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| informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] | |
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| Sujet: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 09.10.10 0:38 | |
| « Que font ensemble un valet de pique, une dame de carreau et un roi de coeur ? Ils jouent aux cartes voyons ! » Il faisait déjà nuit sur Versailles alors que tous s'amusaient au château. Il y avait appartement ce soir. Qui dit grande soirée dit grand monde. Il y avait dans l'enfilade de grand salon les plus grands noms de la Cour, les plus pipelettes des Précieuses, les plus flambeurs des joueurs, les plus racoleuses des comtesses aux envies aussi débordantes que leur poitrine, les plus séducteurs, … Bref, tout le monde, chacun à sa place. Dehors, il faisait nuit mais une belle nuit claire pour la saison, quelques étoiles parsemant le ciel d'un noir bleuté comme tout droit sorti d'un tableau. Dans les jardins, peu d'âmes y vivent, le coeur de la vie se trouve dans les antichambres du Roi, où celui-ci jouait aussi aux tables et surveillait du regard son épouse, absolument nulle au jeu et dépensant des fortunes. Le monarque était lui-même surveillé, par ses espions cette fois car il fallait toujours garder un oeil sur le Roi, sait on jamais qui pouvait brandir une arme, qui amènerait un verre empoisonné, qui le menaçerait, qui le regarderait de travers. Tout n'était affaire que de détails et seuls des yeux entraînés pouvaient repérés un changement d'humeur, une âme malhonnête. Le nom d'espion n'était pas suffisant, il en fallait le talent, c'était essentiel.
Et rien de mieux que se fondre dans la masse, être le plus joueur, séducteur, charmeur, celui qu'on prendrait volontiers pour un imbécile alors qu'il est tout le contraire. Prenons par exemple Guillaume du Perche. S'il disait à l'assemblée qu'il espionnait pour le compte de Louis XIV, tout le monde lui rirait au nez, ils diraient tous mais pourquoi un homme comme Du Perche pouvait bien espionner, il n'avait ni la discrétion ni cet air mystérieux qu'on les espions dont on nous parle, ceux d'Italie par exemple. A dire vrai, il était l'homme de toutes les fêtes, femmes et fantaisies. Il basculait plus du côté du sot libertin que du malin espion. Que les apparences sont trompeuses, il faut toujours se méfier de ce que l'on a sous les yeux. Personne ne devinerait qu'il avait entre ses missions les mains du Roi ; tout le monde pensait que la proximité avec sa Majesté venait de Mlle de Leeds qui, à l'époque où Guillaume fut jeté à la Bastille, était récente maîtresse et ne voulait pas qu'un ami ne finisse entre les quatre murs glauques de la prison de Paris. Que nenni ! En effet qu'il connaissait l'anglaise puisqu'ils avaient un ami en commun, l'ancien fiancé d'Amy mort aux Amériques. Personne ne connaissait la véritable histoire : celle où Evangeline de Comborn, elle aussi espionne du roi, avait demandé à Louis XIV la libération de son ami d'enfance et lui avait vanté ses bonnes qualités pour rejoindre les rangs sélectifs des espions de la couronne de France. Tout le monde pensait que l'ascension sociale d'un troisième fils de Comte n'était du qu'à ses relations. Mais contrairement au reste de la Cour, lui cotoyait le Roi en son seing privé, lui parlait avec un professionnalisme exemplaire de ce qu'il avait appris … Ca, personne ne devait le savoir. Parfois Du Perche pensait que cela le claquerait bien le bec, comme à cet idiot de Longueville ! Enfin, là n'était pas la question. Entre deux regards vers le monarque, le comte jouait aux cartes où la chance lui souriait plutôt bien puis abandonna ceux qu'il avait bien dépouillé et partageait les joies de la conversation avec des demoiselles, il avait toujours son petit comité autour de sa personne. Les femmes étaient bien d'étranges créatures : elles jouaient les effarouchées, s'evertuaient à garder leur pureté pour un futur mari mais s'approchaient dangereusement du loup. Pourtant ce soir, il ne serait le batifoleur, juste quelques oeillades à certaines, des sourires et compliments bien placés à d'autres ainsi qu'une ou deux anecdotes de voyages avant de tirer sa révérence.
« Mais où vous rendez vous monsieur le Comte ? » « Oh si vous saviez … » « Mais encore ? » « La curiosité est un vilain défauts mesdames. Il m'est pénible de vous quitter mais certaines choses ne se reportent pas, je me dois de vous laisser à regret. Je reviendrais, comme toujours. »
Et il partit. Non par fatigue, ni même pour un rendez vous avec femme. Plutôt avec un homme. Ne faites pas les gens choqués, il ne s'agit pas de ce que vous croyez ! Du Perche est bien trop amoureux des femmes pour tenter quoi que ce soit dans des pratiques qui sont loin de le tenter. L'homme en question s'avérait être à la fois un ami, un compagnon de cartes et un excellent informateur. Et pour les missions militaires, de protection ou pour des opérations discrètes, rien de mieux qu'un mousquetaire pour le renseigner. Il s'en était mis un dans le poche au travers de François de Froulay, un jeune homme droit mais qui avait aussi un secret à cacher : il était amoureux à une comédienne. Pour un noble, cela ne pouvait être possible et les deux tourtereaux ne voulaient pas que leur idylle s'ébruite. Guillaume gardait toujours ce genre d'informations dans sa manche, comme des atouts aux cartes, mais les utilisaient rarement. Et à force de jouer ensemble aux cartes pendant les gardes du mousquetaires, un lien amical s'était tissé. L'espion consentait même parfois à se forcer à perdre pour que l'autre ne perde pas sa maigre solde. Il ne dirait donc rien à propos de sa comédienne, comme il ne parlerait jamais du concours implicite dont sa jeune soeur en était le trophée. La belle Elodie échappait aux pièges des deux don juan de la Cour : Du Perche et Longueville, les deux coq de la basse-cour, toujours en compétition et incapable de trouver un terrain d'entente. Le premier qui aura la belle Froulay gagnerait. Pour l'instant, ni l'un ni l'autre ne touchait au but. Et pendant que le jeune homme traversait les jardins pour se rendre au Trianon, il repensait à cette jolie demoiselle qui aimait les faire tourner en bourrique, jouer à être comme un savon : c'est quand on la tient dans ses bras qu'elle glisse, saute et s'échappe. La plupart aurait abandonné mais non seulement il était d'un naturel persévérant mais de savoir que Charles-Paris, cet avorton était aussi dans le jeu, le poussait à aller toujours plus loin.
Il passa le Trianon mais ne se rendit pas aux appartements, il continua dans les jardins, descendit vers le Canal et pénétra dans la forêt, suffisamment loin pour qu'on ne le voit pas, mais assez près pour voir si son compagnon de cartes était arrivé. Le pas habile, on ne l'entendait pas marcher, comme s'il ne touchait pas le sol. L'espionnage vous dote de nouveaux attributs comme le silence ou l'habileté d'arriver sans bruit pour mieux écouter les conversations, aux portes ou simplement arriver jusqu'à ses appartements et ouvrir brutalement ses portes pour trouver son vieux domestique à boire les bonnes bouteilles du maître. Pour le dernier, heureusement qu'Arthur était l'homme de main de Du Perche sinon il aurait croupi en prison depuis longtemps … Il arrivait vers le bout du Canal et une silhouette se dessinait légèrement, elle semblait légèrement s'agiter comme si … elle n'était pas seul. Il y avait un deuxième homme en compagnie de François, qu'il reconnut à la voix.
« Bonsoir cher mousquetaire. Oh je vois que vous faites les rondes en famille ce soir. »
Guillaume connaissait Eric de Froulay pour l'avoir déjà vu en ronde avec son frère, un garçon peu bavard mais sympathique, discret mais plaisant ainsi qu'assez bon joueur de cartes. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'Eric et Elodie ne faisaient qu'un. Certains secrets échappent même aux meilleurs espions ! Il sortit de sa manche un jeu de cartes, vu que c'était leur petit rituel lorsqu'ils se voyaient avec l'aîné Froulay.
« J'espère que vous avez de quoi jouer, je suis en vaine aujourd'hui. J'ai presque déplumé un duc impertinent et stupide. Mais avec une femme sublime. La vie est injuste. Oh et ne vous inquiétez pas pour votre ronde, il n'y a pas âme qui vive aux abords de cette forêt ! Je peux bien aider du mieux que je peux. »
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| | | François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
► Âge : 25 ans
► Titre : Maréchal des Logis des Mousquetaires, Capitaine de la garde de Monsieur, Marquis de Lavardin
► Missives : 521
► Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 02.09.11 21:03 | |
| Ce n’est pas parce qu’un objectif est atteint qu’il faut se laisser aller, les bras ballant, se reposer sur ses lauriers et attendre que le temps passe, bien au contraire. Maréchal des logis aujourd’hui, lieutenant peut être demain. C’est du moins ce que j’espère. Parce que quand l’argent nous fait défaut, il ne nous reste que l’honneur, et ça, c’est à nous de faire en sorte qu’il perdure et prolifère. L’honneur, personne ne peut nous l’enlever, nous sommes les seuls à en disposer, en fonction de ce que nous faisons ou ne faisons pas. Se distinguer, sortir du lot, au prix de tous les efforts possibles et imaginables. Faillir n’est pas dans mes prérogatives. Je ne suis pas un homme ambitieux, mais j’ai promis à mon père de faire honneur à notre nom. C’est ce que je ferai. Surtout pour pallier à ces menaces qui pèsent dessus. Une par ma faute, l’autre par celle de ma sœur cadette. Je n’aurais jamais cru avoir le temps de tomber amoureux, ici, à Versailles. Et pourtant, c’était fait. Hélas pour mon nom, la belle pour qui mon cœur battait n’avait rien de noble, pas plus le nom que la lignée. Elle était comédienne. Une comédienne belle à se damner. Ce que j’étais entrain de faire d’ailleurs. Mais quand un sentiment aussi puissant est payé de retour, ce n’est plus le diable qu’il faut invoquer, c’est Dieu et ses bontés, et il nous faut alors le remercier. Le remercier de chacun de ces instants partagés ensembles, à rire, à s’aimer, à profiter tout simplement.
Le second risque, lui, vient de ma sœur cadette. Sœur que j’adore, pour qui je serais prêt à tuer et à me faire tuer. Belle, un peu rebelle, agaçante, amusante, douée, et en même temps tellement bornée. Je ne sais pas si tous les frères pensent cela de leur sœur, mais la mienne est ainsi, et bien que je m’en défende, je ne voudrais pas qu’on me la change. Le problème donc, car après un tel tableau, qui pourrait croire qu’elle me pose quelque soucis que ce soit, c’est qu’elle joue un double jeu. Tout comme moi d’une certaine manière, mais à un autre niveau. Le sien lui vaudrait l’échafaud si quelqu’un savait. Ma sœur se travesti, et sous le pseudonyme d’Eric de Froulay, se fait passer pour un nouveau mousquetaire. On peu facilement imaginer ma réaction lors de la prise de connaissance de ce fait : l’effroi. Bien au-delà de risquer de se faire découvrir, elle risque sa vie, à chaque instant, et ce n’est pas son rôle. Elle devrait se marier, avoir des enfants… Bien sur, je connais assez ma sœur et suit assez proche d’elle pour vouloir son bonheur plus qu’autre chose. Mariée de force à un homme qu’elle n’avait pas aimé, elle aurait dépérit, ou pire, l’aurait occis. Non, ce n’était pas ce qu’il lui aurait convenu. Etre pauvre à tout de même pour avantage de vous rapprocher de votre fratrie. Bien sur, elle ne risque pas tant de choses que cela pour le moment, nous ne sommes pas au front. Pas encore.
