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| "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| | |
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| Sujet: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 15.08.11 1:30 | |
| Qu'est-ce que la journée avait été harassante ! Entre Sa Majesté qui était pointilleuse sur le dernier ballet qu’il lui avait commandé et dans lequel Lully avait dû lui tailler un rôle sur mesure, Monsieur qui passait son temps à lui courir après pour avoir un quelconque potin à se mettre sous la dent concernant sa probable relation avec Sébastien… Ce comte de malheur qui s’était joué de lui en lui faisant un caprice d’enfant avant de prendre la poudre d’escampette ! Pestant entre ses dents, le musicien injuria Montfort en italien après avoir demandé à un valet de lui amener son cheval. Excédé par l’attente, qui n’avait pas été si longue que ça, Jean-Baptiste passa un savon au domestique avant de quitter la cour du palais au galop.
Il passa les grilles du château et prit la direction de la ville de Paris. A cette heure tardive, il ne connaissait qu’un seul commerçant capable d’être encore ouvert et qui pourrait lui fournir les feuilles de partitions dont il avait besoin. Heureusement que Lully avait eu la bonne idée d’envoyer quelqu’un prévenir le luthier, surtout qu’il lui fallait aussi un nouvel archet pour son violon. Après une longue chevauchée, le brun atteignit enfin les premières rues de la capitale. Tirant légèrement sur les rênes, il passa au trot et arriva devant la porte du commerçant. Il mit pied à terre, attacha sa monture et frappa trois coups. L’ouverture de la porte se fit presque aussitôt et Lully entra. Il resta plusieurs minutes dans la boutique, le temps de choisir l’archet qui irait à merveille à son précieux instrument. Il était perfectionniste et minutieux quand il s’agissait de la musique, encore plus quand son violon était concerné d’une façon ou d’une autre. Au bout d’un moment, il se décida, paya ce qu’il devait et ressortit. Fatigué par la journée, il opta pour l’option de la marche à pied et s'enfonça dans les rues sombres et peu rassurantes de Paris.
Conscient de ne pas avoir été tendre avec son serviteur qui pourtant lui avait été d’un grand secours aujourd’hui, Lully s’arrêta devant une taverne et invita le jeune homme pour le remercier de tout ce qu’il faisait pour son maître. A leur arrivée, une certaine animosité s’était installée jusqu’à ce que l’italien offre une pinte à son domestique. La soirée touchait à sa fin et l’ambiance était plutôt bon enfant, seulement, il n’arrivait pas à se mêler à l’euphorie ambiante. En effet, il avait remarqué un mousquetaire du roi et avait essayé de le reconnaître. Lorsque ce dernier sortit, Lully réussit à mettre un nom sur le visage et ordonna à son serviteur de le rejoindre aux portes de la ville, lorsque la taverne fermerait, s’il ne revenait pas d’ici là. Et sur ces mots, il se lança à la poursuite de Froulay, une fois encore. Bien décidé à savoir ce que l'homme pouvait bien cacher.
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 22.08.11 17:26 | |
| De nuit, les rues de Paris avaient toujours fasciné Elodie. Mystérieuses et pleines de surprises, elle aimait leur silence bavard, leurs craquements feutrés et par-dessous tout, la tranquillité presque angoissée qu’elles offraient. Tranquillité éphémère, bien souvent troublée par ceux qui en faisaient ainsi leur royaume, guettant sans relâche le passant égaré. Du noble en aventure au plus gueux des paysans ivres d’une soirée à la taverne, personne, à ce que l’on aimait dire, n’avait plus de chance de tomber dans un de ces guets-apens que dans la capitale nocturne. Les rumeurs de complot pouvaient bien courir, telle ou telle cabale pouvait bien intriguer, Paris et son peuple de la nuit s’en moquaient. Pour eux, rien n’avait jamais changé et que le Roi soit menacé ou non, du haut de son palais doré, qu’il soit destitué, assassiné, habilement remplacé… rien ne changerait. Et même si parfois se mêlaient à eux quelques ombres bien moins éloignées des conspirations versaillaises qu’elles ne voulaient le paraître, le dangereux équilibre des nuits parisiennes n’en était troublé que d’un cadavre de plus.
Etait-il de ce fait là, celui que deux badauds avaient retrouvé poignardé dans la Seine ? L’histoire ne le disait pas, et le ne dirait sûrement jamais. Profitant d’une journée de libre pour arpenter Paris, Elodie n’avait pu manquer l’attroupement qu’avait formé autour d’elle la découverte des deux tisserands. Et comme souvent, lors de ces rassemblements de curieux, la présence d’un mousquetaire avait suffi à calmer les esprits et délier les langues des découvreurs malgré eux. Un inconnu, mais sûrement là depuis plusieurs jours déjà et autres informations aussi futiles qu’indifférente au faux jeune homme. Cette affaire ne la concernait pas, et une fois la police prévenu, elle n’avait certainement pas attendu qu’on le lui demande pour mettre les voiles, amusée à l’idée que, si elle avait laissé sa casaque à la caserne, jamais les autorités concernées n’auraient fait preuve d’autant de déférence à son égard. Les mousquetaires jouissaient d’un statut particulier au sein de gens d’armes. Il aurait été dommage de ne pas en profiter.
Tout comme il aurait été dommage de ne pas profiter de cette journée libre pour s’échapper un peu de Versailles et se remettre les idées en place. D’abord prête à sortir traîner dans la ville du Roi Soleil, en espérant y croiser Philippe, Elodie avait fini par se raviser – grandement aidée en cela par François qui, même ignorant des frasques de sa sœur, avait tenu à l’accompagner jusqu’aux portes de la ville, et à cet arbre où elle avait, il n’y avait pas si longtemps, donné implicitement rendez-vous au Duc de Gascogne. Gardant la casaque, donc, et préférant finalement prendre véritablement l’air, Elodie s’était élancée sur les routes de la capitale sans fixer à son frère aucune heure de retour. Elle était grande, et elle n’allait certainement pas se laisser chaperonner !
