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 [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps

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MessageSujet: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime19.08.11 1:04

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« On est puni par où on a désiré, toujours. »

Est-ce que loger à Saintes et s'appeler Guillaume du Perche, c'est normal ? Du moins, n'y a t'il pas un problème quelque part ? Cela ne faisait sourire que lui mais lorsque Guillaume avait remarqué que le village le plus près du château de la Roche Corbon portait le nom de Saintes, Du Perche avait émis un petit rire amusé, trouvant que cela lui allait bien au teint. D'ailleurs, il en avait fait part à son valet, Arthur qui avait répliqué en levant les yeux au ciel :

« Vous faire dormir à Saintes et comme faire entrer un loup dans la bergerie. »

Cela le faisait toujours sourire, même la veille de son départ. En tant que voyageur aguerri, personne ne s'était étonné que le Comte du Perche reparte sur les routes quelques jours. Officiellement, il ne s'agissait que d'une lubie de Guillaume mais la réalité était toute autre. En effet, le Roi l'envoyait de temps à autre pour avoir des nouvelles en personne de la favorite et sa suite, savoir ce qu'il se passait et repartir. Souvent, il faisait un crochet par la Perche, voir sa famille et leur donner de ses nouvelles, ainsi que celles d'Eugénie, sa nièce adorée. Là, il l'avait fait à l'aller, ce n'était qu'une escale pour la nuit avant d'arriver à destination.
Tout était en ordre à la Roche Corbon. Amy, bien qu'inquiète pour sa grossesse comme toute future mère, se portait comme un charme et aucune activité suspecte n'était à remarquer, il pouvait donc revenir à Versailles faire son rapport à Louis XIV. Il était hors de question de traîner, on ne faisait pas attendre un monarque ! Et puis, depuis le temps qu'il était à Versailles, Guillaume s'était calmé sur les voyages, disparaître à travers l'Europe pour son plaisir. A présent, il avait des responsabilités : ses activités d'espion lui prenait beaucoup de son temps, puis il n'était plus seul. Sa nièce Eugénie était sous sa protection, il était hors de question qu'elle reste seule au milieu des loups, déjà qu'elle avait failli le voir plusieurs fois. Non, du Perche ne pouvait pas la laisser sans surveillance. La favorite ne pouvait plus la chaperonner vu qu'elle était ici, il fallait que lui garde un œil sur la jeune fille, sait on jamais. Voilà pourquoi il avait décliné l'invitation pour se rendre à Bordeaux à la réception du gouverneur. Pourtant, tout cela avait bien l'air alléchant, une petite fête avec une pointe d'exotisme, des jolies filles … Pourtant, sérieux, pour une fois, il avait préféré retourner à son auberge.

Enfin, sérieux … C'était mal le connaître. Quelques jours auparavant, le belle Perrine Harcourt était venue entre ses draps et il avait lâché l'information qu'il serait non loin de la Roche-Corbon. La jeune femme lui avait dit qu'elle serait aussi dans le coin, Gabrielle ayant des personnes à qui rendre visite dans les parages. Guillaume pouvait bien s'accorder un peu de bon temps. Il ne gênait en rien sa mission, dormir ou se faire un peu plaisir, il restait dans sa chambre ! La camériste ne s'était pas manifestée, et cela est bien dommage. En ce début de soirée où Guillaume entrait à l'auberge, il repensait à sa situation : était-ce bien raisonnable de coucher avec la domestique de celle qu'on a embrassé passionnément quelques temps plus tôt ? Il fallait l'avouer que ce moment l'avait chamboulé plus que prévu ! La belle Longueville était arrivée à l'ensorceler, l'avait attirée jusqu'à cette pièce où elle lui avait demandé un baiser. Elle était tellement sincère en cet instant, tellement loin de leur jeu du chat et de la souris des derniers mois, il n'avait pu que fondre et l'embrasser, assouvir cette envie qui le trottait depuis si longtemps, depuis qu'il avait effleuré ses lèvres lors d'une soirée appartement du Roi … Et voilà que sa camériste, aussi belle qu'intrigante, se glissait dans son lit. Vraiment, Guillaume n'avait pas toujours la conscience bien placée.

A l'auberge, il avait sympathisé avec les propriétaires qui se sentaient flattés qu'un homme de Cour s'arrête dans leur établissement. Ils lui demandaient tous les clichés de Versailles : était-ce vraiment aussi beau ? Le Roi était-il vraiment un homme sans cœur ? La débauche y régnait-elle vraiment ? … Amusé, du Perche s'amusait à répondre avec le sourire, satisfaire leur curiosité. Après tout, ils n'y mettraient jamais les pieds, il pouvait bien leur accorder ce maigre plaisir. La nuit tombait doucement quand Guillaume monta dans sa chambre. A dire vrai, il ne savait pas quoi faire en attendant le sommeil venir. Passer une soirée tranquillement oui, mais pas mourir d'ennui ! Une petite promenade digestive l'aiderait à trouver un sommeil plus rapidement et s'aérer l'esprit.

Il repensait à sa dernière conversation avec sa mère. Comme toute bonne mère, elle rêvait de voir son fils se marier et fonder une famille. Et malgré ses vingt sept ans, Guillaume avait toujours le sermon sur l'importance d'une descendance, qu'il était dans le bon âge, après ce serait trop tard car, s'il n'avait pas la fortune, il avait la beauté, l'intelligence et la protection du Roi. Guillaume avait toujours refusé le mariage pour la bonne et simple raison qu'il était inutile de faire souffrir une femme en allant en voir d'autres. Pas le tempérament fidèle, du Perche n'était pas non plus un salaud : se marier juste pour faire plaisir à sa mère mais rendre malheureuse une autre fille n'était pas vraiment son but dans la vie …

Ses pensées lui avaient tourné la tête et il faisait nuit à son retour à l'auberge, toujours pas fatigué mais ayant au moins tuer un peu de temps. A peine passait-il la porte que l'aubergiste lui sauta presque dessus.

« Monsieur, une jeune femme a demandé à vous voir. Elle vous attend devant la porte de votre chambre. »

L'homme lui fit un sourire complice et Guillaume lui répondit par un large sourire amusé avant de se rendre devant la chambre. Elle était venue finalement. Perrine se trouvait là, adossée à la porte de la chambre, cette éternelle bouille mutine qui lui allait si bien au teint.

« Bonsoir. Je suis bien chanceux car tu serais venue demain, je serais déjà reparti. »

Il ne quittait pas son éternel sourire tout comme il ne la quittait pas des yeux. Finalement, ne pas avoir sommeil pouvait avoir d'excellents avantages …


[hj : je suis désolé, c'est pas le plus top mais j'ai buggé et perdu mon post ...)
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime22.08.11 17:31

Il se murmurait beaucoup de choses à Versailles. A propos de la sécurité du Roi, d’un hypothétique et fantasmé complot, de la robe de telle ou telle Marquise, du mariage d’un certain Duc, et à nouveau, l’on racontait, sourdement, que quelques chose se tramait. Mais à en croire les rumeurs, il y avait toujours quelque chose qui se tramait, dans l’ombre du Soleil. Dans l’ombre, et surtout, dans le dos. De la plus futile médisance aux idées les plus effrayantes, jamais le Roi, à en écouter les ragots, ne pouvait vivre totalement serein ; Versailles était peuplée de bien trop d’âmes sombres pour cela. Alors on parlait, sans savoir. On disait avoir entendu, sans avoir compris. On prétendait être certain, sans avoir de certitude. Et pendant que la Cour entière commérait, d’autres, aux desseins parfois réellement bien plus qu’inavouables naviguaient tranquillement entre les mailles d’un filet bien troué. D’autres qui, eux, savaient, avaient compris et n’étaient que trop pleins de certitudes. Il était devenu tellement banal d’être suspecté par son voisin, après tout, que tout soupçon devenait risible ou matière à nouveau ragot. Et comment avoir de réelle et solide méfiance pour la sécurité des autres, quand pour soi-même, rien n’était jamais assuré ? Alors certes. Il se murmurait beaucoup de choses à Versailles. Mais pendant que le château bruissait de bruits aussi vains que futiles, c’était au château la Roche Corbon de quelque chose se tramait vraiment. Et si le Roi pouvait, pour le moment, dormir sur ses deux oreilles, il n’en était pas de même de sa chère favorite. Mais comment le monarque pourrait-il avoir entendu ce qui se préparait si loin de son château ? Les rumeurs faisaient tant de bruit, à Versailles…

