et leur passion ne devait jamais faiblir, même avec la mort de la baronne une vingtaine d’années plus tard. Pour le moment, ils vivaient dans un cocon de bonheur, et ne rêvaient que d’y rester pour toujours. C’était dans cette ambiance de douceur et de perfection que devait naître leur fille quelques jours après cette scène. L’accouchement avait été difficile, mais le médecin s’était montré optimiste quant au rétablissement d’Inge. Couverte de sueur, la baronne épuisée mais souriante réclama sa petite qui lui fut aussitôt remise. Son sourire attendri s’élargit. Sa fille, sa première fille, sa toute petite… « Min lille… Min lille Helle. » (ma petite… Ma petite Helle.)Helle. Un nom court, doux et mélodieux, qui en danois venait du mot « hollig », « sainte ». Voilà, Inge voulait donner ce prénom à sa fille en guise de bénédiction, comme si la nature du mot pouvait déteindre sur la nature de l’enfant. Qu’elle soit sage, douce, généreuse, que Dieu la prenne sous sa protection, c’était là tout ce qu’elle demandait. Pauvre Inge… Elle ne pouvait se douter qu’un peu plus de quatorze ans plus tard, Helle elle-même se ferait la réflexion amère que son prénom s’apparentait beaucoup à l’anglais « Hell » et l’allemand « Hölle »… Autrement dit, l’ « Enfer ». ♕ 8 ans. L'enfance heureuse. 1648. ♕
I can still recall Our last summer I still see it all Walks along the Seine Laughing in the rain… « Aksel, arrête, espèce d’idiot ! » « Allons, petite Helle, tu devrais apprendre à courir plus vite si tu veux me rattraper ! » lança Aksel par-dessus son épaule avec un sourire narquois. Piquée au vif, Helle opta pour la manière forte. Elle se débarrassa à la hâte de ses chaussures, retroussa sa robe et s’élança à la poursuite de sa tête brûlée de frère aîné. S’il croyait qu’elle allait se laisser faire sans se défendre, il se trompait lourdement ! Sortant en trombe du château familial, elle sauta les quelques marches qui la séparaient de la pelouse et se rua à sa suite en courant le plus vite possible pour le rattraper. Dévalant la colline à toute vitesse, ses pieds nus laissant leur empreinte dans l’herbe encore humide de la dernière pluie, elle laissa l’air pur de la campagne gonfler ses poumons mis à rude épreuve et remonta un peu plus ses jupons pour laisser la liberté à ses jambes de galoper tout leur soûl, presque indépendantes de sa propre volonté. Grisée par la sensation qu’elle avait de presque s’envoler, elle eut un large sourire et un éclat ravi passa dans ses yeux bleu sombre alors qu’elle constatait avec joie que la silhouette de son frère se rapprochait. Encore un petit effort, un tout petit effort… ! C’est alors qu’Aksel commit l’erreur qui lui fut fatale : il se retourna pour voir où en était sa cadette. Il ne put donc voir la pierre qui arrivait droit devant ses pieds et le faucha en pleine course. Il bascula en avant, et entraîné par son élan alla s’aplatir dans l’herbe un bon mètre plus loin en laissant échapper un cri de surprise et de douleur. Ouvrant de grands yeux, Helle ralentit sa course et le rejoignit. « Aksel ? » « Si tu ris, je te jure que je ne te le pardonnerai pas ! »Rassurée, la petite fille ne se priva pas et éclata de rire. Vexé, son frère s’assit en tailleur et grommela tout en époussetant son habit pour le débarrasser de l’herbe qu’il avait arrachée dans sa chute. Puis il regarda sa sœur et laissa échapper un soupir en lui remontant son écharpe sur le nez. C’était vrai qu’il faisait froid en ce mois d’Avril sur l’île de Rügen, île allemande devenue suédoise où la famille d’Helle s’était installée à la suite d’un oncle qui avait décidé de voyager et ne voulait pas que son château reste vide. Svend avait aussitôt accepté, se disant que se rapprocher du Danemark ne pouvait qu’être une bonne chose pour ses enfants, dont il ne voulait pas qu’ils oublient leur pays d’origine. Et puis, c’était l’endroit parfait pour lier de bonnes alliances, car l’île avait attiré bon nombre de grandes familles suédoises et danoises ; et enfin, une bonne partie de la famille von Barnekow était installée dans les alentours. Vivre ici était donc un grand bénéfice pour les enfants, qui parlant déjà allemand pour avoir vécu à Meckelbourg pouvaient maintenant parfaire leur danois avec quelqu’un d’autre que leurs parents. Helle tendit une main impérieuse vers son frère qui fit mine de ne pas comprendre et la regarda d’un air étonné. « Tu sais très bien ce que je veux, Aksel. » dit-elle avec une autorité qui était plus comique qu’autre chose chez cette frêle petite fille de huit ans. Néanmoins elle eut son petit succès, puisqu’à contrecœur le voleur tira de sa poche un petit carnet dont elle s’empara aussitôt avant de le ranger avec précaution dans une poche de son manteau. « Tu es méchante Helle. » se plaignit le garçon de treize ans avec exagération. « Tu ne nous fais jamais lire tes histoires ! Pourtant tu racontes bien ! » « Contente-toi donc de celles que je te raconte au lieu de me voler celles que je veux garder pour moi ! » rétorqua-t-elle avec un sourire taquin. Faussement vexé, Aksel leva les yeux au ciel et se laissa tomber en arrière dans l’herbe douce et mouillée, vite imité par sa cadette. Tournant la tête sur le côté, il la dévisagea et elle lui rendit son regard. Ils éclatèrent de rire de concert. « Vous allez vous enrhumer à rester là tous les deux… »Se redressant sur un coude, les deux fautifs regardèrent le nouvel arrivant qui les dominait de toute sa hauteur. Les mains enfouies dans les poches, un sourcil majestueux arqué en signe de désapprobation, Christian l’aîné de la fratrie laissait échapper un « tt tt tt » que ses cadets savaient très bien interpréter. Âgé de dix-sept ans, la noblesse coulait dans ses veines encore mieux que son sang et il en imposait même aux plus puissants que lui. Il était arrogant, austère, mais intelligent et cultivé. Helle l’adorait autant qu’elle le redoutait, alors qu’elle adorait Aksel tout court. Ce dernier haussa d’ailleurs les épaules et se rallongea avec l’intention visible de ne pas bouger de là. Il était le contraire de Christian, rieur, malicieux et attachant, et s’il passait beaucoup de temps à embête sa petite sœur, il en passait autant à comploter avec elle pour titiller leur aîné. Elle l’imita donc et reposa sa tête dans l’herbe humide en réprimant un sourire, et Christian finit par faire de même en poussant un soupir exagérément contrarié. « Si nous tombons malades je vous tiendrai tous les deux personnellement pour responsables. »prévint-il sur un ton faussement sérieux. « A dix-sept ans, j’ose espérer que tu es assez grand pour retrouver le chemin de la maison tout seul mon cher frère ! » répliqua Aksel en singeant son ton un peu hautain. « Idiot. » « Pingre ! » « Tu ne sais même pas ce que ça veut dire ! » « Je m’en fiche, le mot te va bien. »Helle finit par arracher une poignée d’herbe et la leur lancer dessus pour qu’ils arrêtent de se chamailler. Christian avait beau avoir neuf ans de plus qu’elle, il n’était pas fichu de résister aux provocations de son petit frère ! Aksel recracha un brin d’herbe qui s’était aventuré dans sa bouche et bondit sur ses deux pieds. « Le dernier à la maison sert d’esclave aux deux autres jusqu’à vendredi ! » lança-t-il en démarrant en trombe. Helle et Christian échangèrent un regard et se ruèrent à sa suite. En arrivant à sa hauteur, Christian se jeta dans les jambes d’Aksel, le faisant chuter sur l’herbe alors qu’Helle prenait la tête de la course et arrivait finalement première. Christian, qui était plus grand qu’Aksel, arriva deuxième et l’infortuné lanceur du pari fut finalement le perdant. L’aîné et la benjamine éclatèrent de rire devant sa mine déconfite, puis entrèrent pour se changer et raconter cet épisode à leurs parents. C’était le bon temps. Le temps du bonheur. Le temps des rires. Le dernier.
