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| Vivons heureux, vivons masqué |sophie| | |
| Auteur | Message |
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Philippe d'Artagnan
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥ Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.Discours royal:
Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ Je te promets la clé des secrets de mon âme
► Âge : 25 ans
► Titre : Duc de Gascogne
► Missives : 638
► Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Vivons heureux, vivons masqué |sophie| 15.09.10 15:01 | |
| « Le monde est un grand bal où chacun est masqué. » « Je suis stupide. Idiot. Imbécile. Bête. Crétin. Sot. Et j'en passe ! Pourquoi me suis-je laissé entraîner dans un bal ? Peut être par nostalgie ou envie d'anonymat. Nostalgie de ne plus avoir envie de faire le beau à la cour, de courir chez mon tailleur pour avoir un habit à mon image, à celle de la Cour, de danser jusqu'à ne plus sentir mes pieds, goûter tous les mets au buffet et faire rire l'assemblée. Et désir d'anonymat avec un masque, puisqu'il fallait se cacher pour paraître à cette soirée. Je n'arrive pas à savoir ce qui m'a poussé à dire oui, je sais que j'irais à reculons et comme les marionnettes, je ferais trois petits tours et puis au revoir. Mon costume me va à la perfection, celui de l'homme qui n'a pas eu assez confiance et laissé sa vie aux enfers. »
Tout avait commencé par Alexandre. Il parlait du prochain bal où il aurait pour mission de surveiller le Roi en se déguisant comme lui. En effet, Louis XIV avait décidé de se la jouer anonyme en se déguisant en un dieu grec mais avait engagé d'autres hommes, de son âge, de sa taille et corpulence, pour jouer aussi le rôle du Roi. Quant aux autres, tout le monde devait se déguiser en ce qu'il voulait, du pendant qu'il ne reprenait pas des personnes et costumes de leur époque. Tout aurait lieu au château de Saint Cloud, organisé par Monsieur le frère du Roi. Quelques années en arrière, Philippe aurait sauté au plafond avec un sourire jusqu'aux oreilles, se serait empressé de se trouver un costume original, aurait compté les jours dans une euphorie des plus totales. Aujourd'hui, tout était différent, il ne bougea pas de sa chaise, esquissa un petit sourire et se moqua de son aîné qui ne savait pas bien danser, qu'il aurait du mal à rattraper un homme tel que le Roi, passionné de danse depuis sa plus tendre enfantce. Rien de plus, cela ne lui traversa pas l'esprit de s'y rendre, il évitait les mondanités depuis son retour, pas le coeur de retourner à Versailles. Sans être au château, il connaissait les rumeurs sur son compte. On disait qu'il avait tué sa fiancée, ou organisé son assassinat car elle voulait le quitter ou en aimait un autre, voire les deux à la fois. D'autres disaient qu'il était fou, que la mort d'Emmanuelle lui avait fait perdre la tête. Certains le pensaient ruiner et obliger de retourner dans le manoir de son enfance pour éviter les créanciers. Les absents ont toujours tort, le jeune duc ne pouvait plus contrer ce qui était dans les moeurs, continuait des les éviter. Non, il n'avait pas tué sa belle, ni commandité son meurtre ; elle l'aimait profondément et n'était pas catin qui allait voir ailleurs ; le duché était prospère, pas de rebellions, peu de contestations et, grâce au réseau de connaissances de du Duc, de nombreux échanges commerciaux qui contribuent à la richesse du domaine ; quant à la folie … disons que Philippe est tombé au plus profond du trou, y est resté longtemps et ne commence à remonter depuis peu. Mais il n'est pas fou au sens propre du terme. D'ailleurs, y a t'il un seul sens à la folie ? Là n'était pas la question, Philippe ne voulait pas se mélanger à ceux qui se moquait de ses malheurs ou l'accusait du pire, il resterait donc chez lui le soir du bal.
