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| "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] | |
| Auteur | Message |
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Paris de Longueville
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une servante de ma connaissance...Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en!Discours royal:
ADMIN BIZUT Phoebus ৎ Prince des plaisirs
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| Sujet: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 26.03.10 12:47 | |
| "[...]Et son teint au vostre pareil." - *** Rejetant les pans de sa redingote de velours vert clair, aux fines broderies d’or, Paris de Longueville ajusta ses manches de dentelles, et après avoir épousseté distraitement son vêtement, tendit une main gracieuse recouverte d’un gant de cuir à la jeune princesse qui descendait doucement du carrosse.
Il avait jeté un regard pétillant sur la jeune blonde qui l’accompagnait, sa poitrine gonflé d’un tel honneur d’avoir été choisi pour ce rôle. D’un signe de tête vague, il congédia le valet de pied qui remonta le marchepied, et sauta derrière le carrosse qui s’ébranla lentement.
Le jeune prince accompagna silencieusement la jeune femme pendant quelques pas, puis rompit le silence, englobant d’un geste ce qui s’étendait sous leurs yeux, alors que d’un geste théâtrale, il se courba légèrement, inclinant la tête vers les bâtiments.
-Comme je vous l’ai promis, mademoiselle, l’ancienne résidence de sa majesté, le Louvre.
Il la laissa passer devant lui, observant un court instant la silhouette gracieuse de la jeune princesse. Elle étaot jolie, très jolie, même, et seule la promesse faite à sa tante lui faisait garder cette distance nécessaire. Mais il était certain qu’elle ne laissait pas le jeune homme indifférent, et malgré toute la réserve qu’il se forçait d’afficher, il ne pouvait s’empêcher de contempler parfois pensivement la jeune femme.
Celle-ci s’était retournée, et le regard de Paris revint à la réalité, alors qu’il esquissait un sourire franc. Il pivota sur lui-même, comme pour montrer toute la place qui len entourait, et se rapprocha d’Anna de Russie, tout en conservant cette distance courtoise.
-Beaucoup de parisiens ont regretté l’emménagement de la famille royale à Versailles, mais les artistes n’étaient pas de ceux-là !
Le palais est aujourd’hui leur antre, et j’ai pu parfois profiter de connaissances pour pénétrer dans ce lieu qu’ils considèrent comme sacré. Je dois avouer que cet endroit est un plaisir pour les yeux.
Il offrit un sourire charmant à la jeune femme, et tendant son bras pour continuer cette petite visite, il s’avança vers l’entrée des bâtiments.
-Souhaitez-vous y entrer, ou préféreriez-vous les jardins, mademoiselle ? Ces parterres ont longtemps été les témoins de longues promenades des courtisans !
Il se tut un instant, tout en continuant sa marche lente. Les jours s’étaient ainsi écoulés doucement, allant des plus beaux hôtels de Paris aux rues plus fréquentées. Les amis de Paris n’hésitaient pas à ouvrir leur porte pour un thé, faisant ainsi connaissance avec la jeune princesse russe, et lui faisant découvrir des trésors français.
Il ne savait cependant ce qu’elle ressentait. Elle gardait toujours une certaine froideur, et le prince espérait que cette glace saurait se briser. Au bout de trois jours, il sentait cependant que cette découverte de la ville si atypique avait ouvert quelques barrières chez Anna de Russie.
Il l’avait découverte curieuse, désireuse d’échapper aux hommes que son père avait laissé sur ses traces, comme des chaperons qui surveillaient les moindres gestes du prince. Paris avait rapidement prit en grippe ces hommes, et dès qu’il le pouvait, il s’amusait à ébranler leur moralité, par des mots camouflés ; mais il détestait avant tout ces personnes muettes et parfois invisibles, et plus il se montrait avec eux dédaigneux, voire détestable, plus son amour-propre se sentait libéré d’un poids.
Il ne pouvait supporter se sentir ainsi suivi, comme espionné, et son orgueil ne savait s’étouffer. Que sa tante, ou son oncle s’enquiert de ses fréquentations étaient une chose acceptable, mais il était insupportable que des gardes russes soient les témoins de ses journées. Il n’avait osé en toucher mot à la jeune femme, craignant une vive réaction, comme elle faisait parfois preuve, mais en son for intérieur, il avait à l’esprit quelques desseins, afin d’éloigner subrepticement ces gêneurs.