Dernière édition par Helle de Sola le 14.01.12 21:42, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 21:18 | |
| ♕ 13 ans. Le malheur frappe toujours deux fois. 1653 ♕
Et pourtant, il y a ce sentiment de colère Qui m’envahit comme un aimant attiré par le fer Putain de maladie qui ne s’arrête pas J’n’étais pas là pour ton dernier combat
« AAAAAAAAAAAAAAH ! »Helle aussi pâle qu’un fantôme serra encore plus fort la main de Christian, dont le teint était aussi blême de frayeur et d’inquiétude. L’aîné des enfants Barnekow prit également sa mère sanglotante par l’épaule et l’attira contre lui dans un geste protecteur qui, hélas, ne les protègerait pas du malheur qui menaçait de s’abattre d’un instant à l’autre, tel le couperet d’une guillotine. Tous les trois assis dans le corridor devant la chambre d’Aksel dont la porte était fermée, ils écoutaient impuissants les hurlements de souffrance de l’adolescent qu’on saignait aux quatre veines afin de le « purifier » du mal qui le rongeait depuis plusieurs mois. Et ça faisait maintenant six heures que, après qu’il ait été pris de convulsions et de fièvre plus fortes que les autres, on avait appelé les médecins et que ses cris depuis leur arrivée n’avaient fait que redoubler. « ARRÊTEZ ! LÂCHEZ-MOI-AAAAAAAAAAAAH !! »Plaquant ses mains sur ses oreilles à s’en écraser les tempes, Helle fit du mieux qu’elle le pouvait pour ne plus entendre ces cris déchirants de garçon à qui on infligeait la plus abominable des tortures, des cris qu’on aurait crus tout droit sortis de l’Enfer et de ses flammes dévorantes. Mais même les oreilles bouchées, la voix criarde de son frère au supplice lui parvenait toujours et résonnait sans fin dans sa tête. Désespérée, de grosses larmes roulant sur ses joues, elle ferma aussi les yeux. Elle ne supportait plus ces hurlements. Six heures qu’il était là-dedans et que ça ne s’arrêtait plus ! Six heures que sa mère était là à fixer la porte, éplorée, et à marmotter des prières que visiblement personne n’entendait, ou alors prenait un malin plaisir à ignorer ! Six heures que Christian, maintenant âgé de vingt-deux ans, les aidait à tenir toutes les deux en se tenant droit comme un piquet, mais ne pouvant empêcher ses mains de trembler légèrement… Et Svend, où était-il ? Où était son père ? Elle posa la question à son aîné, qui lui répondit d’une voix blanche qu’il était à l’intérieur… Avec Aksel et les médecins. Helle rouvrit les yeux et considéra son frère avec effarement. Il était là-dedans depuis le début ? Mais comment pouvait-il supporter ça ? La vision d’Aksel agonisant dans son sang traversa son esprit fertile et une nausée lui donna le vertige. Elle ferma de nouveau les yeux et essaya de penser à autre chose. Tout sauf entendre encore ces cris de l’Enfer. Soudain, plus rien. La voix s’arrêta quasiment net. Rouvrant les yeux et baissa les mains, Helle fixa la porte avec intensité comme pour voir au travers. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et menaçait d’en sortir d’une seconde à l’autre. La poigne de fer de Christian se resserra un peu plus sur sa main. Elle sursauta lorsque la porte s’ouvrit, laissant le passage à Svend. Le cœur d’Helle chuta très bas dans sa poitrine en constatant à quel point son père était pâle, semblait épuisé, et surtout… Malheureux. Il leva les yeux vers eux et croisa le regard intense de sa fille. Sa trop petite fille… « C’est fini. » laissa-t-il échapper. Sa voix n’était plus qu’un souffle désincarné. « Aksel n’a pas survécu à la dernière saignée… » « Non ! »Ce dernier cri avait été poussée par Inge, qui s’était redressée tendue comme un arc et fixait la porte avec une détermination farouche et surtout désespérée. Bousculant son mari elle entra dans la chambre et se précipita au lit de son fils. Aksel gisait là, inanimé, sa peau avait déjà pris la teinte cireuse des cadavres. Les draps de son lit étaient rougis du sang dont ils étaient imbibés. Cette vision de cauchemar eut raison de la résistance d’Inge, qui s’effondra sur le sol. Svend se précipita auprès d’elle, quant à Christian il dut utiliser la force pour empêcher Helle de le suivre et avoir pour dernière vision de son frère ce corps sans vie sanguinolent… Elle se débattit du mieux qu’elle le put, mais ne résista pas bien longtemps avant de mêler ses pleurs qui ne semblaient jamais vouloir s’arrêter aux siens. Aksel était mort. Lui qui avait incarné la vie dans tout ce qu’elle avait de plus solaire, il venait de s’éteindre, saigné à blanc par… … Par ces damnés médecins qui sortaient discrètement, laissant la famille à sa douleur. Les surprenant à travers le voile humide de ses yeux, Helle leur dédia un regard chargé de haine et de reproches. « JE VOUS HAIS !! » hurla-t-elle soudain en faisant sursauter tout le monde. « JE VOUS HAIS, C’EST VOUS QUI DEVRIEZ SAIGNER COMME LUI, BANDE D’ASSASSINS ! MEURTIERS ! »Christian raffermit sa prise sur elle pour étouffer ses cris furieux de petite fille que la douleur et le chagrin laissaient meurtrie et complètement démunie. De cet épisode elle devait concevoir une véritable aversion pour la médecine moderne et ses représentants, quant aux cris d’agonie de son frère… Ils continuent, aujourd’hui encore, de hanter ses cauchemars. ♕ Le malheur frappe toujours deux fois, suite et fin. ♕
Le vent dans les arbres, le sang sur le sable Tout n'est que solitude Ca n'est qu'une habitude, être seule, si seule