Ce que ne font pas les véritables comploteurs, songea Perrine avec un sourire qui, si il avait était illustré par ses pensées, aurait pu en dire long. La vie dans le trop magnifique château de Louis XIV ne faisait pas qu’enfermer les nobles de tous horizons, mais les rendaient aveugles et sourds de vouloir trop voir, et trop entendre. A traquer tout et n’importe quoi, l’on finit fatalement tomber sur de tout, et surtout, sur n’importe quoi. Les bruits les plus courant étaient bien souvent les plus faux à la Cour, déformés par le bouche à oreille ou bien lancés tels quels, dans le but de détourner l’attention de rumeurs qu’il serait véritablement bon pour certains de faire courir. Les rendre plus sourds encore, plus aveugles qu’ils ne l’étaient déjà, voilà un jeu auquel la camériste de la Duchesse de Longueville excellait. Cela passait par les fausses informations, les ragots inventés de toutes pièces qui parmi les domestiques comme les plus grands, se répandaient comme une trainée de poudre, certes. Mais il y avait bien d’autres méthodes, bien plus redoutablement efficaces, lorsqu’il s’agissait de détourner d’un objet l’attention de quelqu’un qui n’aurait pas dû un seul instant le lâcher du regard. Et puisqu’il fallait parfois pour cela se donner entièrement, alors autant joindre l’utile à l’agréable. Et sur les routes de la ville de Saintes, un second sourire effleura les lèvres de Perrine. Ce soir, elle prendrait l’adage au mot, et pour que rien ne vienne briser ou emmêler les fils qui, insidieusement, se tissaient autour du Roi Soleil, et pour que la nuit qui se profilait soit tout aussi passionnante que les précédentes. Ce soir, les complots qui les avaient peuplées faisaient place au plaisir.

Couverte d’une longue mante sombre, l’intrigante marchait rapidement, n’hésitant pas un instant sur le chemin à prendre. Les rues et ruelles se suivaient, se ressemblaient, mais elle ne s’arrêta pas, sachant parfaitement où il lui fallait se rendre. Une petite auberge, à la périphérie de la ville. Auberge qu’avait choisie le Comte du Perche pour y passer le temps nécessaire à s’assurer de la santé et de la sécurité de la favorite royale enceinte. Ce qu’il fallait absolument qu’il oublie ce soir. Faire oublier sa mission à un émissaire du Roi pouvait passer pour une tâche ardue, mais lorsqu’il s’agissait de Guillaume, Perrine répondait de tout. C’était ce qu’elle avait assuré à Gabrielle, quelques jours plus tôt, après avoir appris de la bouche même du Comte qu’il serait sur les lieux ce soir. Et comme dans le sombre étau qui se refermait autour d’Amy of Leeds, elle avait déjà accompli toutes les missions qui lui avaient été confiées, c’était avec plaisir qu’elle se chargerait de celle-ci. Sans mauvais jeu de mot, ni ironie. Elle appréciait réellement du Perche, à peu près autant qu’elle appréciait leurs nuits ensemble. Mais le jeune homme avait eu la mauvaise idée de se mettre au service du Roi, quand elle se trouvait précisément du côté opposé – aussi antipathique le meneur du côté en question puisse-t-il lui être. Ce qu’elle savait, mais dont lui n’avait pas la moindre idée. Il se méfait de Gabrielle, et la réciproque était vraie. Mais qu’y a-t-il de plus innocent qu’une domestique prête à tomber dans les bras de l’irrécupérable coureur de jupons, et qui plus est, à y retourner ? Personne. A l’approche de l’auberge, Perrine retira le capuchon de son manteau. Personne, oui, et cette idée n’était certainement pas pour lui déplaire.

Un sourire aux lèvres, elle poussa la porte de l’établissement et se dirigea aussitôt vers le comptoir, posant un œil perçant et auquel rien n’échappait sur tout ce qui se trouvait autour d’elle. Pas de trace de Guillaume.
« Bonjour belle demoiselle, qu’est-ce que j’peux faire pour vous ? l’apostropha le tenancier. Nous avons de très jolies chambres de disponibles pour les dames comme vous ! ajouta-t-il avait l’avoir jaugée du regard. »
Cintrée dans une robe simple, mais dénotant avec assez clairement avec le reste des occupants de l’auberge, Perrine passait aisément pour plus qu’elle n’était, ce qui attira un bref éclat d’orgueil dans ses yeux, aussi vite éteint qu’il était apparu. Elle n’était pas là pour jouer à la grande dame.
« La chambre que je veux est déjà occupée, répondit-elle, complice. Un certain Comte…
- Monsieur du Perche ? la coupa l’aubergiste, visiblement sûr de lui. Elle opina du chef, amusée de son grand sourire. J’suis désolée, mais il est sorti… »
A ces mots, une moue contrariée tordit les lèvres de Perrine. Voilà qui était fâcheux, et contrecarrait sérieusement ses plans. Elle allait tenter de savoir où il s’était rendu, mais guidé par ce qui pouvait aisément passer pour de la déception sur les traits de la camériste, l’homme la devança.
« Il est juste allé se promener ! Il devrait pas tarder ! Vous pouvez l’attendre devant sa chambre, si vous voulez… conclu-t-il, avec une mimique complice. »
Perrine hésita une seconde, à l’idée qu’il puisse être sortit pour plus qu’une simple balade, mais décidant de se donner vingt minutes, elle déposa en silence deux pièces sur le comptoir de l’aubergiste en hocha mystérieusement la tête.

Ravi, l’homme engouffra l’argent dans sa poche puis l’invita à le suivre, avant de la conduire entre les tables, puis dans les couloirs de l’auberge. Ils arrivèrent rapidement devant la porte, et lui assurant une nouvelle fois qu’elle n’attendrait pas longtemps, comme s’il en savait quelque chose, il la quitta là, faisant tourner les deux pièces dans sa poche. Perrine quitta un instant son sourire lorsqu’il eut disparu, et s’adossa au mur, songeuse. Elle doutait que du Perche puisse avoir entendu quoi que ce soit sur les plans concernant la Roche Corbon, et savait qu’il pouvait être sorti pour n’importe quoi, mais s’il avait décidé d’y faire un tour, juste comme ça ? Elle cherchait déjà un moyen de prévenir Gabrielle quand des pas attirèrent son attention dans le couloir. Recouvrant un air mutin qui ne la quittait presque jamais, elle tourna la tête, profondément soulagée de voir se dessiner la silhouette de Guillaume.
« Bonsoir, le salua-t-elle, espiègle.
- Bonsoir, répondit-il. Je suis bien chanceux car tu serais venue demain, je serais déjà reparti.
- Alors nous sommes tous les deux chanceux… »
Elle plus que lui, mais ça, il n’en pouvait rien savoir. Appuyée contre le mur, elle attendit qu’il déverrouille sa porte, jouant négligemment du bout des doigts avec les pans de sa longue mante sans le quitter des yeux. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient tout deux entendre les bruits et autres éclats de voix qui s’échappaient de la pièce principale de l’auberge. Tout ce beau monde respirait l’insouciance, et cette simple idée attira un nouveau sourire sur les lèvres de Perrine. La chambre ouverte, elle y entra sans se presser, et en fit distraitement le tour du regard avant de se débarrasser de son manteau, devenu inutile, le laissant tomber à la place où elle se trouvait.
« La Duchesse a eu besoin de moi plus longtemps que prévu, mais heureusement, j’ai pu m’éclipser, lança-t-elle en se tournant, mutine toujours, vers Guillaume. »
Il était rare qu’elle appelle Gabrielle autrement que par son prénom, mais il n’avait surtout pas besoin de se douter du point auquel les deux jeunes femmes étaient proches, et encore moins ce soir. Lorsque la disparition de la favorite lui tomberait dessus, aurait-il des soupçons sur elle ? Peut-être. Mais ils n’en étaient pas encore là.
« Alors, ce petit voyage ? demanda-t-elle en s’adossant au mur, un sourire charmant aux lèvres. »



Dernière édition par Perrine Harcourt le 28.09.11 16:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime16.09.11 21:52

« Alors nous sommes tous les deux chanceux… »

La jolie Perrine avait toujours un visage angélique mais ses sourires et son regard trahissaient toujours un petit côté démon, pas bien méchant, juste assez mutin pour faire comprendre qu'elle n'était pas une fille sage. Quelle jeune femme se disant ''sage'' attendrait un homme devant la porte de sa chambre, l'air le plus naturel au possible. En même temps, Du Perche n'était pas un saint non plus alors il ne pouvait pas juger les actions des autres, surtout quand ces mêmes personnes servent ses propres intérêts. Qu'aurait-il eu à gagner si Perrine ne voudrait pas aller plus loin que de simples bavardages nocturnes ? Certes, elle était jolie et spirituelle, elle avait de la conversation et des mots qui touchent, mais cela est bon pour les sorties en salons ou à la Cour, pas quand on se retrouve seul à seul avec un Guillaume au beau milieu de la Guyenne. Il fallait parfois un peu réfléchir.