Et lors des simples entrainements, je la sais parfaitement capable de moucher de son épée n’importe quel freluquet tout droit débarqué de son château familial, bouffi d’orgueil et de préjugé. Mais voilà, notre travail n’est plus les échanges que nous avions étant enfants. Fini de jouer. Et le jour où nous serons appelés en première ligne, qui, j’en suis certain, viendra bientôt, pourrai-je la protéger convenablement, pour qu’il ne lui arrive rien, et que dans la proximité des campements, son secret ne soit pas éventé ? C’est en pensant à toutes ces choses, qui m’obstruent l’esprit depuis des mois, que je finissais de nettoyer mes pistolets, avant de les remettre à leur place, avec le reste de mon armement. Le double avantage de prendre soin de ses armes, cela laisse un champ de réflexion conséquent, et vous laisse prêt à toute éventualité au cas où vous seriez attaqué. C’est une des choses, parait-il, qui, à ma plus grande surprise, m’ont values le grade de maréchal des logis, parmi tous mes compagnons. Je n’y aurais pas cru, et pourtant, me voilà qui prend du galon. C’était plus que je n’aurais espéré. Je me rappelais encore du jour de mon arrivée à Versailles où, après avoir bien tourné en rond, j’avais enfin trouvé la caserne. Même si j’étais certain de la lettre de recommandation de monsieur mon père, j’avais cette boule à l’estomac, celle que tous les nouveaux, incertains, ont.
Je rangeais enfin mes armes, avant d’enfiler ma casaque bleue frappée de la croix blanche et des fleurs de lys. Devant le petit miroir, à peine plus gros qu’une feuille de papier pliée en quatre, je remis mon col de chemise correctement, et nouait les petits liens. L’épée au côté, et les gants enfilés, ne me restait plus que mon feutre, et ma bourse que je pris soin d’emporter. Pour une simple ronde, qui a besoin de sa bourse, me demanderez-vous ? Eh bien ce n’est pas une simple ronde, en fait. Ce soir, j’ai rendez-vous, avec Guillaume Du Perche. Le jeune homme avait la manie de me plumer aux cartes. Il faut dire que je ne suis pas le meilleur joueur qui existe au monde. On en trouvera facilement de plus expérimentés que moi. Pourtant, au fil du temps, je me lié d’amitié avec lui. Au point d’avoir percé son petit jeu. Bien plus qu’un simple noble écervelé, jouant à tort et à travers, changeant de maitresse tous les quatre matins, il cache bien son jeu. Il est espion au service de sa majesté. Je dois avouer avoir mit du temps à m’en rendre compte, mais maintenant que je le sais, je fais encore plus attention à ce que je dis et ne dis pas en sa présence, m’arrangeant pour lui donner des informations utiles. Ce soir ne fera certes pas exception à la règle. Sauf que ce soir, nous ne serons pas deux, mais trois. Dans ma perspective de toujours protéger Elodie, je l’ai enjointe à m’accompagner pour cette ronde dont le but n’est pas totalement défini. Elle n’a pas vraiment le choix, on ne conteste pas un ordre. Arrivant dans la cour, je l’aperçois qui m’attend, et souris. Elle a tout de même fière allure ainsi, quoi que l’uniforme soit un peu trop grand pour elle.
-Etes-vous prêt, monsieur mon frère ?
Et sans vraiment attendre de réponse, je commence à marcher d’un bon pas en direction de la forêt domaniale. On pourrait presque voir, en étant attentif, le halo de lumière que le château illuminée pour la soirée qu’y donne le monarque qui s’éparpille dans le ciel. Pourtant, ici, tout est calme, discret. Il s’agirait presque de deux mondes différents. C’est en silence que nous faisons le trajet. Je n’ai pas envie qu’une dispute éclate entre nous. Nous en avons eus assez, et en aurons encore jusqu’à ce qu’elle cesse de s’accoutrer de la sorte. Une fois arrivé au point de rendez-vous, nous attendons. Je me doute bien que Guillaume est à la soirée, et qu’il arrivera après coup. Il ne tarde d’ailleurs pas tant, car une silhouette finit par se découper dans le noir de la forêt et la voix du jeune homme se fait entendre :
-Bonsoir cher mousquetaire. Oh je vois que vous faites les rondes en famille ce soir.
Je souris à du Perche, avant de lui rendre son salut. Les présentations ne sont pas à faire. Mais j’ignore que je n’ai sans doute pas fait la meilleure chose en amenant Elodie avec moi ici.
- J'espère que vous avez de quoi jouer, je suis en vaine aujourd'hui. J'ai presque déplumé un duc impertinent et stupide. Mais avec une femme sublime. La vie est injuste. Oh et ne vous inquiétez pas pour votre ronde, il n'y a pas âme qui vive aux abords de cette forêt ! Je peux bien aider du mieux que je peux.
-Je vous remercie, mon ami. Pour ce qui est de quoi jouer, à deux, nous aurons peut être plus de chance que quand je me retrouve seul face à vous, quoi que je ne me fasse pas vraiment d’illusions.
Je jette un rapide regard à Elodie qui est fidèle à elle-même…
-Qu’y a-t-il de notable, ce soir, à la table du roi ? demandai-je à Guillaume pour faire un peu de conversation.
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 08.09.11 0:48 | |
| « Eric, mon ami, vous joindriez-vous à nous ? lança, du fond de la cour, un mousquetaire à l’un de ses compagnons, appuyé contre le mur de l’imposant bâtiment. - Rien ne m’aurait fait plus plaisir, mais j’ai bien peur d’avoir été enrôlé dans une ronde, soupira l’intéressé en saluant son camarade d’un signe de tête. - Désolé pour vous ! répondit le premier. Vous transmettrez mes félicitations à votre frère, il m’a encore battu ce matin. A charge de revanche, dites-le lui bien ! »
Vaguement, Elodie leva les yeux au ciel alors qu’un sourire entendu effleurait ses lèvres. Pour elle plus que pour le jeune homme qui s’éloignait déjà avec trois ou quatre autres soldats, elle marmonna qu’elle n’y manquerait pas n’ayant de toute façon guère que le choix, ce soir, que de faire la conversation à son cher en tendre frère. Ça n’était pas ce qu’elle avait, dans un premier temps, prévu pour la soirée déjà bien entamée, mais il avait fallu que François prenne du galon et qu’il trouve visiblement réjouissante l’idée de pouvoir, ainsi, lui donner des ordres. Or, qu’il vienne de son frère ou de d’Artagnan, un ordre restait un ordre. Excédée, la jeune femme poussa un nouveau soupir – depuis qu’elle attendait, elle avait arrêté de les compter – en se décollant légèrement du mur contre lequel elle était appuyée. S’il y avait bien une chose qui la rebutait dans cette histoire, c’était les tours de garde en compagnie de son frère. Non pas qu’elle ne se réjouisse pas à l’idée de se faire sermonner à tout bout de chant sur les risques qu’elle prenait, le danger qu’elle courait, la façon dont n’importe qui pourrait la découvrir et autres réjouissances du genre mais… En fait non, l’idée ne la réjouissait pas. Elle adorait François, vraiment. Mais parfois, il prenait son rôle d’aîné vraiment trop à cœur. Un jour, elle l’informerait qu’elle était assez grande et responsable pour mesurer les conséquences de ses actes… pour la énième fois. Etrangement, dans la fratrie Froulay, certain messages avaient du mal à passer. Et celui, pourtant clair, qu’il lui avait signifié en lui annonçant qu’elle était de garde cette nuit risquait d’en grossir le nombre s’il ne daigner pas se dépêcher de venir la rejoindre. Subalterne, certes. Mais qu’il n’aille pas imaginer qu’elle l’attendrait toute la soirée. Elle avait trop à penser pour perdre du temps à râler contre lui. Ce qu’elle était précisément entrain de faire, mais passons. L’heure qu’elle s’était fixée pour déguerpir n’était plus très loin, et elle aurait toute la nuit pour trouver un endroit tranquille pour mettre de l’ordre dans ses pensées, et où il n’irait pas la poursuivre. A cette image, un second sourire se dessina sur ses lèvres. A peu de choses près, elle était certaine qu’il pourrait la retrouver où qu’elle se cache.
« Etes-vous prêt, monsieur mon frère ? lança soudain une voix familière, la poussant à lever la tête. » Pour un peu, elle lui aurait volontiers demandé s’il ne se moquait pas d’elle. En plus, elle n’aimait quand il s’amusait à la vouvoyer. Mais, un tantinet mesquine, elle se contenta de répondre : « Je me demandais justement dans combien de temps vous le seriez, monsieur. »
Avait-elle ironiquement appuyé sur le dernier mot ? Oh, si peu. Mais visiblement l’humeur, du côté de François, n’était pas à la dispute ce soir, et c’est en silence qu’ils se lancèrent dans le trajet qui devait les conduire sur elle ne savait quel site à garder. Versailles était un endroit où les places sûres étaient aussi rares que les blanches colombes à la Cour. Qu’il s’agisse d’intrigues de couloirs, de plus ambitieux complots ou de bas et matériels coupe-gorges, il y avait toujours quelque chose à redouter des nuits qui tombaient sur la ville. Il n’y avait pas que la Cour qui s’était déplacé à Versailles. Une partite des vétustes bas-fonds de Paris s’était fait une joie d’accompagner les grands seigneurs. Il y avait longtemps, cependant, que les ombres furtives des ruelles de la basse ville n’inquiétaient plus outre mesure Elodie. Les mousquetaires, c’étaient bien connu, étaient pour la plupart aussi peu fortuné qu’était réputé leur uniforme. Pour ce qui était des traquenards et autres embuscades du genre, ils ne craignaient rien. Pour le reste, ils avaient leur épée.
« Tassenières m’a demandé de te transmettre ses félicitations pour ce matin, lança-t-elle d’ailleurs alors que ses pensées s’égaraient sur de quelconques combats. Tu devrais le laisser gagner, un jour… il va finir par se vexer. »
Elle eut un sourire mutin, tandis que devant eux, se dessinait l’imposante silhouette de la forêt domaniale. Au loin, de vagues lumières trahissaient la réception qui se donnait au château. Réception à laquelle étaient sans doute entrain de se ruiner des dizaines de jeunes et moins jeunes hommes fortunés, se tenaient certainement de grandes discussions ampoulées et s’ourdissaient surement de nombreuses intrigues plus sournoises les unes que les autres. Ah, Versailles. Son luxe, sa splendeur, ses dorures… et ses courtisans. Elodie en était certaine, il n’était finalement pas si mauvais de n’assister à tout cela que de loin. De pouvoir observer, et ce, sans attirer trop d’attention. Il y en avait assez pour elle – ou plutôt, pour le mystérieux Eric de Froulay – au sein des mousquetaires pour qu’elle n’aille se faire remarquer dans la Cour des grands – sans mauvais jeu de mot… ou presque. La jeune femme eut un soupir imperceptible. Elle avait déjà bien assez matière à se tirailler pour aller se jeter dans ce genre d’affaires. Malheureusement, à Versailles, les intrigues finissent toujours par vous rattraper – et elle s’en rendrait compte bien assez tôt. Mais ignorante de l’avenir, alors qu’ils s’enfonçaient d’un bon pas dans la forêt, elle profita du silence pour laisser ses pensées vagabonder vers leurs sujets de prédilection. Heureusement pour elle, l’obscurité des sous-bois semblait suffisante pour masquer à son frère les éclats qui, de temps en temps, venaient allumer une lueur dans ses prunelles ou tordre une moue sur ses lèvres. Il ne manquerait plus que François ne se rende compte des sentiments qui l’agitaient – et par la même, de la façon dont elle échappait à la stricte vie de la caserne. Là, elle était bonne pour un long, très long sermon… Un nouveau sourire aux lèvres, elle releva les yeux sur la sombre étendue qui les entouraient, dont le silence n’était plus troublé que par les vagues éclats qui leur parvenaient parfois du château. Ils n’avaient pas toujours été contraints à ce genre de rondes. Depuis trois ans qu’elle était là, ces choses-là s’étaient considérablement renforcées.