« Helle, viens ici… »Encore vêtue de sa robe noire de deuil, Helle obéissante s’approcha de ses parents. A treize ans, elle avait perdu une partie de la joie de vivre qui caractérisait pourtant les enfants de cet âge en principe heureux. Depuis la mort tragique d’Aksel elle était devenue plus silencieuse, effacée, et si elle souriait toujours, elle souriait moins. Ses yeux bleus dénotaient toujours cet air absent qui devait devenir l’une des caractéristiques par laquelle on la décrirait le plus souvent. Elle était là, mais sans être là. Elle rêvait beaucoup. Passait beaucoup de temps dehors ou chez sa grand-mère qui depuis des années ne parlait plus. Elle cherchait encore à accepter l’absence de son frère, le vide astronomique qu’il avait laissé derrière comme un impitoyable trou noir qui l’attirait inexorablement pour ne déboucher que sur du vide, de l’air, des souvenirs qui s’évaporaient comme l’humidité sur leur pelouse. Il lui manquait terriblement. A chaque fois qu’elle y pensait, elle sentait sa gorge se nouer. Elle voulait lui crier de revenir. Elle l’avait fait une fois d’ailleurs, dans le parc quand personne ne la regardait. Evidemment, il n’y avait eu que le vent pour lui répondre. Sa mère, le teint maladif et le corps amaigri depuis le drame, tendit la main vers elle et lui caressa doucement la joue, un sourire aussi absent que celui de sa fille flottant sur ses lèvres. Svend se racla la gorge pour attirer son attention. « Helle… Nous avons une nouvelle très importante à t’annoncer. Ta mère et moi avons reçu une proposition te concernant et… » Le dilemme qui l’agitait était visible à dix mètres à la ronde, et Helle se demanda quel sort on pouvait bien lui réserver. « Helle, lorsque tu auras atteint tes quatorze ans, tu te marieras. » finit-il par achever dans un effort surhumain. Helle ouvrit des yeux immenses et un poids s’abattit dans son cerveau. Se marier ? Elle ? Elle se laissa tomber sur un fauteuil en dévisageant ses parents avec un mélange d’effarement et de déception qui força Svend à baisser les yeux. « Je sais que tu ne te sens pas prête pour conclure un mariage et que tu es encore très jeune, mais c’est une alliance que nous ne pouvons décemment refuser… Elle nous a été proposée par notre Roi Frédéric III. Il veut vous marier à l’un de ses fils, le plus jeune qui a six ans de plus que toi. » « Mais je ne le connais même pas… » tenta Helle de ce qui n’était plus qu’un filet de voix. « Il va être titré baron de Sola. » poursuivit son père comme s’il n’avait pas entendu –ou ne voulait pas entendre. « Certes ça ne te fait pas monter dans la hiérarchie de la noblesse, mais tu serais directement liée à la famille royale. Pense à ce que ça peut représenter pour toi, aussi bien que pour nous… »Helle ne répondit pas. Toute couleur avait déserté ses joues, et elle regardait ailleurs, fixant un point par la fenêtre avec cet air absent que son père ne savait plus comment comprendre ni interpréter. Depuis la mort d’Aksel, Helle lui était pratiquement devenue une étrangère… Et ce mariage arrangé n’allait pas améliorer leurs relations. Il la regarda intensément, comme s’il attendait une réponse, une réaction, même une révolte, un signe de vie… Mais la fillette de treize ans resta résolument muette. Le silence tomba comme une chape de plomb sur la pièce. Inge secoua doucement la tête à l’adresse de son mari, une vague lueur mélancolique dans ses yeux si tristes. Puis elle reporta le regard sur la malheureuse nouvellement fiancée. Son cœur se serra à l’idée de la voir partir, livrée à un homme et une famille dont ils ne savaient au fond pas grand-chose. Mais cette alliance était une demande du Roi… Et les demandes du Roi, aussi cruelles fussent-elles, étaient des ordres. Ni plus ni moins. L’affaire fut donc définitivement décidée. Au crayon noir, Helle marqua la date fatidique sur un de ses carnets. 20 Mai 1654. Ce jour était à marquer d’une pierre non pas blanche, mais aussi sombre que l’avenir qui s’annonçait. Le jour où elle deviendrait la baronne Helle de Sola.
Dernière édition par Helle de Sola le 14.01.12 22:02, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 21:18 | |
| ♕ 14 ans. Descente aux Enfers. Mai 1654 ♕
L’horloge tourne, mais son cœur se suicide Et moi je rêve, je rêve du bon vieux temps….
« Mademoiselle von Barnekow, je tenais à vous féliciter vous cette heureuse union… Ou plutôt devrais-je dire madame de Sola maintenant ! »Helle dédia à son lointain cousin le comte de Rügen un de ces sourires mystérieux dont elle avait le secret, mi-sincère mi-absent qu’on lui connaissait si bien depuis le décès d’Aksel. Si elle avait cessé de pleurer et avait retrouvé une partie de son heureux caractère, ceux qui la connaissaient depuis son enfance n’avaient pas manqué de remarquer le changement infime, mais irrévocable qui s’était opéré en elle et serait le déclic pour toutes les transformations forcées qu’elle allait encore subir par la suite, au fur et à mesure que les épreuves s’enchaîneraient. La petite fille rêveuse et joyeuse avait laissé la place à une jeune fille certes enjouée, agréable et souriante, mais dont le regard souvent absent trahissait l’habitude qu’elle avait prise de se réfugier dans ses rêveries comme dans une prison dorée, tellement plus reluisante que la réalité à laquelle elle avait dû s’accoutumer. Bien sûr, ce trait de son caractère n’était connu que de peu de personnes, seulement de Christian en fait, car elle avait arrêté de se confier à ses parents dès lors qu’ils lui avaient annoncé ses fiançailles avec Ulrich. Aux yeux des autres, elle s’était simplement assagie, avait mûri, était devenue la demoiselle calme et réservée qu’on attendait de toute fille de bonne famille ayant reçu une éducation digne de ce nom. Douce, discrète, humble, serviable. Le prototype de la fille parfaite. Une épouse modèle selon l’avis de beaucoup. Et jolie avec ça, même si elle était encore bien jeune, sa tante affirmait à qui le voulait –ou pas d’ailleurs- que sa nièce était précoce pour son âge et que c’était un excellent présage pour la suite. En entendant ces commentaires, Helle détournait le regard en se souriant à elle-même. Doucement, ses yeux bleus foncés dérivaient sur les convives, dont elle imaginait les noms et les conversations, n’en connaissant même pas le tiers car la plupart étaient des amis de ses parents ou de la famille du baron de Sola. Ce fut sur ce dernier que son regard finit par s’arrêter. Celui-ci fixait un point droit devant lui, la mâchoire crispée et l’air passablement irrité. Air qui ne l’avait pas quitté depuis les noces. C’était à peine s’il avait daigné desserrer les dents depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Elle aurait voulu lui dire qu’elle non plus ne voulait pas de ce mariage à la base, mais que puisque leurs destins étaient maintenant liés autant faire preuve d’un minimum de bonne volonté et de faire contre mauvaise fortune bon cœur… Mais elle avait rapidement renoncé. Quelque chose dans ses yeux verts, une flamme inquiétante et un éclat d’une inhabituelle dureté l’avaient empêchée de tenter la moindre approche pacificatrice. Détachant son regard de lui au moment où son frère lui adressait la parole, elle parcourut la vaste pièce des yeux en peinant à se convaincre que désormais