Ca n’était pas l’envie d’être seul avec la princesse qui le faisait espérer cet éloignement, mais sa volonté d’être indépendant, et non pas épié par ces hommes. Qui était donc ce prince russe, pour obliger sa fille à se faire ainsi suivre ? N’avait-il donc aucune confiance en elle ?!
Paris maugréa silencieusement lorsqu’il se retourna, et aperçu les vestes chatoyantes des russes qui les suivaient. Il passa ses doigts dans la poche de son veston carmin, et en sortit sa montre ouvragée. Soulevant le clapet d’un geste, il nota l’heure indiquée, et rangeant l’objet, se tourna vers la princesse dans un sourire, ses yeux bleus pétillants posés sur le visage fin de la jeune femme.
-Nous n’avons que peu de temps cependant, avant que la nuit ne tombe. Je devrais alors vous raccompagner à l’Hôtel de Condé. Que souhaitez donc vous découvrir ?
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 02.05.10 17:49 | |
| Anna observait le palais qui se déversait sous ses yeux. Elle sursauta légèrement en appercevant la main ganté et tendu de son guide. Elle y déposa délicatement sa main fine et descendit lestement du carrosse. Elle n’entendit que vaguement le carrosse repartir mais elle en avait cure. Anna appréciait beaucoup d’avoir accepté de visiter Paris en compagnie du Prince de Neufchâtel malgré la présence quasi constante des gardes impériaux. Au début, elle avait eu peur mais quelque chose en cet homme l’intriguait. Certe il était plus jeune qu’elle, mais ils s’étaient trouvé des points communs comme le plaisir de goûter à la vie et au fruit défendu. La volonté de ne pas s’attacher à quelqu’un. Il lui arrivait même d’oublier Felipe et son manque d’ébat amoureux avec ce dernier. Son corps, il faut bien l’avouer commencait à crier famine. Il avait de plus en plus envie de se rapprocher de la peau si jeune et encore enfantine de ce jeune Prince Français et en somme assez exotique à côté des beautés russe glaciale à l’image de la Princesse Anna. En l’entendant s’arrêter, Anna se tourna vers lui et contempla la vue qu’il lui montrait y adjoignant un bref commentaire.
-Comme je vous l’ai promis, mademoiselle, l’ancienne résidence de sa majesté, le Louvre. - C’est splendide. Merci beaucoup.
Anna s’avanca vers la bâtisse jetant des coups d’œil un peu partout sous le charme du vieux palais. Tout était splendeur, bien sûr pas autant que Versailles. On comprenait d’ailleurs un peu mieux le désir du jeune roi à changer de demeure et à en faire construire une autre. Versailles semble plus vaste, plus bucolique meme, plus somptueuse. Après quelques pas, elle tourna un peu sur elle-même comme pour admirer les batiments les entourant et arrêta son regard sur le Prince. Il semblait avoir les pensées qui avaient légèrement voyager ailleurs, dans des contrées lointaines et froides… Cette pensée fit sourire Anna, elle savait l’effet qu’elle provoquait sur les hommes et voir le regard contrit de certains courtisans fort charmant l’amusait toujours.
-Beaucoup de parisiens ont regretté l’emménagement de la famille royale à Versailles, mais les artistes n’étaient pas de ceux-là !
- Oui je comprend le peuple de Paris. Cela est toujours douloureux de voir son Roi quitter la ville où il a toujours vécu. Ils ont du avoir l’impression de perdre leur enfant chéri qu’ils ont vu grandir.
- Le palais est aujourd’hui leur antre, et j’ai pu parfois profiter de connaissances pour pénétrer dans ce lieu qu’ils considèrent comme sacré. Je dois avouer que cet endroit est un plaisir pour les yeux.
- Un palais pour les artistes ? Quel magnifique présent pour ces derniers. Je comprend qu’ils aient apprécié. Et oui je vous crois, un endroit où repose beaucoup d’œuvres doit être vraiment intéressant à visiter.