« Il n’y a rien ici ! lança-t-elle soudain en levant les yeux au ciel. A part quelques ivrognes égarés, je suppose. J’aimerais bien savoir ce qu’ils veulent que nous surveillons exactement..., ajouta-t-elle en se tournant vers son frère. »
Ne pas avouer qu’elle disait cela pour tester sa réaction aurait été faire preuve de mauvaise foi. Elle appréciait qu’il se taise question réprimandes, mais finalement, quitte à être forcée à faire une ronde avec lui, autant la rendre un peu plus piquante. Il fallait l’admettre, le faire tourner en bourrique de toutes les façons possibles et imaginables était un exercice auquel elle était rompue et qui lui plaisait. Pourtant, cette fois, la conversation n’eut pas le temps de tourner court car, rapidement, une nouvelle silhouette se dessina, précédée d’une voix bien reconnaissable pour les deux Froulay.
« Bonsoir cher mousquetaire. Oh je vois que vous faites les rondes en famille ce soir. »
Guillaume du Perche. Une moue énigmatique effleura les lèvres d’Elodie alors qu’elle se tournait vers le nouveau venu. Alors qu’il s’approchait, elle lui rendit à son tour un vague salut, amusée du tour que prenait cette garde improvisée. S’ils pouvaient au moins jouer, rien n’était perdu. Aussi dangereux le jeu soit-il ce soir, puisqu’il se faisait en compagnie d’un jeune homme connaissant bien, trop bien même, la demoiselle qui courait les rues de Versailles et qu’elle devait absolument cacher à François. Elodie, courtisée sous d’autres vêtements par les deux Dom Juan de la Cour dont le comte du Perche, ne craignant néanmoins jamais trop de ces petites parties. Prudente, elle se contenta de rester flegmatiquement sous l’ombre de son feutre, observant Guillaume sortir un jeu de cartes de sa manche.
« J'espère que vous avez de quoi jouer, je suis en vaine aujourd'hui, lança-t-il. J'ai presque déplumé un duc impertinent et stupide. Mais avec une femme sublime. La vie est injuste. Oh et ne vous inquiétez pas pour votre ronde, il n'y a pas âme qui vive aux abords de cette forêt ! Je peux bien aider du mieux que je peux. - Je vous remercie, mon ami, répondit François alors qu’Elodie gardait pour elle tout commentaire approchant le « je l’avais bien dit, il n’y a rien » qui lui brûlait les lèvres. Pour ce qui est de quoi jouer, à deux, nous aurons peut être plus de chance que quand je me retrouve seul face à vous, quoi que je ne me fasse pas vraiment d’illusions. - Je ne miserais pas énormément sur mes talents de joueur… mais ma foi, qui ne tente rien n’a rien ! rétorqua-t-elle, amusée. Peut-être seront nous plus chanceux que ce fameux Duc à la sublime femme… Heureux en amour, malheureux au jeu, après tout ! »
Elle n’était pas si mauvaise joueuse que cela. Mais face à un redoutable expert tel que du Perche, elle ne faisait pas plus le poids que François qui, d’ailleurs, ne gagnait que lorsque son adversaire le décidait. S’adossant à un arbre, Elodie dévisagea un instant le jeune comte. Dans les conversations qu’il entretenait avec François, elle n’avait jamais manqué de déceler la façon subtile dont ils échangeaient, l’air de rien, quelques informations. Ce qu’en faisait Guillaume ? Voilà qui restait mystérieux. Mais, bien que curieuse, la jeune femme ne s’était jamais aventuré à poser trop de questions. Des fois que son indiscrétion ne soit payée de retour.
« Qu’y a-t-il de notable, ce soir, à la table du roi ? demanda François, ce à quoi elle ajouta, amusée : - Oui, comment se portent les intrigues aujourd’hui ? Et les complots ? Il se murmure tellement de choses en ce moment qu’on ne sait plus de quoi s’alarmer ou non ! »
Innocemment, elle laissa échapper un sourire. Ce soir, elle était d’humeur à babiller.
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 24.10.11 10:29 | |
| Guillaume appréciait ces soirées à jouer aux cartes avec Froulay, l'aîné même si le cadet était tout aussi sympathique, plus mystérieux sans aucun doute. Mais l'espion ne s'en faisait pas, discrétion n'était pas un signe de chose à cacher, souvent les gens les plus discrets sont ceux qui se mettent trop en avant, comme lui par exemple. Qui irait imaginer que le Comte pouvait travailler pour le compte du Roi en tant qu'espion ? Il était tellement coureur de jupons, joueur, un peu trop exubérant et pourtant … Là n'était pas la question, ce soir serait une mission plaisante, Du Perche allait jouer avec des mousquetaires et tenter de glaner des informations l'air de rien. Si François se doutait de quelque chose ? Sûrement, mais il était trop poli pour poser la question de plein fouet !
Je vous remercie, mon ami. Pour ce qui est de quoi jouer, à deux, nous aurons peut être plus de chance que quand je me retrouve seul face à vous, quoi que je ne me fasse pas vraiment d’illusions. Je ne miserais pas énormément sur mes talents de joueur… mais ma foi, qui ne tente rien n’a rien ! Peut-être seront nous plus chanceux que ce fameux Duc à la sublime femme… Heureux en amour, malheureux au jeu, après tout ! Mais il faut croire en sa chance, sinon cela n'est point un amusement ! C'est comme aller aller à la messe sans croire en Dieu, d'un ennui profond !
Il se mit à rire franchement et garda ensuite un large sourire. Non pas qu'il ne croyait pas en Dieu, disons que la messe était un des pires moments de la journée, après une rencontre avec Longueville et une mauvaise plaisanterie d'Anglerays. Autant vous dire que le niveau était élevé.
« Qu’y a-t-il de notable, ce soir, à la table du roi ? - Oui, comment se portent les intrigues aujourd’hui ? Et les complots ? Il se murmure tellement de choses en ce moment qu’on ne sait plus de quoi s’alarmer ou non ! » Complot, voilà un bien vilain mot, une farce de courtisans pour occuper les mornes journées. Ces gens s'ennuient tellement qu'ils passent leur temps à se tirer dans les pattes et imaginer que quelqu'un en veut concrètement au Roi. Sinon, toujours les mêmes qui se tirent la couverture sur eux, qui perdent de l'argent qu'ils n'ont pas … La Reine dépense aussi beaucoup trop mais personne n'oserait lui dire. Même là, je ne devrais pas vous le dire, il est temps de me taire et pour nous de jouer.
Guillaume avait souvent – trop au goût de certains – ce sourire en coin qui voulait tout et rien dire à la fois. Il n'était pas évident de déchiffrer les moues de l'espion et il le faisait exprès. Il adorait repousser l'idée d'un complot tout en souriant, l'air de laisser planer le doute malgré tout. Sans aucun doute son côté courtisan quoi adorait éteindre la flamme pour mieux la rallumer. Puis reprendre la conversation comme si de rien n'était en se dirigeant vers un tronc coupé et des racines faisant office de table et chaises en pleine nature. Il faisait encore beau et pas trop frais, jouer dehors restait agréable mais une fois novembre passée, Du Perche savait qu'il serait plus difficile de voir le mousquetaire. Oh, comme chaque fois, ils trouveraient une solution, il avait besoin de ses informations lancées l'air de rien.
Froulay, je vous laisse choisir le jeu pour vous permettre d'avoir un peu plus de chance : Hombre? Piquet ? Réversis ? Whist ? Nain jaune ? Je suis assez riche ce soir pour que vous puissiez me dépouiller de quelques sous alors autant vous laisser l'avantage.
Il était un peu le roi des cartes, toujours dans le salon des Jeux, à une table au milieu d'autres nobles. S'il n'avait pas grande fortune ni grand titre, il se payait le luxe d'être un des gentilshommes de la Chambre du Roi et de gagner son argent en détroussant les autres aux cartes. Débrouillard depuis son plus jeune âge, Guillaume savait qu'il devait trouver un moyen de financer ses désirs de voyage. Alors jouer, perfectionner son jeu, son bluff comme on dit outre-Manche. Et à chaque arrêt en grande ville, il avait trouvé des camarades de jeu pour se remplir les poches. Si certains l'accusaient de tricher, c'est qu'ils étaient bien mauvais perdants car il faisait honneur à ne pas utiliser de viles ruses pour empocher un peu plus. Certains soirs, le comte avait une mauvaise main donc ne s'attardait pas à perdre l'argent qu'il n'avait pas, préférant garder réserve et sauver les abbé en détresse à Venise par exemple. Le jeu était une passion, presque une drogue vous dira t'il. Du Perche ne pouvait s'empêcher de parier, jouer mais connaissait suffisamment sa chance pour être sûr de ce qu'il misait. Il se moquait de ces joueurs inconsidérés qui dilapidaient leur fortune, mettaient en gage des bijoux, des carrosses voire même des demeures ! Il se souvint d'un jour où un notable génois avait même mis la main de sa fille, n'ayant plus assez de sous pour jouer ! Les gens n'avaient pas de cœur parfois …
Alors qu'il s'assit sur une des racines, lançant son jeu sur le tronc, Guillaume regarda tour à tour les deux frères. Savaient-ils que leur sœur couraient les rues ? Qu'elle était courtisée de toute part ? Il ne valait mieux pas qu'il mentionne qu’Élodie était l'objet d'un pari entre lui et Longueville, ce n'était pas le genre de choses qu'on pouvait dire à un ami, ni à un informateur. Alors autant parler d'autre chose.