c’était ici qu’elle vivrait, avec cet homme qui ne semblait nourrir pour elle qu’antipathie et rancœur bien injustifiées. Elle n’avait pas demandé à être là. Si on lui avait demandé son avis, elle serait encore sur l’île de Rügen, entourée de ses chères montagnes, ses lacs et ses falaises, de sa blancheur immaculée en hiver, de la cheminée dont le feu crépitait si agréablement dans l’âtre, des cerfs qui circulaient librement dans le domaine… Ses prunelles se voilèrent de nostalgie. Elle et Ulrich l’ignoraient, mais c’était le même sentiment d’exclusion et d’exil qui s’était emparé d’eux, la seule différence étant qu’il provoquait la fureur chez l’un et une profonde tristesse chez l’autre. Elle s’excusa auprès des gens qui l’entouraient et prétexta un début de migraine pour s’isoler quelques minutes sans éveiller les soupçons. Si Christian la dévisagea avec suspicion, il fut bien le seul. Elle se déroba donc à son regard inquisiteur et quitta l’endroit où se tenait la réception, laissa derrière elle cette atmosphère de fête qui seyait si peu à son humeur actuelle. Les domestiques ouvrirent les portes devant elle et elle pénétra la grande masure qui lui servirait désormais de demeure. Son nouveau foyer. Chez elle. Etrange sentiment que de se sentir étranger chez soi. Curieuse, elle partit à la découverte de la maison, errant au hasard à travers les couloirs silencieux, effleurant du bout des doigts les meubles et laissant ses yeux glisser sur les tableaux sans s’arrêter sur aucun d’eux. Débouchant sur l’escalier, elle grimpa les marches à pas lents, comme pour s’imprégner de l’atmosphère de l’endroit, et à l’étage découvrit plusieurs chambres, de pièces qu’il fallait encore aménager pour qu’elles revêtent une fonction particulière, un ou deux bureaux… C’est dans une des pièces encore vides qu’elle s’arrêta, posant les mains sur le rebord d’une fenêtre et fermant les yeux pour laisser son visage encore bien jeune baigner dans la lumière du clair de Lune. Le fracas d’une porte qu’on ouvre avec violence la fit tressaillir et elle se retourna vivement pour apercevoir l’immense silhouette de son mari passer sans la voir dans la pièce d’à côté. La porte claqua de nouveau et elle sursauta une nouvelle fois en entendant un fracas impossible à identifier travers le mur. Elle se sentit blêmir et ses doigts fins se crispèrent sur le rebord de la fenêtre. Qu’est-ce que c’était que cet homme à qui on l’avait mariée ? Il l’avait impressionnée dès leur première entrevue, terrifiée dès la deuxième. Enfin, terrifiée était un bien grand mot. Il lui faisait peur, sans conteste. Mais la terreur qu’elle n’avait pas encore éprouvée, elle le sentait s’insinuer sournoisement en elle, alors qu’elle réalisait petit à petit, du haut de ses quatorze ans, à quel genre d’inividu elle était désormais liée pour le restant de ses jours. Pour la première fois de sa vie, elle haïssait quelqu’un. Pas Ulrich, ni même ses parents. Mais quelqu’un. La personne, l’entité, celui qui avait commandé ce mariage, que ce soit le Roi ou ses conseillers, ou même Dieu. Aussitôt elle s’en voulut de ce blasphème et ferma les yeux pour brièvement demander pardon, avant de respirer profondément pour calmer les battements paniqués de son cœur. Toujours pâle, mais plus assurée et résolue, elle les rouvrit et décida d’aller voir cet être inquiétant et inaccessible qu’était son nouveau mari. S’il leur fallait passer la vie ensemble, autant tenter des démarches pacificatrices, non ? Réajustant sa robe, Helle prit une nouvelle inspiration, se composa un visage serein et souriant, et franchit les quelques mètres qui la séparaient de la pièce voisine. Elle ouvrit doucement la porte et c’est d’une voix un peu plus voilée que ce qu’elle n’aurait voulu qu’elle s’adressa à lui, mais il ne sembla pas remarquer cette défaillance. « Comment se porte monsieur mon époux ? »Paradoxalement ce fut la peur qu’il lui inspirait qui lui permit de conserver son sang-froid lorsqu’il braqua sur elle ses yeux verts qui brillaient d’un éclat furieux si inquiétant. Elle se serait attendue à tout de sa part. S’en tirer avec simplement un regard mauvais, à vrai dire, la réjouissait plus qu’autre chose. « Cela ne vous regarde pas, madame. Et ne m’appelez jamais ainsi. »Le regard tranquille et détaché de Helle affronta sans vaciller celui impitoyable et furieux d’Ulrich. Finalement elle esquissa une révérence sans répondre et sortit de la pièce. Elle marcha jusqu’à sa nouvelle chambre, entra, referma doucement la porte derrière elle, croisa le regard de son reflet dans le miroir qui lui faisait face… Et flancha. La respiration qu’elle avait retenue pendant pratiquement tout la scène lui revint d’un seul coup, comme si la présence menaçante d’Ulrich avait réussi le temps d’un court entretien à la priver d’oxygène. Elle se laissa glisser sur le sol et les larmes, amères, de la révolte et de la résignation roulèrent sur ses joues d’albâtre. Ce devaient être les dernières. ♕ 15 ans. La louve se réveille. Janvier 1655. ♕
Avoir une fille, une petite opale Deux yeux qui brillent, une peau si pâle Avoir une fille, c’est faire un crime Où le coupable est la victime… « Ma fille, LAISSEZ-MOI VOIR MA FILLE ! » « Madame, ce n’est pas raisonnable, regardez-vous vous tenez à peine sur vos jambes et… » « ZUM HÖLLE AVEC VOS RECOMMENDATIONS, JE VEUX VOIR MA FILLE ! »Usant du peu de forces qui lui restaient, Helle repoussa la sage-femme qui tentait tant bien que mal de la remettre dans son lit. Blême à en faire peur, sa chemise de nuit à peine changée de l’accouchement, Helle avança à grand mal vers la pièce qui avoisinait se chambre. Les deux médecins présents se retournèrent et regardèrent, mi-horrifiés mi-gênés cette femme qui venait tout juste d’accoucher et ressemblait à une démente dans l’appareil où elle se trouvait, le front luisant de sueur, les cheveux défaits, obligée de se tenir au mur pour ne pas s’écrouler d’épuisement. Un cri tout faible se fit entendre derrière eux, qui transperça le cœur de la mère de quinze ans. Luttant désespérément contre le vertige qui faisait danser des taches noires devant ses yeux, elle se redressa et s’avança vers le lit où l’on avait déposé sa fille. Elle passa à côté des savants hommes sans même leur dédier un regard et s’assit doucement sur le matelas, regardant sa fille avec une tendresse