Charles reprit sa marche et Anna le suivit ses yeux se posant sur tout ce qu’elle pouvait voir et admirer.[/i]
-Souhaitez-vous y entrer, ou préféreriez-vous les jardins, mademoiselle ? Ces parterres ont longtemps été les témoins de longues promenades des courtisans ! - Hum les parterres de fleurs semblent intéressant…
Répondit-elle en souriant.
Elle avait durant ce séjour à Paris pu visiter et rencontrer de nombreux amis du Prince ainsi que découvrir des endroits inattendu. Elle n’oubliera pas de sitôt cette visite des plus agréable. Elle avait beaucoup apprécié surtout, peut-être, la compagnie du jeune Prince. Elle s’en était beaucoup méfier au début mais elle avait apprit à le connaître et elle appréciait énormément la découverte. Il avait lui aussi fini par découvrir ce qui se cachait sous l’apparence froide d’Anna meme si parfois, son ton froid semblait encore le surprendre lorsqu’elle se retrouvait en public. Mais ils avaient beaucoup rit, beaucoup parlé aussi. Et Anna remerciait chaque jour la Princesse de Montmorency de lui avoir présenté son neveu qui était réellement charmant.
Anna avait, il faut bien l’avouer, été un peu déçue que le jeune homme ne tente pas d’évincer de nouveau les gardes de son père. Mais elle appréciait qu’il tente régulièrement de les envoyer promener. Bien sûr, les gardes ne comprenaient pas un traître mot de ce que disait le prince et Anna se gardait bien de le leur traduire ! Plus le temps passait, plus elle s’attachait au Prince sans s’en rendre compte.
Elle avait même réussit à lui faire faire le tour des boutiques Parisiennes ! Elle en avait d’ailleurs fort bien profiter pour acheter moult tissus et taftas pour préparer une tenue pour le bal de Saint Cloud. Elle se demandait si le Prince irait à ce bal ou pas… Mais elle n’avait pas osé poser la question. Elle osait pas trop demander… Elle avait peur de revoir cette lueur démoniaque dans ce regard si doux d’ordinaire.
Anna sourit en entendant le Prince maugréer après s’être retourner derrière leur chaperon collant. (/i]
- Nous n’avons que peu de temps cependant, avant que la nuit ne tombe. Je devrais alors vous raccompagner à l’Hôtel de Condé. Que souhaitez donc vous découvrir ?
[i]Anna aurait bien répondu vous mais elle n’osait pas. Elle tenta alors un timide mais franc.
- Oui pourquoi ne pas rentrer et en profiter pour discuter de chose et d’autres ? D’ailleurs je me demandais, vous alliez au Bal… |
| | | Paris de Longueville
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 29.05.10 13:16 | |
| Cette douce voix et cet accent achevaient parfois de charmer Paris, alors qu’il ne détachait ses yeux de la jeune femme. Chaque jour les rapprochait un peu plus, et tout son orgueil applaudissait à l’avance la réussite de son entreprise. Chaque jour était un combat intérieur, entre sa conscience, et son obéissance à sa tante, et ses désirs de s’approcher plus intimement de la princesse. Lorsqu’une femme dégageait tant de beauté mystérieuse, on ne pouvait décemment feindre de l’ignorer ! Le faire eu été une insulte à soi-même !
Paris s’approcha lentement de la jeune russe, croisant ses mains derrière son dos, mais sans quitter ce sourire courtois qu’il affichait. Il balaya du regard les bâtiments de l’ancien palais royal, avant de s’avancer de quelques pas, invitant Anna de Russie à le suivre.
-- Oui je comprend le peuple de Paris. Cela est toujours douloureux de voir son Roi quitter la ville où il a toujours vécu. Ils ont du avoir l’impression de perdre leur enfant chéri qu’ils ont vu grandir.
Il retint un petit rire à l’évocation du roi ; les mots de sa mère lui revenait en mémoire, alors que le visage de son oncle apparaissait à son esprit. Oui…le peuple de Paris aimait son roi, et savait le lui montrer de bien étranges façons !
