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| Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) | |
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| Sujet: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 28.09.11 18:55 | |
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Eris Aliénor
d'Orival
« La noblesse s'acquit peut-être en vivant, mais la royauté s'acquiert seulement dans la mort. Et ceux qui ne savent pas qui ils sont ne le savent plus que tout autre. »
► 17 ans ► Baronne d'Orival et comédienne ► Françaises et des meilleures maisons de France. Seulement, elle ne le sait pas. ► Célibataire ► Hétérosexuelle
♕ PROTOCOLE ♕
► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?
Eris a la perception de Versailles que toute jeune femme élevée dans un couvent devrait avoir. Il est clair que certaines laissent la tête leur tourner sous le magnifique effet des dorures, des épées brillantes des mousquetaires et de leurs toutes aussi étincelantes galanteries, des robes moirées et des titres de noblesse chatoyants. Mais c’est qu’elles sont faibles. Les religieuses ont bien prévenues leurs couventines, surtout Eris, la seule qui serait vraisemblablement admise à la Cour. Elle sait que Versailles est un lieu de perdition bien dangereux pour une jeune femme comme elle et c’est la raison pour laquelle la jeune baronne évite quelque peu le palais par pure précaution. Mais il faut avouer que déjà, lorsqu’elle voit les fenêtres de cristal, les jardins luxuriants et le décor sublime qui entoure cet écrin de luxe, la noblesse de son âme faiblit un peu face à son goût prononcé pour la préciosité. Peut-être ne serait-ce pas si mal d’y aller que pour savoir en quoi se cache le démon? Oh, et puis, pour qui se prend-t-elle? Malgré son orgueil, Eris est aussi jeune et pétillante que ses anciennes compagnes dont l’honneur est tombé sur le champ de bataille qu’est Versailles. Pourquoi pas elle? Il faut dire qu’elle a toujours admiré ces grandes dames aux tenues élégantes, ces bals masqués et ces beaux gentilshommes galants…
► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?
Si quelqu’un devait naturellement être au courant du complot, il s’agirait bien d’Eris. Après tout, elle est la fille de celui qui veut renverser le pouvoir. Si elle croyait au complot, elle saurait que le titre de princesse royale lui tomberait sur la tête en même temps qu’une couronne. Cependant, elle est une des seules qui n’en sait strictement rien. Prise entre son métier de comédienne et celui de dentellière, sans oublier son titre de baronne, Eris aurait été extrêmement chanceuse d’entendre quelque chose à ce sujet. Si un ami lui en glissait un mot, elle serait bien étonnée que quelqu’un veuille détrôné Louis XIV. Cependant, sans qu’elle ne le sache et sans qu’elle ne comprenne pourquoi, une partie d’elle-même remuerait d’excitation à cette idée.
► COLOMBE OU VIPÈRE ?
Comment expliquer cette question épineuse? Il est vrai que la personnalité complexe d’Eris rend le tout extrêmement difficile à répondre. Si la gentille dentellière Blanche est une sainte colombe, qui dit du bien de tous les honnêtes gens, on ne peut pas en dire autant d’Eris. La baronne d’Orival, saisissant davantage la complexité et la subtilité du monde que son amie, peut facilement se laisser dériver sur des ragots concernant un monde qui la fascine. Sans en inventer, elle en répète beaucoup, y ajoutant souvent des détails croustillants par pur plaisir. Elle n’en voit guère le mal puisqu’elle ne connaît aucunement les gens de qui elle parle, mais Eris, maligne, s’est bien aperçue que sa popularité a augmenté depuis qu’elle racontait des histoires bien croustillantes en provenance directe de la Cour.
► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?
Des loisirs? Il est évident qu’ayant vécu sa jeunesse dans un couvent, Eris n’a guère eu l’envie d’en développer de très nombreux si ce n’est ceux autorisés par les sœurs. La broderie, la couture, le dessin, le chant, la musique. Si Eris y est douée comme toute jeune femme de la noblesse, elle ne peut pas dire qu’elle aime réellement ces passe-temps qu’elle considère ennuyeux. Pétillante, vive, futée et intelligente, Eris a toujours aspiré à davantage. Depuis qu’elle a quitté le couvent, elle dévore tous les livres qu’elle peut trouver, correspondances, romans, théâtre, traités historiques, tout.
Mais c’est surtout la danse qui la passionne. Il est la seule activité physique qu’elle apprécie, d’ailleurs. Courant les bals de la capitale, Eris se transforme lorsque la musique l’envahit, qu’elle s’exprime, mais sans ouvrir la bouche, sans se demander qui elle est réellement. Les religieuses l’ont bien mise en garde, la danse est une séduction du démon, mais Eris s’en moque. Elle adore et ne laisserait rien au monde la priver de se plaisir.
Si la danse est une passion, le théâtre est pour Eris une seconde peau, sa vie. C’est possiblement ce qui l’a changée, c’est ce qui la fait oublier chaque soir qu’elle peut être qui elle souhaite, que sa vie est sans attache et que sa liberté est sans limite. Se plaisant à jouer les rôles de vierges, de princesses et de naïves, Eris ne pourrait se passer des applaudissements de son public, même si parfois la baronne en elle se rebute contre son métier de comédienne.
La schyzophrénie peut être considérée comme un loisir, dites?
Des envies? Oh, vous savez, pas besoin du pluriel. De toute sa vie, Eris n’a toujours eu qu’une seule envie, celle de retrouver ses parents. Se sentant digne d’un grand destin romanesque, la jeune femme n’attend que le moment où il daignera se présenter à elle.
♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕
► Louis II de Bavière. Fou comme lui, en tout cas! ► 21 ans ► Tous les jours, parce que je n'ai rien d'autre à glander dans mon asile. ► Code bon by Lisa► Un petit oiseau m'en a parlé ► Couronner mon personnage princesse de France? (a) Non, alors... Je vais aller pleurer un peu, pardonnez-moi...
Dernière édition par Eris d'Orival le 10.10.11 6:53, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 28.09.11 20:29 | |
| ♕ UNE ENFANCE UNIQUE ♕
24 juin 1649, Saint-Jean-Baptiste.
Le soleil avait été de plomb durant toute la journée. Une journée parfaite. Une journée d’été, du mois de juin. Chaude, humide, sans vent, ensoleillée. La pièce d’eau du château reflétait l’astre solaire et les oiseaux ne chantaient que peu à cause de la chaleur accablante. Dans ce début de soirée, la couleur du ciel se dorait progressivement, teintant les nuages de rose. Au loin, se dessinaient les hauts murs d’un couvent. À la deuxième fenêtre de la tour droite, on pouvait voir un curieux spectacle.
Une jeune fille blonde entra en catastrophe. Sa tenue était parfaite en tout point. Des perles à ses oreilles, à ses impeccables gants blancs jusqu’à ses souliers qui ne semblaient pas avoir touché le sol. Ses yeux bleus, possiblement trop grands, parcouraient la pièce avec anxiété, alors que sa charmante bouche en cœur était entrouverte. Entendant des pas derrière elle, la jeune fille se retourna rapidement faisant tourner sa robe rose. Un adolescent, tout aussi élégant qu’elle, lui faisait face. Il était pâle, raison pour laquelle la jeune fille se précipita vers lui. Après s’être assurée qu’il resterait sur ses jambes, les yeux de la demoiselle se firent inquisiteur.
-Ou est-elle?
-Dans la chambre d’à côté. Elle dort pour l’instant.
Aussitôt, la jeune enfant se précipita dans la direction indiquée. L’adolescent resta seul quelques secondes après que les jupons roses eurent disparus. Se levant lentement, il étira son long corps avant de frotter ses yeux engourdis de fatigue. Rejoignant la fillette, le jeune homme se rendit dans la chambre voisine. Dans un lit aux draps de lin, la tête reposée sur une dizaine d’oreillers, une jeune femme dormait. Ses joues roses faisait ressortir la pâleur aristocratique de son teint. De longs cheveux couleur de noisette cascadaient sur une robe de nuit rendue transparente par la sueur. Adossé contre le battant de la porte, l’adolescent fixait cette jeune femme et la fillette qui lui caressait les cheveux. Soupirant, il jeta un coup d’œil à l’extérieur de la chambre. Une nourrice donnait son sein à un enfant emmitouflé dans ses langes. Cette campagnarde était large de hanches, avait une gorge pleine et des pommettes rebondies. On l’avait choisi pour ces qualités. Son lait devait être de première qualité. Un bébé comme celui-ci ne naissait pas à tous les jours.