et une tristesse infinies. Le bébé criait faiblement, agitait ses petits poings, comme tous les nouveaux-nés, mais même Helle qui n’avait jamais vu d’enfant si petit auparavant pouvait voir qu’il y avait un problème. Elle était si petite, trop petite même, et quand un cri s’échappait de son tout petit corps elle s’étranglait presque, comme si ses poumons faisaient office d’étau pour bloquer ses cris, et la douleur occasionnée ne faisait que redoubler ses pleurs. Le cœur en miettes, Helle caressa la joue de la petite d’une main tremblante. « Lille, lille datter… »« Madame il faut nous laisser s’occuper d’elle maintenant. Allez vous reposer, elle est entre de bonnes mains. » Devant l’absence de réaction de la mère, il crut bon de préciser : « Il doit y avoir un mal dans son sang. Nous allons pratiquer une petite saigne et vous la rendre en pleine forme. »Toute couleur déserta le visage de Helle si tel miracle était encore possible tant elle était déjà pâle et elle se redressa lentement, dévisageant les deux médecins avec une insistance qui les mit tous les deux mal à l’aise. Les poings crispés au point que ses phalanges ressemblent à deux os saillants à nu, elle articula d’une voix blanche de colère : « Vous m’avez pris mon frère, vous autres monstres qui vous croyez médecins. Mais je ne vous laisserai jamais tuer ma fille. Jamais. Sortez d’ici. » Comme ils se réagissaient pas, elle hurla : « SORTEZ D’ICI ! »Enfin les deux hommes firent demi-tour, se jurant de ne plus s’occuper de cette furie. Epuisée par ce dernier effort, Helle se laissa retomber sur le lit et lutta comme elle put contre l’évanouissement. Les babillements plaintifs de la petite la firent tenir. Une des servantes de la maison et son mari, lui aussi domestique des Sola, s’approchèrent d’elle d’un air passablement inquiet. Ils avaient toujours été dévoués à Helle et auraient fait n’importe quoi pour éviter le malheur qui menaçait de s’abattre d’un instant à l’autre mais… Que pouvaient-ils faire ? Helle leva vers eux ses yeux bleus brillants de fièvre, et une idée germa dans son esprit. Si elle ne pouvait pas faire confiance aux médecins habituels… Et bien elle irait chercher de l’aide ailleurs. « Birgit, allez chercher maître Selim s’il vous plaît. » « Le sarrasin madame ? » fit la servante en ouvrant de grands yeux. « Il est médecin dans son pays, et la médecine arabe a déjà fait ses preuves. S’il vous plaît Birgit, faites ce que je vous dis. » « J’y vais moi, madame. Maître Selim me connaît, il viendra immédiatement. » intervint Jorge, le mari de Birgit qui resta donc auprès de sa maîtresse pendant que son époux sortait en trombe de la maison. La brave servante s’agenouilla auprès de sa maîtresse et lui prit les deux mains avant de jeter un regard inquiet à la petite que Helle n’osait même pas prendre dans ses bras, de peur de malmener fatalement un petit corps déjà trop faible. Il ne servait à rien d’appeler Ulrich. Le baron avait quitté le manoir sans dire un mot un mois après leur mariage et depuis l’on n’avait plus entendu parler de lui. A la Cour, personne ne savait où il était parti et personne ne le regrettait. Quant à Helle, elle s’était aperçu quelques semaines après son départ qu’elle était enceinte. Seule, elle avait dû affronter sa grossesse. Seule, elle avait dû affronter les sarcasmes de la Cour. Sa propre famille, les Barnekow, n’avaient rien pu faire car le Roi depuis les noces semblait les avoir complètement oubliés. Christian avait fait le voyage jusqu’à Sola, mais avait dû repartir pour des raisons politiques que la jeune fille n’avait pas cherché à comprendre. Elle était seule. Fort bien. Jorge revint très vite accompagné du sarrasin dont les yeux noirs au regard grave se posèrent alternativement sur la mère et sur la fille. Un échange muet sembla se faire entre lui et Helle, entre le médecin que tout le monde craignait ou haïssait et celle qui désormais plaçait ses derniers espoirs en lui. « Maître Selim… » souffla Helle en ignorant la douleur lancinante qui lui vrillait le ventre. « Je crois qu’il y a un problème avec ma fille. Accepteriez-vous de… Vous occuper d’elle ? » « Baronne, vous inquiétude pour votre fille est très louable. » répondit le médecin avec un accent à peine perceptible. « Mais vous savez ce qu’on dit de ma médecine dans votre pays. N’avez-vous pas de craintes ? » « Ce que je crains ce sont ces bouchers qui voulaient me la saigner. J’ai confiance en vous. »Selim dévisagea la jeune mère avec un mélange de curiosité et de gravité. Enfin il sembla prendre une décision et alla poser sa sacoche sur la table avant de se diriger vers le lit et de commencer à ausculter le bébé. Comme hypnotisée, Helle le regarda faire. Mais cette observation ne sembla pas déranger le praticien qui continua imperturbablement son examen. Il alla ensuite fouiller dans sa sacoche et en extirpa plusieurs fioles et pots dont le contenu intriguait Helle. Qu’allait-il donc faire ? « Votre fille souffre d’une contraction des poumons madame. » dit-il enfin. « Elle est née un mois trop tôt, m’a dit votre domestique. Ses os ont encore besoin de se solidifier, ceux de la cage thoracique ont du se déplacer légèrement lors de l’accouchement et se rapprocher un peu trop des poumons qui ne peuvent plus respirer aussi librement. » « Que faut-il donc faire ? » demanda Helle à brûle-pourpoint. « D’abord remettre les os en place grâce à des massages. Ensuite faire respirer les poumons et lui dégager la respiration, et enfin aider les os à se consolider avec des potions. » « Est-elle en danger ? » « Elle l’aurait été si vous aviez laissé ces idiots lui faire une saignée ! »La dernière boutade du médecin arracha un soupir de soulagement à Helle. Un sourire se dessina brièvement sur le visage basané de Selim. « Retournez vous reposer madame. Vous êtes épuisée. » « Je veux vous aider. Je veux aider ma fille. » « Demain, lorsque vous aurez recouvré quelques forces. J’ai assez à faire d’une patiente. »Helle hésita, scrutant le visage du médecin avec cet air inquiet qu’ont toutes les mères aimantes lorsque leurs enfants sont en danger. Quelque chose dans ses yeux sombres la rassura. Elle regarda sa fille et, se penchant en avant, déposa un baiser sur son front. Puis elle sortit, soutenue par Birgit, et regagna son lit avant de sombrer dans un sommeil profond et sans rêves.
