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 Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]

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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
Missives : 638
Date d'inscription : 01/06/2008


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MessageSujet: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime11.04.11 22:42

Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Rnd1-cat4Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] 09091007295451234423505
« Le monde est une pièce de théâtre ;
il faut apprendre à jouer son rôle »
« Tout a basculé ces deux derniers jours. Du jour au lendemain, me voici père d'un enfant dont je n'aurais jamais imaginé l'existence et qui vit dans le plus grand secret car juste connu de Barnabé et moi. Ainsi que de la fermière d'à côté qui nous donne de quoi le nourrir à bon prix. Ni les amis ni la famille ne connaissent Arthur, personne ne doit penser qu'il existe. Si seulement Alexandre passait à la maison … Comprendrait-il ? J'en doute. Mais pour l'amour de son frère, pourrait-il être le parrain ? Je me pose la question souvent, entre deux biberons et jeux. Car oui, je découvre le métier de père en attendant. Enfin, Arthur est facile à vivre, très souriant et ne pleurant que pour réclamer à manger quand le service le fait trop attendre. En somme, mon double selon Barnabé. Cet enfant est une véritable tornade dans ma vie, une bouffée d'oxygène qui me fait du bien. Enfin, sauf une chose …  »

« Oh, il pue ! Barnabé !!! C'est le moment de le changer ! »
« Encore ?! Tu n'as qu'à le changer toi même, tu es son père.
« Ah non ! Cette odeur infecte va me tuer. C'est au-dessus de mes forces ! »
« Monsieur le duc joue les grands seigneurs en Gascogne, se bat contre des brigands à Versailles mais il refuse de changer les langes de son fils. Donne le moi, je ne vais pas le laisser ainsi, père indigne ! »

Philippe fronça les sourcils. Était-ce sa faute si le petit sentait aussi mauvais quand il faisait ses besoins ? Non, il ne supportait pas cette odeur, c'était insupportable au nez et lui donnait envie de vomir. Déjà qu'il n'était pas bien épais, pas besoin de régurgiter son déjeuner. Quoique, s'occuper d'un enfant demandait de l'énergie et il fallait avouer que Philippe s'épuisait rapidement, manquant de forces vu qu'il mangeait peu. Par la force des choses, il mangeait un peu plus. Ce n'était pas non plus un repas d'ogre mais cela était déjà une bonne avancée. Puis il dormait un peu plus. Enfin, il ne faisait plus de cauchemars, Arthur ne lui en laissait pas le temps puisqu'il se réveillait dans la nuit pour quémander son biberon de la nuit. Et encore une fois, s'occuper de l'enfant l'empêchait de trop penser, ou de ne plus se centrer sur sa culpabilité. Pour l'instant, les principales questions, il se les posait au-dessus du berceau de son petit : sera t'il un bon père ? Arrivera t'il à l'élever seul ? Quand pourra t'il enfin le faire baptiser ? Qui seront son parrain et sa marraine ? Comment les gens vont-ils apprendre la nouvelle ?

Pendant ce temps là, Barnabé se dirigeait dans la pièce d'à côté, sorte de débarras où ils avaient aménagé provisoirement le lit du bébé. Le vieil homme parlait à l'enfant sans se préoccuper du père.

« Heureusement que papi Barnabé est là. Comme si je n'avais pas assez changé ton père et ton oncle. En espérant que tu n'auras pas leur caractère à la … »
« J'entends tout, Barnabé ! »

La journée passa vite et le soleil commençait à se coucher lorsque le vieil homme sortit de sa cuisine aussi vite qu'il put pour voir Philippe, pencher sur le couffin de l'enfant à lui faire des sourires.

« J'ai oublié de récupérer tes affaires chez le tailleur. »
« J'irais demain, ne t'en fais pas.
« Non, Filozzi s'en va en Italie, il va marier sa fille. Alors tes costumes devront t'attendre quelques semaines. Allez, lève toi et vas y. »
« Je trouve que tu me parles de plus en plus mal, Barnabé ! » dit Philippe avait un air faussement contrarié, prenant l'air indigné.
« Fais pas ta tête de duc et dépêche toi ! »

Philippe se saisit donc de sa veste, sa cape et son chapeau et se rendit à l'écurie pour récupérer Hébé, sa fidèle monture. Quelle idée de se rendre à Versailles à cette heure là, le tailleur allait être fermé ! Mais pour ne pas contredire le vieil homme, autant y aller ! Philippe se rendit au galop vers la ville, adorant le vent qui lui fouettait le visage, lui donnait quelques couleurs sur son visage si pâle. Et puis cette sensation de liberté lui donnait le sourire, car il savait que ces rêves de voyage à travers le monde seront sérieusement compromis avec l'arrivée d'Arthur. Enfin ce sera un autre voyage, sans avoir besoin de se déplacer bien loin … Ah Versailles enfin. Évidemment, le tailleur était fermé et Philippe avait beau taper à la porte, le tailleur ne répondait pas. Peut être était-il déjà parti. Tant pis pour les beaux costumes, Philippe restait condamné à porter pantalon et chemise, à ressembler à un « baron de campagne » comme disait Barnabé. Le périple aurait du s'arrêter là, le jeune homme devait rentrer. Si seulement, il n'y avait pas eu cette voix derrière lui.

« Mais … Mon esprit me joue des tours ! D'Artagnan à Versailles ! »

Philippe se retournait, presque déçu qu'on le reconnaisse. Face à lui se trouvait un jeune homme brun aux yeux noirs, le grand sourire aux lèvres. Il s'agissait de Jean, une connaissance de longue date qui vivait non loin de manoir avec sa famille. Un sacré fêtard et il y a quelques années, Philippe et lui avaient fait les 400 coups. Pendant qu'Alexandre travaillait pour être le meilleur chez les Mousquetaires, Philippe traînait avec l'élite de l'armée dans les tavernes à faire la fête. Car oui, Jean était mousquetaire, même s'il n'avait pas son uniforme.

« Hé oui, je suis de passage dans le coin.
« Et même pas tu préviens ton camarade de fête ?! Brigand, va ! Pour un Duc, tu oublies les politesses ! Allez viens, allons fêter ton retour à la taverne ! Tout le monde est là ! »
« Je dois rentrer, j'ai … » il se tut, ne voulant surtout pas parler de son fils maintenant, et pas à lui. Il soupira et leva les yeux au ciel « D'accord mais pas longtemps ! »

Son ami le serra dans les bras et tous deux se dirigèrent vers la Couronne de Blé, lieu qui semblait être le quartier général des mousquetaires fêtards. Durant les quelques minutes, ils s'échangèrent des banalités. C'était fou comme certaines choses ne changeaient pas : Jean restait un éternel célibataire et passait encore des journées au trou pour mauvaises conduites. Comme quoi, il y avait des choses qui ne changeaient pas. Philippe attacha son cheval à l'entrée et retira son chapeau pour rentrer.

« Hé, regardez qui j'ai trouvé en chemin !

Une dizaine de jeunes hommes se retournèrent et quelques uns le saluèrent bruyamment avec hurlements de son nom, tapage sur les tables et applaudissements. Quelle discrétion … Arrivés à la table, Jean le présenta.

« Pour ceux qui le connaissent, pas besoin de présentation. Pour les autres, je vous présente un ancien partenaire de fête, Philippe d'Artagnan. » Le silence qui suivit prouvait bien le pouvoir du nom de famille sur les mousquetaires « Non mais ne vous inquiétez pas, il n'est pas comme son frère, voilà un garçon qui sait s'amuser ! Philippe je te présente quelques uns. Voici Ligny, Dornes, Froulay … »
« Ah, Monsieur de Froulay et moi nous sommes déjà rencontrés. Bien le bonsoir.

Il l'avait rencontré lors de ses retrouvailles avec Marc de Beauharnais. Un garçon discret qui s'était rapidement éclipsé. Mystérieux, tout comme sa sœur. D'ailleurs, tout deux se ressemblaient à tel point que c'était troublant. Mais bien sûr, il n'imaginait pas un instant qu'Eric et Élodie ne formaient qu'une seule personne. D'ailleurs, pas question de parler d'Élodie ce soir, il ne voulait pas lui causer de soucis. On lui apporta une chaise et voilà Philippe, l'ermite de ces derniers mois, à la table de mousquetaires délurés et assoiffés. La soirée serait longue …
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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime13.04.11 17:09

« Froulay, mon ami, ce soir nous sortons, déclara Vaudreuil en passant un bras par-dessus les fines épaules du jeune homme. »

Ce dernier eut une moue énigmatique, détournant néanmoins légèrement ses traits de celui de son interlocuteurs, faisant mine d’observer une passe échangée entres deux autres mousquetaires. Trop près – ça n’était pas la première fois, et pourtant, jamais Vaudreuil n’avait remarqué quoi que ce soit. Froulay n’avait-il pas des traits bien délicats pour ceux d’un homme ? Une question qui, visiblement, ne lui avait jamais plus traversé l’esprit que pour ces vagues et ordinaires railleries depuis qu’il était entré aux mousquetaires.

« Ah oui ? répondit Eric, sur un ton espiègle. Et où ça ?
- Qu’importe, pourvu que nous y trouvions à manger, à boire et à regarder ! s’exclama Vaudreuil en riant. Et cette fois, monsieur, je ne ferai pas l’erreur de vous laisser le choix : vous venez avec nous. »

Voilà qui mettait fin à la conversation, et à toute tentative de protestation. Le fêtard abandonna les épaules de son ami pour passer à d’autres, ayant visiblement la ferme intention de faire de la soirée un moment agréable. Grand bien lui en fasse. Un vague sourire étira les lèvres du jeune mousquetaire qui prit machinalement la direction des chambres de la casernes, essuyant d’un geste les quelques gouttes de sueur qui perlaient à son front. L’entraînement avait été aussi intensif que concluant, aujourd’hui, et après tout, un moment de détente ne pourrait pas lui faire de mal. Quitte à jouer à l’homme, et à plus forte raison, à l’homme soldat, autant le faire jusqu’au bout. Avait-il – ou plutôt elle – réellement le choix, d’ailleurs ? Pas foncièrement. Par soucis de prudence, Elodie déclinait bien souvent ce genre d’invitations – et pour d’autres raisons, toutes aussi évidentes, dont celles des filles qui accompagnaient souvent ce genre de sortie. Filles qui, l’on s’en doute, la laissaient grandement… indifférente. Mais à trop refuser de se mêler à ses camarades, elle transformerait en aura suspecte le mystère qui entourait Eric de Froulay. Ce soir, donc, elle sortait.