Sous les caresses de sa sœur, la nouvelle mère se réveilla. Ouvrant ses yeux, elle regarda la pièce, perdue. Puis les événements semblèrent se lier dans sa tête et son visage s’illumina. Aussitôt qu’il le remarqua, le jeune homme, toujours à l’écart, claqua des doigts et pointa les escaliers de son bras. La nourrice comprit immédiatement, se leva et apporta l’enfant. La mère comprit trop rapidement ce qui se passait et tenta de se lever du lit. Le jeune homme se précipita vers elle pour l’empêcher de se mettre debout. La fillette rose enserra la taille de sa sœur en tentant de la retenir. La pauvre fille se débattait de toutes ses faibles forces.
-Laissez-moi! Laissez-moi, je vous dis! Je veux la voir!
-Arrêtes, Gabby! tenta mollement l’enfant.
-Elle est déjà partie. C’est trop tard, expliqua le jeune homme.
Entendant ces mots, la jeune mère se mit à pleurer, les épaules secouées par sa peine. S’effondrant dans les bras de son amant, elle poignarda son dos de ses ongles. Elle ne s’en rendait pas compte. Son cœur s’était déchiré lorsqu’elle comprit que sa fille, celle qu’elle avait porté durant neuf mois, celle qu’elle avait enfanté dans la plus affreuse douleur, celle en qui elle avait placé toutes ses espérances, était partie et qu’elle ne la reverrait peut-être jamais.
-Pourquoi? Pourquoi m’avez-vous fait cela? Demanda-t-elle à son amant en le fixant, les yeux bordés de larmes.
Il ne répondit pas, se contentant de soutenir son regard.
-Comment… comment s’appelle-t-elle? osa-t-elle, ne pouvant pas croire qu’on lui refuserait cette réponse.
Voyant qu’elle était légèrement plus clame, le jeune homme lâcha les épaules de la mère de sa fille.
-Éris, dit-il simplement.
-Éris… répéta la jeune femme comme dans une transe.
Ce qu’il ne lui dit pas était que ce nom était celui de la déesse grecque de la Discorde et pour lui, ce prénom lui était extrêmement significatif.
-Je serai sa marraine, Gabby, ne t’inquiètes pas pour elle, enchérit la fillette.
Les sanglots reprirent de la part de la jeune femme. Elle ne pouvait croire que cette fille lui était enlevée. Elle lui manquait déjà, même si elle n’avait pas eu la chance de la voir. Mais c’était ainsi. Elle n’avait guère le choix. Une enfant illégitime née des amours du dernier des Valois, Hector de Valois, et de l’aînée d’une des plus anciennes et plus nobles familles de France, Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, dont la marraine sera plus tard l’illustre Athénaïs de Montespan. Avec une famille comme celle-la, mieux valait l’ignorer.
24 décembre 1653 ;
4 ans et demi… Cet âge n’est vénérable qu’à celui qui le porte. Lorsqu’on est enfant, la demie, le six mois qui séparent d’une autre année, est extrêmement important. Pour une jeune fillette, elle avait aujourd’hui la demie de sa quatrième année. Et en plus, c’était la veille de Noël. Comment ne pas être enthousiaste face à cette belle journée? Une fine neige, à peine quelques flocons, recouvraient la cour lorsqu’elle s’était réveillée le matin. Glissant ses pieds dans ses pantoufles de fourrure de Nouvelle-France, enfilant rapidement un peignoir, elle s’était précipitée à la cuisine. C’était aujourd’hui qu’elle recevait une nouvelle gouvernante. On l’avait avertie. Le château dans lequel elle habitait avait une bien mauvaise réputation… Une ancienne nourrice lui avait dit qu’il était hanté. Évidemment, la fillette n’y croyait aucunement; elle habitait les lieux depuis toujours et le château était une vraie demeure de campagne, fleurie à outrance pour le plaisir de la demoiselle, ensoleillée par les hautes fenêtres, encerclée d’un écrin de verdure… La seule chose qui pouvait faire penser à un fantôme était un grand homme blond, mince, jeune, beau, qui traînait souvent dans la demeure sans réellement adresser la parole à la jeune fille. Mais il ne faisait pas peur. Au contraire, pour elle, il semblait presque rassurant. Malgré tout, il était bien rare que le personnel ne reste plus que quelques mois. Il changeait tout le temps. La demoiselle le savait et ne s’attachait à personne. Et seulement quelques semaines après leurs départs, elle ne pourrait que difficilement se rappeler d’eux. Et cette journée-là, la jeune fille avait sa première gouvernante, celle qui lui apprendrait tout, et non plus, une nourrice qui jouerait avec elle.
Enthousiaste, la demoiselle avala son chocolat et prit quelques bouchées de pain, avant de remonter en hâte vers sa chambre où elle se fit habiller. Quelques minutes plus tard, alors qu’elle jouait aux poupées, on l’appela dans la salle d’études qu’on avait préparé pour elle.
Une femme austère, au bonnet serrée et au collet brodé, s’y tenait. Sa robe noire, à la coupe droite, contrastait avec la robe rose de princesse, remplie de dentelle et de fleurs de celle qui la regardait en fronçant les sourcils. La femme n’avait même pas l’air à sa place dans la pièce faite pour les enfants.
-Mademoiselle, dit cette femme, d’une manière fort auguste.
Ses yeux noirs détaillèrent la fillette, qui se sentit rougir sous l’examen. Elle se risqua :
-Bonjour, vous.
Le sourcil droit de la femme s’éleva en accent circonflexe. Ses lèvres se pincèrent, alors qu’elle observait l’enfant avec un regard hautain.
-On m’avait prévenue, mademoiselle, que vous étiez seule ici, excepté le service. Cela se voit au premier coup d’œil. Personne ne vous a élevée, manifestement.
Les yeux de la fillette se remplirent de larmes. Cette femme lui annonçait qu’elle avait quelque chose de mal, mais même en réfléchissant, elle ne trouvait rien. Se renfrognant, elle se mordit les lèvres pour éviter de pleurer. Déjà, la fierté était forte chez l’enfant.
-Présentez-vous, mademoiselle, ordonna presque la gouvernante.
-Éris, répondit simplement la fillette.
-Oui, c’est ce que je craignais. Votre éducation est bien insuffisante. Assoyez-vous, mademoiselle.
L’enfant obéit, tout en ne comprenant pas encore où elle avait échoué. Ses petites mains tordaient le tissu de sa robe nerveusement. Elle n’arrivait pas à regarder cette femme dans les yeux. Pour la première fois de sa vie, elle ne dominait pas la situation, elle ne dominait pas ceux qui l’entouraient et cela la blessait.
Entendant des pas dans le couloir, Éris se retourna et vit dans le cadre de la porte, cet homme inconnu. Son nez droit lui donnait un air de majesté, tout comme son regard bleu, qui semblait toujours planer en toute supériorité sur les hommes. Habillé impeccablement, il s’adossa contre le battant et avec un visage neutre, il s’adressa à elles :
-Continuez.
La gouvernante acquiesça du bonnet et reporta son vilain regard sur l’enfant.
-Testons vos connaissances, Mademoiselle. Dans quel royaume habitez-vous? -Le royaume de France, Madame, répondit Éris, docilement, en fixant ses mains.
-Que pouvez-vous me dire sur ce pays?
Éris réfléchit, mais ne trouva rien à dire. Elle était plutôt troublée. En effet, elle était totalement effrayée de cette femme. Désespérée, elle finit par nier de la tête, faisant rebondir ses boucles blondes autour de son visage pâle de colère.
-Huuum, intéressant… Vous ne pouvez pas me dire le nom de la capitale de France?
La jeune enfant savait quelle était cette réponse, mais elle était trop fâchée pour répondre. Qui était cette femme qui entrait ici comme chez elle et se pensait meilleure qu’elle? Jamais Éris n’avait été insultée de sa vie et cet affront lui paraissait le pire au monde. De blanche de colère, elle passa à rouge de frustration. Un goût métallique de sang passa sur sa langue lorsqu’elle réalisa trop tard qu’elle s’était mordue les lèvres trop fort. Elle nia une nouvelle fois de la tête.
