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| Sujet: Arnaud Legrand 12.09.11 0:59 | |
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Arnaud
Legrand
« Indigne de vous plaire et de vous approcher, je ne dois désormais songer qu'à me cacher. (Racine, Phèdre)»
► Âge : 26 ans ► Profession : Comédien ► Origines : Noblesse française ► Situation maritale : Célibataire ► Orientation sexuelle : Hétérosexuelle
♕ PROTOCOLE ♕
► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?
Quand j'étais plus jeune, mes parents me disaient toujours de rester sur mes gardes quand j'irais à Versailles. On pouvait y rencontrer autant d'amis que d'ennemis. Ce n'était donc pas un rêve mais un défi futur. Jusqu'à ce que je sois renié par ma famille... J'ai pu fuir et je suis allé à Paris un peu par hasard. Depuis, Versailles, c'est devenu pour moi le paradis. Paradis auquel je sais que je n'aurais pas accès après ma mort. Pas avec une excommunication sur l'âme... J'ai décidé d'en profiter au maximum pour que cette seconde chance ne soit pas gâchée. Je n'ai aucun regret du passé mais je dois tout ce que j'ai à Versailles. Ma vie est sauve alors qu'elle aurait pu être stoppée nette. Je suis un comédien célèbre, avec des premiers rôles tragiques, honorifiques puisqu'il m'arrive de jouer des Rois. J'ai le respect des uns et l'admiration des autres à la Cour. La renommée, la gloire, le bonheur car ça me passionne. Je suis comblé. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Je devrais faire attention à ne pas me trahir. Je suis un vivant en sursis, je le sais. J'ai tendance à parler trop franchement et à laver mon honneur par des duels pourtant prohibés et déconseillés. Mon sang est chaud, mon tempérament est fougueux et impatient. Si je ne me fais pas tuer pour une rixe absurde, je le serais probablement par vengeance. Tôt ou tard, et je le sais, Versailles se transformera pour moi en enfer. Je suis un homme recherché et dans un avenir que j'espère le plus loin possible, je serais cité à comparaître au tribunal des hommes puis de Dieu. Ce sera une belle tragédie. Ma tragédie ! Celle où je suis assuré d'avoir le premier rôle, c'est sûr. Mon dernier rôle, le plus beau.
► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?
Il y a, parait-il, un complot qui se met en place contre le Roi. J'ai du mal à y croire bien que dans mes rôles j'en sois souvent la victime. Les complots ne restent que de la fiction, des moyens pour les uns et les autres de se divertir, de raconter des fables. Les gens pensent vivre dans une époque sombre et tourmentée, ils colportent des rumeurs, s'en amusent et les déforment. Au final, ces fictions n'ont pas plus de teneur et d'existence que mon sang royal. Il s'agit simplement de faire durer le spectacle avant le retour à la réalité. Peut-on en vouloir à des gens de fabuler et de rêver ? Je ne leur jetterais pas la pierre, moi-même je me laisse parfois porter par mes songes. L'essentiel c'est de se réveiller...
► COLOMBE OU VIPÈRE ?
Comme la colombe, je suis un homme vertueux et loyal. Je n'aime pas être hypocrite, ce n'est point dans ma nature. Je dis les choses comme elles viennent, j'agis sur des instincts mais toujours en face. Je ne sais pas si cela suffit et me fait ressembler à une colombe... je n'ai ni sa pureté, ni son pacifisme. Mais, ce que je sais, c'est qu'un fait existe et est bien réel, je déteste les vipères. Dire du mal de l'un, critiquer la façon d'être de l'autre, c'est exécrable. Entre miel et fiel, la Cour devient parfois le théâtre de spectacles répugnants et de bas étage. Des comportements qui sont dignes des plus vils caniveaux...
► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?
J'aimerais un jour écrire ma propre pièce dramatique. Pour l'instant je n'en ai pas parlé à Racine. Je lui dois de nombreuses choses et je ne souhaite pas l'importuner avec cette envie juvénile. Je ne suis pas encore prêt pour la conception d'une pièce mais ce jour viendra, j'en ai la conviction.
Pour tempérer mes accès de colère et me contrôler, j'apprends quelques notions de musique et notamment à jouer du piano. Je suis loin de la performance que j'ai sur les planches. Mais je travaille dur et au moins, cela me permet de me détendre et d'oublier l'espace d'un instant mon caractère emporté.
