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| « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] | |
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| Sujet: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:33 | |
| POQUELIN, Jean-Baptiste, dit Molière._______ ft. (Gerard Butler)
► Trente-huit ans. Même si le vieillissement physique se fait ressentir alors que ses problèmes pulmonaires l'empêchent parfois de monter sur les planches pour faire ses représentations, son âme, elle, n'en est que plus éveillée. ► Dramaturge à la cour du roi depuis huit années maintenant. Le roi était jeune lorsqu'il lui a fourni cette possibilité et même si Molière n'était pas doué pour le drame, on a vite reconnu ses talents pour la comédie. ► Fil de Jean Poquelin, un riche marchand-tapissier établi à Paris et de Marie Cressé, il est on ne peut plus français. ► Il est présentement séparé d'Armande Béjart, qui était de vingt ans sa cadette. Elle lui a donné un fils, mort en bas âge, alors que sa fille Esprit-Madeleine est maintenant âgée d'un an. Molière ne la voit que très peu, voire même pas du tout. Ses représentations lui prennent beaucoup de son temps et sa fille est donc laissée aux bons soins de son ex-épouse.
« Que diable, vous êtes à Versailles ! »
► Un paradis ou un enfer versaillais ? Versailles fut pour Molière une nouvelle terre d'accueil, un point où se poser. Pendant une bonne partie de sa vie, il avait erré de troupes en troupes, de royaumes en royaumes, espérant un jour vivre de son art, en vain. Ce n'était pas facile d'être comédien lorsqu'on passait de villes en villes sans jamais rester bien longtemps au même endroit. Son nom volait sur quelques lèvres, mais il ne se trouvait jamais vraiment quelqu'un à attendre avec impatience leur arrivée pour suivre de près ou de loin leur avancée.
Le roi, Louis XIV, malgré son jeune âge, avait su accueillir Molière dans sa ville et surtout, dans son château, alors que le dramaturge et sa troupe avaient déjà joué pour son frère et en étaient d'ailleurs sous sa protection. Sa première impression fut bonne. Le roi semblait apprécier son talent comme il se devait de le faire et Molière s'en voyait honoré, acceptant les égards et la dignité que cela lui apportait. Il n'aurait peut-être jamais le sang royal dans les veines, mais il avait toutefois réussi à gagner la confiance du roi, avec une seule représentation, ce qui s'avérait être un exploit en soi. Le château, les salons, les personnages haut placés et les habits huppés, tout ça était désormais à sa portée. Il ne pouvait qu'être en admiration devant les beautés de la ville et du château, ayant déjà une relation plus qu'amicale, mais gonflée de respect mutuel avec le roi. Molière avait d'abord été étonné de rencontrer un roi si jeune avec autant d'esprit et il avait d'abord cru à une supercherie. On devait l'avoir instruit quelques jours avant son arrivée et dès qu'il lui poserait des questions un peu trop complexes, le roi balbutierait en cherchant ses mots. Ce ne fut pas le cas. Au contraire, Louis l'impressionna beaucoup et Molière se jura de ne jamais le trahir, peu en importaient les raisons.
Dès son arrivée, il s'y sentit chez lui. Cette impression n'est allée qu'en grandissant plus les années passaient et il se plaisait à jouer, avec sa troupe, dans les quartiers du roi. Il y a fait d'heureuses rencontres et le somptueux château et désormais devenu son lieu de prédilection. Il y resterait, coûte que coûte. Versailles est pour lui un véritable coin de paradis, même s'il en exclurait volontiers les dévots s'il en avait le pouvoir. Jamais ils n'avaient apprécié l'une de ses oeuvres, ils avaient toujours beaucoup à redire et cela mettait sans cesse le dramaturge à l'épreuve et surtout, en colère. Il faisait dans le comique et quand on faisait dans le comique, on devait bien se plaindre de quelque chose! Pour en rire, il fallait amplifier la chose, ce que réussissait Molière à la perfection, au grand damne de ces partisans de la religion.
► Vérité ou fantasme du complot ? Le bruit court, les rumeurs vont bon train et Molière en sait certainement un peu plus que les autres quant à un futur complot. Il sait que Louis se protège et que de nombreux espions tentent de percer à jour les défenses et les secrets de l'opposition. En effet, même si elle est tenue de garder secrètes toutes les informations qu'elle recueille, il sait qu'Evangéline de Comburn, l'une de ses dames préférées pour les jeux d'esprit, est une espionne et il y a longtemps qu'il a cessé de tenter de lui tirer les vers du nez. Il le faisait davantage pour la taquiner, mais quand le jeu s'avère inintéressant, il cesse d'y jouer. Elle ne lui dira rien de toute façon et joue son rôle à la perfection. D'un côté, il lui en est particulièrement reconnaissant parce qu'il ne pense pas pouvoir gérer de telles informations, surtout en sachant que la vie du roi est en danger. Ce n'est pas tant la peur de perdre son roi, son protecteur, qui l'attriste, mais plutôt la perspective de perdre un ami qui lui est cher, un ami qui a su croire en lui malgré les représentations dramatiques ratées qui le précédaient déjà. Ce serait une lourde tristesse que de voir Louis porté en terre et il a bien l'intention de mourir avant lui pour ne pas être témoin de la scène. Ce roi, si bon, si généreux, si intelligent et surtout si jeune ne mériterait pas un tel sort et Molière espère de toute son âme qu'on le protégera suffisamment pour éviter une réplique cinglante de ses opposants.
Il ne sait pourtant rien quant à l'origine d'un quelconque complot et ne connait personne qui pourrait convenir à ce mauvais rôle. Sans doute n'ont-ils pas cru bon de s'immiscer dans la vie de Molière, tout le monde n'étant pas au courant de ses rapprochements avec le roi. Il tente toutefois de demeurer sur ses gardes afin de protéger le roi d'une éventuelle attaque, mais il n'a pas conscience qu'on puisse atteindre son protecteur à travers lui. Il vit donc sa vie tranquillement, enchaînant les représentations et les jeux d'esprits tout en divertissant son roi comme il le faut. La mort du roi n'est pas prévue pour bientôt, Molière en fait parole.
► Plutôt colombe ou vipère ? Plutôt bon vivant, Molière n'en est pas moins colérique lorsque les choses ne se passent pas comme prévu. Sa troupe en a souvent payé les frais, en particulier celle qu'il dirigeait en 1650 puisqu'il détestait déjà l'art auquel ils s'adonnaient. Le drame n'était pas fait pour lui. Pourtant, même avec sa troupe actuelle, il trouve le moyen de bien faire comprendre ce qui ne lui plaît pas et s'avère particulièrement franc dans ses idées. Il a écrit ses pièces et il veut qu'elles soient jouées à sa façon. Il accepte davantage les commentaires et les idées lorsque c'est constructif, mais prend très mal la critique. Certains membres savent comment proposer leurs idées sans l'énerver, mais il a toujours un pincement au coeur lorsqu'il apporte des changements. On ne peut que s'imaginer la détresse dans laquelle il a été plongé lorsqu'on lui a interdit de jouer Le Tartuffe, il y a deux ans de cela. Décidé à faire lever l'interdiction, il a tout tenté, même de changer le nom de sa pièce, en vain.