Il était donc tard lorsque, sans craindre quoi que ce soit des ombres qu’elle voyait parfois se glisser non loin d’elle dans de sombres petites ruelles, Elodie envisagea de reprendre le chemin de Versailles. Elle sortait d’une taverne – relativement calme et chaleureuse, assez pour lui donner envie de s’y arrêter un moment – elle s’engouffrait déjà dans le dédale parisien pour retrouver l’endroit où elle avait laissé son cheval. Elle s’éloignait déjà lorsque la porte du tripot claqua une nouvelle fois, la laissant indifférente. Plongée dans ses songes, elle n’aperçut pas tout de suite la silhouette qui, plus ou moins discrète, venait de se glisser derrière elle. Au détour d’une ruelle, pourtant, un mouvement attira son attention, et à la lumière d’un réverbère, dans le reflet d’une vitre, un visage. Trop rapide pour qu’elle ne puisse cependant reconnaître qui que ce soit – s’il y avait seulement quelqu’un à reconnaître.
Avec flegme elle continua à marcher, agissant comme si de rien n’était, mais tournant dans des rues de plus en plus improbables, toujours suivie. Bien. L’inconnu, qui qu’il soit, lui en voulait bien à elle. Un sourire énigmatique aux lèvres, elle accéléra insensiblement, puis avisant un recoin, y disparut soudain. Là, plaquée contre le mur, elle attendit. Quelques secondes, rien de plus. Et lorsque des pas signalèrent la présence de la mystérieuse ombre, s’élança, lui plaçant aussitôt son épée sous la gorge. Une source de lumière placée là lui permit de mettre enfin un nom sur un visage finalement bien familier. « Monsieur Lully ! lâcha-t-elle de cette voix grave qu’elle prêtait à Eric. Ne vous a-t-on jamais appris qu’il est très dangereux de se promener dans les rues de Paris ? demanda-t-elle, épée toujours en place. Vous pourriez tomber dans un coupe-gorge. Ou dans notre cas, ne pas être reconnu… » Un sourire énigmatique étira ses lèvres, alors qu’elle retirait sa lame de la gorge du musicien. Que lui voulait-il, encore ?
( ouuh, j’ai fais court ! pardon XD )
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 30.08.11 17:26 | |
| Déterminé à comprendre pourquoi le mousquetaire l'intriguait, Lully commençait à perdre patience et leur petit jeu du chat et de la souris le lassait chaque jour un peu plus. Froulay cachait quelque chose, le florentin en était persuadé depuis le jour où il avait vu une jeune parisienne qui ressemblait au noble. Habituellement, il ne se mêlait pas de ce qui ne le regardait pas mais là... là, la ressemblance était trop forte et sa curiosité avait été piquée à vif. De plus, avec le complot qui se tramait contre le Roi, tout le monde était suspect aux yeux de l'italien. S'enfonçant dans l'obscurité des rues de la capitale française, Lully se lança à la poursuite de Froulay. Peu habitué, voir pas du tout, à faire des filatures nocturnes, il essaya de se faire le plus discret possible, maudissant les talons que Monsieur exigeait que l'on porte à la cour. Première leçon pour se faire repérer quand on veut être invisible: mettez vos chaussures à talons, effet instantané! Ca claque bien sur le pavé, ça résonne à, au moins, 5 mètres à la ronde et ça alerte tous les voyous des alentours. Vraiment pratique, vraiment...
Tandis qu'il suivait le mousquetaire dans des rues de plus en plus glauques et vraiment très peu rassurantes, Jean-Baptiste s'apprêtait à faire demi-tour quand il s'aperçut qu'Eric s'était arrêté face à une vitrine et qu'il voyait son reflet. Prestement, l'italien recula d'un pas pour échapper au halo de lumière du lampadaire qui éclairait les vitres pour éviter que le français ne le reconnaisse. Retenant son souffle, il attendit qu'Eric reprenne sa marche et que le son de ses pas s'éloignent un peu de la cachette qui l'abritait. L'air frais de la nuit et l'ambiance lui donnaient des frissons et une légère buée s'échappa de ses lèvres lorsqu'il souffla, presque, de soulagement.
Seulement, plus le florentin se rapprochait et s'enfonçait dans des ruelles de plus en plus mal famées, plus son malaise s'étoffait et moins il devenait discret. Tant et si bien qu'il finit par se faire repérer par Froulay qui disparut d'un coup, presque par magie. Mais Lully ne croyait qu'en une seule magie: celle de la musique, donc il continua à s'avancer d'un pas décidé tout en mettant l'une de ses mains sur le pommeau de son épée. Il s'agissait d'un cadeau de Luigi qui n'aimait pas l'idée que son amant se ballade dans Paris sans une arme sur lui. Bien sûr, étant jeune et d'origine paysanne, Lully avait appris à se battre avec les autres enfants de son village, gardant aussi un tempérament bien trempé et bagarreur. Méfiant, et à quelques centimètres de l'endroit où Froulay avait disparu, Jean-Baptiste tourna la tête dans la direction opposée à celle où se trouvait le mousquetaire qui en profita pour placer le fil de son épée sur la gorge du florentin qui distinguait mal les traits de son interlocuteur qui se trouvait à la limite de la zone éclairée par le lampadaire sous lequel il se trouvait.- Monsieur de Froulay... je me demande ce que penseraient vôtre frère et vôtre lieutenant s'ils apprenaient que vous parcourez ces rues comme une âme en peine... Agacé par la pointe de fer contre sa peau, le surintendant leva l'un de ses bras pour l'écarter. Les sourcils froncés, il s'avança d'un pas vers le mousquetaire, bien décidé à enfin découvrir ce que le soldat cachait. Un peu trop curieux, il avait écouté les bruits de couloirs, s'était renseigné discrètement sur la famille de François et sentait qu'il avait une piste qui s'ouvrait juste devant son nez.- Permettez mon audace de vous avoir suivi mais vos traits me rappellent ceux d'une demoiselle, croisée par hasard dans la ville. Il me semblait que la famille Froulay avait eu un garçon ainsi qu'une fille, et non deux garçons...Lully n'aimait pas jouer ce rôle: celui du maître chanteur. Mais en tant qu'ami intime du Roi, il se devait lui aussi de veiller sur Louis et tous les coups étaient permis. De plus, qui soupçonnerait le compositeur de mener sa propre enquête alors que tout Versailles jurait qu'il ne vivait que pour sa musique et qu'il se fichait éperdument des affaires de la cour?(ton post était court? lol! ) |