Un jour, je ferais aussi le tour du monde. J'irais voir ses contrées sauvages par delà les montagnes et les mers, je découvrirais de nouveaux horizons et de nouveaux paysages. Puisqu'il faudra bien mourir un jour, autant que ça soit après avoir vu les merveilles de l'humanité.
Le maniement des armes me manque. J'ai toujours été passionné par celles-ci. J'ai commencé dans le plus grand secret une collection personnelle que je compte compléter par de nouvelles acquisitions ou récupérations. Et comme ça, je peux toujours m'entraîner pour me maintenir en forme. Cela me servira tôt ou tard.
Dernière édition par Arnaud Legrand le 29.09.11 10:46, édité 1 fois
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| Sujet: Re: Arnaud Legrand 12.09.11 0:59 | |
| ♕ BIOGRAPHIE VERSAILLAISE ♕
Dos voûté sous l'effet de l'âge, silhouette maigre et anguleuse, Jean s'assit péniblement sur le siège de son secrétaire, taillé d'une pièce dans le chêne. Il ouvrit son tiroir et en sortit des feuilles jaunies, qu'il disposa devant lui. Sa main tremblante glissa jusqu'à son monocle fendu sur l'un des bords et il plaça l'unique lunette sur son oeil gauche. Le droit ne lui servait plus vraiment. Il l'avait perdu en participant à un jeu stupide dans sa jeunesse, avec quelques amis. Le jeu consistait à regarder le soleil le plus longtemps possible avec un seul oeil. Orgueilleux comme il l'était, il n'avait pas renoncé, même lorsque des tâches y étaient apparues et que la douleur avait fait couler deux larmes. Depuis ce jour, il avait quasiment perdu la vue de ce côté et sa cataracte n'était pas du tout un avantage. Il rapprocha la feuille pour se la coller sous le nez et esquissa un sourire édenté. Ses rides marquaient son visage. Il n'était pas très vieux, il avait cinquante-huit ans. Pourtant l'usure du temps se voyait très clairement. Jean le Borgne était connu ici pour avoir été le serviteur du Marquis Rieux d'Assérac. C'était avant qu'il ne prenne une retraite bien méritée. Sur ces nobles terres de Bretagne, il avait servi Jean-Emmanuel de Rieux-D'Assérac et Jeanne-Pélagie de Rieux, ainsi que leur petite famille, leur fils Arnaud et leur fille Marie. Un nuage de tristesse passa sur ses iris bleus devenus ternes au fil des années. Comme à l'accoutumée en ce fameux 12 mai, il sortait ses vieux écrits. Il savait que ce serait pour la dernière fois. Aujourd'hui il allait relire ses mémoires et les emporter dans la tombe, car ces documents étaient si importants et si dangereux pour les jeunes héritiers qu'ils constitueraient à coup sûr une arme terrible pour leur vie et notamment celle d'Arnaud... - Citation :
- Rieux, 12 mai 1640.
Le Marquis et son épouse viennent officiellement d'assurer leur lignée. Madame a certes paru épuisée tout à l'heure quand les femmes de chambre lui ont apporté des victuailles pour se remettre de ses émotions. Mais tous les efforts qu'elle a pu fournir ont permis à son garçon de naître au petit matin, peu après l'aube. Il apparaît bien vigoureux et en chair. Nul doute qu'il sera robuste. Ils savent déjà comment ils vont l'appeler : Arnaud. C'est un beau prénom pour celui qui sera amené à commander les terres de Rieux et d'Assérac. Espérons qu'il survive. Il ne fait pas bon être un nouveau-né à notre époque. Beaucoup ne parviennent pas à leur premier anniversaire. Il m'incombe en tout cas de veiller à sa santé et à son confort, le temps que sa mère se rétablisse. C'est le Marquis lui-même qui m'a chargé de cette mission. Jean soupira. Quand il repensait à la joie que tout le monde avait ressenti ce jour-là, il se sentait nostalgique. Il avait gardé mémoire de ces visages heureux et souriants, de cette ambiance chaleureuse et festive au sein du domaine. La naissance d'Arnaud avait provoqué des acclamations au sein de la population. Les habitants avaient l'air d'accueillir un nouveau roi. Il ne s'agissait que d'un futur Marquis mais les animations étaient tellement rares dans la région que le moindre évènement devenait un prétexte pour s'amuser. Quatre jours après sa venue au monde, Arnaud fut baptisé. Sa mère craignant qu'il ne meure, elle ne voulait pas que son âme soit égarée. Les années qui avaient suivi sa naissance furent marquées par de nombreux évènements. Le vieil homme reprit sa lecture. - Citation :
- Rieux, le 23 août 1643.
