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 Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)

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Amy of Leeds


Amy of Leeds

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?
Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.
Discours royal:



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Here comes the Royal Mistress

Âge : A l'aube de sa vingt septième année
Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
Missives : 7252
Date d'inscription : 10/09/2006


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MessageSujet: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime13.12.09 13:24

- Bonjour Monsieur de Sandras.

- Bien le bonjour comtesse, comment vous portez-vous ce matin? J’ai appris que vous aviez fait un malaise et j’avoue que je m’inquiétais.

- N’ayez crainte, rien de très alarmant je vous l’assure, mais comme toujours vous êtes l’obligeance même cher lieutenant.



Le mousquetaire inclina la tête en toute galanterie pour la remercier de ce compliment. Malgré le fait qu’il soit une personne chère à son cœur, pour l’heure Amy ne pouvait pas lui avouer qu’elle attendait un enfant du Roi. Nul ne s’en doutait et tout le monde avait mis son malaise sur le compte de la luxure. La duchesse de Guyenne disait-on était tellement épuisée au lit par son royal amant, qu’elle ne pouvait en tomber que dans les pommes. Les méchantes langues de vipère dont l’écho claquait encore dans sa mémoire !

- Ce pauvre Roi elle exige de lui la fidélité, mais c’est comme pour tout, on ne peut pas tout obtenir !

- Certes et la putain doit faire son office plus qu’il n’en faut pour parvenir à ce qu’il tienne sa promesse ! Il ne faut donc pas s’étonner !


Pourtant Amy préférait qu’on évoque ceci plutôt qu’une éventuelle grossesse. A ce propos, elle dissimulait ses nausées matinales tant bien que mal en prenant un bol d’air frais malgré la saison, et plutôt que de se poudrer excessivement afin de paraître plus blanche qu’elle ne l’était déjà, sa camériste rosissait ses joues avec des extrais de minerais. Faisant donc tout pour cacher son état, elle ne pouvait le confier qu’à très peu de personnes. Et justement elle attendait aux portes de Versailles, son amie de longue date : Evangeline.

- Monsieur de Sandras, puis je vous demander un petit service ?

- Mais avec joie comtesse.

- Voilà, pourriez-vous arrêter le carrosse de mademoiselle de Comborn lorsque celui-ci voudra passer les grilles et lui indiquer de partir dans les rues de la ville ? Je crois savoir que vous connaissez bien son cocher ?

- C’est exact, je le reconnaîtrais entre mille et je ne pourrais donc pas me tromper de carrosse. Je vais donner ces instructions à mes gardes en faction.

- Je vous en remercie et il ne s’agira vraiment que de quelques secondes, le temps que je puisse monter à l’intérieur.


Mathias s’inclina à nouveau avant de s’éloigner vers ses mousquetaires. Amy savait que son amie sortait beaucoup la nuit, peut-être pour danser mais la favorite en doutait. Enfin, elle n’avait jamais voulu questionner sa chère amie . L’amitié n’empêche pas la discrétion. Si Evangeline désirait un jour se confier, elle le ferait mais Amy ne la forcerait jamais à lui révéler ses occupations. C’est aussi cette part de mystère qui faisait qu’elle l’appréciait autant. Elle lui rappelait l’Amy d’avant, l’Amy secrète et courant mille dangers dans la maison du péril en compagnie de Madame de Noiranges. Mais son esprit galopait peut-être beaucoup trop et la vicomtesse ne cachait sans doute que des nuits un peu coupables dans les bras d’un amant. Toujours est-il que l’aimée de Louis XIV connaissait ses sorties nocturnes et que c’est pour cela qu’elle l'attendait ici et non pas dans ses appartements. Tout d’abord parce que dans un carrosse les murs n’ont pas des oreilles, puisqu'il n'y a pas de murs, de plus avec le trot des chevaux et le bruit des roues nul n’entendrait cette conversation. Pour elle, il s’agissait donc de la meilleure solution.

A chaque équipage qui passait non loin d’elle, Amy sursautait espérant que celui-ci ou que celui-là serait le carrosse d’Evangéline. Un petit quart d’heure passa ainsi mais en vain. Heureusement la cour s’éveillait à peine, puisque l’aube pâle éclaircissait tout juste le ciel. Mais la favorite ne pouvait pas se permettre d’être remarquée, car si quelqu’un l’épiait, les rumeurs suivraient comme une traînée de poudre au sujet de ses rendez-vous mystérieux avec la vicomtesse de Comborn. De plus Louis depuis son malaise la visitait plus souvent et elle ne voulait pas l’inquiéter.


- Halte au nom du Roi !

Enfin le carrosse de son amie tentait de faire son entrée au château. La tête brune d’Evangéline s’interrogeant sans aucun doute sur les raisons de cet arrêt, sortit de l’ouverture de la portière. Amy s’avança à grandes enjambées. Mathias de Sandras s’entretenait avec la vicomtesse. Au nom du Roi ? Plutôt au nom d’Amy mais il est vrai que le Roi sollicitait indirectement l’aide d’Evangeline dans cette affaire, donc l’apostrophe possédait au fond un ton juste.

- Pardonnez-nous mademoiselle, cela ne durera guère longtemps. Cocher ! Veuillez effectuer un tour de la ville avant de pénétrer à nouveau dans le château.