« Alors Eric, cette botte ? l’interpella l’un de ses compagnons de dortoir alors qu’elle poussait la porte de la chambre. »
S’attendant à être seule, elle réprima un sursaut et leva la tête, un sourire amusé aux lèvres. Lasse, elle se laissa tomber sur son lit.
« Efficace, répondit-elle. Mais ne crains-tu jamais une riposte pendant que tu attaques ? Le torse est très exposé… »

La conversation dura un petit moment jusqu’à ce que, visiblement pressé par un rendez-vous, le jeune homme ne la quitte. Elodie le suivit des yeux, et à peine la porte refermée, sauta sur ses deux pieds et gagna la petite pièce qui faisait office de vague salle d’eau au fond de la chambre. Occupant le coin qu’on ne pouvait voir où que l’on soit dans la chambre, elle se déshabilla rapidement et entama une toilette aussi complète que possible – avec les risques, toujours d’être surprise. L’heure semblait sûre : elle n’avait rien à craindre de son frère, l’un des deux autres soldats venait de partir et l’autre avait quitté Versailles depuis trois jours pour aller se remettre sur ses terres d’une méchante blessure. Vive, néanmoins, elle fit ce qu’elle pouvait pour abréger – bien que la chose lui soit parfois difficile. Vivre comme un homme, oui, mais pas avec leur hygiène. Un des rares sacrifices auquel elle n’avait pu se résoudre… et qui ne lui avait pour le moment jamais apporté le moindre problème – de justesse, parfois, certes, mais tout de même. C’est donc uniquement lorsqu’elle fut totalement habillée, et ce depuis dix bonne minutes que François pénétra dans la chambre alors qu’elle s’apprêtait à en sortir. Vêtue simplement, d’un pourpoint sombre, passé sur une chemise blanche, un pantalon noir et ses bottes, elle le salua d’un sourire et s’éclipsa avant de lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Le soir tombait, de toute façon, et elle étant sans doute déjà attendue.

« Ah, Froulay ! l’appela Vaudreuil à peine un pied mis dans la cour. Je commençais à croire que vous aviez encore l’intention de nous faire faux bond – ou d’écourter la soirée.
- Elle tombe à peine, répliqua la belle avec une moue mutine. Inutile de se presser, les filles et l’alcool vous attendront, Vaudreuil. »

Un éclat de rire salua sa répartie, puis le groupe, composé d’une petite dizaine de jeunes hommes sans uniformes – mais tous mousquetaires – se mit tranquillement en route, direction Versailles et l’une de ses nombreuses taverne. Ils avaient l’embarras du choix, bien que le sort se décide finalement pour la Couronne de Blé, soit l’auberge dans laquelle Elodie avait établi sa nouvelle chambre. Rien d’inquiétant, pourtant, et c’est sans cesser de bavarder avec les autres qu’elle constata la coïncidence. Elle en avait vu tant d’autres.

« Où est passé ce brigand de Jean ? demanda l’un des jeunes hommes lorsqu’ils se furent attablés.
- Il a fait un détour, il nous rejoint, répliqua un autre en désignant la porte qu’ils avaient passé. D’ailleurs, regardez qui voilà ! »

Dans un même élan, tous les jeunes gens – Elodie comprise – tournèrent la tête ne direction de l’entrée. Devant la porte, la silhouette du fameux gens qui les interpella en leur montrant quelqu’un derrière lui. La belle leva les yeux et… pâlit brusquement alors qu’autour d’elle, des exclamations satisfaites se faisaient entendre. C’était un rêve. Interdite, elle dévisagea le nouveau venu qui s’approchait de la table. Non, elle ne rêvait pas. Philippe d’Artagnan. Aussitôt, elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, se reculant vivement contre le dossier de sa chaise, en oubliant que son air totalement ahurit pouvait semblait étrange dans la joie générale. Elle mit un instant avant de réaliser qu’elle le fixait avec de grands yeux et surtout, que lui et Jean s’étaient dangereusement approchés. Brusquement, elle baissa la tête, le temps de fixer sur ses lèvres un sourire de circonstance.

« […]vous inquiétez pas, il n'est pas comme son frère, voilà un garçon qui sait s'amuser ! Philippe je te présente quelques uns. Voici Ligny, Dornes, Froulay… annonça le mousquetaire, l’appel de son nom faisant relever la tête à la jeune femme.
- Ah, Monsieur de Froulay et moi nous sommes déjà rencontrés. Bien le bonsoir, le coupa Philippe. »[/b]

Sans doute était-ce le moment de parler. De dire quelque chose, quoi que ce soit, et de surtout cesser de se faire remarquer de la sorte. Avec une moue avenante, elle adressa un signe de tête au jeune Duc, se forçant à desserrer les lèvres.

« Ravi de vous revoir, monsieur, lâcha-t-elle sur un ton le plus naturel possible alors qu’il s’installait, emprunter cette voix plus grave qui, sans trop rappeler celle d’Elodie, gardait le même timbre. »

Et s’il la reconnaissait ? Etrangement, ça n’était pas là ce que redoutait le plus la jeune femme. D’ailleurs, elle ne redoutait pas grand-chose sinon ce trouble soudain, comme toujours, décuplé par l’interdit qui lui imposait la situation. Elle ne pouvait pas faire quoi que ce soit. Elodie était loin, seul Eric se trouvait ici – et il n’était pas question d’une vague échappatoire comme celle dont elle avait usé la dernière fois qu’elle l’avait croisé sous sa casaque. Heureusement, la chaleur de l’auberge était telle que léger rouge qui lui était monté aux joues passa inaperçu. Chacun des mousquetaires salua à sa façon le nouveau venu, dont Elodie s’efforçait de ne pas croiser le regard sans pour autant conserver une distance qui pourrait paraître suspecte. Se dissimulant un instant derrière son verre de vin, elle ne put s’empêcher de l’observer à la dérobée. Il n’avait pas l’air d’avoir prévu cette sortie, et pourtant, toujours ce petit sourire qu’elle aimait tant et qui allumait dans ces yeux une étincelle qu’elle connaissait par cœur. Intérieurement, elle se rappela à l’ordre. Elle n’avait pas le droit de penser de telles choses ce soir.

« […] et Froulay, fit soudain la voix de Jean qui présentait plus en détail à Philippe ceux qu’il ne connaissait pas. Jeune, mais un sacré bretteur, croyez moi ! Souple comme une demoiselle, je n’ai jamais vu ça. Il couche d’un coup d’épée sans aucun souci. Et même votre frère lui doit une fière chandelle, s’exclama-t-il encore, arrachant un sourire amusé à une Elodie bien obligée de se mêler de la conversation.
- Un simple coup de main, vous exagérez, répondit-elle ne levant les yeux au ciel. D’Artagnan s’en serait sans doute très bien sorti. »
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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime29.04.11 20:01

Que faisait-il là ? Son ami d'enfance l'avait entraîné dans cette taverne pour trinquer au bon vieux temps, avec d'autres mousquetaires et rire à gorge déployé. Oui … Sauf que Philippe n'avait plus envie de ce genre de divertissements, l'ancien frivole avait disparu, envolé il y a quelques années. Tout d'abord assagi par l'amour, le jeune Duc s'était renfermé sur lui-même deux années auparavant. Il n'avait plus l'habitude de s'amuser en groupe comme cela, mais il faisait bonne figure et souriait. D'un côté, cela lui faisait plaisir de retrouver autant de visages familiers. Puis, il prétexterait quelque chose pour partir. Mentir l'horripilait mais il avait un enfant à la maison et Barnabé pouvait imaginer n'importe quoi sur son fripon alors que ce dernier buvait simplement un coup avec d'anciens amis. Et de nouveaux camarades. Car, il y en avait de nouvelles têtes chez les mousquetaires ! De jeunes recrues, enfin, datant de ces deux dernières années. La fonction de mousquetaire avait un certain côté glamour, héroïque aux yeux de beaucoup. Mais Philippe avait toujours trouvé l'usage des armes superflus et l'uniforme ridicule. Il se souvenait de la fois où Alexandre revint avec l'habit des mousquetaire et que le cadet l'avait essayé. Quelle crise de rire ! Et plus leur père gueulait, plus Philippe riait. Décidément, jamais il n'aurait pu suivre ce chemin là …
« Ravi de vous revoir, monsieur. »
Le Duc sourit et fit un léger signe de tête. Ce Froulay là avait l'air aussi mystérieux que sa soeur. Bien sûr, il n'irait parlé d'Elodie au jeune homme ! Loin de lui l'idée de trahir son amie, ni même de penser que les deux Froulay ne faisaient qu'une et même personne. Cela était trop abracabrantesque, digne des romans les plus fous ! Non, Philippe voyait juste Eric de Froulay, rien d'autre, sauf qu'il n'avait pas l'air bavard et ressemblait vraiment à sa soeur. Et bien vite, Philippe se concentra à nouveau sur tout le reste de la bande. Jean prenait soin de donner une anecdote sur chaque homme autour de cette table que le gascon ne connaissait pas. L'un était un chasseur hors pair, un autre s'était dégoté une fiancée dans la haute noblesse … Tous avaient une histoire à raconter, tout cela fit sourire le jeune d'Artagnan, lui qui n'avait pas l'occasion de voir autant de monde aussi simplement. En effet, lui qui avait parcouru les grandes Cours d'Europe, même en plein deuil, il connaissait les distances à prendre et puis on ne divulguait jamais de choses trop personnelles, ou alors sous l'effet de l'alcool ! Et puisqu'il n'avait pour distraction ces derniers jours qu'un bébé et un vieillard, Philippe décida de se détendre un peu alors que Jean finissait son tour de table par Eric.
« Jeune, mais un sacré bretteur, croyez moi ! Souple comme une demoiselle, je n’ai jamais vu ça. Il couche d’un coup d’épée sans aucun souci. Et même votre frère lui doit une fière chandelle. »
« Un simple coup de main, vous exagérez, répondit-elle ne levant les yeux au ciel. D’Artagnan s’en serait sans doute très bien sorti. »