Dernière édition par Helle de Sola le 14.01.12 22:23, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 21:18 | |
| ♕ 16 - 18 ans. Traque et contre-attaque. 1656-1658. ♕
Ce sont les hommes qui nous font Nous ne sommes que ce qu’ils sont Et quand ils nous font souffrir Pourquoi en rire ? « C’est impossible ! » « Et pourtant vrai madame… Je tiens cette information d’un des membres du conseil de Sa Majesté Frédéric III. Vous ne devriez pas tarder à recevoir des nouvelles de votre famille allant en ce sens d’ailleurs… »Statufiée, Helle scruta le visage de son interlocuteur comme pour y déceler la trace d’une plaisanterie cruelle, mais ses recherches hélas demeurèrent vaines. Le duc de Funen lui dédia un regard navré alors qu’elle se levait pour marcher jusqu’à la fenêtre. Il connaissait Helle depuis son entrée à la Cour avec son mariage avec le baron de Sola et avait bien été l’un des seuls à lui témoigner de l’amitié depuis. Il avait pris en affection et pitié cette pauvre enfant jetée dans la cage aux loups alors qu’elle n’avait que quatorze ans, et qui maintenant qu’elle en avait seize, devait se défendre de toutes parts pour que les loups de la déchiquètent pas de leurs crocs acérés. Tout ça parce que sa famille avait commis l’erreur d’accepter de la marier au demi-frère du Roi, lequel avait fini par être condamné à l’exil… Enfin la famille Barnekow avait-elle vraiment eu le choix ? Une demande du Roi n’équivalait-elle pas à un ordre ? Le duc secoua la tête. Pauvre famille, si tranquille, sacrifiée à l’autel d’une fratrie qui ne savait que se déchirer même si elle devait pour cela faire tomber les autres avec elle. Pauvre petite Helle, première victime de cette haine absurde et orgueilleuse. Il releva les yeux vers elle, qui ne le regardait plus. Elle avait un peu grandi depuis son mariage, mais le poids qu’elle avait pu prendre pendant sa grossesse, elle l’avait bien vite perdu à force d’être accablée de malheurs et de soucis. Sa mère était tombée malade et se laissait tout doucement mourir, et si sa fille était guérie de ses problèmes pulmonaires elle gardait une santé fragile, quant à Helle elle-même elle était sans cesse la victime des moqueries et des rumeurs de la Cour. On l’appelait « la veuve Sola » sans même savoir si Ulrich, qui n’avait jamais donné la moindre nouvelle, était encore en vie, et certains de ces gentilshommes prétendaient avoir entretenu une liaison avec elle pour le seul plaisir de voir leurs autres amantes, épouses et amies répandre leur venin avec bonheur sans même croire aux rumeurs, mais pour le seul plaisir de s’acharner sur cette femme dont ils avaient haï l’époux et que le Roi délaissait complètement. Jamais à la Cour du Danemark on ne s’était autant déchaîné sur une même personne. « Expulser ma famille de l’île de Rügen pour y installer ses soldats ! » s’exclama Helle en faisant volte-face vers le duc de Funen. « De quel droit sa Majesté a-t-elle osé faire ça ?! Rügen est suédoise en plus ! » « Du droit de celui qu’elle a de disposer de tous ses sujets comme elle l’entend, hélas. J’ai envoyé cinq de mes hommes servir d’escorte à votre famille. L’un d’eux m’est revenu hier pour me dire qu’ils prenaient la route de Meckelbourg. Quand à la nationalité de l'île, elle n'a guère compté...» « En d’autres termes ils sont bannis de la Cour… » « Je suis navré madame. »Helle ne répondit pas. Son regard bleu sombre s’était durci et elle fixait un point sur le sol qu’elle seule devait être capable d’identifier. Le duc reprit : « Nul doute que c’est vous qu’on cherche à atteindre. En éloignant votre famille, les ennemis du baron vous isolent encore plus. La Cour n’est plus un endroit sûr pour vous. Soyez certaine que la prochaine qu’ils frapperont, ce sera vous… » « Il faut donc que je quitte la Cour avant qu’ils ne m’y forcent. »L’interruption, mais surtout le ton de la voix de Helle fit hausser un sourcil au duc. Intrigué, il la dévisagea en s’étonnant de subitement lui trouver un air à la fois amer et déterminé. Helle s’en rendit compte et planta son regard dans le sien avant de déclarer : « Lorsque ma fille est née, elle a failli mourir. J’ai fait appel au médecin sarrasin pour la sauver, et quelques jours plus tard il était expulsé du pays. J’ai dû me débrouiller seule avec les conseils qu’il m’a donné dans la précipitation pour sauver moi-même mon enfant malade. Mon frère aîné Christian a été envoyé se battre en Pologne, et maintenant ma famille entière est chassée. Croyez-vous mon cher Duc que depuis près de deux ans je n’ai pas remarqué les attaque indirectes dont j’étais la victime ? » « Je n’ai pas dit ça madame… » Une lueur de fierté brilla dans les yeux de Helle. « Je me suis laissée faire trop longtemps. Maintenant qu’ils s’en sont pris à ma famille, je sais qu’ils me menacent directement. Je ne peux pas rester ici et mettre ma petite Ellen en danger. Ils ne la toucheront pas ! »Une flamme d’admiration illumina brièvement les yeux du duc. « Et que comptez-vous faire madame ? On vous appelle « la veuve Sola ». A part moi vous n’avez pas d’allié, et je ne peux hélas pas faire grand-chose contre le Roi… » « Personne ne peut rien contre le Roi. » « Dans ce cas je le répète, que comptez-vous faire ? »Helle garda de nouveau le silence et regarda par la fenêtre, où elle put voir dans le jardin Ellen jouer avec les toujours fidèles Jorge et Birgit. Ses muscles tendus se relâchèrent légèrement. Elle devait garder sa fille loin de cette barbarie politique dans laquelle on tentait de l’entraîner. Et elle y arriverait coûte que coûte. ♕ Traque et contre-attaque, suite et fin. ♕
Quelques semaines plus tard…
Une lettre arriva à Sola en provenance directe de Suède. Assise devant la cheminée avec Ellen qui jouait à ses pieds, Helle décacheta l’enveloppe à la hâte et parcourut la lettre trois fois d’affilé, sachant pertinemment que là résidait son sort et celui de sa fille. Cette lettre pouvait tout changer pour elles. Tout.
« Chère madame de Sola,
J’ai l’honneur de vous écrire pour vous annoncer que votre lettre a été dûment reçue par le cabinet de Sa Majesté, et que son Altesse elle-même en a fait la lecture. L’ouvrage que vous avez joint à votre missive a été grandement apprécié de Sa Majesté. Aussi son Altesse le Roi de Suède souhaite-elle vous recevoir à sa Cour, aussi promptement qu’il vous est possible de faire le voyage. Veuillez agréer, madame… »
Les flammes de la cheminée se reflétèrent dans les yeux de Helle alors qu’un sourire, le premier depuis bien longtemps, se dessinait lentement sur ses lèvres. Le vent tournait. Lentement, mais il tournait.
Il fallut encore quelques semaines à Helle pour les préparatifs et son départ du Danemark pour la Suède. Une fois là-bas, elle fut presque immédiatement reçue par le Roi Charles X Gustave, un homme à l’aspect certes peu avenant mais à l’esprit vif, qui maîtrisait l’art de la diplomatie comme de la guerre comme personne. Et surtout, c’était un redoutable ennemi du Roi Frédéric III du Danemark, et c’était en cela qu’il intéressait Helle.
« Madame de Sola, bienvenue en Suède ! » lança-t-il avec bonhomie après que la jeune fille se soit inclinée bien bas. « Pardonnez-moi madame mais à la lecture de votre lettre, j’aurais cru que vous étiez plus âgée. Je ne m’attendais guère à rencontrer une aussi jeune femme. » « Il faut attribuer votre surprise au Roi Frédéric III, votre Majesté, car c’est lui qui a décidé de me marier alors que je n’avais que quatorze ans. » « Je faisais référence à la maturité qui transparaissait dans le texte, madame. Vous êtes une épistolière remarquable, sans nul doute. Et une écrivaine aussi, si j’en juge par le texte que vous m’avez envoyé avec votre lettre. » « Votre Majesté est trop généreuse. » « Non madame, je dis toujours ce que je pense, et vous vous êtes trop modeste. Croyez-moi, se sous-estimer est aussi dangereux que se sur-estimer. »
Le Roi resta un instant pensif comme s’il réfléchissait à ses propres paroles, et Helle attendit patiemment qu’il daignât reprendre le fil de la discussion.
« Vous écrivez dans votre lettre que mon homologue Frédéric III s’en prenait à vous et votre famille sans aucune raison qui soit justifiée. » « La seule raison que je puis envisager est la haine qu’il voue à mon mari, le baron de Sola, dont je n’ai plus eu la moindre nouvelle depuis qu’il a été contraint à l’exil il y a deux ans. Depuis son départ, les gens de la Cour n’ont de cesse de me persécuter et me déshonorer, moi ainsi que ma famille, les Barnekow. » « Voilà qui est bien cruel. Mais venant de mon acariâtre homologue ça ne m’étonne pas. Vous me demandez donc ma protection, madame de Sola ? » « Uniquement si votre Majesté me juge digne de sa clémence, Altesse. »
Le rire de Charles X Gustave se fit entendre et il se leva de son trône pour aller jusqu’à son invitée.
