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 Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|

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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Après avoir souffert ces dernières années, ma belle Elodie le remet en marche ♥
Côté Lit: Je suis fidèle à l'amour et à un seul être. Et je l'attendrais.
Discours royal:



    Ҩ PRINCE CHARMANT Ҩ
    Je te promets la clé des secrets de mon âme


Âge : 25 ans
Titre : Duc de Gascogne
Missives : 638
Date d'inscription : 01/06/2008


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MessageSujet: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime29.03.09 18:42

Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Ow73 Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Trizia_gb-chace06
« Un ami, c'est aussi précieux qu'une vie. »


    Tant de souvenirs ici. Cette chambre, ma chambre qui m'a vu grandir et dont chaque recoin est rempli de souvenir de voyages. Ce manoir aux milles et un visages. Ce jardin et ces bois juste à côté, la rivière où j'ai appris à nager … Je ne sais plus trop quoi penser, je suis content d'être ici mais en même temps, je prie pour retourner le plus vite possible dans mon château. Cette nuit fut horrible de cauchemars, je ne peux fermer l'œil de la nuit alors j'observe le soleil se lever.

    Philippe avait encore mal dormi dans sa chambre, comme la précédente après son arrivée. Il revoyait encore sa défunte fiancée le chercher, l'emmener dans la chambre et s'endormir l'un contre l'autre avant qu'il ne découvre son cadavre. Plusieurs fois il était tombé de son lit sous la peur et ne faisait que des siestes de quelques minutes, agitées et toujours cauchemardesques. Il entendait Barnabé, leur serviteur, se réveiller et se mettre à travailler sans faire de bruit. D'habitude, du moins avant son long départ, son père se réveillait et ses lourds pas se faisaient entendre jusqu'au premier étage mais là, non puisqu'il n'était pas dans la maison, on ne sait où et peut être en danger. Pourquoi avait-il accepté de revenir sauver un homme dont les dernières paroles adressées furent qu'il était la honte de la famille et n'a jamais daigné répondre à ses courriers ? Pour prouver qu'il n'était pas si peureux, pas une honte, montrer qu'il avait changé, qu'il s'en sortait très bien seul … Foutaises, c'était son père après tout et il ne pouvait pas le laisser dans ses problèmes, s'il arrivait malheur à Charles, le cadet s'en voudrait car il ne serait pas intervenu. Mais aussitôt que tout cela serait fini, le jeune Duc enfourcherait son Hébé chéri et repartirait sur ses terres, là où il se sentait chez lui et où personne ne le jugeait pour ce qu'il avait fait, ou pas fait justement, il y a deux ans déjà. Il se perdit dans ses pensées, à contempler le ciel devenir bleu, voir la nuit s'effacer et l'astre rougeoyant s'élever. Il ne se souvenait plus d'avoir une si belle vue sur ce spectacle, il ne le voyait pas beaucoup avant, dormait la plupart du temps à cette heure-là. Assis sur le rebord de la fenêtre, le nez collé à la vitre, ses grands yeux bleus semblaient nostalgique que sa vie d'avant, celle où il n'avait pas cette pointe de culpabilité sur le cœur, à l'époque où la vie semblait si facile, à faire des aller-retours entre le manoir, le duché et le reste du monde, où les disputes de son père mettaient un peu d'ambiance dans la maison, où les fille venaient le courtiser tout grand sourire, où personne n'avait un jugement accusateur sur sa personne. Mais en même temps, sans ce décès, aurait-il eu le cran de traverser l'Atlantique, aurait-il autant voyagé sans se préoccuper d'autrui, aurait il rencontré Angélique ?

    Autant de questions vinrent dans son esprit jusqu'à ce qu'un éclatant rayon de soleil le fit sursauter tant il était éblouissant. Plus haut dans le ciel, il se rendit compte que le temps passait trop vite. Le temps d'une toilette rapide, Philippe s'habilla d'une chemise blanche et pantalon noir d'avant son départ, il dut donc serrer sa ceinture d'un cran tant il avait maigri. Son reflet le désespérait, il s'était un peu remplumé mais pas assez, ses traits de visage étaient encore creux et il remplissait difficilement ses vieux pantalons. Enfin, le jeune homme avait meilleure mine que le jour où il s'était véritablement regardé dans un miroir, pâle comme la mort et plat comme une planche à pain, pas très propre, on aurait dit qu'il sortait de son cercueil. Là, ses joues rosissaient à nouveau, il semblait plutôt en forme. Un coup de brosse dans sa tignasse blondie par le soleil de Gascogne, il évacua ses idées et descendit à la cuisine où Barnabé préparait de quoi manger le matin et sourit en voyant le garçon debout et habillé. Il l'invita à s'asseoir et le salua.

    « Bonjour Philippe, à moins qu'on t'ait habitué à Monsieur le Duc ! »
    « Bonjour Barnabé. Et Philippe suffira, merci ! »
    « Tiens, mange. Que vas tu faire de la journée ? »
    « Je ne sais pas, je ne tiens pas à me montrer encore au château, pourquoi ? »
    « Je crois qu'une certaine demoiselle des potagers aimerait bien avoir de tes nouvelles ! »

    Il lui fit un clin d'œil amusé et se retourna pour servir le café que Philippe avait ramené pour lui en servir. Devant ses yeux, trop à manger, il n'avait plus grand appétit mais grignota quelques tartines et son café tout en repensant à cette petite conversation. Le serviteur avait raison, ce serait une belle surprise pour Apolline de le revoir ici car, dans les quelques lettres envoyées, il avait bien marqué son désir de ne jamais revenir. Comme quoi il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d'avis. L'estomac rapidement calé, il prit son vieux manteau noir pour ses escapades ainsi qu'une petite bourse et partit pour l'écurie seller son fidèle compagnon avant de galoper à toute allure. Il connaissait ce chemin que trop bien, il avait même son raccourci pour ne pas passer par le château et se rendre directement au potager. Son Apolline, son amie d'enfance, sa duchesse des potagers, que de souvenirs avec elle, pas toujours très drôles mais bien présents. Elle a toujours été l'épaule sur laquelle pleurer et celle sur laquelle rire aussi, une amitié sans faille bien que trop ambiguë à une certaine période de leur première fois dans les bras l'un de l'autre. Et aujourd'hui ? Elle était toujours son amie et espérait être bien accueilli. Le potager était vaste, il attacha Hébé et y pénétra avec des pas doux, ses bottes frôlaient le sol silencieusement. Elle était toujours ici, adorait ce petit monde où elle lui avait appris les noms des épices, leurs goûts … Le garçon déboutonna sa veste car il faisait à présent bon et ses yeux azurs la recherchèrent. Il la vit enfin, à genoux à travailler, l'air concentré. Il fut tenté de lui sauté dessus pour lui faire peur mais quelque chose lui revint en tête. A une certaine époque, Philippe s'amusait à écrire des poèmes, qu'il trouvait toujours dénués de talent mais il n'avait pas pu s'empêcher d'en lire un à son amie qui la concernait. Et c'est ainsi qu'il s'exprima à elle, un petit sourire au coin des lèvres.