Et vous, avez vous vu quelque chose à signaler ? Point de cadavres abandonnés ? J'ai entendu dire que de nombreux corps ont été retrouvé dans Paris. La capitale redevient dangereuse apparemment …
Peut être y faisait-il plus attention aujourd’hui mais il n'avait jamais autant entendu parler de cadavres que ces derniers temps. Même Bonaventura, son indic' bandit semblait s'étonner d'autant de morts. Si les mousquetaires savaient quelque chose, peut être que Du Perche pourrait creuser davantage dans cette piste. [HJ : je suis désolé de mon retard et de ma réponse assez médiocre …] |
| | | François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
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► Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 29.10.11 22:55 | |
| Versailles et ses aléas. Versailles et ses intrigues… Versailles et ses festivités. Une pièce à deux faces, deux visages. Un avenant, aimable, attirant, et l’autre horriblement trompeur dont il faut se méfier. Hélas, tant qu’on n’y a pas gouté, on ne peut savoir que le fruit est pourri et qu’il peut vous tuer – au sens propre comme au sens figuré. Le danger est partout, rester sur ses gardes n’est pas chose aisée, pour qui que ce soit. Même à force d’entrainement, personne n’est infaillible. Et moi pas plus qu’un autre. C’est pour ça que j’avais parfois encore du mal à réaliser que j’avais eus le grade de sous officier qui était à pourvoir parmi les recrues aussi anciennes que moi. Je ne valais pas mieux qu’un autre, m’entrainant tout autant et n’ayant pas de meilleurs résultats. Du moins c’était l’impression que j’avais. Et à quoi me servaient ces galons si je ne pouvais pas défendre ceux à qui je tenais ? La preuve était simple. J’étais totalement incapable d’empêcher Elodie de faire n’importe quoi – et encore, je ne connaissais pas le quart de la moitié des ennuis dans lesquels elle était fourrée et où elle allait se mettre – et j’ignorai totalement les menaces qui pesaient sur Claire – menaces qui étaient l’initiative de l’un de mes meilleurs amis, mais quelle ironie du sort… Il est beau, le maréchal des logis… Plus le temps passait et moins j’estimais être digne de cette charge. Hélas, on m’avait fait remarqué que c’était souvent celui qui s’en estimait le moins digne qui occupait le mieux une charge.
Dommage pour moi donc, et pour ce que mes supérieurs appelaient de la fausse modestie… Je ne pouvais m’empêcher de douter de mes propres actions, et n’étais pas certain qu’une fois à l’action, je sois aussi courageux et performant qu’ici, où il ne fallait que s’entrainer, faire peur à quelque malandrin, et parfois, bien que cela soit formellement interdit, se battre en duel. Mais l’interdit rend la chose grisante, et à un contre un, il y a bien moins de risques que dans le chaos d’une bataille. Et la vie de plusieurs hommes sous mes ordres n’est pas en jeu encore. Je n’arrive même pas à contrôler les actions de ma propre cadette, alors ceux de tout un groupe de mousquetaires, allez imaginer le carnage. Je n’avais rien trouvé de mieux que de l’emmener partout avec moi. Même ce soir, alors que ce n’était pas la meilleure idée que j’ai pus avoir, sachant qui j’allais rencontrer. J’avais beau estimer Guillaume, s’il devinait, je ne savais pas s’il aurait envie de garder un second secret plutôt embarrassant sur ma personne, et ici sur ma famille également. Je ne pouvais pas le lui demander. Et j’espérais ne pas avoir à le faire. Enfin, en gardant Elodie à mes côtés, au moins savais-je où elle était et ce qu’elle faisait, que cela lui plaise ou non. De toute façon, en s’engageant chez les mousquetaires, elle avait été obligée de m’accepter comme supérieur, et ne pas obéir à mes ordres aurait été de l’insubordination, fort peu appréciée dans notre corps.
Heureusement, elle ne fit pas de difficultés, m’emboitant le pas quand je la rejoignis à l’entrée de nos bâtiments. Je me contentais de lever les yeux au ciel à sa réponse, à peine insolente.
-Je me demandais justement dans combien de temps vous le seriez, monsieur.
Je n’avais pas envie d’élever la voix, ne m’en sentant pas l’humeur ce soir. Mais la soirée était encore longue, et je ne savais pas ce qu’elle nous réservait. Le trajet s’était fait en silence, mes pensées s’égarant vers Claire, jusqu’à ce qu’Elodie ne me jette :
-Tassenières m’a demandé de te transmettre ses félicitations pour ce matin. Tu devrais le laisser gagner, un jour… il va finir par se vexer.
Je me contentais d’hausser les épaules, avant de répondre, les yeux dans le vide, avant de répondre, laconique :
-Il ne s’agit point d’égo quand on joue sa vie. S’il me bat, c’est qu’il m’aura dépassé et que j’aurais démérité. Cela arrivera sans doute tôt ou tard.
Fataliste ? A peine sans doute. Le silence retomba alors que nous arrivions au lieu du rendez-vous, fixé avec Guillaume. Celui-ci n’était d’ailleurs pas encore là, et Elodie commençait déjà à s’impatienter. Fougueuse jeunesse…
-Il n’y a rien ici ! A part quelques ivrognes égarés, je suppose. J’aimerais bien savoir ce qu’ils veulent que nous surveillons exactement...
-Patience, monsieur mon frère, rétorquai-je, un sourire mutin et mystérieux aux lèvres.
Et Guillaume parut. Je fixai un bref instant Elodie, qui semblait surprise, mais le cacha bien vite. Nous nous installâmes en cercle pour nous mettre à jouer, après les salutations d’usage, et les quelques piques que nous nous envoyions habituellement avec Guillaume. Mais je dus tout de même marquer un léger temps de surprise quand Elodie y prit part. Elle qui, en général, essayait de rester à peu près silencieuse, discrète et effacée.
-Je ne miserais pas énormément sur mes talents de joueur… mais ma foi, qui ne tente rien n’a rien ! Peut-être seront nous plus chanceux que ce fameux Duc à la sublime femme… Heureux en amour, malheureux au jeu, après tout !
Je fronçais un sourcil en sa direction. C’était pour la garder à l’œil que je l’avais amenée, pas pour qu’elle fanfaronne. Mais Guillaume ne me laissa pas le temps de la moucher :
-Mais il faut croire en sa chance, sinon cela n'est point un amusement ! C'est comme aller à la messe sans croire en Dieu, d'un ennui profond !
Guillaume rit, et je ris avec lui, avant d’orienter la conversation vers les nouveautés de la cours, sans vraiment savoir ce qui pouvait bien s’y tramer d’inédit – allez chercher l’inédit d’ailleurs, quand mille complots se font et se défont tous les jours. De nouveau, Elodie renchérit, et de nouveau, je levais un sourcil en sa direction, avant d’effacer immédiatement cette mimique.
- Oui, comment se portent les intrigues aujourd’hui ? Et les complots ? Il se murmure tellement de choses en ce moment qu’on ne sait plus de quoi s’alarmer ou non !
-Complot, voilà un bien vilain mot, une farce de courtisans pour occuper les mornes journées. Ces gens s'ennuient tellement qu'ils passent leur temps à se tirer dans les pattes et imaginer que quelqu'un en veut concrètement au Roi. Sinon, toujours les mêmes qui se tirent la couverture sur eux, qui perdent de l'argent qu'ils n'ont pas … La Reine dépense aussi beaucoup trop mais personne n'oserait lui dire. Même là, je ne devrais pas vous le dire, il est temps de me taire et pour nous de jouer.
J’eus un rictus réprobateur, haussant les épaules :
-Autrement, dit, rien de nouveau à la cours du roi. Cela deviendrait presque monotone, si les mêmes intrigues ne changeaient pas d’acteurs de temps à autre.
Mais je connaissais assez le sourire de du Perche pour me douter qu’il y avait d’autres choses. D’autres choses qu’il n’était pourtant pas de notre ressort d’apprendre. Nous nous installâmes autour du tronc qui nous servait de table alors que Guillaume reprenait :
-Froulay, je vous laisse choisir le jeu pour vous permettre d'avoir un peu plus de chance : Hombre? Piquet ? Réversis ? Whist ? Nain jaune ? Je suis assez riche ce soir pour que vous puissiez me dépouiller de quelques sous alors autant vous laisser l'avantage.
Je fis la moue, sachant par avance que je n’avais que peu de chance de l’emporter, quel que soit le jeu lancé. Alors pourquoi continuer contre du Perche, me direz-vous ? Tout simplement parce que sa compagnie m’était agréable. Et ainsi, ce soir, je faisais partager un de mes petits secrets à Elodie, bien qu’il ne soit pas bien méchant par rapport à d’autres, espérant que cela nous rapprocherait un peu après le froid laissé par la découverte de son état. J’espérai toujours qu’elle finirait par entendre raison. Je coulais d’ailleurs un regard à ma jeune sœur, avant de répondre enfin :
-Laissons donc Eric choisir. Ainsi, si nous perdons ce soir, je m’en sentirais un peu moins coupable, ajoutai-je en riant.
Les cartes furent distribuées, une fois que ma sœur eut décidé de notre sort, et la partie s’engagea. Pourtant, il ne fallait pas croire que nous faisions cela pour rester concentrés sur notre jeu, loin s’en fallait. La conversation reprit rapidement, à l’instigation de l’espion :
-Et vous, avez vous vu quelque chose à signaler ? Point de cadavres abandonnés ? J'ai entendu dire que de nombreux corps ont été retrouvés dans Paris. La capitale redevient dangereuse apparemment …
Je pris le temps de regarder mon jeu et de réfléchir à ma stratégie avant de répondre :
-Versailles en est pour le moment exemptée, et j’espère sincèrement que cette épidémie ne se répandra pas. Le guet est en sous effectifs, comme d’habitude, mal entrainé, et se préoccupe plus du prestige de l’uniforme que de celui de la fonction… De plus les menaces de guerre se font de plus en plus fortes, et augmentent l’instabilité…
Ma réponse était certes très évasive, mais il fallait avouer que je ne savais pas grand-chose sur tout ceci. Après tout, notre garnison était en poste à Versailles, pas à Paris. Je jouais, laissant la main à Elodie.
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 20.11.11 23:30 | |
| « Mais il faut croire en sa chance, sinon cela n'est point un amusement ! C'est comme aller à la messe sans croire en Dieu, d'un ennui profond ! »
Elodie eut un sourire amusé, ignorant délibérément la mimique de son frère à son égard. Il l’avait emmené… à ses risques et périls – et aux siens, d’ailleurs, bien qu’elle n’en sache encore rien. François savait pertinemment à qui il avait affaire lorsqu’il s’agissait d’elle, et la connaissait assez bien pour se douter qu’elle n’allait pas se laisser traîner un peu partout à sa suite sans faire quelques difficultés. Alors si fanfaronner devait faire parties de ces dernières, elle n’allait pas s’en priver. Après tout, Eric était un homme, et un mousquetaire qui plus est ; il n’y avait pas la moindre raison pour elle de ne pas ressembler un peu à ses faux semblables masculins. Or, désolée messieurs, mais il était de notoriété publiques que les soldats avaient une fâcheuse tendance à la forfanterie. Certes, Eric différait sur beaucoup de points de ces généralités… mais l’habile dissimulatrice qu’elle était savait combien il serait dangereux d’éveiller un peu plus les curiosités en se faisant plus différente, et surtout mystérieuse, qu’elle ne l’était déjà. Mystère qu’elle ne put néanmoins s’empêcher de laisser percer dans son énième sourire lorsque, jouant le banal courtisan, du Perche répondit à sa réplique à propos des complots – réplique qu’elle était, bien entendu, loin d’avoir lancé innocemment.