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 06.09.11 2:28 | |
| La façon dont elle intriguait Lully, la jeune femme ne pouvait que l’avoir remarquée. Depuis le temps qu’il lui tournait plus ou moins subtilement autour… il aurait fallu être aveugle pour ne rien remarquer. Comme toujours, elle avait joué la carte du mystère, et surtout, semé un nombre incalculable de fausses pistes afin d’enrayer sa curiosité ou de le laisser chercher du mauvais côté. Qu’il s’amuse, tant qu’il ne touchait pas à la vérité. Il finirait bien par se lasser, se trouver une autre énigme à résoudre, comme tous ces faux intrigants qui végétaient à la Cour. Du moins, c’était ce qu’elle avait pensé, au début. Mais visiblement, le musicien avait la tête dure, et n’en démordait pas. Il fallait une certaine dose d’obstination pour aller jusqu’à prendre le risque de la suivre dans des rues aussi incertaines que celles qu’elle avait volontairement empruntées, et ce sans la moindre chance de ne pas finir par être repéré. Paris n’était pas sûre, par les temps qui couraient – elle ne l’avait jamais été, cela dit – pas plus que Versailles. A se laisser balader comme venait de le faire Lully, on avait vite fait de tomber dans un piège, et un autre qu’Elodie n’aurait peut-être pas eu la délicatesse d’ôter son épée de la gorge du compositeur. Les bandits étaient si nombreux par ici que certains ne cherchaient parfois pas loin avant de se débarrasser de ces nocturnes nuisibles. Lully avait de la chance, la jeune femme n’aimait pas tuer pour tuer, et l’avait assez vu pour pouvoir le reconnaître, même dans la petite rue obscure dans laquelle ils se trouvaient. « Monsieur de Froulay... je me demande ce que penseraient vôtre frère et vôtre lieutenant s'ils apprenaient que vous parcourez ces rues comme une âme en peine... rétorqua le musicien, l’air agacé. »
Un sourire énigmatique étira les lèvres d’Elodie qui, les traits dans l’ombre, dévisagea l’homme qui lui faisait face, et venait de faire un pas vers elle, l’air décidé à tirer toutes cette affaire au clair. Le mousquetaire ne bougea pas d’un cil, conservant sa mimique mystérieuse, mais au fond, elle se méfiait bien assez de la curiosité de Lully pour sous-estimer son attitude un brin plus assurée que d’habitude. S’il avait fait des recherches, la conversation risquait fort de tourner court, et de s’engager sur une pente glissante. « Je suis en permission, il me semble avoir le droit de me promener où je le souhaite, lâcha-t-elle sur un ton neutre. De plus, je rentrais, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel. Maintenant, auriez-vous l’obligeance de m’expliquer ce qui me vaut l’honneur d’être suivie ? » L’ironie dans sa voix, cette fois, était perceptible. Elle n’était, certes, que mousquetaire, et il était le musicien le plus en vogue à la Cour. Mais on ne se mettait pas à traquer les gens dans les rues sans raison – or elle doutait qu’il ait, tout Lully qu’il était, un argument digne de ce nom à lui donner. Mauvaise impression. « Permettez mon audace de vous avoir suivi mais vos traits me rappellent ceux d'une demoiselle, croisée par hasard dans la ville. Il me semblait que la famille Froulay avait eu un garçon ainsi qu'une fille, et non deux garçons... »
Jouant parfaitement le rôle d’Eric, Elodie haussa un sourcil. Pas un seul instant le masque ne vacilla – et pourtant, il était urgent de trouver une réponse. Inutile de chercher longtemps pour voir où le musicien voulait en venir, et il ne fallait surtout pas que cela arrive. Avec un flegme calculé, elle remit son épée au fourreau. Une fois de plus, il lui fallait joliment mentir. « Il vous semblait ? Alors je suis navrée de vous annoncer qu’il vous semblait mal, rétorqua-t-elle en arborant un sourire condescendant. Quant à cette demoiselle, qu’elle me ressemble est plutôt rassurant puisqu’il s’agit de ma sœur. Jumelle, appuya-t-elle. Ai-je répondu à toutes vos questions, monsieur Lully ? » Dans sa voix, elle laissa volontairement passer une vague impatience agacée. Elle n’avait pas l’intention de lui en dire plus – et ne donnait certainement pas l’apparence de quelqu’un ayant autre chose à confier. Mais maintenant, il fallait que ce petit jeu cesse, et que le musicien comprenne que sa curiosité était mal placée – ou du moins, qu’il le croie.
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 11.09.11 16:22 | |
| En permission et il rentrait... Drôle de chemin pour rentrer au camp. Lully réfléchit à son tour rapidement à une explication tangible à son attitude de la soirée qui l'avait mené jusqu'ici. Être honnête? Mentir ou ne dire qu'à moitié ce qui l'avait poussé à suivre le mousquetaire? Pourquoi réfléchir? On est à Versailles! Quoique... Lully s'était toujours juré de ne jamais se comporter comme n'importe quel courtisan et pourtant... c'était ce qu'il était en train de faire. Oui, mais il était fort probable que la vie du Roi soit en danger et dans ce cas, il se devait d'ouvrir l'œil. Jean-Basptiste ne savait pas sur quel pied danser avec Froulay. A quoi jouait le mousquetaire? Que pouvait-il donc bien cacher? Il aurait pu s'arrêter dès qu'il avait senti qu'il était suivi... alors pourquoi avoir embarqué Lully dans ces coupe-gorges? Il y avait trop de questions qui se bousculaient dans l'esprit du musicien qui porta deux doigts à sa tempe gauche pour la masser quelque peu en fronçant les sourcils. Déjà que la journée avait été longue, voilà que maintenant avec cette histoire il se récoltait un bon mal de crâne. Las et fatigué, le florentin choisit de rendre les armes pour ce soir et de se montrer sous un autre jour plutôt que de continuer à jouer les fouines. Il n'aimait pas ça, là il s'agissait de quelque chose d'extrêmement important, il ne pouvait pas faire passer son confort et ses habitudes de papi avant la vie de son ami de longue date.
