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 Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté

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MessageSujet: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime09.12.09 18:44

RICHARD DE BRAGELONNE


_______ feat. Guilio Berruti

Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Guilio10



    ► Âge : 28 ans
    ► Titre(s) (ou profession) : Marquis de Bragelonne et comte d’Autevielle
    ► Origines : Le Nord
    ► Situation Maritale : Célibataire



    « Que diable, vous êtes à Versailles ! »

    Un paradis ou un enfer versaillais ?

    Une courtisane : Appréciez-vous ce nouveau lieu que nous offre Sa Majesté ?
    Richard : N’est-il pas somptueux madame ? Convenez-en !
    La courtisane : Si fait mais nous pouvions nous déplacer avant, de châteaux en châteaux et ainsi goûter du pays.
    Richard : Mais Versailles est un pays à lui tout seul très chère. Ne pourrait-on pas dire que ses canaux ressemblent à des îles paradisiaques ? Que sont Marly et Saint Cloud à côté ? Des chef d’œuvre soit, mais ici vous avez la crème de la crème.
    La courtisane : Vous semblez vous y plaire en tous les cas !
    Richard : Je pense qu’hormis mes terres, je n’aime aucun endroit au monde comme celui là.
    La courtisane : Pourquoi cela ?
    Richard : Parce que ce lieu m’a accueilli comme un second chez moi, parce que je ne m’y trouve pas seul.

    C’était vrai, à la mort du comte et de Raoul, plus rien ne le rattachait à ses terres, il avait laissé l’entretien de la demeure à ses domestiques pour venir à Versailles et offrir sa vie au Roi Louis XIV. Le Roi Soleil avait été impressionné par un courage aussi en éveil à son âge, et lui avait ses portes comme sa confiance. Malgré toute la défiance qu’il porte à tous les gens qui y habitent, il aime ce palais jusqu’à en admirer le plus petit détail d’architecture et de peinture. Enfin quand il en a le temps.

    Vérité ou fantasme du complot ?

    Fantasme du complot ? Mais ce n’est plus du fantasme, c’est une réalité, c’est une vérité en tant que telle. Le marquis concilie les deux, puisqu’il est obligé de comploter contre les comploteurs afin de les désarmer. Et c’est tout un art pourrait-il vous dire, un art dangereux même ! Cela dit sa loyauté l’oblige dès qu’il le peut à dire la vérité comme il la pense, au risque de vexer. Il ne se cachera jamais sous des éventails ou derrière un visage poudré qui pour lui est synonyme de mensonge. Mensonge sur soi même en trahissant son naturel pour commencer. Il est d’une famille où le courage est de dire même aux plus hauts ce que l’on ressent. Que les Versaillais se le tiennent pour dit !

    Plutôt colombe ou vipère ?

    Un courtisan : Avez-vous entendu parler de ce que l’on dit à propos de la Duchesse de Grammont ?
    Richard : Apprenez le moi …

    Le ton était dégagé, déjà le marquis écoutait que d’une oreille. Est-ce que ça l’intéressait ? Absolument pas ! Il aurait voulu être à cent lieues de là, mais il fallait entendre ses commérages ennuyeux. Pour un espion, le moindre détail doit être pris aussi vite qu’une grenouille gobant une mouche. Il pourra peut-être servir, une infidélité peut entraîner des conséquences désastreuses, ou une obsession peut amener à bien des folies mettant en péril l’Etat. Naissances, mariages, morts suspectes, tout se devait d’être pris en considération. Plus que ça même, il devait passer aux yeux des Versaillais, comme l’oreille même à qui on confie tous les ragots. Autant vous dire que ce pauvre marquis se doit de sacrément bien jouer la comédie, lui qui en a horreur. Mais que voulez-vous, ce sont les aléas de ce dur métier.