Les rumeurs à son sujet vont bon train et il déteste qu'on parle de lui pour autre chose que ses pièces. Le peuple, les nobles, et même parfois des gens qui ne le connaissent pas du tout se mettent à affirmer de grandes hypothèses sans même pouvoir prouver quoi que ce soit. Les nobles se croient au-dessus des lois et ils manquent surtout d'intérêts quotidiens. Peut-être pourraient-ils se mettre à jouer au billard, à faire des parties de criquet dans la cour arrière du château et même à parier des sommes d'argent monumentales plutôt que de laisser ses pensées dériver de telle sorte à ce qu'elles deviennent publiques. Il n'aime pas vraiment qu'on soit au courant de sa vie privée et il a tendance à se renfermer et à devenir particulièrement colérique lorsqu'on en fait mention. La rumeur qui voulait qu'il ait épousé sa fille l'a particulièrement touché et on en parle que très peu désormais à la cour, même si certains s'amusent à en discuter entre eux. Il était certes amoureux de Madeleine, la mère d'Armande, mais ce n'est pas sa fille et il a dû débattre ce point. On peut dire que les dévots ont eu beaucoup à faire avec ce dramaturge qui ne voulait aucunement se plier aux lois et aux règles de haute société. Même si de par ses manières soignées on pourrait le prendre pour un noble, il n'en demeure pas moins un peu trop libertin et marginal pour se plier à toutes leurs exigences.
Quant aux ragots qui circulent à propos de tout et n'importe quoi, il garde la bouche fermée, mais les oreilles grandes ouvertes. Pour lui, les évènements quotidiens sont une source d'inspiration évidente et il n'hésite pas à laisser glisser sa plume pour garder en mémoire les faits importants. Doué pour la comédie, il grossira finalement ces évènements dénués de tout intérêt pour en faire finalement des pièces qui sauront charmer et amuser son public. Les rumeurs circulant à propos de l'infidélité du roi lui ont inspiré Dom Juan, bien que l'écrit espagnol ait en premier lieu retenu son attention. Il n'a qu'à ouvrir les yeux et les oreilles pour trouver ce qu'il recherche et il n'est pas rare de le voir s'installer pour noter l'une de ses idées, souvent amenée par un membre de la cour avec une phrase bien simple qu'il se plaît à recopier et à méditer.
« Plus bas la révérence, plus bas. »
► Haricot_powa. Cynou. Ou tout simplement Cyn. ♥ ► 19 ans. ► Je suis pas mal overbookée en ce moment avec l'université qui recommence, mais j'essaierai de venir le plus souvent possible. Comme me l'a fait remarquer une certaine personne (aa), Molière n'est pas joué pour l'instant, donc autant lui donner un visage! ♥ ►Code bon by Lisa ►J'ai bien lu, mais je ne sais pas lequel choisir. *Honte à moi* ► Hum... Rien à part que je kiffe et surkiffe et resurkiffe Molière. ♥♥♥
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 21.01.10 5:33, édité 17 fois |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:35 | |
| « CE N'EST QUE LE COMMENCEMENT. » Plus mon rang a d'éclat, plus l'affront est sanglant.« Ce n'est point une bonne famille à côtoyer, Jean-Baptiste. Être comédien n'est pas un bon métier. » « Qu'est-ce que vous en savez? Ils sont tous comédiens dans leur famille, sans doute ont-ils suffisamment de revenus pour vivre! » « Peut-être, mais je ne veux pas que tu les côtoies. » « Simplement parce qu'ils sont comédiens!? Père! Vous voulez faire de moi un chauvin et un intolérant? » « Je veux simplement que tu apprécies les gens de bonne famille. Tu t'en porteras mieux. » Pourtant, malgré les conseils de son père, Jean-Baptiste n'avait pas l'intention d'abandonner la famille Béjart. D'ailleurs, lorsqu'il en eut terminé avec son père ce soir-là, il retourna auprès de la famille Béjart alors qu'une jeune femme qu'il n'avait jamais vue semblait avoir une discussion animée avec l'un des fils de la famille. L'air de famille qu'ils arboraient ne lui fit point penser qu'elle appartenait peut-être à la famille Béjart et ce ne fut que quelques minutes plus tard, lorsqu'elle se présenta comme étant Madeleine Béjart, qu'il comprit. La beauté de la jeune femme était indéniable et il se surprit à imaginer ses mains glissant sur ses formes et sa peau nue, image qu'il chassa aussitôt de son esprit. Comment pouvait-il ne serait-ce qu'espérer intéresser Madeleine Béjart alors qu'il avait entendu à travers les branches qu'elle était la protégée du duc de Modène? Pourtant, cette attirance semblait réciproque alors que la jeune femme s'esclaffait et parlait sans contraintes en sa compagnie, comme si le simple fait de côtoyer un jeune homme de son âge qui ne soit pas son frère la libérait de tous ses serments. Il ne voulut même pas savoir si elle était engagée à cet homme, il ne voulait même pas lui demander si elle était mariée ou si, même, elle avait des enfants. Il n'osait pas lui demander parce que c'était plus facile de fuir une réalité qu'on ne connaissait pas que d'accepter celle qui nous éclatait à la figure. Il préférait donc ne pas savoir puisqu'ainsi, il ne se sentait pas coupable des heures qu'ils passaient ensemble à discuter de tout et de rien. Ils avaient pris l'habitude de passer leurs débuts de soirée ensemble malgré les innombrables questions qu'on leur posait chacun de leur côté. Puis vint le jour où il laissa ses mains courir sur sa peau et ses baisers se faire incandescents contre son cou. Jean-Baptiste avait dix-neuf ans, elle en avait dix-huit. Une relation interdite qui demeura bien cachée dans un recoin de leur âme. Madeleine avait été formelle: elle allait épouser le duc de Modène et elle ne voulait en aucun cas que Jean-Baptiste fasse du bruit. Un égarement, voilà ce qu'avait été pour elle cette soirée pourtant si important aux yeux du jeune homme. Tant pis, il n'irait pas contre sa volonté et c'est déçu et triste qu'il rentra chez lui ce soir-là alors que sa famille ne l'attendait plus. Sans doute devrait-il donner des explications lorsqu'il s'éveillerait le lendemain matin, mais il était maintenant libre de penser ce qui lui plaisait et de dormir quand le moment lui semblerait opportun, c'est à dire jamais. Amoureux jusqu'à s'en fendre l'âme, il serait demeuré éternellement avec elle si elle le lui avait demandé, mais il se doutait bien que le métier de son père n'était pas aussi valorisant que ce qu'exerçait le duc. Personnage d'un rang plus élevé, il pourrait sans doute lui apporter des bienfaits que jamais Jean-Baptiste n'aurait pu lui donner. Il tenta donc de se dire que c'était pour son bien, qu'elle serait heureuse avec lui et qu'elle méritait mieux qu'un fils de marchand-tapissier, aussi riche pouvait-il être. Le sommeil le gagna alors qu'il dévalorisait le travail de son père, de la même façon qu'il avait déprécié le travail des comédiens. Ce n'était que partie remise... Jean-Baptiste avait toujours eu l'impression qu'il deviendrait marchand-tapissier, comme son père, et qu'il pourrait travailler au château du roi. D'ailleurs, cette impression s'était avérée vraie lorsqu'il prêta le serment de poursuivre le métier de son père. Pourtant, il s'était toujours intéressé au théâtre et c'était d'ailleurs grâce à son grand-père que lui venait cette passion. Ensemble, ils avaient assisté à maintes représentations comiques et dramatiques et Jean-Baptiste adorait parcourir le royaume en sa compagnie afin d'être témoin d'un art qui s'était avéré particulièrement tabou chez lui. Son père témoignait du respect aux comédiens du moment qu'ils n'approchaient pas sa famille. Si seulement il avait su que son fils gagnerait autant d'importance auprès du futur roi et en tant que dramaturge, sans doute aurait-il gardé pour lui ses pensées obscènes. Après tout, il n'en voulait pas à la profession en particulier, ni aux comédiens en général, mais il avait du mal à concevoir que l'on puisse gagner sa vie honnêtement en jouant un personnage. Un comédien ayant prit l'habitude de jouer un rôle du lever au coucher du soleil, comment les autres pouvaient-ils savoir qui se trouvait devant leurs yeux? Évidemment, c'était un métier comme un autre et sans doute l'apprendrait-il à ses dépens.