- Veuillez m'excuser, je n'ai pas adopté la bonne attitude à votre égard Monsieur de Froulay. Je n'avais jamais entendu parler de votre sœur et par les temps qui courent, le moindre faux pas peut vous être fatal, d'où ma méfiance...
L'impatience décelée dans la voix de Froulay fit tiquer Lully. Tiens, il y avait des nuances d'aigu et elle ne semblait pas être véritablement naturelle... Ce ne devait pas être bien grave, comme Eric disait avoir une soeur jumelle, il était peut-être normal que l'oreille du musicien y trouve des nuances féminines. Mettant ce détail de côté, le florentin regarda autour de lui, la main toujours sur son pommeau alors que son interlocuteur avait remis son épée dans son fourreau. Si ce dernier semblait à l'aise dans cet environnement, Lully avait un peu plus de mal. Après tout, mousquetaire ou non, il restait un noble donc une cible de choix pour les vauriens et une attaque était si vite arrivée à cette heure-là. Des bruits de pas attirèrent son attention et l'italien pressa le français de rebrousser chemin.
- Vous pouvez me dire ce que vous voulez, le camp des mousquetaires n'est pas dans la direction que vous preniez Monsieur, faisons demi-tour, il est déjà assez tard comme ça. Soyez sans crainte, malgré mon récent comportement, je ne vous veux aucun mal, je me contente de veiller sur mon Roi comme vous et j'ai la fâcheuse habitude me méfier de tout et n'importe quoi. Rentrons!
Les pas se rapprochaient et quelques secondes plus tard, Lully les entendit dans son dos avant de voir apparaître deux hommes à l'allure peu avenante derrière Froulay. Comme quoi les bavardages n'apportent vraiment que des ennuis! Excédé, le musicien leva les yeux au ciel et laissa Eric prendre les commandes de la situation. Après tout, c'était lui le mousquetaire. Intérieurement, Jean-Baptiste pria pour qu'ils en viennent aux mains, une bonne bagarre, malgré la fatigue, lui ferait le plus grand bien. |
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 25.09.11 22:24 | |
| Certes, la façon dont le mousquetaire avait baladé Lully dans les rues les plus mal famées de la capitale pouvait aisément passer pour suspecte en ces temps incertains. Mais avant de reconnaître le musicien, Elodie avait voulu être certaine qu’elle était bien suivie, et devait avouer, une fois qu’elle avait aperçu son visage, l’avoir volontairement traîné ici afin de lui démontrer qu’il prenait des risques à continuer à lui tourner autour. Et de lui faire un peu peur, également. Après tout, pourquoi ne s’amuserait-elle pas un peu elle aussi, dans cette affaire ? Elle jouait un jeu dangereux, certes. Mais quitte à s’engager sur des pentes glissantes, autant le faire en s’amusant autant que possible. Cela dit, si elle s’était doutée qu’une telle attitude pousserait le musicien à douter de la loyauté d’Eric envers le roi, peut-être y aurait-elle réfléchi à deux fois. Elle n’avait pas besoin que de tels doute pèse sur elle, les choses étaient déjà bien assez compliquées comme ça. Ne manquerait plus qu’on l’accuse de trahison…
A cette idée, un sourire perplexe tordit ses lèvres alors que, las et inquisiteur à la fois, Lully la dévisageait. Poussant un soupir, il porta ses doigts à ses tempes, avec l’air de quelqu’un qui vient de se donner une belle migraine. Elodie retint une moue, se contentant de le fixer sans ciller. A trop chercher de son côté, il se pourrait bien que ça ne soit pas le dernier mal de crâne à lui tomber dessus. Tant qu’il ne saurait pas – et elle comptait bien faire en sorte qu’il ne sache pas – la vérité, inutile de chercher… il risquait de s’embrouiller tout seul. Mais tout cela, évidemment, la jeune femme le garda pour elle, conservant son masque agacé. Aujourd’hui, elle n’était que le mousquetaire suivi par un musicien trop curieux dans les rues de Paris.
« Veuillez m'excuser, je n'ai pas adopté la bonne attitude à votre égard Monsieur de Froulay. Je n'avais jamais entendu parler de votre sœur et par les temps qui courent, le moindre faux pas peut vous être fatal, d'où ma méfiance... lança soudain Lully, jetant visiblement les armes. »
Imperceptiblement soulagée, Elodie se contenta de hausser les sourcils, avec un signe perplexe de la tête. L’attirail parfait du gentilhomme ne comprenant pas foncièrement pourquoi tant de méfiance, mais ne préférant pas en rajouter, afin de ne pas envenimer la situation. Elle avait, de toute façon, autre chose à faire que de discuter avec un curieux de plus – surtout un curieux à ce point là. A la dérobée, elle lui jeta un regard, notant à quel point il semblait peu à l’aise. Ce qui, somme tout, était compréhensible : les lieux n’étaient pas foncièrement rassurants ; et sans son uniforme, Elodie passait aisément pour un simple jeune homme accompagnant un noble et non pas un soldat tout particulièrement entraîné au combat. Une cible parfaite, en somme. Mais elle redoutait bien peu les coupe-gorges. Ce qui ne semblait pas être le cas de son compagnon. Des bruits de pas, qui pouvaient venir de n’importe où, avaient à peine raisonné qu’il lançait :
« Vous pouvez me dire ce que vous voulez, le camp des mousquetaires n'est pas dans la direction que vous preniez Monsieur, faisons demi-tour, il est déjà assez tard comme ça. Soyez sans crainte, malgré mon récent comportement, je ne vous veux aucun mal, je me contente de veiller sur mon Roi comme vous et j'ai la fâcheuse habitude me méfier de tout et n'importe quoi. Rentrons ! - Je vous raccompagne, monsieur ? lança Elodie, un brin narquoise, en lui désignant d’un bras la route à prendre. »
Seulement, elle avait a peine terminé sa phrase que les pas s’accentuèrent, jusqu’à se changer en quatre sombres silhouettes qui se dessinèrent derrière Lully, ainsi que dans son propre dos. Elodie leva les yeux au ciel, et ne retint pas un profond soupir. Décidément. Une main posée sur la hanche, non loin de la garde de son épée, elle se tourna vers les deux hommes qui se trouvaient derrière elle. Cavalière, elle ôta un instant son chapeau pour les saluer. « Bonsoir messieurs, lâcha-t-elle. Charmante soirée, il ne nous manquait plus que vous ! - Et de notre côté, nous n’attendons plus que votre bourse, monsieur, répondit l’un d’eux, une moue carnassière aux lèvres. » Elodie eut un sourire indéfinissable. Elle savait pertinemment comment les choses allaient tourner, et après tout un peu de bagarre lui permettrait de se vider l’esprit. « Je suis au désespoir de vous répondre qu’il va falloir venir la chercher, siffla-t-elle. - Je suis au désespoir de vous annoncer que me ferai un plaisir de la trouver, répliqua le brigand. » Brusquement, Elodie dégaina son épée, non sans avoir jeté un regard à Lully pour s’assurer qu’il s’en sortirait. Mais après tout, il était censé savoir se servir d’une arme, autant que d’un archet. Stoïque, elle attendit que son adversaire soit sur elle pour parer son attaque, et répliqua vivement, jonglant habilement entre les deux lames qui la menaçaient.