Sauf que là, celui qui ne réfléchissait plus, c'était bien notre espion national. Du Perche en oubliait ses priorités. Seul dans sa chambre, il aurait peu dormi, effectuant des rondes nocturnes aux alentours du château de la favorite pour être sûr que rien ni personne ne troublait le calme des environs. C'est ce qu'il avait fait toutes les nuits précédentes, celle-ci ne devait pas faire exception. Enfin, elle n'aurait pas du … Changer de temps de conjugaison signifiait beaucoup sur les intentions de Guillaume au sujet de Perrine. Vu qu'il ne serait plus seul dans sa chambre, il n'y avait aucune raison de ne pas en profiter joyeusement. Il avait surveillé les autres nuits, Evangeline était sur ses gardes depuis plusieurs mois, rien ne s'était passé. Il n'y avait aucune raison pour que ce soit pile à ce moment-là que quelque chose arrive. Guillaume devrait pourtant le savoir : il ne suffit qu'un instant d'innattention …
De toute façon, il était trop tard, il avait ouvert la porte et Perrine entrait dans sa chambre. Il faisait entrer le loup dans la bergerie. Pour une fois que ce n'était pas lui, le loup ! La jeune femme laissa tomber son manteau sur le sol tandis que du Perche jeta le sien sur un fauteuil à côté de lui.

« La Duchesse a eu besoin de moi plus longtemps que prévu, mais heureusement, j’ai pu m’éclipser. »
« Et tu t'es échappé pour me voir ? Je suis flatté. »


Lui aussi arborait un charmant sourire en coin, un peu séducteur et surtout, il ne la quittait pas du regard. Que pourrait-il regarder d'autre après tout ? Perrine était une jolie femme et, entre eux, il n'y avait pas besoin de faux-semblants ni de se montrer sous un jour plus conventionnel. Non, ils se connaissaient suffisamment pour laisser tout cela de côté, et tant mieux. Si Guillaume adorait le côté séduction, il ne pouvait pas passer son temps à recommencer inlassablement le même jeu, et puis, quand on connaît bien une personne et qu'elle nous satisfait pleinement, pourquoi aller voir ailleurs alors que cette personne se trouvait dans la même pièce que soi ? Depuis longtemps, Guillaume avait vu du monde, des femmes et ne s'était jamais posé. Il répondait souvent qu'il aimait trop les femmes pour n'en aimer qu'une, ou alors que les femmes l'aimaient trop et qu'il serait cruel de leur refuser un peu de compagnie. Malgré son activité d'espions, il n'avait jamais changé de train de vie. Le Roi lui avait dit de rester comme à son habitude, d'être juste un peu plus vigilant au monde qui l'entourait. Alors il appliquait de façon bête et méchante ce que lui avait dit le monarque français, il restait donc fidèle à lui-même. Ce soir n'était donc pas une exception, mais une habitude.

« Alors, ce petit voyage ? »

Elle s'adossa contre le mur, posant cette question de manière innocente. Ne lui en avait-il pas trop dit la dernière qu'il s'était dit ? Guillaume s'en était rendu compte au matin, une fois qu'elle était partie. L'histoire de la favorite enceinte en Guyenne … La jeune camériste ne devait pas trop en savoir sur ce qu'il faisait ici. En qualité de proche de Sa Majesté, il était évident que sa mission ici était de simplement apporter un message, prendre des nouvelles et rentrer. Tout cela n'était pas totalement faux, juste qu'il omettait les discussions avec Mademoiselle de Comborn sur la sécurité d'Amy of Leeds, les rondes nocturnes, questionner l'air de rien les personnes entourant le château. Voilà, tout n'était pas à dire, il fallait savoir tenir sa langue. Le comte s'approcha de la jeune femme et appuya sa main sur le mur, non loin de sa tête. Il s'était rapproché mais son corps restait à distance raisonnable, toujours cet irrésistible sourire sur les lèvres.

« Bien calme par rapport à mon quotidien versaillais. Mais mon petit retour à la nature se finit demain, pour mon plus grand plaisir. »

Là encore, il ne mentait pas … pas totalement. Il était un garçon de la campagne mais bien trop attaché aujourd'hui à la Cour, il avait délaissé ses projets de voyages pour vivre à Versailles sous les ordres de Louis XIV. Aussi étonnant que ce soit, Du Perche appréciait finalement de rester à la même place, il y avait plus d'un monde dans le plus beau château du monde ! Il s'approcha du cou de la jeune femme, humant tout d'abord l'odeur de sa peau avant que sa bouche n'atteignit le cou de la jeune femme, que son visage s'enfouit presque entièrement dans sa jolie chevelure. Il goûtait doucement, sans se presser, au cou gracieux de Perrine tandis que son corps se rapprochait petit à petit. Pas besoin de se presser, ils avaient toute la nuit. Sa bouche remonta sur la mâchoire, la joue droite et s'arrêta face à sa bouche. Cette fois-çi, ils étaient vraiment tout proche, même si leurs corps ne s'étaient pas totalement collés, il ne suffisait de pas grand chose. Juste faire durer un peu plus l'instant présent. Sa bouche se posa un instant sur celle de Perrine, délicatement, juste une mise en bouche. Puis il planta ses yeux bleus dans ceux de la camériste et prit un visage amusé, presque moqueur.

« Je suis un réel chanceux que tu n'étais pas loin. J'espère que cette fois, tu ne partiras pas trop tôt … »

Une de ses mains lui caressait doucement les cheveux tandis que l'autre enserrait la fine taille de la demoiselle. Une bonne soirée en perspective …

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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime28.09.11 16:45

« Et tu t'es échappé pour me voir ? Je suis flatté.
- Je n’allais tout de même pas manquer une pareille occasion… »
… une pareille occasion de servir les sombres desseins du complot. Un sourire mutin étira ses lèvres, sourire qui ne montrait pas la moitié de ce qui pouvait bien se cacher derrière les traits faussement angéliques dont elle savait si bien se doter. Et dire que c’était d’abord par dépit qu’elle était volontairement allée se perdre dans les bras du jeune homme ; qu’il n’y avait derrière cet abandon pas d’autre intérêt que celui d’aller chercher chez son ennemi et rival ce que Paris avait sans doute trouvé au bras d’une énième conquête qu’elle s’était pourtant tout particulièrement appliquée à faire fuir. Elle ignorait, lorsqu’elle avait cédé à ce coup de tête, si oui ou non le Prince en avait été touché qu’une quelconque manière, mais au moins avait-elle eu, l’espace d’un instant, la douce sensation de s’être vengée – et, aspect non négligeable, y avait également non seulement gagné un parfait amant, mais aussi un informateur précieux. A ses dépends, certes, mais précieux tout de même. Et jamais cette belle coïncidence que celle de leur présence à tous deux, en Saintonge, au même moment, n’aurait été si habilement provoquée s’il ne lui avait pas glissé, un soir, une partie de sa mission autour de la grossesse de la favorite. Sans cette redoutable confidence, sans doute Guillaume serait-il à cet instant précis entrain de faire une ronde autour du château de la Roche Corbon, comme il l’aurait tout particulièrement dû ce soir. Il en était de même pour Comborn, dont la distraction avait été laissée aux bons soins de Cédric et qui devait maintenant être à peu près aussi occupé que ne l’était Guillaume. Perrine eut une pensée pour Gabrielle. Tenait-elle déjà la favorite ?