« Complot, voilà un bien vilain mot, une farce de courtisans pour occuper les mornes journées. Ces gens s'ennuient tellement qu'ils passent leur temps à se tirer dans les pattes et imaginer que quelqu'un en veut concrètement au Roi. Sinon, toujours les mêmes qui se tirent la couverture sur eux, qui perdent de l'argent qu'ils n'ont pas… La Reine dépense aussi beaucoup trop mais personne n'oserait lui dire. Même là, je ne devrais pas vous le dire, il est temps de me taire et pour nous de jouer. - Autrement, dit, rien de nouveau à la Cour du roi. Cela deviendrait presque monotone, si les mêmes intrigues ne changeaient pas d’acteurs de temps à autres. »
La demoiselle, cette fois, choisit de ne pas répondre, la mimique énigmatique qui étira ses lèvres parlant largement assez pour elle. Ça n’était pas la première fois qu’elle voyait du Perche à l’œuvre avec François ; et elle en avait assez vu pour être intimement persuadé que sous ses airs de futile coureur de jupons, il en savait bien plus qu’il ne le disait. Les rumeurs la laissaient généralement indifférente, mais les bruits concernant un complot se faisaient de plus en plus fréquents – et les ordres donnés aux mousquetaires de plus en plus fermes. Et puis ses escapades loin de toute casaque se révélaient parfois bien bavardes elles aussi… Assez, du moins, pour que sa curiosité ne soit éveillée depuis quelques temps. Si le comte se doutait des soupçons – si l’on pouvait parler de soupçons – qu’il avait soulevés chez le cadet Froulay ? Peut-être. Mais on ne lui ôterait pas de l’esprit que monsieur du Perche n’était pas ce qu’il voulait bien faire croire au reste du monde ; pas plus qu’on ne parviendrait à réprimer sa curiosité sur ce point. Jusque là, elle n’avait jamais posé la moindre question. Mais il se pourrait qu’Eric finisse par sortir de ses longs mutismes – les conversations dépourvues d’intérêt comprises.
« Froulay, je vous laisse choisir le jeu pour vous permettre d'avoir un peu plus de chance, lança le comte, arrêtant ici le flot de ses pensées. Hombre? Piquet ? Reversis ? Whist ? Nain jaune ? Je suis assez riche ce soir pour que vous puissiez me dépouiller de quelques sous alors autant vous laisser l'avantage. Ces derniers mots arrachèrent à Elodie une moue, tandis que François se tournait vers elle avec un éclat de rire. - Laissons donc Eric choisir. Ainsi, si nous perdons ce soir, je m’en sentirais un peu moins coupable ! - J’exige trois quarts des bénéfices si nous l’emportons cette fois, alors, répondit-elle, gentiment moqueuse. Hombre, annonça-t-elle ensuite, se laissa tranquillement tomber non loin de la souche qui ferait office de table. »
Ils avaient, de toute façon, tellement peu de chance de gagner une partie contre du Perche – à moins qu’il ne décide de leur laisser la victoire – que François ne perdrait sans doute pas grand-chose à la proposition. Rapidement, les cartes furent distribuées avec une aisance qui trahit l’habitude. Elodie ignorait que François laissait parfois filer ses gardes dans ces parties… Etonnant, lui qui était si droit, si attaché à bien faire les choses. Et dire qu’il osait la réprimander lorsqu’elle arrivait en retard ! A cette pensée, un sourire amusé étira ses lèvres tandis qu’elle jetait un regard vague sur le jeu qu’elle avait en main. Non pas que les cartes la laissent indifférente, mais elle était loin d’être une grande passionnée – et loin d’être aussi douée que beaucoup de ses camarades d’arme. On ne peut pas être bon partout, comme l’on disait parfois…
« Et vous, avez vous vu quelque chose à signaler ? Point de cadavres abandonnés ? J'ai entendu dire que de nombreux corps ont été retrouvés dans Paris. La capitale redevient dangereuse apparemment… lâcha soudain du Perche, l’air de rien, attira un regard curieux de la part de la demoiselle. - Versailles en est pour le moment exemptée, et j’espère sincèrement que cette épidémie ne se répandra pas. Le guet est en sous effectif, comme d’habitude, mal entrainé, et se préoccupe plus du prestige de l’uniforme que de celui de la fonction… répondit François, évasif. De plus les menaces de guerre se font de plus en plus fortes, et augmentent l’instabilité… »
Elodie joua, non sans avoir jeté un regard attentif sur les cartes déjà déposées devant elle et celles qu’elle avait à la main, avant de se décider à prendre la parole à son tour. Paris était devenue dangereuse, oui, mais elle doutait sincèrement que Versailles soit indéfiniment épargnée. Si le quart de ce qui se disait trouvait ne serait-ce qu’on fond de vérité…
« Plusieurs corps ? Vous voilà bien renseigné, comte, lâcha-t-elle sur un ton badin. A première vu, il n’y avait rien de sous-entendu, derrière ces paroles… A première vue. En tout cas, si vous voulez mon avis… Versailles ne restera pas longtemps épargnée par tout cela. François a raison quant au guet ; et de drôle d’oiseaux on tendance à se promener dans les parages, en ce moment… »
[désolée, c’est en retard et médiocre ><]
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 21.02.12 19:45 | |
| Autrement, dit, rien de nouveau à la cours du roi. Cela deviendrait presque monotone, si les mêmes intrigues ne changeaient pas d’acteurs de temps à autre. Et encore, les acteurs sont finalement toujours un peu les mêmes.
Les mêmes noms revenaient quand on creusait un peu dans les histoires de Cour. Il y avait des courtisans qui devaient vraiment s'ennuyer, à moins qu'ils aient vraiment cet amour de l'intrigue dans la peau ! Il fallait avouer que comploter, même simplement les uns contre les autres, demandaient un peu d'esprit et de réflexion, tous n'en possédaient pas à la Cour. Et ceux qui n'avaient rien de cela se retrouvaient souvent les dindons de la farce, un paravent pour les plus malins qui avaient pris le soin de se couvrir et sur qui on avait aucune preuve. Parfois, Guillaume maudissait ces filous mais il fallait reconnaître leurs qualités et cela faisait des adversaires de bonne mesure. Mais place au jeu !
Laissons donc Eric choisir. Ainsi, si nous perdons ce soir, je m’en sentirais un peu moins coupable. J’exige trois quarts des bénéfices si nous l’emportons cette fois. Hombre. Faites attention François, votre frère veut vous plumer … Sauf si je le fais avant !
Et le jeu pouvait commencer. L'hombre n'était pas le jeu préféré de Guillaume mais il avait appris à être polyvalent et savoir maîtriser les divers jeux pour mieux s'insérer dans les parties. Quand on s'imisce dans les parties clandestines, il fallait être prêt à dire oui à n'importe quelle partie. Là, à dire vrai, il se moquait de gagner ou perdre, ce n'était pas le but de la soirée. En bon espion, il fallait avoir des contacts partout : à la Cour, dans les rues, chez les mousquetaires … Chacun avait des informations différentes, des visions et des récits divergents. A du Perche de les recouper pour trouver des pistes dans sa double vie d'espions. Les deux Froulay se doutaient-ils de quelque chose ? Peut être à en croire les regards furtifs d'Eric et les quelques sous-entendus qu'ils avaient pu faire par le passé. Mais Guillaume du Perche en espion, cela semblait tellement invraisemblable ! Il devait le croire juste trop curieux ou alors l'intermédiaire d'un espion peut être … D'ailleurs venait la minute informations. Les yeux bleus rivés sur ses cartes, il se mit à parler des cadavres trouvés dans Paris, lançant juste une perche (sans jeux de mots) pour voir ce qu'il en ressortait.
Versailles en est pour le moment exemptée, et j’espère sincèrement que cette épidémie ne se répandra pas. Le guet est en sous effectif, comme d’habitude, mal entraîné, et se préoccupe plus du prestige de l’uniforme que de celui de la fonction… De plus les menaces de guerre se font de plus en plus fortes, et augmentent l’instabilité… Plusieurs corps ? Vous voilà bien renseigné, comte. En tout cas, si vous voulez mon avis… Versailles ne restera pas longtemps épargnée par tout cela. François a raison quant au guet ; et de drôle d’oiseaux ont tendance à se promener dans les parages, en ce moment…
Guillaume hocha simplement de la tête, piochant une carte, faisant mine d'avoir écouté distraitement la conversation alors qu'il avait emmagasiné chaque mot.
Vous savez, il suffit d'avoir retrouvé deux corps pour parler de plusieurs, je n'en connais pas le chiffre exact, je suis pas La Reynie, répondit-il sur le même ton qu’Éric. Mais je pense comme vous, ces gens se promènent partout. Le jour où on retrouvera un mort dans Versailles, nous atteindrons le paroxysme de la peur parmi les courtisans. Surtout s'il s'agit de l'un d'entre eux.
Il parlait avec un naturel, comme s'ils parlaient de la pluie et du beau temps, puis jetant quelques pièces au centre pour miser, puisque cela faisait aussi partie du jeu et Guillaume en avait oublié de mettre l'argent sur la table. Toujours en voulant faire la conversation pour cacher la véritable nature de cette entrevue, il continua de parler.
Si cette épidémie de corps venait à se propager, je vous conseille, messieurs, de faire attention à votre sœur. Il n'est jamais bon pour une demoiselle seule de se promener dans Paris, encore moins que cette ville est infestée de truands sans pitié. Il se tut un instant avant de reprendre. Je fais très attention à ma nièce par exemple, jamais elle ne va à Versailles ou à Paris sans chaperon, qui est souvent moi d'ailleurs. Sait on jamais …
Sans le savoir, il venait de lâcher une bombe au sein de la famille Froulay et ne se doutait pas un seul instant qu’Éric était en réalité Élodie, que François connaissait ce secret mais ne savait pas que cette sœur aimait enlever sa double identité masculine pour se promener dans Paris. Il y avait trop de données qui lui échappaient pour avoir ne serait-ce qu'un minuscule doute. Mais en relevant les yeux vers ses deux adversaires, il voyait bien qu'un malaise s'était crée.
Hé bien messieurs, ai-je dit quelque chose de mal ? Je ne veux point vous donner d'ordre dans votre famille, je préfère prévenir.
Pour prévenir, il prévenait bien, tiens ! - Spoiler:
Impardonnable retard, je m'en excuse
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| | | François de Froulay
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 26.02.12 16:33 | |
| La chance est une notion totalement relative… Elle peut s’appliquer à un domaine et être totalement absente dans un autre. D’ailleurs ne dit-on pas que les malheureux aux jeux sont heureux en amour et inversement ? Je préférai continuer de perdre de l’argent contre Guillaume et jouer les superstitieux en pensant qu’ainsi mon couple était préserver de toute intempérie. C’était horriblement fleur bleu et en même temps plutôt amusant. Mais les contraintes de l’Etat sont parfois bien plus noires que de vaines paroles, et nous ramenaient tristement à la réalité. Sous les devers de parler de choses et d’autres, les notions que deux soldats – bien que cette notion me fasse grimacer – et un espion de Sa Majesté évoquaient n’avaient pas vraiment de quoi réjouir. Morts, attaques, menaces, guerres… Un champ lexical bien inquiétant à qui surprendrait cette triste conversation qui se voulait pourtant bien banale. A croire que le commun de nos inquiétudes n’avait rien d’insouciant au reste de la population versaillaise. Ca aurait presque pu être drôle si les enjeux n’avaient pas été si dramatiques. Certains – et je devais avouer à mon corps défendant que j’en faisais partie – étaient exaltés par l’idée de la guerre, les combats où l’on s’illustre à l’image des chevaliers en armures, bien que nos guerres modernes n’aient rien à voir avec celles de nos ainés. Mais il fallait savoir revisiter sa position en entendant les plus âgés relater leurs propres campagnes et les drames qu’ils y avaient vécus. Cela n’avait rien d’une partie de plaisir…
Et dire que cette partie de carte avait pour but premier de nous détendre en plaisantant sur les personnes de la cours… Il y avait vraiment de quoi désespérer de cette histoire. Peu habitué aux affaires de cour, je ne connaissais la plupart de ces intrigants que de réputation ou de vue lointaine. C’était ce qui était sans doute le plus triste, cela m’empêchant de savourer correctement les anecdotes racontées pour en profiter comme les autres. Un petit côté d’innocence ? Surtout du désintérêt. Un manque parfois handicapant de curiosité pour tout ce qui touchait aux complots minimes, alors que parfois, ils préfiguraient les plus grands et les plus problématiques, c’était donc une erreur en soi qu’il faudrait rectifier au plus vite. Un détail peut parfois s’avérer d’une importance capitale quand on sait comment l’utiliser, et surtout à quel moment. Comme au jeu de carte, il fallait savoir laquelle abattre et à quel moment. Et dans les deux domaines, c’était ce qui me faisait vraiment défaut. Pas étonnant que Guillaume me batte à chaque fois, et que ça soit lui l’espion là où je n’étais qu’un simple maréchal des logis des mousquetaires. La connaissance ne fait pas tout, il faut avoir l’intelligence de s’en servir à bon escient. Mais j’étais curieux de voir comment Elodie allait s’en tirer. Il ne me semblait pas l’avoir déjà vue jouer à quoi que ce soit… A part étant enfants au château de nos parents, mais c’était des souvenirs bien flous qui me paraissaient tirés d’une autre vie.