    « Plus bas la révérence, plus bas. »

    ► Prénom/pseudo : Corinne
    ► Âge : 23 ans
    ► Présence sur le forum : Tous les jours
    ► Code du règlement : Code bon by Alex
    ► Suggestion : None


Dernière édition par Richard de Bragelonne le 10.12.09 21:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime09.12.09 18:55

Nous Louis Quatorzième, Roi de France et de Navarre, en ce jour du 17 décembre de l’an de grâce 1665, honorons Richard Andréa de Bragelonne, du marquisat au même nom pour les services rendus par sa famille à Notre couronne. Notre loyal sujet se voit également attribué grâce à l’héritage et l’ensemble des terres de son parent récemment décédé Raoul de Bragelonne, le comté d’Autevielle que ce dernier tenait de son défunt père : le comte Armand de Sillègue et de la Fère.

Pour faire valoir ce que de droict.

Louis


Richard fixait la signature du Roi comme chaque soir depuis plus de trois semaines. Il n’y croyait toujours pas, lui simple vicomte grâce à la mort soudaine de son cousin, se faisait désormais saluer par des comtes et par des Ducs. Il prenait de l’importance à la cour et cela le troublait. Mais pour cette fois il préféra replier cette lettre si précieuse puisqu’elle portait l’écriture de celui qu’il vénérait, et souffla les chandelles qui éclairaient si mal sa chambre. Le jeune homme s’allongea sur son lit, les yeux grands ouverts tournés vers le plafond. Il ne pouvait pas dormir ! Qui l’aurait cru ? Après vingt huit longues années à n’être rien ou pas grand-chose …

***
L’homme descendit les escaliers de la grande demeure familiale quatre à quatre, il paraissait excessivement nerveux, il se mit à déambuler tout d’abord dans la grande salle où l’on donnait parfois des réceptions, ensuite dans les jardins. Tout à sa réflexion il n’avait pas encore aperçu un autre habitant de la bâtisse, qui buvait en toute tranquillité son lait chaud qu’on venait de lui servir. Il se précipita en grandes enjambées vers lui tout en faisant prendre à ses mains des sens qui trahissaient son sentiment.


- Armand, je … je …

- Qu’as-tu donc à balbutier de si bon matin mon cher frère ? Je ne t’ai pourtant pas encore battu à nos entraînements matinaux !

L’homme ne répondit pas au ton taquin de son parent. Ce qu’il avait appris la nuit précédente était bien trop sérieux pour se permettre de rire. L’autre s’en aperçut et adopta alors un visage plus grave et interrogateur.

- Raquel attend un enfant !

Armand parut aussi stupéfait qu’il ne l’avait été lui-même la veille au soir. Il ouvrit une grande bouche bée.

- Mais cela fait plus de six ans que vous êtes mariés, nous avions perdus tout espoir qu’un jour …

Richard de la Fère étira ses lèvres d’un sourire radieux et leva ses yeux au ciel, comme s’il s’agissait d’un signe de Dieu.

- Je sais ! C’est un miracle !

Son frère se leva tout aussi heureux de son fauteuil en velours doré, le prit dans ses bras et lui tapota le dos à la manière virile.


- Je suis si content pour vous deux et pour moi aussi, si c’est un garçon je pourrais enfin avoir un élève à ma taille. Son père je le vaincs trop facilement, cela m’ennuie.

Les deux hommes éclatèrent d’un rire joyeux et communicatif. Bientôt toute la domesticité lui présenta aussi leurs félicitations. Les De la Fère étaient aimés dans toute la région pour leur générosité. De la fenêtre du premier étage, une jeune femme aux boucles brunes vêtue en déshabillé de dentelles blanches regardait ce spectacle attendrissant. Elle passa ses mains sur son ventre déjà arrondi et des larmes de bonheur coulèrent sur ses joues.

***


- Mon oncle, parlez moi donc de ma mère.