-Bien… Essayons une nouvelle fois.
Cette fois, Éris ne supporta plus cette soumission à laquelle on ne l’avait jamais préparée et elle leva son visage vers cette femme, la fixant de son regard appuyé.
-Quel est le nom de notre Roi?
Éris perdit véritablement patience et se levant avec fracas, elle fit face à sa gouvernante. Hurlant, cette petite harpie lui jeta la réponse :
-Louis XIV, et je le déteste, car c’est lui qui vous a envoyé ici!
D’un coup de pied, elle renversa la table passa et se mit à courir vers la sortie en pleurant. L’inconnu, qui avait assisté à toute la scène, s’éloigna juste à temps pour la laisser passer. Éris descendit en courant les escaliers, renversant un vase au passage. Il éclata sur le sol de marbre, mais elle ne se retourna même pas pour regarder son dégât. Attrapant sa cape de velours rouge, elle sortit du château, se dirigeant directement vers les écuries. En la voyant, un écuyer scella son poney, sur lequel elle grimpa dès son arrivée. Galopant avec la faible capacité de son cheval et de son pauvre talent en équitation, Éris s’éloigna du château. L’air froid de la nature faisait brûler ses larmes salées sur ses joues. En séchant, elles étirèrent la peau tendre de l’enfant. Bientôt, ses lèvres devinrent bleues et ses joues rouges. Revenant vers l’écurie, elle vit l’inconnu qui marchait vers elle. Son regard se fixa sur lui. Étrangement, malgré toute la prestance de cet homme, devant tout ce qu’elle ressentait à son égard, elle n’avait nullement peur de lui. Se rapprochant d’elle, il arrêta sa monture en prenant les rênes de ses mains non-gantées. Il la fixa de ses impérieux yeux bleus. Éris ne baissa pas son regard, mais elle savait qu’elle avait mal agi. Elle ne savait pourquoi, mais ce n’était pas envers la gouvernante qu’elle se sentait coupable, mais envers lui. Baisant la tête, Éris glissa un sourire désolé sur ses lèvres.
-Pardonnez-moi, Monsieur.
-Au contraire, au contraire. Je suis fier de vous, Mademoiselle.
L’homme se rapprocha encore davantage et la souleva de sa scelle pour la poser au sol. Il lui jeta un drôle de regard. Éris lui sourit, franchement cette fois.
-Joyeux Noël, Monsieur.
-Joyeux Noël, répondit simplement l’homme.
Un sourire se glissa au coin de ses lèvres, alors qu’il garda son regard sur elle. Puis, il repartit vers le château. Éris resta, seule, glacée, dans la neige, son poney près d’elle. Et elle ne revit plus jamais de gouvernante au château.
8 avril 1656 ;
-Mademoiselle d’Orival, entrez.
La jeune fille, qui était assise dans le couloir sur un long banc en bois ciré, se leva. Ses souliers résonnèrent dans le couloir vide. Elle entra dans le bureau et s’assit devant la Mère Supérieure du couvent. Elle ne voyait de cette dernière que ses mains fripées tenant fermement une plume, son chapelet cognant sur la table à chaque mouvement et le noir de sa coiffe. Intimidée, Éris attendit que la religieuse prenne la parole. Ce qu’elle fit avec un toussotement, après avoir posé sa plume.
-Mademoiselle, vous êtes dans ce couvent depuis maintenant deux ans. Et, je vais être honnête avec vous, je n’ai guère vu d’amélioration. Vous avez d’excellents résultats en classe, mais voilà le seul compliment que je peux vous faire. Vous êtes dissipée aux messes, vous êtes insubordonnée en classe et que dire de votre comportement envers vos camarades…
-Elles me le rendent bien, ma Mère.
-Je ne veux rien entendre, mademoiselle. Vous allez améliorer votre comportement… Vous seriez bien obligée; je ne sais plus quoi faire de vous.
Éris hocha de la tête en signe de compréhension, avant de se retirer. Refermant la porte du bureau de la Mère Supérieur, la jeune fille était dans une humeur pensive. Marchant dans le couloir pour retourner à la cour, elle se demandait pourquoi on l’avait fait passé du magique château de son enfance à cette prison. Elle avait toujours eu tout ce qu’elle désirait, tout ce qu’elle souhaitait arrivant par magie à elle. Maintenant, elle devait prier, obéir, demander, remercier. Éris avait eu beaucoup de difficulté à se faire à ce changement. Mais que pouvait-elle y faire? S’enfuir? Et pour aller ou? Elle ignorait totalement ou se trouvait le château qu’elle avait habité. Se plaindre? À qui? Elle ne connaissait personne. Oui, il y avait bien ce mystérieux homme blond qu’elle avait vu à quelques reprises durant son enfance et qui était venu la reconduire au couvent en berline. Mais elle n’avait jamais su son nom, ni qui il était. À son arrivée, lorsqu’elle avait demandé à une sœur quand on la renverrait chez elle, celle-ci lui répondit qu’elle pourrait rentrer quand son éducation serait faite. Éris avait donc de nombreuses autres années à passer dans cet austère couvent aux pierres grises niché dans une montagne ou ne parvenait jamais le soleil. Arrivant dans la cour, elle s’assit sur les marches, désespérée, ne sachant que faire. Elle allait devoir s’habituer, mais comment? Comment le pouvait-elle, alors que tous les souvenirs qu’elle chérissait s’effaçaient jour après jour, qu’elle commençait à oublier sa vie avant d’arriver à cet endroit? Alors qu’elle était toujours la seule à ne pas recevoir de visites, alors qu’elle n’avait aucune amie?
Un caillou vint percuter le mur de pierre derrière elle. Éris leva la tête et vit quelques filles de sa classe devant elle. La plus grande lançait et rattrapait des roches. Se retournant vers l’endroit ou le premier caillou avait atterri, Éris comprit que cette roche la visait, mais que la fille avait tout simplement manqué son lancer. Comprenant la provocation, Éris se leva et fit face à ses compagnes de classe.
-Laissez-moi tranquille!
-Oh, la démone veut qu’on la laisse tranquille? ironisa celle qui semblait être la chef du groupe.
Éris, qui avait l’intention de respecter les volontés de la Mère Supérieure, ne put néanmoins s’empêcher de relever l’insulte.
-Je ne suis pas une démone, démentit-elle seulement en les fixant.
-Nous, on a des prénoms de saintes, tu vois? Catherine, Lucie, Agnès et Agathe.
Un sourire mesquin fit place sur les lèvres d’Éris.
-Eh bien, moi, j’ai un nom de déesse, dit fièrement la jeune fille. D’ailleurs, cela va de soi. Remarquez que je suis la seule ici de nobles. Vous n’êtes que de simples bourgeoises.
-De déesse païenne, oui, rectifia l’une d’entre elles.
Le regard d’Éris se fit profond et inquiétant. Elle s’avança vers elle les pointant une à une du doigt.
-Alors la déesse païenne que je suis souhaite que vous mourriez chacune comme vos saintes martyres. Agathe, les seins arrachés. Agnès, égorgée. Lucie, brûlée vive. Catherine, rouée.
-Sale sorcière! se défendit alors l’une d’entre elle.
Le sang d’Éris ne fit qu’un tour. Les larmes aux yeux, elle se jeta sur le groupe de filles, en hurlant. Attérissant sur l’une d’entre elle, elle se mit à la rouer de coup, avant que ses amies ne lui viennent en aide, tirant Éris par les cheveux. Les religieuses vinrent vite séparer leur ouailles. Et sous le récit des quatre filles, Éris se retrouva en cabine d’isolement.
Oui, il était vrai qu’elle l’avait mérité. C’était bien la première fois qu’on la punissait et qu’Éris reconnaissait qu’on avait raison de la punir. Elle avait été trop loin en souhaitant la mort de ses compagnes, mais elles avaient été méchantes avec elle. Et Éris d’Orival ne laissait personne lui marcher sur les pieds.
Se levant glisser contre le mur en soupirant, Éris laissa échapper un soupir.
-Tu as été punie aussi? Demanda une voix, qui fit totalement sursauter la jeune femme.
Levant les yeux, Éris remarqua une jeune fille, aux cheveux couleur de châtaigne, aux yeux d’un bleu délavé, qui éclairait son visage rond. Un sourire timide faisait hausser ses pommettes pleines. La confiance s’établit immédiatement entre elles.