    « Je n'ai de cesse de me répéter, mademoiselle,
    Qu'entre toutes les dames, vous êtes la plus belle.
    Vous, cette parfaite duchesse des potagers
    Où tous ces plants sont vos parfaits sujets. »


    Il y avait de quoi interpeller n'importe qui, lui se retint de rire lorsqu'elle tourna la tête, finit sa tirade et s'approcha les mains derrière le dos et la fixait, guettant chacune de ses réactions. Elle n'avait pas changé, toujours aussi belle avec ses yeux au mélange vert et gris, couleur indéfinissable qu'il adorait. Elle semblait surprise, quoi de plus normal vu qu'il ne l'avait pas prévenu et qu'elle savait son dégoût pour Versailles et son envie d'y rester loin pour toujours. Elle le connaissait par cœur, verrait sans doute de suite sa maigreur et cette pointe de tristesse dans son regard, il le saurait bien assez vite mais il reprit la parole, son sourire s'élargissait davantage.

    « Je me souviens encore de ces vers, ils sonnent toujours aussi mal mais il me fallait une manière originale pour m'annoncer, tu sais que je n'aime pas les conventions … Alors, contente de me voir ? »

    Lui en tout cas, oui. Car les tensions familiales le pesaient et il reniait cette attirance pour la belle comtesse de Sancerre, il ne lui restait que les amis mais peu avaient réussi à avoir cette confiance absolue. Elle était probablement la seule à faire parti de ce cercle très fermé et il était bien content de la retrouver car elle lui avait énormément manqué.
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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime30.03.09 20:24

      « Tiens Cécile, pour la semaine de loyer à venir. »
      « Apolline tu es en avance. Tu as encore deux jours avant de payer. »
      « Oui mais ça sera fait. Bonne journée Marie. »
      « A toi aussi, à ce soir. »

    Cécile, la gérante de la taverne où logeait Apolline déposa sur le comptoir en bois une pomme, et elle accompagna ce geste d'un clin d'œil discret. Elle ne savait pourquoi la serveuse accomplissait ce geste, devenu presque comme un rituel. Pourtant Apolline mangeait correctement, et l'auberge entière en était témoin. Peut-être est-ce simplement un signe amical, il est vrai que cela faisait déjà quelques temps que la jardinière louait une chambre, de manière à avoir un toit sous lequel dormir pour aller travailler au palais chaque jour de la semaine. Donc la pomme donnée chaque matin aurait surement la signification suivante : "prends soin de toi en cette nouvelle journée". Quoi qu'il en soit le geste était apprécié comme chaque matin, il est vrai qu'elle avait peu de relations à Versailles et encore moins au palais. A part quelques amis qu'elle ne voyait que trop peu elle passait beaucoup de temps seule, enfin seule, elle avait le jardin pour lui tenir compagnie. Même si elle avait régulièrement l'occasion de discuter rapidement avec d'autres jardiniers ça n'était pas de vraies conversations comme on peut en avoir avec un ami, ils discutaient généralement quelques minutes avant de ne plus savoir quoi dire et donc de couper court à la conversation, enfin ce semblant de conversation. Enfin rester seule n'était pas une plaie, loin de là. Au moins elle pouvait aisément s'abandonner à sa passion et à ce qu'elle aime. Elle avait un rapport assez particulier avec ce qui venait de notre terre mère et on la laissait souvent faire comme bon lui semble, lui faisant confiance. Il faut avouer qu'elle n'inspirait pas le mal, elle avait le regard de nature assez douce et sourit à tout bout de champ, si bien que quelques personnes la prennent comme hypocrite à afficher ce sourire si souvent. Mais il s'agissait là de sa nature, et jusqu'à présent rien ni personne ne lui ont fait changer. De plus, comment ne pas être heureux quand on fait chaque jour un métier que l'on aime? Voilà pourquoi elle ne se plaignait pas à la tâche, elle aimait son gagne pain et elle n'était embêtée par personne car elle n'était pas assez importante pour que l'on parle d'elle et c'était tant mieux. Elle s'éloigne le plus possible de ce monde de désillusions et de mensonges. De nature franche elle n'hésitait pas à dire ce qu'elle pense mais avec du tact, modérons tout de même ce flot de paroles et contrôlons nos dires.
    Sur le chemin qui menait au château elle croisa quelques paysans qu'elle avait l'accoutume de croiser. En les voyant elle les salua d'un signe de tête et ils le lui rendirent bien. De la poche de son tablier gris elle sortit sa pomme qu'elle essuya avant d'en croquer un morceau. Elle était sucrée et acide à la fois, certes ça n'était pas aussi bon que les légumes que le potager royal offrait mais la pomme plut aux papilles gustatives d'Apolline. Le chemin qui mène du bourg au château n'était pas très long et comme le temps était ensoleillé le trajet semblait assez court. En revanche quand il pleut il n'est pas agréable d'emprunter le chemin car il est parsemé de gadoue et dans ce cas là un paysan a bien souvent l'amabilité de la déposer à quelques pas de l'entrée des ouvriers. En entrant dans les pièces consacrées à l'entretient des jardins, orangerie et potager il n'y avait pas grand monde. Il faut avouer que l'heure était matinale, certes les ouvriers au château avaient des horaires indiquant le nombre d'heures de travail mais qu'est-ce qu'Apolline pouvait bien faire d'autre? Même si elle aimait son travail profondément ses journées devenaient redondantes, toujours les même personnes croisées, il n'y a que quand elle a l'occasion de voir Claire qui est comédienne dans la troupe de Molière qu'elle peut prendre du bon temps. Sinon Philippe qu'elle connait depuis son enfance avait hérité du titre de Duc et il se devait d'être présent sur ses terres. Et puis son ami n'était pas le genre de personnes aimaient l'ambiance qui règne à Versailles. Il avait même dit qu'il ne reviendrait plus au château. Depuis lui & Apolline s'échangent quelques lettres mais avouons que bien qu'il lui ait écrit à lire elle ne maîtrisait pas très bien l'écriture. Mais elle avait au moins le mérite de s'appliquer du mieux qu'elle pouvait bien que trop souvent le mieux qu'elle pouvait était assez ridicule.
    Saluant Paul Raux, jardinier officiel de Versailles, elle prit quelques outils pour désherber les herbes empêchant les épices de pousser à leur guise. Une nouvelle journée de travail s'annonçait et Apolline la voyait déjà comme une de ces journées banales où rien ne s'y passe: s'agenouillant devant le thym puis analysant chaque céleri avant d'entendre Philippe parler. Étonnée elle tourna la tête dès qu'elle reconnu sa voix. Elle espérait réellement qu'il s'agisse de son ami et non pas d'une vulgaire voix identique à la sienne. Mais les paroles de reconnaissance prononcées ne pouvaient venir que de la bouche de Philippe. Il avait en effet récité un poème qui lui ressemblait fortement et qu'il lui avait récité. Ce moyen de s'annoncer à elle ressemblait parfaitement au cadet d'Artagnan. Plein d'imagination il lui offrait souvent quand ils étaient plus jeunes des surprises de ce type mais celle là était de loin la préférée d'Apolline. Ils ne s'étaient pas vu depuis quelques temps et il ne l'avait pas prévenue d'une lettre qu'il devait à Versailles. D'ailleurs elle se demandait bien les raisons de sa venue et pourquoi il ne lui avait pas dit plus tôt. Elle abandonna avec joie son travail pour se lever et sans essuyer ses genoux où la terre venait régulièrement se coller elle couru presque jusqu'à lui pour le serrer dans ses bras. Il n'avait pas changé, enfin si. Il avait maigri, ses joues s'étaient creusés, sa taille avait perdu en largeur et il semblait exténué. Malgré cette transformation physique il restait identique à lui même, il avait cette même odeur et ses même yeux bleus et ce même besoin de partir, revenir quand bon lui semble où quand une affaire l'appelle, se ressourcer et tout quitter à nouveau. « Je me souviens encore de ces vers, ils sonnent toujours aussi mal mais il me fallait une manière originale pour m'annoncer, tu sais que je n'aime pas les conventions … Alors, contente de me voir ? » Dit-il. Si elle était contente de le voir? Elle souriait comme jamais, ses yeux brillaient de bonheur de revoir son plus vieil ami.