-Le peuple de Paris aime tant son roi que lui seul est capable, sans même parfois le vouloir, de le faire plier, et de le tenir au creux de sa main.
Il arrêta sa marche, et dans un sourire amusé, attendit que la jeune femme se rapproche.
-Le peuple s’accoutume à cette absence ; les salons littéraires et les intrigues de la cour sont toujours trop présents à Paris pour qu’elles ne puissent un jour totalement disparaître !
Il prit alors doucement la main de la jeune femme entre ses doigts, et la guida vers le centre de la cour avant de la relâcher. Les jours précédents lui avaient appris combien il était difficile de traduire ce que pouvais ressentir la jeune femme, si secrète et glaciale. Elle n’était pas de ces abeilles butinant chaque fleur qu’elle trouvait, mais de ces papillons voletant, sans jamais se poser, ni laisser entendre la destination choisie. Mais il sentait en elle cette curiosité qu’il ne pouvait que satisfaire. S’il ne pouvait agir avec elle comme avec d’autres de ces jeunes courtisanes prêtes à succomber au moindre regard, il prenait patience, et savait user de la plus grande réserve, afin de ne pas briser ce mince lien tissé entre eux.
Mais plus il connaissait cette voix douce, cette chevelure d’or entourant ce visage fin, plus cette attirance physique augmentait, troublant l’habituelle patience du jeune homme. Il ne pouvait se contenter d’admirer cette femme, sans jamais pouvoir goûter à ce fruit exotique.
Il soupira doucement à cette pensée, et se retourna à nouveau vers la jeune russe.
- Un palais pour les artistes ? Quel magnifique présent pour ces derniers. Je comprend qu’ils aient apprécié. Et oui je vous crois, un endroit où repose beaucoup d’œuvres doit être vraiment intéressant à visiter.
-Mon parrain, qui fut prévôt des marchands, doute que ce soit un présent du Roi, mais ces artistes le considèrent parfois comme tel, et ont ainsi investi ce lieu sans chercher à lever le voile sur d’éventuelles autorisations !
Il reprit sa marche, laissant la jeune princesse admirer les bâtiments.
-On y trouve tout un art hétéroclite, à dire vrai. Des essais, des sculptures parfois brisées, ou de ces peintures attendant sans plus de patience que leurs créateurs viennent les achever.
Il y a, dans certaines pièces, cet amas d’objets abandonnés, qui peut-être aurait pu connaître un engouement comme celui que nous avons pour monsieur le Brun ! Mais ces artistes, si certains rêvent de gloire, sont parfois des créateurs esseulés, ne sentant autour de leur art que mépris et peu de considération.
Sa voix avait eu cet accent grave, alors qu’il repassait dans sa mémoire ces visites aux artistes, et les heures qu’il avait passées, guidé par les habitants des lieux.
-Mais je suis certain que de nombreuses œuvres nées dans ce palais pourront un jour connaître la gloire attendue par leurs créateurs. L’on ne peut imaginer, en voyant ces toiles vierges, combien leur secret sera livré, par le talent de ces peintres !
En prononçant ces quelques mots, il avait fixé ses pupilles azurées sur la jeune femme, pesant sa phrase qui masquait là les intentions du jeune homme. Il voyait alors la jeune princesse comme ces toiles immaculées, dont chaque coup de pinceau serait un morceau de ce voile levé.
Ils étaient à nouveau proches, et Paris reprit alors la main de la jeune femme, la guidant vers les jardins qui s’étendaient devant eux.
-Monsieur le Notre a encore montré ici la preuve de son talent, en effet ! Attenant à ce palais des Tuileries, les jardins sont tout aussi somptueux de ceux de Versailles. Hélas, je crains que le temps ne nous empêche de les voir.
Comme pour s’excuser, il inclina légèrement la tête, faisant briller son regard d’une lueur faussement contrite, mais le sourire qu’il affichait ne pouvait que démentir ce regard.
- Oui pourquoi ne pas rentrer et en profiter pour discuter de chose et d’autres ? D’ailleurs je me demandais, vous alliez au Bal. Discuter ? Paris n’en n’avait aucune envie particulière, mais la jeune princesse était bien trop délicieuse pour la laisser s’échapper si aisément. Il ne savait au juste ce qu’elle souhaitait, mais il sentait parfois sur lui le regard plus profond de la jeune femme, le gonflant un peu plus d’importance.