-Oui. Péché d’orgueil. Toi?
-Péché de gourmandise. J’ai pris 2 morceaux de gâteau au déjeuner.
-Tu t’appelles…?
-Blanche.
Un sourire étrange se fit sur le visage de la jeune fille. Blanche, évidemment, en l’honneur de Sainte Blanche. À quoi s’attendait-elle? S’avançant vers sa nouvelle amie avec un sourire sincère, elle se présenta. Les deux filles ne devaient plus jamais se quitter dorénavant.
Dernière édition par Eris d'Orival le 10.10.11 15:17, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 08.10.11 5:58 | |
| ♕ Une jeunesse provinciale ♕
19 juillet 1660;
-Suivez en rangs serrés, mesdemoiselles. Tenez la main de votre compagne. Et surtout ne vous éloignez en aucun temps de Soeur Bénédicte et moi-même.
Éris sourit à Blanche, qui resserrait sa main. Évidemment. Blanche était très docile face aux consignes des religieuses et ne laissait aucune directive lui échapper. Lors de cette visite en ville afin d'aller visiter la cathédrale, elle le faisait encore davantage que dans les promenades ordinaires. Il ne s'agissait pas de la forêt, d'un chemin de campagne, mais bien d'une grande ville. Une ville avec tous les péchés qui s'y cachaient. Bien que vieille que son amie, Blanche ne pouvait s'empêcher d'être davantage craintive. Les pas de la jeune femme étaient plus lents qu'au couvent et sa respiration était plus précipitée. Ce fut donc sans grande difficulté qu'Éris remarqua la peur de son amie. La seule qu'elle avait et la plus chère qu'elle aurait jamais probablement.
-Blanche, ne soyez pas si effrayée. Nous sommes sous la bonne garde de Soeur Bénédicte et Soeur Marie de la Miséricorde. Que peut-il nous arriver? -Mais voyons, ne voyez-vous pas ces vieillards qui nous regardent de manière lubrique? On se croirait incarner Suzanne au bain!
Éris regarda autour d'elle et vit un vieux boulanger qui souriait à leur passage discipliné et un avocat mi-quarantaine qui traversait la rue d'une allure vive. Elle sourit devant la panique de son amie. Coquette, elle replaça son tablier et rendit le sourire au boulanger. Même si elle l'avait fait pour rassurer son amie, cette dernière ne le vit pas ainsi et elle frappa l'épaule d'Eris.
-Ça fait longtemps que je suis votre amie, ma chère, et je ne vous ai jamais vu aussi déplaisante. Vous êtes même ennuyante! dit la jeune femme sans le penser une seconde.
-Je ne suis pas ennuyante! Je suis obéissante, rectifia Blanche. Et vous devriez l'être aussi!
Blanche continua de marcher, alors qu’Éris lâcha sa main. En courant, le regard fou, elle s’enfuit du groupe. Sœur Bénédicte se mettait déjà à la réprimander en criant, mais Éris continua sa course sans l’écouter. Immédiatement, la religieuse fit signe à Blanche d’aller rattraper sa compagne. Avec des yeux effrayés, la jeune fille se mit aussitôt à la poursuite de son amie. Elle courait, suivant la robe grise de sa camarade. Elle la retrouva finalement arrêtée devant une maison, nommée la Rose d’Or. Devant cette maison, il y avait une jolie adolescente brune à qui Éris parlait. Blanche s’étouffa presque et courut jusqu’à son amie, qu’elle tira par le bras.
-Blanche, voyons! Calmez-vous. Je parlais seulement à mademoiselle, qui est bien gentille.
Le visage de la couventine vira au rouge sous cette révélation. Elle lâcha la main de son amie et se retourna vers elle, littéralement bouche bée. Éris la regardait les sourcils froncés.
-Cette fille est une demoiselle de nuit, Éris. Nous ne devons pas lui parler! Elle est vile et mérite l’enfer,
-Quoi? Mais qu’est-ce que vous racontez?
-Éris, venez! cria presque Blanche, excédée.
La jeune fille soupira et sourit à son interlocutrice.
-Tu t’appelles?
-Joséphine La Grange.
-Je vais revenir te voir, s’écria Éris, avant de repartir à la course à la suite de Blanche.
Lorsqu’elles revinrent dans le rang, notre jeune héroïne avait gagné un jeûne et deux chemins de croix à faire. Cependant, ce n’était pas le genre de punition qui effrayait Éris; son caractère était bien trop trempé pour s’en faire avec de telles réprimandes. Blanche, par contre, se fit adresser les félicitations de la religieuse. Les couventines et leurs surveillantes continuèrent leur promenade sous le chaud soleil d’été. Sous sa robe épaisse, Éris se sentait à l’étroit et le tissu, devenu rugueux par la chaleur, écorchait sa peau.
Par contre, un sourire coquin illumina le visage d'Eris lorsque le petit groupe s'arrêta devant la cathédrale. Alors que Soeur Bénédicte montrait les différents vitraux et les histoires bibliques qu'ils illustraient, toutes avaient les yeux fixés vers le ciel. Ce fut l'instant parfait! Éris, serrant fortement la main de son amie, la tira et se mit à courir en direction opposée de la cathédrale. Blanche, trop surprise pour crier, tentait de résister à son amie, qui était visiblement plus forte qu'elle. Elle se fit mener jusque dans une ruelle sombre, où elles s'arrêtèrent, hors de souffle, sous le chaud soleil de juillet. Adossée contre un mur de pierre, Éris tentait de reprendre son souffle. Blanche la fixait d'un regard effrayée que son amie ne remarqua qu'après quelque temps.
-Quoi? Qu'est-ce qu'il y a?
-Nous devions rester avec le groupe! s'écria Blanche à bout de nerfs.
-Je m'ennuyais, prétexta mollement Éris en haussant les épaules avec un regard angélique.
-Venez! On y retourne à l'instant!
-Allez-y seule. Je ne retourne pas là-bas, répliqua la jeune femme, le menton hautain.
-Il n'en est pas question!
-Écoutez, Blanche, soit vous venez avec moi, soit vous retournez en ville... Seule, dit-elle en mettant de l'emphase sur le dernier mot.
Ensuite, elle fit mine de partir, se retournant, laissant son amie quelques secondes de réflexion. La fille de juge de province n'hésita guère. Quant à retourner seule, aussi bien rester avec Éris. Elle pourrait toujours prétexter qu'obéissante, elle n'avait pas osé lâcher sa main. Éris eut un sourire de victoire lorsqu'elle entendit les souliers de son amie courir en sa direction.
-Je viens! Mais on retourne au couvent!
-Blablabla, ricana Éris, agaçant son amie.
Car, une des raisons pour laquelle les deux demoiselles s'entendaient si bien était leur totale opposition. Vous avez déjà entendu le proverbe "les contraires s'attirent"? Eh bien, c'était exactement ça pour elles. Blanche, pieuse, intelligente, douce, soumise, complétait à perfection, Éris, rebelle, indisciplinée, dissipée et mesquine. Si elles avaient pu être les deux dans le même corps, elles auraient incarnées la femme parfaite.