      « Contente serait réduire ce que je ressens en ce moment même. Je suis aux anges de te voir ici. Comment vas-tu depuis tant de temps? Et que fais-tu ici? Et pourquoi ne m'as-tu pas prévenu avant, j'aurais tout de même pu faire un effort. Et comment se passe la vie en Gascogne ? »

    Prenant une profonde inspiration elle stoppait ce flot de paroles là. Mais elle ne l'avait pas vu depuis tellement de temps qu'elle avait des tonnes de questions à lui poser. Elle voulait rattraper de manière orale tout ce temps perdu et bien qu'ils se soient échangé quelques lettres rien ne vaut une vraie conversation de ce genre.


[HJ: désolée du retard Rolling Eyes ]
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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime31.03.09 15:52

    Ah, son Apolline, toute une histoire entre eux deux. Ils se connurent alors qu'ils étaient encore enfant, lui dans son petit costume et elle dans sa robe tâchée de terre, deux vies si opposées mais des caractères tellement similaires, voilà pourquoi pourquoi ils s'entendirent si bien et que cette complicité ne les a jamais quitté. Elle le connaît sur le bout des doigts, l'a vu pleuré dans ses bras après la fameuse gifle de son père. Il lui apprenait à lire pour l'instruire davantage et elle lui a fait découvrir le monde des plantes. Cela ne l'a jamais quitté, même en Gascogne, lorsqu'il observait le jardinier cultiver ses plants de tomates, il se souvenait de ses conseils et comment bien faire. C'était à l'époque où il ne parlait pas beaucoup encore mais cela ne l'empêchait pas de ressasser ses souvenirs. L'homme du jardin voyait son intérêt mais aussi connaissait son état d'esprit, il le laissait admirer le travail. Philippe connaissait beaucoup de choses sur le monde floral et des épices, à force d'avoir traîné dans ce potager aux bonnes senteurs, au calme propice à la tranquillité. Ici pas besoin de grande sophistication ni de chichis. Le garçon venait toujours habillé comme un simple cavalier, cela lui suffisait. Les rares fois où son amie l'avait vue bien habillé, elle n'avait pas pu s'empêcher de pouffer de rire. Mais aujourd'hui, il reprit ses bonnes habitudes. La simplicité primait chez le jeune Duc, peu importe son titre et le nombre d'hectares de son duché, avant tout il se voulait simple. Sa mère l'avait éduqué dans ce sens, ne jamais en vouloir trop, se contenter de ce qu'on avait et ne jamais envier autrui. Bon d'accord, il avait parfois envier la position de certains mais jamais bien trop longtemps, il avait eu la chance d'être élevé dans une bonne famille, une mère très présente et un frère complice, avoir été instruit et qu'on lui ait ouvert sa curiosité, son envie de voyage et cette liberté. Mis à part les quelques malheurs dans sa vie, il fut plutôt chanceux. Mais les drames de sa vie furent vraiment difficile à surmonter, là encore il était dans une phase critique au niveau de moral et quoi de mieux que les amis pour aller mieux ?

    Alors le voilà, dans ce lieu aux mille visages. Ici, d'innombrables fous rires, des leçons de botanique, des confidences entre deux plants, il y eut même ici sa première fois, à l'abri de la pluie … Un bout de sa vie dans un immense carré de verdure pour les repas royaux. Ils se voyaient souvent ici, Apolline adorait ce lieux, même en dehors des horaires de travail. Une passion ne s'explique pas, Philippe se passionnait par ses voyages, partait quand bon lui semblait pour visiter de nouveaux horizons, grisé par l'inconnu, ce qu'il allait pouvoir découvrir avant de le retranscrire dans son journal et ses lettres. D'ailleurs la jardinière lui répondait quand elle le pouvait. Certes, la demoiselle ne faisait pas de grandes phrases, mais voir son écriture, lire ses petits mots, avoir de ses nouvelles emplissait le cœur du jeune homme qui avait eu besoin de réconfort mais loin des siens, incapable de remettre les pieds à Versailles. Et dire qu'il était là, par défaut certes, mais personne ne s'était attendu à un tel retour, lui qui semblait si déterminé à rester loin de ce panier de crabe, à vouloir se reconstruire par lui-même, sans jugement dans le regard d'autrui, ne plus avoir à souffrir … Il avait toutes les raisons du monde de ne jamais revenir ici. Pourtant il était là, quel drôle de paradoxe !

    La mine surprise d'Apolline résumait les paroles de d'Artagnan. S'il n'avait plus envie d'être ici, pourquoi se trouvait-il planté là ? Et malgré son cœur rongé et l'humeur vacillante, il ne put s'empêcher de faire le guignol, à ressortir un vieux poème écrit il y a des années, intact au niveau des mots; S'il adorait écrire, Philippe n'était ni un auteur ni un poète, juste un garçon spontané dans ses actes. Cela lui fit un bien immense de la revoir, toujours ces mêmes cheveux bruns, ce regard sympathique et ces robes tâchées à travailler. Il l'accueillit avec grand plaisir dans ses bras. Un contact chaleureux avec une personne qu'il adorait lui prodiguait bien plus que tous les remèdes d'apothicaire contre ses maux chroniques. Il ferma les yeux, savoura cet instant de retrouvailles qui leur faisait plaisir à tous les deux. D'un coup, toujours dans ses bras, elle se mit à débit tout un lot de questions et Philippe se mit à rire. Voilà une deuxième personne qui le faisait rire sans forcer. Tant de questions pour lui, cela prouvait qu'il lui avait manqué, cela faisait toujours plaisir. Il lui déposa un baiser dans ses cheveux avant de se reculer, tout en la conservant dans ses bras moins musclés qu'avant.

    « Tant de questions pour moi ! Je suis flatté. En fait je n'ai rien dit rien que pour voir ton visage. Et le principe d'une surprise est qu'elle ne soit pas connue de la personne concernée. Puis tu es très bien comme ça ! Toujours aussi jolie. »

    Un large sourire sur le visage, le voilà le plus heureux des hommes avec un bonheur simple : une amie. Il ne suffisait de pas grand chose pour lui faire du bien et qu'il retrouve sa bonne humeur. Après un autre baiser déposé sur sa joue où un peu de terre y était resté collé, puis il se détacha délicatement, resta proche d'elle malgré tout, trop heureux de la revoir. Quand on adore une personne à ce point, qui ne le juge pas et prend de ses nouvelles même à des centaines de kilomètres, on ne pouvait que l'aimer davantage. Il devait à présent répondre à l'interrogatoire de mademoiselle Beauregard, elle avait sûrement bien d'autres questions, ce n'était que les premières qui lui passèrent par la tête. Il allait y répondre franchement, comme toujours et lui en poserait aussi. Le temps passait si vite, deux ans déjà qu'il était parti, cela lui semblait à la fois peu et une éternité. Il se gratta le cuir chevelu, cherchant par où commencer avant de faire par le plus simple, lui.