Les jours passèrent, il n'y pensait déjà plus. C'était sans compter sur Barnabé, fidèle serviteur des d'Artagnan depuis toujours, qui s'est investi d'une mission secrète : secouer son petit fripon pour qu'il retrouve goût à la vie. En effet, il en avait marre de l'avoir dans les pattes, de le voir traîner dans le salon, passer son temps à écrire ou regarder par la fenêtre. Il n'aimait pas son regard lointain, troublé, et ses gestes instinctifs de mains crispées. A quoi pouvait-il penser ? Le vieil homme subissait le caractère du jeune homme qui ne cessait de changer. Tantôt irrascible, mélancolique, de mauvais poil, il pouvait aussi se montrer un peu trop collant. Lorsque le sourire s'inscrivait enfin sur son visage, c'était toujours une petite victoire. Il le poussait à sortir pour ramener quelques courses pour le repas ou les provisions, toujours un pretexte pour l'éloigner de la maison. A rester enfermé, Philippe ne sortait pas de cet état où il était en Gascogne. Mais si le jour pouvait être agréable, la nuit redevenait un enfer. Le jeune homme ne dormait pas dans son lit, quand il s'y couchait, il hurlait au milieu de la nuit à cause d'un cauchemar. Sinon, il errait dans la maison et Barnabé le retrouvait dans une méridiène, sur une chaise, voire même dans les écuries. Alors le vieil homme, dans la continuité de sa mission, voulait que son protégé se rende au bal. Epineuse affaire à laquelle il prenait peu de gants. Cela se passa pendant que Philippe l'aidait à faire la cuisine.
« Découpe les tomates s'il te plait. Sans te blesser. » « Je sais quand même utiliser un couteau ! » « Je veux juste prévenir. Je sais que tu n'es pas aussi maladroit, surtout par rapport à ton frère en danse ! » « Je ne vois pas le rapport, on sait tous qu'Alexandre est mauvais danseur. » « Pourtant il se rend au bal … contrairement à toi. » « Il y va davantage pour faire le mousquetaire que le joli coeur. Et je n'aurais pas ma place dans un bal. » « Tu as plus ta place que lui. Tu devrais y aller. » « Non, je n'en ai pas envie. » « Imagine Saint Cloud décoré, tout le monde masqué, la musique de Lully pour animer, cela ne te fait pas envie ? »
La conversation dura un petit temps avec que Philippe capitule. Il aurait du insister car à quelques jours du bal, il ne lui restait plus beaucoup de temps avant de savoir comment s'habiller. Dans la bibliothèque, un énorme livre sur la mythologie grecque l'aida à son choix. Il prendrait Orphée, avec sa triste légende : Eurydice lors de son mariage avec Orphée, fut mordue au mollet par un serpent. Elle mourut et descendit au royaume des Enfers. Orphée put, après avoir endormi de sa musique enchanteresse Cerbère le monstrueux chien à trois têtes qui en gardait l'entrée, et les terribles Euménides, approcher le dieu Hadès. Il parvint, grâce à sa musique, à le faire fléchir, et celui-ci le laissa repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'elle le suivrait et qu'il ne se retournerait ni ne lui parlerait tant qu'ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants. Mais au moment de sortir des Enfers, Orphée, inquiet de son silence, ne put s'empêcher de se retourner vers Eurydice et celle-ci lui fut retirée définitivement. Orphée se montra par la suite inconsolable. Les Bacchantes ou Ménades en éprouvèrent un vif dépit et le déchiquetèrent. Cela résumait bien une partie de sa vie et le personnage d'Orphée lui fut tout acquis. Il courut au tailleur qui lui fabriqua un vêtement en noir et or, avec une longue cape. Son masque fut dorée, scultpé et gravé et avec en accessoire, la célèbre lyre.