Son choix de jeu était judicieux, même si je connaissais assez Guillaume pour être certain que de toute manière, il allait gagner. Il me paraissait juste étrange qu’il ait préféré notre compagnie à celles de ces dames qui se pâmaient à ses pieds, mais je ne doutais pas de la ressource de mon ami, il devait certainement savoir où retrouver celle qu’il avait envie de voir ce soir, s’il y en avait une. Mais ce qui me surprenait le plus était le franc parlé d’Elodie. Elle qui se cachait derrière son feutre en permanence… La voilà bien vive et réactive ce soir. J’en finissais par me demander si ça avait été une bonne idée de l’amener ici. Au moins la surveillai-je et savais-je ce qu’elle faisait, c’était toujours ça de pris. Mais je n’en savais même pas la moitié comme les évènements de la soirée allaient me le démontrer. La confiance et l’assurance de la connaissance sont une question de point de vue. Pour elle, j’en savais largement assez. Pour moi, j’aurais préféré qu’elle me dise tout d’elle-même. Comme quoi, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde et il nous était difficile, voir même impossible parfois, de nous comprendre et de nous entendre. Où était passée l’entente de notre adolescence ? Elle était passée, comme le reste, du moins était-ce l’impression que je finissais par en avoir. Au point que je doutais que nous puissions la retrouver un jour. Qui sait… ?
-J’exige trois quarts des bénéfices si nous l’emportons cette fois. Hombre.
Je fronçais un sourcil à cette annonce. Vraiment ? Bien sur… Son choix de jeu ne me fit ni chaud ni froid. Cela fit pourtant sourire Guillaume :
-Faites attention François, votre frère veut vous plumer … Sauf si je le fais avant !
J’eus un rictus, que je n’aurais su qualifier de désabusé ou d’agacé.
-Que ça soit l’un ou l’autre, je doute de repartir d’ici avec plus d’argent dans ma bourse que lors de mon arrivée.
Mais le prix de certaines informations est après tout inestimable, parfois. Le sujet de conversation dériva du jeu à Paris, et à ses morts… Ou plutôt ses meurtres. Elodie se fit curieuse :
-Plusieurs corps ? Vous voilà bien renseigné, comte. En tout cas, si vous voulez mon avis… Versailles ne restera pas longtemps épargnée par tout cela. François a raison quant au guet ; et de drôle d’oiseaux ont tendance à se promener dans les parages, en ce moment…
Réfléchissant à la stratégie à adopter, j’entendais plus que je n’écoutais la réponse de Du Perche.
-Vous savez, il suffit d'avoir retrouvé deux corps pour parler de plusieurs, je n'en connais pas le chiffre exact, je suis pas La Reynie. Mais je pense comme vous, ces gens se promènent partout. Le jour où on retrouvera un mort dans Versailles, nous atteindrons le paroxysme de la peur parmi les courtisans. Surtout s'il s'agit de l'un d'entre eux.
-La situation ne manquerait pas d’un certain comique macabre, mais c’est à se demander pourquoi il faut toujours attendre que l’élite soit la victime pour se préoccuper réellement du problème…
Le ton était un rien cynique…. Trois fois rien, mais contrastant à peine avec la légèreté de mes compagnons. Guillaume reprit, toujours sur le même ton :
-Si cette épidémie de corps venait à se propager, je vous conseille, messieurs, de faire attention à votre sœur. Il n'est jamais bon pour une demoiselle seule de se promener dans Paris, encore moins que cette ville est infestée de truands sans pitié. Je fais très attention à ma nièce par exemple, jamais elle ne va à Versailles ou à Paris sans chaperon, qui est souvent moi d'ailleurs. Sait-on jamais …
Je relevais la tête tellement brutalement que mon cou craqua. Mes yeux fixèrent Guillaume un instant, comme s’ils voulaient confirmer ce que mes oreilles venaient d’entendre. Guillaume connaissait Elodie… ? Il la connaissait vraiment, pas sous l’identité qu’elle s’était forgée et qui était celle qu’elle avait à cet instant précis ? Puis je détournais la tête vers la principale concernée. Si un regard avait pu tuer, elle serait surement morte à l’instant précis.
-Hé bien messieurs, ai-je dit quelque chose de mal ? Je ne veux point vous donner d'ordre dans votre famille, je préfère prévenir.
S’il avait su… Lentement je retournais la tête vers lui, essayant de me détendre. Il faudrait qu’Elodie et moi ayons une petite conversation, en tête à tête, et ce dès la fin de cette partie, n’en déplaise à Guillaume, je lui présenterai mes excuses en bonne et due forme pour avoir écourté cette main et lui promettrait une nouvelle partie très bientôt.
-L’intention vous en est fort louable, mon ami, nous vous en remercions. Je ne savais pas que vous aviez eu le privilège de rencontrer notre sœur. C’est une chance pour vous, elle nous évite déjà assez. Etais-tu au courant, Eric ?
Le persiflage était compréhensible aux oreilles seules d’Elodie, mais il ne fallait pas être un imbécile pour se douter que Guillaume savait qu’il avait déclencher une bombe. |
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 20.03.12 19:26 | |
| Si Elodie avait su ce à quoi pouvait mener une pareille conversation, nul doute qu’elle se serait empressée de la détourner afin de revenir aux cartes, ou à tout ce qui ne concernait pas, même de loin, les « drôles d’oiseaux » qui traînaient dans Paris. Mais, inconsciente et bien plus préoccupée par les soupçons qu’elle nourrissait à l’égard du comte, elle ne fut, cette fois, pas assez clairvoyante pour deviner le risque qui se profilait à l’horizon de cette discussion. Pourtant, ces gens qui déambulaient dans Paris, Elodie – bien mieux qu’Eric – les connaissait, les voyait quelques fois se glisser dans la foule. Du moins, elle pensait les voir. Mais elle n’avait rien d’un espion, observer ces allées et venues n’était qu’un jeu pour elle, un jeu d’autant plus piquant qu’elle ne savait tout sauf exempte du moindre soupçon. Pour certains, sans doute devait-elle, elle aussi, faire partie de ces gens sur lesquels l’on sent qu’il y a quelque chose à découvrir. Elle le savait si bien que, face à du Perche, la demoiselle avait pris l’habitude, tout en jouant la curiosité, de rester particulièrement prudente. Chacun de ses deux compagnons de jeu l’ignorait, mais tous deux connaissaient aussi bien le mousquetaire que la jeune femme… et tous deux ne pouvaient en parler. François parce qu’il était au courant de toute la situation, Guillaume parce qu’il ne faisait jamais bon tourner autour d’une demoiselle sans que ses frère n’en soit au courant. Presque comique, oui, c’était la façon dont Elodie aurait tendance à décrire la situation. Tellement comique qu’elle ne voyait pas, ce soir, où était le danger.
Pour l’heure, ils n’avaient qu’à jouer, et converser en ayant l’air de ne pas comprendre ce qui se tramait sous ces échanges d’informations. Les cartes en étaient même passées au second plan, et la partie n’avait finalement rien de bien palpitant – bien qu’elle vienne de commencer. Elodie observa la mise et les cartes, une moue concentrée aux lèvres. Elle n’avait pas grand-chose à perdre, sinon quelques pièces, mais le goût du défi la poussait, à chaque fois qu’Eric se trouvait embarqué dans l’une de ces parties, à tenter de faire perdre le comte. Il était trop doué pour être honnête. Aussi est-ce d’une oreille qui semblait plus distraire, quoique toujours attentive, qu’elle écouta la réponse du courtisan à sa petite diatribe. « Vous savez, il suffit d'avoir retrouvé deux corps pour parler de plusieurs, je n'en connais pas le chiffre exact, je suis pas La Reynie. Mais je pense comme vous, ces gens se promènent partout. Le jour où on retrouvera un mort dans Versailles, nous atteindrons le paroxysme de la peur parmi les courtisans. Surtout s'il s'agit de l'un d'entre eux. - La situation ne manquerait pas d’un certain comique macabre, mais c’est à se demander pourquoi il faut toujours attendre que l’élite soit la victime pour se préoccuper réellement du problème… marmonna François, avec un cynisme qui tira un sourire désabusé à la jeune femme. - Il faut que la cour soit touchée pour que la cour s’en préoccupe, nuance ! répondit-elle, pour le plaisir de le contredire autant que parce qu’elle n’était pas tout à fait d’accord avec lui. Pour l’instant, les milices et la police font ce qu’elles peuvent et je ne suis pas sûre qu’elles aient besoin que quelques courtisans curieux viennent mettre leur nez dans ces affaires. Il y en a déjà sûrement assez qui n’y sont pas inconnus… »
Si elle avait su ce qui s’apprêtait à être dit, sans doute Elodie aurait-elle renoncé à jouer la maline face à son frère. Mais, bien insouciante, elle lui adressa un regard qui ponctuait à merveille ses paroles avant de retourner au jeu, une moue aux lèvres trahissant qu’elle n’était pas particulièrement heureuse de sa main, peu attentive cette fois aux premiers mots du comte, qui reprit la parole. « Si cette épidémie de corps venait à se propager, je vous conseille, messieurs, de faire attention à votre sœur. Il n'est jamais bon pour une demoiselle seule de se promener dans Paris, encore moins que cette ville est infestée de truands sans pitié. Brusquement, Elodie se crispa. Non. Il ne pouvait pas vraiment avoir parlé de… leur sœur ? Soudain particulièrement concentrée sur ses cartes, elle baissa les yeux, alors qu’à ses côtés, elle sentait sans avoir besoin de le voir la tension de François. Je fais très attention à ma nièce par exemple, continuait du Perche, jamais elle ne va à Versailles ou à Paris sans chaperon, qui est souvent moi d'ailleurs. Sait-on jamais… » Alors qu’un silence tendu s’installait, le faux jeune homme dut bien se résigner à redresser la tête, croisant le regard plus qu’assassin de son frère qui venait d’apprendre ce qu’elle s’ingéniait à lui cacher depuis… trois ans. Cette fois, ce fut-elle qui eut un regard peu amène, mais en direction du comte. « Hé bien messieurs, ai-je dit quelque chose de mal ? demanda celui-ci, ayant noté le malaise. Je ne veux point vous donner d'ordre dans votre famille, je préfère prévenir. »
Elodie dut contenir un rire nerveux à ces dernières paroles. Il voulait juste prévenir… et en effet, il prévenait. Et il le faisait si bien, les deux pieds dans le plat, que François était maintenant bel et bien… prévenu. Prévenu que sa sœur, non contente de se faire passer pour un homme et un mousquetaire, qui plus est, abandonnait parfois la casaque pour retrouver sa véritable identité et courir la ville. Merveilleux. « L’intention vous en est fort louable, mon ami, nous vous en remercions, lâcha enfin François, alors qu’Elodie baissait à nouveau les yeux sur ses cartes. Je ne savais pas que vous aviez eu le privilège de rencontrer notre sœur. C’est une chance pour vous, elle nous évite déjà assez. Ô doux euphémisme. Elle le fuyait comme la peste. Etais-tu au courant, Eric ? » A ces mots, elle se redressa, une moue ennuyée aux lèvres. Le plus facile aurait été de répondre par la négative, afin d’écourter la conversation… et d’arriver plus vite au sermon qui, elle n’en doutait pas, la suivrait sans tarder. Seigneur, rien que d’y penser… Mais il y avait deux choses. D’abord, elle avait déjà, en tant qu’Eric, prétexté l’existence d’une sœur pour expliquer une ressemblance trop troublante avec la demoiselle en question. Ensuite, son malaise se lisait sur ses traits comme dans un livre. Nier avoir eu vent de sa présence à elle-même dans Versailles semblait dès lors… délicat.