Quelle modestie ! Même si Alexandre était doué, il n'était pas infaillible et cela n'avait rien d'étonnant à avoir recours à de l'aide une fois de temps en temps. Philippe s'avanca légèrement pour s'accouder à la table afin de parler.
« Monsieur, vous êtes bien modeste et pour une fois que vous avez l'occasion de sauver un d'Artagnan, il vaut mieux vous en vanter car ce n'est pas lui qui va le faire ! Surtout pas Alexandre ! »
« Comme si tu étais mieux. » Rétorqua Jean, le sourire malicieux.
« Bien sûr, je ne place pas l'honneur aussi haut que mon aîné, qui est aussi votre chef. »
« Passons ! » Jean se lève et se place pour parler assez fort « J'ai parlé de chacun de vous mais je n'ai pas présenté notre invité comme il le faut ! Philippe, ou monsieur le Duc de Gascogne, n'est pas le garçon sage que vous voyez. Pour simplifier, le jour je tâtais de l'épée contre son frère aux entraînements et le soir, je courais dans Paris avec lui. Je n'ai jamais vu un type aussi chanceux aux jeux et aussi enjoliveur avec les filles ! Il leur a toutes brisé le coeur ! »
« Tu exagère, Jean ! »
« Et tu disais que Froulay était modeste ! Je vous jure, mes amis … »
« Ne jure pas, c'est blasphème ! »
« J'avais oublié qu'un prêtre sommeillait en toi. Dire que tu avais voulu entrer dans les ordres ! Heureusement que les filles et les voyages t'en ont empêché … D'ailleurs, tu pourrais apprendre à Froulay quelques uns de tes secrets, le bougre n'a pas l'air chanceux avec les demoiselles. »

Lui, apprendre à séduire ? Son ami vivait dans un lointain souvenir. Ce Philippe là n'existait plus depuis bien longtemps ! Pourtant, au château de Lupiac en Gascogne, il avait reçu pas mal de demandes en mariage. Mais il savait que c'était davantage pour le titre et les richesses que pour lui, même si certaines potentielles n'étaient pas indifférentes au beau blond alors que lui s'en foutait éperdument. Ces deux dernières années, ses aventures se comptaient sur le doigt d'une main, et l'une d'elle avait mis au monde un enfant, son enfant. Autant dire que ça le refroidissait encore plus de tenter quelque chose. Il se sentait déjà rouillé à son âge, si c'était pas malheureux ! Il était donc hors de question d'apprendre à Froulay quoi que ce soit. Puis, il aurait peur de faire une gaffe un moment ou à un autre, sait on jamais.

Alors le duc secoua la tête pour dire non, leva les yeux au ciel un instant avant de les reposer sur Eric pour lui faire un sourire malicieux.

« Promis, je ne vous apprendrais rien ! Je ne suis pas un maître en la matière et puis je pense que vous êtes assez grand garçon pour vous en sortir ! Et toi, Jean, au lieu de raconter des bêtises, apporte moi à boire ! »
« Tout de suite, monsieur le Duc ! Avec une jolie serveuse en prime. »[/b]

Philippe soupira en regardant son ami s'éloigner avant de se retourner vers la tablée :

« Est-il toujours comme cela ? » Au hochement de tête général, il éclata de rire « Il ne changera jamais alors ! Tant mieux ! »

Il se détendait petit à petit, cela était finalement plaisant de se retrouver ici. Seul Froulay le perturbait. Non par son attitude ou une quelconque attirance mais par la ressemblance avec Élodie. Ils devaient être jumeaux sans aucun doute mais Philippe devait éviter de le dévisager, cela était malpoli et porterait peut être à confusion, autant se concentrer sur les conversations.
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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime08.05.11 22:30

A croire que le hasard la poursuivait. Pas une seule fois, depuis qu’ils s’étaient quittés le soir dernier, Elodie n’avait croisé Philippe – et pourtant, ça n’était pas faute de l’avoir arpenté, ce Versailles, comme elle l’avait toujours fait, certes, mais ce vague espoir en plus. Elle avait percée à jour une amie, découvert qu’elle partageait son secret, œuvré à le maintenir ; rien que d’ordinaire, mais jamais, sous l’identité de la jeune fille des rues, elle ne l’avait rencontré. Et il fallait que ce soit là, à cette table, prisonnière du corps d’Eric, de la casaque de mousquetaire et de l’ignorance du frère n’ayant aucune connaissance des rapports du Duc avec sa sœur. Si elle avait été un peu plus pieuse, sans doute aurait-elle presque pu y voir une quelconque punition pour le mensonge et pêché qu’était sa vie ou le signe du danger dans lequel elle se mettait en se laissant doucement, certes, mais inéluctablement envahir par ces troublantes émotions en la présence du jeune homme. Mais il y avait longtemps que les signes et Dieu – pardon Seigneur – n’étaient plus pour elle que ces choses auxquelles il fallait croire et se conformer en société, pour entrer dans le moule et ne pas faire d’esclandre. De strictes conventions à respecter – aussi peu conventionnelle sa situation soit-elle depuis ces deux dernières années, presque trois, passées à Versailles… et plus encore aujourd’hui. Comment rester homme quand ce qu’elle avait toujours voulu brider chez la femme qu’elle ne pouvait totalement éclipser, luttait et se débattait ? Quand l’homme pour lequel son cœur bondissait dans sa poitrine posait sur elle ces deux prunelles dont elle saurait presque redire toutes les nuances, mais ne voyait en elle que le frère de celle qui lui avait recommandé la plus vive discrétion ? Hors de question de déraper, pourtant, de ne laisser échapper ne serait-ce qu’un mot, un geste ou même un regard de trop. Tellement de choses en dépendaient…

Pourtant, Elodie ne put que sentir le rouge qui, insidieusement, lui monta aux joues lorsque Philippe posa sur elles deux yeux un brin plus insistant qu’il ne l’aurait fallu pour la laisser la plus indifférente possible. Se pouvait-il qu’il finisse par la reconnaître ? Là, à cette table, sous la casaque, et entourée d’une bande de gais lurons tout ce qu’il y avait de plus masculin ? De toutes ses forces, elle priait – comme quoi, Dieu, parfois… - pour qu’il n’en fasse rien. Si parfois, seule avec lui, lorsque se montrait telle qu’elle était lui était permis, l’envie la rongeait de tout lui avouer, ce soir, il n’en était pas question. Imaginer la catastrophe qui s’en suivrait s’il se doutait de quoi que ce soir ? Elle préférait ne pas même y penser. Raison pour laquelle elle aurait tant aimé pouvoir s’échapper, prétexter n’importe quelle urgence, ou même un rendez-vous, pour fuir ses propres émotions comme le danger de la situation. Mais cela non plus, il n’était pas question de l’imaginer. Vaudreuil, de toute façon, ne la laisserait pas même se lever. Elle le soupçonnait d’avoir quelque chose dans l’idée, la concernant, et lorsque cet homme avait quoi que ce soit en tête… inutile d’essayer de l’en détourner. Le mystère dont elle entourait Eric de Froulay était aussi salvateur qu’il comportait de risques – et celui de pousser ses camarades à le pousser à la débauche et elle ne savait quoi encore en faisait partie. Mais pour l’heure, la question ne se posait pas.

« Monsieur, répartit Philippe à sa première réplique sur la façon dont elle avait évité une embuscade à Alexandre, vous êtes bien modeste et pour une fois que vous avez l'occasion de sauver un d'Artagnan, il vaut mieux vous en vanter car ce n'est pas lui qui va le faire ! Surtout pas Alexandre ! »

Du bout des lèvres, Elodie se joignit à l’éclat de rire qui salua cette remarque. Ça n’était pas totalement faux, le lieutenant des mousquetaires possédait cette fierté toute gasconne si propre aux gentilshommes du Tarn et autres régions du sud. Et encore, qu’en serait-il s’il savait avoir été grandement aidé… par une femme ? De l’échange entre les jeunes gens, la belle se contenta de sourire. Philippe n’était pas fier comme l’était son aîné, et si elle ne doutait pas un seul instant de son sens de l’honneur, il ne le faisait pas jouer à tour de bras comme la plupart des soldats présents à la table – et comme elle le faisait elle aussi bien souvent.

« J'ai parlé de chacun de vous mais je n'ai pas présenté notre invité comme il le faut ! reprit Jean. Philippe, ou monsieur le Duc de Gascogne, n'est pas le garçon sage que vous voyez. Pour simplifier, le jour je tâtais de l'épée contre son frère aux entraînements et le soir, je courais dans Paris avec lui. Je n'ai jamais vu un type aussi chanceux aux jeux et aussi enjoliveur avec les filles ! Il leur a toutes brisé le cœur ! »

Baissant les yeux, Elodie se réfugia dans sa boisson, dissimulant une vague gêne. Pourquoi sentait-elle que cette soirée, si Jean restait dans ce registre, risquait de se faire longue, très longue ? Elle s’offrit une gorgée, avec une lenteur étudiée, laissant aux deux jeunes hommes le temps de changer de sujet – ce qui ne semblait malheureusement pas à l’ordre du jour. A la dérobée, elle jeta un regard brun au Duc, qui se défendait des paroles de son ami. A la première évocation de son nom, elle esquissa un simple sourire. A la seconde, elle ne put que redresser la tête, non sans avoir manqué de s’étouffer avec sa boisson.