    « Je vais … bien. Du moins mieux qu'à mon départ. Tu as pu le remarquer, je ne suis pas franchement à mon avantage physiquement mais j'ai eu pire. Je ne suis pas à l'aise ici, voilà tout. Je suis mieux en Gascogne. Viens, faisons un tour, tu vas me montrer ce qui a changé ici et je te raconte tout. »

    Il lui prit le bras pour commencer à marcher. Rien ne semblait vraiment avoir changé ici, peut être parce qu'au printemps, les plants ne sont pas au meilleur de leur forme, difficile de tout deviner mais la jeune femme y travaillait alors elle pourrait tout les montrer, les nouveaux plants comme les probables avancées techniques. Il y en aurait des choses à se dire, une journée ne suffirait pas mais il allait faire de son mieux, tout d'abord parler des bonnes choses, son duché. Lui qui n'avait jamais désiré gouverner s'était trouvé des talents cachés de noble, de commerçant et de négociateur. Il en était fier et aurait voulu avoir un peu de reconnaissance de la part de sa famille. Lui que son père traitait d'incapable avait enrichi les caisses gasconnes et s'accomplissait dans une tâche donnée par défaut. Il prit une petite inspiration pour commencer son récit.

    « Là vie là-bas est merveilleuse. J'y suis quelqu'un de respecté, je suis un garçon sérieux. Ne ris pas, cela est vrai, j'ai réussi à ne pas faire de révolte ni à me faire détester. J'ai pu visiter presque de fond en comble et je m'y plais. Tu verrais le petit château dans lequel je me suis installé, le magnifique jardin, tu y serais comblée. J'ai même un potager et mon jardinier est un passionné, je l'ai vu à l'œuvre. Il faudra que je t'emmène un jour que tu vois tout par tes propres yeux. Je n'y suis pas resté tout le temps, j'ai voyagé aussi et j'ai pu établir assez de liens pour le faire prospérer. Je suis devenu une sorte d'homme d'affaire, je ne l'aurais jamais imaginé. Toi non plus je suppose. J'étais bien, j'y serais bien resté davantage ... »

    Il n'avait pas vraiment envie de gâcher la conversation pour le moment à cause de la raison de sa venue. Sûr que cela retomber dans la conversation mais il voulait la retarder le plus tard possible alors il prit sa bourse accrochée à sa ceinture et là lui tendit avec sa main non prise avec un petit sourire malicieux.

    « Cadeau. Lorsque je suis parti en Amérique … Oui j'y suis enfin parti depuis le temps que je rêvais, une connaissance m'a donné des graines. Dedans tu vas y trouver trois bourses de graines. Une est pour planter un cannelier, une pour un muscadier et l'autre pour faire pousser de la vanille. Je les ai fait planter dans mon jardin, avec de la chaleur et de la patience, cela pousse assez rapidement. Si j'ai bon souvenir, il y a une serre pour les figuier ici ! Cela peut servir pour ces graines. »

    Il savait faire plaisir. Il avait pensé à elle dès que l'on lui avait fait cadeau mais oubliait chaque fois d'accompagner ses lettres de ce présent. Mais le donner en main propre est toujours mieux. Des cadeaux simples sont toujours les meilleurs !
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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime10.04.09 16:40

    Deux ans, deux ans qu’ils échangeaient quelques lettres à défaut de pouvoir se voir. Lui habitant en Gascogne, terre des parents d’Appoline, cet endroit où elle n’a jamais mit les pieds mais qu’elle connait sur le bout de ses ongles sales, pleins de terre. Dans ses lettres Philippe lui détaillait longuement ce pays qui lui était sien à présent. Duc, quel grand mot, normalement ce titre aurait du revenir à Alexandre, l’ainé d’Artagnan mais il a préféré l’amour de la belle Marine, fille originaire du peuple avec qui Alexandre a conçut le premier petit enfant de Charles. Mais le cœur a ses raisons dit-on. Qu’il en soit ainsi pour Alexandre, fut-il heureux pour le reste de sa vie. Et c’est ce qu’Appoline souhaite définitivement pour son ami de longue date. Occupe-t-il son temps comme il le souhaite ? Agit-il comme bon lui semble sans se préoccuper des possible répercutions à venir ? S’autorise-t-il à aimer les personnes qu’il veut ou qu’il doit aimer ? A-t-il un jour jamais songé à son propre bonheur à défaut de vouloir celui des autres ? Depuis tout petit il s’accorde à faire passer le bonheur des autres avant le sien. Il n’hésitait pas à se « sacrifier » pour donner. Son éducation avait été telle que le monde autour de lui passait avant sa propre personne. Et accordez-moi le fait que penser à soi de temps à autre n’est pas que de l’égoïsme.
    Et aujourd’hui le voilà à Versailles. Lui qui déteste le château, la cour, toutes ces fioritures inutiles & ces mensonges. Prônant le naturel il revenait là où tout avait commencé. Leurs premiers fous rires, leurs premières bêtises bien qu’ils étaient tous deux très sages étant petits, leurs premiers essais en tant que couple, leur première relation, leurs premières confidences. Il était de nouveau là devant elle depuis ces deux longues années. Bien que le travail occupe l’esprit il n’en reste pas moins ce manque quand un être cher à vos yeux part, même ces lettres qu’ils échangeaient régulièrement ne comblait pas l’absence. Mais Appoline devait se contenter de ces lettres, à défaut de mieux. Elle se dit qu’elle allait profiter du mieux de sa présence. Bien souvent elle avait envie de s’amuser comme lorsqu’ils étaient petits mais certaines mauvaises langues se poseraient bien des questions, notamment Claire qui en cuisine ne voit pas Appoline d’un bon œil, elle est persuadée qu’elle solde son corps pour se nourrir or c’est sa sœur jumelle, Rose qui fait ce métier dégradant. C’est elle qui tous les soirs vend son âme au diable en échange de quelques billets pour vivre. Et leur ressemblance physique est telle qu’on les confondait bien souvent étant jeunes. Aujourd’hui elles se sont presque perdues de vue, elles se voient uniquement si elles se croisent mais ne peuvent s’empêcher d’exprimer le fin fond de leur pensée. Appoline trouve que le métier qu’occupe sa sœur n’a rien de plus dégradant et malsain et Rose pense que sa sœur n’a pas à se mêler de ses affaires. Bien sur elles ont toutes deux raison, leurs points de vue sont légitimes mais n’est-ce pas par amour qu’elles se repoussent ainsi ? Il me semble bien qu’il s’agit là d’une protection déguisée. Quoi qu’il en soit leur relation est quelque peu tendue mais bien heureusement personne ou presque ici ne sait comment Rose occupe ses nuits, au risque que la famille Beauregard soit vue d’un mauvais œil et qu’Appoline en perde sa place, mieux vaut donc taire le secret.
    Les compliments qu’il lui faisait la touchaient. Lui avait toujours été très beau. Bien que la fatigue marquait son visage il avait toujours ses cheveux blonds et ses yeux bleus, il n’avait pas changé depuis qu’ils se connaissaient. Bien sur ils avaient grandis, bien sur ils avaient à présent ses traits d’adultes mais elle pouvait le reconnaitre entre tous malgré le fait qu’il se soit aminci ou amaigri, malgré le fait que son post lui ai causé des ennuis et l’ai fait en quelques sortes vieillir prématurément il restait le même. Il se mit à rire et Appoline retrouvait alors son ami avec qui elle avait tant partagé. Elle avait alors ce sourire presque béat, et l’on aurait pu croire qu’il s’agit là d’amour mais il n’en est rien, c’est seulement la marque d’un bonheur perdu qu’elle venait de retrouver. Ils avançaient tous deux dans le potager. Rien n’avait changé ou presque mais la jardinière savait exactement ce qui s’était passé ici depuis le départ de Philippe. L’on avait trouvé de nouveaux moyens techniques permettant aux plantes de pousser plus vite, le crottin de cheval qui répugne bien des personnes est en fait une réelle dose de croissance pour les fleurs du jardin. Et en ce moment même l’on cherchait à trouver un système d’irrigation permettant d’arroser plus rapidement les plantes de manière à ne pas se tuer le dos à la tâche. En attendant on continuait d’arriser manuellement les plantes, herbes et autres épices.
    Comme gobant chaque parole qu’il prononçait elle ne disait rien, elle écoutait chacun de ses mots attentivement, ainsi elle se souviendrait de chaque détails de cette rencontre inattendue pour les années de correspondance à venir. Il lui expliquait qu’il ne se sentait pas à l’aise à Versailles et il a bien raison, cette atmosphère sonne faux, l’on ment, l’on joue, l’on triche, l’on se plie à des courbettes pour se faire bien voir auprès du roi alors que l’on espère qu’une chose : pouvoir un jour prendre sa place. Il ne vaut rien de bon quand on a apprit à se contenter de ce que l’on a d’être à Versailles. La Gascogne plait à Philippe. Appoline aimerait en dire autan mais elle n’y a jamais mit les pieds, ayant toujours vécu ici elle n’est jamais allé plus loin que l’île de France. Elle aurait tellement aimé visiter la terre de sa famille, voir l’environnement dans lequel vit actuellement Philippe, cet environnement dans lequel il se sent si bien, où il redécouvre peu à peu la vie, où il a apprit à être respecté, où il a un réel statut social, où il a un jardin rien que pour lui. Appoline aurait aimé apprendre grâce à des jardiniers de toues la France car les pousses différent en fonction du climat, quelles techniques utiliser pour rendre les oranges plus juteuses, le thym plus vert, les laitues plus croustillantes. Mais chaque apprenti a sa spécialité et laissons à chaque jardinier sa part d’originalité et ses secrets ancestraux. Et puis quel homme digne de ce nom a une connaissance absolue de son métier ? Un mystère doit toujours planer mais cette soif de connaissance est intacte.
    Philippe répondait à toutes les questions ou presque, une lui avait échappé : la raison de sa venue. Est-ce parce qu’il rencontre des problèmes de gestion de ses terres ? Est-ce du à un problème d’ordre familial ou le Roi a-t-il voulu lui parler ou avait-il seulement envie ou besoin de venir ici, ne pas perdre de vue cet endroit qui l’a vu grandir, simplement envie de revoir son frère, son père, son neveux ? Est-ce volontaire ou cet oubli est-il une simple erreur ? Quoi qu’il en soit la potagère n’aborderait pas le sujet de peur qu’il n’y ait dessous une nouvelle ahurissante.

