Lovic Tête-Rouge

Lovic


Marin

(Mylène Farmer)

« Animo forti, nihil fieri non potest. »

► Âge : Vingt-trois Ans.
► Titre (ou profession) : Ecuyer Palefrenier.
► Origines : les Rivages de Bretagne.
► Situation maritale : Dieu l’en Garde.
► Orientation sexuelle : Préfère les Messieurs.

♕ PROTOCOLE ♕

► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?

Certes, Versailles, c’est un Eldorado, mais peut-être aussi un piège à rats. Loyal, le jeune maître Marin ne mordra jamais la main qui le nourrit ; c’est un Breton entêté comme on n’en fait plus ; ses amis comme ses ennemis le sont à vie, sauf trahison caractérisée ou beau geste indéniable. Il craint de ne pas comprendre les subtilités perfides des gens de Cour, même si leurs coquetteries et le cadre artistique le fascinent.

Susceptible, parfois jusqu’à la violence, il porte les marques de combats acharnés, où il n’était pas forcément le mieux armé. Une dent en or est l’une de ces preuves, et il en rit, déclarant qu’en cas de grave besoin, il garde sur lui de quoi se renflouer. Qui sait comment les Versaillais recevront ses airs provocants ? Il compte s’y faire bien des ennemis, et cette idée le fait sourire.

Buveur mesquin, il s’obstine à boire, mais ne tient pas l’alcool. Joueur mauvais, mais acharné, il parie volontiers pour le plaisir du pari, davantage que pour l’espoir de l’enjeu, qu’il paiera en cas d’échec sans rechigner le moins du monde. Une ville dédiée à la fête sera sans doute l’occasion de lui faire découvrir de nouveaux plaisirs défendus.

Parfait avec les animaux, qu’il a le vice de défendre parfois trop hardiment… Son maître l’engage pour prendre soin de sa monture : c’est ce qu’il fera, quitte à contrevenir aux ordres de son maître, s’il les juge contraires au bien-être de l’animal dont on lui a donné la charge. C’est une conception personnelle du devoir.

Grand lecteur de Don Quichotte et autres romans de cape et d’épée, il se réjouit d’entrer dans un Temple de la Culture. Il se pique d’esprit chevaleresque. Savoir lire et écrire, tirer au pistolet et monter à cheval, est pour lui source d’un émerveillement sans fin à son propre égard. Cet ersatz d’orgueil aristocratique fait beaucoup sourire, mais ceux qui rient à voix haute le regretteront.

Galant au possible, il lui semble passer les portes d’un Jardin de Femmes. Les jeunes filles en fleur l’adorent, les femmes d’expérience le dédaignent, jugeant ses attentions suspectes, et elles ont bien raison. Il prend soin d’elles comme de sa propre mère, c’est-à-dire religieusement, sans aucune intention de les coucher sur l’herbe.

Phobique des flammes, l’annonce du récent incendie lui a donné le cauchemar. Il ne met plus les pieds à l’Eglise, on y menace trop aisément de l’Enfer. On l’a déjà moqué pour ce trait, lui qui semble porter sur son chef altier toutes les fumerolles de l’Etna. Que voulez-vous, les paradoxes lui ressemblent.

► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?

Nul ne saurait comploter contre son Roi légitime ! Qui a pu inventer pareilles sornettes ? Le Roi est le Roi, sa famille est seule dépositaire du trône de France, et honni soit qui autrement y pense, voilà tout ce que vous tirerez de Lovic si vous l’interrogez. Il sera sincère. Dans sa province, on sert son père, Dieu et son maître, comme on boit l’eau des sources et dort sous la voûte du ciel ; tout cela participe d’un ordre universel immuable, et si bien sûr parfois il faut se protéger d’un père violent ou d’un ciel en tempête, le conflit se fait à bon droit, à visage découvert, en place public et sans honte ni secret. Si le Roi n’était plus digne du trône, ce serait une guerre ouverte pour le destituer. Le reste n’est que racontars pour effrayer les enfants à l’heure du coucher. Bien que de taille moyenne pour un cavalier, même très moyenne, Lovic a passé l’âge.

► COLOMBE OU VIPÈRE ?

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse : Lovic partage avec ces dames l’agrément des flacons de parfum, et avec ces messieurs celui des flacons de liqueurs ; mais quant aux poisons et autres persiflages, il n’en a cure, et n’y trouve aucun plaisir caché. Il arrive à peine, en orphelin, sans recommandations, et ne se soucie guère que de trouver un nouvel employeur qui vive plus longtemps que le précédent, qu’il s’agisse d’un particulier, du corps des carrosses royaux, ou des écuries militaires. Tant qu’il y a du travail à faire, il s’y attellera volontiers, sans jeu de mot. Les bruits qui commencent à courir l’insupportent, car ils ne lui servent à rien. Or, depuis qu’il approche de Paris, tous semblent passionnés à l’extrême par de futiles questions qui ne remplissent pas le ventre et ne se changent nullement en pistoles ; il trouve cela ridicule, et traite avec dédains les tentatives des autres voyageurs ou des hôteliers pour partager avec lui ces détestables connaissances. Car on dit que Paris est de jour une belle ville, et de nuit un coupe-gorge ; mieux vaut avoir où dormir, même si c’est dans un nid de pipelettes.

► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?

Autant commencer par le plus évident : hormis très roux, Lovic est très maquillé. Très droit, finement musclé, cambrure au corset, bonne tenue, un véritable joli-garçon comme on appelle en province les dandys de Paris. Poudré, prenant grand soin de ses dentelles et gilets de cuir, botté sur hauts talons qui lui donnent la démarche des élégants et des extravagantes, il passe rarement inaperçu et il est arrivé qu’il éclipse son maître. Le beau langage lui échappe cependant, et il espère en acquérir quelques lumières en fréquentant les théâtres royaux.

Autant continuer par les mauvaises nouvelles. Si vous entrez au plus intime de ses secrets, Lovic vous avouera être eunuque. Il n’en semblera pas endeuillé ; au contraire, il vous invitera peut-être, d’un clin d’œil mutin, à venir vérifier par vous-même, comme quoi il en retire tout de même une certaine forme de satisfaction. Pour être exact, un examen de la Faculté le déclarerait tout bonnement femelle. Sans davantage de poitrine qu’un jeunot aux hormones perturbées, il n’en est pas moins dénué des attributs vainqueurs du sexe fort ; point ou peu de barbe à son menton, d’ailleurs, ni de notes ténébreuses en sa voix, ce qui le vexe si on le lui fait remarquer. Il n’en est pas moins, comme l’épée de Faltenin, mâle et conquérant autant qu’on peut l’être par ses manières, son âme et ses aspirations. Quiconque lui déniera cela se verra gratifié d’un nouvel ennemi intime.

Libertin : au sens latin du terme. Fondamentalement convaincu de sa liberté naturelle, le seul souvenir de son enfance sur les landes magiques et dans les forêts sauvages le pousse à la révolte dès qu’on cherche à contraindre ses instincts, à réprimer ses actes ou ses paroles ; et que dire des pensées… De même, il supportera mal de voir quiconque se laisser maltraiter devant lui ; c’est autant au malheureux si tristement soumis, qu’au triste sire essayant de le soumettre, qu’il en voudra. La prison ne le terrifie guère, il y a passé quelques belles heures de sa jeune vie et il ne fera pas de sitôt à ses geôliers le plaisir de les supplier.

En somme, personne n’a jamais été de force à lui faire plier le genou, et peut-être est-ce ce qu’il recherche. Mais peut-être n’a-t-il simplement pas l’importance nécessaire pour que les véritables puissants se mêlent de l’écraser. C’est une possibilité qu’il est trop vaniteux pour imaginer, pareil aux enfants qui se croient chacun Roi de son petit Versailles.

♕ BIOGRAPHIE VERSAILLAISE ♕

Loup Marin avait quinze enfants. La Faucheuse en prit sept, il en restait assez pour faire vivre la ferme. Plusieurs, cependant, lui donnaient du souci. L’aîné avait la folie des grandeurs, et parlait de partir à la ville pour s’engager dans la marine. Un autre avait eu la jambe prise dans un piège et on avait dû la couper. Il aurait du mal à trouver femme. Une de ses filles était veuve deux fois, à seulement vingt ans, et on la disait sorcière et empoisonneuse. Ce qui était vrai, c’est qu’elle vendait ses faveurs pour élever les orphelins. Autant dire que Lovic, qui alors portait un autre prénom, sa volonté absurde de devenir prêtre, ses leçons au monastère voisin, et ses mines de petit bourgeois couvert de boue, n’étaient pas ce qu’il y avait de plus inquiétant. L’enfant avait des amoureux, se maquillait la bouche avec du jus de baies, prenait bien soin du vieux cheval, et à tout coup on en ferait quelque chose, une bonne fille à marier, quand l’âge serait venu.

L’âge vint alors que Lovic errait sur les routes, un baluchon sur l’épaule. La famine avait décimé le village, et des étrangers qui ne parlaient même pas breton étaient venus s’installer partout. La grande sœur veuve était partie chercher fortune, et Lovic l’avait accompagnée, pour veiller sur ses nièces et neveux, lire et écrire quand le besoin s’en manifesterait, et voir le monde. Il se faisait passer pour le nouveau mari de la veuve, et le tuteur de ses petits. On les accueillait bien, en général, car ils étaient jeunes, sympathiques et perdus, et il se vit offrir un métier à plein temps dans une gentilhommière où on leur avait offert le gîte et le couvert. Le vicomte qui vivait là bien seul était heureux de voir de l’animation, des enfants jouer dans la cour, et il avait besoin d’un secrétaire et d’un palefrenier. Il prit également comme bonne la sœur de Lovic, et bientôt l’installa dans son lit. Lovic eut le cœur brisé. Il s’était imaginé être la raison pour laquelle on les avait recueillis. Comme être jaloux de sa propre sœur enfin heureuse lui était insupportable, il repartit un jour, seul, priant en silence pour que ce mari-là dure plus longtemps que les autres.