Sans rien montrer de ses songes d’intrigante, elle s’adossa donc à l’un des murs de la chambre, une avec question innocente sur le voyage du jeune homme. Elle n’était pas censée savoir plus que ce qu’il ne lui avait dit ; à savoir qu’Amy of Leeds s’était retirée en Guyenne pour sa grossesse et que du Perche avait été mandaté par Sa Majesté pour prendre des nouvelles de la future mère. Un instant, Perrine se demanda ce qui se passerait lorsque le roi découvrirait la façon dont son amante lui avait été retirée. Ils avaient tous tellement à perdre si quelque chose, ne serait-ce qu’une vague information avait filtré. Il y avait tant de grands noms dans cette affaire… qui pourrait résister à l’idée de ce qu’il y avait à gagner en dénonçant un tel complot ? Mais rien de tel ne s’était passé – ni ne se passerait. Ils avaient tous été bien trop prudents pour ça. Raison pour laquelle Perrine restait si sereine depuis les quelques semaines qu’elle sillonnait les routes avec Gabrielle. Elle n’était pas moins sûre d’elle ce soir que tous les autres, d’autant plus maintenant que la porte de la petite chambre s’était refermée Guillaume. Et rien, aucune angoisse de dernière minute ne saurait effacer de ses traits son éternel sourire mutin. L’œil éloquent, elle observa le comte s’approcher d’elle et s’appuyer d’une main contre le mur auquel elle tournait le dos. Ce soir, elle n’avait qu’à faire de même que tous les autres… ce qui n’était pas, il fallait l’admettre, pour lui déplaire. Après tout, Guillaume était un amant pour le moins plaisant, autant qu’une agréable compagnie. Certes, cette nuit, elle trahissait en tout point cette drôle d’amitié. Mais il y avait longtemps que Perrine avait appris à séparer ses sentiments de ses intrigues. Tous ses sentiments.

« Bien calme par rapport à mon quotidien versaillais. Mais mon petit retour à la nature se finit demain, pour mon plus grand plaisir, répondit Guillaume à son innocente question, une moue charmante aux lèvres.
« Il s’agit de fêter cela dignement, alors, souffla Perrine en passant deux bras autour de sa nuque. »
La séduction était un jeu qui lui plaisait peut-être autant que celui de l’intrigue – et auquel elle ne dépareillait pas. Ce soir, deux parties se mêlaient, et lorsque du Perche posa ses lèvres au creux de son cou, la jeune femme sut qu’elle en avait au moins remportée une. S’autorisant un éphémère sourire qui n’avait plus rien d’angélique, elle laissa Guillaume se rapprocher et sa bouche errer jusque là sienne, sillonnant lentement son cou et sa mâchoire. Pourquoi se presser ? Ils avaient autant de temps qu’ils le voulaient. Perrine, cette fois, n’en serait pas avare – loin de là. Resserrant légèrement son étreinte autour du comte, elle planta son regard dans le sien alors qu’il se décollait légèrement de ses lèvres. Leurs sourires, à bien y regarder, étaient absolument identiques, et ils savaient pertinemment tous les deux qu’il en était de même de leurs pensées – à quelques intrigantes exceptions près.
« Je suis un réel chanceux que tu n'étais pas loin. J'espère que cette fois, tu ne partiras pas trop tôt… lança Guillaume, une main dans les cheveux de Perrine et l’autre sur sa taille.
- Nous avons au moins toute la nuit… souffla-t-elle en guise de réponse. »
Achevant de coller son corps au sien, elle lui rendit son baiser avec un brin plus de fougue. Mais elle venait de le dire : ils avaient toute la nuit ; et d’humeur joueuse, elle ne resta pas longtemps dans cette définition, et s’échappa soudain subtilement des bras de Guillaume.

Non sans lui avoir adressée une moue espiègle, elle fit tranquillement quelques pas dans la pièce, y jetant un nouveau et rapide regard qui finit par glisser par la petite fenêtre non loin de laquelle elle s’était arrêtée, dos au jeune homme. Dehors, la ville semblait s’être endormie. Rien ne bougeait plus, et c’est à peine s’ils pouvaient encore entendre, de là où ils étaient, les voix émanant de la salle principale de l’auberge. Une nuit comme les autres sur la ville de Saintes. A cette pensée, elle eut un nouveau sourire dont, se retournant soudain vers Guillaume, elle n’exprima qu’un seul des nombreux sens.
« Tu sais, j’ai faillis ne pas te croire quand tu m’as dis t’être installé à… Saintes, lâcha-t-elle, amusée, en songeant qu’avec deux démons – chacun dans son domaine – tels qu’eux en son enceinte, la ville perdait de sa crédibilité. Voudrais-tu t’y cacher que je suis certaine que tu y arriverais sans problème : personne n’aurait jamais l’idée de venir te chercher là, continua-t-elle, sans arrière pensée cette fois. »
Tout en parlant, Perrine s’était lentement rapprochée de lui, et du lit qui trônait au centre de la pièce, sur lequel elle se laissa tomber assise, un léger éclat de rire ponctuant sa dernière phrase.
« Si tu voulais faire de l’ironie, c’est réussi… conclut-t-elle en levant sur lui un regard éloquent. »
Il était clair que l’enjeu de la soirée, pour lui comme pour elle, était loin de faire preuve de… sainteté.
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime27.11.11 18:58

Un jour, les femmes le perdront. Son père lui en avait fait la remarque, quelques amis et le Roi lui-même. Ce dernier lui avait dit sur le ton de la plaisanterie mais les paroles du Roi n'étaient jamais sans sous-entendus. Son amie Evangeline le lui avait rappelée souvent. Son acolyte et amie d'enfance trouvait que Guillaume était volage et bien qu'il fasse ce qu'il veut, il n'était pas à l'abri de se perdre à cause d'une demoiselle. Il avait toujours balayé cette hypothèse, sûr de lui en jurant qu'aucune femme ne le ferait détourner de sa mission, qu'il les connaissait trop bien pour qu'il tombe dans un piège. Pourtant, il avait sauté les deux pieds joints dans celui de Perrine. Certes, à la base, elle était juste une maîtresse, une belle amante et d'agréable compagnie. Cette relation suivie pour quelques moments de plaisirs n'apportaient aucune conséquence sur le travail d'espion de Du Perche. Il était tellement en confiance, certain que la camériste ne pouvait pas avoir de double-visage, qu'il lui arrivait de lâcher de menues informations, mais qui se révélaient de grandes importances dans certaines situations ! A une simple camériste, dire en secret qu'il partait en Saintonge parce que la favorite s'y trouvait, cela aurait pu s'arrêter, un secret raconté sur l'oreiller et gardé par les deux amants. Seulement Perrine n'était pas une simple camériste, tout comme la jolie Gabrielle n'était pas une simple duchesse. Les deux jeunes femmes trempaient dans un affreux complot, elles étaient théoriquement l'ennemi de Guillaume qui se trouvait dans le camp du Roi. Mais cela, il ne le savait pas, chaque parole potentiellement intéressante sortie de la bouche de Du Perche à Perrine était rapportée. Et donc, cette simple information sur la localisation de la favorite avait enclenchée un lourd projet où Amy of Leeds allait en être la principale victime. Guillaume saura peut être un jour la vérité et ce sera terrible pour lui … Déjà que son futur n'allait pas être d'une grande joie !