Le comte de Sillègue passa une main anxieuse dans ses cheveux noirs de jais. Comment répondre de façon adéquate à cet enfant de cinq ans, il ne connaissait absolument rien à ces choses là, Raoul n’était encore qu’au berceau. Il pensait avoir le temps de les apprendre mais son neveu grandissait trop vite et trop bien.

- Votre mère Richard était la plus belle femme que j’ai pu voir jusqu’à ce jour. Une grâce, un charme inégalable. Les dames à la cour sont souvent blondes et blanches de peau, c’est ainsi que les nobles les apprécient. Par sa physionomie toute hispanique, elle paraissait particulière, avec ses yeux si clairs et sa chevelure si sombre. Elle ne pouvait guère passer inaperçue.

L’enfant tout aussi brun que Raquel de Santil écoutait sagement et attentivement, les deux mains posées sous son menton. Son regard brillait de mille feux. Il adorait sa mère depuis toujours grâce au portrait qu’on avait fait d’elle il y a quelques années de cela.

- Si mère était la plus belle parmi les belles, je me moque des blondes, je n’aimerai que les brunes car elles seules seront dignes d’elle.

Son oncle lui offrit un petit sourire et une moue approbatrice tout en opinant du chef. Il ne voulait vraiment pas perturber les rêves de ce petit garçon. La vie lui ferait changer d’avis en temps voulu si son destin en avait décidé autrement. Un court silence s’installa où la mine joyeuse de l’enfant se métamorphosa tout à coup en tristesse.

- Est-ce parce que mère ressemblait à un ange, que Dieu l’a rappelée à lui ?

Le comte de la Fère attrapa son neveu sous les deux aisselles et le souleva pour le poser sur ses genoux. Il l’entoura de ses bras protecteurs, la tête de l’enfant bascula alors sur son épaule gauche et quelques pleurs trempèrent sa chemise.

- Je vous aime mon oncle.

- Je vous aime aussi Richard … Mais dormez, dormez, un jour prochain je vous dirai tout.

Les heures passèrent, le feu qui crépitait dans la cheminée depuis tout ce temps s’éteignit aux premières lueurs de l’aube. Si l’enfant avait sombré dans un sommeil profond, ce n’était pas le cas du maître des lieux. Le regard rougi par la fatigue, fixé vaguement sur les bûches noircies, son esprit vagabondait trois années en arrière.

***


- Faites attention à vous, Richard de la Fère.

Le petit accent espagnol que son épouse conservait fit fondre l’intéressé une nouvelle fois.

- N’ayez crainte, nous ne partons pas loin vous le savez bien.

Il l’embrassa et caressa la tête déjà bien fournie en cheveux du bébé endormi qu’elle portait dans ses bras.

- Prenez soin de notre fils durant ses quelques jours.

Son frère sortit alors de la demeure un air terriblement désolé dépeint sur son visage. Il se dirigea le bras en écharpe vers le carrosse prêt à s’élancer.

- Je suis navré de vous imposer ce voyage à toi Richard mais aussi à vous, père.

La tête ridée mais d’un maintien tout militaire du vieux comte apparut à travers l’ouverture de sa porte.

- Je suis bien plus solide que mon corps ne le laisse paraître mon fils !

- Je n’en doute pas mais si je n’avais pas provoqué en duel ce misérable, je serai à votre place.

- Devrais-je t’en vouloir d’avoir défendu mon épouse contre ce blanc bec ? Allons ne t’en veux de rien, nous te rendons ce service avec plaisir.

Les deux hommes saluèrent le petit monde qui s’était groupé à l’entrée de leur domaine lorsque le cocher lança les chevaux au trot. Armand invita en toute galanterie sa belle sœur à rentrer, puis fit de même. Il ferma derrière eux la porte vitrée et regarda au loin le sillon de poussière dégagé par le carrosse. Il ne savait pas pourquoi mais un affreux pressentiment venait de le prendre au ventre.