Monsieur le Marquis a fait venir l'intendant aujourd'hui. Ils ont parlé de façon très âpre. La véritable difficulté fut pour eux de se mettre d'accord sur la question des créances. Le domaine est endetté et les personnes qui ont prêté leur argent désirent voir celui-ci rendu. Les commerces et les récoltes sont insuffisantes. La faute au climat trop sec qui a sérieusement amoindri les terres depuis quelques années. Il a fallu augmenter les imports d'autres contrées pour couvrir les besoins de la population. Rieux n'a jamais été un endroit riche et opulent. Les gens sont simples et ne disposent pas de trésors. J'ai longuement écouté leur conversation, à travers la porte. Monsieur a refusé catégoriquement toute augmentation des taxes. C'est un homme sage et compréhensif, visionnaire. Les gens n'ont déjà plus rien à se mettre sous la dent et paient beaucoup pour leur famille. Il est inutile de les accabler davantage. Pourtant, l'intendant est resté formel. Si les caisses n'étaient pas remplies rapidement pour couvrir les frais, les prêteurs allaient s'en retourner à la surintendance des Finances. Finalement chacun a campé sur sa position et j'ai bien cru que la situation ne serait pas résolue. Je fus soulagé et tétanisé lorsque j'entendis le Marquis proposer la vente de certains domaines pour renflouer les caisses. L'intendant ne tarda pas à accepter et s'enquit trouver de nouveaux acquéreurs. Monsieur me confia après son départ qu'il devait faire des sacrifices pour éviter de tout perdre. Et sans ajouter un mot, il vaqua aux enseignements de son fils, oubliant de me châtier pour avoir écouté un échange qui somme toute était privé... Il se souvenait de la vente de Lanvaux, ces Landes quelque peu désertes qui arboraient cependant de riches et beaux pâturages. C'était dans une bergerie du coin qu'il était né. Il avait été peiné d'apprendre sa mise en vente mais il n'avait gardé que peu de souvenirs de cet endroit. Quand bien même en aurait-il eu, la décision ne lui appartenait pas. Il reprit ses esprits et recommença à lire, il ne devait pas s'égarer. Quelques anecdotes le frappèrent, ils les avaient oubliées... Il se fendit d'un petit rire mais grimaça. Ses articulations lui faisaient terriblement mal. Il y avait eu des évènements heureux comme les premiers pas d'Arnaud mais s'il y en avait un qu'il fallait retenir c'était la naissance de sa petite soeur. - Citation :
- Rieux, le 9 mars 1644.
Madame a enfin mis bas ! Ces derniers jours, j'ai vraiment cru qu'elle allait éclater. La grossesse lui avait fait enfler pieds et visage. Son ventre m'apparaissait comme monstrueux. C'est une belle petite fille qui en est sortie. Elle a les yeux de son père, dommage que ce dernier ne soit à la guerre. J'ai particulièrement observé Arnaud aujourd'hui. J'ignore ce qu'il va faire de cette nouvelle arrivante dans son cercle privilégié. Depuis qu'il est né, on ne s'occupait que de lui, il n'y avait d'attention que pour lui. Je crains sa réaction, la jalousie est si fréquente. Il est un peu capricieux et impatient. Va-t-il supporter les cris et les pleurs ? J'en fais solennellement la prière. Il est resté silencieux et a observé le bébé de ses yeux bleus encore jeunes. Madame a décidé d'appeler sa belle princesse, Marie. Elle m'a sommé de faire venir un curé pour qu'il la baptise au plus vite, ne supportant pas l'idée qu'elle puisse mourir sans avoir reçu la bénédiction de Dieu. Elle est très croyante, et elle enseigne elle-même la religion à Arnaud. J'ai surpris ce dernier en train de prier avant de se mettre au lit. Il disait espérer que son père revienne vite et que Dieu veille sur eux tous. Il a du caractère mais il n'a pas mauvais fond. Il sera un bon Marquis une fois adulte. Le regard troublé, Jean fixa la fenêtre non loin de lui. Maintenant, en y repensant, il trouvait les mots précipités. Arnaud n'était pas devenu Marquis, le destin en avait décidé autrement. Le jeune garçon avait pourtant tout pour réussir et faire rayonner le nom de sa famille. Son sang chaud lui avait été fatal, ou presque... mais il ne datait pas d'hier. - Citation :
- Rieux, le 12 mai 1644.