La favorite s’appuya sur la main gantée du lieutenant et après l’avoir remercié pour le service qu’il venait de lui rendre, elle pénétra dans l’équipage. Le carrosse se remit en route et emprunta bientôt les rues de la cité. Aussitôt elle prit la vicomtesse dans ses bras. Cela ne lui ressemblait guère mais elle avait tellement besoin d’affection, surtout en ce moment qu’elle se laissa aller à cette familiarité.

- Bonjour Evangéline, je suis profondément marrie d’avoir eu recours à de tels procédés mais j’ai à vous confier une chose d’importance.
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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime15.12.09 0:05

    Agitée par les cahots de la route, sur le chemin caillouteux et sur les pavés de la capitale, Evangéline perdait son regard cerné dans le paysage qui défilait, qu’elle ne regardait même plus tant elle le connaissait par cœur. Dieu qu’elle était épuisée ! Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit, tournant et retournant sans arrêt dans son esprit tourmenté l’affaire qui l’occupait depuis quelques temps.
    Charles d’Artagnan lui avait remis des liasses entières de lettres interceptées par les mousquetaires depuis le service de poste. Elles étaient destinées à un homme qu’ils venaient de mettre aux fers, la vicomtesse ne savait pas tous les détails de l’affaire mais à voir ces lettres au codage compliqué lui suffisait pour comprendre aisément cette arrestation ! Et pour être compliqué, il l’était ce codage ! L’espionne n’avait jamais vu cela en plusieurs années de carrière active, de complots déjoués et de mystères percés à jour.

    Elle avait passé toute la soirée, et une bonne partie de la nuit, concentrée à s’en donner des maux de crâne, à tempêter, à espérer, à pousser quelques soupirs de victoire même parfois, mais s’avérant toujours vains… Finalement, lorsqu’elle consentit à écouter la fatigue qui alourdissait ses paupières et embrumait ses idées, elle s’agita dans une nuit sans sommeil, hantée par des lettres, des chiffres, des signes au sens obscur. Lorsqu’enfin la torpeur la saisit pour de bon, en l’espace d’une poignée de quelques dizaines de minutes, son esprit se fit clairvoyant et une clé sembla apparaître à son intellect, laissé à son libre cours.
    Evangéline s’était éveillée en sursaut et réveillant la maisonnée encore endormie avait ordonné qu’on la prépare en toute hâte, de même que sa voiture. A Versailles demeurait une liasse qu’elle avait rapidement parcourue et dans laquelle elle était à peu prés sûre de pouvoir vérifier la théorie qui lui était apparu avec au moins autant d’effet que l’ange Gabriel dans son annonce à Marie !

    C’est ainsi que nous la retrouvons donc, assommée de fatigue mais le cœur battant d’anticipation à l’idée de peut-être pouvoir faire parler ces maudites feuilles de papier qui ne lui laissaient aucun repos. Ce n’était donc pas, comme pouvait le penser Miss of Leeds, un galant fougueux qui l’avait retenu de corps et d’esprit toute la nuit, bien loin s’en fallait !

    Lorsque les façades blanches et neuves de la ville nouvelle de Versailles commencèrent à remplacer vastes champs à perte de vue, la vicomtesse se redressa sur son siège, prête à bondir de son carrosse comme un chat aux aguets.
    Fort heureusement, elle arrivait avant que la plupart des courtisans ne s’éveillent de leur maigre nuit (au moins aussi courte que la sienne) et ce n’était pas hasard : sa hâte à se toiletter et à se vêtir ne tromperait personne si des gens de qualité la voyait, elle n’avait même pas pris le temps de se farder en bonne et due forme pour dissimuler sa mine tourmentée ; alors vraiment c’était un peu de soulagement de se dire qu’elle n’aurait à subir les regards inquisiteurs de personne ! Mademoiselle de Comborn ne posait jamais le pied en public si elle n’était pas sûre d’offrir un spectacle irréprochable, qui ne permettait aucune prise à la moquerie, au dédain et à toute autre bassesse, simple affaire d’habitude…

    Bref, tout cela pour dire que l’intervention du lieutenant de Sandras tombait fort mal à propos, un euphémisme pour dire qu’elle aurait bien volontiers voler dans les plumes de son couvre-chef.


    - Halte au nom du Roi !

    Evangéline plissa le nez et laissa échapper un claquement de langue irrité. Alors qu’à l’avant, Octave obtempérait sans chercher d’histoire, la passagère se glissa sur la banquette jusqu’à la petite portière qu’elle entrouvrit et s’efforça de se composer une attitude aussi aimable et courtoise que sa nuit blanche et son état d’épuisement pouvaient le permettre :

    - Monsieur le lieutenant ? Je suis attendue et…

    C’était faux bien évidemment, mais un argument imparable !

    - Pardonnez-nous mademoiselle, cela ne durera guère longtemps. Cocher ! Veuillez effectuer un tour de la ville avant de pénétrer à nouveau dans le château.

    La courtisane n’en croyait pas ses oreilles, un sourire à la fois désabusé et narquois retroussa ses lèvres et elle arqua un sourcil :

    - Je vous demande pardon… ?