Le soir du bal, le tout sur son lit, il hésita. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Absolument non mais masqué, il irait danser puis rentrerait chez lui avant de se coucher. Il était beau dans son costume, sobre mais bien fait et Barnabé admira ce Philippe costumé comme il le faisait si souvent auparavant. Point de carrosse, il s'en alla à cheval et mit son masque que non loin des grilles du château. La musique s'échappait déjà, il était en retard, il passerait davantage inaperçu et tant mieux. Tout le monde, masqué, dansait, riait et s'amusait. Lui tremblait comme une feuille. Il n'avait plus l'habitude des fêtes, de la Cour de France particulièrement. Les bals vénitiens et milanais étaient plus faciles à intégrer. Près du buffet, il saisit une coupe pour y tremper ses lèvres. Personne ne faisait attention à lui sauf … Il sentit un regar sur lui et se retourna. Il y avait là une demoiselle seule aussi, observant son monde dont lui. Il sourit en inclinant la tête. Elle semblait jolie et elle serait vite courtisée sans aucun doute, lui resterait seul et repartirait plus vite. Enfin il le croyait.
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| | | Sophie Atlan
► Âge : 24 ans
► Titre : Au service d'Amy Of Leeds
► Missives : 182
► Date d'inscription : 17/02/2008
| Sujet: Re: Vivons heureux, vivons masqué |sophie| 01.11.10 0:04 | |
| Sophie commençait à se lasser... Un bâillement d'ennui lui échappa sans qu'elle ne prenne vraiment la peine de le dissimuler. A quoi bon faire semblant ce soir, quitte à être masquée, autant en profiter pour ne pas se soucier de tous les codes de l'étiquette.
* Quelle idée a bien pu me passer par la tête quand j'ai décidé de mettre les pieds au bal? *
La réponse vient d'elle même : la curiosité! Et oui, Sophie n'avait pas eu la chance de mettre les pieds dans une salle de bal auparavant. Elle avait entendu bien des domestiques raconter les splendeurs des grandes réceptions, la qualité de la nourritures qu'elles avaient pu chiper discrètement, la musique si agréable de l'orchestre … La jeune femme avait voulu admirer tout ça de ses propres yeux. De plus, la comtesse Amy Of Leeds avait eu la gentillesse de lui accorder sa soirée pour pouvoir assister aux réjouissances. Pour une fois qu'elle avait la possibilité de faire autre chose que de prendre un livre et de bouquiner une grande partie de la nuit à la faible lueur des bougies, la demoiselle avait sauté sur l'occasion. Dernier argument, la jeune femme venait tout juste de revenir à Versailles après quelques années d'absence pendant lesquelles elle était partie en province pour devenir la femme de ménage d'une bourgeoise fort peu agréable. Sophie ne connaissait désormais plus grand monde à la cour et avait estimé que cette soirée était l'occasion de faire de nouvelles rencontres.
Et maintenant voilà que Sophie se retrouvait dans une immense salle entourée d'inconnus... Se sentant pas du tout à sa place! La plupart étaient en train de danser... Jamais Sophie n'avait appris à le moindre pas de valse! Et elle n'était pas prête de s'y mettre. Elle aurait l'air tellement ridicule avec sa maladresse légendaire au milieu de ces danseurs expérimentés. Puis avant tout, il fallait trouver un partenaire... et cela n'avait pas l'air gagné non plus. Le peu de jeune hommes avec lesquelles elle avait échangé quelques paroles depuis le début de la soirée jusqu'à présent semblaient tellement pédants qu'elle n'avais pas tenté de prolonger la conversation. Elle s'était donc isolée dans un coin, adossée à un mur, le pied droit négligemment posé sur ce dernier et se contenait d'observer tout ce monde qui s'agitait autour d'elle.