Marchant dans les rues de la ville depuis quelques temps, Blanche crut qu'elles s'étaient perdues, alors qu'Éris n'osait pas admettre que son excursion n'était peut-être pas la meilleure idée. En effet, elle n’avait pas du tout la moindre idée d’ou elles étaient. Si au moins, elles pouvaient retrouver le chemin du couvent. Après une vingtaine de minutes de marche, les deux jeunes filles atteignirent la sortie de la ville et l’orée de la forêt. Elles étaient sur le bon chemin sans aucun doute. Mais lorsque Éris aperçut entre les arbres, le lac de la propriété du couvent, elle décida d’entraîner son amie pour une baignade avant de rentrer. Contrairement à ce qu’elle aurait cru, Blanche ne fit aucune difficulté. Son visage rouge indiqua même qu’elle serait ravie de se joindre à elle. Descendant la faible colline, les deux amies se rendirent jusqu’au lac, se déshabillèrent et sautèrent à l’eau en riant. Éris, bonne nageuse, plongea sous l’eau et alla tirer les pieds de Blanche, qui se mit à crier jusqu’à ce que son amie remonte à la surface. Lorsqu’elle comprit le mauvais tour, elle se mit à l’asperger d’eau. Sa copine se mit à crier sous l’attaque avant de répliquer. Elle s’approcha d’elle pour l’asperger totalement et Blanche, énervée, poussa son amie sous l’eau, en ricanant. Évidemment, cela ne prit aucun effort pour Éris de se dégager. Remontant à la surface, elle se vengea en tenant Blanche sous l’eau. Elle riait, alors qu’elle voyait les mains de son amie s’agiter à la surface. Elle riait toujours, alors que des bulles remontaient à la lumière. Elle riait toujours lorsque les bulles cessèrent. Ce n’est que quelques instants plus tard, Éris réalisa que son amie ne tentait plus de se défendre. Qu’elle ne se débattait plus. Retirant ses pieds des épaules de Blanche, la jeune femme se fit toute silencieuse. Son ventre se tordait affreusement sur lui-même. Les oiseaux s’étaient tus. Un nuage avait passé devant le soleil. Éris sentait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas bien. S’éloignant légèrement, elle vit son amie remonter à la surface. Rassurée, elle se jeta sur elle en criant son nom. Ce n’est que lorsqu’elle cala avec elle qu’Éris se redressa et regarda le visage de son amie. Ses yeux ouverts étaient fixes et son regard effrayé, mais ce fut sa bouche ouverte, aux lèvres bleues qui terrifia Éris, qui se mit à hurler. Tirant son amie jusqu’à la berge, elle se mit à la secouer, la frapper. Éris ne voyait plus rien, les larmes lui retiraient totalement la vue, lui brûlant les yeux. Elle se mit à crier le nom de son amie. Elle ne sut jamais combien de temps elle cria ainsi, se débattant contre la mort qui tenait déjà le corps de Blanche, mais lorsque des religieuses la virent finalement, attirées par le bruit et mises en alertes par leur disparition, les cheveux d’Éris étaient secs et sa peau avait pris une dangereuse teinte bleutée. Les religieuses tentèrent de séparer les deux amies, mais les ongles d’Éris s’accrochaient désespérément dans la peau de son amie. Une sœur prit finalement Éris par la taille et la tira vers elle. Comme possédée, la jeune femme se débattit frappa la religieuse, qui, surprise, la lâcha. Automatiquement, Éris, tombée sur ses genoux, rampa jusqu’au corps de son amie qu’elle se mit à entourer de ses bras. Elle chuchotait toujours son nom et flattait ses cheveux. Les yeux de Blanche étaient toujours ouverts sur l’immensité de la mort. Éris n’en avait même pas connaissance. Ce qui comptait, c’était seulement de rester avec elle. Avec la seule personne qu’elle eût jamais aimé. Avec sa seule amie. Avec la personne qu’elle avait tuée.
15 septembre 1660 ;
-Eh bien, ma sœur? Y a-t-il quelque problèmes avec mademoiselle d’Orival?
-Oui, ma mère.
-J’imagine que c’est pour cela que vous la gardez enfermée?
-Effectivement. Sinon, vous comprenez bien que je ne l’aurais pas fait.
-Et qu’est-ce qu’elle fait? demanda la mère supérieure en regardant par le guichet.
Elle vit la jeune fille stoïque, le regard fixe, les yeux dans le vide. Ses mains étaient croisées derrière son dos. Son maintien était impeccable et sa coiffure, parfaite. La mère supérieure se retourna vers sa subordonnée.
-Elle m’a l’air parfaitement calme, continua-t-elle.
-Oh! Ce n’est pas qu’elle est énervée, ma mère. Au contraire, elle est plus disciplinée qu’avant. Mais parfois… Comment dire? Depuis l’accident, parfois, mademoiselle d’Orival croit qu’elle est Blanche.
-Celle qui est morte avec elle au lac, c’est cela?
-Oui, ma mère. Éris ne cesse de dire qu’elle a tué Blanche et quelques secondes plus tard, elle réagit, parle et bouge comme Blanche. Vous saviez combien elles étaient différentes, n’est-ce pas? Et bien, il y a des jours ou Éris persécute Catherine et Agnès et d’autres, ou elle s’excuse et les supplie d’accorder leur pardon à Éris, alors que c’est elle-même qui parle. D’après ce que j’ai pu remarqué, nos protégées pensent encore que c’est une mauvaise plaisanteries d’Éris, mais elles sont très effrayées de son agissement. Je n’ose pas vous le cachez.
-Je comprends. Donnez-moi la clé.
Elle déverrouilla la porte et entra dans la pièce, laissant la sœur dehors. Lorsqu’elle entendit la poignée tourner, Éris se retourna. La mère supérieur la regarda, ne sachant si elle devait aller vers elle ou plutôt rester ou elle était. Le visage d’Éris, d’un oval pur, exprimait la plus grande lassitude et sa profonde tristesse se distinguait clairement dans ses immenses yeux bleus. Ses longs cheveux blonds bouclaient sagement sur ses épaules. Éris fixait la mère supérieure sans vraiment se soucier de sa présence et elle ne tenta surtout pas d’amorcer la conversation. Au contraire, elle se retourna vers la fenêtre. Ce fut le moment que choisit la religieuse pour attaquer.
-Mademoiselle d’Orival?
-Éris n’est pas là, ma mère, déclara clairement la jeune femme en regardant toujours l’extérieur.
-Et ou est-elle?
-Vous l’avez mise en punition. Elle s’était extrêmement mal comportée.
-Et vous êtes…?
-Blanche, dit Éris en se retournant avec un sourire étrange, trop doux pour qu’il aille bien avec son visage. Vous ne me reconnaissez pas, ma mère?
-Oui, oui, bien sûr. Excusez-moi, Blanche. Dites-moi? Il y a quelque temps vous êtes bien allée vous baigner dans le lac avec Éris, n’est-ce pas?
-Oui, ma mère. Éris m’avait entraînée. J’avais tenté de la dissuader, mais j’en avait été incapable. J’en suis terriblement désolée.
-Oh, mon enfant, ce n’est pas grave, dit la religieuse en se levant.
Elle allait franchir la porte, lorsqu’elle se retourna :
-Envoyez-moi Éris lorsque vous la croiserez, Blanche.
-Bien évidemment, ma mère.
Lorsqu’elle sortit de la pièce et verrouilla de nouveau la chambre d’Éris de l’extérieur, la mère supérieure se retourna vers la sœur.
-Je ne comprends pas que les élèves n’ont pas été plus effrayées. J’étais devant elle. J’étais terrorisée par ses grands yeux fixes et son sourire méphistophélique. Que Dieu nous protège! Une de nos brebis est gravement atteinte.
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’Éris se présenta au bureau de la mère supérieure. Cette dernière fut particulièrement étonnée de la voir là. Elle avait presque perdu espoir dans l’idée de revoir Éris elle-même un jour. Mais lorsque la jeune fille se trouva devant elle, la religieuse reconnut le regard perçant et mesquin de la petite noble, sa voix tragique et son sourire mutin.
-Ah, mademoiselle d’Orival. Ravie de vous revoir parmi nous!
-Parmi nous? Mais je ne vous ai jamais quitté, ma mère.
-Oui, oui, évidemment. Assoyez-vous, je vous pries.
La mère supérieure regarda sa jeune pensionnaire, indécise. Elle ne savait jamais comment prendre le cas. D’autres sœurs avaient parlé d’un exorcisme, mais la dirigeante du couvent, étrangement, savait que son élève n’était pas possédée du démon, mais par sa défunte amie, qui était la plus sainte des pensionnaires. Comment donc l’exorciser?
-Mademoiselle, je vous accorde un congé. Vous allez retourner chez vous et soigner votre santé. Vous reviendrez parmi nous quand vous serez rétablie.
-Mais… Mais… tenta de protester Éris, alors qu’elle se leva. Je n’ai pas de maison, moi. C’est ici, mon chez moi!
-C’est arrangé, mademoiselle. On a pensé à tout. Allez faire vos bagages, une voiture vous attend devant le couvent. Et à très bientôt, mademoiselle.
Éris ne savait pas que la mère supérieure venait proprement et simplement de l’exclure du couvent à tout jamais et qu’un tout autre avenir se dessinait pour elle.