    Une mascarade ! Voilà dans quoi elle venait de s’empêtrer ! Alors que la maîtrise de ses nerfs qu’elle venait jusque là de conserver faisait chauffer la soupape et qu’elle s’apprêtait à rugir, elle aperçut dans l’intervalle la silhouette familière de sa chère Amy se profiler hors d’un bosquet dégarni par l’hiver rude.
    Evangéline écarquilla des yeux ahuris comprenant que la comtesse/duchesse/favorite entendait se hisser à l’intérieur de la voiture. Voyant l’attitude du lieutenant à l’égard de celle-ci, elle comprit également qu’elle venait d’être la victime non pas d’une mascarade, mais d’une embuscade, toute amicale cela s’entendait !

    L’embrassade que lui adressa Amy ne manqua pas de la surprendre également mais elle ne put que constater l’émotion que mis son amie dans cette tendre étreinte. Sans connaître, encore, les raisons de ce geste, mais percevant une certaine forme de détresse affective, elle l’entoura à son tour de ses bras et la pressa contre son cœur.


    - Bonjour Evangéline, je suis profondément marrie d’avoir eu recours à de tels procédés mais j’ai à vous confier une chose d’importance.

    - Amy ! Que se passe-t-il ? Vous tremblez…

    La vicomtesse écarta finalement la jeune femme pour scruter son visage qu’elle trouva au moins aussi pâle que le sien. Cette idée aurait pu la faire sourire mais tant de mystères l’inquiétaient au plus haut point. Amy savait se montrer d’habitude si vive, si solide, presque impertinente… Evangéline fronça les sourcils dans l’attente d’une réponse :

    - Quelque chose de grave ? Dites-moi…

    Octave avait fouetté les chevaux et le coche partit au trot dans les veines de la ville, sabots résonnant sur le pavé blanc, avant que le monde ne s’éveille en même temps que le Soleil.
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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime02.01.10 15:35

Le souvenir de la mine stupéfaite et prête à rugir qu’avait arboré Evangéline quelques instants plus tôt fit sourire la favorite. Un sourire taquin que mademoiselle de Comborn ne vit pas et qui éclaira son visage si pâle de la durée d’un éclair. Car à présent qu’elle n’était plus à Versailles mais entourée par les portières rassurantes du coche et dans les bras protecteurs d’une amie, la jeune femme pouvait se tranquilliser. Les occasions de sourire lui étaient si rares, toujours tourmentée à consolider sa position à la Cour, à faire face aux moqueries ou à avoir peur … pour son enfant, qu’elle n’éteignit celui-ci de ses lèvres qu’avec peine.

Evangéline dut sentir son trouble et sa fragilité déconcertante pour l’Amy qu’elle connaissait depuis des années, car elle répondit à son étreinte amicale. Cela lui apporta un tel réconfort, une telle chaleur humaine que la duchesse de Guyenne en frissonna jusqu’à l’échine. Qu’il était bon de se sentir aimée ! La vicomtesse y mit fin cependant, ce qu’elle regretta, mais sa pauvre amie devait se poser des questions fort légitimes et elle ne pouvait pas la laisser dans l’incompréhension de cette étrange rencontre.


- Amy ! Que se passe-t-il ? Vous tremblez…

La favorite ouvrit la bouche mais hélas la referma aussitôt. Comme pour Louis, avouer sa grossesse était un moment délicat. Elle craignait du Roi qu’il n’apprécie guère un bâtard ce en quoi elle s’était trompée fort heureusement et à présent elle redoutait d’Evangéline que celle-ci ne la juge trop sévèrement. On la disait déjà niaise et putain d’être dans le lit du Roi, et maintenant qu’elle attendait cet enfant … peut-être que … son amie ne voudrait plus se compromettre en demeurant à ses côtés. Néanmoins la comtesse of Leeds faillit se gifler elle-même d’avoir eu de tels doutes, mademoiselle de Comborn ne pourrait jamais lui reprocher la plus grande joie que l’on connaît dans une existence de femme. Evangéline se moquait bien des médisances propagées à travers Versailles. Evangéline était sa meilleure amie. D’ailleurs cela se lisait sur son visage inquiet.

- Quelque chose de grave ? Dites-moi…

Amy déposa une main sur la sienne afin de calmer ses appréhensions, et comme certains passants regardaient par les ouvertures, elle entreprit de fermer les rideaux. Plongées dans l’obscurité, la comtesse se sentit dans une ambiance plus intime à ce genre de révélations. Enfin après toutes ses précautions – décidemment elle en prenait beaucoup, mais il le fallait – elle prit la parole …

- Non rien de grave non ma chère amie.

Son air sérieux fit place soudain à un sourire béat et les larmes contenues coulèrent bientôt sur ses joues.

- Bien au contraire, je n’ai jamais été plus heureuse de toute ma vie.

Face à l’incompréhension que reflétait le visage de son amie, la comtesse acheva l’attente qu’elle voyait insoutenable dans les yeux d’Evangéline.

- J’attends un enfant !

Elle mit sa main sur son ventre dans un geste machinal, dès qu’elle parlait du petit être qui grandissait en elle, il s’agissait là d’un réflexe. Elle goûta quelques secondes à un bien être tout maternel, puis revint à la conversation.

- Cela fait deux mois déjà, je n’ai pas pu vous en parler avant aujourd’hui, je vous en demande pardon. Nous avons dû avec Sa Majesté prendre des mesures … Mesures dont je suis venue vous faire part, puisque vous avez notre confiance absolue.