« J'avais oublié qu'un prêtre sommeillait en toi. Dire que tu avais voulu entrer dans les ordres ! Heureusement que les filles et les voyages t'en ont empêché… D'ailleurs, tu pourrais apprendre à Froulay quelques uns de tes secrets, le bougre n'a pas l'air chanceux avec les demoiselles. »

Comme tout homme se devait de le faire, elle lança un regard faussement outré au bavard, avant de poser à nouveau les yeux sur Philippe, un vague sourire aux lèvres, prunelles levées au ciel. Revenant à Jean, elle lui adressa l’un de ces sourires énigmatiques, propres à Eric comme Elodie.

« Est-ce vraiment ce dont j’ai l’air ? Je joue de malchance, marmonna-t-elle, mystérieusement amusée. »

Ne jamais nier, ne pas plus confirmer. Rester distante, mystérieuse et ne pas, finalement, révéler quoi que ce soit, c’était la règle. A nouveau, elle croisa le regard de Philippe qui, lui adressant un sourire malicieux, reprit la parole – sourire dont Elodie dut faire tous les efforts du monde pour qu’il ne lui en arrache pas un à son tour.

« Promis, je ne vous apprendrais rien ! Je ne suis pas un maître en la matière et puis je pense que vous êtes assez grand garçon pour vous en sortir ! Et toi, Jean, au lieu de raconter des bêtises, apporte moi à boire !
- Tout de suite, monsieur le Duc ! Avec une jolie serveuse en prime. »


Empressé, Jean se leva, sous le regard amusé de toute la tablée. A nouveau la jeune femme, après avoir répondu d’un signe de tête aux paroles du Duc, baissa les yeux sur son verre. Elle répondit vaguement à sa question concernant l’attitude du mousquetaire qui venait de s’éloigner, sentant le regard de Philippe se poser un instant sur elle. Dieu qu’elle se sentait soudain à l’étroit dans ce costume. Plus calme, alors que Jean s’attardait au comptoir, la conversation se dispersa, reprenant en diverses discussions particulières. Seule elle et d’Artagnan n’avaient pas d’interlocuteur… situation à laquelle elle ne put s’empêcher de mettre fin.

« J’ai comme l’impression qu’il compte vraiment vous débaucher ce soir, lâcha-t-elle, le plus amusée possible, en lui montrant Jean d’un signe de tête. Ce brigand rendrait jalouse n’importe laquelle des compagnes des gens avec qui il sort ! La femme de Vaudreuil, par exemple, continua-t-elle en désignant le mousquetaire en question, le hait tout particulièrement. »

Fallait-il y voir une subtile façon de savoir si Philippe lui-même avait une compagne ? Elle en avait bien peur, ses mots ayant une fois de plus dépassé ce qu’elle comptait dire. Sans se démonter pourtant, elle bu à nouveau, enfermée dans le rôle d’Eric, avant de tourner à nouveau la tête vers Jean qui revenait, fier de lui.

« Mon ami, annonça-t-il en posa une main sur l’épaule du Duc, la damoiselle qui va venir t’apporter à boire va te plaire, je pense ! Et son amie sera pour Froulay, puisque monsieur joue les jolis cœurs ce soir ! »

Brusquement, Elodie jeta un regard sur les deux jeunes femmes avec lesquelles parlait le tenancier. Merveilleux…

« Etait-ce vraiment nécessaire, Jean ? soupira-t-elle, forçant un ton amusé qui n’y était pourtant plus du tout. »

Elle n’aimait pas ça. Non pas ce qui la concernait elle – elle avait l’habitude de ces petits dérapages. Mais plutôt, elle n’aimait pas cette petite pointe au cœur à l’idée de Philippe et de la « damoiselle » en question. Quelle idiote.

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Philippe d'Artagnan


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« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime25.05.11 14:45

Il ne pouvait pas deviner le gêne de Froulay, Philippe le pensait juste un peu timide et baignant dans le mystère, tout comme sa sœur. Dire un peu sans trop en dire, laisser planer le doute pour que chacun interprète sans demander plus de détails car rien de plus ne sortirait … Philippe connaissait assez bien Elodie, du moins en surface, pour comprendre que son frère était de la même verve. Pas un seul instant, le gascon ne devinait que les deux Froulay ne formaient qu'une seule et même personne. Cela paraissait trop incongru pour que ce soit vrai, impossible que cela lui traverse l'esprit. Pas ce soir en tout cas, et pas de sitôt sans aucun doute ! Alors Philippe avait pour mission de ne rien dévoiler de ses rencontres avec la jeune femme devant le frère, pour la protéger car elle lui avait dit : elle passait ses journées à échapper à ses frères. Alors, il n'avait pas à en parler, ce serait son petit secret du soir.

Alors le jeune homme tentait de passer une bonne soirée, loin de ses démons et les bouleversements de ses derniers jours. Le retour à Paris, au manoir, son "rendez vous" avec Elodie qui avait mal tourné avec les brigands, un bébé inattendu, la disparition de son père dont la recherche était au point mort … Tout cela faisait beaucoup et les nuits étaient assez courtes, mais heureusement sans cauchemars ou très peu ! Il y avait autour de cette table les mousquetaires qui sont sous les ordres de son frère mais avec qui lui, Philippe, avait passé des sacrées soirées à s'amuser dans Paris comme des jeunes insouciants. Si l'insouciance s'était malheureusement envolée, il restait toujours de quoi s'amuser en buvant quelques verres, rire des bonnes blagues, des anecdotes saugrenues et ne pas penser aux mauvaises choses pour ne pas plomber l'ambiance. D'ailleurs en parlant de souvenirs, Jean ne cessait de clamer l'attitude de tombeur du jeune Duc. Il n'était pas à proprement parlé un séducteur, lorsqu'une demoiselle lui plaisait, il n'avait aucune peur à l'aborder et faire la conversation, sans trop abuser des compliments ni promettre monts et merveilles. Avant sa fiancée, Philippe ne s'attachait jamais et il prévenait sans honte. Etait-ce vraiment sa faute si les femmes avaient pour ambition de le faire changer d'avis et qu'il s'attache à elles ? D'accord, il en profitait un petit peu mais jamais trop, il ne voulait pas briser des cœurs violemment, mais parfois il n'avait pas le choix. Il faut dire aussi qu'il était beau garçon avec ses cheveux désordonnés, ses grands yeux azurs et son sourire malicieux, il ne pouvait pas laisser grand monde indifférent. Pourtant, d'Artagnan y allait toujours au feeling, ne calculait pas son coup et tant pis s'il se prenait une baffe. Contrairement à son aîné Alexandre, il savait toujours rebondir avec la gente féminine et savait leur parler sans paraître trop lourd ni trop détaché. Mais tout cela avait tellement changé après la mort d'Emmanuelle. Devenu l'ombre de lui même, Philippe n'avait eu que peu d'aventures ces deux dernières années et il le vivait très bien. Le jeu de la séduction l'amusait beaucoup moins. Son cœur lui a bien joué des tours avec la belle Elodie, et bien qu'il se refuse d'accorder du crédit à ces sentiments, ils étaient bien présents.

Alors quand Jean s'en alla chercher de quoi boire "avec une jolie serveuse en prime", Philippe se doutait bien que son ami allait tenter de lui ramener une jeune femme pour prouver que le gascon avait toujours ce côté joli cœur, malgré les kilos en moins. Alors qu'il s'en était allé, ce fut Froulay qui fit la conversation.

« J’ai comme l’impression qu’il compte vraiment vous débaucher ce soir. Ce brigand rendrait jalouse n’importe laquelle des compagnes des gens avec qui il sort ! La femme de Vaudreuil, par exemplele hait tout particulièrement. »
« Il sait se faire haïr des femmes des autres sans qu'il s'en rende compte. Ma fiancée le détestait au départ puis a préféré en rire … »

C'était sorti tout seul. Rares étaient les fois où Philippe évoquait Emmanuelle sans avoir de tremblement dans la voix, sans même s'en rendre compte, c'était si simple de parler de ce souvenir. Il revoyait encore les yeux de la belle froncer quand elle croisait son cher et tendre avec Jean. Et une fois que les deux amoureux se promenaient, l'ami s'était ramené et avait proposé une soirée mémorable avec un programme qui avait rendue furieuse la jeune femme, qu'elle l'avait frappé sans grande force avec son ombrelle. Sans que les gens ne comprennent réellement, Philippe avait souri avant de tenter un visage plus neutre. Trop penser à elle faisait revenir la douleur, il l'avait assez évoquée. Mais est ce que ses mots seraient bien interprétés ? Philippe en parlait au passé mais les gens pourraient comprendre juste que c'était la situation qui était passée, pas elle. Enfin, il n'eut pas le temps de penser à cela, Jean lui posa la main sur l'épaule, un air triomphant sur le visage.

« Mon ami, la damoiselle qui va venir t’apporter à boire va te plaire, je pense ! Et son amie sera pour Froulay, puisque monsieur joue les jolis cœurs ce soir ! »
«Etait-ce vraiment nécessaire, Jean ? » demanda Froulay
« Vraiment, tu n'y étais pas obligé. Je pense que Froulay et moi sommes assez grands pour ne plus avoir à faire à un entremetteur ! »

Et il soupira. Philippe savait pertinemment que ce serait peine perdue car Jean était bien décidé à ne pas laisser cette occasion de prouver à tous que Philippe savait si bien parler aux femmes et aussi à ce que Froulay ne rentre pas seul ce soir. Les deux hommes étaient donc dans la même situation. Toujours aussi souriant, Jean s'assit à côté de d'Artagnan et s'appuya sur son épaule.