La jeune princesse représentait jour après jour un défi qu’il semblait réaliser avec brio. Sans relâcher la main de la jeune femme, il posa sur elle ses yeux francs, et sourit à nouveau, songeant au mensonge qu’il lui ferait à l’instant.
Le bal. Ce bal où chacun serait masqué, où lui-même jouerait un rôle qui était à sa mesure ; ce bal où jeu de dupe et mystère seraient au rendez-vous. Il ne pouvait laisser s’échapper cette chance de mener à bien ses entreprises, couvert par un masque. Depuis bien longtemps, il se préparait à cette festivité à venir, et la question de la jeune femme achevait de la convaincre sur la légitimité de sa présence à ce bal.
Néanmoins, il conserva son sourire courtois, et sans laisser transpirer un quelconque mensonge, il s’excusa auprès de la jeune princesse.
-Hélas, des affaires vont me tenir éloigné de la cour quelques jours durant. Neuchâtel me réclame, et c’est à regret que laisserait ma seule sœur représenter notre famille.
Il eu à nouveau un accent de contrition, et amenant à nouveau Anna vers lui, serra ses doigts autours de la main de la jeune femme.
-Il nous faut donc profiter de ces quelques heures qu’il nous reste, avant que je ne m’exile dans mes terres suisses. Dites-moi donc, altesse, quelle déesse mythologique pourrait renaître sous vos traits ? Artémis, ou Diane ? Une reine de Rome serait-elle à la hauteur de nos attentes ?
Sa voix s’était adoucie, alors qu’ils s’éloignaient du palais royal et des parterres des jardins. Connaître par avance le costume de la jeune femme pourrait être un atout majeur dans ce bal prochain. Ignorant les gardes qui les suivaient à nouveau, il poursuivit le chemin vers le carrosse, menant la jeune femme à ses côtés.
-A moins qu’en mon absence, Hélène de Troie trouverait vos faveurs ? Elle ne pourrait craindre cette fois d’être enlevée à son pays.
A cette petite pirouette, une lueur amusée illumina à nouveau le regard de Paris, alors qu’il s’arrêtait, afin d’attendre la réponse de la jeune femme. Il acceptait ce retour, et ce prochain enfermement dans ces petits salons où résonnaient les conversations les plus badines ; mais à cet instant, tenant entre ses doigts cette main qui semblait si pure, il ne ressentait aucune envie de discourir de la vieille ville. La jeune femme possédait cet attrait mystérieux, reléguant bien loin ses résolutions. Il ne pouvait rester insensible face à Anna de Russie.
Ces échanges courtois pouvaient rapidement lasser le jeune homme, qui, enfin, ne se terrait plus derrière cette réserve polie qu’il avait jusque-là adopté.
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 30.05.10 17:53 | |
| Anna crut entendre un léger petit rire après sa déclaration mais elle n’en tint pas compte. Le Prince Charles avait parfois un humour assez… ironique. Alors que son regard se perdait de nouveau sur la sublime bâtisse qui les entourait. Anna fut tiré de son songe par la voix de Charles. Elle sursautait toujours lorsqu’elle l’entendait mais plus pour les mêmes raisons… Les sursauts étaient maintenant dû à la vague de frissons qui pouvait parfois lui parcourir l’échine en entendant cette voix devenue familière.
-Le peuple de Paris aime tant son roi que lui seul est capable, sans même parfois le vouloir, de le faire plier, et de le tenir au creux de sa main.
Alors qu’elle se perdait dans les explications de Charles, ce dernier avanca. Anna ne s’en était meme pas rendu compte et c’est seulement en entendant la voix de ce dernier de plus loin que l’instant d’avant qu’elle eut l’ingénieuse idée de faire avancer ses pieds. Il faut bien avouer que pendant quelques secondes elle dû se rappeler comment on faisait cela. Mais elle reprit rapidement contenance.