Seuls les éclairaient, les premiers rayons de soleil parvenant d’une petite fissure créée grâce au souffle d’air de la marche élancée du coche. Ceux-ci lui chatouillaient le nez et offraient au regard si bleu d’Evangéline plus de mystère encore.
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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime11.01.10 0:17


    Aux aguets, tous les membres tendus, Evangéline scrutait avec appréhension le visage fantomatique de son amie. Ce n’était pas tant cette « chose d’importance » qu’Amy avait à lui confier que son silence qui durait qui inquiétait la vicomtesse de Comborn. La mine presque maladive de la favorite était si inhabituelle, elle qui arborait en toutes circonstances de jolies pommettes rosées et des yeux brillants n’apparaissait à son amie de longue date que comme l’ombre d’elle-même. Elle semblait à la fois présente et bien loin de ce carrosse, jetant des coups d’œil incessants par la petite vitre jusqu’à ce qu’elle se décide finalement à en fermer des rideaux pour de bon.
    Craignant qu’elle ne défaillît, Evangéline allait sortir ses sels lorsque la duchesse de Guyenne consentit enfin à lui décrocher un sourire. Seul un rai de lumière parvenait faiblement jusqu’au visage d’Amy et éclaira ce qui aurait dû rassurer tout à fait la vicomtesse… si ce sourire n’avait pas été accompagné de sanglots qui ne firent que plonger l’espionne dans le plus profond désarroi. Elle lui assurait qu’il ne s’agissait de rien de grave, comme elle aurait voulu la croire ! La tête de la vicomtesse à cet instant devait valoir son pesant de cacahuètes, pourtant Amy ne se décontenança pas et annonça tout de go :


    - J’attends un enfant !

    Evangéline recula sa tête d’un mouvement de surprise, fronça légèrement les sourcils et arrondit ses lèvres, prête à lancer un « Comment est-ce possible ? » Fort heureusement, c’est à cet instant que les synapses endormies de son cerveau se remirent à fonctionner normalement et lui évitèrent une bourde aussi stupide qu’embarrassante !
    Ce n’est qu’en voyant la main de la favorite royale se poser sur son corset au niveau du ventre que son amie compris véritablement le sens de ses paroles.


    Enceinte. Amy était enceinte.

    Cette seconde de clairvoyance provoqua dans les entrailles de la vicomtesse de Comborn un tressaillement douloureux. Ces mots résonnaient en elle comme les échos d’un passé cauchemardesque et lointain qu’elle en aurait préféré mourir plutôt que de revivre. Son cœur sembla s’effondrer dans sa poitrine et elle retient son souffle pour empêcher le reste de partir avec lui. Malgré tous ses efforts, elle ne pouvait empêcher les images et les souvenirs d’affluer.
    Elle serra les dents pour empêcher sa lèvre inférieure de trembler, s’accrocha un peu plus à la main rassurante de son amie et consentit à reprendre son souffle.
    Allons bon ce n’était pas le moment de flancher. Elle en avait gardé secrets des complots et des missions ! Sinon le sang qui avait déserté ses joues à elle aussi, elle offrit à Amy un visage attentif (quoiqu’il devait paraître bien songeur) tandis que son âme volait en éclats.
    Le babillement joyeux de la comtesse de Leeds ne lui parvenait aux oreilles que dans un son étouffé. Bien qu’elles soient à demi plongées dans la pénombre, il semblait que tout d’un coup celle-ci irradiait bien plus que le Soleil au dehors. Alors Evangéline se ressaisit de sa torpeur.


    … Mesures dont je suis venue vous faire part, puisque vous avez notre confiance absolue.

    Amy était enceinte. Amy était heureuse.
    Là était toute la différence.

    L’idée de savoir un être évoluer en soi suffisait à lui donner la nausée, c’était dans l’esprit d’Evangéline bien loin d’être un évènement merveilleux, mais au contraire funeste et destructeur dont tout son être portait les violents stigmates. C’était simplement tout l’inverse pour la femme qu’elle avait juste devant elle.
    Tout le monde ne partage pas la même histoire et celle de son amie n’était pas la sienne, elle devait en prendre conscience. Evangéline remercia le Ciel, en une seconde de prière muette, de la félicité dont il inondait sur la favorite pleine de grâce.

    Désormais Amy avait besoin d’elle, sa meilleure amie avait besoin d’elle, et elle le lui faisait comprendre sans détour. Il se trouvait que par extension le souverain requérait également son soutien, lui à qui elle vouait une loyauté sans borne. Le sourire qui franchit ses lèvres fut d’abord timide puis définitivement ferme et sincère. Elle affirma d’un signe de tête :


    - Bien sûr ! Bien sûr que je me montrerai digne de votre confiance! _ émue, elle laissa échapper son rire profond et frénétique_ Mon Dieu ! Sa Majesté doit être extatique !