Monsieur n'est toujours pas rentré du front. La guerre fait visiblement rage. J'ai beau expliquer à Arnaud de quoi il en découlait précisément mais le jeune garçon ne veut rien savoir. Il a piqué une colère quand je lui ai annoncé que le Marquis ne serait pas présent pour son anniversaire. Quelquefois, il est irrascible. Mais jamais avec sa soeur. Depuis qu'elle est née, il s'intéresse à elle, il a même voulu la prendre dans les bras mais Madame a refusé, expliquant qu'elle était encore trop fragile. Arnaud est intelligent, il a compris pourquoi elle ne voulait pas qu'il la porte et il n'a pas insisté. Sa vivacité d'esprit m'étonnera toujours. Il arrive à faire des choses surprenantes pour son âge et il a déjà une bonne éducation. Il parle bien, malgré ses mots d'enfants. Il s'intéresse et touche à tout. Aujourd'hui il a calmé sa colère en allant jouer avec un bâton en bois. Il s'intéresse aux armes, ce qui est certes une bonne nouvelle pour Monsieur mais qui m'inquiète lourdement. Il est bien trop jeune pour être initié aux arts du combat. Mon avis n'est que celui d'un serviteur, il a peu d'importance aux yeux de ses parents... Avec le recul, le vieil homme estimait avoir raison. Apprendre le maniement des armes à un jeune garçon était dangereux. Pas seulement parce qu'il risquait de se blesser. C'était surtout pour les personnes qu'il pourrait meurtrir ou occire par la suite. Il décida de passer rapidement les autres pages de son journal, sans les lire. Il les connaissait par coeur. Il se souvenait comme si c'était hier des journées passées à étudier et du retour du Marquis. Il avait observé avec un regard attendri Arnaud se rapprocher de sa soeur et en devenir le protecteur. La jalousie des premiers jours avait peu à peu disparu pour laisser place à une belle complicité. Le petit garçon était devenu à mesure que les années passaient un jeune homme honorable, droit et déterminé. Il avait une culture épatante, il était curieux et s'intéressait à tout. Il symbolisait la fierté familiale et même les petites gens l'appréciaient. Adolescent, il avait été conter fleurette à quelques jeunes filles de façon innocente, puisqu'il avait été éduqué dans la religion par sa mère. Croyant et pratiquant, il avait fait ses communions et ne manquait pas un seul office. Il s'arrêta sur une page, celle des fiançailles... - Citation :
- Rieux, le 27 décembre 1653.
Arnaud a officiellement été fiancé à Maryse d'Armentières, aujourd'hui. Leurs parents ont longuement parlé et en sont arrivés à s'entendre. Si pour l'instant, ils sont trop jeunes pour être mariés, leurs destins seront liés dans quelques années, pour le meilleur et pour le pire. Maryse va partir au couvent pour y recevoir une bonne éducation. Arnaud était assez docile, il n'a pas fait sa forte tête et il a même sympathisé avec la jeune fille. Monsieur estime que ce mariage renforcera son héritage et qu'il donnera aux terres sous sa possession de nouvelles richesses et une bonne lignée. Quant à Madame, elle se félicite d'avoir programmé l'union de son fils devant Dieu d'ici quelques années. Tous deux ne se demandent pas vraiment si Arnaud a un avis différent. Il reste silencieux depuis notre retour. Je pense qu'il me cache quelque chose, j'ai peur de savoir quoi. Quand je lui ai demandé s'il était enjoué par ce futur mariage, il m'a simplement répondu que Maryse était très jolie et qu'elle ferait une épouse instruite et distinguée. Ces propos sont de bonne augure. Mais sont-ils sincères ? Arnaud était un garçon modèle, qui malgré toutes ses qualités gardait le défaut du sang chaud... Il lui arrivait très souvent de se laisser emporter par ses émotions et de ne pas parvenir à les contrôler. Il faisait un travail sur lui-même pour se maîtriser sachant que cette faiblesse pourrait lui coûter cher. Pourtant, malgré toute sa bonne volonté et son énergie, il ne put supporter que l'on touche à un membre de sa famille... à sa petite soeur. Jean feuilleta les pages jusqu'à retrouver celle qu'il cherchait. Il la prit, d'un geste solennel et en commença la lecture, l'estomac noué... - Citation :
- Rieux, le 6 avril 1657.