« Madame j’ai du respect pour vous. Affronter son Roi, c’est un crime bien grave, mais au vu des circonstances il aurait été plus grave pour vous de ne pas réagir. J’admire les gens qui savent se dresser contre l’adversité et se battre pour défendre les leurs. De plus je n’ai aucune sympathie pour Frédéric ! Considérez-vous donc comme mon invitée en Suède, et sous ma protection directe. Tout ce que je vous demanderai en échange, c’est de m’écrire régulièrement de ces histoires dont vous semblez avoir le secret. Diable, quelle adresse ! Quelle plume ! Il n’est pas facile d’émouvoir un souverain, mais cette histoire chevaleresque m’a tenue en haleine tout du long ! » « Je ne sais comment remercier votre Majesté. » répondit Helle en souriant de bon cœur au souverain qui venait de lui offrir le salut tant recherché. L’avenir, enfin, s’annonçait moins sombre.
C’est ainsi que de petite baronne martyrisée à la Cour du Danemark, Helle se hissa à la position de femme de lettres respectée à la Cour de Suède et peu à peu devint même une proche de Charles X Gustave, qui enthousiasmé par les récit qu’elle lui écrivait régulièrement, les faisait lire par tous ses amis et même ses serviteurs lorsqu’il n’avait qu’eux sous la main. Les « contes » de la baronne de Sola devinrent une des nouvelles distractions de la Cour, et le Roi n’était plus le seul à lui demander de lui écrire de ces petites nouvelles dont elle avait le secret. Elle maîtrisait tous les styles littéraires et débordait d’imagination, et mieux, elle savait admirablement faire en sorte que ses héros ressemblent au lecteur qui lui avait passé commande. Flatteuse, Helle ? Uniquement pour la bonne cause. Et puis, c’était tellement amusant de se reconnaître dans un personnage ! Helle se tranquillisait. C’était une chose que de s’attirer la sympathie et la protection d’un roi, la garder en était une autre. Mais visiblement, elle avait trouvé un excellent moyen de s’y prendre. L’apothéose de son rayonnement à la Cour de Suède arriva en 1658, alors que Charles X Gustave lançait la guerre contre le Danemark. Frédéric III et ses troupes étaient mobilisées, celles de Suède aussi, mais il manquait à Charles un point supplémentaire d’attaque pour réussir à prendre Copenhague par revers pendant que les troupes restantes se contentaient de traverser la mince frontière qui séparait les deux pays.
« C’est un joli casse-tête madame ! » s’exclamait Charles X Gustave assit en face de Helle dans le manoir qu’il lui avait attribué à une demi-heure de cheval à peine de la Cour. « Frédéric a des troupes postées sur toutes les côtes, et rudement bien armées. Ce qu’il me faudrait, c’est trouver le point faible dans cette muraille, et percer par ici. La suite ne serait qu’un jeu d’enfant ! »
Helle resta pensive quelques instants, tenant dans sa main une lettre qu’elle venait de recevoir de son frère Christian. Une idée mûrit, lentement mais sûrement, dans son esprit.
« Majesté. » commença-t-elle lentement, comme si elle réfléchissait encore en parlant. « J’ai là une lettre de mon frère Christian qui me donne quelques nouvelles de ma famille, de Meckelbourg… Et de Barnekow. » « Votre brave frère ! Comment se porte votre famille ? » « Bien Majesté mais écoutez-donc… Grâce à quelques contacts dans l’armée et notre ami à la Cour le duc de Funen qui se tient au courant de la situation, j’ai appris quelque chose qui pourrait vous intéresser. Vous souvenez-vous, Majesté, que c’est l’invasion de l’île de Rügen qui a fait exiler ma famille et m’a poussée à quitter le Danemark ? » « Je m’en souviens mon amie. Où voulez-vous en venir ? » « Eh bien il se trouve que le duc m’a appris et que mon frère m’a confirmé une nouvelle intéressante : presque toutes les troupes qui occupaient Rügen sont parties. Il ne reste sur l’île qu’une poignée de soldats pour être sûr que ma famille n’y reviendra pas. »
Charles X Gustave dévisagea Helle avec intensité. Helle ne détourna pas le regard.
« Madame. » articula le roi. « Seriez-vous en train de m’indiquer ce talon d’Achille que je cherche ? Seriez-vous en train de me proposer de lancer mes troupes sur vos terres afin de rallier Copenhague ? » « Je préfère que vos soldats rasent l’île plutôt que la savoir aux mains des hommes de Frédéric III. » répliqua-t-elle avec fermeté.
Le roi ne répliqua pas. Quelques jours plus tard, il envoyait ses troupes écraser la résistance sur Rügen. Jamais la famille de Helle ne lui reprocha cette action. Quant à Helle, sa position à la Cour de Suède fut définitivement assurée. Le traité de Roskilde, grâce auquel Frédéric III cédait une partie des terres du Danemark à Charles X Gustave, constitua l’une des plus grandes joies de Helle, et même si elle n’y avait participé que de façon minime, sa plus belle revanche. Et même si les terres en question retournent au Danemark en 1660, elle gardera toujours en mémoire cette année où Frédéric III fut humilié par son homologue suédois sans savoir que la jeune femme qu’il détestait tant avait observé tout ça avec un soli sourire en coin…
♕ 26 ans. Epilogue. 1666. ♕
Pour la galerie Tout pour la galerie On ne trouve ici rien à sa taille Puisqu'on vit pour la galerie Que pour la galerie Puisque l'important n'est qu'un détail Et vice Versailles Huit ans plus tard, Helle était toujours installée en Suède et jouissait de la même popularité que sous Charles X Gustave, décédé six ans plus tôt. Le nouveau roi Charles XI étant trop jeune pour régner, son prédécesseur avant de mourir avait nommé un petit groupe de ses amis à la tête de l’Etat en attendant la majorité du garçon. Et les amis du Roi étant aussi devenus les amis de Helle avec le temps, elle n’avait rien eu à craindre. De plus, elle ne faisait pas de remous, écoutait les rumeurs sans y participer, avait un comportement irréprochable et un caractère des plus agréables. Ces dernières années enfin passées dans une tranquillité d’esprit qui lui avait manquée lui avaient rendu son caractère heureux d’avant, et si elle était toujours aussi rêveuse et un peu déconnectée de la réalité et paraissait souvent absente dans les discussions, on mettait ça sur le compte de sa créativité, de son tempérament d’artiste. Personne sous ce sourire un peu absent et doux ne soupçonnait la louve capable d’intriguer, de déserter son pays, de se retourner contre son Roi pour protéger les siens. Après la guerre contre le Danemark, Rügen était restée sous domination suédoise et l’île avait été rendue à sa famille. La plus belle de ses victoires, et le plus bel hommage que lui avait fait Charles X Gustave juste avant de mourir. Oui décidément, toutes ces intrigues avaient valu le coup. Maintenant qu’elle était en paix, elle allait pouvoir profiter de la vie et élever sa fille en paix. Mine de rien, Ellen avait déjà douze ans. C’était une enfant fragile, mais absolument charmante qui n’avait causé le moindre souci à sa mère dont elle avait toujours deviné de loin les tourments. Mère et fille s’entendaient à merveille, et leurs caractères étaient en tous points semblables. Le duc de Funen avait lui aussi quitté le Danemark et avait rejoint la Bavière, d’où il continuait à correspondre avec Helle. Inge et Svend étaient morts tous les deux, à peu de temps d’intervalle, et Christian allait sous peu rejoindre Funen en Bavière, ne supportant plus non plus d’être la victime de Frédéric III à qui il a pourtant fait preuve maintes et maintes fois de sa bonne volonté. « Mère, puis-je vous poser une question ? »