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 25.09.11 23:32 | |
| L’intonation narquoise de la voix d’Elodie lui valut un regard noir de la part du compositeur. Il n’était pas précieux, il n’aimait pas la rue où il se trouvait, c’était aussi simple que ça. Mais, après tout, il restait un noble, il faisait partie de l'élite des hautes sphères, un musicien, n'importe qui pourrait croire que Jean-Baptiste avait peur. Il avait seulement un mauvais pressentiment et les ombres des immeubles alentours n'avaient rien de rassurant, bien au contraire. Et puis, qui pouvait aimer se retrouver dans ce genre d'endroits mis à part les brigands et autres vagabonds? Apparemment le mousquetaire n’avait pas dû entendre la rumeur, véridique pour une fois, qui disait que l’italien était en réalité un simple villageois, fils de meuniers. Alors qu’il s’apprêtait à lancer une réplique bien acide, dont il avait le secret, Lully regarda deux ombres se rapprocher d’eux, par-dessus l’épaule de son interlocuteur. Si on comptait celles qui devaient être derrière lui, ils étaient entourés par 4 fripons. Chouette, de l’action ! Calme, Jean-Baptiste tourna le dos à Elodie qui fit de même de son côté et porta la main à son épée pour clairement montrer que même s’il était un noble, il n’avait pas peur de croiser le fer avec quiconque lui chercherait des noises alors qu’il se coltinait une migraine.
«- Bonsoir messieurs. Charmante soirée, il ne nous manquait plus que vous ! - Et de notre côté, nous n’attendons plus que votre bourse, monsieur, répliqua une voix provenant du côté d’Elodie. - Je suis au désespoir de vous répondre qu’il va falloir venir la chercher. - Je suis au désespoir de vous annoncer que je me ferais un plaisir de la trouver. »
Le bruit du fil de l’épée qui sortait de son fourreau annonça au florentin qu’il devait faire de même avec la sienne. Habilement, il esquiva la première attaque et se fit un devoir de protéger sa propre bourse et de faire durer le combat. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’il pouvait se battre. Pour une fois qu’il n’était pas totalement en faute et qu’il pouvait se servir de la légitime défense comme excuse face à Luigi, Jean-Baptiste n’allait pas se faire prier. Toute cette étiquette, ces règles pour un ridicule duel… tout ce cirque lui avait fait passer l’envie de se battre avec les hommes du château depuis belle lurette et il n’osait demander à son amant, comme ce dernier avait la santé fragile. Donc au final, Lully rouillait dans son cabinet, ne s’octroyant que quelques bals et longues chevauchées pour rester en forme. Tandis qu’il collait son dos à celui de son coéquipier du soir, il lui souffla amusé en envoyant son pied dans le ventre d’un de ses adversaires, après quelques minutes de combat :
« - Je dois avouer que j’apprécie votre offre de me raccompagner, surtout avec une rencontre pareille sur notre route, Monsieur. Si vous voulez échanger de place, prévenez-moi. Ma paire est assez amusante, vous devriez essayer, vraiment ! »
En effet, le florentin avait récolté deux sots qui devaient avoir reçu un ordre aussi simple que : frapper. Il était donc amusant de les esquiver et de les faire tourner en bourrique mais ça pouvait rapidement devenir lassant et justement, Lully commençait à se lasser de leurs coups de forcenés. Une botte par-ci, une botte par-là, on feinte, on esquive en tournant le torse sur la droite et hop, on fond sur le premier imbécile avant d’envoyer son poing dans le visage de l’autre pour l’assommer. Une fois la chose faite, l’italien tourna la tête pour voir ou en était Froulay en secouant la main qui venait de faire copain-copain avec le nez du vaurien.
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 29.10.11 10:04 | |
| Ah, ces brigands. Ne finiraient-ils jamais par apprendre à quel point les apparences sont trompeuses ? A force, depuis le temps que la Cour était installée à Versailles, ils devraient tout de même s’en être rendu compte. Les nobles ne sont pas tous des couards plus précieux qu’apte à manier une épée ; autant qu’une frêle silhouette comme pouvait l’être celle d’Elodie ne révélait pas systématiquement un faible adversaire. Et pourtant, à voir l’expression qui se peignit sur les traits des deux brigands une fois qu’elle eut paré une ou deux attaques, c’était exactement ce à quoi ils s’attendaient. Un noble remplumé et un gamin maladroit. Un sourire moqueur effleura les lèvres d’Elodie. Comme c’était lassant, il se heurtaient tous aux mêmes erreurs…
Habilement, elle esquiva un coup brutal, avant de prendre à son tour la main sur les attaques, les enchaînant rapidement et avec une habileté qui faisait honneur à sa charge de mousquetaire. Face à elle, les deux brigands perdaient peu à peu de leur superbe, d’autant que s’ils possédaient bien des épées, ils n’en jouaient pas de façon aussi assuré que ce à quoi l’on pourrait s’attendre de leur part. L’un d’eux tenta un assaut forcené, jouant inconsciemment sur le seul point faible visible du jeune homme qui n’en était pas un, à savoir la force physique, mais ayant prévu la chose, Elodie eut un vif pas en arrière, avant de profiter du déséquilibre de son adversaire pour faire sauter son arme de ses mains. Dans un bruit métallique, la lame tomba quelques mètres plus loin, à l’instant même où le dos de Lully se collait au sien.
