Milena de Cortès ~ Une âme vengeresse ~

Comment as tu pu en arriver à cette extrémité ? Quel démon a guidé ta main en ce jour terrible, il y a 9 ans ? Tu étais ma meilleure amie, une sœur ... aujourd'hui tu es Reine de France mais pour moi tu ne représentes que la trahison la plus infâme, c'est donc à toi que je dédie ma vengeance, les années ont passées mais l'oubli n'est pas venu, je saurai te rappeler la blessure dont la cicatrice est toujours visible sur mon corps. Oeil pour oeil, dent pour dent, tu l'auras compris, tes heures sont désormais comptées. J'y perdrai peut-être la vie, qu'importe ! La haine est la cause pour laquelle je me bats et elle vaut tous les sacrifices !

Cet homme aux yeux bleus-gris malgré son charme évident parait aussi froid que moi. Mais n'est ce donc qu'une carapace pour mieux nous protéger d'un passé douloureux? Je me pose souvent la question je dois bien l'avouer. Secret, distant, raffiné, généreux, ces similitudes de caractère nous ont rapproché contre toute attente ? De deux sangs froids ferions-nous un sang chaud ? Comme un illustre auteur le dira bien plus tard : " On a vu souvent rejaillir le feu d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux " Je ne demande pas mieux que de voir, car même si je me défendais jusqu'à peu d'éprouver quelques sentiments pour lui, mon âme ne peut les réfréner plus longtemps ! J'étais loin de me douter alors que ceux-ci étaient partagés ! Mais en affaire de cœur, les choses ne sont pas si aisées, je lui mens, il me dissimule certaines choses. Parviendrons-nous à nous comprendre et à nous pardonner ?

Grande dame de la Cour, comment ne pas la connaître ? Un jour détestable de chasse pour les deux femmes, le cheval de Gabrielle s'emballe, la Duchesse fait une très mauvaise chute, mais je me précipite pour lui porter secours. Cet épisode ne sera pas sans me rappeler une autre chasse de mon existence. L'humanité et le traumatisme guideront mes gestes salvateurs, n'aurais je pas l'impression de me sauver neuf ans plus tôt, en la sauvant ? Comment après cet évènement, ne pourrions nous pas très bien nous entendre ? Nous possédons le même rang, la même influence, les même goûts raffinés, mais je ne sais pourquoi ... je ne peux pas lui faire entièrement confiance.

Qui l'aurait cru ? Philippe d'Orléans intéressé par une femme ? Et pourtant ... Depuis que les yeux de Son Altesse se sont posés sur la brune Milena, il me trouve si différente des autres qu'il en est fasciné. Fasciné par ma féminité, ma grâce, mon élégance, mon goût sûr en matière de mode, mais aussi par ma "façon extraordinaire de danser" ! Il veut apprendre les pas difficiles du flamenco. Cette danse existante depuis des siècles mais qui commence seulement à être reconnue.

Tout commença à la bataille d'Avein en 1635. Deux camps opposés. Les français et les Espagnols. Deux hommes, le baron de Canilhac et Eduardo de Cortès. L'espagnol tombe à terre, blessé mais plutôt que de le tuer, son adversaire n'en fait rien et le relève, touché par sa jeunesse, il n'a pu en arriver à cette extrémité. Geste que l'espagnol n'oubliera jamais. Les années passent et après une telle rencontre et malgré l'hostilité des deux pays, ils restent en contact. Bientôt le baron éprouve d'importantes difficultés financières, il est même presque ruiné. Milena connait le récit de cette bataille et adule le sauveur de son père, De Cortès étant en voyage, lorsqu'elle apprend la mauvaise fortune des Canilhac, elle décide donc de se rendre elle même en France. Elle n'a que 16 ans. Quand elle arrive, tout semble perdu, ce brave baron sort déjà une arme de son tiroir, elle la lui ôte et lui tend plusieurs bourses contenant des milliers de louis d'or. Il refuse, elle insiste. Elle croise également une petite fille de 11 ans, dont les yeux si purs la captivent. Un petit entretien de seulement quelques minutes, mais qui va les unir à jamais. Sait-elle, cette petite Louise à quoi sa famille et son père viennent de réchapper ? Puis c'est la trahison, l'exil, la séparation, l'adoption, Versailles ... 12 ans plus tard, elle recroise la même jeune fille qu'elle reconnait à l'expression seule de son regard. Mais elle, l'a t-elle reconnu ?