J'ai peine à y croire... je ne puis le concevoir... Arnaud a tué un homme aujourd'hui. Il s'agissait du Père Pierre, le curé de Rieux. "Je n'ai fait que mon devoir d'homme", m'a-t-il répété. Grand Dieu, s'il savait seulement ce qu'il vient de faire ! Il n'a pas encore mesuré les conséquences de son acte, un acte immâture mais passionné. Il n'avait pas de remords, ni de larmes quand il m'a raconté l'histoire. Tout se passait plutôt bien. Comme à l'accoutumée, Arnaud et Marie s'étaient rendu à l'Eglise, lui pour aider à la récolte de quelques vergers et elle pour se confesser. Par hasard, il s'est avéré que les paniers étaient tous pleins. Il savait que le Père Pierre avait des paniers d'osier dans une antichambre derrière l'autel. Il est donc entrer dans l'Eglise et fut foudroyé sur place en voyant que le curé tentait de violer sa soeur. Il lui avait déjà arraché une partie de ses vêtements et la maintenait de force immobile, cherchant à l'embrasser, malgré ses gémissements étouffés. Furieux, il a provoqué le curé en duel, estimant qu'il venait de salir l'honneur de sa soeur. Le Père Pierre était réputé pour avoir une forte personnalité, il ne s'est pas laissé démonter et a accepté le duel. Entre temps des personnes sont arrivées. Le combat à l'épée a duré plusieurs minutes, et la dextérité d'Arnaud a eu raison de son ennemi. L'issue fut donc la mort du curé par une botte placée en pleine poitrine. Et Arnaud a ramené sa soeur ici, l'épée tâchée de sang et les habits trempes de sueur. Il ne se cachait pas... c'est bien cela qui m'inquiète... Fébrile, puisqu'il connaissait la suite, Jean passa à la page suivante, qui gardait les traces de larmes sur le papier. Il sentit ses yeux s'embuer, comme d'habitude. - Citation :
- Rieux, le 4 septembre 1657.
Un grand malheur est arrivé. Depuis la mort du Père Pierre, Monsieur et Madame ont consigné Arnaud dans ses appartements avec défense de sortir. Bien qu'il ait contesté cette décision à plusieurs reprises, il n'a rien tenté pour s'évader. Il a accepté la punition avec une patience que je ne lui connaissais pas. Mais je voyais bien dans ces yeux qu'il était en colère. "Cet homme a failli lui voler son innocence, il était un homme d'église, il a renié Dieu, renié sa foi pour se laisser aller à un comportement indigne. C'est lui le coupable et c'est moi que l'on punit ! Je n'ai fait que rendre justice !", m'a-t-il confié. Je lui ai fait remarquer qu'il avait tué un homme et rendu la justice à la place de Dieu, il est demeuré silencieux. Il sait qu'il a eu tort, il refuse de l'admettre publiquement. Et puis, aujourd'hui, un messager est arrivé, apportant avec lui une lettre scellée, officielle. Monsieur l'a ouverte et l'a lue. Il est devenu livide, il l'a tendue à Madame qui est tombé assise, pâle comme la mort. Tout s'est passé très vite, Monsieur est allé dans la chambre d'Arnaud et lui a donné la lettre. Il lui a ordonné de lire à voix haute ce qui était écrit. Il s'est exécuté et à mesure qu'il annonçait son excommunication, sa gorge se nouait. Je me souviendrais toujours de ce regard désorienté qu'il m'a lancé. Il était abattu, totalement perdu. La religion était sa vie depuis qu'il était enfant. En être le renégat lui était insupportable. Monsieur a laissé éclaté sa colère et s'est exprimé en termes très durs. Il l'a renié, l'a déshérité et lui a ordonné de quitter immédiatement ses terres. Arnaud est resté abasourdi, il a tenté de s'expliquer mais Monsieur l'a aggripé de force et l'a tiré hors de la maison. Les derniers mots qu'il a adressés ont été : "Tu n'es plus mon fils, pars, et remercie le bon Dieu que tu as renié pour mon indulgence ! Je te laisse t'enfuir alors que tu mériterais d'être mis aux fers ! Je ne veux plus jamais te revoir, plus jamais !". En voyant que son fils voulait s'expliquer, Monsieur a sorti son arme et l'en a menacé. Sous les pleurs de Marie, retenue par sa mère, Arnaud s'est éloigné, n'emportant avec lui que ses vêtements. C'est la dernière fois que je l'ai vu... et je n'oublierais jamais son regard. Il hantera toujours mes nuits. Funeste jour que ce 4 septembre... Le vieil homme essuya ses larmes avec un mouchoir en tissu et regarda son écrit. Il n'avait pas revu le jeune homme depuis qu'il avait été chassé du domaine. Mais il avait pu retrouver sa trace et une partie de son histoire. Après son départ, Le Borgne avait fait jouer quelques relations avec des serviteurs d'autres comtés pour avoir des nouvelles. Il avait ainsi pu suivre la trace de son ex-protégé et connaître son état de santé. Mais sa condition étant ce qu'elle était, il ne put obtenir d'autres informations quand Arnaud s'était éloigné des terres normandes. La dernière fois qu'il avait été vu, c'était dans une auberge, barbe fournie, allure amaigrie et malade. Et puis plus rien... plus aucune nouvelle. La famille fut bientôt frappé par un nouveau malheur... - Citation :
- Rieux, le 19 mars 1558.