Sophie eu un petit sourire satisfait. Elle avait bien choisi son costume! Aucune autre Electre ne se trouvait dans la salle. La demoiselle lisait beaucoup depuis sont retour à la cours, en particulier des tragédies antiques... La beauté de la pièce de Sophocles l'avaient inspirée pour trouver son déguisement. En effet, en découvrant l'histoire de la jeune femme Sophie s'était sentie comme proche d'elle, comme si elle la comprenait. La belle histoire des Atrides la passionnait par l'intensité des émotions dont les personnages sont vecteurs et de la profondeur des valeurs qu'ils véhiculent.
Pour s'occuper l'esprit, Sophie se mise à se raconter pour la dixième fois de la soirée le mythe des Atrides : « Tout commença par un terrible accident... Le grand Agamemnon, roi d'Argos,leva une armée pour aller attaquer la grande cité d'Ilion aux murailles imprenables. Le but était d'aller libérer la belle Hélène, épouse du frère d'Agamemnon qui s'était enfuie avec son amant Paris prince de Troie. Lors d'une partie de chasse, Agamemnon tua la biche sacrée de Diane, déesse de la chasse. Par colère, elle coupa les vent, empêchant les soldats de prendre la mer et d'aller guerroyer. Agamemnon fut contrait se sacrifier sa fille cadette Iphygénie sur l'autel de la déesse pour l'apaiser. Suite à se sacrifice, Agamemnon pris la mer. Dix ans plus tard, après sa victoire à Troie, le roi victorieux rentra chez lui. Sa femme Clytemnestre l'assassina pour se venger du meurtre de sa fille. Elle plaça son amant Egiste sur le trône d'Argos. Son fils Oreste qui n'était qu'un bébé fut condamné à mort par ce dernier de peur qu'il tente de remprendre le trône un jour. La dernière fille de Clytemnestre fut mariée à un paysan, sa descendance ne pourrait donc jamais revendiquer le pouvoir. Cependant Electre sauva son petit frère et le confia à un homme pour qu'il s'enfuit et l'élève hors des terres d'Egiste. La jeune femme attendit des années le retour de son frère pour accomplir sa vengeance envers le couple dont les mains était rouges du sang de son père. » * Une bien triste mais belle histoire... *
Dans une robe verte toute simple et sans ornements, Sophie ressemblait beaucoup à cette jeune femme qui incarnait la modestie et l'espoir. Le masque de couleur grise que portait Sophie était tout simple, les yeux étaient uniquement bordés de noirs reflétant une profonde tristesse. Cependant cela était bien loin de ressembler à de l'apitoiement sur son sort! Les pupilles noirs d'encre de Sophie qui pétillaient de malice en permanence laissaient transparaitre indéniablement le souhait de revanche. De plus, ses cheveux bruns raides accentuaient l'effet produit : la jeune femme avait choisi de ne pas se faire de coiffure extraordinaire et de simplement garder ses long cheveux lâchés. La seule fantaisie que Sophie s'était permise dans son costume était un ruban doré au niveau de la taille qui lui servait de ceinture.
Au cours de la soirée, peu d'invités avaient reconnues la personnalité qu'elle avait choisi d'incarnée. Pourtant, le costume et l'attitude de la jeune femme étaient très ressemblants au personnage. Mais il faut dire que ce n'était pas une des figure les plus connues de la mythologie.
La jeune femme pensa soudainement à la comtesse de Leeds. Elle avait était bien généreuse de lui avoir céder les précieuses étoffes avec lesquelles Sophie s'était fabriqué sa tenue. Il faudrait qu'elle songe à la remercier la prochaine fois qu'elle la verrait! Ainsi Sophie avait mit en pratiques les rudiments de coutures qu'elle avait pu apprendre... Avec le handicape de sa maladresse légendaire, elle avait du s'y reprendre à plusieurs fois pour que les coutures du vêtements ne soient pas visibles. Pas moins d'une semaines à passer ses soirées entre aiguille et tissus avait été nécessaire pour que le résultat lui convienne! Et d'ailleurs au final, elle avait eu raison de s'acharner car elle était fort jolie dans cet accoutrement pourtant simple.