-Le peuple s’accoutume à cette absence ; les salons littéraires et les intrigues de la cour sont toujours trop présents à Paris pour qu’elles ne puissent un jour totalement disparaître !
- Le peuple parisien est vraiment étrange. Le peuple français en entier devrais-je même dire. J’ai toujours été impressionné de voir comment ce peuple pouvait être autant attaché à son histoire même sanglante. Et comment ce peuple peut être parfois si rancunier.
Anna se dit qu’elle devrait adjoindre dans ses prières des demandes au Père Tout Puissant pour aider le peuple français à mieux accepter les fautes et erreurs de ses monarques. Après tout, qui n’a jamais commit de faute. Que celui qui jette la première pierre n’est jamais fauté ! Un jour cela se retourna sûrement contre lui…
- Peut-être est-ce de la faute à vos souverains après tout. Chaque monarque est responsable des bêtises de son peuple. Non ?
Anna sentit la main douce et agréable de Charles de Longueville se glisser dans la sienne. Malgré leur première rencontre des plus houleuses et tendues, elle ne dit rien et ne la retira pas. Ils avaient depuis ces quelques jours apprit à se connaître et Anna avait maintenant parfaitement confiance en lui. Au début, c’était plus une relation entre Altesse Princière mais au fil des discussions c’était devenue une relation entre connaissance ayant des points de vue en commun. Et puis comment ne pas apprécier cette jeune figure à peine sortit de l’adolescence si amusante et charmante ? Avouez qu’il y a de quoi en être sous le charme non ? Non ! Et bien pour Anna si il faut bien l’avouer ! Déjà réussir à lui faire passer le manque de Felipe est un exploit. Elle a toujours posé comme condition qu’ils ne soient qu’amants et que jamais il n’y est de questions d’amour entre eux. Pour lui, elle ne savait pas trop ce qu’il pensait. Mais pour elle, il est clair que lorsqu’il est loin, elle est en manque. Elle est persuadée qu’il s’agit d’un manque sexuel, peut-être que oui, peut-être que non, et qui sait si nous le saurons un jour ? En attendant, elle était avec le Prince de Neufchâtel et il faut bien avouer que cela n’était pas pour lui déplaire… Il la guida délicatement vers le centre de la place et elle se laissa tranquillement guider parfaitement à l’aise maintenant avec ce dernier quoique gardant ses distances. Ce n’est pas parce qu’elle lui devient aimable qu’il doit penser avoir gagner le droit de la mettre dans son lit. On ne l’y met pas si facilement voyons ! Enfin pas quand on est Prince, Duc, Marquis, Comte, Baron ou meme simple Seigneur ou Chevalier. Non à la rigueur un simple paysan plutôt mignon peu s’y retrouver juste un soir sans préliminaire mais pas quelqu’un de la haute société ! Déjà que son père n’approuve guère cela alors si en plus elle le faisait avec tout le monde elle serait déjà au couvent au nord des plaines Russes la où la neige ne fond jamais !
-Mon parrain, qui fut prévôt des marchands, doute que ce soit un présent du Roi, mais ces artistes le considèrent parfois comme tel, et ont ainsi investi ce lieu sans chercher à lever le voile sur d’éventuelles autorisations !
Anna sourit en entendant la précision du Prince. Ainsi les français sont dû genre à prendre sans obligatoirement demander ? Et bien ! Cela promet. Elle comprenait un peu mieux d’un seul coup l’attitude de ce Richard d’Artois en visite en Russie… Si tels sont les habitudes françaises cela semble d’un seul coup logique que son orgueilleux masculin ce soit sentit à ce point blessé et lésé.
- Oh, je ne connaissais pas les français ainsi. Je pensais que c’était un peuple d’hommes et de femmes civilisés qui avant de prendre possession d’une chose qui ne leur appartient pas, ils demandent l’autorisation.
Anna effaca ensuite son superbe sourire pour forcer ses lèvres en une moue contrie.
- Me voilà bien vite détrompé. Quelle triste déception.