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 21.01.10 5:33, édité 10 fois |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:36 | |
| « PARCE QU'IL FAUT BIEN GAGNER SA VIE. » C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens.On peut dire sans se tromper que Jean-Baptiste Poquelin n'aurait jamais gagné sa vie en jouant des personnages dramatiques. Il n'y arrivait tout simplement pas. Rares étaient les personnages qu'il jouait suffisamment réalistes pour qu'on y croit et on avait vu bien des gens partir avant la fin de la représentation. Triste sort quand même pour un jeune homme qui se prédestinait au théâtre. Ses longues études ne semblaient pas vraiment lui avoir servit; on se moquait de ses mimiques et de son jeu, on roulait des yeux lorsqu'il récitait ses phrases déjà toutes faites auxquelles on ne croyait point. Molière lui-même trouvait les pièces dramatiques d'un lassant épouvantable et ses quelques jours passés en prison suite à la faillite de sa troupe semblèrent le faire réfléchir. Soit il poursuivait ses activités normalement, en tentant de nouveaux horizons, soit il changeait complètement de branche et se dirigeait vers ce qui l'avait toujours attiré, le comique. Dès qu'il se penchait sur la question, il n'avait plus aucun doute. Pourtant, il espérait tout de même que sa troupe le suive dans ses frasques puisque loin de lui l'envie de les flanquer à la rue, sans travail. Vous me direz que la troupe n'avait pas déjà beaucoup de succès et qu'ils auraient peut-être mieux fait de choisir un nouveau chef pour les diriger tous, mais la plupart d'entre eux ne le firent pas. Ils avaient donné leur confiance et tout ce qu'ils avaient à Molière, ils poursuivraient la route avec lui. Jean-Baptiste dut faire appel à son père pour se sortir de ce mauvais pas puisque seul, ses os seraient encore au Châtelet à ce jour. Son père paie les dettes de la troupe sans poser de questions, mais n'oublie tout de même pas la trahison de son fils à l'égard de son propre métier et le laisse se débrouiller seul pour la suite. Ce n'est que lorsque le prince de Conti les abandonne pour sa prétendue Compagnie du Saint-Sacrement que Molière se met de plus en plus à détester les dévots et la religion en général. Il va tenter d'en rire, dans ses pièces, ce qui occasionnera une riposte de leur part. Outrage. Invective. Calomnie. C'est d'ailleurs à ce moment précis qu'il reprendra la tête de sa troupe pour la diriger vers le comique cette fois, ce qui leur apportera un immédiat succès. Ce fut immédiatement après l'une de ses représentations qu'on l'apostropha. « Bien à vous, Monsieur. Je dois vous faire part de mes sentiments à l'égard de votre pièce, très cher. Elle m'a complètement charmé. J'ai ris du début à la fin! » « J'en suis honoré de l'apprendre, Monsieur. » « Je suis Philippe d'Orléans. Je vous invite, vous et votre troupe, à vous joindre à moi. Je retourne à Versailles. Peut-être pourrais-je vous présenter au roi. Mon frère serait certainement heureux de vous compter parmi sa cour. » « J'accepte volontiers votre offre, prince d'Orléans. Nous cherchions justement un endroit où nous poser pour poursuivre nos représentations. Nous vous suivrons avec plaisir. » « J'en suis bien heureux. Vous ne regretterez pas le voyage, soyez-en assuré. » « Je n'en doute point. » Ce fut ainsi qu'il se retrouva, avec sa troupe, aux portes du château de Versailles quelques jours plus tard. Philippe d'Orléans était toujours parmi eux et l'air de sérénité plongé sur son visage lui donnait une allure d'homme sage alors qu'il ne devait même pas avoir dix-huit ans. Molière ne savait que penser de cette invitation soudaine à se rendre à Versailles, mais il ne pouvait qu'en être agréablement surpris. Après tout, même si sa troupe ne faisait pas fureur au château, il pourrait tout de même leur garantir un peu d'argent en faisant une représentation dans les rues de Versailles. Pourtant, en voyant les murailles du château et les grandes portes se dessiner devant ses yeux, il espérait en secret que le roi apprécierait son art et qu'ils ne seraient pas obligés de retourner vagabonder dans les rues comme des va-nu-pieds. Un soupir d'appréhension tendit ses lèvres et son visage tout entier alors qu'il voyait venir vers lui des hommes qui comptaient sûrement dans la garde royale. Ils semblaient anxieux en voyant arriver un groupe aussi nombreux, mais se détendirent automatiquement en voyant le prince qui s'avançait vers eux. D'ailleurs, Philippe d'Orléans leur avait conseillé de demeurer en retrait afin d'éviter une prise de bec inutile. Des éclats de rire leur parvinrent alors qu'on leur faisait de grands signes pour les inviter à s'approcher. Lorsqu'ils furent à la hauteur des gardes, on le scruta des pieds à la tête alors que Molière se sentait particulièrement minuscule malgré sa troupe derrière lui. « Monsieur Molière, je vous présente la garde royale de mon frère Louis. Suivez-nous donc, que je vous présente au roi. » Ce fut la première fois que Molière et sa troupe mirent le pied entre les murs du château de Versailles et la plupart d'entre eux en étaient tout émerveillés, n'ayant jamais eu ni l'occasion ni le rang pour le faire. La beauté des lieux les attiraient, ils avaient envie de passer les doigts sur les tissus afin de voir si l'étoffe était aussi douce qu'elle le paraissait et se rapprocher des tableaux pour en apercevoir les courbes et les traits fins du pinceau. Ils suivirent toutefois en silence le prince et les deux gardes qui les avaient accompagnés jusqu'à une salle close où ils purent se désaltérer un moment en laissant leurs regards parcourir la pièce des yeux. D'innombrables tableaux ornaient les murs et quelques fauteuils étaient disposés ici et là pour rendre la pièce chaleureuse et accueillante. Molière était absorbé dans un tableau représentant une scène de chevalerie lorsque le roi fit irruption dans la pièce sous les soupirs admiratifs de ceux qui s'y trouvaient. Molière se retourna avec un petit sourire amusé alors qu'il posait un oeil sur sa troupe, en particulier sur les jeunes femmes complètement charmées. Son regard croisa ensuite celui du roi alors que Philippe d'Orléans s'interposait entre eux en attirant son frère à lui