« Eh bien… j’ai eu vent de sa présence, oui… marmonna-t-elle prudemment avant de tourner vers son frère un regard que seul lui pourrait comprendre. Elle a réussi à me faire jurer de ne rien te dire, tu la connais… Après tout, tant qu’au moins l’un de nous deux était au courant… C’est une grande fille ! Là-dessus, elle revint à Guillaume, lui adressant un sourire crispé. Je vous remercie de votre attention, du Perche, mais ne vous en faites pas : j’ai un œil sur elle depuis quelques temps. » Elle joua, réfléchissant à une pirouette quelconque. Surtout ne pas laisser le silence s’installer, et maîtriser la conversation. Elle adopta le ton le plus badin possible pour les paroles qui suivirent, plongea son regard dans celui du comte. « Mais j’ignorais qu’elle vous avez rencontré, monsieur ! Dites-moi, comment la connaissez-vous ? » A son tour de jouer au jeu des petites perfidies. Oserait-il avouer aux deux frères les raisons pour lesquelles il croisait parfois Elodie ?
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 27.05.12 16:36 | |
| La situation ne manquerait pas d’un certain comique macabre, mais c’est à se demander pourquoi il faut toujours attendre que l’élite soit la victime pour se préoccuper réellement du problème… Il faut que la cour soit touchée pour que la cour s’en préoccupe, nuance ! Pour l’instant, les milices et la police font ce qu’elles peuvent et je ne suis pas sûre qu’elles aient besoin que quelques courtisans curieux viennent mettre leur nez dans ces affaires. Il y en a déjà sûrement assez qui n’y sont pas inconnus…
A ces paroles, Guillaume hocha simplement la tête. Il y avait la Cour et le reste du monde. Et ceux qui osaient se mêler au reste du monde ne le faisaient pas pour le plaisir de changer d'horizon mais bien pour s'acoquiner pour des mauvais tours, il le savait car il en avait vu faire. Souvent, cela n'était pas bien méchant et s'il devait y avoir un mort, ce n'était qu'une victime pour une vengeance, une vendetta ou un crime passionnel. L’amoncellement de cadavres dans Paris devenait inquiétant, la police de La Reynie ne pouvait guère être partout et avec la misère croissante, beaucoup offrait des services meurtriers au plus offrant. Oui, des spadassins dans Paris mais étaient-ils responsables de tous ces morts ? Ou fallait-il creuser plus profondément ? L'instinct d'espion lui indiquait la deuxième solution, il y avait forcément des pistes à explorer dans Paris, certains de ses contacts devaient bien savoir des choses.
Mais la conversation fut détournée. Sans le savoir, du Perche venait de révéler un drôle de secret par la présence d’Élodie dans Paris. Il ne savait pas bien sûr qu'elle était présente parmi eux sous les traits d’Éric et il ne se doutait pas non plus qu’Élodie se cachait de ses frères, enfin de son frère. Il se doutait bien que quelque chose n'allait pas, ce silence gêné, le regard entre les deux frères … Pourtant il était impensable d'imaginer qu'Eric puisse être une femme travestie en mousquetaire ! Même pour un espion, cela semblait assez invraisemblable, pas impossible mais ce n'était pas la première idée qu'on pouvait avoir derrière la tête. Ses yeux clairs allèrent d'un Froulay à un autre, s'excusant même de s’immiscer dans des affaires familiales qui ne le concernait pas.
L’intention vous en est fort louable, mon ami, nous vous en remercions. Je ne savais pas que vous aviez eu le privilège de rencontrer notre sœur. C’est une chance pour vous, elle nous évite déjà assez. Étais tu au courant, Éric ? Eh bien… j’ai eu vent de sa présence, oui…Elle a réussi à me faire jurer de ne rien te dire, tu la connais… Après tout, tant qu’au moins l’un de nous deux était au courant… C’est une grande fille ! Je vous remercie de votre attention, du Perche, mais ne vous en faites pas : j’ai un œil sur elle depuis quelques temps. Si quelqu'un veille sur elle, tant mieux ! répondit-il soulagé.
Repartant dans ses cartes où il avait une bonne main, Guillaume se dit qu'il ne valait mieux pas demander comment il connaissait Élodie, même s'il avait toujours un mensonge sous le coude. Heureusement, vu la réplique d’Éric :
Mais j’ignorais qu’elle vous avez rencontré, monsieur ! Dites-moi, comment la connaissez-vous ? La connaître est un bien grand mot ! commença-t'il avec un large sourire. Disons que votre sœur traîne dans la capitale et que Paris n'est pas si grand. Je ne connaissais pas son identité avant qu'un certain crétin de ma connaissance m'apprenne son nom.
Oui autant rejeter la faute sur Charles-Paris de Longueville, il fallait bien que cet idiot serve à quelque chose, surtout qu'il n'était pas innocent vu le pari qu'ils s'étaient lancés tous les deux, c'est à dire avoir un jour dans son lit la belle Elodie. Mais il était assez poli pour ne pas mentionner son nom, juste rajouter :
Là encore, sans vouloir donner de conseil, ne protégez pas votre sœur seulement des potentiels tueurs, mais aussi de quelques personnes de la gente masculine qui en voudrait plus à son corps qu'à son esprit.
S'il se comptait dedans ? Un peu, mais il fallait bien se dédouaner et passer pour le gentil, sinon cela n'était pas amusant. Au loin, des bruits de voix se faisaient entendre. Jetant un rapide coup d'oeil, la Cour sortait sur la terrasse et Guillaume se rappela du feu d'artifice. Alors que les deux mousquetaires avaient la tête tourné, il changea une partie de son jeu en un tour de manche … pour perdre. Oui, lui qui gagnait presque à chaque coup se laissait volontiers perdant pour devoir se dépêcher à retrouver la Cour. Il jeta un coup d’œil à sa montre dans la poche intérieure, mais c'est que Sa Majesté était en avance sur l'horaire ! Il se leva donc d'un bond avec un petit sourire d'excuse de circonstance.
Me voilà navré de vous abandonner en cette charmante partie mais le Roi m'attend, il serait bien dommage d'être aux abonnés absents pour un si bon moment. Il posa ses cartes sur la table, affichant une paire de dix. C'était mon soir mais pas ma nuit ! Mais remercions monsieur le duc pour cette donation pour notre soirée !
Il s'éloigna de la fratrie Froulay, fit quelques pas et avant de totalement disparaître dans les broussailles, il se retourna et fit un petit signe de la main.
Et au plaisir, messieurs !
A présent, il devait se dépêcher de remonter les jardins à folle allure et sans se faire repérer. Regardant une nouvelle fois sa montre, Du Perche se dit qu'il avait un record se battre avant l'envoi du premier feu !
- Spoiler:
J'ai encore déconné mais j'ai préféré conclure Guigui pour laisser les Froulay s'enguirlander
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| | | François de Froulay
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, il va falloir le recollerCôté Lit: vide, au désespoir des mignons de MonsieurDiscours royal:
Fuis les honneurs et l'honneur te suivra Convoite la mort et la vie te sera donnée
► Âge : 25 ans
► Titre : Maréchal des Logis des Mousquetaires, Capitaine de la garde de Monsieur, Marquis de Lavardin
► Missives : 521
► Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 31.05.12 17:39 | |
| Naïf, c’était ce que j’étais encore vis-à-vis du comportement d’Elodie à ce moment là. Bien sur, ce n’était pas si simple d’accepter d’avoir sa sœur toujours à proximité, non seulement je me sentais responsable d’elle, essayant toujours de faire au mieux pour qu’il ne lui arrive rien, et surtout que personne ne transperce son secret, mais c’était aussi risquer qu’elle perce les miens, ceux que je ne voulais pas toujours qu’elle sache. L’amener à ce petit échange avec Guillaume était peut être le contraire de ce que j’aurais fais, mais je n’étais pas tranquille quand il risquait de lui arriver quelque chose. Et encore, heureusement pour moi, je ne savais pas le quart des choses qu’elle faisait, sinon j’en aurais fais une syncope, c’était évident. J’étais déjà presque certain qu’elle m’ait donné un ulcère à l’estomac avec toutes ses bêtises ! Bon, d’accord, je m’inquiétais trop, m’en faisais trop pour elle et exagérait peut être un peu, mais mieux valait être trop prudent et qu’il ne lui arrive rien, plutôt que de relâcher ma surveillance et qu’il lui arrive quelque chose de grave. Guillaume savait être un excellent compagnon, et Elodie était douée aux cartes, alors peut être à nous deux réussirions nous à battre l’espion du roi. Je n’avais pas de motif spécial de le voir, n’ayant rien appris de nouveau, aussi cette rencontre n’aurait absolument rien de professionnel ni de désagréable. Si le premier point était assuré, le second, lui, restait à vérifier, hélas. C’est toujours quand on s’y attend le moins qu’on apprend certaines choses qu’on se serait bien passé de savoir…
Heureusement que je n’étais pas en train de boire ou de manger quelque chose quand Guillaume avait parlé de « nôtre » sœur, car je me serais sans doute étouffé. Qu’elle se travestisse en homme, bon. Qu’elle ait décidé comme un caprice d’entrer chez les mousquetaires, d’accord, on s’y faisait. Mais qu’elle pousse le vice et le danger à remettre des vêtements féminins et à rencontrer des gens qui pourraient la reconnaître malgré ses mensonges ?! Non mais elle se moquait de moi ? Elle provoquait la chance, ou plutôt la malchance, intentionnellement. Ne savait-elle pas qu’à force de trop jouer avec le feu, on se brule ? Guillaume eut la décence de ne pas relever ma réaction, et j’eus assez de sang froid pour ne pas exploser tout de suite envers ma sœur, me contentant d’abattre mes cartes et de faire quelques remarques. J’en venais parfois à me demander ce qui pouvait bien lui passer par la tête ! Etait-elle censée ? Ou était-elle tombée sur le crâne dans une chute violente entre le moment où j’étais parti pour Versailles et celui où elle m’avait rejoint ici ? Si c’était le cas, personne n’avait jugé utile de m’en informé, mais au moins aurait-elle eut une excuse à son comportement stupide. Je serrais les dents, essayant de garder un ton badin et léger, mais ne pouvant m’empêcher de lui décocher de temps à autre des œillades meurtrières.