« Mais je veux vous aider. Pauvre Froulay qu'on ne voit toujours que tout seul et toi … Non mais Philippe regarde toi. Je ne sais pas ce que tu as fait ces derniers temps mais tu es maigre ! Tu ne dois pas attraper grand chose avec un tel physique. »
« Je remercie de ta compassion Jean. » répondit ironiquement Philippe
« Mais je m'inquiète ! » s'insurgea l'ami, un peu trop pour que ce soit convaincant « Tu es parti voilà deux années sans donner de nouvelles et tu reviens maigre comme un mendiant et sans bague au doigt. Je m'inquiète donc je te divertis ! Et Froulay avec, plus on est de fous et plus on rit. »

Un soupir s'échappa à nouveau de Philippe tendit que Jean se leva pour accueillir les deux demoiselles. Le jeune Duc lança un regarde compatissant à Eric vu qu'ils se retrouvaient tous les deux dans le même bateau. Mais d'Artagnan n'avait pas envie d'une demoiselle, il repensait à ce que son ami avait dit. Tout comme Alexandre, ne savait-il donc rien ? Cela paraissait gros mais Jean ne mentirait pas aussi facilement et devant tout ce monde alors l'ignorance paraissait l'unique possibilité. Deux jeunes femmes arrivèrent donc et Jean leur montra où se rendre. Il est vrai que son ami a toujours eu bon goût pour les femmes. La serveuse qui lui adressait un sourire à l'instant en était la preuve : de longs cheveux bruns retenus en chignon où quelques mèches sauvages s'échappaient, de grands yeux verts, un large sourire et un physique très agréable. Dans beaucoup d'autres circonstances, Philippe aurait capitulé et serait entré dans le jeu de Jean, mais pas ce soir.

« Monsieur d'Artagnan, êtes vous aussi mousquetaire ? »
«Oh non, je ne manie pas assez bien l'épée. Même une femme pourrait me sauver ! » répondit Philippe avec un large sourire.
« Je ne sais guère manier une épée mais je peux vous sauver de l'ennui quand bon vous semble. Il vous suffira de me demander. Je me nomme Valentine … »
« Avec plaisir, Valentine. »

Ils discutèrent tous deux quelques minutes. Si Philippe ne faisait rien de particulier, il la regardait dans les yeux, l'écoutait et s'intéressait à ce qu'elle disait. Les femmes ne sont pas idiotes, elles savent quand on les regarde et les écoute, c'est ce qui faisait la différence avec beaucoup d'hommes. Pourtant, le gascon ne voulait pas que ça aille plus loin qu'une charmante conversation, il n'avait pas la tête à séduire ni à ramener une fille au manoir ! Alors elle repartit sans le quitter des yeux et Philippe tourna finalement la tête pour enfin boire un peu. Son ami n'avait pas quitté la scène des yeux, médusé !

« Mais comment tu fais ? »
« De quoi ? »
« Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas remarqué qu'elle te dévorait du regard et qu'elle te regarde toujours derrière le comptoir. »

Philippe pencha la tête pour voir qu'effectivement, elle ne cessait de le regarder et lui adressa un sourire.

« Non, je n'avais pas remarqué jusqu'à ce que tu me le dises.»
« Froulay, vous avez vu cette modestie et cette technique ? Ce garçon pourrait avoir toutes les filles qu'il veut mais non, il va se cacher dans son château gascon au milieu de nul part. J'espère que vous ne finirez pas comme lui. »
« Ou comme toi. C'est toi le séducteur de nous deux, moi je n'ai jamais prétendu être un prince italien pour avoir une demoiselle ! »
« C'est normal, tu ne mens jamais ET tu as un titre qui en jette. Duc de Gascogne, il y a de quoi faire rêver une bonne partie de la noblesse. D'ailleurs pourquoi n'es tu pas marié, Monsieur-je-respecte-les-traditions ? »

Philippe baissa les yeux sur son verre. Personne ne savait rien, personne n'avait appris la mort de sa fiancée. Sûr que son père avait voulu étouffer ce malheureux événement qui faisait tâche dans la famille d'Artagnan … Et plutôt que de continuer cette conversation qui lui ferait du mal, Philippe but une large gorgée avant de se lever.

« Plutôt que de parler, admirez la technique ! »

Et d'un pas faussement déterminé, Philippe rejoignit le comptoir pour voir la jolie Valentine. C'est pas qu'il avait envie de jouer les jolis cœurs mais c'était toujours mieux que de se voir questionner sur le mariage…

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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime03.07.11 13:49

Cette soirée prenait définitivement une tournure qu’Elodie se serait volontiers évitée. Très ironiquement, elle eut une pensée pour François qui, s’il avait été là en connaissance de tous les tenants et aboutissants de la situation, lui aurait sans doute allègrement fait remarquer qu’il l’avait prévenue. Et également qu’elle l’avait mérité, et qu’il ne tenait qu’à elle de faire en sorte de ne plus pouvoir se retrouver au cœur de telles complications. Et sans doute n’aurait-il pas totalement tort… comme toujours. Elle prenait de tels risques qu’il aurait été indécent qu’elle puisse continuer dans cette voie sans en payer le prix. Elle le savait, elle n’avait pas choisi la facilité, mais de là à se trouver assise à la même table que Philippe sans pouvoir ne serait-ce que laisser échapper un mot, un geste lui faisant comprendre qui était Eric… Quelque chose, là-haut, devait réellement lui en vouloir – amen. Et dire qu’elle avait failli refuser l’invitation de Vaudreuil. Un instinct qu’il aurait peut-être été bon, finalement, de se laisser aller à suivre, quitte à faire peser un peu plus de soupçons ou de rumeurs sur Eric. Au point où elle en était, ça n’était pas quelques bavardages de plus qui pourraient lui nuire, tant que ces derniers restaient ce qu’ils étaient jusque là et ne s’approchaient pas ne serait-ce que d’un semblant de vérité. Or, ce danger-là étant encore loin d’être réellement menaçant, refuser de suivre les mousquetaires ce soir aurait pu finalement s’avérer être une bonne chose. Pour ses propres sentiments malmenés comme pour les découvertes qu’elle aurait pu ne pas faire…

« Il sait se faire haïr des femmes des autres sans qu'il s'en rende compte. Ma fiancée le détestait au départ puis a préféré en rire… »

Certes, elle l’avait cherché. Par ses précédentes paroles, elle le savait pertinemment, c’était la réponse à laquelle elle s’était exposée. Ce qui n’empêcha pas Elodie de rester muette, les mains vaguement crispées autour de son verre. De la fiancée de Philippe, elle n’avait jamais entendu le moindre mot – et ça n’était pas faute d’avoir eu des centaines de conversations avec lui, pourtant. Sur ses lèvres, soudain, elle força un sourire amusé, avant de baisser les yeux sur sa boisson, se traitant mentalement d’idiote et autres adjectifs du même genre. Evidement, il était fiancé. A quoi d’autre pouvait-elle seulement s’attendre ? Un Duc de Gascogne n’est jamais en manque de prétendantes, après tout. Amère, elle avala une autre gorgée, avant de tenter de reprendre ne serait-ce qu’un semblant de contenance au retour de Jean, toujours aussi joyeux et déterminé dans son nouveau rôle d’entremetteur. Le fait que Philippe ait évoqué la fiancée en question au passé effleura à peine l’esprit d’Elodie, mais comment pourrait-elle se douter de ce qui était véritablement arrivé au jeune homme ? Elle ignorait tout, tout comme il ignorait à qui il venait réellement de confier ces paroles. Sans doute était-ce d’ailleurs cela, le pire.

« Vraiment, tu n'y étais pas obligé. Je pense que Froulay et moi sommes assez grands pour ne plus avoir à faire à un entremetteur ! »

La conversation continua, toujours sur le même registre. Les serveuses n’allaient en effet par tarder à arriver, et à ce moment-là il faudrait encore tous les trésors d’habileté et de mystère qu’Elodie savait déployer pour se débarrasser de la jeune femme que Jean lui avait trouvé sans attirer plus de soupçons. Les hommes, elle avait eu plus que largement le loisir de le remarquer, n’étaient généralement pas enclins à refuser de telles avances. Mais même avec toute la bonne volonté du monde, Eric serait bien incapable de succomber aux charmes… féminins. N’en déplaise à ce cher Jean qui, bien loin de voir où était le problème de Froulay, s’entêtait dans ses projets.


« Mais je veux vous aider. Pauvre Froulay qu'on ne voit toujours que tout seul et toi… Non mais Philippe regarde toi. Je ne sais pas ce que tu as fait ces derniers temps mais tu es maigre ! Tu ne dois pas attraper grand chose avec un tel physique, lança-t-il d’ailleurs une fois que les deux « hommes » lui eurent fait remarqué qu’il n’avait pas besoin de faire tout ça.
- Je te remercie de ta compassion, Jean, répondit Philippe non sans une certaine ironie qu’Elodie se força à appuyer du regard.
- Mais je m'inquiète ! Tu es parti voilà deux années sans donner de nouvelles et tu reviens maigre comme un mendiant et sans bague au doigt. Je m'inquiète donc je te divertis ! Et Froulay avec, plus on est de fous et plus on rit. »

A nouveau cette histoire de bague et de mariage. Elodie fronça les sourcils, détournant vaguement les yeux sur les autres mousquetaires qui bavardaient dans leur coin. Que s’était-il passé durant ces deux années que le jeune Duc avait visiblement passé loin de Versailles ? Finalement, elle n’était pas la seule à jouer sur le tableau du mystère. Et Philippe était au moins aussi doué qu’elle à ce jeu. Après tous les instants qu’ils avaient passé ensemble, ils ignoraient tous deux ce qu’il y avait de plus important à savoir sur l’autre. Et elle, de son côté, avait réussi à se laisser gagner par des sentiments qui, en plus d’être dangereux pour elle, n’avaient plus lieu d’être maintenant qu’une fiancée faisait son apparition. Non, définitivement, elle était pire que l’idiote, dans cette histoire. Tentant de ne rien montrer de son amertume, elle rendit son regard compatissant à Philippe avant de plonger à nouveau ses prunelles brunes dans son verre, silencieuse. Elle resta ainsi plongée dans ses pensées jusqu’à ce qu’un éclat de voix de la part de Jean ne la pousse à relever la tête sur les deux jeunes femmes qui s’approchaient de la table. Les autres mousquetaires abandonnèrent leurs conversations particulières et, sourires goguenards aux lèvres, se mirent ostensiblement à prendre des paris sur la façon dont allaient se dérouler les choses. Avec un soupire, Elodie avisa la blonde qui se dirigeait vers elle. La taille gracile, les cheveux particulièrement long et les yeux d’un bleu azur, elle aurait sans doute eu de quoi plaire… à un homme. L’autre, toute aussi ravissante, se planta aux côtés de Philippe, ce qui poussa le faux Eric à se crisper un peu plus. Il allait falloir, finalement, abréger la soirée.