      « Alors l’homme qui rêvait de liberté s’est-il envolé ou simplement assoupi le temps d’une trêve ? Je suis heureuse de voir que tu te plais en Gascogne et que tu arrives à gérer ton statut, même si tu sembles épuisé. Est-ce le trajet qui t’a fatigué à ce point ? »

    Ils s’étaient quitté pendant tant de temps, elle avait réellement envie de savoir les choses changés et celles qui sont restées, Philippe avait énormément gagné en maturité en ayant ce titre. De nombreuses responsabilités qu’il n’avait pas forcément avant se sont interposées mais d’après ses dires il s’en sort plutôt bien.
    Il sortit alors de sa bourse des graines. Peu importe ce dont il s’agissait, Apolline avait les yeux émerveillés de voir qu’il avait pensé à elle et qu’il lui offrait ce présent venu tout droit d’Amérique. Il lui détaillait ce que contenaient les bourses et elle fut encore plus heureuse car rien de tout cela ne poussait ici sauf la vanille.

      « Merci infiniment. Quel présent, si je m’attendais à ça ! Et puis ces graines tombent bien j’ai trouvé quelques emplacements libres et je ne savais que planter. A présent j’ai la réponse. Mon Dieu quelle chance tu as eu d’avoir pu visiter l’Amérique. Comment est-ce ? »



[HJ: Vraiment désolée pour le retard mais c'est de la faute des cours! 10 jours, j'ai jamais fait aussi fort.]
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Philippe d'Artagnan


Philippe d'Artagnan

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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime14.04.09 0:45

    Rien qu'un regard, ils se comprenaient tellement bien. Depuis toujours, ils s'entendaient à merveille et leur complicité se voyait à vue d'œil. Une enfance passée dans les jardins et ça n'avait pas changé depuis environ une quinzaine d'années. Ils en avaient passé des heures entre les allées de ce potager, à rire, se confier, passer du temps ensemble au-delà de ses heures de travail, après même le coucher du soleil. Ensemble, le temps ne se voyaient plus, ils le laissaient courir sans s'en rendre compte. Alors deux années loin de l'autre semblaient d'un coup une éternité lorsqu'il la retrouva. D'un coup, le temps tomba de tout son poids sur les épaules de Philippe. Il ne s'était pas réellement rendu compte de tous ces jours, mois écoulés. Pourtant, il se rappelait avoir écrit chaque mois une lettre à ses proches, un jour précis de la première semaine du nouveau mois. Mais, à la voir sous ses yeux azur, sa joie et cette douce étreinte, là il s'en rendait vraiment compte. Tant d'éloignement le rendait coupable, il avait été égoïste de de partir pour se ressourcer. Les premiers mois furent logique, le reste, il aurait pu revenir, lorsqu'il se sentit la force de remonter à cheval, traverser l'Europe, reprendre un peu le goût de vivre. Physiquement, le jeune homme aurait pu revenir mais sa fierté l'en empêchait, revoir son père, se souvenir de ses mots durs, lourds de sens qu'il n'avait cessé de se rappeler, encore certaines nuits où le sommeil était agité, forts en cauchemars où se mélangeaient de nombreux souvenirs douloureux. Rien que pour cela, il ne se sentait pas capable de revenir, sûrement pas assez fort pour se soutenir le regard de son paternel et l'affronter comme avant. Alors se tenir loin de tout cela, quitte à délaisser des amis comme la belle Apolline. Et aujourd'hui, il la retrouvait avec un grand sourire, enfin. Les lettres ne suffisaient pas toujours. Déjà car la jeune femme ne lisait pas aussi bien que lui alors les lettres sont courtes, on ne peut pas tout écrire et cela n'est pas aussi personnel que des mots échangés sous un saule ou derrière les plants de tomates, les yeux dans les yeux, juste entre eux. Cela sonnait tellement mieux.