***



- Et cependant, tant est puissante la majesté monarchique chez nous, que cet homme n'a pas même l'honneur d'une tombe aux pieds de celui pour la gloire duquel, il a usé sa vie. Car cet homme, souvenez-vous de cette chose, s'il a fait un Roi petit car incapable de décider sans lui, il a fait la royauté grande, et il y a deux choses qui comptent en ce bas monde: le roi certes, mais qui meurt, et la royauté qui ne meurt pas.

Richard en compagnie de son cousin déambulait entre les tombes de Saint Denis aussi voir plus attentif que Raoul. Il regardait les tombeaux de François Ier, ce grand vainqueur de Marignan, d’Henri IV le haï et l’assassiné et pourtant quel souvenir gardait-on de son fameux panache blanc ! Enfin il s’était arrêté devant celui de Louis XIII, lui dont parlait son oncle, de lui et de Richelieu.


- La Royauté ne meurt pas avec celui qui porte la couronne ?

- Non mon neveu.

- Pourtant les politiques changent, les parlements, les ministres. Lorsqu’un Roi rejoint notre créateur, un peu de sa royauté doit partir avec lui.

- Ce que vous dites n’est pas faux Richard, mais depuis Clovis ces dépositaires de la foi et de l’état, reçoivent tous la même onction bénite, le même Saint Chrême à Reims. Tout comme la justice, et la foi qu’ils jurent de protéger, ils sont plus que vous et moi malgré leur grandeur l’esclave de leur patrie. Car ils se doivent à elle en toute circonstance.

- Et nous nous devons donc au Roi ?

- Oui car vous vous devez à la Royauté dont vous êtes le garant au même titre que lui.

- Mais si la Majesté que nous servons nous déplaît. Celle que je devrais servir parait absolue, imbue d’elle-même, nous considérant comme d’insignifiantes planètes qui gravitent autour du Soleil qu’Elle s’est choisie comme emblème.

- Il me semble que je vois votre avenir comme à travers un nuage. Il est meilleur que le nôtre, je le crois. Tout au contraire de nous, qui avons eu un ministre sans roi, vous aurez, vous, un roi sans ministre. Vous pourrez donc servir, aimer et respecter le roi. Même si ce roi est un tyran, car la toute-puissance a son vertige qui la pousse à la tyrannie, servez, aimez et respectez avant tout la royauté.

- Cela parait si simple dans votre bouche mon oncle, cependant la Royauté ne fonctionne que grâce au Roi, elle dépend également de ses agissements. La Fronde a bien failli le renverser lui et le principe qu’il défend, car les gens étaient assaillis de doutes. Et si je viens à douter moi-même ?

- Alors sachez distinguer toujours le roi de la royauté ; le roi n'est qu'un homme, la royauté, c'est l'esprit de Dieu ; quand vous serez dans le doute de savoir qui vous devez servir, abandonnez l'apparence matérielle pour le principe invisible, car le principe invisible est tout.

Richard plongea ses yeux bleus dans ceux de son oncle, Raoul suivait la conversation avec intérêt mais restait un peu en retrait plus timide qu’il était par rapport à lui. Tandis que le comte de la Fère allait se recueillir sur d’autres tombes, l’adolescent resta un long moment dans ses pensées. Lorsqu’il sortit de la basilique, sa famille l’attentait, il était rentré encore adolescent, il sortait en homme. Raoul et Armand le sentirent à son visage déterminé.

- Si je viens à douter je me souviendrai de vos paroles mon oncle et je me réfugierai dans cette nécropole pourtant temple d’une royauté vivante que je dois servir. Je vous promets solennellement de ne jamais trahir mon Roi et d’oublier ses faiblesses humaines pour n’être aveuglé que par le bien suprême de l’Etat. Pour vous mon oncle et pour mon père !

Le vaillant mousquetaire lui tapota l’épaule, la fierté luisant dans ses yeux.