Monsieur le Marquis a expiré dans la nuit. Ces derniers mois, sa santé s'était fragilisé et il avait été allité. Tout le monde s'accorde à dire que ce sont les actes d'Arnaud qui l'ont usé et qui ont précipité sa mort. Je sais pourtant qu'il était malade avant mais qu'il ne le montrait pas, pas même à Madame. La fatigue était là avant l'excommunication et il manquait d'appétit. Certes les derniers évènements ont probablement affecté sa vaillance et sa résistance, bien qu'il n'ait jamais montré de regret ou de remords. Les obsèques seront bientôt organisées. Madame était trop bouleversée pour consentir à devenir Marquise. Elle a laissé les titres à Marie. La jeune femme n'a pas le même caractère que son frère aîné mais elle a reçu la même éducation, j'espère qu'elle saura la mettre au service des gens qui l'entourent. Depuis qu'Arnaud a été chassé, elle apparaît comme perdue et désorientée. Il faut qu'elle se reprenne. Le plus malheureux dans cette histoire c'est qu'Arnaud n'avait même pas été prévenu. Sa famille semblait l'avoir oublié pour toujours. Pendant de longues années, Le Borgne n'avait pas pu récupérer la moindre information sur le jeune homme. Jusqu'à ce fameux jour où la chance lui avait souri... - Citation :
- Rieux, le 9 avril 1663.
J'ai enfin pu obtenir des nouvelles d'Arnaud par l'intermédiaire de Bénédicte, l'une des servantes, de la Cour de Versailles que j'avais eu le plaisir de connaître quand elle n'était que de passage avec sa maîtresse dans notre domaine. A la mort de cette dernière, elle est devenu la dame de compagnie de Marie. J'ai brulé sa lettre après l'avoir lue car elle contenait des informations confidentielles qui, entre de mauvaises mains, auraient pu servir à de sinistres fins. Arnaud est arrivé à Paris quelques mois après son exil. Il a d'abord vécu dans une relative précarité, s'adonnant à quelques tâches ingrates et à la mendicité. C'est en se promenant dans les rues de Paris qu'il a assisté à une représentation de théâtre, menée par la troupe de Racine. Ses parents lui avaient toujours dit que le théâtre était une hérésie et je suppose que c'est pour cela qu'il est allé voir le dramaturge. Il semble que ce dernier ait accepté de l'engager pour donner de multiples représentations. J'en ignore les raisons, d'après les dires de Bénédictes qui se basent sur les confidences de Marie, Racine aurait pris Arnaud en pitié et décidé de l'accueillir parmi sa troupe d'acteurs. Ainsi, il a réussit à prendre un nouveau départ. Il n'a gardé que son prénom et on lui a attribué un nom de famille non-noble : Legrand. J'ai retourné une lettre à Bénédicte. Ce qui m'intrigue le plus, c'est de savoir comment Marie a pu le retrouver. Et je veux aussi savoir s'ils ont renoué des liens. La pauvre a été si malheureuse après son excommunication... Par la suite, Bénédicte lui avait expliqué qu'ils s'étaient croisés par le plus grand des hasards à la Cour. Il avait suffi d'un simple regard pour qu'ils ne reconnaissent. Ils avaient parlé, très longuement et puis ils s'étaient enlacés. Le lien avait été renoué et ça, le vieil homme en était satisfait. Il craignait qu'après toutes ces années, Arnaud n'ait choisi de renier tout lien familial et qu'il ne rejette sa soeur. Malgré les épreuves, son amour fraternel pour elle n'avait pas changé. Ils se voyaient fréquemment à l'hôtel de Bourgogne pour discuter. Ils rattrapaient le temps perdu. Il faut dire que sur certains points, Arnaud, lui n'avait guère perdu de temps... - Citation :
- Rieux, le 26 juillet 1663.