« Quoi que vous ait dit mon ami, glissa-t-elle à sa serveuse, il se trompe. Ne vous en faites pas et retournez travailler. »

Jean, à ces paroles, l’aurait sans doute fusillé du regard s’il n’avait pas été trop occupé à dévisager Philippe qui discutait avec l’autre jeune femme. Une moue déçue aux lèvres, la blonde se retira et Elodie, sans plus lui prêter attention, se détourna après lui avoir offert un sourire.

« […] pas assez bien l'épée. Même une femme pourrait me sauver ! disait le duc de Gascogne, attirant à nouveau son attention et malgré elle, un sourire au souvenir de la promenade qui avait mal tourné, quelques jours plus tôt. Sourire qui s’effaça néanmoins rapidement.
- Je ne sais guère manier une épée mais je peux vous sauver de l'ennui quand bon vous semble. Il vous suffira de me demander. Je me nomme Valentine…
- Avec plaisir, Valentine. »

Elodie resta un moment silencieuse, à les observer tous deux. L’expression qu’avaient pris ses traits passait assez aisément pour la même que celle de ses compagnons. Et pourtant, la situation était loin, bien loin de l’amuser.

« Froulay, héla au bout d’un moment Vaudreuil. Et où est la votre ?
- Derrière le comptoir je suppose, répondit-elle en levant les yeux au ciel.
- Mon cher Eric… je ne vous comprends pas. Elle était ravissante ! intervient Jean, laissant enfin Valentine et Philippe discuter en paix. Les femmes vous feront défaut, mon ami.
- Et qu’en savez-vous ? lâcha-t-elle, énigmatique.
- Je me demande qui est-ce qu’il faut soudoyer pour savoir ce que vous cachez derrière tant de mystère… François ou votre sœur ? Dommage qu’elle ne soit pas à Versailles ! »

Oui, dommage… Levant les yeux au ciel, Elodie se garda bien de répondre, se contentant de finir son verre. Les conversations se remirent à rouler, jusqu’à ce que la fameuse Valentine ne s’éloigne, laissant enfin le champ libre à Jean pour faire tous ses commentaires, que la jeune femme ne suivit que d’une oreille, se contentant d’approuver lorsqu’il la prit à témoin de la « technique » de Philippe. Intérieurement, l’ironie de la situation aurait presque pu la faire rire – aussi jaune ce rire soit-il. Philippe n’avait pas même besoin d’une quelconque technique, elle en était – mais de cela, personne ne pouvait s’en douter – la preuve vivante. Elle pouvait toujours essayer de le nier. C’était un fait.

« Ou comme toi. C'est toi le séducteur de nous deux, moi je n'ai jamais prétendu être un prince italien pour avoir une demoiselle ! A cette réplique, toute la tablée y alla d’un grand éclat de rire, Elodie comprise – contrainte et forcée. Mais il fallait avouer qu’imaginer Jean mentir sur son titre pour séduire une fille avait de quoi amuser.
- C'est normal, tu ne mens jamais ET tu as un titre qui en jette. Duc de Gascogne, il y a de quoi faire rêver une bonne partie de la noblesse. D'ailleurs pourquoi n'es tu pas marié, Monsieur-je-respecte-les-traditions ? »

A nouveau, les commentaires fusèrent tandis que, malgré elle, Elodie jetait un regard aux mains du jeune Duc. Dépourvues d’alliance, en effet. Toujours malgré elle, elle le dévisagea un instant, et à voir la façon dont il avait baissé la tête, dû se retenir de froncer les sourcils. Visiblement, le sujet était un sujet délicat, et personne n’avait l’air de s’en douter. Mais, habile, il détourna soudain la conversation.

« Plutôt que de parler, admirez la technique ! »

Et l’air déterminé, il se leva, se dirigeant vers le comptoir d’où, en effet, Valentine ne l’avait pas quitté des yeux. Elodie le suivit du regard, imitant par là tous ses camarades qui reprenaient les paris, soutenus par un Jean particulièrement enthousiaste. L’espace d’un instant, non sans cynisme, elle se sentit seule. Sans doute le fait d’être la seule femme de l’assemblée y était-il pour quelque chose, mais comment faire ? Elle n’avait pas le choix, et observer ce qui allait se passer était la seule option qu’il lui restait. Appuyée contre le dossier de sa chaise, elle laissa un de ses poings se crisper sur sa cuisse. Elle aurait sans doute donné beaucoup pour être ailleurs, et se mit même à chercher un prétexte qui pourrait lui permettre de filer, mais à l’instant précis où elle envisageait cette possibilité, Jean passa un bras bourru au dessus de ses épaules. Surprise, elle grimaça – le choc lui rappelant au passage une blessure pas si vieille que ça – alors qu’il achevait un éclat de rire.

« Admirez-moi ça, Froulay. Ce Duc est une petite merveille de séduction ! Je ne lui donne pas longtemps avant de faire tomber la demoiselle dans ses bras ! clama-t-il avant de partir d’un nouveau rire.
- Impressionnant, en effet, marmonna Elodie, sombre, en tentant de se dégager, sans succès. Ce qui, d’ailleurs, acheva de l’agacer. Trop proche, il devenait dangereux.
- Ne faites pas cette tête ! Vous êtes jeune encore, vous avez tout votre temps pour arriver à un tel niveau ! Et puis, entre vous et moi, je suis convaincu que vous n’êtes pas si malheureux que ça, finalement… chuchota-t-il, en en quête de confidence.
- Il y aurait dans ce domaine bien des choses propres à vous surprendre, lâcha-t-elle, énigmatique toujours, avant de parvenir enfin à sortir de son étreinte. »

Comme par exemple le fait que, si observer le Duc charmer la demoiselle en question était loin, très loin de susciter chez elle le même enthousiasme que ses compagnons, ça n’était certainement pas par jalousie. Enfin, si. Mais pas celle d’avoir à faire à plus beau séducteur qu’elle…

[désolée, désolée, désolée de mon retard ]


Dernière édition par Elodie de Froulay le 07.07.11 15:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime05.07.11 18:19


« Je me demande qui est-ce qu’il faut soudoyer pour savoir ce que vous cachez derrière tant de mystère… François ou votre sœur ? Dommage qu’elle ne soit pas à Versailles ! »

Cette phrase de Jean fit sourire Philippe, pourtant toujours dans sa conversation avec Valentine la serveuse. Cela l'avait interpellé. Non pas qu'Éric soit un mystère, cela avait l'air d'être de famille, mais le fait que Jean parle d'Élodie et qu'il pense qu'elle n'était pas à Versailles. Elle disait donc vrai : Élodie passait son temps à échapper à ses frères. Philippe ne doutait pas un seul instant que le Froulay face à lui était une femme ! Pourquoi penserait-il cela ? C'était totalement impossible …

Philippe était finalement bien un d'Artagnan, il ne fallait pas toucher à sa fierté, ne pas se révéler faible. Le jeune homme avait longtemps clamé qu'il n'était pas comme son père, qu'il avait son égo en bandoulière et qu'on ne pouvait pas l'atteindre de la sorte, sa nature revenait au galop. Il ne voulait pas parler de l'accident, de la mort d'Emmanuelle où il se sentait responsable car il n'avait pas su se défendre face à ses hommes. Il préférait encore qu'on le croit célibataire, que sa fiancée l'aurait quittée pour une quelconque raison que de dire la vérité. Non, il n'avait pas envie d'en parler, se montrer faible, encore moins devant les mousquetaires. Lorsqu'il baissa son regard vers son verre, Philippe maudit malgré tout son père, sûrement le responsable pour que cette histoire ne s'ébruite pas … Si tout le monde savait, Jean particulièrement, il aurait la délicatesse de ne pas venir le chercher sur ce terrain là. Là, il devait presque mentir. En fait, il ne disait rien, ne répondait pas à la question du mariage, cela était au-dessus de ses forces. Et plutôt que de mentir ou avouer, il esquivait habilement et sortait la carte de l'égo.

Pourquoi s'était-il levé ? De ce pas assuré, il ne s'agissait en fait que d'une feinte. Celle de clouer le bec à Jean, ne plus subir ses questions et après il pourrait rentrer chez lui. Alors, il continua son chemin jusqu'au comptoir mais une idée lui vint en chemin et un ravissant sourire naquit sur ses lèvres. Il pouvait être enjôleur aux yeux des autres mais il s'agissait d'un sourire malicieux, de ceux qu'on a quand on a une idée derrière la tête. Il espérait que Valentine pourrait comprendre et lui pardonnerait. Au pire, elle lui mettrait une gifle et l'histoire serait réglée. D'ailleurs la demoiselle sortit de derrière le comptoir et Philippe prit une bonne inspiration, espérait que cela marche.

« Puis-je vous demander un service, mademoiselle ? »
« Bien sûr, quel est-il ? »
« Ce que je vais peut être vous dire ne vous plaira pas mais je vous en prie, gardez le sourire quoiqu'il se passe ... »


Elle ne comprit pas tout d'abord et fronça les sourcils.