dans une accolade amicale. « Je suis heureux de te retrouver, mon frère. » « Et moi donc! Voilà maintenant plusieurs jours que j'étais sans nouvelle! » « J'avais des affaires importantes à régler, mais je suis de retour pour de bon cette fois. Enfin, je l'espère. » « Qui sont tous ces gens? » Faisant signe à Molière de s'avancer, le prince d'Orléans posa une main sur l'épaule du dramaturge en hochant la tête sereinement. « Voici Molière et sa troupe. Je les ai rencontrés sur mon chemin et j'ai été surpris de leurs talents incommensurables pour le théâtre. Jamais vous ne trouverez d'aussi bons comédiens, mon frère! » « Je suis honoré de faire votre connaissance, mon roi. » « Le plaisir est pour moi et mes oreilles, sans doute! J'aimerais bien voir ce dont il en retourne, si vous le voulez bien... » Consultant ses comédiens d'un rapide tour de salle, il accepta volontiers l'offre du roi, sachant que c'était sans doute leur seule chance de faire bonne impression auprès de sa cour. On leur donna ce dont ils avaient besoin et en conclurent qu'ils feraient d'abord une pièce dramatique, puisqu'ils la connaissaient mieux, pour ensuite en jouer une comique, que Molière adorait, mais que sa troupe connaissait moins. La pièce dramatique sembla les ennuyer à un tel point que Molière surprit les regards du roi à l'endroit de son frère, comme s'il se demandait pourquoi son cadet lui faisait perdre ainsi son temps. Pourtant, on leur laissa quand même le droit de jouer leur seconde pièce et aussitôt, l'auditoire sembla charmé. Ce ne fut que lorsque Molière eut le loisir de parcourir les couloirs du château seul qu'il fut attiré par une très belle musique, une musique comme il n'en avait jamais vue d'aussi belle. Il s'était approché, avait écouté, jusqu'à ce qu'il aperçoive Lully, celui qui deviendrait sans contredit l'un de ses collègues, l'un de ses bons amis malgré les points sur lesquels ils ne seraient jamais en accord. Ils n'auraient pas le choix, ils en viendraient au: Je m'occupe des dialogues et tu t'occupes de la musique. Même avec cette simple phrase, ils auraient bon nombre d'accrochages, mais finiraient toujours par se pardonner et reprendre le travail après quelques heures à se faire la tête. Ce serait toujours comme ça entre eux et pourtant, en l'apercevant devant ses musiciens, jamais Molière n'aurait pu se douter du lien d'amitié qui se créerait malgré tout entre eux. Il lui ressemblait, d'ailleurs. Il menait ses musiciens avec la même fougue et la même force avec laquelle Molière menait ses comédiens. Il voulait que tout soit parfait. Molière se sentait bien minuscule à côté de cet homme qui jouait déjà à la cour du roi alors que lui-même devait sans doute être encore à l'essai, mais il ne tarderait pas à se rendre compte qu'ils étaient au même pied d'égalité.
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 24.01.10 7:06, édité 17 fois |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:39 | |
| « SANS POURTANT EN NÉGLIGER LE JEU. » Nul n'aura de l'esprit hors nous et nos amis.« Vous saviez, monsieur, que vos pièces attirent grand nombre de visiteurs? » Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu la très charmante Mathilda de Cologne entrer dans la pièce. Il s'était retourné avec un petit sourire, s'approchant de la demoiselle pour embrasser sa main en penchant légèrement la tête. Il avait pris l'habitude de faire ainsi et malgré qu'il la connaisse de mieux en mieux, il ne pouvait se résoudre à laisser tomber ses bonnes manières. La jeune femme était tout simplement charmante et malgré qu'elle soit beaucoup plus jeune que lui, il appréciait néanmoins sa compagnie. Il entoura ses épaules d'une main et la conduisit jusqu'à la fenêtre sans dire un mot, là où il se situait lorsqu'elle avait subitement interrompu le cours de ses pensées. « Je suis au courant, oui, mais pas moins surpris. Lorsqu'on courrait les rues en tentant de vivre de notre art, l'argent semblait nous filer entre les doigts comme un poulet devant son bourreau! La différence est énorme, vicomtesse. » « Je n'en doute pas, très cher. Mais le monde est vaste et petit à la fois. On entend parler de vous et de vos comédiens dans tout le royaume de France et même au delà. Il n'y a pas à dire, tout le monde veut vous voir sur scène. » « Je ne peux pas le leur reprocher. Étant à la cour du château de Versailles, nous aurions pu être les pires imposteurs que les gens seraient accourus tout de même pour nous voir. » « Vous êtes bien modeste pour un homme qui a gagné les faveurs du roi avec une seule pièce. » « Deux pièces... Deux. » fit-il en passant une main dans son visage pour chasser de ses traits le tiraillement et l'anxiété. « Peu importe. Un talent de dramaturge comme le vôtre ne se voit plus beaucoup de nos jours. » « Si vous le dites, madame. » Discret, Molière n'aimait pas vraiment qu'on lui lance des fleurs de cette façon. Lui serrer la main après une représentation réussie passait encore, mais il avait souvent l'impression de ne pas mériter les éloges qu'on lui faisait. Pour lui, son nouveau rang et son affinité avec le roi y étaient pour beaucoup dans la popularité de sa troupe et même s'il préférait ne pas décevoir la vicomtesse en lui racontant ce qui le tracassait, il n'en pensait pas moins. Il poussa un léger soupir alors qu'il entraînait la jeune femme vers les fauteuils, se retrouvant face à sa femme qui venait tout juste de pénétrer dans le salon. Son visage se décomposa en le voyant avec Mathilda et Molière fronça brièvement les sourcils alors qu'elle tournait les talons vivement, furieuse. Molière leva les yeux au ciel et fit un baisemain à la vicomtesse avant de courir sur les traces de sa jeune et douce épouse. Il la rattrapa aisément puisque ce n'était pas facile de courir avec la robe qu'elle portait et la saisit un peu fortement par le bras pour la plaquer contre le mur en retenant ses mains des siennes, son corps plaqué contre le sien. « Qu'est-ce qui te prend? Tes yeux me regardent comme si tu m'avais découvert à moitié nu dans son lit. » « Parce que tu penses que seules les infidélités peuvent me mettre en colère? Je n'apprécie pas de te voir aussi proche de ces nobles duchesses et comtesses et tout ce que tu veux. Tu sais à quel