Alors qu'elle se perdait dans ses pensée, son regard se porta par hasard sur un jeune homme qui semblait aussi peu à son aise qu'elle au sein de cette pièce. Brusquement, comme s'il avait senti le poids se son regard, le jeune homme se retourna. A sa grande surprise, il lui sourit et s'inclina. Sophie lui sourit en retour, hésita une seconde puis s'avança vers lui.
- Bonsoir Monsieur.
Certes, ce n'était pas vraiment dans les coutumes qu'une femme aborde un inconnu de la sorte... Mais si elle ne le faisait pas, Sophie n'avait rien d'autre à faire que de partir se coucher tant elle s'ennuyait. De plus, elle était masquée donc même si le gentilhomme s'offusquait, il y avait peu de chances pour qu'il la reconnaisse s'ils étaient amenés à se croiser de nouveau. Puis ayant reconnu le costume de son interlocuteur, elle continua :
- Enchantée de faire votre connaissance Orphée. |
| | | Philippe d'Artagnan
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| Sujet: Re: Vivons heureux, vivons masqué |sophie| 06.03.11 16:20 | |
| Tout le monde semblait s'amuser. Sauf lui, resté en spectateur, en retrait et en observateur de la scène. Tant de magnifiques costumes, tout le monde avait redoublé d'imagination pour épater la galerie sans donner une idée de son identité. A moins que leur costume reflète une partie de leur personnalité. Et tous ces Dieux, derrière l'un d'entre eux se cachait le Roi, et un autre son frère. Alexandre à un bal de Cour amusa intérieurement le jeune homme, esquissa un sourire en l'imaginant danser avec des demoiselles et jouer au monarque. Quand on connaissait l'animal, il y avait de quoi rire. Philippe le chercha du regard, sous quel Dieu pouvait bien se cacher son aîné ? Cela l'occupa quelques minutes mais il ne le trouva pas, bien planqué sous un masque et un magnifique costume. Il était difficile de savoir qui se cachait sous tous ces masques à vrai dire. Philippe connaissait du monde à la Cour, du moins avant son départ pour la Gascogne. Mais la Cour de France était un véritable aimant pour toute la noblesse de campagne, pour les étrangers et il était si facile d'être au coeur des ragots, qu'on vous façonne une mauvaise réputation que l'on pouvait repartir aussi vite que l'on y était entré. Alors le jeune homme ne savait plus trop s'il avait des appuis au milieu de ce vivier de vautours. Qu'avait on bien dit sur lui lorsqu'il avait quitté précipitamment Versailles pour la Gascogne après la mort d'Emmanuelle ? Ils les voyaient déjà le suspecter de sa mort, être le coupable idéal par sa présence, à défaut d'avoir un motif valable.
En y repensant, le jeune d'Artagnan se demandait bien ce qu'il faisait là, il n'y avait plus sa place et n'avait pas la force de se battre contre les rumeurs et les piques pleines d'acide. Rien ne le retenait à Saint Cloud, rien ne l'obligeait à rester plus longtemps. Il n'avait pas envie de s'amuser, le goût des festivités l'avait quitté ces deux dernières années. Dire qu'avant, il se serait jeté à corps perdu dans la danse, aurait entamé de grandes conversations sans se soucier de qui s'agissait-il sous les masques, il ne serait peut être pas rentré de la nuit … Et là, il espérait ardemment sa chambre et ne plus la quitter.
Lorsqu'il posa les yeux sur une demoiselle seule et la salua de la tête, Philippe n'avait pas pensé un seul instant qu'elle pourrait venir lui faire la conversation. Pourtant cela était logique : deux être seuls, avec de graves costumes lourds de sens ne pouvaient que se retrouver. Il ne voulait pas se montrer impoli et lui tourner le dos pour quitter cette mascarade de bal dans lequel il s'était fourré. Il lui sourit poliment lorsque l'inconnue vint lui parler.