« Je vous en prie, cela est important. »
« Heu … d'accord … »


Elle retrouva le sourire mais ne comprenait pas pourquoi Philippe devait lui dire cela. Lui n'aimait pas vexer les gens mais cela était sa seule chance pour ne pas passer pour un imbécile, ne plus avoir de questions et ne pas laisser planer des espérances sur la tête d'une jeune femme.

« Je tiens à vous dire que je vous trouve charmante, cela est indéniable. Et même si à cet instant votre sourire est quelque peu forcé, il est radieux. » commença t'il, il en fit baisser les yeux de la jeune femme « Mais je ne puis continuer cette mascarade avec vous, vous ne méritez pas qu'on vous prenne pour une imbécile, ce que vous n'êtes pas. Si mon ami a joué les entremetteurs, et même si ce geste est louable, je ne peux accepter. Ma vie est assez compliqué … Faites semblant de rire cette fois-ci. »

Elle obéit et rit naturellement, tandis qu'il sourit de la voir si compréhensive.

« Votre vie compliquée est-elle due à une femme ? »
« En quelque sorte, je ne sais moi-même où j'en suis et il ne sert à rien de m'engager dans une autre relation alors que mon esprit est ailleurs. Je me dois d'être honnête avec vous. »
« Mais vous ne voulez pas l'être avec vos amis. »
« Pas tout de suite. Et si vous me permettez de vous rendre un service, pourriez vous, d'ici quelques minutes, faire comme si vous veniez me chercher ? Mon fils m'attend … »


Il prit sa main dans la sienne et la fixait avec ses grands yeux azurs, sans pourtant se départir de son sourire. Que pouvaient-ils penser à la table ? Voilà qu'il passait pour un séducteur ! Lui dont les relations ces dernières années se comptaient sur les doigts de la main. Valentine acquiesça avec le sourire.

« Bien sûr, monsieur d'Artagnan. J'ai moi même un enfant à charge, je sais quand il faut rentrer. Allez y, je viendrais vous chercher. »
« Mille mercis. »


Et il repartit à la table avec le sourire presque triomphant, celui de tous les duper sans qu'il ne s'en rende compte. Jean ne disait mot mais ses yeux attendaient avec impatience que son ami parle en premier. Juste pour le plaisir de le rendre fou, il prit son temps pour arriver, s'asseoir et même boire une gorgée.

« J'espère que tu as bien observé, je ne le ferais pas deux fois. » dit-il enfin avec cet éternel sourire malicieux.
« Je le savais que tu n'avais pas perdu la main ! » et il tapa sur l'épaule de Froulay, tout heureux « Voyez Froulay, un jour vous aurez son aisance et je pourrais vous comparer à Philippe. Il n'y a qu'à se mettre au travail ! »
« Mais qui te dit que Froulay ne voit pas quelqu'un et qu'il n'en parle pas ? Laisse le tranquille, le pauvre. En attendant, tu n'as rien fait, je ne veux pas dire. »


Piqué dans son orgueil, Jean s'était levé et prit un air faussement outré.

« Je te laissais juste la place pour ne pas te faire de concurrence. »
« Bin voyons … Je vous plains Froulay de le supporter au quotidien. »


Et s'il faisait le plaisantin, c'est qu'il savait qu'il n'allait pas tarder à rentrer. Au manoir, son fils l'attendait et Barnabé allait se demander où le jeune Duc avait bien pu se fourrer …
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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime07.07.11 16:42

La soirée aurait pu se passer des mille et unes façon différentes, toutes plus imprévues les unes que les autres. Elodie, à force de côtoyer ces hommes qu’étaient les mousquetaires – et les divertissements parfois douteux, il fallait l’admettre, qui allaient avec – savait pertinemment que les choses les plus inattendues pouvaient se produire, et surtout qu’à tout moment, il pouvait être préférable pour elle d’invoquer une quelconque nouvelle obligation pour s’éclipser plutôt que de prendre d’inévitable risques à rester plus longtemps avec eux. Et avec le temps, elle avait finalement appris à savoir parer à toutes les situations… sauf celle de ce soir. Elle avait pris en compte des dizaines de choses, les possibilités les plus tordues possibles mais pas une seule fois celles dans lesquelles viendraient se mêler des sentiments dont elle s’était toujours méfiée. Qui a tout prévu, ignore l’imprévu. Mais malheureusement, est-il seulement possible de tout prévoir ? Ce soir, la jeune femme avait fini par en avoir la réponse, et elle était négative – ce dont, à vrai dire, elle se doutait largement. Et si elle avait toujours eu un don pour se sortir des situations les plus dangereuses par les pirouettes les plus mystérieuses, ce soir la laissait finalement sans solution. Sans doute fallait-il y voir le fait que cette fois, aucun danger ne guettait. Il n’y avait rien en jeu, sinon elle et ce trouble qu’elle ne voulait pas nommer envers Philippe d’Artagnan.

« Croyez-moi, je finirai bien par découvrir ce que vous mettez tant d’habileté à nous cacher Froulay ! répondit en s’esclaffant Jean à sa dernière réplique. Quoi que ce soit, je finirai par le découvrir ! Qu’en pensez-vous, messieurs ?
- Ciel, se pourrait-il que mon secret soit à ce point en danger ? répliqua-t-elle, faussement alertée. Cherchez ce que vous voudrez Jean, et surtout, si vous trouvez quelque chose à découvrir, faites-le moi savoir. Je serai bien curieux de savoir ce que j’ai à cacher ! »

Il y eut de nouveaux éclats de rire autour de la table, avant que l’attention générale ne se porte de nouveau sur le jeune Duc et la serveuse, en grande conversation auprès du comptoir. Sur les lèvres d’Elodie, remplaçant une moue énigmatique, un sourire amer s’étira un bref instant. Evidement, Jean aurait beau chercher du côté de ses amours, il ne trouverait rien de concluant à propos d’Eric de Froulay – et ça n’était certainement pas François qui irait vendre une quelconque mèche à ce propos. Elle le voyait plus assez bien venir la sermonner sur la curiosité qu’elle suscitait chez leurs compagnons d’armes si l’un d’entre eux venait lui demander quelque chose. Sermon sur lequel il n’aurait pas totalement tort, comme toujours. Mais après tout, il fallait bien qu’elle s’amuse un peu, non ? Et surtout, qu’elle donne un semblant de crédibilité au personnage d’Eric. Sans cela, les autres mousquetaires n’auraient-ils pas déjà remarqué à quel point les traits de leurs camarades semblaient féminins ? En entretenant le mystère, elle leur ne faisait que lancer de fausses pistes sur lesquelles, lorsque l’envie leur prenait de commérer, ils ne pouvaient que faire de fausses découvertes – et surtout ne pas en faire du tout. L’énigme Eric n’était ni plus ni moins que son alliée la plus précieuse dans la double-vie qu’elle menait. Une énigme qui pourtant, ce soir, lui parut bien lourde à porter. Sans réellement participer à la vive conversation, elle posa à nouveau les yeux sur Philippe et la serveuse, qui venait de laisser échapper un éclat de rire, visiblement conquise. Et comment Elodie pourrait-elle ne pas la comprendre ? Il y avait largement de quoi être conquise chez le Duc, et cette Valentine ne serait sans doute pas la première à tomber sous le charme – à vrai dire, non, elle ne l’était absolument pas.

« Regardez-le qui revient tout fier ! lança Jean alors qu’elle se détournait de la serveuse. Cet homme est terrible ! »

Tranquillement, Philippe revint s’asseoir en compagnie des mousquetaires, sous le regard avide de Jean et les quelques commentaires des autres. Tous les regards, celui d’Elodie compris, s’étaient posés sur lui, dans l’attente de commentaires pour les uns, et pour imiter ses compagnons pour cette dernière. A vrai dire, elle se serait volontiers passé de la conversation qui ne manquerait pas de suivre et jeta une brève œillade à la fameuse Valentine qui, elle, ne quittait pas le jeune homme des yeux. Félicitations, en effet. Mais n’avait-il pas dit lui-même qu’il avait une fiancée ? Elodie eut une moue qu’elle seule pouvait comprendre. Les hommes, définitivement, étaient tous les mêmes. Ils ne pouvaient s’empêcher de jouer ce genre de jeux. Ce qui était dommage, c’est qu’elle avait longtemps cru Philippe un peu différent.

« J'espère que tu as bien observé, je ne le ferais pas deux fois, déclara-t-il après avoir pris tout son temps pour s’installer, jouant visiblement de l’impatience de toute l’assemblée.
- Je le savais que tu n'avais pas perdu la main ! répondit Jean. Tout joyeux, il alla brusquement taper sur l’épaule d’Elodie, qui laissa échapper une seconde grimace. Cet homme ne ferait jamais attention à quoi que ce soit. Voyez Froulay, un jour vous aurez son aisance et je pourrais vous comparer à Philippe. Il n'y a qu'à se mettre au travail !
- Mais qui te dit que Froulay ne voit pas quelqu'un et qu'il n'en parle pas ? Laisse le tranquille, le pauvre. En attendant, tu n'as rien fait, je ne veux pas dire. »

L’attention était louable, et la jeune femme adressa un sourire fataliste au Duc. Jean était comme ça, et bien fort serait celui parviendrait à y changer quoi que ce soit. Il y avait trois ans qu’elle jouait le jeu du mousquetaire, et peut-être trois ans moins deux mois qu’il s’était mis en tête de percer à jour Eric de Froulay. Autant dire qu’en plus, il était entêté – et le pire, c’est que dans la plupart des cas, il parvenait toujours à ses fins, en témoignait la façon dont Philippe avait cédé ce soir. Mais la plupart seulement, et Elodie ne comptait pas le laisser arriver à quoi que ce soit avec elle.