    Il ne savait pas combien de temps il resterait, quand il allait retourner chez lui, dans son domaine gascon. Mais avant, il se devait de passer ici, revêtir ses vêtements les plus simples, faire une entrée un peu théâtrale venir faire la conversation. Revoir les cheveux bruns volés au vent de la douce brise, les jupons virevolter lorsqu'elle courait jusqu'à ses bras et lui poser des questions à la vitesse de l'éclair. Que cela était bon de la serrer dans ses bras puis de marcher entre les allées du potager. Souvent, dans le jardin de son château, il y repensait, de bons souvenirs l'envahissaient et il s'asseyait sous un arbre, à l'ombre et fermer les yeux pour imaginer un souvenir. Tenter de se rappeler ses mimiques, ses vêtements, l'intonation de son rire, l'exactitude de ses phrases … Il pouvait y passer des heures sans qu'on le dérange. Grégoire, son secrétaire et serviteur, le voyait au loin tenter de se détendre sans savoir vraiment comment mais s'excusait auprès des visiteurs que le Duc ne pouvait les recevoir pour le moment. Alors il allait imprégner de chaque instant, chaque seconde, mot, syllabe, geste et sourires qu'elle pourrait faire car il ne savait lorsqu'il reviendrait ni combien de temps il allait rester. En attendant, ils se parlaient. Rien de mieux que de converser avec une personne qui vous connait sur le bout des doigts, vous devine à la moindre gestuelle, où l'on avait pas besoin de se cacher. Philippe haïssait le mensonge, éducation religieuse oblige, et ne l'utilisait qu'en cas de dernier recours. Jamais avec la jardinière, elle le saurait tout de suite car il était trop mauvais menteur et avait sûrement un tic traître. Et une des premières questions le mit à rude épreuve. La fatigue se lisait sur son visage, quelques valises sous ses yeux océan ne pouvaient se dissimuler. Il sourit cependant et passa la main dans ses cheveux avant de se gratter la nuque. Au lieu de mentir, il allait repousser la question pour l'instant, préférait parler liberté.

    « Je suis libre, je dois juste faire quelques concessions ici mais une fois que j'aurais franchi ces grilles, rien ne m'empêchera de vivre comme bon me semble ! Là-bas, chez moi, je peux y faire ce que je veux, personne ne me juge vu que j'y suis le maître. Alors parfois je pars plusieurs semaines ou alors je peux avoir le caprice de ne vouloir voir personne pour admirer un coucher de soleil, sans parler de toutes les rencontres ! Je n'aurais jamais imaginé tout cela. Tu verrais, les journées sont splendides. Toute cette verdure, c'est toujours un réel plaisir d'y gambader jusqu'à l'épuisement. Mais les nuits … Disons que je n'aimerais pas les voir, j'ai bien du mal à trouver le sommeil. Et le voyage jusqu'ici n'a rien arrangé, sans oublier que je ne me sens plus chez moi au manoir, ça n'aide pas au repos ! »

    Il ne voulait pas parler de ces cauchemars ou de ces longues insomnies où il remplissait des pages de son journal jusqu'au lever de soleil ou s'endormir ; parfois il regardait la nuit à travers la fenêtre, admirait sans vraiment le faire le lever du soleil puis aller à ses occupations avec quelques pauvres heures dans les jambes. A force d'accumulation, il tombait d'épuisement pour plusieurs heures, une fois il dormit un jour entier puis le schéma classique reprenait. Pas vraiment sain mais il ne pouvait contrôler cela. Et plutôt que de continuer sur cette voie et faire des confidences trop tôt, il préféra faire un cadeau. Ah, l'Amérique. Son plus long voyage et surement le plus mémorable. Lorsqu'on lui donna ces graines pour les planter sur le Vieux Continent, il pensa tout de suite à elle, il la voyait les planter, les chérir et les voir grandir. Son jardinier en avait fait de même et lui avait observé avec beaucoup d'intérêt. Il pouvait se vanter d'avoir des pousses exotiques dans un jardin traditionnel, en avait pris goût et voulait qu'un jour, lorsqu'il aurait l'occasion de revoir Apolline, lui en donner. Il ne s'était pas tromper, la voir si émerveillée, si heureuse, son sourire eut effet d'un baume au coeur et devint communicatif, lui sourit de toutes ses dents. Elle avait déjà des idées où les planter, cela prouvait à quel point cela la comblait. En quelques minutes, elle retrouvait un ami, gagnait des cadeaux et comblait des places vacantes dans le potager, mais que demander de plus? Des détails sur le nouveau continent.

    Philippe hocha de la tête, rassembla tous ces souvenirs pour ne pas s'éparpiller comme il avait l'occasion de le faire lorsqu'il s'emballait dans ses récits. Tant vu alors tant à dire, il ne savait pas par où commencer. Elle commençait à s'impatienter bien que cela ne faisait que quelques secondes de silence, il sentait son regard le fixer et il tapa dans ses mains pour commencer.

    « C'est … incroyable ! Même si j'ai du passer la plupart du voyage à regarder l'écume tant j'étais malade. C'est définitif, je n'ai pas le pied marin, je préfère largement voyager à cheval, bien que là je n'ai pas eu le choix. ! Je suis arrivé dans une ville baptisée Baltimore. Tout est en construction, on y érige un nouveau monde, loin du passé chargé de notre Europe. De nouvelles bases pour de nouvelles vies sans aucun doute. Beaucoup d'anglais y sont installés, les espagnols sont souvent plus au sud et j'y ai même croisé des français. Ils m'ont fait visiter les constructions, m'ont raconté ce que l'Angleterre voulait, développer les nouvelles terres pour gagner en richesse et en expansion territoriale. Et si beaucoup y voit là l'occasion de faire fortune, j'y ai rencontré un idéaliste. Je te promets Apolline, j'y serais allé il y a quelques années lorsque j'en ai eu l'occasion, je ne serais pas revenu ! Mais avec le duché à présent, je suis attaché à notre bonne vieille France ! »

    La pointe d'amertume se fit sentir dans l'intonation de sa voix, lui-même s'en rendit compte. Il n'avait jamais voulu s'attacher à quoique ce soit, le duché était pour lui une prison au départ, aujourd'hui plus un cadeau. Ca aussi, il y avait beaucoup pensé. S'il serait parti avant qu'Alexandre ne rencontre Marine, il ne serait pas revenu pour un bout de terre, n'aurait jamais connu Emmanuelle et n'aurait jamais été aussi malheureux. Mais son frère l'aurait été ainsi que son entourage de le voir s'éloigner à tout jamais. Finalement, aucune vie n'avait d'idéal … Et plutôt que de laisser assez de mou à son amie pour qu'elle puisse répliquer, il enchaîna pour prendre de ses nouvelles à elle.

    « Je parle toujours trop, comme à l'accoutumée. Et toi alors, que deviens tu ? J'aimerais bien savoir ce que mademoiselle Beauregard a bien pu faire comme bêtise en mon absence. En deux ans, tu as bien pu au moins en faire une à me raconter, non ? »

    Son expression mutine voulait tout dire avec sa bouche relevée en coin, son regard plissé et sa tête penchée en sa direction. C'était l'heure des petites confidences entre amis, un régal pour le garçon qui n'allait pas en perdre une miette.


    (Il n'y a pas de mal, je comprends moi aussi j'ai eu pas mal de boulot !)
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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime05.05.09 18:59