« Bonsoir, Mademoiselle Electre. Qu'il est ironique de nous réunir, nous aux tristes destins. »
L'éducation littéraire donnée par sa mère et son amour des lectures avaient bien aidé à définir quel était le personnage choisi par l'inconnue. Cette passion pour les tragédies grecques lui ont toujours parlé, il avait assisté à bon nombres d'entre elles en Italie, là où le théâtre est roi, les classiques en particulier. Alors Electre de Sophocle ou Euripide, bien qu'il avait une large préférence pour le premier, il connaissait par coeur et trouvait ces histoires de familles poignantes. Après tout, toute famille vivait des drames et des déchirures, Philippe pouvait témoigner sans aucun problème. Bien sûr à bien moindre échelle que la tragédie, et ce n'était pas un mal !
« Je vois que non plus ne semblez pas à l'aise à ces festivités, je me trompe ? »
Si elle répondait positivement, ils seraient deux à se demander ce qu'ils font ici, à regarder les autres danser et rire à gorge déployés, boire jusqu'à l'ivresse et tenter de démasquer le Roi. Rien de tout cela ne l'intéressait ce soir, sauf pourquoi pas partager une danse avec cette inconnue prenant les traits d'Electre …
(désolé du retard et de la nullité du post, je voulais quand même te répondre … )
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| | | Sophie Atlan
► Âge : 24 ans
► Titre : Au service d'Amy Of Leeds
► Missives : 182
► Date d'inscription : 17/02/2008
| Sujet: Re: Vivons heureux, vivons masqué |sophie| 22.03.11 12:48 | |
| La jeune femme fut ravie de constater que Philippe avait reconnu le personnage qu'elle incarnait ce soir. Elle avait enfin rencontré une personne avec un certaine culture qui permettait d'entamer une véritable conversation. Peut-être que la soirée allait s'avérer moins barbante que ce qu'elle avait imaginé.« Bonsoir, Mademoiselle Electre. Qu'il est ironique de nous réunir, nous aux tristes destins. »Sophie n'avait pas songé une minute à comparer son histoire à celle de la jeune femme qu'elle incarnait ce soir. A ces yeux, les personnages nés des mythes antiques étaient des hommes et des femmes qui égalaient les divinités qu'ils craignaient et vénéraient. Ils étaient bien plus que de simples êtres de chaire, ils incarnaient des émotions, sentiments, des idéaux. Cela les mettaient hors de porté des gens de ce monde, les enjeux de leur vie n'étaient en aucun point similaires à ceux des hauts du royaume d'aujourd'hui. Il n'était pas même envisageable pour elle qu'un tel personnages qu'Electre puissent lui être comparable tant elle admirait sa grandeur.
Pourtant, prise au jeu que venait de lancer le jeune homme en face d'elle, Sophie ne pu s'empêcher d'établir des similitudes entre son passé et celui de la princesse d'Argos. Tout comme elle, elle pleurait encore aujourd'hui un père... un père qui n'aurait jamais du mourir d'une telle façon... Certes il n'avait pas été assassiné, mais cela revenait presque au même ! Le cocher n'avait pas eu le temps d'arrêter les chevaux qui fonçaient à toute allure dans le ruelle. Les ordres et le précieux temps de cette satanée marquise dont elle ignorait encore le nom aujourd'hui avaient bien plus de valeur que la vie d'un pauvre paysan ! Depuis ce jour, telle la descendante d'Atrée, la haine et soif de vengeance l'animait. Le seul indice qu'elle possédait était le blason de cette famille qu'elle avait aperçu dont elle finirait bien un jour par trouver le nom... Cependant contrairement à Electre Sophie était seule dans sa lutte, elle n'avait pas ce frère qui serait l'arme de sa vengeance. Peut être que dans son cas ce ne serait pas un frère salvateur mais une sœur... Bien qu'elle l'ignorait encore, la comtesse Amy et elle avaient le même sang qui coulaient dans leur veines. Le fatum, comme se plaisent à dire les lettrés, décidera de son sort !