20 novembre 1660 ;
Éris, enveloppée dans une longue mante, déchiquetait de ses longs ongles des bouts de pain, les jetant au loin, raffolant de voir les oiseaux se battre pour si petit. Les journées d’automne étaient presque finies. Les feuilles étaient tombées. Elle s’ennuyait prodigieusement. Le petit manoir qu’on lui faisait habiter était au milieu de nul part et elle n’avait pour seule compagnie qu’un couple âgé qui était l’entier service de la maison. Ce n’est guère distrayant pour une jeune fille, piquante, pétillante et active comme Éris. Avec le temps, par les 3 mois qu’elle avait passé ici, elle avait commencé à sentir son corps et son esprit s’engourdir. Pour éviter l’ennui, elle avait commencé à tenir un journal. Si quelqu’un avait eu la chance d’en feuilleter les pages, il se serait vite aperçu que les entières pensées écrites de la jeune fille concernait son passé, dont elle ne se souvenait rien, et son avenir incertain. Effectivement, qu’allait-il lui arriver? Fille inconnue, dont personne ne se souciait, qui vivait elle ne savait ou, qui ne connaissait personne. Deviendrait-elle une ermite? Éris était triste de ne plus croire aux espérances qu’elle partageait avec Blanche. Éris se croyait fille de roi, fille de princesse étrangère. Un jour, disait-elle, son père viendrait la chercher et elle irait vivre dans un château. Oui, c’était ce que souhaitait toute fillette de dix ans, mais Éris en était si persuadée. Maintenant, elle n’y croyait plus du tout. Désillusionnée, elle tentait de se rappeler la seule personne qui restait dans sa mémoire. Ce grand adolescent blond, ce beau jeune homme. Cette silhouette qui se promenait parfois dans sa mémoire sans qu’elle ne sache réellement de qui il s’agissait. Étrange.
Une brise froide passa autour d’elle. Éris décida de rentrer. D’ailleurs, la noirceur tombait. Aussi bien aller se réchauffer autour du feu. Mais lorsqu’elle entra dans le manoir, elle vit le couple âgé qui l’attendait.
-Qu’est-ce qui se passe? demanda-t-elle, les sourcils froncés.
-Vous partez pour Paris, mademoiselle. Ce soir même.
Éris s’avança davantage. Elle voyait déjà la voiture par la fenêtre du hall.
-Et si je ne veux pas?
-Vous n’avez pas le choix, mademoiselle, répliqua durement le vieil homme. J’ai ordre de vous mettre dans la voiture de force si vous refusez.
Éris ne fit aucune difficulté. Lassée, elle acquiesça de la tête et monta à l’étage mettre ses maigres effets dans une malle. Serrant son journal contre son cœur, elle poussa la lourde malle du pied jusqu’aux escaliers, où elle la fit tout simplement débouler. Lasse, elle descendit les marches d’un pas traînant. Étrangement, cela ne lui faisait rien de quitter le sud de la France. Il est vrai qu’elle n’avait jamais connu autre chose, mais elle ne s’était jamais réellement attachée à quelque chose. Du coup, partir ne la troublait pas. Elle était bizarrement habituée de suivre les ordres sans les comprendre, sans poser de questions… Un valet sans livrée s’occupa de sa malle, alors qu’elle montait dans la voiture en soupirant. Ce ne pouvait pas vraiment être pire. Quelqu’un l’attendait probablement à Paris… |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 6:53 | |
| ♕ Une adolescence parisienne ♕
17 mars 1661.
-Allez, Eris, c’est à toi ! Dépêches-toi !
La jeune femme lança un baiser soufflé à Racine pour la chance avant de se diriger vers la scène. Elle n’était même pas nerveuse. Elle marchait vers le public de la même manière qu’elle aurait marché jusqu’à son lit. Avec naturel. Il était vrai qu’il y avait maintenant trois ans qu’elle vivait dans les arrières-scènes de théâtre, sur la scène et avec les acteurs. Quand on l’avait débarquée à Paris, un jeune homme l’attendait. Brun, le visage doux, un sourire rassurant, il s’était présenté à elle comme Jean Racine. Il était celui qui s’occuperait d’elle, dorénavant. Éris s’était présentée sans être le moins du monde étonnée. Elle n’avait que 12 ans et elle n’était plus surprise de rien. Et elle n’en était pas triste, elle ne connaissait seulement pas autre chose. Elle avait passé de nombreux mois à apprendre le langage du théâtre, à aider les actrices avec leurs costumes, à tresser leurs cheveux, à les maquiller. Elles étaient toutes en amour avec Éris qu’elles prenaient comme une poupée. Elle avait passé de nombreux mois à connaître Paris, à aider les acteurs à enfiler leurs perruques, à les aider à répéter leurs répliques, à leur apporter quelque chose à boire. Ils étaient tous en admiration avec Éris qu’ils prenaient pour un ange. En quelques mois, Éris avait totalement oublié qu’il y eut une vie avant celle-ci. Elle s’amusait follement et se sentait plongée dans un univers différent qui ne lui plaisait que trop. Avec le temps, on avait fini par lui accorder les rôles de bonniche ou de paysannes. Elle adorait se retrouver sur scène. Et lorsque la journée était terminée, elle rentrait avec son ami Racine, comme si elle était sa sœur ou sa fille. Elle ne s’était jamais posée de questions sur cette vie qui lui semblait naturelle.
Montant sur scène, elle entama son texte avec une simplicité déconcertante. La lumière diffuse des chandelles la mettait dans un espace secondaire et elle n’avait même pas besoin de se concentrer. Le jeu était naturel. Évidemment, direz-vous, lorsqu’on est atteinte comme l’est Éris. Eh bien, pour elle, lorsqu’elle se retrouve sur scène, elle n’est ni Eris, ni Blanche et c’est ce qui lui rend la vie si facile. Cependant, il était vrai que depuis qu’elle était à Paris, Éris avait trouvé un certain équilibre. Un équilibre précaire sans doute, mais quelque chose qui tenait. Qui tiendrait combien de temps ? Impossible de le savoir, mais cela tenait !
Elle finit de réciter sa scène et rentra en coulisse ou elle aida l’actrice principale à enfiler son costume. À la fin de la pièce, elle remonta sur les planches pour saluer, puis fila aussitôt dans le public. Madame devait l’attendre !
Effectivement, Éris retrouva la grande dame, cachée derrière un loup. Naturelle, Éris fit une accolade à Marie-Louise de Chevreuse, alors que celle-ci sortit une fiole de son manchon.
-Voilà pour toi, chérie. Attention, j’ai augmenté la dose puisque tu m’avais dit que tu t’étais habituée.
-Oh, merci, mille fois merci, madame ! Vous n’avez aucune idée de combien cela m’aide !
-Ça fait longtemps que tu n’es pas allée au magasin ?
Comprenant que madame de Chevreuse faisait référence à sa double-personnalité, elle haussa les épaules. Avec le temps, la grande dame lui avait dit que parfois, elle incarnait Blanche et n’était plus du tout elle-même. Mais Éris n’en était pas réellement consciente.
-Je vous suis si reconnaissante, madame ! Je ne sais ce que je ferai sans vous !
-Tu n’as pas à me remercier, ma belle.
La belle dame blonde se pencha vers le front de sa protégée et l’embrassa avant de caresser ses cheveux quelques instants d’un air mélancolique, avant de quitter le théâtre. Éris la regarda jusqu’au moment ou elle disparut. Quand elle ne vit plus son long manteau, la jeune fille sentit son cœur battre moins vite. Une affection particulière liait Éris à madame de Chevreuse. Elle prenait soin d’elle comme une mère prendrait soin de sa fille. Et il faut avouer qu’il y avait une ressemblance qui ne pouvait mentir, songeait la jeune actrice, en soupirant. Racine l’appelait de l’arrière-scène… Secouant ses noires pensées, Éris courut rejoindre son protecteur, qu’elle admirait et adorait.
15 mai 1663 ;
Éris piqua son aiguille avec joie lorsqu’elle vit des boucles brunes sautiller à l’entrée de la boutique. Se levant rapidement, laissant tomber son ouvrage sur le sol, Éris courut vers son amie, à qui elle sauta dans les bras.
-Perrine ! Il y a une éternité ! Je suis si contente de te voir !
-Pardonnes-moi, Blanche, j’ai été si occupée. Diverses affaires m’ont retenues à Versailles. Des affaires importantes, tu sais, avec ma maîtresse ?