Une nouvelle lettre de Bénédicte est arrivé ce matin. Elle indique qu'Arnaud a oublié Maryse d'Armentières sa fiancée. Lors de confessions qu'il a tenues auprès de sa soeur, il a mentionné une certaine Charlotte Roussel, comédienne dans la troupe de Racine, elle aussi. Il semble qu'il ait passé une nuit avec elle. Même si visiblement il l'a passée à la réconforter dans un moment difficile, ce qu'il s'est passé reste entouré de mystère. J'espère que tout cela n'est resté qu'amical, mais il a dit à Marie qu'il ressentait autre chose que de l'amitié pour elle. Il en a oublié qu'il était fiancé ! J'ai eu quelques nouvelles de la famille de Maryse, la jeune femme est revenue du couvent et elle est aussi à Versailles. Une chose est certaine d'après son père, elle n'a pas oublié Arnaud, bien au contraire ! Parbleu... dans quelles frasques va-t-il encore se plonger, ce malheureux ! Est-il conscient que sa vie devient un énorme drame ? Et si effectivement les élans affectifs du jeune comédien avaient de quoi alerter Jean, ce n'était rien comparé au reste. Arnaud avait mûri d'un côté. Il s'était reconstruit, il avait vaincu une partie de son impatience. Mais il avait aussi ses accès de colère. Le vieil homme prit la dernière page qu'il avait écrite et la lut, ne cachant pas son inquiétude. - Citation :
- Rieux, le 11 février 1664.
Je pensais qu'Arnaud aurait appris du passé et qu'il aurait gagné en sagesse. Mais force est de constater que ça n'est point le cas. Bénédicte m'a écrit dans une nouvelle lettre que les choses ne passaient pas aussi bien pour lui que prévu. Elle m'a donné trois noms, trois ennemis qui sont devenus les bêtes noires d'Arnaud. Il y a d'abord ce Jules Morin. Il est comédien dans la même troupe et c'est un rival direct. Il paraît qu'il est prêt à tout pour obtenir le premier rôle et éjecter ses adversaires. Ce qui m'inquiète fortement c'est qu'il semble dénué de toute loyauté et de tout sens de l'honneur. Je connais Arnaud, il ne tolèrera pas que l'on tente de le poignarder par derrière. Mais le verra-t-il venir ? Il n'a pas l'habitude de tels comportements. C'est quelqu'un d'honnête et de franc, pour lui, les autres sont pareils. Il devrait rester beaucoup plus vigilant. La seconde personne répond au nom de Bastien de Limoux. Ce n'est ni plus, ni moins un Mousquetaire ! Le voilà dans de beaux draps désormais ! Et tout ça pour une histoire de demoiselle ! Arnaud n'a pas apprécié quelques propos vulgaires adressée à une jeune femme, et il en a fait la remarque. Son adversaire était impulsif, il a sorti son arme et ce qui au départ était un duel s'est transformé en bagarre. Arnaud a eu le temps de s'échapper mais le Mousquetaire est sur sa trace. Il veut lui faire payer. Comme si cela ne suffisait pas, une troisième personne se rajoute à la liste... si elle est plus improbable que les deux autres, elle reste la plus dangereuse. Arthur de Roberval, le frère du Père Pierre de Roberval est à la recherche de celui qui a tué le curé. C'est un ancien marin, très austère. On le dit sans pitié. Arnaud a eu vent du fait qu'il était à sa recherche par sa propre soeur. Depuis, il semble à cran et tel que je le connais, il est capable de multiplier les erreurs. J'ai fait dire à Bénédicte qu'elle empêche Marie de trop le voir. Un observateur avisé remarquerait ses visites et trouverait ça douteux. Arnaud est en danger... j'angoisse à cette idée. Jean récupéra les feuilles et s'approcha du feu de la cheminée. Avec Arthur dans les parages, il ne pouvait garder ces preuves plus longtemps. Il devait les détruire. Il savait que son âge lui ferait oublier des choses, mais il préférait sacrifier sa mémoire pour sauver Arnaud. Il jeta les papiers aux flammes et alors qu'ils se consumaient, il observa son reflet dans le miroir. Il était pâle. Depuis quelques temps, il avait lui aussi perdu l'appétit, il se sentait fatigué et il avait de plus en plus de mal à se lever et à bouger. Il réchauffa ses doigts glacés à la lueur du feu. Il n'était pas dévin, ni même médecin mais il savait que pour lui le temps était compté. Combien de semaines, de mois ? Il ne le savait guère. Il préférait anticiper et prendre ses dispositions maintenant, avant qu'il ne soit plus en mesure de le faire. Il observa le feu réduire en cendre des années de souvenirs puis quand il fut assuré que plus aucune feuille n'était entière, il se retira dans sa chambre pour se mettre au lit et dormir.
♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕
► Prénom/pseudo : Seb ► Âge : 21 ans ► Présence sur le forum : 2/7 (le week-end) ► Code du règlement : Longue vie au roi ► Comment avez vous connu le forum ? Partenariat ► Suggestions ? Aucune
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 27.09.11 0:52 | |
| Je pense avoir terminé ma fiche. |
| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
♠ ADMIRÉE ADMIN ♠ Here comes the Royal Mistress
► Âge : A l'aube de sa vingt septième année
► Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
► Missives : 7252
► Date d'inscription : 10/09/2006
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 27.09.11 13:18 | |
| TU ES VALIDÉ ! BIENVENUE A VERSAILLES
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Eh bien c'était un véritable plaisir de lire ta fiche ! Style de narration très agréable avec des passages de lettres et de souvenirs, orthographe parfaite ! Histoire et liens respectés ! Je pense que tu as bien intégrer Arnaud ! Je n'ai donc rien à redire vraiment ! Je crois que la team Racine compte un nouveau membre ! Vas falloir se rattraper chez Molière Bienvenu parmi nous ! Très bon jeu à toi parmi les fous que nous sommes ! Je te renvoie aux liens ci dessous qui devraient t'aider pour une bonne intégration. Mais si tu as des questions n'hésite pas surtout, nos mps d'admin sont ouverts. PS : Blandine est toute disposée pour un lien PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum. ♣ Fiches de liens ♣ Fiche de rps ♣ Demandes de rangs et de logements ♣ Proposer un scénario.
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| | | Luigi Colonna
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Tant qu'il bat encore, il battra fort pour son italien, le seul.Côté Lit: Un certain florentin le partage la plupart du temps. D'autres aussi, moins souvent ...Discours royal:
CASSE-COU 1000 vies, un corps
► Âge : 27 ans
► Titre : Prince di Paliano (de la Palissade), membre de la famille Colonna
► Missives : 602
► Date d'inscription : 18/09/2011
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 27.09.11 15:24 | |
| Bienvenue L'histoire est vraiment chouette et bien écrite. Bienvenue donc chez les fous |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 27.09.11 16:46 | |
| Oooh, je surveillais ta fiche depuis que tu l'avais postée J'adore le personnage et son histoire. Ta présentation est vraiment très réussie et très agréable à lire . Il nous faudra réfléchir à un lien un peu plus poussé dès mon retour. Mais sache que Racine est ravi de t'avoir dans sa troupe Bienvenue parmi nous, au plaisir de te rencontrer au détour d'un rp |
| | | Emmanuelle de Vaunoy
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Le souvenir d'un homme et d'une enfant.Côté Lit: Un homme aussi froid que le glace pourvoit à le réchauffer en ce momentDiscours royal:
Princesse sombre Du Royaume des ombres.
► Âge : 28 ans
► Titre : Dame de Noirange, comtesse de Vaunoy
► Missives : 288
► Date d'inscription : 06/08/2011
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 27.09.11 16:56 | |
| Haaaaaan j'adore Je sens qu'il y a moyen de moyenner un lien avec Manue et cette histoire d'excommunication Bienvenue chez les fous ^^ |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 29.09.11 10:50 | |
| Eh bien que dire... à part un gros merci pour tous vos compliments et vos messages de bienvenue ! Sincèrement, ça me touche beaucoup. Je vais créer les sujets de demandes de liens et de RP. J'ai comme le sentiment qu'ils vont être assez prisés. |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: Arnaud Legrand 30.09.11 14:57 | |
| Arnaud Ta fiche est géniale ! Ca va être un plaisir de jouer avec toi. Je ne suis pas présente en ce moment, mais je vais bien trouver un petit moment pour un topic |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Arnaud Legrand | |
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