- Je n’ai plus besoin d’être ton tuteur Richard, ce que tu devais apprendre, tu l’as appris. Aujourd’hui tu serais l’orgueil de ton père ! Tu ne portes pas son nom pour rien !
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime09.12.09 19:42

- HALTE !

Le carrosse fut sans que personne ne puisse faire un mouvement encerclé par une troupe d’hommes masqués et solidement armés.

- Vous à l’intérieur, sortez !

Le vieux comte de la Fère et son fils ainé obtempèrent. Richard se plaça devant son père afin de le protéger. Au premier brigand qu’il vit il lui lança une bourse bien garnie.

- Nous n’avons pas plus à vous donner. A présent laissons-nous en paix.

Le voleur soupesa plusieurs fois l’argent dans sa paume et accrocha la bourse à sa ceinture.

- C’est fort généreux de votre part messire, mais nous avons été déjà payés pour cette mission. Cela dit tout supplément est bon à prendre. Ca sera, comment dire, comme si les condamnés payaient en avance leurs funérailles.

Il s’était mis à tourner sa petite moustache et soudain éclata d’un rire gras et cynique reprit bientôt par tous ses comparses.

- Bien que nous ayons que l’ordre d’abattre qu’un seul d’entre vous ! Alors Messire, êtes vous Armand de Sillègue ?

Richard mit la main à son épée qu’il tira et plaça devant son père âgé.

- C’est tout comme !

- Bien ! Alors c’est toi qui mourras. Débarrassez-moi de lui vous autres !

Un combat féroce s’engagea où Richard était seul contre tous mais se battait en fauve. Durant la grossesse de Raquel qui l’avait rendu toujours nerveux et à l’heure de l’accouchement afin de se calmer, il avait nettement amélioré son jeu d’épée. Cet entraînement intensif lui servait aujourd’hui. Mais il ne ferait pas longtemps le poids contre quinze hommes, il s’épuisait rapidement. C’est alors qu’un cavalier galopa jusqu’à leur hauteur, tout le monde crut qu’il s’agissait d’un homme jusqu’à ce que le dit inconnu laisse apparaître une chevelure blonde et soyeuse en ôtant son chapeau.

- Imbéciles que vous êtes ! Ce n’est pas lui !

Le brigand qui avait reçu la bourse prit une mine penaude qui le rendait ridicule. Un lâche bien sûr, on ne pouvait pas faire ce métier et être courageux !

- Il nous a dit que c’était tout comme, et c’est bien votre amant qui était annoncé, madame la Duchesse !

- Tais toi donc ! Tu n’es qu’un idiot que je paie trop bien !

La femme, splendide d’ailleurs fit marcher sa monture jusque devant ses prisonniers essoufflés.

- Qui êtes vous ?

- Richard de la Fère, voici mon père … et vous-même ?

- Je suis la duchesse de Chevreuse, la mère de l’enfant de votre frère, que je porte depuis quelques semaines.

- Madame, je ne croirai jamais que mon frère vous abandonnât à votre triste sort, il remplira ses obligations de père.

- Que m’importe cela ! Je désirai de toute manière l’abandonner à lui à la naissance. Non si je veux sa mort c’est pour tout autre chose.

- Et pour quoi donc madame ?

- Il a refusé de rejoindre le parti de la Fronde, dont je suis !

Richard de la Fère eut un rire bref et entendu.

- Ca ne m’étonne guère de lui, madame, j’aurai également refusé !

La noble dame se hissa outrée sur sa selle et s’en pinça les lèvres, ce qui la rendit bien moins agréable à regarder.

- Je ne peux pas vous laisser en vie, vous en savez trop, mais j’aurai peur d’être confondue si vos corps montrent des signes d’assassinat, je vais donc me faire plus subtile. Vous, attachez les et remettez les dans le carrosse avec leur cocher.