Mais il ne savait rien de tout cela, se perdait donc avec Perrine dans sa chambre, elle et son sourire mutin, sa bouche séduisante et son jeu du chaud-froid alors qu'elle savait pertinemment l'issue de leur rencontre nocturne. Elle-même le disait si bien :

Nous avons au moins toute la nuit…

Alors si la nuit leur appartenait, pourquoi se presser ? Certes, Guillaume aurait pu refuser cette entrevue pour aller faire ses rondes habituelles. Mais voilà de nombreux mois qu'il faisait des allers-retours, qu'au détour de ses discussions avec Evangeline, tous deux avaient bien vu que rien ne se passait, que cette campagne était paisible et sans l'ombre d'un ennemi. Les rondes de l'espion se faisaient avec moins d'assiduité, il n'y avait pas âme qui vive autour du château. Ce n'est pas comme si, en ne faisant pas celle de ce soir, et/ou de demain matin avant son départ qu'il allait se passer quelque chose. Pourtant, Guillaume devrait connaître cette fameuse phrase : il suffit d'une fois … Non, pour l'instant, il était davantage occupé avec la jolie Perrine, l'avoir contre lui et l'embrasser, tout d'abord le cou puis remonter jusqu'à sa bouche.
Mais, autant que lui, elle avait l'art du jeu, et voilà qu'elle s'échappa des bras du comte sans s'arrêter d'avoir ce sourire sur les lèvres. Elle n'était qu'à quelques pas de lui, la regardant marcher dans la chambre, avec un éloquent silence à l'extérieur. Il ne se passait rien dans cette ville, il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Saintes était une ville paisible. Le nom de cette ville prêtait à sourire, il n'avait pas pu s'en empêcher lorsque le Roi lui expliqua sa nouvelle mission dans la dernière missive. Son valet avait lâché le bon mot et voilà que la camériste s'y mettait aussi.

Tu sais, j’ai faillis ne pas te croire quand tu m’as dis t’être installé à… Saintes. Voudrais-tu t’y cacher que je suis certaine que tu y arriverais sans problème : personne n’aurait jamais l’idée de venir te chercher là.

Un jour où, pour une raison ou une autre, Guillaume serait recherché, il se cacherait ici, il y avait pensé aussi. Guillaume du Perche vivant à Saintes était une vaste plaisanterie à laquelle les deux protagonistes rirent tandis que la jeune femme s'assit sur le lit. Faire une conversation plaisante tout en faisant avancer les choses, Perrine savait exactement comment s'y prendre avec lui.

Si tu voulais faire de l’ironie, c’est réussi…
Tu trouves ? J'étais pourtant certain que cette ville m'allait comme un gant.


Si un jour Guillaume devenait aussi chaste qu'un saint, certaines groupies ne s'en remettrait pas. Oui cela pouvait paraître assez vaniteux mais il n'y avait qu'à voir le regard de ces dames au passage du comte dans la galerie des glaces ou leur façon de glousser au moindre petit compliment. La Nature lui avait donné un physique très avantageux, il n'y avait pas de raison de ne pas en profiter. D'ailleurs, il n'allait pas s'en priver ce soir, Perrine était là pour lui, il n'allait pas jouer son saint, surtout lui ! Il s'assit à ses côtés, un sourire en coin résumant bien la situation et les pensées de Guillaume à cet instant. Ses mains savaient où aller, elles connaissaient bien le corps de la gente féminine et particulièrement celui de Perrine tandis que lui se rapprochait pour que ses lèvres entrent en contact avec les zones de peau nue de la jeune femme avec une sensualité infinie, remontèrent jusqu'à l'oreille où il y glissa quelques mots sur le ton de la confidence :

Ce n'est pas comme si tu étais aussi à ta place dans cette ville …

Sûr que Perrine non plus n'était pas une sainte, et ce n'était pas plus mal, du moins pour Guillaume. Elle ne serait pas là sinon, dans ses bras, à être couverte de baisers tandis que des mains délaissaient avec délicatesse les lacets de sa robe. Non pas qu'il soit pressé mais il faut bien commencer à avancer malgré la longue (et agréable) nuit qui les attendait …

[J'avais complètement oublié de te répondre … en + j'ai pas beaucoup fait avancer, sorry]
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime17.12.11 12:26

Où en était Gabrielle ? La question traversa un instant durant l’esprit de Perrine alors qu’assise sur le lit, elle adressait quelques mots amusés à Guillaume. Avait-elle déjà rejoint le château ? Mieux, avait-elle déjà la favorite ? Il n’y avait pas si longtemps que cela que la camériste avait quitté sa maîtresse, et mentalement, sans cependant quitter son amant du regard, elle ne put s’empêcher de revoir le chemin qu’avait à parcourir la duchesse de Longueville pour arriver à la demeure d’Amy of Leeds ; le petit discours que l’on avait dicté à un valet ; la lettre pressée que l’on avait écrite d’une main faussement tremblante ; le carrosse dépourvu d’armoiries… Perrine n’était pas nerveuse, loin de là – elle ne l’était jamais. Elle savait que tout ne pouvait que se passer comme prévu, elle avait confiance. Tant que Cédric remplissait aussi bien sa mission qu’elle ne le faisait à cet instant précis… l’opération serait réussie. Il n’y avait que la Comborn, et du Perche, qui soient capables de les arrêter – or ces derniers étaient présentement fort occupés. Depuis ces longues semaines loin de la Cour, Perrine n’avait cessé d’aller rôder non loin du château de la Roche Corbon. Depuis que la favorite y était arrivée, elle le savait, rien ne s’était passé. Et si l’attente lui avait semblé longue, au moins était-ce certain que la méfiance des deux chaperons s’était endormie. A cette idée, une nouvelle moue gagne ses lèvres. Ne jamais baisser sa garde, c’était la première des règles. Saintes n’était pas une ville aussi innocente que son nom pouvait le laisser paraître.

« Tu trouves ? J'étais pourtant certain que cette ville m'allait comme un gant, répondit Guillaume, comme en écho aux pensées de la diabolique camériste. »
Mutine, elle leva les yeux vers lui, jouant du bout des doigts avec une mèche de cheveux. Du Perche ? Un saint ? Voilà qui serait fort dommage.
« Si c’était le cas, je n’aurais rien à faire ici, répondit-elle ave une petite moue. »
Encore une chose qui aurait été dommage. Certes, à cet instant précis, Perrine trahissait de bout en bout son amant, mais au moins le faisait-elle d’une délicieuse façon. Beaucoup de choses auraient pu être imaginées pour tenir éloignés les deux espions ; mais beaucoup de choses pour la plupart risquant d’éveiller des soupçons quant aux instigateurs de cet enlèvement. Le fait que du Perche, lorsqu’il se rendrait compte de son erreur, puisse se poser des questions sur le drôle de hasard qui avait mené la demoiselle dans son lit cette nuit-là tout particulièrement avait bien étendu effleuré l’esprit de Perrine. Mais chaque chose en son temps et, confiante, elle savait qu’il serait toujours temps d’y réfléchir et d’y palier le moment venu. Pour l’heure, le comte ne se doutait de rien… et elle avait une charmante nuit de laquelle profiter. C’était ce qu’il y avait de beau, dans cette sombre intrigue : comploter sans s’oublier, et laisser la part belle au plaisir. Une fois encore, alors qu’elle observait Guillaume s’approcher à son tour du lit, la demoiselle songea à Gabrielle, savamment dissimulée derrière son costume, qui devait sûrement déjà être aux aguets aux alentours du château et lui souhaita intérieurement toute la réussite possible.

Se doutait-elle seulement de la raison des vagues réticences qu’elle cru percevoir chez sa maîtresse lorsqu’elle avait lancé l’idée de s’occuper du comte ? Pas le moins du monde – et pour une fois, le détail échappait à la clairvoyante camériste. Une lueur malicieuse au fond des yeux, elle ne lâcha pas le jeune homme du regard, passant une main sensuelle dans ses cheveux alors qu’il partait à l’exploration de ses épaules, volontairement laissées à nue par la robe qu’elle portait.
« Ce n'est pas comme si tu étais aussi à ta place dans cette ville… lui glissa-t-il à l’oreille après y avoir lentement amené ses lèvres. »
Perrine, avec un sourire, ferma les yeux. Un instant, sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit, l’image de Paris, de ce qui s’était passé avant le fameux départ pour la Saintonge s’imposa à elle. Un instant seulement. Tout cela ne devait en aucun cas interférer dans sa mission – et il n’était certainement pas temps d’y songer, pas là alors que du Perche commençait lentement à délacer sa robe. Elle s’en était déjà convaincu, plusieurs fois, depuis qu’elle avait quitté Gabrielle pour rejoindre Saintes et son auberge. Et par l’un de ces revirements de conscience qui faisaient d’elle la redoutable intrigante qu’elle était, Perrine parvint à balayer tout cela de ses pensées. Elle trahissait son amant, autant que ses sentiments, mais n’en faisait plus qu’un constat froid et cynique. Et maintenant qu’elle en était là…