« Je dois avouer que j’apprécie votre offre de me raccompagner, surtout avec une rencontre pareille sur notre route, Monsieur. Si vous voulez échanger de place, prévenez-moi. Ma paire est assez amusante, vous devriez essayer, vraiment ! lança le musicien. » Elodie allait répondre lorsque l’homme qu’elle avait désarmé sortit une dague de sa manche, alors que son camarade continuait à essayer de la déstabiliser. « La mienne aime les surprises ! répondit-elle, narquois. Moi aussi, d’ailleurs, et je m’en vais leur en faire une aussi ! » Et vivement, elle s’éloigna du musicien pour repartir à l’attaque avec un botte qui débarrassa le pauvre bougre de sa deuxième et dernière arme tout en lui infligeant à la main une blessure qui lui dissuada de tenter quoi que ce soit d’autre. Sans demander son reste, il tourna les talons, laissant à la jeune femme un dernier adversaire.
« Je vous trouve bien esseulé, monsieur, siffla-t-elle à l’intention de celui-ci. » Pour toute réponse, l’homme crispa la mâchoire et lança un coup – brutal, toujours… aucune subtilité – qu’elle para à nouveau, avant de décréter qu’ils s’étaient tous assez amusés comme cela. Rapidement, elle reprit la main sur le combat, et quelques passes plus tard, appuyait son arme sur la gorge du brigand qui fut contraint de lâcher la sienne. « Allez, file maraud, avant que je ne change d’avis ! » Ni une ni deux, l’homme suivit son camarade, et la demoiselle se retourna vers Lully qui en avait fini depuis un petit moment déjà. Ses hommes, quant à eux, étaient à terre, image qui attira un nouveau sourire sur ses lèvres. « Jolis coups, monsieur, lâcha-t-elle en posant les yeux sur le musicien. Mais si vous voulez mon avis, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous ferions mieux de nous éclipser maintenant, avant qu’il ne leur vienne l’idée de prendre leur revanche. »
D’un geste tranquille, elle remit son épée au fourreau et invita le musicien à la suivre. Il fallait qu’elle récupère sa monture avant de faire route sur Versailles.
[Je m’excuse du retard, j’ai honte. Et j’ai honte de ma réponse aussi ><]
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 30.10.11 23:50 | |
| « - Jolis coups, monsieur, lâcha Froulay en posant les yeux sur le musicien. Mais si vous voulez mon avis, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous ferions mieux de nous éclipser maintenant, avant qu’il ne leur vienne l’idée de prendre leur revanche. - Dommage, je me divertissais beaucoup ! L’exercice manque à la cour, n’étant pas vraiment doué dans le maniement des ragots, je crains de m’engraisser quelque peu… »
Tranquillement, les deux hommes rangèrent leurs épées avant que les deux vauriens, que Lully avait assommés, ne se réveillent. Ils retournèrent sur leurs pas pour aller récupérer leurs montures. Pendant quelques secondes, le musicien resta silencieux, réfléchissant à la situation. Il s’était fourvoyé sur le mousquetaire et ne supportait pas cette sensation de malaise qui s’emparait de lui au fur et à mesure qu’il rebroussait chemin. D’un coup, le florentin se stoppa et se tourna vers Eric qui l’interrogea.
« -Je tenais à m’excuser pour mon attitude. Mes derniers actes ne me ressemblent point, acceptez mes excuses, je vous en prie. Je regrette sincèrement de vous avoir importuné de la sorte et faites part de mon regrette à votre jeune sœur, je crains de l’avoir effrayé… »
S’il y avait une chose dont Lully se flattait, c’était qu’il savait reconnaître ses erreurs et s’en excuser sincèrement. Froulay pouvait douter de son repentir si ça lui chantait mais la réputation du compositeur laissait peu de place au doute. Jean-Baptiste était connu pour se tenir au maximum éloigné de la cour, de ne mouiller dans aucune affaire louche et de respecter l’étiquette à la lettre. Depuis le temps qu’il était à la Cour, il avait acquis des avantages que peu de nobles avaient le privilège d’avoir mais ce n’était pas pour autant qu’il en abusait. Il connaissait ses obligations et remplissait les lourdes obligations que sa charge de Surintendant imposait. Après quelques minutes, le florentin se remit en chemin et quelques mètres plus tard, il retrouva sa monture. Il présenta Eric à André qui lui proposa de prendre son cheval le temps qu’ils récupèrent celui du mousquetaire. Etant un serviteur, il était impensable pour le valet qu’un noble marche alors qu’il était à cheval. Au bout de quelques minutes, les trois hommes étaient en selle et reprenaient la direction de Versailles dans le noir le plus complet.
« -Vous savez Froulay, j’ai eu une idée. Elle vous paraîtra sans doute sotte ou peut-être ingénieuse. Que diriez-vous d’être à mon service ? Vous resterez mousquetaire mais si je fais appel à vous, vous n’aurez pas besoin d’effectuer les tâches que votre charge vous incombe. C’est pour votre sécurité, Monsieur, j’ai entendu des bruits courir sur vous et quelque chose me dit que ce que nous venons de vivre se reproduira avec d’autres personnes moins avenantes. Si vous vous engagez à me servir, je me porterais garant pour vous auprès de vos supérieurs et du Roi… Ma protection n’est pas offerte à tout le monde et vous savez que vous y gagnerez. Je ne veux pas de rapports sur vos moindres faits et gestes, seulement votre parole que vos actes ne feront pas offense à mon long de travail pour gagner ma place et ma tranquillité actuelle. »
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 27.11.11 20:13 | |
| « Dommage, je me divertissais beaucoup ! L’exercice manque à la cour, n’étant pas vraiment doué dans le maniement des ragots, je crains de m’engraisser quelque peu… »
Elodie eut un sourire en coin à cette remarque. Lully n’était en effet pas connu pour un fervent amateur de ces duels interdit par feu le roi Louis XIII et qui continuaient pourtant à sévir de façon parfois inquiétante chez les nobles. Et pas seulement parmi les courtisans, lorsque l’on y réfléchissait. Si elle n’en abusait pas, sachant pertinemment qu’être prise sur le fait pourrait le coûter bien plus qu’à la plupart des autres gentilshommes – qui étaient réellement des hommes, eux – jamais elle n’avait refusé un combat lorsqu’il était arrivé qu’on lui lance ce genre de défis. Et jamais elle n’en était ressortie blessée, soit dit en passant. D’un geste tranquille, elle remit son épée au fourreau, les lèvres toujours étirées par cette mimique qui lui était propre ; et, sans répondre, hocha la tête aux paroles du musicien tandis qu’ils se mettaient tous deux rapidement en rapidement en route. Inutile de traîner ici. Elle connaissait assez les rues de la capitale pour savoir que ces quatre brigands ne seraient sans doute pas les seuls à passer par là pendant la nuit ; et elle ne tenait pas à consacrer celle-ci à défaire quelques marauds sans importance.