    Cette fois ce fut elle qui ouvrit ses bras à Amy et l’embrassa dans un geste tendre. L’émotion qui l’étreignait, soulevée par autant de révélations que de souvenirs, trouva bien malgré elle un exutoire en une larme qui creusa un sillon sur sa joue et vint mourir dans son cou alors qu’elle serrait son amie contre elle. Elle pleurait de joie assurément, peut-être un peu aussi de frustration à l’idée que tous ses démons n’avaient pas été vaincus comme elle le pensait si fermement jusqu’alors. Elle essuya prestement la trace humide luisant sur son visage et s’adressa à la future mère, consciente des implications lourdes à porter un enfant illégitime de roi :

    - Dîtes moi ce que vous avez décidé et comment je puis vous être utile.
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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime15.01.10 0:57

Toute à sa joie et la vision troublée par ses larmes, Amy ne s’aperçut pas tout de suite de la tristesse qu’elle venait de causer à sa chère Evangéline. Hélas tout comme l’amour, le bonheur rend aveugle, et Dieu sait à quel point le cœur de la favorite en irradiait ! Cinq ans de doutes, cinq ans d’espoir, cinq ans de prières et enfin cet enfant, ce petit être qui scellerait sa relation avec le Roi. Un véritable miracle !

Le fruit d’une belle histoire, d’une union où régnait les sentiments et non pas la raison d’état, la politique, le besoin, le devoir. Tous ses mots répugnants dont il était question entre Louis XIV et Marie Thérèse. Elle préférait sa position à la sienne parfois ! La Reine n’était que sa femme, Amy était l’amante et l’aimée, cela valait bien une couronne !

Elle avait fermé les yeux tandis qu’elle songeait à tout ceci, si loin de ce carrosse, si loin de tout, et si proche de son enfant, qu’Amy les rouvrit comme à la sortie d’un songe, hébétée de revenir dans ce monde réel, où mademoiselle de Comborn … ne disait rien.

La favorite se redressa alors tout à coup. Comment se faisait-il qu’Evangéline ne parlât pas ? La comtesse scruta son visage qu’elle trouva bien figé. N’était-elle pas heureuse ? Sa main se crispa sur la sienne ! Qu’avait-elle donc ? Ce fut à son tour de s’inquiéter ! Que signifiait cette respiration presque saccadée ? La nouvelle lui provoquait-il des vertiges ? Mais pourquoi en aurait-elle donc ? Elle n’était pas la mère …

En un quart de seconde, Amy afficha une mine catastrophée, bien sûr il s’agissait de cette vieille histoire ! Comment sa félicité avait-elle pu la rendre si égoïste ? Future mère ou non, elle aurait dû songer que cela réveillerait le passé dans le cœur d’Evangéline. Infâme Richard d’Artois ! Oui infâme, qui l’avait courtisée, lui avait pris son innocence, et même tout pris … Puisqu’elle en avait perdu un enfant. Son amie en parlait si peu et pour cause, que la favorite dans son exaltation fut malgré elle le poignard que l’on remue dans la plaie. Elle s’en voulut terriblement ! Que faire pour rattraper son erreur ? …

Mais le visage de mademoiselle de Comborn se déridait peu à peu, que se passait t-il dans les méandres de son esprit ? Amy, elle, si confuse la regardait avec toute l’amitié du monde au fond des yeux, yeux scrutant chaque détail de sa physionomie changeante, tel un peintre ou un sculpteur. Un sourire ? Enfin !


- Bien sûr ! Bien sûr que je me montrerai digne de votre confiance!

Amy n’en doutait pas mais elle aurait tant voulu la voir plus heureuse … Lorsque son rire emplit le carrosse, le visage de la comtesse s’illumina. Ainsi étaient ses deux amies, des roseaux qui pouvaient plier au gré des tempêtes mais que l’on ne pouvait briser ! Et voilà ce que l’anglaise espérait, elle retrouvait bien là sa chère amie.

- Mon Dieu ! Sa Majesté doit être extatique !

La frustration de la trop rapide étreinte amicale faite en pénétrant dans le coche, fut dissoute par le geste d’Evangéline. Amy ne se fit pas prier deux fois et se précipita dans ses bras, divers sentiments vinrent se mêler à cette nouvelle embrassade : Le soulagement, le réconfort surtout le réconfort et l’exaltation. Car extatique ? Oui c’était bien le mot ! Voir un tel sourire sur le visage d’un homme exsangue de soucis, de complots, de politique, était un trésor qu’Amy conservait secrètement en son cœur.

- Ma chère amie, comme vous avez raison, Louis est si heureux qu’il en illuminerait ce soleil d’hiver !

Amy se tût sur ce qu’elle avait deviné des tourments d’Evangéline, la comtesse respectueuse de sa souffrance et surtout attentionnée ne voyait pas l’intérêt de lui en parler. Pourtant elle sentit bien le mouvement de sa main tandis qu’elle essuyait ses larmes comme on essuie une tâche. Une tâche pour sa fierté, la comtesse connaissait trop bien mademoiselle de Comborn pour ne pas savoir que celle-ci aimait à jouer les femmes dures.Ainsi l'anglaise pensa avoir agi sagement, en outre le geste parfois compte plus que les mots, la consolation qu’offrait ses bras valait bien celle des mots !

- Dîtes moi ce que vous avez décidé et comment je puis vous être utile.

Oui il fallait parler de tout ceci, et cette mission détournerait son attention de ce tortueux passé.

- Sa Majesté souhaite que je quitte la Cour lorsque mon état deviendra par trop voyant. Elle a peur non seulement d’aller à l’encontre de toutes les règles de l’étiquette et de vexer la Reine, mais surtout que les attaques quotidiennes de certains courtisans ne mettent en péril l’enfant et moi-même ... Car il est vrai que j'ai subi un malaise il y a peu de temps de cela ...