« En effet… et tu n’as pas idée à quel point… susurra-t-elle enfin pour répondre à Guillaume. »
Non, il n’avait idée à quel point l’amante et comploteuse qu’elle était n’avait pas sa place dans une ville nommée Saintes. Mais comme pour l’aider à se mettre sur la piste de l’amante, soudain, elle se laissa tomber en arrière sur le matelas, l’attrapant par sa chemise pour l’entraîner dans sa chute, tandis que ses lèvres se posaient à nouveau sur les siennes. Lentement, elle laissa glisser l’une de ses mains sous la chemise, maintenant un brin gênante, du jeune homme, et ce sans cesser de l’embrasser jusqu’à ce que, sans prévenir à nouveau, elle n’inverse leurs positions, une moue qui en disait long aux lèvres. Se redressant au dessus de lui, elle rejeta vivement en arrière les cheveux qui lui balayaient le visage, jouant du bout des doigts avec un pan de la chemise de Guillaume.
« Mais peut-être souhaites-tu en avoir un aperçu… acheva-t-elle en faisant mine de lever peu à peu cette fameuse chemise. »
A son tour, elle laissa errer ses lèvres sur le torse du comte, prenant au passage tout son temps, jusqu’à regagner sa bouche et s’y attarder un instant.
« Alors… tenté d’oublier Saintes ? »
La nuit allait être belle.



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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime22.02.12 14:22

En effet… et tu n’as pas idée à quel point…

Non, Guillaume ne savait pas à quel point Perrine au cœur de la ville de Saintes pouvait être en total décalage. Si l'espion avait le pêché des demoiselles, son amante du soir était la reine des intrigues, ce qu'on ne pouvait pas vraiment douter avec ce visage si angélique à la première apparence. Lui qui savait bien discerner les gens, ne savait pas voir plus loin que le bout de son nez concernant Perrine. Ce qu'il savait très bien par contre, c'est qu'elle n'était pas une sainte au niveau des hommes. C'est la camériste qui, saisissant la chemise de Guillaume, les firent tomber tous les deux sur le lit. En position dominante pour commencer, Du Perche se retrouva bien vite dos au matelas, la jolie Perrine à califourchon sur lui, déboutonnant lentement sa chemise. Tout sourire, il se laissait bien évidemment faire. On ne pouvait pas dire non à une jeune femme aussi diaboliquement belle.

Mais peut-être souhaites-tu en avoir un aperçu…

L'aperçu fut des plus agréables quand les lèvres de la jeune femme se posèrent sur son torse nu, remontant lentement mais sûrement jusqu'à ce que leurs visages soient tout proches.

Alors… tenté d’oublier Saintes ?
C'est si bien proposé qu'il serait cruel de refuser …


L'enserrant dans ses bras, Guillaume embrassa sa belle avant de rouler sur le lit pour se retrouver à nouveau au-dessus. Il l'embrassa à nouveau, avec plus de passion que les fois précédentes, les choses sérieuses pouvaient commencer. Progressivement les vêtements quittèrent leurs propriétaires, tombant sur le sol car ils n'étaient plus d'aucune utilité pour la nuit qui s'en suivait. Les mains exploraient le corps de l'autre, ces mêmes corps qui s'emmêlaient au fil des minutes pour ne faire qu'un. Il était certain que la ville de Saintes accueillaient deux pêcheurs dans cette chambre qui s'en donnaient à cœur joie, loin des préceptes catholiques de ne pas succomber aux plaisirs de la chair. Autant dire que la bouche de Guillaume embrassant sensuellement la peau nue de Perrine n'avait rien de morale … et pourtant le moment était si bon.

Les draps froissés par leurs étreintes, les deux amants décollèrent enfin l'un de l'autre. Qu'elle était belle, le visage rougie par l'émotion, quelques mèches collées à son front, et ce sourire à la fois délicieux et diabolique. Guillaume ne savait pas dans quel piège il était tombé, on le prenait par son point faible par des manières viles et si douces à la fois. Comment pouvait-il imaginer ce que Perrine et sa maîtresse pouvaient manigancer à cette heure-là ? Un jour, il devrait regarder plus loin que le sourire des femmes, plus loin que leurs décolletés aussi. Peut être qu'un jour, il comprendra son erreur. Il ne savait pas encore ce qui l'attendait, ni les conséquences de cette nuit aurait comme impact sur sa place d'espion, c'était tellement au-dessus de lui tout ça.

Il vivait un peu trop dans le présent, ne pensait plus à sa mission, à ses responsabilités, juste à la jeune femme à ses côtés tout en caressant son bras délicatement. Il arborait ce sourire irrésistible, à la fois triomphant et heureux. Du Perche ne pouvait pas parler de victoire, Perrine était une de ses amantes régulières et c'était elle qui était venue jusqu'à lui. Mais il ne faisait pas la fine bouche, bien au contraire. Sauf que même les grands séducteurs peuvent aborder des sujets qui peuvent fâcher, au lit. La curiosité le démangeait et il ne pouvait pas s'empêcher de jouer au con.

Mais dis moi, que fais mademoiselle d'Harcourt dans le lit d'un simple comte ?

Il y avait repensé à plusieurs reprises depuis qu'il l'avait rencontrée, en compagnie de Monsieur et de cet abruti de Longueville, à la soirée chez la comtesse des Barres. Et puis qu'elle ne pouvait pas s'échapper en cet instant, il en profitait largement.

Je savais qu'il y avait des nobles qui s'habillent en gueux pour traîner dans Paris, mais au point de passer des années au service des Longueville, voilà une grande première. Devrais-je peut être te vouvoyer à nouveau ? plaisanta t'il avant de redevenir un peu plus sérieux. Parle moi un peu de ta grande mascarade …

Elle pouvait lui mentir, libre à lui de la croire ou non mais qu'elle donne au moins une explication …
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime11.03.12 20:57

Est-ce bien une pointe de culpabilité que Perrine sentit la piquer soudain, alors qu’elle défiait outrageusement tous les préceptes moraux que semblait vouloir afficher cette fameuse ville de Sainte sur laquelle elle devisait quelques instants plus tôt ? Oh, elle ne s’en voulait pas pour Guillaume, non. Lui n’était que le charmant pion dont elle devait entraver les mouvements dans la grande partie qui se jouait – or il lui faudrait se montrer beau joueur : il avait tout simplement perdu cette manche, il n’y avait là rien à regretter pour la demoiselle. Rares étaient les choses à pouvoir expliquer de tels sentiments de la part de Perrine, et sans doute se limitaient-elles à la pernicieuse combinaison du souvenir de Paris et des réticences de Gabrielle. Si elle ne voulait admettre le premier, elle ne pouvait nier que les secondes, et ce depuis cette lointaine nuit qui avait vu se monter les bases du vaste complot qui se jouait aujourd’hui, l’intriguaient. Les raisons en restaient troubles, mais inconsciemment, la camériste sentait qu’il y avait dans ses aventures avec l’espion quelque chose qui mécontentait sa maîtresse, et le dévouement qu’elle portait à celle-ci s’en trouvait blessé. Faute d’explication, cependant, Perrine n’avait guère pu faire que chercher silencieusement d’autres solutions pour éloigner du Perche – mais aucune ne valait l’efficacité simple et délicieuse de celle qu’elle mettait en pratique à l’heure qu’il était. Il fallait donc museler toute trace de culpabilité, et attendre le moment, s’il venait, où la duchesse se confierait. Ces pensées également, la jeune femme les avait passées en revue sur le trajet qui l’avait menée à l’auberge, aussi les balaya-t-elle à nouveau, concluant d’une dernière et mutine réplique ses petites insinuations à l’intention du comte.