« Je tenais à m’excuser pour mon attitude lâcha soudain le florentin en s’arrêtant pour faire face au mousquetaire. Mes derniers actes ne me ressemblent point, acceptez mes excuses, je vous en prie. Je regrette sincèrement de vous avoir importuné de la sorte et faites part de mon regret à votre jeune sœur, je crains de l’avoir effrayé… »
Une fois de plus, la jeune femme dû retenir une mimique trop expressive, se laissant aller à l’une de ces moues énigmatiques dont elle avait le secret. S’il savait… Certes, il n’y avait pas à douter ni d’Elodie, ni d’Eric concernant un potentiel ou éventuel complot. Mais en revanche, s’il y avait bien quelqu’un qui prétendait être ce qu’il n’était pas, c’était elle, et Lully n’avait pas totalement tort de se poser des questions. Simplement, le musicien ne se posait pas les bonnes.
« Je vous comprend, monsieur, répondit-elle enfin. Ces derniers temps, on ne sait plus de qui se méfier ou non… Quant à ma sœur, je lui parlerai – car si je doute que vous l’ayez réellement effrayée, elle ne devrait logiquement pas se trouver à Versailles. Ah, ces femmes… ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, intérieurement très amusée par son propre jeu. »
Surtout, ne pas trop diversifié ses mensonges. Elle avait croire à Philippe, et à Ruzé avant qu’il ne découvre la mascarade, que la jeune sœur Froulay n’était pas censée être à Versailles, mais n’en faisait qu’à sa tête – ce qui, au fond, n’était pas totalement faux, n’est-ce pas ? Si elle voulait continuer à tenir la barre, il lui semblait vital de donner les mêmes raisons à quiconque pourrait se poser des questions. Cette excuse étant énoncée, les deux nobles reprirent tranquillement leur route, et commencèrent par s’arrêter aux abords de l’auberge à partir de laquelle Lully avait commencé sa difficile filature. Elodie adressa un signe de tête au domestique qui lui prêta sa monture et, une fois en selle, dirigea la petite troupe vers la rue dans laquelle elle avait laissé la sienne.
« Vous savez Froulay, j’ai eu une idée. Elle vous paraîtra sans doute sotte ou peut-être ingénieuse. Que diriez-vous d’être à mon service ? Vous resterez mousquetaire mais si je fais appel à vous, vous n’aurez pas besoin d’effectuer les tâches que votre charge vous incombe. C’est pour votre sécurité, Monsieur, j’ai entendu des bruits courir sur vous et quelque chose me dit que ce que nous venons de vivre se reproduira avec d’autres personnes moins avenantes. Si vous vous engagez à me servir, je me porterais garant pour vous auprès de vos supérieurs et du Roi… Ma protection n’est pas offerte à tout le monde et vous savez que vous y gagnerez. Je ne veux pas de rapports sur vos moindres faits et gestes, seulement votre parole que vos actes ne feront pas offense à mon long de travail pour gagner ma place et ma tranquillité actuelle. »
La tirade, aussi soudaine que surprenante, laissa d’abord Elodie muette et pensive. Sourcils vaguement froncés, elle dévisagea un instant le musicien, cherchant sur ses traits les motifs d’une telle… proposition. Mais n’y voyant rien de concret, prudente, elle reprit la parole. Toujours se méfier des offres aux apparences si avantageuses.
« Croyez bien que je suis honorée de me voir offrir votre protection, monsieur. Et sans doute serait-il idiot de la refuser tout nettement… commença-t-elle par lâcher. »
Le cortège arrivant près de l’endroit où elle avait laissé son cheval, Elodie s’interrompit, mit pied à terre et retrouva sa propre monture, son bel Hamlet, non sans laisser quelques pièces de pourboire à l’écuyer qui s’en était occupé.
« Je ne fais que peu de cas des rumeurs qui peuvent bien courir sur moi, reprit-elle lorsqu’ils se furent vaguement éloignés. Vous savez sûrement que lorsque l’on sait garder un certain empire sur celles-ci, elles n’ont rien de dangereux. Elle eut un sourire cordial, puis par réflexe, fouilla les sombre alentours du regard. Pour en revenir à notre affaire… je vous l’ai dit : ces derniers temps, on ne sait plus toujours de qui, ou de quoi se méfier. Aussi comprendrez-vous sans doute que je ne pourrais vous répondre sans savoir pour quelles raisons peuvent bien motiver une telle proposition… »
Méfiante comme la louve, certes. Mais dans sa situation, c’était bien le minimum.