    Même si elle voulait prendre le temps de partager ce moment de retrouvailles elle ne le pourrait pas. Elle était trop heureuse à l'idée de le serrer à nouveau dans ses bras de ressentir sa présence, pouvoir partager cet instant de complicité avec lui et uniquement lui. Malgré le travail prenant et les rencontres multiples que l'on peut faire à Versailles si Apolline avait la possibilité de ne voir qu'une personne en plus de sa chère famille il s'agirait de Philippe. Compagnon de jeux de confidences ils partagent chaque instant de leurs vies ensemble. Enfin chaque instant... jusqu'à voici deux ans. Ce jour fatidique où Alexandre a épousé Marie, choisissant une fille du peuple plutôt qu'un duché il laisse donc à son jeune frère l'entière responsabilité de ces terres, l'éloignant de la vie Versaillaise avec tous les avantages et les inconvénients. Désireux de liberté Philippe a toujours opté pour le fait de prendre ses propres choix et non de se plier aux désirs monarchiques bien qu'il respecte entièrement cette autorité il semble heureux ainsi et en tant qu'amie Apolline ne peut que se plier aux désirs presque vitaux de ce confident.
    Ces deux années d'absence ont été longues et non sans peine. Comment se confier via de simples lettres écrites avec certes le plus grand soin mais un vocabulaire pauvre et quelques simples lignes? Par chance Philippe a eu la patience d'apprendre à Apolline à lire et écrire afin qu'ils puissent correspondre quand la distance les tient éloignés l'un de l'autre mais elle n'a pas l'apprentissage ni l'expérience d'une personne ayant eu un précepteur mais à quoi bon apprendre à lire et écrire alors que son métier est loin d'être celui d'une littéraire. Et puis cet apprentissage expresse qu'est celui que lui a donné Philippe la distingue de la plupart des gens du peuple qui sont illettrés et cette maigre connaissance lui donne un avantage certain dans tous les domaines, ainsi elle n'est pas traitée comme une inculte aux yeux de certains nobles et elle a ce pouvoir d'aider ceux qui ne savent pas lire en déchiffrant bien sans mal certaines lettres.
    Elle attendait patiemment chaque début de mois pour recevoir le courrier tant attendu de Philippe, elle guettait l'arrivée de l'emprunte manuscrite de cette amitié de longue date. Elle gardait précieusement ce papier remplit de mots attentionnés et en attendant les prochaines nouvelles de son Duc préféré elle aimait relire leur correspondance depuis le début, elle se souvenait de tout ce qu'elle lui avait dit et elle apprenait par simple plaisir presque par cœur les phrases de son ami dans les lettres et dans elle avait du temps seule dans la chambre qu'elle loue à l'auberge elle aimait deviner les mots et tournures utilisées par son ami dans ses lettres, vérifiant si elle a suffisamment connaissance de ses dires pour les avoir en tête la journée venant. Il était une des rares attaches qu'elle avait et dire qu'elle tenait à lui n'était pas peu dire.

      « Tu as tout ce dont tu as aspiré durant ta jeunesse. Tu es ton seul maître, libre de tes actes et de tes dires. Et te voir raconter ta vie en Gascogne avec ce sourire aux lèvres ne fait que je ne peux que me réjouir. Tu occupes ce titre tout en gardant en tête tes principes et c'est pour ça que le peuple de Gascogne ne peut que t'aimer et te respecter et tu as en plus ma plus grande admiration. Quel honneur. Et pour les nuits d'insomnie la camomille apaise et a la particularité de reposer le corps tout en le respectant. »

    S'arrêtant quelques secondes pour en cueillir quelques fleures elle lui en tendit quelques unes.

      « Tiens voilà pour toi alors effectivement ça n'est pas grand chose mais je n'ai que ça à t'offrir même si l'envie est plus forte que le présent tu devras te contenter de cela. Et puis si un soir tu en prends tu pourras penser à ta duchesse des potagers à défaut d'être près de toi. »

    Il ne fallait pas parler du départ de Philippe. Il était là après tant de temps et il n'avait pas changé. Elle aurait pu le reconnaître entre mille même avec cet air fatigué et ses vêtements devenus amples. Pourtant Apolline voulait tout prévoir cette fois çi, la dernière fois ce départ si prématuré s'était achevé sur quelques larmes et beaucoup de nostalgie alors elle voulait se préparer à son départ dès maintenant tout en profitant de sa présence actuelle.

      « Heureusement que tu ne l'as pas rencontré plus tôt! Enfin je dis ça en pensant à moi, regardes, tu loges en France toute l'année et je ne t'ai pas vu depuis deux longues années alors si à l'étranger tu habitais c'est en décennies qu'il faudrait compter. »

    Mais Philippe changea comme subitement de sujet, demandant des nouvelles d’Appoline et des bêtises qu’elle a pu faire en 24 longs mois.

      « Étonnamment que très peu. Que tu le croies ou non je suis assidue dans mon travail et ce que je fais me passionne bien que je trouve les journées redondantes, il ne se passe rien de nouveau. Pourtant l’ironie du sort veux que je travaille à Versailles là où se trament tous les complots et où les potins vont bon train. Mais il faut croire que le peuple est éloigné de toute cette agitation ce qui n’est pas plus mal des fois mais bien souvent j’ai l’occasion de m’ennuyer, je trouve le temps de plus en plus long, heureusement que j’ai eu l’occasion de rencontrer Claire qui est comédienne dans la trouve de Molière. Grâce à elle certaines de mes journées sont moins monotones car elle aime me transformer en une vraie tragédienne en me costumant et en de maquillant. »

    Cependant Appoline n’avait pas encore tout dit. Elle mourrait d’envie de raconter à son ami dans quelle histoire elle s’était fourrée. Elle a la charge de porter des lettres entre Gabrielle de Longueville et Thomas of Norfolk. Et ces dites lettres sont loin d’être innocentes. Ils échangent quand à la politique monarchique actuelle et Gabrielle n’approuve pas celle de notre Louis. De plus comme on ne parle à la cour que de complots pour détrôner le monarque il faut être vigilant. De cette histoire Appoline n’en a parlé à personne et elle ne sait si elle doit se confier à son ami. Non pas qu’elle manque de confiance en lui car elle sait qu’il sera de bons conseils mais elle ne veut mêler personne à cette histoire qui peut vite se retourner contre elle et contre Philippe si elle lui apprenait.
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MessageSujet: Re: Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline|   Des retrouvailles entre les plants de laitues |Apolline| Icon_minitime20.07.09 20:22

    Elle était là pour l'apaiser, le conseiller et il pouvait se confier sans jugement aucun, peut être quelques remontrances mais jamais dit méchamment. Il s'adoraient, de grands amis, ont été plus pendant quelques temps avant de reprendre le chemin de l'amitié, le plus sûr et celui qui leur était destiné. Ils allaient bien ensemble, se comprenaient tellement bien. Mais ce n'était pas pour eux et leur séparation ne se fit pas dans la douleur ou quoique ce soit. En douceur, ils revinrent à la simple amitié comme si rien ne s'était passé. Ou alors, ils l'évoquaient comme de simples souvenirs. Tout était clair entre eux, cela se voyait quand ils se tenaient côte à côte, le large sourire sur les lèvres. Oh, qu'il était bon de revoir un visage ami, sa jolie brune aux yeux clairs au milieu de son jardin, enfin celui du Roi mais c'était elle qui s'en occupait, pas le monarque ! Sa duchesse des potagers comme il l'appelait, cela lui allait si bien. La jeune femme déambulait entre les plants de tomates et de laitues comme une reine avec sa robe reprisée, se baissait avec grâce pour venir en aide à ses sujets. Tantôt les couper pour qu'ils deviennent plus beaux ou les sauver, parfois les arroser pour ne pas avoir une famine ni une révolte. Un petit royaume dans le plus beau château d'Europe. Ici, pas besoin de grandes robes de ni de bien paraître, le naturel suffisait largement. Il n'y avait qu'à les voir tous les deux, elle avec sa robe aux raccords un peu partout et salie par la terre et lui en chemise simpliste, aucun grand apparat ni une volonté de montrer une quelconque richesse, autre que celle du coeur. Apolline lui avait manqué, à l'autre bout du royaume, loin de ses repères habituels. Elle qui avait toujours été là dans tous les moments, ses grands yeux clairs pour donner une autre solution à un problème, son sourire contagieux en cas de mauvaise passe. Tout cela aurait été si différent s'il l'avait emmené en Gascogne, ou s'il était resté ici. La vie se montre bien cruelle et ce n'est qu'au bout de deux années que Philippe revenait en ces lieux familiers, là qu'il réalisa tout ce qu'il avait manqué, qu'elle était une présence indispensable à sa vie pour qu'il soit soutenu en toute circonstance. Pas de jugement, cela était si bon dans ce moment d'apparence, où le moindre écart est rapporté et disproportionné …