point elles peuvent aisément manipuler les autres! Je n'ai pas envie de te perdre pour l'une d'entre elles! » « Pourquoi est-ce que tu vois toujours le pire dans toutes les actions que j'entreprends? Je passe beaucoup de temps ici, voudrais-tu que je demeure seul à jamais à méditer mes obscures pensées? » « Non! Je ne peux pas t'interdire de parler aux gens de la cour, je sais bien que tu n'en as pas le choix et que cela te détend, mais pourquoi ne le fais-tu pas avec moi? Il n'y a même pas un an que nous sommes mariés et déjà, j'ai l'impression que tu disparais pour draguer ces greluches parées de bijoux qui valent des fortunes! » « Tu te méprends sur mes intentions, Armande Béjart, car tu es la seule qui compte pour moi. Je suis navré de ne pas être plus présent dans ta vie et j'essaierai d'y remédier, mais crois-moi, ce n'est pas simple. » « Je sais que tu as des obligations. Je les comprends et je les accepte, mais je n'en suis pas plus heureuse. » marmonna-t-elle en redressant le menton et en faisant la moue. Au lieu de poursuivre sur une discussion qui ne menait de toute façon nulle part, il préféra saisir ses lèvres pour l'embrasser avec une fougue passionnée qui sembla un instant lui faire oublier qu'elle venait tout juste de se disputer avec lui. Il laissa ses mains afin de poser les siennes sur sa taille et se rapprocher d'elle comme il le pouvait. Il posa un baiser dans son cou alors qu'elle tournait légèrement la tête pour lui laisser le champ libre. Il n'hésita pas à le prendre d'assaut jusqu'à ce qu'une voix derrière eux les fasse sursauter et qu'ils s'éloignèrent un peu brutalement l'un de l'autre. « Je ne m'attendais pas à avoir un spectacle ce soir... Vous pouvez m'en dire plus? » fit le roi avec un sourire amusé. Tolérant, il ne pénalisait que rarement les agissements de Molière, même si ceux-ci pouvaient parfois être un peu déplacés dans l'environnement noble auquel il se devait de s'adapter. « Nous devrions peut-être penser à jouer cette scène, en effet. Ce serait la meilleure façon pour moi de m'attirer les faveurs des dévots, qu'en pensez-vous? » « Ils ne pourraient que vous adorer! Tentez toutefois d'être un peu plus discrets à l'avenir, je peux vous assurer que je n'ai besoin d'aucun enseignement dans ce domaine! » Le rire profond et sincère de Molière se joignit à celui, plus clair, d'Armande alors que le roi s'éloignait et que la jeune femme en faisait de même après lui avoir volé un dernier baiser. Elle semblait remise de son altercation et se décida finalement à lui faire confiance. Après tout, elle était jeune, elle était séduisante, il n'y avait aucune raison pour qu'il aille voir ailleurs et s'il le faisait, elle ne pouvait que s'en montrer tolérante. Les hommes qui demeuraient fidèles à leurs femmes toute leur vie, sans jamais prendre maîtresse, étaient rares tout de même et elle ne pouvait qu'espérer que son mari serait l'un d'eux. Elle ne pourrait pas le blâmer, toutefois, s'il faisait comme les autres. Molière, quant-à-lui, fut rapidement entraîné dans une petite salle alors que le rire amusé d'Évangéline de Comburn le faisait négligemment sourire. Elle le poussa dans un fauteuil en riant et prit place dans un second à ses côtés. Il adorait la revoir et ce n'était pas simplement à cause de sa peau veloutée, de son rire communicatif et de ses formes gracieuses. Intelligente, il adorait discuter et rire en sa compagnie bien plus qu'il ne le faisait avec sa propre épouse. « J'ai une nouvelle énigme à te faire part. Il n’y en a qu’un seul dans une minute, et il y en deux dans une heure. Mais il n’y en a aucun dans un jour. Qu’est-ce ? » « Un seul dans une minute, deux dans une heure et aucun dans un jour... Deux dans une heure et aucun dans un jour. Un dans une minute. Deux dans une heu... Un peu plus et j'y renonçais. N'est-ce pas le «e» qui se trouve une seule fois dans le mot minute, deux fois dans le mot heure et pas du tout dans le mot jour? » « Bien joué! Mais elle était facile. J'en ai une... » « Ne serait-ce pas mon tour, par hasard? En voilà une difficile. Deux pères et deux fils ont tué chacun un canard. Aucun n'a tué le même canard et pourtant, trois canards seulement ont été abattus. Comment est-ce possible? » Pendant que la jeune femme réfléchissait, Molière s'amusa de ses expressions tout en se demandant si elle réussirait bel et bien à trouver la réponse à cette étrange question. C'était une énigme qu'on lui avait servie et à laquelle il avait dû réfléchir longtemps avant de finalement trouver la réponse. Pourtant, Évangéline, malgré tout son bon vouloir, n'arriva à rien après plusieurs minutes et s'en lassa. « Je ne sais pas. Comment est-ce possible? » « Il n'y avait que trois hommes à cette partie de chasse. Le grand-père, son fils et... » « Son petit fils... Je m'incline et ce, même si cette énigme n'est que tricherie! On joue sur les mots! » « N'est-ce pas là toute la beauté des énigmes? » « J'en suis bien d'accord, mon cher. » La soirée se poursuivit alors que tous deux ne se lassaient plus de ce petit jeu instauré entre eux. Ils se défiaient l'un et l'autre et Molière devait avouer que cette femme était exceptionnellement douée. Elle réfléchissait rapidement et surtout, elle avait la logique dans l'âme. Décidément, il avait sa place au château et il ne comptait pas la quitter de sitôt. D'ailleurs, sa relation avec Évangéline lui rappelait sans contredit celle qu'il entretenait avec Alessandro. Malgré son piètre talent pour la comédie, le duc avait su gagner les faveurs du dramaturge par son esprit éclairé. Molière adorait les pièces de théâtre italiennes et espagnoles et Alessandro en profitait pour lui raconter celles qui se déroulaient dans son pays, en Italie. Molière buvait ses paroles, lui qui avait déjà assisté une fois, avec son grand-père, à l'une d'entre elles. Il devait avouer que les souvenirs lui remontaient à la mémoire et qu'il ne pouvait s'empêcher de voir le duc comme un grand ami. C'était ainsi. Les grands esprits se rencontrent, dirait-on. Même s'ils ne jouaient pas souvent sur les mots, il ne cessait de se dire que le château fourmillait de gens intelligents et qu'il fallait en profiter de peur qu'ils ne s'évanouissent dans la nature et ne reviennent jamais.