Amy avait pris tout de suite un ton plus grave, elle parlait toujours en tant que mère mais en mère responsable !

- Aussi je vais prendre prétexte officiellement d’aller visiter mes terres de Guyenne et me retirerai en mon château de Roche – Courton en Saintonge. Et voilà là où vous intervenez ma chère amie, puisque Sa Majesté désire que vous m’accompagniez afin de veiller sur moi. Il craint que je ne sois une cible par trop parfaite pour ses ennemis ! Car vous devez savoir que l’on parle beaucoup de complots ces temps-ci …

La comtesse ne croyait pas si bien dire … mais comment aurait-elle pu soupçonner son amie de faire partie du réseau d’espion de Louis XIV ?
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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime25.01.10 0:37


    Le trouble qui l’avait saisi quelques instants plus tôt était certes puissant, la réminiscence la plus douloureuse émotionnellement depuis fort longtemps ; mais comme la vicomtesse n’aimait guère s’attarder sur les choses et surtout sur celles qui la déroutaient, elle porta désormais toute son attention sur son amie et sur les éclairages qu’elle attendait d’elle. Pleine de bonne volonté, elle était prête à faire de son mieux et même plus, mais voilà ! contre le cours de la nature et la perversité humaine (comprenez celle de la Cour) il n’y avait guère de rempart efficace…

    Pour bien des courtisanes, la grossesse n’était ni plus ni moins qu’une maladie dont on guérissait en un peu moins d’un an… Mais quelle maladie ! Plus que la gale ou la peste, elle frappait la malheureuse d’ostracisme et la forçait à rester confinée dans sa demeure de campagne sans guère de visite, rarement celles de son époux, et sans autre compagnie que les nausées, les bouffées de chaleur et les maux de dos… Non vraiment, l’accouchement était une double délivrance ! Il annonçait à la fraîche mère, courtisane sans doute avant tout, la reprise du cours de sa vie, rien de moins !

    - Sa Majesté souhaite que je quitte la Cour lorsque mon état deviendra par trop voyant. Elle a peur non seulement d’aller à l’encontre de toutes les règles de l’étiquette et de vexer la Reine, mais surtout que les attaques quotidiennes de certains courtisans ne mettent en péril l’enfant et moi-même ... Car il est vrai que j'ai subi un malaise il y a peu de temps de cela ...

    Amy (ou plutôt Louis) avait pensé très exactement à la seule et unique solution qu’envisageait la vicomtesse dans cette situation. Car il fallait bien l’avouer, celle de son amie était des plus délicates !
    Comme Amy continuait à lui exposer les raisons de son départ, Evangéline hochait lentement mais régulièrement de la tête : le roi n’aimait guère charnellement, ni sentimentalement sa femme mais il n’en demeurait pas moins attaché aux convenances la concernant, aussi n’imposerait-il jamais à la Reine de France une telle humiliation…

    * … pourtant, une de plus, une de moins, quelle importance…* ne put s’empêcher de songer Evangéline qui, bien que docile envers Sa Majesté et tendrement en amitié avec sa favorite, ne censurait jamais son esprit des pensées les plus mordantes.

    Quant Amy évoqua les courtisans, Evangéline esquissa un haussement de sourcils blasé accompagné d’un sourire narquois : c’était pour la Cour du pain béni assorti de vin de messe ! Elle pouvait parler d’expérience : des mois entiers de persifflages en vue ! Noël, Epiphanie et Pâques en même temps !
    De ces sphères de superficialité n’émergeait jamais rien de nouveau, sinon d’autres profondeurs de bassesses insoupçonnées, c’était là l’avantage d’y évoluer, plus rien ne pouvait guère vous surprendre.
    Il n’était donc pas dur d’adapter sa conduite à l’envie afin de contourner, d’épouser ou bien de contrer les règles… Aussi la retraite était véritablement dans le cas de la favorite, une solution salutaire, la seule viable aux yeux de la vicomtesse.

    - Aussi je vais prendre prétexte officiellement d’aller visiter mes terres de Guyenne et me retirerai en mon château de Roche – Courton en Saintonge. Et voilà là où vous intervenez ma chère amie, puisque Sa Majesté désire que vous m’accompagniez afin de veiller sur moi. Il craint que je ne sois une cible par trop parfaite pour ses ennemis ! Car vous devez savoir que l’on parle beaucoup de complots ces temps-ci …

    Une retraite jusqu’en Saintonge… Mpf ! La mondaine Evangéline faillit plisser du nez… Quand elle avait pensé « retraite », elle avait pensé à un petit château d’Ile de France où le Roi aurait pu se rendre à loisir, mais la Saintonge ! Enfin, elle n’était jamais avare de découvrir d’autres contrées ! Et la perspective d’être accompagnée (à croire qu’elle était l’accompagnée et non l’accompagnatrice !) de sa chère complice dont la compagnie était si agréable, faisait de cet exil forcé une pause salutaire dans son mode de vie trépidant et effréné.
    Elle comprit fort bien la patte du souverain qui se laissait entrevoir en filigrane dans les mots d’Amy : elle n’aurait pas de convocation, ni d’entretien avec Sa Majesté mais elle n’en aurait pas besoin, c’était bel et bien un ordre officiel.
    Le roi s’adressait à l’espionne, la future mère à l’amie. Et Evangéline posa une main tendre sur l’épaule de cette dernière :