« C'est si bien proposé qu'il serait cruel de refuser… »
Perrine eut un sourire qui frisait l’indécence, et, plaçant ses deux mains sur les joues du jeune homme, lui rendit son baiser avant de le laisser inverser leur position. Ils avaient tout le temps – mieux valait prévoir tout débordement du côté du château de la Roche Corbon, et pourtant, rapidement, les vêtements tombèrent, laissant aux deux amants le loisir d’explorer ces corps qu’ils commençaient pourtant à connaître. Saisie par l’instant et l’émotion qu’il supposait, Perrine se prit, le temps que durèrent leurs étreintes, à oublier tout calcul, jouant de ses mains, de ses lèvres avec Guillaume comme elle l’aurait fait de n’importe quelle autre des nuits qu’ils avaient passées ensemble.
Ça n’est que lorsqu’ils retombèrent sur les draps que la jeune femme laissa fleurir sur ses lèvres un sourire dont le délice qu’il exprimait n’était pas seulement dû aux longs instants qui venaient de les voir enlacés. Les yeux levés vers le plafond, et ce ciel qui la laissait indifférente, elle eut ce regard qui trahissait le monstre de vice qu’elle dissimulait ses mimiques angélique, et aurait sans doute suffi à faire fuir n’importe qui de sensé. Il fut bien éphémère, pourtant, et les traits aux joues rosies qu’elle tourna vers du Perche ne montraient plus rien que le visage de l’amante comblée dont la peau se tendait encore alors qu’il effleurait doucement son bras. Le piège n’aurait su plus sûrement se refermer. Et à l’heure qu’il était, Amy of Leeds était sans doute déjà aux mains de Gabrielle.
A nouveau, Perrine sourit. Mais, habile dissimulatrice, il n’y eut dans celui-ci que la charmante malice qu’on lui connaissait d’ordinaire.

« Mais dis-moi, que fais mademoiselle d'Harcourt dans le lit d'un simple comte ? demanda soudain Guillaume, brisant le court silence qui s’était installé. »
Fronçant les sourcils face à une question à laquelle elle ne s’attendait plus, Perrine songea brusquement qu’elle n’avait jamais réfléchi à l’explication qu’elle finirait inévitablement par devoir fournir à du Perche. Leur rencontre chez la Comtesse des Barres ne pouvait en effet être indéfiniment passée sous silence. Elle n’avait guère eu le temps de se pencher sur le sujet, le départ pour la Saintonge ayant suivi de quelques heures cette entrevue, mais avoir eu le culot de se faire passer pour descendante d’une illustre famille comme l’étaient les d’Harcourt méritait au moins un mensonge digne de ce nom.
« Je savais qu'il y avait des nobles qui s'habillent en gueux pour traîner dans Paris, mais au point de passer des années au service des Longueville, voilà une grande première. Devrais-je peut être te vouvoyer à nouveau ? Parle-moi un peu de ta grande mascarade… »
Et quelle mascarade, avec quelles conséquences ! Mademoiselle d’Harcourt n’avait fait ni plus ni moins que rencontrer et plaire au Prince de France, et pousser la simple Perrine à céder enfin à cette redoutable inclination pour Paris.

Masquant habilement ses souvenirs derrière un sourire amusé, Perrine se retourna et, allongée sur le ventre, la couverture jusqu’aux hanches, le menton appuyé sur ses paumes, prit le temps de détailler Guillaume avant de prendre la parole. Cette histoire là ne devait surtout pas être racontée à la légère.
« Je ne peux pas résister à l’appel d’une belle robe ! lâcha-t-elle avec un petit rire, avant de se faire plus sérieuse, quoi que les lèvres toujours tordu par ce petit sourire en coin qui lui était propre. Pa…Longueville avait besoin d’une cavalière pour la soirée, sa greluche de Clermont étant absente, reprit-elle en réprimant une grimace au nom de sa récente cible. »
Alors qu’elle s’amusait, du bout des doigts, à dessiner des formes indéfinies sur l’épaule nue du comte, elle fit remonter son index jusqu’à ses lèvres afin de l’empêcher de dire quoi que ce soit avant qu’elle ait terminé. Après tout, elle savait parfaitement ce opposait les deux hommes et ne changerait pas grand-chose à donner à Guillaume de quoi se moquer. Paris le lui rendrait bien, et leur mascarade – leur véritable mascarade – resterait dans l’ombre.
« Le Prince devait être en mal de compagnie, alors il a offert une robe à la petite servante. Il a eu sa cavalière et moi mes quelques heures de gloire, continua-t-elle, le ton prodigieusement détaché, bien que teinté d’une pointe d’ironie. »

Se déplaçant légèrement, elle croisa ses bras sur le torse de Guillaume, y appuya sa tête et plongea ses prunelles dans les siennes.
« Je sais qu’il n’est pas ton meilleur ami, mais s’il te plaît, considère ça comme notre petit secret, minauda-t-elle, charmante. Mademoiselle d’Harcourt n’aura, hélas, pas l’occasion de faire d’autres apparition à la cour, de toute façon. Je ne veux pas qu’on m’accuse d’usurper une place qui n’est pas la mienne. »
Là encore, elle ne put réprimer une pointe d’amertume. Ce passage dans le monde des Grands lui laissait un goût rêveur, et leurs manigances à l’encontre d’Alençon également. Allait-elle réellement tout abandonner après cette rencontre si prometteuse avec Monsieur ? C’était là une question qu’elle règlerait plus tard.
« Alors, tu oublies cette petite rencontre, d’accord ? acheva-t-elle, mutine toujours, en déposant un fugace baiser sur ses lèvres. »
Ne restait plus qu’à espérer qu’il se contente de ces explications.
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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime18.05.12 15:48

On dit que les hommes sont le sexe fort mais ils sont rapidement vaincus quand on connaît leur point faible. Et Perrine connaissait celui de l'homme face à elle : Guillaume avait dit bien à résisté à la gente féminine, cela avait toujours été son pêché mignon. En même temps, avec un physique comme le sien, Guillaume devait bien admettre qu'il serait cruel de rester tout seul dans son coin. Pourtant, il pourrait se poser tellement de questions sur pourquoi Perrine et sa belle chef, Gabrielle, étaient dans le coin, pourquoi voulait-elle le voir ce soir et pas la nuit d'avant par exemple. Un homme sensé aurait du se poser ses questions mais pas lui. Guillaume savait que la vie était faite de rencontres et que le hasard n'était pas une simple entité abstraite, que cela pouvait bel et bien arrivé, qu'il ne fallait pas toujours chercher le mal partout. Drôle de philosophie pour un espion, mais du Perche était avant tout un garçon de la campagne et un voyageur, bien avant d'être un courtisan et un espion, il avait roulé un peu sa bosse avant d'atterrir à Versailles et être engagé dans l'armée de l'ombre de Louis XIV pour veiller à sa protection, et aujourd'hui à celle de la favorite. Mademoiselle de Longueville avait donc bien le droit de passer par la Saintonge et il était logique que Perrine l'accompagne, voilà tout. Mais attention à ce qu'il ne réfléchisse pas trop, dans quelques semaines, espérons qu'il ne fasse pas le lien entre cette nuit et l'enlèvement d'Amy …

Pour l'instant, il était à mille lieux de penser à tout cela, il avait dans son lit une magnifique créature, un hybride entre la beauté angélique et la sensualité d'un démon, une parfait alliance dont il se délectait. Après tout, ce serait cruel de refuser bien que cette relation soit quelque peu immorale. Non pas parce qu'il couchait avec une fille du peuple, mais surtout parce qu'il couchait avec la camériste de celle qui ne cessait de hanter ses pensées. Un peu malsain mais difficilement contrôlable, du Perche évitait de penser à Gabrielle, cela ne ferait que lui faire du mal. Et puis, comme dit précédemment, il vivait dans l'instant présent, il n'y avait donc que Perrine qui comptait. Perrine … et sa mystérieuse double identité qui lui revint à l'esprit. Tous les deux sous les draps, pour une fois, ce serait elle qui devrait lui faire des confidences sur l'oreiller. Pourquoi mademoiselle d'Harcourt ? Il lui avait posé la question avec le sourire, il y avait forcément une bonne explication, surtout qu'elle était accompagnée de cet imbécile de Longueville, il était forcément dans le coup, comme tous les coups foireux digne de lui. Alors Guillaume attendait patiemment la réponse à sa question ne la quittant pas un instant des yeux.

Je ne peux pas résister à l’appel d’une belle robe ! Pa…Longueville avait besoin d’une cavalière pour la soirée, sa greluche de Clermont étant absente.
Tu …


Il ne finit pas sa phrase car Perrine mit son index sur la bouche de Du Perche en guise de silence. Elle savait déjà qu'il y aurait un florilège de moqueries à propos du Longueville vu que ces deux hommes ne pouvaient pas se voir. Il aurait pu protester et finir sa phrase mais lui laissa la parole. Elle avait des choses plus intéressantes à dire que lui, voilà pourquoi Perrine reprit.