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 24.01.10 7:12, édité 11 fois |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:40 | |
| « LE COEUR A SES RAISONS QUE LA RAISON NE CONNAIT POINT. » La naissance n'est rien où la vertu n'est pas.« Hé bien! Sganarelle, parlez. Il n'importe de quelle bouche j'entende ces raisons. » « Allons, parle donc à Madame. » « Que voulez-vous que je dise? » « Approchez, puisqu'on le veut ainsi, et me dites un peu les causes d'un départ si prompt. » « Tu ne répondras pas? » « Je n'ai rien à répondre. Vous vous moquez de votre serviteur. » « Veux-tu répondre, te dis-je? » « Madame. » « Quoi? » « Non, non, non et non! » « Vous deviez dire: Monsieur. » s'avança Louis Béjart en tendant le texte original au chef de la troupe. « Je sais ce que je devais dire, c'est moi qui l'ai écrite! fit-il aussitôt en balayant le texte d'une main. Combien de fois devrai-je vous dire que vous devez être plus réaliste? On ne vous croit pas dans votre rôle de Done Elvire! Vous devez être plus réaliste, mais plus comique. On ne fait pas du drame! » « Je ne peux pas être plus réaliste tout en faisant rire l'auditoire, monsieur! C'est impossible! » répliqua aussitôt la malheureuse marquise Thérèse de Gorla alors que le dramaturge s'en prenait à elle de nouveau. « Bien sûr que c'est possible! Vous devez jouer votre rôle à la perfection, les textes feront rire d'eux-mêmes. Mettez-y du coeur! On reprend! » Il avait levé les bras avec cette nouvelle consigne et avait reprit la place qu'il occupait quelques instants auparavant. Il dut toutefois quitter sa position afin de poser les mains sur les épaules de Charles Varlet avec un soupir pour le positionner à son emplacement initial. Comme il le disait si bien et si souvent, chaque personnage avait un espace de travail et il se devait de le conserver pour ne pas nuire à l'harmonie générale du groupe. Ils étaient une troupe, rares étaient ceux qui avaient la chance de faire un monologue devant public et Molière avait la fâcheuse manie de les déplacer ne serait-ce que de quelques pas afin qu'ils soient placés exactement là où il le désirait. Prenant son menton entre ses mains tout en s'éloignant de quelques pas de la scène, il posa un regard nouveau sur chacun des membres de sa troupe. Il savait qu'ils finiraient par y arriver et qu'il ne pouvait espérer mieux pour remplir le rôle de Don Juan que son cher Charles. Lui-même excellait bien évidemment dans le rôle de Sganarelle et même si la marquise semblait avoir quelques difficultés, il était prêt à passer de longues heures en sa charmante compagnie pour qu'elle réussisse. Il ne se trompait que très rarement dans le choix des personnages. Les acteurs changeaient rarement de la première distribution à la dernière, à moins que l'un d'entre eux ne soit blessé ou qu'il ne puisse malheureusement pas tenir son rôle jusqu'à la fin. Comme il n'y avait aucun remplaçant prédéfini, Molière priait pour que ce genre de situations ne se présente pas trop souvent. Souvent contradictoire, on ne savait que rarement ce qu'il voulait réellement et c'est ainsi qu'il avait choisi les membres de sa troupe. Ils étaient suffisamment doués pour interpréter leurs rôles sans vraiment tenir compte de ses incartades. Il leur demandait souvent de faire deux choses totalement différentes alors qu'ils devaient principalement se concentrer sur la première. Rien n'était jamais vraiment clair dans sa tête et il leur faisait confiance pour rendre leur rôle attrayant et captivant malgré les remarques et les reproches qu'il leur faisait. Il croyait donc sans l'ombre d'un doute que les comédiens attribués pour chacun des rôles de sa pièce y avaient leur place et qu'ils feraient leurs marques en gardant en tête les conseils judicieux qu'il leur apportait tout en rejetant ceux qui ne servait qu'à montrer sa supériorité. Molière aimait diriger sa troupe et malgré tout, ses comédiens l'adoraient aussi. Non seulement il était un homme d'esprit séduisant, mais il savait également leur décerner les éloges qu'ils méritaient lorsqu'ils se surpassaient. Ce n'était pas de tout repos, bien sûr, mais Molière désirait les pousser dans leurs plus profonds retranchements. Si jamais ils en venaient à quitter sa troupe, peu en importaient les raisons, ils auraient un bagage suffisant derrière eux pour poursuivre leur vie et intégrer, peut-être, une nouvelle troupe. Ceux qui pouvaient se vanter d'avoir joué avec lui étaient peu nombreux et il préférait cela ainsi. Il pouvait donc garder de bons souvenirs de chacun de ses comédiens et saurait les reconnaître si jamais ils se présentaient à lui, va-nu-pieds et sans foyers, pour les accueillir au sein de sa troupe. Lorsque la nuit tomba, il leur donna congé et passa une main sur son visage pour en chasser la fatigue. Non seulement il devait donner la réplique, mais il devait également superviser tout ce beau monde en n'oubliant aucun détail; les mauvaises habitudes étaient trop difficiles à perdre ensuite. Il attendit que chacun ait regagné son foyer pour s'abandonner en réflexions sur les futurs changements qu'il pourrait apporter à sa pièce. S'installant confortablement dans un fauteuil, il en sortit sa plume et quelques parchemins pour noter de nouvelles idées, ses sourcils se fronçant parfois lorsqu'il revoyait chacun de ses comédiens au sein de son esprit et qu'il tentait de leur attribuer un rôle. L'amour médecin prenait rapidement forme dans son esprit alors que des mains glacées se posaient sur ses épaules et que la tête d'Armande Béjart prenait place près de celle, torturée, de son mari. Son ventre déjà bien rond annonçait un futur enfant et malgré les incertitudes et l'anxiété de Molière, elle était heureuse de tenter de nouveau sa chance. Leur premier enfant était mort quelques mois après sa naissance, mais elle saurait garder celui-ci en vie et elle ne cessait de le réconforter sans jamais avoir l'effet escompté. « Tu me sembles particulièrement tourmenté. Je me trompe? » « Oui. J'ai simplement un nouveau projet en tête, il ne faut pas croire le pire. » « Tu devrais penser un peu moins à tes écrits. Ils te torturent l'âme. » « Mon âme est ce qu'elle est et elle ne changera point. Dois-je en jurer devant Dieu ou tu me fais confiance au point de me laisser gérer mes affaires comme il se doit? » De dix-sept ans sa cadette, il ne la pensait pas en âge de lui dicter sa conduite et il n'aimait pas qu'elle lui reproche de ne pas être souvent à ses côtés. Il avait des obligations qu'il ne pouvait heureusement pas taire et malgré les formes délicieuses de sa douce épouse, il ne pouvait en aucun cas abandonner sa troupe. Elle devrait le comprendre et s'en accommoder. Il referma son livre et passa une main sur la taille de son épouse en la rapprochant de lui, tout en lui volant un doux baiser. Sa main s'égara un moment dans ses cheveux et glissa