Il trouva d’autres maîtres, il trouva d’autres amants. Le chaos joyeux de ce beau Royaume et surtout de ses provinces était propice à ses errances, et il se composa peu à peu un style si personnel qu’on le reconnaissait parfois sans l’avoir jamais croisé, sur la foi du bouche-à-oreille. Son allure androgyne et son caractère bien trempé séduisaient, intriguaient, on le collectionnait, on se disputait parfois ses sourires. Il finissait toujours par y avoir des scènes, des batailles, car il ne se laissait pas insulter, et fréquentait pourtant des milieux prompts à l’insulte, où il ne ménageait pas ses provocations. Après un mois dans une cellule obscure, il songea à se racheter. Une dame champenoise le prit sous son aile, et ils s’entendirent fort bien car elle aimait ses chevaux plus que tout être humain sur terre. Il se vit alors vanter les mérites de Versailles, les flots d’or et de diamants qui coulaient là-bas en cascade pour l’homme industrieux ; tout le monde s’y promenait le visage fardé et les cheveux bouclés sur le front, il s’y trouverait au Paradis. Et bien sûr, pas un seul de ces beaux messieurs et de ces belles dames ne se serait promené dans la poussière de Paris, en vêtements d’apparat ; chacun avait sa voiture et donc son attelage. Il ne manquerait pas de besogne.

Sa maîtresse était cependant disgraciée, et priée de n’y remettre plus les pieds avant d’avoir été pardonnée de ses frasques. Elle ajouta à ce défaut celui de donner son écuyer à son fils qui partait en campagne. Par chance, le jeune homme, qui d’ailleurs ne trouvait aucun intérêt à Lovic, eut le bon goût de mourir, ce qui le libéra de tout service. Pour toute période de deuil, ce dernier se mit en demeure d’atteindre le temple de la Courtoisie qu’on lui avait tant fait miroiter, et arriva enfin par un froid matin de pluie, prêt à errer autour de ces nobles grilles jusqu’à ce qu’on daigne lui accorder sa petite place, sa petite mansarde, et sa petite fenêtre sur le Paradis.

Sur le conseil de Son Altesse d'Orléans, j'ajouterai à l'intention de mes lecteurs que, de sa naissance à ses seize ans, Lovic a vécu dans son hameau natal sous le prénom de baptême "Victoire", et aux appellations de "Ma jolie", "Demoiselle" ou "Souillon" selon les cas. En quittant la ferme en compagnie de sa soeur, il a adopté le prénom Lovic et a commencé à se présenter à des inconnus, sous les vêtements de son choix, ce qui lui laissait la liberté d'opter pour le masculin. Il n'est pas question de décision ou de préférence, plutôt d'un état qui avait toujours couvé mais ne s'était pas exprimé pleinement, en raison des limites d'un petit village breton où tout le monde se connaissait et croyait tout savoir sur tout le monde. Il va sans doute qu'à sa naissance, en observant son anatomie, on a inscrit "Victoire" sur les registres paroissiaux comme étant une petite fille, et qu'à son décès, on jugera probablement bon d'inhumer une femme. La féminité en ces temps barbares consistant principalement en une absence d'organes externes, et ceux internes étant imaginés comme une inversion de ces derniers, la femme n'était jamais qu'un homme inverti, incomplet, et inférieur ; la frontière entre les deux restait donc paradoxalement plus souple qu'en nos temps. (Ce qui permit à Louis XVI de déclarer à cette fameuse créature d'Eon, à son retour d'exil : soyez une femme si vous voulez, mais alors cessez de porter le sabre. Elle refusa et dut se retirer en ses terres.) Quant à ceux qui partageront sa vie, libre à eux de se faire leur idée, travestie ou self-made-man, en fonction de leur ouverture d'esprit et de leur lucidité face à ce qu'ils ont sous les yeux.

♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕

► Prénom/pseudo : Vous pouvez m’appeler Lovic.
► Âge : 26 ans.
► Présence sur le forum : une fois par jour en principe.
► Code du règlement : Le code est donc Longue vie au roi... Je préférais l'autre. Perfides que vous êtes, de l'avoir localisé dans la catégorie "Autres", justement ! ^^
► Comment avez vous connu le forum ? Sire Google, à qui je quémandais un local de jeux en costumes, m’a mené en ces lieux.
► Suggestions? Euh... validez-moi XD

Citation :

Autant dire que Lovic, qui alors portait un autre prénom, sa volonté absurde de devenir prêtre, ses leçons au monastère voisin, et ses mines de petit bourgeois couvert de boue, n’étaient pas ce qu’il y avait de plus inquiétant. L’enfant avait des amoureux, se maquillait la bouche avec du jus de baies, prenait bien soin du vieux cheval, et à tout coup on en ferait quelque chose, une bonne fille à marier, quand l’âge serait venu.