{ Répertoire d'un Rêveur nommé Mystère...

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Mary of Monaghan
Duchesse de Monaghan

Voici une bien jolie rose, qui n'est autre que la
petite soeur adorée d'un ami qui m'est fort cher ! Toutefois je crains fort
qu'il ne soit inutile d'imaginer la moindre minute de vile séduction amoureuse
entre nous, ce qui n'est ni dans mes principes moraux de
penser et de conduite, ni dans son tempérament discret et délicieusement
timide. D'ailleurs, c'est miracle que nous nous soyons si bien ouverts l'un
à l'autre sans trop de difficultés et d'embarras, car nos positions
respectives à la Cour d'Angleterre n'encourageaient point trop une relation
amicale... sinon charnelle, mais de cela, je le répète, il ne saurait être
question.
La belle Irlandaise, sa beauté et son estime
me portent bien trop à coeur, et je la respecte trop pour vouloir comme
tant d'hommes la souiller. D'ailleurs, c'est bien la raison pour laquelle je
me suis senti, une fois n'est pas coutume, de laver un nom et une
personne si purs, qu'avait offensé un infâme dont je me suis fait un
véritable plaisir de me venger, étant par ailleurs source d'une de mes
plus douloureuses blessures à l'âme...
Mais là n'est pas la question ; nommons le
fameux miracle Shakespeare, car c'est lors de la récitation de ses
pièces, que nous prisons tous deux avec une joie d'enfants, que nous
avons eu l'occasion de nous lier si aisément et naturellement.
Hélas ! Nous n'avons guère eu le loisir
d'approfondir cette amitié naissante, puisque déjà cette mélancolique et
adorable petite brunette s'envolait avec Matthew pour Versailles, en vue
d'une certaine union que mon souverain et ami Charles aurait arrangée...
Autant dire que même si j'ai confiance en lui, je crains fort pour cette
fleur délicate et gracieuse qu'un rustre aurait tôt fait de froisser et de
fâner...
Quel plaisir serait le mien de les revoir à
Versailles, elle et son frère ! "

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Gabrielle de Longueville
Duchesse de Longueville

Beauté. Richesse. Esprit. Que demande le peuple ?
Vous êtes impressionnante de charme et votre verve fait mes délices dans
notre ardente correspondance... De surcroît, chastes échanges épistolaires,
comme il me déplaît de le préciser et même de le marteler à quiconque,
puisqu'il semblerait que les rumeurs vont bon train : bien sot serait celui
qui y croirait !
Mais je suis bien là de perdre mon temps à ces inepties, j'apprécie par trop
le trésor de raffinement et d"intelligence que vous êtes, bien que je me pose
en roc devant votre volonté... pardon, l'acharnement subtil à me... manipuler ?
Mon attachement est tel, que j'ose espérer ne jamais être votre dupe, et que si vous parvenez à me convaincre, tenter de me persuader risque de mettre sérieusement
à mal notre relation si harmonieuse, que vous voir m'ait une caresse à l'âme.


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Amélie de Mariviers
Duchesse de Mariviers

" C'est absolument incroyable !
A maintes reprises des connaissances à la cour de France m'avaient
fort surpris en prétendant avoir entraperçu ma chère petite soeur là-
bas même... En effet, une jeune demoiselle brune, mignonne comme
un coeur, avec toute la fraîcheur d'une fleur qui vient d'éclore, et une
grâce et un brin de folie qui n'appartenaient qu'à mon adorable petite
soeur... ô Estella, mon astre trop tôt terni par les horrifiques limbes
du néant !
Et voilà qu'au détour d'un carrefour, à Paris même, ton doux et fier
profil reparaît soudainement dans l'encadrement d'un fiacre, que je me
fis fort de suivre, fou que j'étais de te revoir, gracieuse petite soeur !
Hélas, j'appris bien vite, après avoir enquêté quelques temps sur toi,
que ton nom n'était point le sien, que ton idendité n'était pas la sienne...
Mais Dieu ! Quelle ressemblance frappante, troublante... tant et si bien
que je ne me tiens point tranquille si de la semaine je n'ai vu ce joli
minois rose, toutefois en toute discrétion, car vous savez ma vie feutrée
et volontairement retirée et mon attachement à la prudence.
Je fais donc surveiller continuellement cette demoiselle, qui m'est
attachée de manière indéfectible d'une façon que je ne comprends pas la
raison... ou qu'au contraire je comprends trop bien ! Heureusement,
d'ailleurs, car cette ravissante Amélie de Mariviers semble attirer les
ennuis comme le miel l'abeille !... Hors de question, toutefois, de sortir
jamais de mon anonymat... "

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Matthew of Monaghan
Duc d'Irlande


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Derek de Saxe
Prince de Saxe

" Très franchement, j'ai du mal à concevoir la manière d'être d'un homme
aussi insouciant et impulsif que ce prince un rien arriviste et prêt à littéralement
vider les caisses de ses terres en vue d'un - très - hypothétique
intérêt financier ou social, de surcroît dans des actions dont il ignore plus
ou moins la nature, inconscient qu'il est comme je le suis de ce qui se
trame à la Cour de Versailles, et dans laquelle semble tremper ma chère
Gabrielle de Longueville...
Bref ! Je n'approuve pas non plus son comportement de séducteur rapace
et insatiable, et les rares anciennes conquêtes que j'ai pu voir depuis que
je suis en France m'apparaissent toutes comme des victimes dont a abusé
jusqu'à la lie, et ce avec un plaisir pervers. Un personnage que je me ferai
fort d'éviter à l'avenir, surtout que je confesse regretter fortement de
m'être ouvert à lui sur certaine idéologie des plus obscures et malvenues
en ces lieux et en ma position...
Mais d'ailleurs, mon roi Charles m'a justement fait mention de ce prince
allemand, cependant j'étais trop accaparé par l'affliction de mon deuil pour
saisir réellement ses paroles. Il s'agirait de fiançailles, ou de quelque
chose d'approchant... Eh bien si tel est le cas, la future promise peut
s'assurer tout de go de ma plus sincère compassion ! "