finalement le long de son corps pour s'échouer sur son ventre qu'il caressa avec tendresse. Il espérait en secret que l'enfant à naître serait un garçon, se languissant de lui apprendre son art avec une volupté indéniable qui ne surprenait personne. Pour certains, les enfants de Molière auraient bien de la chance de l'avoir comme géniteur, mais pour d'autres, il ne faisait aucun doute qu'on les plaignait déjà. On pouvait apprécier ses pièces, mais on ne le voulait pas forcément comme parent. Sa descendance n'aurait sans doute aucun choix d'avenir, le leur étant déjà tracé devant leurs yeux et l'échec ne serait jamais envisageable, seule la réussite les emmènerait quelque part. Pourtant, en laissant ses mains glisser contre le ventre de sa femme, il ne pouvait que présager le pire. Serait-il capable de supporter de nouveau la mort de son enfant? Évidemment qu'il le pourrait. Jusqu'à quel point cela risquerait d'influencer sa vie et ses écrits? Nul ne saurait le dire, surtout pas lui. Il avait dû prendre un peu de recul face à la mort de son premier fils et il ferait tout ce qui était en son pouvoir, c'est à dire, pas grand chose, pour que sa femme n'ait jamais à subir de nouveau cet affront. « Il se fait tard et tu n'as pas mangé. Tu devrais rentrer. » murmura Armande alors que son regard se posait dans celui de son mari, s'attendant bien évidemment à une riposte de sa part. « Tu as raison. Je poursuivrai demain. » affirma-t-il en hochant la tête, se redressant de son siège en passant une nouvelle fois sa main sur son visage, histoire de paraître un peu plus éveillé. Il récupéra son livre et sa plume et suivit son épouse, une main posée sur sa taille alors que celle-ci semblait au mieux de sa forme malgré la nuit tombante. Il n'avait pas à se plaindre, elle était jeune, en bonne santé, elle lui offrirait certainement de nombreux enfants et elle était on ne peut plus charmante. Décidément, il avait dégoté le gros lot, même si sa mère ne cessait d'hanter ses esprits malgré le fait qu'il soit en sa compagnie.
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 21.01.10 5:38, édité 10 fois |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 4:55 | |
| « MAIS LA FIN N'EST PAS ENCORE ANNONCÉE. » Un silence, voilà qui est suffisant pour expliquer un coeur.« ... » « Monsieur? Monsieur! » Pris d'une soudaine et profonde quinte de toux, on le saisit aussitôt sous les aisselles pour l'aider à s'asseoir. Les visages inquiets se rassemblaient autour de lui comme des fourmis lorsque l'on marche par inadvertance sur leur nid. Il n'arrivait pas à respirer correctement alors que sa toux le faisait se courber en deux et lorsqu'il se mit à cracher du sang dans l'herbe fraîchement coupée des jardins, la panique s'installa au sein du petit groupe. Des convulsions le prirent par surprise alors qu'on tentait de le retenir sur sa chaise pour le calmer. « Allez quérir le médecin! Vite! » Lorsque les convulsions cessèrent, Molière sombra dans l'inconscience et on le transporta, non sans mal, jusqu'au château où il put reposer dans une chambre un peu plus discrète. En effet, les comédiens avaient bel et bien remarqué les quelques curieux qui avaient observé la scène, effarés, et on avait préféré le cacher des regards indiscrets afin que les rumeurs ne se propagent pas inutilement. Ceux qui étaient immensément croyants, rares étaient-ils, Dieu soit loué, ne s'approchaient pas trop et demeuraient en retrait, ayant toujours peur de voir la réincarnation du diable dans un homme atteint de convulsions. Pourtant, il s'était calmé et était toujours inconscient lorsque le médecin vint pour l'examiner, après de longues heures d'attente. Sans doute avait-il été retenu auprès d'un patient et personne, sauf le roi, n'aurait l'honneur de voir le médecin courir à son chevet en laissant un patient souffrant derrière lui. Il fallait protéger le roi, coûte que coûte, et c'était important que sa santé soit bonne, mais personne d'autre ne mériterait un tel traitement de faveur sans doute, surtout maintenant que son état s'était stabilisé. Le médecin demeura un long moment auprès du malade et finit par se retourner vers les personnes présentes avec un léger sourire. « Il s'en sortira. Il a simplement besoin de repos. Son temps n'est pas encore venu, les amis! » « Dieu soit loué! Il pourra donc assister à la représentation de demain et y tenir son rôle? » « Il est hors de question qu'il reprenne ses activités d'ici demain. Je ne veux pas perdre mon dramaturge pour de futiles représentations, vous m'entendez? Vous pourrez les assurer vous-mêmes. Trouvez-lui un remplaçant pour les prochaines pièces, je vous donnerai des nouvelles de son état. » Le roi venait de faire irruption dans la pièce dans ses habits coûteux et semblait vouloir qu'on les laisse tranquilles. On ne lui opposa plus aucune résistance malgré le fait que personne n'était d'accord avec son choix de retirer Molière de la scène pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que sa santé s'améliore. Ce n'était pas la première fois que des quintes de toux l'empêchaient de poursuivre son jeu, mais cette fois, il ne voulait pas prendre de chance. Molière était encore jeune, sa femme venait d'avoir un enfant, il ne pouvait pas se permettre de le tuer à la tâche. Quelques vacances lui feraient du bien. Lorsque Molière revint à lui, un long moment plus tard, Louis et Philippe discutaient ensemble à voix basse autour d'une boisson. La nuit était tombée et pourtant, on le veillait. Armande était passée, mais elle n'avait pas pu rester longtemps. De toute façon, elle ne l'avait pas voulu. Sa fille avait plus besoin d'elle qu'elle-même n'avait besoin de son mari, surtout qu'elle ne le voyait presque plus. Elle était simplement venue pour s'assurer qu'il allait bien. « Comment vas-tu, très cher? Tenez. » fit aussitôt le prince en lui donnant un verre d'eau et en posant une main derrière son dos pour l'aider à se redresser alors que le roi s'approchait aussi. « Quelle heure est-il? » « Tard. La nuit est tombée depuis longtemps déjà. » « Ils ont terminé la répétition sans moi? » « J'ai bien peur qu'il n'y ait plus de répétitions pour vous pendant un moment. Vous devez reprendre des... » Le verre d'eau que le prince avait tendu à Molière venait de voler à travers la pièce, mais les deux personnages ne s'en formalisèrent pas. Philippe tentait d'ailleurs de calmer le dramaturge suite à l'annonce un peu rapide que lui avait faite le roi. Il connaissait suffisamment Molière pour savoir qu'être éloigné de la scène ne lui plairait pas. « Je me sens très bien! Je n'ai pas besoin de repos! » « Ce n'est pas ce que le médecin a laissé croire. Calmez-vous... » fit-il alors que Molière se relevait et recommençait à tousser. « J'ai l'air en colère? Je suis très calme! » hurla le dramaturge en levant les bras au ciel. « Assieds-toi, je te prie. Tu