La conversation n’était cependant pas censée dérivée là… Quelques instants auparavant, nous parlions pourtant encore de totalement autre chose, mais Du Perche avait jeté le pavé dans la marre, et ce sans s’en rendre compte… Je ne pus m’empêcher de lancer une pique à Elodie qui s’en tira comme elle pouvait :
- Eh bien… j’ai eu vent de sa présence, oui…Elle a réussi à me faire jurer de ne rien te dire, tu la connais… Après tout, tant qu’au moins l’un de nous deux était au courant… C’est une grande fille ! Je vous remercie de votre attention, du Perche, mais ne vous en faites pas : j’ai un œil sur elle depuis quelques temps.
- Si quelqu'un veille sur elle, tant mieux !
Je retins un rictus qui se serait sans doute transformé en fou rire nerveux. Il est aisé d’avoir un œil sur soi même, mais de là à se surveiller vraiment… Je préférai ne rien répondre.
- Mais j’ignorais qu’elle vous avez rencontré, monsieur ! Dites-moi, comment la connaissez-vous ?
Mais quelle judicieuse question, ma chère sœur, tu fais bien, cela m’intéresse grandement ! Surtout que Guillaume ne jugerait pas utile de mentir, du moins pas totalement. Après tout, je connaissais sa réputation. Me retenant de lever les yeux au ciel, j’attendis qu’il réponde, et son sourire me fit penser que la réponse allait être à peu près aux trois quart honnête :
-La connaître est un bien grand mot ! Disons que votre sœur traîne dans la capitale et que Paris n'est pas si grand. Je ne connaissais pas son identité avant qu'un certain crétin de ma connaissance m'apprenne son nom.
-Voyez-vous ça…
-Là encore, sans vouloir donner de conseil, ne protégez pas votre sœur seulement des potentiels tueurs, mais aussi de quelques personnes de la gente masculine qui en voudrait plus à son corps qu'à son esprit.
-Nous nous tuons à le lui dire, n’est-ce pas ?
J’accompagnais ma réplique d'un regard à ma soeur d’une grande tape sur son épaule avant de serrer fortement son épaule dans ma main quelques longues secondes. On en apprend de belles… Guillaume jeta un bref coup d’œil à sa montre avant de se lever. L’heure devait le presser.
- Me voilà navré de vous abandonner en cette charmante partie mais le Roi m'attend, il serait bien dommage d'être aux abonnés absents pour un si bon moment. C'était mon soir mais pas ma nuit ! Mais remercions monsieur le duc pour cette donation pour notre soirée ! Et au plaisir, messieurs !
-A bientôt, sans doute ! le saluai-je en me levant également, ma main toujours sur l’épaule de ma sœur pour qu’elle n’en profite pas pour filer.
J’attendis que du Perche soit assez éloigné pour me tourner vers elle, hors de moi, mais n’ayant ni l’envie ni la force de crier après elle. De toute façon, c’était hurler des recommandations à un mur… Mur contre laquelle j’allais finir par frapper sa tête butée !
-Tu me déçois, mais ça, comme à ton habitude, tu t’en fiches. Que tu fasses l’idiote là dedans – je saisis une brève seconde son uniforme entre mes doigts avant de le rejeter contre elle – très bien, d’accord ! Tout le monde semble avoir dit « amen » aux caprices de Mademoiselle de Froulay. Mais de là à faire exprès de jouer avec le feu ?! Tu te fous de moi ! Pire, tu te fous de notre famille.
Je n’avais pas élevé la voix une minute, mais risquant de le faire, je préférai m’éloigner pour me calmer l’esprit et dire des choses que je ne pensais pas.
-Tu n’as qu’à rentrer toute seule, mais je ne m’attends même pas à ce que ça te permette de méditer quoi que ce soit, ça serait trop te demander de te remettre en question. De toute façon tout est toujours de ma faute, j'ai toujours le mauvais rôle, celui du frère qui commet le pire acte du monde, s'inquiéter pour sa petite soeur et vouloir sa sécurité.
Tournant les talons, je rentrais au camp, me rendant directement dans le bureau d’Alexandre. Qu’elle le veuille ou non, d’ici quelques jours, nous partirons chez nos parents, cela lui remettrait peut être les idées en place.
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| Sujet: Re: informations, révélations ... et si nous jouions !? [Froulay's] 20.07.12 16:13 | |
| « La connaître est un bien grand mot ! Disons que votre sœur traîne dans la capitale et que Paris n'est pas si grand. Je ne connaissais pas son identité avant qu'un certain crétin de ma connaissance m'apprenne son nom. »Elodie manqua de pousser un profond soupir, mais se retint de justesse. Elle voyait trop qui était l’imbécile en question et... vraiment... Il ne manquait plus que l’évocation de Paris de Longueville pour compléter ce charmant tableau qu’était celui des révélations involontaire du comte du Perche. Sans répondre, elle se contenta d’hausser un sourcil perplexe, avant de plonger à nouveau le regard vers ses cartes - bien que la partie n’ait aux yeux des trois compères plus la moindre espèce d’importance. « Voyez-vous ça... marmonna François pour toute réponse, en posant sur elle un regard si insistant qu’elle lui aurait volontiers fait remarquer qu’il risquait de rendre la situation plus suspecte encore s’il continuait ainsi. - Là encore, sans vouloir donner de conseil, ne protégez pas votre sœur seulement des potentiels tueurs, continuait allègrement Guillaume, enfonçant le clou sans même s’en rendre compte, mais aussi de quelques personnes de la gente masculine qui en voudrait plus à son corps qu'à son esprit. La jeune femme leva les yeux au ciel devant tant d'hypocrisie. Un instant, elle se demanda quel air lui viendrait s'il apprenait la vérité... et la réaction de François s'il savait les vues de son ami sur sa soeur. Hum. A la réflexion, elle préférait ne pas le savoir. - Nous nous tuons à le lui dire, n’est-ce pas ? »Elodie sursauta presque lorsqu’il attrapa brusquement son épaule, sous couvert d’une bourrade tout ce qu’il y avait de plus fraternelle... en apparence. A ce moment et à ce moment seulement, elle leva la tête de son jeu, adressant un faux sourire à son frère, et une mimique un peu moins crispée à du Perche. « Que voulez-vous, elle a la tête dure, et pense toujours pouvoir se débrouiller seule, marmonna-t-elle en se tournant à nouveau vers François. » Etait-ce une nouvelle façon de se payer sa tête ? Peut-être. Elodie se savait en tort vis à vis de son grand frère, mais pour rien au monde elle ne l’avouerait et ni ne cesserait de faire de l’humour là où ses remarques l’irriteraient plus qu’autre chose. De toute façon, au point où en était les choses, elle n’avait sans doute plus rien à perdre de ce point de vue là. François, habile dissimulateur, devait être hors de lui. Sans doute avait-il raison, au fond. Mais il serait aussi inutile de tenter de le lui faire admettre que... d'essayer de tirer à du Perche une partie sans tricherie, par exemple. C’est d’ailleurs ce à quoi ressembla fort la façon dont il termina. Quelques minutes avant, le jeu penchait à sa faveur, or le jeu n’avait pas pour habitude de tourner si rapidement. Seulement ce soir, plus personne ne semblait avoir à l’esprit le résultat de la partie. « Me voilà navré de vous abandonner en cette charmante partie mais le Roi m'attend, lança Guillaume, il serait bien dommage d'être aux abonnés absents pour un si bon moment. En se levant, il étala ses cartes. C'était mon soir mais pas ma nuit ! Mais remercions monsieur le duc pour cette donation pour notre soirée ! Et au plaisir, messieurs ! »Là-dessus, et sur un bref salut de la part des deux Froulay, le comte disparut dans la forêt. Elodie se serait volontiers levée à son tour pour mettre fin à la dispute avant qu’elle ne commence, mais la main de François lui broyant littéralement l’épaule la contraint à rester assise. Abandonnant tout sourire de circonstance, elle tourna alors vers lui un visage crispé, mais dans lequel il serait impossible de déceler une quelconque pointe de regret, ou même d’excuse. Et ainsi commença l’inévitable discours... « Tu me déçois, mais ça, comme à ton habitude, tu t’en fiches. Que tu fasses l’idiote là dedans : très bien, d’accord ! Tout le monde semble avoir dit « amen » aux caprices de Mademoiselle de Froulay. Mais de là à faire exprès de jouer avec le feu ?! Tu te fous de moi ! Pire, tu te fous de notre famille. »Elodie n’eut d’autre choix que de baisser légèrement les yeux. Certes, il n’avait pas totalement tort : ce qu’elle faisait n’était pas raisonnable. Mais pouvait-il seulement essayer de comprendre au lieu de monter sur ses grands chevaux ? C’était là l’une de choses qu’elle détestait le plus chez son frère, qui ne différait pas en cela de la plupart des hommes - et même des femmes de leurs temps : dès que quelque chose sortait de l’ordinaire, des moeurs ou des rôles pré-établis, alors il fallait s’élever contre et crier au scandale. Elodie n’avait pas l’intention de changer cela à elle seule et de lancer un défi à quiconque pourrait s’offusquer de la vie qu’elle menait mais l’idée qu’il soit possible de ne pas toujours se plier aux volontés trop rigides du reste du monde était une chose qu’elle regrettait de ne jamais avoir réussi à lui faire comprendre. « Inutile d’épiloguer, François. Il y a des mois que ça dure, et personne n’a jamais rien remarqué. Sans cette soirée, tu ne t’en serais jamais rendu compte toi-même ! Ne va pas me faire croire que ta vie à toi tourne uniquement autour de la caserne. »L’attaque était peu glorieuse, et l’argumentation bien faible - peut-être parce qu’elle n’avait d’autres réels arguments que ses propres envies de liberté ou d’évasion. C’était égoïste, elle en avait conscience. Mais à ne pas l’être, elle serait aujourd’hui bien moins heureuse qu’alors - et s’il fallait pour cela passer par quelques sermons fraternels, alors grand bien lui en fasse ! François s’éloigna, sans réellement répondre à son petit laïus. Il y eut une petite seconde silence, durant lequel les deux Froulay se dévisagèrent. « Tu n’as qu’à rentrer toute seule, mais je ne m’attends même pas à ce que ça te permette de méditer quoi que ce soit, ça serait trop te demander de te remettre en question. De toute façon tout est toujours de ma faute, j'ai toujours le mauvais rôle, celui du frère qui commet le pire acte du monde, s'inquiéter pour sa petite soeur et vouloir sa sécurité.- Et là, celui de la victime dans cette affaire ? osa-t-elle en levant les yeux au ciel. » Il ne répliqua pas, et tourna les talons. Elodie, de son côté, poussa un long soupir. D’un geste las, elle ramassa la mise laissée par Guillaume, les cartes et son épée. François lui ferait grise mine pendant quelques jours, puis la crise passerait. Du moins était-ce comme ça que les choses s’étaient toujours déroulées jusqu’à présent. Inutile de dire qu’elle ne s’attendait pas au petit voyage auquel cette dispute là servirait de prélude. Topic (enfin xD) terminé. |
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