Helle assise à sa table d’écriture tourna la tête vers sa fille. Celle-ci hésita devant le silence de sa mère, mais néanmoins poursuivit : « Rencontrerai-je un jour Père ? »La question laissa Helle sans voix. Ce n’était pas la première fois que la petite faisait allusion à ce père qu’elle n’avait jamais connu, mais c’était en revanche la première fois qu’elle exprimait aussi clairement le désir qu’elle avait de le rencontrer. Et ça faisait quelques temps que Helle réfléchissait à cette éventualité, surtout après avoir reçu une lettre de son amie et correspondante la princesse Sofia di Parma, l’informant de la présence d’Ulrich à la Cour de Versailles. Pour la première fois depuis douze ans, Helle savait où il était. Que devait-elle faire ? Ses prunelles bleues se reportèrent de nouveau sur Ellen. Puis elle pensa à Ulrich. Comment réagirait-il en la voyant à Versailles avec une enfant dont il ignorait encore l’existence ? Elle n’avait jamais oublié les menaces qu’il lui avait hurlées le jour où il avait appris qu’on l’exilait ! Comment ne pas redouter un pareil homme ? Puis elle se raisonna. Elle avait lutté seule ces douze dernières années. S’était battue à corps perdu contre la maladie de sa fille, seule, puisqu’on l’avait privée de son médecin. Pour ça elle avait appris une médecine particulière, mélange d’herboristerie italienne et de médecine arabe, et était devenue une experte à sa manière en philtres guérisseurs et autres mixtures. Seule, elle s’était débattue contre ces vipères de la Cour danoise et contre des ennemis qui n’étaient même pas les siens. Seule, elle avait pris ses cliques et ses claques et avait été trouver le soutien d’un autre Roi. Seule, elle avait élevé sa fille en conservant la dignité d’une femme du monde et sans qu’on ne cherche à l’interroger sur ce mari absent. Seule, elle s’était faite sa place et avait pris sa revanche sur son ancien persécuteur. Pourquoi devrait-elle avoir peur d’un homme après tout ça ? Un homme égoïste, qui l’avait abandonnée et ne s’était jamais soucié de son sort ? Qu’il aille au diable après tout ! S’il la renvoyait, elle pourrait toujours rentrer en Suède, ou bien rester à Versailles ou dans les environs. Après tout elle aurait des lettres de recommandation, et elle avait à Versailles quelques correspondants qui accepteraient peut-être de l’aider. Fini de fuir ! Forte de cette conviction nouvelle, elle sourit à sa fille et sortit son plumier, son encrier, et une nouvelle feuille pour écrire. « Ma chère princesse de Parma…
J’ai beaucoup réfléchi suite à votre dernière lettre… »
Sa décision était prise. Elle irait à Versailles ! |
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 14.01.12 22:48 | |
| Et voilà, terminée 8D A vous les studiooooos ! |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 0:46 | |
| TU ES VALIDÉE ! BIENVENUE A VERSAILLES
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Eh bien mademoiselle, enfin pardon madame ! Quelle belle fiche ! Quelle histoire ! ça promet que du piquant tout ça ! Je vous plains en revanche d'avoir un mari comme ça. N'hésitez pas à venir parler si vous en avez besoin ! Je ne vais donc pas faire dans l'original, mais parce que je trouve simplement ta fiche parfaite et que n'ayant rien à redire, je passe directement aux choses sérieuses, en te validant. Je mets juste comme pour tous les personnages proposés par les membres, une petite condition, c'est que bien entendu Marie / Ulrich peut te demander d'apporter de nouveaux trucs ou d'en modifier d'autres. Je la laisse donc te donner son feu vert mais quoiqu'il en soit, ça ne t'empêchera pas d'éditer ta fiche une fois validée. SOIS A NOUVEAU LA BIENVENUE PARMI NOUS !!! Amuse toi bien et surtout tente de survivre ! Allez vous autres, à vous de deviner qui se cache derrière ce joli minois PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum. ♣ Fiches de liens ♣ Fiche de rps ♣ Demandes de rangs et de logements ♣ Proposer un scénario.
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 0:49 | |
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| | | Paris de Longueville
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une servante de ma connaissance...Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en!Discours royal:
ADMIN BIZUT Phoebus ৎ Prince des plaisirs
► Âge : 20ans
► Titre : Prince de Neuchâtel
► Missives : 4041
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 1:49 | |
| Han quelle fiche J'over-adore!! Emmanuelle t'attends de pied ferme pour se trouver un lien du tonnerre.....mais tout d'abord je DOIS savoir qui tu es Crache le morceau! |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 1:52 | |
| MY GOOOOOOOOOOOOOOOD. Mais que dire ? Que dire si ce n'est... je nie tout, j'ai pas de femme, pas d'enfant, quedal FEU VERT, ET PLUTOT DEUX FOIS QU'UNE ! Ta fiche est parfaite - ô inconnue que moi je sais qui c'est Helle est juste... j'la keaf Je ne pouvais la confier à meilleur joueur/joueuse que toi (non, je ne cracherai pas le morceau ) Merci d'en avoir fait un si beau personnage |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 1:57 | |
| Cie - Morceau craché Satisfaite ma chère ? Contente qu'elle te plaiiiiiise Un peu que je veux un lien du tonnerre, entre elles ça ne peut qu'être du grand art Va donc falloir que je me colle à ma fiche de liens AGAIN ! Marie - Ulrich, ne nie pas, ON SAIT TOUT Comme dit sur msn, je suis ÜBER-RAVIE que cette Helle te plaise, et... J'ai hâte de la faire entrer en scène, parce qu'elle va dépoter cette petite ! \o/ ET NOUS ON VA TOUT DECHIRER NAAAAAAAAAA ! |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 11:14 | |
| Héhéhéhé !!! On a l'air de t'aimer petite Helle ! Je n'ai jamais vu Ulrich dans cet état, aurait-il 1% de coeur ??? Sinon pour montrer que mon message n'est pas inutile, pourrais tu pour le principe seulement, aller te recenser ? Merci |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 11:19 | |
| S'il n'a pas encore 1% de coeur, je vais le forcer à s'en découvrir un Oui le recensement j'allais justement y aller, mes yeux ont tilté en revoyant le sujet 8D J'y couuuurs ! (et après je dévoile le stupide mystère de mon identité XD) |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
► Missives : 10014
► Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle 15.01.12 13:29 | |
| Je trouve qu'Ulrich qui met des smileys cœur, c'est flippant Mais quelle fiche Helle est tout bonnement géniale, je l'adore déjà |
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| Sujet: Re: Ecris l'histoire... | Helle | |
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