Nous nous sommes connus grâce à l'accident de Gabrielle. Il a voulu me remercier de lui avoir sauvé la vie. Nous nous sommes parlés à coeur ouvert, tandis que l'atmosphère versaillaise me pesait beaucoup trop. La forêt alentour, la nuit nous enveloppant nous a rapprochés curieusement ! Rien à voir avec de l'amour, mais peut-être un respect mutuel une admiration commune nous unit ... Et qui plus est, Paris semble avoir compris que je hais par dessus tout la Reine ! Il m'offre de m'aider dans ma vengeance même s'il n'en connait pas les dessous ! Il se montre hypocrite avec elle autant qu'elle l'a été avec moi ... et croyez moi cette histoire ira loin ! Son coeur va saigner ! Merci cher Paris ! Pour moi votre hypocrisie a toutes les vertus !

Homme ou femme ? La curiosité me tiraille depuis que je l'ai rencontrée à un repas que les mousquetaires organisaient pour mes fiançailles, avec Richard de Bragelonne. Elle semble tenaillée par un secret, et s'il ne s'agit point de son sexe, je sens qu'elle dissimule une chose d'importance, aux yeux du monde. Tout comme moi ! Comme une évidence, elle parait s'interroger autant à mon sujet. Son frère et elle, viennent de me réclamer l'honneur d'un entretien, car mon père usant de son immense influence aux Amériques, aurait plongé les De Froulay dans une position financière fort pénible, leur coupant tout crédit. Une telle attitude m'a profondément choquée, mais je n'ai guère été surprise. Il ne s'agit point de vulgaires dettes non remboursés par cette famille, mais bel et bien du sauvetage de la Reine et du dauphin par Eric de Froulay, lors d'un échauffement de la population parisienne. Hélas, je me suis montrée bien sotte de lui faire part de cet incident. Je comprends sa colère, car il s'agissait en effet d'une aubaine alléchante pour se débarrasser de Marie Thérèse, mais je ne puis tolérer qu'il agisse ainsi envers cette famille. Je vais donc les recevoir. Et qui sait cette entrevue m'offrira t-elle quelque réponse au sujet de ce mystérieux jeune homme, si tenté que ça en soit un !

Précieux et très cher ami ! Vous êtes unique Frédérick ! Et pourtant souvenez vous, tout avait si mal démarré pour nous ! Vos grands airs, vos préjugés, vos répliques insupportables, vous ne savez pas à quel point j'adorais vous moucher durant cette année là au Pérou ! Contre toute attente donc, nous nous sommes finalement entendus et appréciés ... peut-être même plus ! Le jour où vous êtes parti, j'ai bien ressenti cette douleur au coeur si propre à quelques sentiments tendres ! En avez vous été victime également ? 8 ans que je ne vous avais revu et voilà que le mariage de l'infante Marguerite vous remet sur mon chemin ! Quelle joie ! A présent mon cher Freddy, une chose est certaine, je ne vous lâcherai plus !

En construction

Frappé du "mal du diable" qui prend si brusquement et provoque des tremblements épouvatables, ce pauvre homme que l'on va juger possédé, va un jour sombrer sous mes yeux dans l'une de ses crises. Je ne le connaîtrais absolument pas, ni de visage, ni de nom. Mais qu'importe, pourquoi ne pas porter secours à un inconnu tout comme je le ferais pour l'un de mes parents ? Ce n'est certainement pas cette maladie qui me fait peur, je ne suis pas supersticieuse, huit années passés au Nouveau Monde m'ont permis d'en apprendre plus sur ce problème et je compte bien apaiser ce malheureux du mal terrible qui le ronge.

Je n'ai jamais vu cet homme avant, je ne connais même pas son nom, il semble parfois me suivre, un espion de la Reine ? Me fait-elle surveiller ? Ou alors est-ce que parce qu'il est intéressé par moi ? Il n'a rien d'un Saint vu les compagnies féminines que je vois depuis plusieurs semaines accrochées à son bras. J'espère bien que non ... Espion ou pas, cet homme va me sauver la vie alors que je ne voulais plus m'y accrocher ...

J'ai appris par Monsieur de Longueville, mon confident et ami qui m'assiste dans ma vengeance, que vous et la Reine ... vous vous " aimiez " ! Cela m'interesse grandement Monsieur ! Aussi ai je demandé à Paris de nous mettre en contact ! Vous désirez asseoir votre influence sur la Reine par la jalousie, je désire pour ma part lui faire du mal ! Associons nous ! Vous ne le regretterez pas ! Pour ma part hélas je vais vite déchanter ... si j'avais su que ce petit manège vous conduirait à cette obsession ! Je ne suis pas une proie Monsieur sachez le ! Nous avons un pacte, une fois rempli, pourquoi n'avez pas voulu repartir de votre côté ?