-Rien de grave, j’espère ? s’inquiéta rapidement la jeune femme.
Son amie la rassura aussitôt, lui adressant un franc sourire. Les deux jeunes femmes s’assirent, et alors qu’Éris reprenait l’aiguille, Perrine et elle commencèrent à parler de tout et de rien, comme si elles se connaissaient depuis toujours. Ce que Perrine ignorait, c’était que sa gentille et naïve amie dentellière, n’était pas ce qu’elle semblait être. Sauf que la concernée non plus n’en avait pas la moindre idée. En effet, Blanche et Perrine ne savait pas qu’en la personne de la dentellière se cachait Éris d’Orival, baronne et comédienne. Mais pour faire revivre cette amie et seconde personnalité, endosser le métier de la mère de la défunte couventine était paru normal. Et c’était pourquoi l’innocente Éris se retrouvait devant la plus intrigante des domestiques de Versailles, sans qu’elle sache qui elle était.
Lorsque la noirceur commença à tomber, les deux jeunes femmes parlaient encore. Quand elles remarquèrent l’heure, Perrine prit quelques dentelles pour sa maîtresse, avant de partir. Celle qui était Blanche ferma donc la boutique et retourna chez Racine, redevenant Éris.
13 août 1665 ;
-Encore une représentation privée chez cet inconnu masqué ?
-Encore? Mais c’est la première fois que j’y vais!
-Moi aussi, dirent tous les autres membres de la troupe à la suite.
-Comment? s’étonna Éris, en s’adossant plus profondément dans la berline.
La jeune comédienne n’y comprenait plus rien. C’était la cinquième fois qu’on l’envoyait dans un château de province pour jouer une pièce, dans laquelle elle tenait toujours le rôle principal, devant un homme masqué, avec une troupe toujours changeante. Regardant le paysage défiler sous ses yeux, Éris en vient à la seule conclusion qu’elle trouvait logique. Et cette conviction acquise, elle se sentit davantage courageuse. Les acteurs, autour d’elle, parlaient fort. Éris se réfugiait dans le silence. Ces pièces étaient les seules qui la rendaient nerveuse. Et avec raison. La voiture s’arrêta devant le château de province; elle fut la première hors du carrosse, n’attendant pas les autres pour entrer. Dès qu’on installa son matériel, Éris sortit ses fards et commença à se préparer. Ses mouvements étaient rapides, précis et vifs. Elle savait exactement ce qu’elle faisait et dans quel but elle le faisait. Cette conviction la rendait moins nerveuse. C’était ce soir! Bouclant ses longs cheveux blonds, Éris pratiquait mentalement son texte. Lorsque le moment fut venu de monter sur scène, elle était quasiment calme, malgré la douleur qu’elle avait au ventre.
Ce soir-là fut possiblement la meilleure prestation d’Éris. Elle interprétait un grand rôle avec une justesse et une passion inimitable. Elle était une autre, elle était son rôle. On pouvait même croire qu’elle n’était pas une actrice, mais le personnage incarné sur la scène. Elle voyait l’homme masqué au pied de la scène. Grand, blond, il avait le menton posé sur sa main et l’observait avec insistance. Non, Éris ne s’était pas trompée. Lorsque la pièce fut terminée, le reste de la troupe retourna en coulisse, alors qu’Éris resta sur scène. L’inconnu ne bougeait pas, la fixant. Une respiration longue passa entre les lèvres de la jeune femme, avant que celle-ci, prenant son courage à deux mains, décide de descendre les petites marches de la scène. Résolue, elle s’avança vers cet homme. Se plantant devant lui, elle lui adressa un sourire en coin.
-Je sais ce que vous voulez.
-Comment?
-Je sais ce que vous attendez de moi, expliqua Éris, sans ajouter d’information.
-Cela me surprendrait, mademoiselle, rectifia l’inconnu, ricanant à demi, en tentant de se lever de sa chaise.
Vive, Éris étendit sa jambe, l’empêchant ainsi de se lever. Les sourcils de l’homme se froncèrent, alors qu’il se rassit dans sa chaise. La jeune femme s’avança vers lui. Gracieuse et séductrice, elle posa sa main sur son épaule, avant de s’asseoir sur lui. Elle le sentit tressaillir.
-Mademoiselle, je crois que…
-Chuuuuut, murmura Éris, glissant ses lèvres contre le cou de l’inconnu.
Lentement, elle sortit sa langue et mutine, elle la laissa parcourir l’espace entre le cou et la mâchoire. Les ongles de l’homme s’enfoncèrent dans les bras du fauteuil, alors que les mains d’Éris parcouraient son ventre, avidement. Son souffle s’accéléra. Quelques secondes plus tard, n’y tenant plus, il se leva brusquement, en lâchant un hurlement qui avait la faiblesse d’un gémissement, mais la force de l’effroi. Ce mouvement fit tomber Éris sur le sol. La jeune comédienne, surprise, cria. Debout, devant la silhouette alanguie de la jeune femme, l’étranger s’essuyait violemment le cou de sa manche. Son regard exprimait de la peur, autant que du dégoût. Ses mains tremblaient presque, alors que ses yeux fixaient toujours Éris, qui n’avait pas trouvé le courage de se relever.
-Oh mon Dieu, ce n’est pas vrai, je rêve. Vous n’avez pas tenté de…? s’écria-t-il, la voix enrouée.
Sans penser à se relever, Éris ouvrit la bouche sans être certaine de ce qu’elle devait répondre. Finalement, elle laissa son instinct répondre pour elle.
-Mais je croyais que c’était ce que vous souhaitiez.
-Non, pour l’amour du Ciel, non! lança-t-il en quittant la pièce d’un air résolu sans regarder derrière lui.
Éris resta seule dans le noir, sur le sol, dans son costume de scène. Son visage se pencha. Elle ne pleurait pas, non, mais disons qu’elle ne comprenait plus rien à la vie. C’était comme si on venait de lui arracher son unique certitude. Elle, qui croyait cet homme épris d’elle, comment pourrait-elle savoir qu’il était son père?
4 avril 1666 ;
Éris attendait une amie qui devait la rejoindre sur la Grande Place. Elle s’était habillée de rose pour tenter d’avoir l’air frais; elle était épuisée. Une représentation avait fini tard la veille et il était si tôt! Mais elle n’eut pas à attendre longtemps Joséphine était à l’heure. Oui, cette petite prostituée d’Aix était à Paris et étonnamment, Éris et elle s’était découvert beaucoup de points en commun. Si Blanche détestait Joséphine, ce n’était guère le cas d’Éris. En effet, en la présence de son amie, la jeune comédienne reprenait confiance. Elle aussi ne connaissait pas ses parents et ensemble, elles étaient décidées à retrouver leurs racines. S’assoyant sur un banc, les deux jeunes femmes commencèrent à discuter, alors que le soleil pâle prenait sa juste place dans le ciel. Un nouveau jour sur Paris, un nouveau jour sur leurs vies. Bientôt, elles sauraient qui elles étaient réellement.
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 6:57 | |
| Chers administrateurs, j'ai enfin terminé ma fiche. Il est pas trop tôt! On a des plans après, je sais ^^' Désolée d'avoir tardé XD Mais voilà! J'avais dit que je la finirais pendant le long congé, je crois que je ne suis pas si terrible! Désolée, j'ai fait la fin rapidement, mais il est tard et c'est quand même 18 pages, le truc |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 12:20 | |
| TU ES VALIDÉE ! BIENVENUE A VERSAILLES
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TON PREMIER DC ! * moment ému, lacrimette à l'oeil * Eh bien ça c'est du boulot ! Des fiches comme on les aime en somme ! 18 pages ! Bravo ^^ tu gères la fougère ! Je l'ai lue d'une traite personnellement J'ai donc décidé qu'aujourd'hui, tu ne serais pas mon souffre douleur et je te valide ! J'émets juste deux petites réserves de rien du tout, la première concernant ce passage là : - Citation :
- Hector de Valois, et de l’aînée d’une des plus anciennes et plus nobles familles de France, Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, dont la marraine sera plus tard l’illustre favorite royale Athénaïs de Montespan.