- Oui Monsieur, quelle ironie. Nous pleurons tous deux la disparition d'une personne aimée...
Sophie s'interrompit le temps d'attraper une coupe de vin sur le buffet juste derrière eux puisque son interlocuteur en avait une a la main. Elle en choisi un rouge plutôt amer non coupé avec de l'eau comme celui que prennent les femmes d'ordinaire. Il faut dire qu'il fallait bien plus que cela pour que la jeune femme n'en perde ses esprits, elle s'était fort bien entrainée dans les tavernes en compagnie d'amis. La demoiselle ne pu manquer l'évidence que le jeune homme était fort affecté par son passé. Ses propos si tristes et mélancoliques n'était à ses yeux sans nul doute le reflet de son âme ce soir. C'était un heureux hasard qu'il ait croisé le chemin de Sophie lors de cette soirée car s'il y avait bien quelque chose que cette petite paysanne savait bien faire d'ordinaire, c'était remonter le morale des autres. Elle ne voulait pas le mettre encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà à ce bal en évoquant des événements fâcheux. Sophie saisi donc l'occasion qui se présentait de détourner quelque peu la conversation. Elle repris donc d'une voie douce le dialogue où elle avait laissé quelques secondes plus tôt :
- Cependant ce soir, il n'est pas l'heure de se lamenter mais plutôt de s'amuser ne croyez-vous pas ? Trinquons à l'infortune de notre passé ?
Lorsque Sophie porta sa coupe à ses lèvres, Philippe aurait pu remarquer le seul détail dans le déguisement de la jeune femme qui trahissait ses origines humbles. En effet, pour l'occasion elle avait choisi de mettre une bague de sa mère, seul bien qu'elle avait pu conserver d'elle. Ce bijou en argent d'une extrême simplicité était un anneau quelconque surmonté d'une fleur avec une unique petite topaze qui formait le cœur. Son père lui avait raconté que cette bague était dans leur famille depuis des générations et qu'il l'avait offerte à sa mère le jour de leur mariage car cette pierre était de la couleur de ses yeux. La fantaisie du motif, le fait qu'elle ne soit pas en or et que l'anneau soit ordinaire démontrait que ce bijou ne convenait pas à la noblesse. Sophie s'était dite que les participants aux festivités penseront que ce bijou n'était qu'un accessoire de plus de son costume. Sophocles avait lui même marié la princesse à un paysan dans son œuvre, alors pourquoi ne pas se parer comme tel après tout ?
Le jeune homme repris la parole : « Je vois que non plus ne semblez pas à l'aise à ces festivités, je me trompe ? »*Cela se remarque tant que ça que je ne fait pas partie de ce monde ? * ne pu s'empêcher de penser la jeune femme.
Il faut bien avouer qu'aller à un bal alors que l'on ne vous a jamais appris à danser n'était pas un élément qui pouvait aider à s'intégrer dans les festivités. De plus, l'animation de la soirée était de deviner qui était le roi parmi les divinité dans la salle. Cependant Sophie s'en fichait totalement ! Roi ou pas, cet homme était à ses yeux un personnage comme les autres puisqu'il avait choisi l'anonymat ce soir et ne méritait donc pas une telle attention. Comment donc Sophie pouvait-elle se sentir à l'aise dans de tels réjouissance alors qu'elle n'en comprenait même pas l'intérêt ?
- Non en effet, toutes ces mondanités ne sont pas ma tasse de thé. Avant de venir vous déranger, je me disais justement que j'aurais mieux fait de rester avec un bon livre dans mon lit ! répondit Sophie le plus naturellement du monde.[ Naaaan, ton post est loin d'être nul ! Merci d'avoir répondu ] |
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