    - Ne prêtez pas attention à ces rumeurs qui ne sont que poison, pas plus qu’à ceux qui les colportent… Vous avez tout mon soutien et je vous sais gré, ainsi qu’à notre Sire, de la confiance que vous me témoignez. Aussi je viendrai avec vous et vous pourrez vous appuyer sur moi autant qu’il vous sierra.
    Ceci est ma mission, mais la votre est de toute autre nature. Pour commencer, ne laissez pas votre esprit se troubler de fantômes invisibles : rien ne viendra vous menacer, vous et votre enfant…

    Evangéline levait vers elle un regard à la fois tendre et ferme qui n’attendrait qu’une réponse… positive s’il faut le préciser. A la voir ainsi assurée lorsqu’il s’agissait de taire les inquiétudes d’Amy, on aurait pu croire qu’elle était bien loin de tremper et encore moins d’accorder crédit à ces histoires de complots.
    Et pourtant, l’espionne qui grondait en elle savait bien qu’il ne fallait pas croire un traitre mot de ses paroles.
    Les fantômes de la cabale étaient certes invisibles mais pas moins présent. Ceci étant, Evangéline était sincère pour ceci : elle ne pensait décemment pas que la favorite constituait une cible privilégiée pour quiconque voulant s’en prendre au Roi… Il était bien plus probable qu’elle fût une cible de choix pour les quolibets, les pamphlets et les chansonnettes grotesques et salaces, ça oui ! Et c’était surtout de cela dont il fallait la protéger.


    - Vous avez parlé de malaise… Rien de grave dites-moi ? Vraiment, je vous l’assure Amy, ménagez-vous !

    Evangéline adressa un sourire doux et rassurant à son amie. Décidemment cette situation remuait bien trop de sédiments émotionnels… Elle reprit, concentrée et pragmatique :

    - Cependant, je crois qu’il ne faudra plus tarder, car tout se sait bien trop vite dans les murs du palais… Une domestique un peu trop bavarde, un œil un peu trop affûté... Il faut étouffer la rumeur dans l’œuf et prendre la route bien avant, voilà mon avis.


[Une petite note à propos de ton post précédent : Evangéline n'est pas du genre à s'étendre sur l'affaire Richard d'Artois, personne n'était censé être au courant... Ceci dit, ça peut se comprendre si Amy a fini par l'être... Enfin bref, ya pas mort d'homme mais c'était juste pour faire un petit apparté!^^]
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Amy of Leeds


Amy of Leeds

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?
Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.
Discours royal:



♠ ADMIRÉE ADMIN ♠
Here comes the Royal Mistress

Âge : A l'aube de sa vingt septième année
Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
Missives : 7252
Date d'inscription : 10/09/2006


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MessageSujet: Re: Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline)   Sur la route t'attendent une révélation et une requête royale (Pv Evangéline) Icon_minitime09.02.10 17:13

Amy se tut, laissant un temps de réflexion nécessaire à sa tendre amie. Après tout, il s’agissait d’un long voyage et la favorite connaissait fort bien les goûts d’Évangeline pour les mondanités, puisqu’elle les partageait elle-même. Cet exil, car il en s’agissait malheureusement d’un, ne lui pèserait-il point trop ? Certainement si … Mais à qui aurait-elle pu s’en remettre corps et âme, si ce n’est une fois de plus à Mademoiselle de Comborn ? Amie chère entre toutes et en qui elle mettait une confiance absolue. Si Louis avait pensé à l’excuse remarquable de la visite de son duché, Amy avait songé immédiatement à son amie afin de l’accompagner. Le Roi lui avait alors paru alors songeur, voir hésitant pour une raison inconnue d’Amy … puis avait agrée.

- Il s’agirait en effet de la personne la plus indiquée. La Vicomtesse de Comborn ne vous a-t-elle point servi de marraine, lors de votre présentation à la Cour ? Il est donc parfaitement logique que les deux dames les plus importantes du Duché de Guyenne s’y rendent ensemble. Je vous prie donc mon cher amour, de lui faire part de notre volonté, le plus tôt possible.

C’était fait à présent, tandis que le carrosse poursuivait sa course dans les rues versaillaises, et reprenait peu à peu le chemin du château. C’était fait et de la plus discrète des manières, Amy demeurait donc suspendue aux lèvres de son interlocutrice. Certes les désirs du Roi étaient des ordres, sauf pour elle peut-être qui un jour avait eu l’audace de manquer à un de ces souhaits. Fort heureusement le monarque bien loin d’en être courroucé, s’attacha d’autant plus à sa personne. Cela dit, Amy possédait une influence et une position qu’il ne laissait à personne d’autre, pas même à son épouse.

En outre, la désobéissance datait de plus de cinq ans et ne concernait qu’un collier, aujourd’hui l’affaire représentait bien plus d’importance et de gravité. La favorite devait se plier au cérémonial de la Cour … Elle s’y résignait avec bonhomie. Jamais elle ne serait un fardeau pour Louis ! Et si la maîtresse en titre s’y soumettait donc, comment Evangeline de Comborn pourrait-elle refuser ? Toutes deux se retrouveraient bientôt au service de l’Etat quoiqu’il advienne, et quelque fussent leur véritables souhaits !