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 20.12.11 20:38 | |
| Les paroles de Froulay au sujet de sa sœur rassurèrent quelque peu le florentin qui étira légèrement ses lèvres en un petit sourire. Les jeunes sœurs… impossibles à contrôler pour la plupart, la tête pleine de rêves, d’espoirs rapidement brisés par l’impartialité versaillaise qui ne laissait aucune chance à l’ingénuité adolescente. Peu après s’être excusé, Lully attendit une réaction de la part du mousquetaire qu’il dévisageait l’air de rien. En y réfléchissant bien, sa proposition tombait mal après ce qu’il venait de se passer. Il s’était montré méfiant et maintenant il demandait au français d’entrer à son service. Il y avait de quoi s’avancer en rechignant. L’italien observa les traits de son interlocuteur qui exprimaient plus que de la méfiance. «- Croyez bien que je suis honorée de me voir offrir votre protection, monsieur. Et sans doute serait-il idiot de la refuser tout nettement… Je ne fais que peu de cas des rumeurs qui peuvent bien courir sur moi. Vous savez sûrement que lorsque l’on sait garder un certain empire sur celles-ci, elles n’ont rien de dangereux.»Les pas des montures s’arrêtèrent devant une écurie dans laquelle Elodie retrouva son destrier. Le temps qu’elle se mette à cheval, qu’André reprenne sa place sur le dos du sien, Jean-Baptiste réfléchit aux raisons qui l’avaient soudainement poussé à faire cette offre au soldat. La voix d’Eric le tira de sa réflexion, lui présentant ses arguments tout à fait plausibles et logiques.«- Pour en revenir à notre affaire… je vous l’ai dit : ces derniers temps, on ne sait plus toujours de qui, ou de quoi se méfier. Aussi comprendrez-vous sans doute que je ne pourrais vous répondre sans savoir pour quelles raisons peuvent bien motiver une telle proposition…- Vous savez aussi bien que moi qu’il vaut mieux se protéger au mieux. Considérez ma proposition comme un échange de services. Monsieur de Froulay, je ne peux vous donner que ma parole quant à la sincérité de mes propos. Et puis, être à mon service vous permettrait de diversifier vos tâches. Je vous assure que j’ai plus confiance en vous qu’en vos autres collègues, mis à part votre frère et vos supérieurs. J’ai toujours entendu le plus grand bien de votre famille, me tourner vers vous me paraît le choix le plus judicieux et comme je sais, qu’à Paris, qu’on ne donne jamais sans rien attendre en retour, je vous offre ce que j’ai de mieux.»La méfiance de Froulay était tout à fait honorable. Les puissants de la cour était perçus comme des serpents capables de tous les coups bas pour leur confort et leur réputation. Mis à part certains. Jean-Baptiste sourit à Eric avant de talonner sa monture pour repartir. L'air commençait à se rafraîchir et ce n'était pas le moment de tomber malade avec l'anniversaire du Roi qui approchait. Quelques minutes plus tard, le trio arriva à un carrefour. Le compositeur s'arrêta et se tourna vers son compagnon d'une nuit.«- Nos chemins se séparent ici. Réfléchissez bien et donnez moi une réponse d'ici quelques jours, je saurais attendre que vous pesiez le pour et le contre. Je suis conscient que ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Je vous souhaite une bonne nuit Monsieur de Froulay.»[H.S: ma réponse est miteuse... tu pourras me fouetter si tu veux... ] |
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| Sujet: Re: "It's just a feeling that I have." |Eric de Froulay| 09.01.12 19:08 | |
| On donnait difficilement quoi que ce soit sans rien vouloir en retour, à la Cour, pour la simple et bonne raison que faire preuve de ce genre d’altruisme était aussi stupide ne le serait un joueur révélant ses cartes à son adversaire en espérant que celui-ci n’en profitera pas. Cette vérité, aussi fataliste puisse-t-elle paraître, était de notoriété publique, à Versailles – à telle point que toute proposition potentiellement désintéressée paraissait immédiatement suspecte. Et si Elodie ne soupçonnait pas réellement Lully de vouloir lui tendre un piège, elle n’en était pas moins intriguée par ce qui pouvait le pousser à lui offrir ainsi sa protection. Quand bien même exigeait-il en retour quelques services.
« Vous savez aussi bien que moi qu’il vaut mieux se protéger au mieux. Considérez ma proposition comme un échange de services, répondit le musicien, alors que le mousquetaire avait posé sur lui deux prunelles perçantes. Monsieur de Froulay, je ne peux vous donner que ma parole quant à la sincérité de mes propos. Et puis, être à mon service vous permettrait de diversifier vos tâches. Je vous assure que j’ai plus confiance en vous qu’en vos autres collègues, mis à part votre frère et vos supérieurs. J’ai toujours entendu le plus grand bien de votre famille, me tourner vers vous me paraît le choix le plus judicieux et comme je sais, qu’à Paris, qu’on ne donne jamais sans rien attendre en retour, je vous offre ce que j’ai de mieux. »
A ces mots, elle hocha lentement la tête. Ce qu’il disait se tenait – et elle ne pouvait nier avoir tout intérêt à se ménager la complaisance de personnalités telles que Jean-Baptiste Lully. Plus on a d’amis, mieux on se porte à Versailles… et si elle ne le savait pas encore, les évènements se chargeraient bien assez tôt de révéler à Elodie à quel point elle en aurait besoin.
« Et bien monsieur, je crois que votre proposition mérite réflexion, répondit-elle, toujours prudente bien qu’à peu près convaincue qu’il n’y avait pas à se méfier de son interlocuteur. »
Après tout, pourquoi pas ? Elle n’avait rien à y perdre, et ne risquait pas grand-chose à se mettre à disposition d’un musicien – à moins qu’il n’ait plus à cacher que ce qu’il semblait à première vue. A sa suite, elle talonna Hamlet afin de prendre de la vitesse, interrompant ainsi pour quelques minutes la conversation. Songeuse, Elodie laissa ses prunelles errer sur les alentours. Versailles n’était pas tout près, et peut-être même lui faudrait-il s’arrêter pour la nuit dans une des auberges qui jalonnaient la route qui y menait si elle ne se dépêchait pas. Aussi ne fut-elle pas mécontente lorsqu’arrivé à un croisement, Lully stoppa sa monture.
« Nos chemins se séparent ici. Réfléchissez bien et donnez moi une réponse d'ici quelques jours, je saurais attendre que vous pesiez le pour et le contre. Je suis conscient que ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Je vous souhaite une bonne nuit Monsieur de Froulay. - Prenez garde sur le chemin du retour ! Qui sait sur quels marauds vous pourriez encore tomber, répondit Eric avec une pointe d’amusement dans la voix. » D’un geste de la tête, elle le salua, et l’observa un instant s’éloigner, pensive – avant de pousser Hamlet en direction de la caserne. Voilà qui promettait quelques suites intéressantes…
TOPIC TERMINE.
(hj : la mienne aussi... mais fallait conclure ! A bientôt pour de nouvelles aventures XD)
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