Elle donna ensuite de silencieuses instructions à son homme à tout faire dont la sueur perlait à son front, quelques minutes plus tard le coche s’engagea sur une route sinueuse. La course était folle et les chevaux lancés au triple galop, les secousses étaient telles que les glaces des ouvertures se brisèrent. Richard put se glisser à terre et malgré ses mains liées dans le dos attraper un fragment, il plongea alors le morceau au fond du tissu de sa banquette. Il put tracer à l’aveuglette : CHEVR … Mais au bord d’un précipice vertigineux, le brigand enleva l’attache qui séparait le carrosse de son siège, et la voiture plongea de rochers en rochers. Elle s’écrasa plusieurs mètres plus bas, laissant les passagers les uns sur les autres tous morts.

***


- Je veux remonter mon père et mon frère de ce précipice. Je vais donc trouver un moyen d’y descendre.

- Allons comte, soyez raisonnable !

- Raisonnable ? Pensez-vous que ce soit si déraisonnable d’offrir à ma belle sœur et à son fils une tombe décente sur laquelle ils pourront prier ?

Le commissaire qui lui avait tout appris il y a quelques heures continuait à être sceptique.

- Mon neveu n’a que dix huit mois, monsieur ! Que lui dirais-je lorsqu’il sera en âge de comprendre ? Il n’aura aucun souvenir de son père ou de son grand père, aucune image à mettre sur leur visage, devra t-il également subir l’absence d’une sépulture ? Pourtant, lieu de recueillement par excellence où il pourrait se sentir proche d’eux ? Pour ma part, je refuse de laisser ma famille et un serviteur apprécié en proie aux charognards, même si je dois m’y rendre seul !

L’agent de police le laissa mettre pied à terre, en donnant ordre à ses hommes de faire pareil.

- Dix hommes descendent avec nous, les autres restent ici pour remonter les corps puis nous remonter. Des cordes !

Armand adressa au commissaire un léger sourire de remerciement. La descente fut fastidieuse mais il y parvint le premier. Il trouva les corps de ses parents entiers mais bien mis à mal, entaillés de toute part et s’écrasant les uns sur les autres. Il ouvrit comme il put l’une des portes et s’effondra sur ses deux genoux. Il tint la main de son frère et de son père pendant de longues minutes et c’est le regard embué de larmes qui ne voulaient pas couler qu’il vit la marque laissée par Richard.

Sur ses entrefaites, le policier arriva et porta également son regard sur ce qui était gravé dans le tissu.


- Une torche !

Un homme lui en apporta une et il put éclairer ainsi l’inscription.

- CHEVR ? Qu’est ce que ça veut dire ?

- Je ne sais pas.

Le nouveau comte de la Fère venait de mentir, il savait très bien ce que ça voulait dire et c’est les yeux horrifiés qu’il aida à sortir les corps. Une fois remontés, ils furent transportés au domaine où on les exposa pour leur rendre un dernier hommage. Tout en se rendant sur leur catafalque, Armand se répétait à lui-même, c’est un meurtre, c’est un meurtre !

***


- C’était un meurtre Richard, votre père n’est pas mort dans un accident.

- Que dites-vous ?

- La vérité, on l’a tué par erreur, c’est moi que l’on visait.

- Vous mon oncle ?

- Oui j’ai été séduit par la duchesse de Chevreuse lors d’une nuit, seulement elle crut jouer de son ascendant pour que je rejoigne son camp, celui de la Fronde, j’ai refusé. Elle a certainement voulu se venger, souvenez vous ce jour là, votre père a pris ma place dans le carrosse.

- Mais cette Chevreuse est la mère de Raoul, n’est ce pas ?

- C’est exact, c’est pour cela que je n’ai jamais rien dit. Comment donner à mon fils l’image d’une mère assassine ? Mais à présent qu’il est mort, je peux vous l’avouer.

Le vieux comte que le vaillant mousquetaire était devenu, tendit la main à son neveu.

- Me pardonnez-vous cette lâcheté, commise au nom du bonheur de mon fils?

- Bien sûr mon oncle.