Consciente donc de mettre un couteau sous la gorge de son amie, la comtesse of Leeds se promit d’offrir une fête grandiose, en l’honneur de sa venue à la Roche-Courton, et afin de mieux connaître les nobles du voisinage. Bien sûr, la prudence s’imposerait à cause de sa grossesse, et la favorite ne la donnerait certainement pas, à un mois de la délivrance. Mais ainsi, Amy distrairait Évangeline de son mieux durant ces quelques mois, afin de rendre ce séjour moins difficile pour toutes deux d’ailleurs ! Cependant la favorite ne craignait rien, elle connaissait la loyauté de mademoiselle de Comborn, bals, réceptions ou non … la vicomtesse obéissait en tout point au Roi de France, quoiqu’il réclame d’elle. Aussi la réponse ne la surprit guère …


" Vous avez tout mon soutien et je vous sais gré, ainsi qu’à notre Sire, de la confiance que vous me témoignez. Aussi je viendrai avec vous et vous pourrez vous appuyer sur moi autant qu’il vous sierra. "


La favorite accorda un radieux sourire empreint de bonheur et de reconnaissance à sa chère Evangeline.

- Je vous remercie de tout cœur mon amie ! Une fois encore je ne peux que me féliciter d'avoir dans mon entourage, une personne telle que vous et à qui je porte l'affection la plus sincère !

Néanmoins un nuage vint tout à coup à passer …

" Ceci est ma mission, mais la votre est de toute autre nature. Pour commencer, ne laissez pas votre esprit se troubler de fantômes invisibles : rien ne viendra vous menacer, vous et votre enfant… "

Mademoiselle de Comborn avait raison. Ces rumeurs de complots, ces tentatives d’assassinat dont elle-même avait été la victime lui broyait l’âme. La peur s’immisçait en elle ainsi que des questions lourdes de sens : Et s’il arrivait malheur à Louis durant son absence ? Si on profitait pour une raison quelconque de son départ pour lui faire du mal ? Certes, il était Roi, certes ses mousquetaires restaient sur le qui vive, mais Amy se sentait presque coupable de le laisser ainsi, seul face à tous ! Cinq ans auparavant, la comtesse remplissait son rôle d’espionne à la perfection en compagnie de Madame de Noiranges mais à présent … le réseau persistait-il à vivre ? ... Amy soupira profondément, et baissa les yeux vers son ventre très légèrement arrondi. Car malgré toute cette inquiétude et toutes ses interrogations sans réponse, il lui fallait garder son calme … Pour sa santé mais également pour la survie du petit être qu’elle sentait croître en elle.

- Je vous promets d’y remédier et de les chasser bien vite … Quant à mon malaise, taisez vos craintes, il s’agissait de surmenage et de pression, car … j’ai dû attendre plus d’un mois pour pouvoir annoncer cet heureux évènement à Sa Majesté !

Le fiacre venait de passer les premières grilles du château et le trot des chevaux retentissait déjà sur la longue allée centrale. Les deux jeunes femmes silencieuses durant quelques secondes, abordèrent alors le sujet du départ. En effet il était capital …


" Cependant, je crois qu’il ne faudra plus tarder, car tout se sait bien trop vite dans les murs du palais… "

Le carrosse s'immobilisa soudain et un mousquetaire de confiance de Monsieur de Sandras - car Amy en connaissait quelques uns - vint dérouler le marche pied et lui tendre la main afin qu’elle descende. Plusieurs dames et messieurs se promenaient déjà, malgré l’heure matinale. La comtesse les aperçut du coin de l’œil, et prit alors l’air le plus serein qui soit. Débiter à haute voix un mensonge à consonance de pure vérité était fort facile pour elle.

- Je vous sais gré de cette magnifique soirée, Vicomtesse. Quant à notre départ pour la Saintonge, préparez vos malles pour dans un mois ma chère. Cela nous fera grand bien de visiter enfin mon cher Duché de Guyenne et vous-même peut-être de revoir vos terres.

Elle esquissa une légère révérence en guise d’au revoir. Les passants couraient déjà pour annoncer la nouvelle à qui voulait l’entendre. Amy préférait que tout Versailles soit au courant de par sa propre bouche, cela enliserait quelque peu certaines rumeurs, puisqu’elle ne s’en cacherait en aucun cas. Un œil affuté, une domestique trop bavarde avait dit Évangeline pleine de sagesse … mais les seuls yeux affutés pour l’instant étaient ceux de son médecin. Ils étaient dorénavant trois dans la confidence, et aucun n’était susceptible de la trahir. Quant à partir à moins de trois mois de grossesse … Qui se rendrait compte de son état avant longtemps ? Rassurée, paisible comme le lui avait recommandé sa tendre amie, Amy suivit du regard le carrosse s’éloigner, puis regagna ses appartements, le cœur léger et fredonnant avec gaité.

Hélas le danger bien présent la guettait déjà de ses grands yeux bleus …

[Pardon d'avoir pris cette liberté, j'ai pensé sans doute à tort, que comme Evy était sa meilleure amie, que peut-être elle lui avait confié ce drame - une seule fois certes - Mais Amy aurait eu bonne mémoire ^^ J'espère donc ne pas t'avoir gêné outre mesure ! Sinon une nouvelle fois, pardon pour le retard de ma réponse ! ] Embarassed
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