te fais du mal. » Molière sembla vouloir se rebeller un peu, mais finit par s'asseoir sur le lit en reprenant sa respiration une fois la quinte de toux passée. Il ne se sentait pas bien, contrairement à ce qu'il avait dit plus tôt et poussa un soupir. « Navré pour... ça. » marmonna-t-il en pointant les résidus de verre un peu plus loin qu'un domestique s'occupait déjà à nettoyer. « Ce n'est pas bien grave, vous savez tout comme moi que ce n'est pas ce qui manque dans ce château. » « C'est déjà oublié. Je suis certain que mon frère ne te demandera pas une grande compensation pour ce verre brisé. » ajouta le prince d'Orléans en riant doucement. « Ma femme est venue? » demanda-t-il en passant une main dans ses cheveux pour en chasser la sueur. « Elle est venue avec la petite Esprit-Madeleine. Elle est adorable, d'ailleurs. Mais elle est repartie. Sans doute reviendra-t-elle demain matin. » Molière hocha simplement la tête avant de reposer à contre-coeur sa tête contre l'oreiller. Il aurait aimé voir le visage de sa femme avant de sombrer de nouveau dans un sommeil agité, mais il ne la demanda pas auprès de lui, préférant simplement se retourner. Il sentait bien que sa femme s'éloignait de plus en plus de lui, ou peut-être était-ce le contraire? Le bébé aurait dû les rapprocher, mais au lieu de cela, ils ne se voyaient presque plus. Ce fut certainement la raison qui poussa le couple à se séparer quelques mois après, alors que Molière reprenait du service dans sa troupe après deux mois de vacances forcées.
Dernière édition par Jean-Baptiste Poquelin le 21.01.10 2:39, édité 9 fois |
| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
ADMIN TRAVESTIE Monsieur fait très Madame
► Âge : 27 ans
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 11:54 | |
| Vaut mieux trop ou pas assez ! Mince pour l'âge je ne sais plus compter Tu préfères prendre quel âge ? En tout cas bienvenue |
| | | Invité
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 17:38 | |
| J'aurais préféré 38 ans, puisque ça le rapproche un peu plus de l'âge du roi, mais ce n'est pas grave, je m'y ferai très bien avec son âge actuel. =)
Merci!
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| | | Philippe d'Orléans
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !Discours royal:
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 19:55 | |
| Bah laissons 38 alors ! On est sur un forum, on peut faire l'impasse sur quelques années Bon courage pour ta fiche ! |
| | | Invité
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 15.01.10 20:10 | |
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| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
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| | | | Invité
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 19.01.10 22:37 | |
| - Bien sûr, je vous en ferai part <3
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| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 21.01.10 5:28 | |
| - Je suis désolée pour le double post, mais je pense bien avoir terminé ma fiche! Je suis navrée d'avoir écrit autant, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. J'espère que ça conviendra!
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| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
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| | | | Invité
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 21.01.10 17:59 | |
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| | | Amy of Leeds
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.Discours royal:
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 21.01.10 19:26 | |
| Oui je pense que nous le rajouterons dans les règlements ^^ J'en parlerai à mes collègues admins ^^ Un paragraphe ou une anecdote cela nous convient tout à fait ! A vous de voir ce que vous préférez ! |
| | | Invité
Invité
| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 24.01.10 7:15 | |
| Voilà! J'ai rajouté deux passages dans ma fiche. C'est nul, mais je n'avais pas d'autre place où les rajouter et j'avais réellement la flemme de recréer des anecdotes avec eux (: Je vous les mets ici pour que ce soit plus clair: Pour Lully: - Spoiler:
Ce ne fut que lorsque Molière eut le loisir de parcourir les couloirs du château seul qu'il fut attiré par une très belle musique, une musique comme il n'en avait jamais vue d'aussi belle. Il s'était approché, avait écouté, jusqu'à ce qu'il aperçoive Lully, celui qui deviendrait sans contredit l'un de ses collègues, l'un de ses bons amis malgré les points sur lesquels ils ne seraient jamais en accord. Ils n'auraient pas le choix, ils en viendraient au: Je m'occupe des dialogues et tu t'occupes de la musique. Même avec cette simple phrase, ils auraient bon nombre d'accrochages, mais finiraient toujours par se pardonner et reprendre le travail après quelques heures à se faire la tête. Ce serait toujours comme ça entre eux et pourtant, en l'apercevant devant ses musiciens, jamais Molière n'aurait pu se douter du lien d'amitié qui se créerait malgré tout entre eux. Il lui ressemblait, d'ailleurs. Il menait ses musiciens avec la même fougue et la même force avec laquelle Molière menait ses comédiens. Il voulait que tout soit parfait. Molière se sentait bien minuscule à côté de cet homme qui jouait déjà à la cour du roi alors que lui-même devait sans doute être encore à l'essai, mais il ne tarderait pas à se rendre compte qu'ils étaient au même pied d'égalité.
Pour Alessandro: - Spoiler:
D'ailleurs, sa relation avec Évangéline lui rappelait sans contredit celle qu'il entretenait avec Alessandro. Malgré son piètre talent pour la comédie, le duc avait su gagner les faveurs du dramaturge par son esprit éclairé. Molière adorait les pièces de théâtre italiennes et espagnoles et Alessandro en profitait pour lui raconter celles qui se déroulaient dans son pays, en Italie. Molière buvait ses paroles, lui qui avait déjà assisté une fois, avec son grand-père, à l'une d'entre elles. Il devait avouer que les souvenirs lui remontaient à la mémoire et qu'il ne pouvait s'empêcher de voir le duc comme un grand ami. C'était ainsi. Les grands esprits se rencontrent, dirait-on. Même s'ils ne jouaient pas souvent sur les mots, il ne cessait de se dire que le château fourmillait de gens intelligents et qu'il fallait en profiter de peur qu'ils ne s'évanouissent dans la nature et ne reviennent jamais.
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| | | Amy of Leeds
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 24.01.10 12:33 | |
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| | | Invité
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] 24.01.10 19:05 | |
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| Sujet: Re: « Et vivre sans aimer n'est pas proprement vivre. » [Done.] | |
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