« Je te laissais juste la place pour ne pas te faire de concurrence, répondit-il à Philippe, légèrement piqué dans son orgueil. A l’image de la plupart des soldats, Elodie sourit, amusée. En effet, il parlait beaucoup, mais agissait peu…
- Bin voyons… Je vous plains Froulay de le supporter au quotidien. »

La belle éclata de rire, tandis que Jean jouait au gentilhomme outré – attitude qui ne lui allait pas du tout, soit dit en passant. On ne peut plus naturelle, elle jeta un regard amusé au principal concerné, puis à Philippe. Dans son attitude, personne n’aurait su deviner ne serait-ce qu’une once de l’amertume qui ne la quittait plus. Le masque était un jeu qu’elle savait depuis bien longtemps manier, et avec trop de savoir-faire.

« Je ne pense pas être le plus à plaindre… il n’a encore jamais réussi à me faire faire quoi que ce soit, répliqua-t-elle en adressant un regard joyeusement railleur à Jean. En revanche, ce soir, je me demande bien ce que dirait votre fiancée, d’Artagnan ! »

Le ton n’avait rien d’acerbe, rien qu’un joyeux enthousiasme de mise pour se fondre dans l’ambiance de la soirée. Il aurait sans doute fallu être très fin observateur et connaître tous les tenants et aboutissants de la situation pour déceler dans la désinvolture du faux jeune homme tout ce qu’il y avait d’amer dans la plaisanterie. Si elle avait su ce qui retournait vraiment de la fiancée en question, sans doute Elodie ne se serait-elle pas laissée aller à cette petite perfidie – à vrai dire, son attitude et ses sentiments de ce soir n’auraient rien au de commun avec ceux qu’elle réprimait à cet instant – mais ignorant tout de ce qui était arrivé, elle ne pouvait empêcher un brin de rancœur de la gagner.

« Bon sang mon ami, mais c’est qu’elle ne se passe plus de toi la petite Valentine ! intervint Jean en désignant la jeune femme. La voilà qui revient déjà ! »

Elodie tourna la tête, pour en effet voir la serveuse s’approcher à nouveau, un sourire avenant aux lèvres. Une expression indéfinissable marquant ses traits, elle jeta un regard entendu vers Philippe, comme pour appuyer les paroles de Jean, puis profita du léger silence dans la conversation pour placer les mots qui lui brûlaient les lèvres depuis de longues minutes déjà.

« Charmante soirée, mes amis, mais je me vois dans l’obligation de vous laisser. Et puisque monsieur d’Artagnan ne va sans doute pas tarder, j’en profite pour m’éclipser aussi, lança-t-elle en se levant.
- Vous nous quittez déjà Eric ? Restez, voyons, la nuit ne fait que commencer ! tenta Jean, visiblement déçu.
- Soyez gentilhomme Froulay, renchérit Vaudreuil, vous m’aviez promis de ne pas filer cette fois !
- Non Vaudreuil, je vous ai promis de vous accompagner, répondit-elle, énigmatique. A demain messieurs ! Quant à vous, d’Artagnan, je vous souhaite une bonne nuit… ajouta-t-elle avec un regard complice. Sans doute aurons-nous l’occasion de nous revoir. »

Oui, ils se reverraient. Bientôt, pour une leçon d’escrime. A la différence près que Philippe ignorerait que la jeune femme qui allait lui donner ses conseils ne serait ni plus ni moins que la même personne qui le quittait aujourd’hui.

[Du coup, j’ai lancé la fin… je pense que tu peux conclure ?]
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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
Missives : 638
Date d'inscription : 01/06/2008


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MessageSujet: Re: Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie]   Masquons nos identités gaiement, trompons nous aisément [Elodie] Icon_minitime10.07.11 16:14

« « Regardez-le qui revient tout fier ! Cet homme est terrible ! »

Philippe revenait certes avec le sourire, mais sa fierté était qu'il pouvait duper son entourage sans réellement mentir. Il ne criait pas sur les toits qu'il avait séduit la serveuse mais encourageait son ami, ainsi que les autres mousquetaires, à le penser par son attitude. Etait-ce un pêché de mensonge ? De toute façon, Philippe était bon catholique et saura s'il a raison de faire cela lors de sa confession hebdomadaire. En attendant, le jeune Duc continuait de sourire et se comportait le plus naturellement du monde, enfin de la façon dont son ancien lui se comporterait en ces occasions. Jean oubliait que plus de trois années s'étaient écoulées, que Philippe avait eu le temps de rencontrer l'amour, voir de près le bonheur avant qu'on le lui retire brutalement, sombrer dans le désespoir le plus total, avoir tenté de mettre fin à ses jours, tenter de se relever, retrouver des sentiments presque oubliés, se découvrir père … Bref, il y avait de quoi changer radicalement un homme ! L'insouciance de la vie, la peur de rien et le désir de conquérir le monde s'étaient évanouis aujourd'hui et il avait du jouer la comédie pour faire croire l'inverse à son ami de toujours et aux autres mousquetaires. Ce n'était pas si compliqué mais épuisant physiquement parlant, d'Artagnan méritait bien du repos lorsqu'il rentrerait chez lui. Bientôt, cela n'était qu'une question de minutes à présent.

Pourtant une phrase, lancée innocemment, brisa quelque chose de cet instant où Philippe avait joué le comédien à la perfection. Il ne l'avait pas vu venir et pourtant, cela aurait du être la première chose à laquelle il aurait du se préparer. Si Jean n'avait que vaguement amorcé le sujet de la fiancée, Éric plongea en plein dedans.

« En revanche, ce soir, je me demande bien ce que dirait votre fiancée, d’Artagnan ! »

Il but une gorgée de son verre, lui laissant le temps de chercher quelque chose à dire sans en dire trop ni pas assez. Rien ne lui vint alors que le verre touchait la table, il regarda sur le côté, vers la sortie, comme si Emmanuelle s'y trouvait alors que seulement deux soulards sortaient en chantant. Ses paroles sortaient toutes seules alors que son regards revenaient vers la tablée.

« Si elle était là, je ne serais pas assis parmi vous. Je n'aurais pas quitté ma demeure. »

Si tout le monde devait penser que sa demeure était celle du Manoir familial, lui pensait davantage à sa Gascogne. Le ton de sa voix, presque grave, aurait pu le trahir mais personne ne sembla y faire attention. Sûr que s'il se serait marié comme prévu, le couple n'aurait que très rarement quitté Lupiac pour revenir à Versailles. Peut être de temps en temps pour voir la famille, lui faire quelques affaires à Paris et à la Cour mais sans plus. Il appréciait davantage la campagne et sa Gascogne où il pouvait être davantage libre qu'ici où il connaissait tout le monde, où il se sentait épié, de jour comme de nuit …

Mais déjà se sentait le moment de partir. Comme promis, Valentine passa non loin de lui et lui fit un sourire accompagné d'un regard entendu. C'était le moment de quitter la table et rentrer chez lui.

« Bon sang mon ami, mais c’est qu’elle ne se passe plus de toi la petite Valentine ! La voilà qui revient déjà ! »
« Je sais que tu es triste que je t'abandonne à ton triste sort, tu voudrais que je ne te quitte plus mais notre amour est impossible. »
répondit d'Artagnan avec un sourire moqueur
« Moque toi de moi, tu verras un jour ! »

Philippe se mit à rire, Jean lançait toujours des menaces mais ne les mettait jamais à exécution, il pouvait donc se moquer de lui à sa guise. Pendant que Valentine nettoyait une dernière table avant de partir en compagnie de Philippe, ce fut Froulay qui se leva pour partir aussi. Il était un mystère à part entier et ses camarades semblaient déçus qu'il les quitte aussi vite. Ce mousquetaire restait secret sur sa vie privée, c'est qu'elle devait être bien remplie !

« A demain messieurs ! Quant à vous, d’Artagnan, je vous souhaite une bonne nuit… Sans doute aurons-nous l’occasion de nous revoir. »
« Bonne nuit à vous aussi Froulay, où que vous alliez ! »


Alors que le mousquetaire passait le pas de la porte pour partir on ne sait où, la serveuse retira son tablier et attendit d'Artagnan devant la porte. Philippe se leva à son tour avec un petit sourir malicieux.

« A mon tour de vous quitter, messieurs. A une prochaine et gardez un oeil sur Jean, ce type là est louche. »

Il éclata de rire et s'en alla en compagnie de Valentine. Elle lui avait demandé de l'accompagner jusqu'à chez elle, faisant croire à ceux qui pouvaient les regarder qu'ils allaient bien passer un petit moment ensemble. Elle n'habitait pas bien loin, dans une petite rue à l'abri des regards, parfait pour se dire au revoir.

« Merci beaucoup mademoiselle de me rendre un tel service. »
« Mais de rien, et combien de temps devrais-je attendre avant de travailler à nouveau? »
« Pour un compromis raisonnable mais flatteur pour ma personne, disons … une heure ?
Il se mit à rire puis lui tendit une bourse. Prenez, pour vous remercier et vous dédommager de votre temps. »
« Vous êtes vraiment un gentilhomme. Merci »


Il la salua puis monta sur son cheval pour repartir vers le manoir. Il commençait vraiment à se faire tard, il n'y avait personne sur la route menant à sa maison où de la lumière prouvait que Barnabé ne dormait pas. Pire, il devait l'attendre. Philippe passa donc le pas de la porte où le vieil homme l'attendait dans un fauteuil, Arthur dans les bras entrain de lui donner à manger.

« C'est à cette heure-ci que tu arrives ? »
« Je suis désolé, j'ai fait une rencontre impromptue. Jean. Te souviens tu de lui ? »
« Bien sûr ! Et je parie qu'il n'a pas changé. »
« Malheureusement non. Moi je vais me coucher, je suis épuisé. Bonne nuit à vous deux. »

Quelle soirée malgré tout. Amusante mais surtout épuisante, il ne pourrait pas faire cela tous les jours. Et alors qu'il s'apprêtait à fermer les volets de sa chambre, il lui sembla voir une ombre dans les feuillages non loin. Il resta à scruter quelques secondes puis, fronçant les sourcils, ferma vite les volets. Il détestait avoir cette sensation d'être observé …

FIN DU TOPIC
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