    Elle s'inquiétait pour lui. Il dormait peu, cela se voyait sous ses yeux, les poches creusées et les cernes marquées. Tant de cauchemars, de pensées, d'horreurs en tête, Philippe redoutait toujours le moment de regagner sa chambre pour se coucher, il veillait jusqu'à pas d'heure à la bibliothèque, écrivait jusqu'à avoir la main engourdie et ne plus voir clair, il s'épuisait parfois en aventures durant les journées pour mieux dormir, tomber comme une masse sur son énorme lit et passer une nuit complète. Pure utopie ! S'il s'endormait vite, c'était pour mieux se réveiller en pleine nuit, suant pour cause de mauvais rêve. Ou, pire, il ne dormait pas de la nuit, restait assis près de sa fenêtre à attendre que le sommeil vienne, ce qui arrivait rarement pour son grand malheur, ou bonheur si la nuit comportait des mauvais rêves. Parfois il se demandait si la folie ne le guettait pas, comment il faisait pour ne pas flancher. Et lorsqu'il écouta parler sa belle amie, il comprit tout à fait : elle le portait aux honneurs, le félicitait d'être devenu ce qu'il voulait, maître de lui et malgré l'obstacle d'avoir à porter le duché de Gascogne sur les épaules, le jeune homme n'avait pas déçu son peuple à ce sujet. Il avait tout appris sur le terrain et s'en sortait bien. Elle était la première personne à le féliciter, cela lui faisait tellement de bien. Puis cette façon de prendre soin de lui, à cette façon de lui tendre quelques fleurs de camomille pour l'aider à dormir, au moins passer un peu moins de temps à cauchemarder selon sa façon de penser à lui. Il accueillit ce petit présent comme un trésor, ses yeux azur s'éclairèrent et un sourire de gratitude s'ajouta à son visage alors qu'il la regardait.

    « Merci énormément. Cela va me servir plus que tu ne le penses ! Dès ce soir sûrement. »

    Revenir au manoir l'affectait plus qu'il ne l'avait imaginé. Dormir dans sa chambre relevait d'un défi impossible. Il avait essayé mais la voix d'Emmanuelle retentissait, la seule nuit passée côte à côte avant le départ pour demander officiellement la main de la belle. La suite, il la connaissait par coeur et donc se relevait en sursaut, la chemise trempée tout comme les draps, la respiration haletante et allait, avec sa couverture, s'étendre sur la méridienne du salon. Il y dormait un peu mieux mais il ne fallait pas espérer de miracles. Même de l'autre côté de l'océan, Philippe était poursuivi et ne savait comment s'en débarrasser. Pourtant, là bas, il ne s'était jamais aussi libre...de jour. La nuit est un monde obscur dont il ne pouvait échapper bien longtemps. Il espérait un jour pouvoir, comme avant, se réveiller avec le soleil, sans besoin qu'on le secoue ou alors qu'il ait vu en détail le lever de l'astre. L'espoir le tenait la tête hors de l'eau, sinon il aurait sombré il y a bien longtemps.

    Mais plutôt que de se remémorer la partie sombre de sa vie, le jeune Duc prit des nouvelles de son amie. Les lettres ne servent pas toujours à tout raconter. Il voulait savoir ce que la jeune femme avait pu faire comme bêtise en son absence, entendre des choses drôles pour continuer à le dérider, rester sur cette bonne voie du bonheur qu'il ressentait depuis qu'il avait passé la barrière du potager. Pourtant Apolline était restée une fille sage, ne s'écartait pas du droit chemin puisqu'elle vivait pour sa passion. Il n'y avait qu'à regarder autour de soi, la beauté des plants, les couleurs vives de ces légumes à en mourir d'envie de croquer dedans si le goût est aussi appétissant que l'aspect. Bien sûr elle n'était pas la seule jardinière mais pour lui, dame Beauregard était grande partisane de la beauté du paysage. Il y avait des choses qui ne changeaient, cela faisait du bien. Les repères du jeune d'Artagnan ne s'étaient pas ébranlés, Apolline n'était pas devenue comme sa soeur ou comme une de ces pestes de Versailles. Ici, elle était loin de tout, les précieuses ne venaient pas s'y promener et les ragots avaient bien du mal à arriver entier jusqu'ici, ce qui n'était pas plus mal. La seule nouveauté chez la jolie brune était une nouvelle amie, une comédienne. Il hocha de la tête et eut un pouffement de rire lorsqu'il l'imagina déguisée et maquillée. Non pas que cela ne lui irait pas, juste qu'il n'avait pas l'habitude de la voir ainsi. Il posa ses mains sur ses hanches et l'observa.

    « Ah bah bien d'emprunter des costumes pour faire l'idiote avec ! Enfin cela doit être bien drôle à voir, je veux un jour à ce travestissement, je m'amuserai bien, ça c'est sur ! Et c'est tout ? Tu sais que tu n'es pas drôle car il peut s'en passer des choses, nous sommes à Versailles après tout, on ne peut pas trouver les journées ennuyeuses. Si tu dis ça ici, que penserais tu si je t'emmenais à Lupiac. Le château est à l'écart du village et il ne s'y passe pas grand chose de palpitant. Je comprends mieux pourquoi les seigneurs de duché du fin fond du royaume sont riches, ils se jètent dans le travail pour ne pas s'ennuyer. »

    Il se mit à rire doucement. Il en avait tellement vu avant d'en faire autant. Non pas pour l'argent mais pour s'occuper, enlever de son esprit toutes les noires pensées et puisqu'on lui avait légué ces terres, il devait à présent en prendre soin. Si son père voyait le résultat, peut être qu'il aurait été satisfait … ou pas, on ne sait jamais avec lui. Mais la Gascogne était devenu un riche domaine, avec de nombreux traités commerciaux, une agriculture flamboyante et des travaux de rénovations de certains ponts et divers moulins. Bref, il y avait de quoi faire pour travailler. Mais à la pensée de son père, son visage se renfrogna, ses yeux plissèrent un instant et il se mordit la lèvres supérieure. Philippe a toujours eu un visage des plus expressifs, difficile pour lui de ne pas cacher sa tristesse, sa colère ou sa joie quand c'est le cas. Son visage, ses mimiques, ses yeux, tout se révélait être un livre ouvert pour ceux qui le connaissait ou avaient un peu de jugeotte pour voir tout cela, un minimum observation s'imposait. Il se gratta la nuque, il avait envie de poser une question bien qu'il devinait déjà la réponse d'avance. Tant pis, vu son visage, elle avait deviné que quelque chose le tracassait.

    « Je peux te poser une question un peu stupide mais sait on jamais … Pendant mon absence, as tu vu mon père? Peut être est il venu ici ou alors si tu t'es rendu au manoir. Alexandre est venu jusqu'au château mais j'ai pas eu des nouvelles du père malgré mes lettres alors je me demandais si toi … »

    Puis il haussa les épaules. Cela l'avait toujours taraudé cette histoire. Son père ne lui avait jamais donné de réponses aux lettres et même son propre frère ignorait cette correspondance à sens unique. Ils entraient dans les confidences, Philippe avait sûrement besoin de parler avec une amie véritable, cela lui ferait le plus grand bien.
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