- Vous êtes bon Richard, votre mère est morte de chagrin en pensant toujours à l’accident, peut-être que la rage contre celle qui avait tué votre père aurait pu l’aider à supporter sa douleur.

Le jeune homme de vingt huit ans baissa les yeux, évoquer la mort de son père et de sa mère lui faisait mal mais au moins il savait désormais la vérité. Mais il préféra occulter pour une autre interrogation.

- Comment êtes-vous sûr que cette Chevreuse a tué mon père ?

- Une inscription que l’un des passagers a gravé avant de mourir dans le tissu des banquettes, on ne pouvait lire que CHEVR mais avec tout ce que je viens de vous dire … cela me semble accablant.

Le visage de l’orphelin s’empourpra d'une haine subite. Le comte leva la main pour calmer son neveu.

- Ne vous adonnez pas à ce sentiment néfaste de vengeance Richard, ça ne pourra que vous détruire, j’en sais hélas quelque chose, c’est pour cela que j’ai renoncé à mon titre pour adopter celui d’Athos. Ne faites donc pas comme votre vieux oncle.

- Je vous obéirai car vous êtes la sagesse même et soyez sûr que dans mon cœur, vous êtes un homme sans tâches … De toute façon je ne peux plus rien contre une morte.

- Défiez vous tout de même de sa petite fille. Cette famille là a dans les veines le complot et la trahison. C’est une race qui ne donne que des vipères, des vipères belles hélas ce qui fait leur pouvoir.

- Je me défie de toute la cour mon oncle vous le savez bien, puisque je suis désormais espion du Roi, grâce à votre enseignement à la royauté. Mais je me défierai encore plus de cette Chevreuse.

- Vous m’en voyez ravi ! Voulez-vous bien me laisser me reposer à présent ?

Richard se leva du lit de son oncle où il s’était assis et quitta sa chambre.

***

Son rêve s’arrêta ici. Tandis que son oncle fermait les yeux, le marquis de Bragelonne et d’Autevielle ouvrait les siens. Il avait finalement fini par s’assoupir. Mais il devait quitter ses appartements, l’heure de guetter arrivait, il était bien connu que les complots se trament sous fond de nuit à l’heure des messes basses … Evangeline de Comborn, comme bien d’autres, devaient déjà être sur le qui vive.


Fin


***Références pour certains dialogues prises dans le roman Vingt ans après, d'Alexandre Dumas***
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime10.12.09 18:27

Je dis Shocked !

Très belle fiche, par contre, les couleurs des dialogues m'ont niqué les yeux. PTDR

Un détail me chipote un petit peu... Armand de Sillègue, c'est Athos. Il meurt ?
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime10.12.09 20:25

Merci Embarassed et pardon pour les couleurs, j'essayais de distinguer les dialogues Laughing

Sinon oui comme Athos dans Dumas a au moins 10 ans de plus que d'Artagnan (imaginez donc !) je l'ai fait mort en 1666. C'était un petit pépé à qui je donnais la soupe et j'ai en plus maintenant vingt huit ans! Laughing Mais c'est pour ça que j'hérite de ses titres de Bragelonne et d'Autevielle, portés par son fils Raoul sauf pour celui de la Fère puisqu'il y a renoncé en s'appelant Athos.

Je précise sinon pour éviter toute confusion avec lui, que je ne suis pas mousquetaire mais bel et bien espion du Roi. Smile

Voiloù j'espère que tout est bon Smile
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime18.12.09 22:51

Très bien !

Je valide alors !
Quand j'y pense ! Il rest plus qu'Aramis de l'équipe des Mousquetaires de Dumas. Porthos est mort... Athos aussi, pauvre Charles d'Artagnan, il lui reste l'abbé ! Laughing
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime21.12.09 16:54

Génial, merci de m'avoir validé!

cheers
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MessageSujet: Re: Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté   Richard de Bragelonne : Au service de Sa Majesté Icon_minitime

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