Alors Amy a beaucoup tiqué, l'admin aussi mais moins cela dit d'un point de vue logique par rapport au contexte du forum, pour l'instant personne ne peut dire si Athénaïs va devenir un jour, une illustre favorite royale. Puisque nous avons jusqu'à présent modifié tout ça, à moins que Loulou/Steph me cache des trucs. Pourrais tu donc s'il te plait, modifier ce petit passage ? En mettant tout simplement qu'elle deviendra la fameuse marquise de Montespan ? Ou un truc dans le genre ? La seconde petite réserve est qu'il est toujours délicat de valider un scénar de membre. C'est vrai que beaucoup hormis Perrine et Paris étaient des scénars de notre cru. Je laisse donc le soin et le droit à Hector de faire des remarques sur ta fiche sur des choses, des détails que j'aurais pu ne pas voir. Sait-on jamais. ^^ En tout cas Didine est contente d'avoir une amie, bah oui PLL en force ! Amuse toi bien parmi nous mais je pense que c'est déjà le cas, et vive les schyzos !!!!! PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum. ♣ Fiches de liens ♣ Fiche de rps ♣ Demandes de rangs et de logements ♣ Proposer un scénario.
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| | | Invité
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 14:09 | |
| Ma chère nièce inconnue Félicitations pour votre venue à Versailles Et je tiens à souligner que non, ça n'est pas son premier DC *moi-de-sais-tout* |
| | | Invité
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 15:19 | |
| Modifié ^^' J'espérais que tu passes tout droit, mais non, l'admin est trop surpuissante Merci beaucoup pour la validation, je changerai des trucs sur la demande d'Hector s'il y a quoique ce soit! En route pour jouer un gentil personnage donc Je ne sais pas si je vais être capable |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 15:27 | |
| Merci pour la modification Nan on peut rien me cacher à moi Ah oui n'oublie pas de remplir ton côté coeur et lit, please, je viens de voir que ce n'était pas complété. Oui elle est gentille, mais elle est schyzo ça compensera ! |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 17:35 | |
| Ooh tu es validée . Fiche superbe en tout cas, je l'ai dévorée (même si Racine n'est pas assez présent ). Et je ne sais pas pourquoi mais en lisant, je savais que Mimi n'allait pas apprécier le passage sur la Montespan . En tout cas, je suis ravie d'avoir une Éris . Et je préviens ceux qui passent par là, pas touche sinon vous aurez affaire à moi (Comment ça, je prends mon rôle très à cœur ?). |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 17:45 | |
| Désolééééee! Il était deux heures du matin et j'en avais marre! Mais promis, je me rattrape! Racine, tu es le Dieu d'Éris Et merci pour tes compliments, on va rocker le théâtre à Versailles, nous deux |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
► Missives : 10014
► Date d'inscription : 03/01/2007
| | | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 18:12 | |
| Et on revient dans le monde des schyzo avec beaucoup de projets! Amy, gentille, ne crie pas tout va bien aller Allez, les 150 messages *OUT le flood de moi-même dans ma propre présentation* |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
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► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
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► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 18:21 | |
| Nan mais Morty et Mister, je le sais pour l'autre DC mais je voulais garder le secret pour le suspense ... Pour Pam, et là vous avez tout divulgué ! Et puis quoiqu'il en soit l'autre n'étant pas arrivé(e) c'est son premier DC quand même A moins qu'on me cache des trucs ... |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 18:27 | |
| J'ai eu Angélique-Rose pendant quelques mois il y a un an et demi peut-être. Mais je n'ai jamais vraiment joué avec le personnage, je n'ai jamais vraiment su quoi en faire, en fait. Les personnages vils et schyzo sont plus mon genre finalement XD Il n'y a donc rien de divulgué! Secret complet |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 10.10.11 21:30 | |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 14.10.11 15:34 | |
| Hector te fait savoir qu'il a FAILLI verser quelques lacrimettes ! ça c'est ma fi-fille qui déjà gamine veut zigouiller ses camarades de classe et qui n'aime pas le bourbon ! Tu iras loin dans la vie c'est moi qui te le dis ! C'est que je lui ai bien choisi son prénom moi * papa Hector tout fier * Quant au dernier passage, j'en ai eu des sueurs froides. Elle y va pas avec le dos de la cuillère pour draguer son père Quand elle va savoir Alors des choses à redire ? Pas vraiment, s'il y a quelques détails où j'avais pas la même idée que toi, on pourra s'arranger au cours des rps ce n'est pas grave. Par exemple la laisser sans aucune éducation, ce n'est pas dans le style d'Hector d'avoir négligé l'éducation de son seul enfant. Mais tant qu'elle est cultivée aujourd'hui, ça me va. Il y a en revanche l'histoire d'Hector masqué. Pourquoi masqué ? Il est sûr ou du moins presque qu'elle ne se souvient pas de lui, puisqu'il l'a envoyé au couvent très jeune. Je ne le voyais donc pas masqué, ni cacher son titre, ni l'inviter dans un de ses châteaux de province mais à l'hôtel de Valois (mais il peut prendre un autre de ses titres et l'accueillir dans un de ses châteaux pour plus de sécurité au cas où.) C'est juste le masque qui m'a fait un peu tiquer, car j'en voyais pas la nécessité sur le coup. Mais comme je dis ce sont des détails, le reste de ta fiche est niquel. Je vois rien d'autre si ce n'est un souhait ... Ne la fais pas coucher avec 50 garçons s'il te plait ! Rien que la scène où tu le violes presque lui, va lui faire avoir des cauchemards pendant un mois Quant à Racine, si tu oses toucher ma petite Ce que font subir Ulrich et Cédric à leurs victimes ne sera rien comparé à ce que je te ferais subir ! ça c'est dit Big méchant c'est moi, eux ce sont les bras droits. Ah et bien BIENVENUE MA FI-FILLE chérie j'ai hâte de rpiser avec toi c'est fou!!! Quant à toi Perrine exulte pas trop vite petite bougresse ! |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 14.10.11 16:22 | |
| Oh! Désolée, Hector, je n'avais pas vu ça comme ça. Lorsque j'en parlerai dans mes rp's, je vais utiliser ton point de vue, promis! Mais elle a eu une excellente éducation au couvent! Elle est savante, brillante et cultivée, je te jure! Pour LA scène, tu m'avais dit de faire vraiment peur à Hector, il pouvait pas être si effrayé si elle lui fait un câlin, non? T'inquiètes pas pour les garçons, à cause de toi, la pauvre Éris croit qu'elle est hyper moche et que personne voudra d'elle. Excepté Racine...? Merci de me valider, Papa À bientôt dans un RP bien tordu |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 14.10.11 16:29 | |
| - Hector de Valois a écrit:
- Quant à Racine, si tu oses toucher ma petite Ce que font subir Ulrich et Cédric à leurs victimes ne sera rien comparé à ce que je te ferais subir ! ça c'est dit Big méchant c'est moi, eux ce sont les bras droits.
Non mais vous n'avez pas besoin de TOUT savoir non plus Après tout ce que j'ai fait pour elle en plus, vous pourriez être un peu plus sympa avec moi. Et si, Éris, tu es magnifique . Mais je suis d'accord avec papa pour une fois : n'allez pas traîner avec les garçons, ils ne vous méritent pas. Moi en revanche...Allez je me dépêche de partir en courant pour éviter de me faire taper sur les doigts pour flood intempestif --> |
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| Sujet: Re: Eris d'Orival - La beauté a parfois deux facettes (Terminée) 14.10.11 16:51 | |
| - Jean Racine a écrit:
- Non mais vous n'avez pas besoin de TOUT savoir non plus Après tout ce que j'ai fait pour elle en plus, vous pourriez être un peu plus sympa avec moi.
Et tu fais quoi des sous que je te donne depuis des années et que tu dépenses en folies ? Je suis peut-être pas sympa, mais ma générosité compense bien mon amabilité. On a passé un accord toi et moi, mon flouze, mon mécénat contre mon Eris sur les planches et pas de tripotage. Je n'ai pas besoin de TOUT savoir, mais je sais toujours TOUT quoiqu'il arrive. Gabie devrait être au courant depuis le temps Ma fille, oui justement je suis content que tu n'y sois pas allée de main morte (si je peux m'exprimer ainsi) T'en fais pas il est bien effrayé là ... et justement il va redoubler de vigilance pour savoir où elle a appris à jouer de sa langue et de son corps comme ça J'arrête de flooder aussi et je retourne torturer Victoire |
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