Le Prince devait être en mal de compagnie, alors il a offert une robe à la petite servante. Il a eu sa cavalière et moi mes quelques heures de gloire.
Ni l'un ni l'autre, vous n'avez pensé aux possibles conséquences.
déclara t'il.

Se déguiser était une chose mais voler une identité, ou se faire passer pour un membre d'une aussi grande famille que les d'Harcourt, cela pouvait passer pour un crime grave. Guillaume soupira tout en levant les yeux aux ciel mais Perrine continua son discours tout en se rapprochant de lui.

Je sais qu’il n’est pas ton meilleur ami, mais s’il te plaît, considère ça comme notre petit secret. Mademoiselle d’Harcourt n’aura, hélas, pas l’occasion de faire d’autres apparition à la cour, de toute façon. Je ne veux pas qu’on m’accuse d’usurper une place qui n’est pas la mienne.

Il haussa les épaules. Le mal n'était-il pas déjà fait ? Il était plus sérieux que lorsqu'il posait la question tandis qu'elle minaudait à ses côtés avec un petit sourire. Théoriquement, Guillaume ne devrait pas laisser passer ce genre de délits, cela pouvait conduire à des choses plus graves. Puis elle avait dupé le prince de France, ce qui n'était pas rien ! Il resta silencieux, un peu pensif.

Alors, tu oublies cette petite rencontre, d’accord ?

Le rapide baiser sur les lèvres le fit revenir au présent, mais il laissa un silence de quelques secondes tout en la regardant. Puis finalement, du Perche laissa un sourire naître au coin de ses lèvres. Oui, il était faible avec les femmes, il devait bien l'admettre. Allongé sur le dos, un de ses bras musclés enserra le dos nu de Perrine et lui caressa doucement sa chevelure.

Je ferais une exception pour cette fois, commença t'il faussement l'air sérieux avant de se radoucir. Cela est dommage pour une personne … Monsieur a passé cinq bonnes minutes à me vanter vos qualités, il vous appréciait fortement. Enfin, après avoir martyrisé deux ou trois mignons, il sera passé à autre chose.

A cette soirée, le Prince lui avait la conversation. Enfin, il faudrait davantage dire : le Prince a fait un long monologue où Guillaume hochait de la tête, souriait et parlait le moins possible à coup de « oui, bien sûr » et « tout à fait » ou encore « je suis bien d'accord » avant de réussir à s'échapper !

Puis ses yeux s'attardèrent sur la pendule sur le mur. C'était bientôt l'heure de sa dernière ronde avant de repartir pour Versailles car le Roi n'attendait pas, Guillaume devait lui faire un compte-rendu de la situation en Saintonge. Le calme plat, comme toujours, pour ne pas changer. Enfin, c'est ce qu'il croyait, sans savoir que lui aussi était victime du piège contre la favorite. Il se releva légèrement en s'étirant.

Je vais devoir y aller, je dois dire au revoir avant de repartir enfin à Versailles, j'ai un voyage réglé comme du papier à musique. déclara t'il avec un sourire.

A moins que Perrine ne lui fasse changer ses plans, évidemment ….

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MessageSujet: Re: [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps   [Saintes] le sens des réalités est oublié entre les draps Icon_minitime19.07.12 16:59

La courte apparition de mademoiselle d’Harcourt était un sujet que Perrine aurait préféré s’éviter. Elle ne savait pas encore exactement quoi penser de cette soirée et de la nuit qui l’avait suivie, et s’était promis de ne pas y songer, de laisser cela dans un coin de sa mémoire tant que durerait son voyage en Saintonge. Mais puisque Guillaume souhaitait en parler, et qu’il fallait de toute façon le retenir loin du château de la favorite... Après tout, rien ne vaut une petite conversation épineuse pour faire traîner une entrevue, n’est-ce pas ? Et elle avait plus d’un tour dans son sac pour s’éviter trop d’épines, justement. Quoi de plus banal que la plate histoire de la petite servante qui saisit l’occasion de faire quelques pas dans le monde des Grands ?

Perrine n’en était de toute façon pas à un mensonge près, qu’il s’agisse de Guillaume comme de la plupart des gens qui l’entouraient. Elle tissa donc une fois de plus, mutine et charmante, une histoire qui aurait pu être plus éloignée de la réalité qu’elle ne l’était, sans laisser à son bel amant le loisir d’y faire une quelconque remarque. Elle comptait avec assez de confiance sur l’inimitié que se vouaient Paris et du Perche pour que celui-ci n’aille pas penser plus loin qu’une possible idiotie de la part du prince, et put constater, en effet, que l’on n’est jamais aussi bien servi que par les petites rivalités entre courtisans.

La pernicieuse demoiselle ne retint pas un petit sourire satisfait lorsque Guillaume passa son bras autour d’elle et se mit à caresser ses mèches brunes, signes qu’elle interpréta à raison comme une reddition.
« Je ferai une exception pour cette fois, déclara-t-il enfin après quelques secondes de silence. »
Ravie, quoi que la conversation ait duré moins longtemps que ce qu’elle ne l’avait prévu, Perrine déposa un baiser au creux de son cou.
« Cela est dommage pour une personne… continua le comte. Monsieur a passé cinq bonnes minutes à me vanter vos qualités, il vous appréciait fortement. Enfin, après avoir martyrisé deux ou trois mignons, il sera passé à autre chose. »
A ces mots, Perrine leva la tête du cou du jeune homme, et lui adressa une moue amusée qui dissimulait assez bien l’amertume qui, à nouveau, la menaçait.
« Ah oui ? Je devrais songer à me faire engager comme comédienne alors, qu’en pense-tu ? répondit-elle, faussement songeuse. »
Qu’elle aurait aimé pouvoir converser à nouveau, comme n’importe quelle autre jeune femme de bonne famille, avec Monsieur... L’idée de ne pas avoir l’occasion de mettre en place leurs projets dignes des plus grandes vipères lui sembla presque prendre un goût de profonde injustice.
A tel point d’ailleurs que l’avenir ne la verrait peut-être pas assez raisonnable pour tenir la promesse qu’elle venait de faire à du Perche et renvoyer mademoiselle d’Harcourt d’où elle venait réellement.

Un mouvement de Guillaume la tira de ses pensées. Les yeux posés sur une pendule, il se redressa légèrement, la forçant à retomber à sa place sur le matelas.
« Je vais devoir y aller, lança-t-il, je dois dire au revoir avant de repartir enfin à Versailles, j'ai un voyage réglé comme du papier à musique. »
Non, tu n’iras nulle part, songea Perrine en fronçant les sourcil. A son tour, elle s’assit, et afficha une mine terriblement déçue.
« Vous me quittez, monsieur le comte ? questionna-t-elle, boudeuse, en croisant les bras devant sa poitrine nue. Si tôt... Je croyais que nous avions toute la nuit... »
Il se pouvait que Gabrielle et Amy of Leeds soient déjà loin, mais il ne fallait surtout pas que l’on se rende compte de l’absence de la favorite avant le lendemain matin. Le temps pour la duchesse de la mettre en lieu sûr.

Le voyant se lever, Perrine se laissa tomber en arrière avec un profond soupir.
« Ne peut-on donc pas se passer de toi là-bas ? A qui irais-tu dire au revoir à une heure pareille, d’ailleurs ? »
Derrière son air boudeur, Perrine sentait qu’il allait falloir qu’elle se montre plus convaincante encore. A son tour, elle quitta les draps et alla se planter devant lui, arborant ce petit sourire à la fois angélique et terriblement indécent.
« Reste encore... Je ne suis pas encore totalement satisfaite... ce qui n’est pas digne d’un galant homme, n’est-ce pas ? lui susurra-t-elle en s’avançant jusqu’à enrouler ses deux bras autour de sa nuque. »

Sans le moindre scrupule, elle l’embrassa à nouveau. Ce que femme veut... femme l’obtient. C’était du moins ce à quoi elle était bien décidée. La nuit était loin, bien loin d’être terminée.

Et comme Guigui est faible et ne saurait résister à une si charmante créature... :
FIN What a Face
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