Acheva-t-elle de déclaré. Evitant de se mettre à sourire pour ne point dévoiler son ton ironique et le fait que tout ceci n’était qu’humour. Mais il faut bien avouer qu’au fond d’elle-même, elle était en plein fou rire. Le Prince reprit ensuite sa marche, et Anna le suivit de plus ou moins prêt ne voulant pas se faire semer dans ce dédale de parterre et surtout n’ayant pas envie de quitter des yeux cette silhouette si finement sculpté.
-On y trouve tout un art hétéroclite, à dire vrai. Des essais, des sculptures parfois brisées, ou de ces peintures attendant sans plus de patience que leurs créateurs viennent les achever.
Il y a, dans certaines pièces, cet amas d’objets abandonnés, qui peut-être aurait pu connaître un engouement comme celui que nous avons pour monsieur le Brun ! Mais ces artistes, si certains rêvent de gloire, sont parfois des créateurs esseulés, ne sentant autour de leur art que mépris et peu de considération.
- Oui tout ceci est bien dommage pour eux, mais peut-être qu’un jour cela changera. Voyez cette engouement pour les pièces dramatique de l’antiquité grec ? Je doute qu’à leur époque elles aient succité autant de spectateurs. Mais les œuvres mais si la plupart sont intemporelles sont parfois trop futuriste pour les gens que nous sommes. Le monde et les hommes en général ne sont pas toujours prêt à admirer des nouveautés à ouvrir leurs esprits sur un art nouveau et inconnu. L’être humain à souvent peur de l’inconnu, n’est ce pas ?
Demanda-t-elle en se tournant un grand sourire plein de sous-entendu sur les lèvres. Elle se doutait bien qu’en tant que beauté froide et glaciale venu des contrées de l’Est si inconnu pour tout ces français intriguait. Après tout, n’était-ce pas la une de ses techniques pour attirer les hommes à elle et voir s’ils sont intéressant à mettre dans son lit ? Bien sur que si voyons ! Et qui n’a pas déjà joué de ce côté mystérieux ? Evidemment une simple fille de joie ne cherchera pas à être ni mystérieuse ni même une espionne qui cherche juste à obtenir des informations. Il suffit d’être charmeuse, plutôt joli et l’homme se laissera facilement séduire. Ensuite, en plein ébat il faudra poser les bonnes questions ou bien savoir le mettre K.O. avant de l’être soit même. Ainsi tu as tout le loisir de pouvoir fouiller dans l’antre de ton ennemi. Mais pour Anna, tout est différent. Son but est de trouver la perle rare, celui qui saura la faire vibrer et lui donner sa dose de plaisir pour une nuit du couché du soleil au nouveau levé de soleil. Ou bien pour quelques jours mais jamais plus longtemps. Trouver aussi un homme intelligent capable de lui résister peut-être intéressant. Peu d’hommes ne sont pas troublé par sa beauté. Et le jour où elle en trouvera un qui ne le soit pas, peut-être ce jour-là songera-t-elle au mariage pour pouvoir comprendre comment cela se fait-il. Ou alors cela arrivera le jour où son père en aura simplement marre. De toute façon, elle n’y est pas encore prête, elle n’est pas encore gouté à toutes les joies que peut lui procurer le célibat et la richesse. D’ailleurs, le sera-t-elle un jour ?
-Mais je suis certain que de nombreuses œuvres nées dans ce palais pourront un jour connaître la gloire attendue par leurs créateurs. L’on ne peut imaginer, en voyant ces toiles vierges, combien leur secret sera livré, par le talent de ces peintres !
Et pendant qu’Anna était plongé dans ses pensées, Charles de Longueville enchainait son monologue. Mais la Princesse Russe fini par sentir un regard doux posé sur elle. Cet état de fait la fit sortir de son songe, elle tourna son regard sur le Prince et lui sourit. Il faut bien avouer qu’elle n’avait pas trop entendu la dernière phrase. Mais au vue de l’étincelle qui allumait les yeux du jeune homme, celle-ci devait être empreinte d’un profond sous-entendu qu’Anna devinait aisément. Il ne faut pas être née de la dernière pluie pour ne pas pouvoir s’en douter. Elle n’eut pas le loisir d’approfondir ses réflexions que ce dernier lui reprenait déjà la main. Anna réprima un nouveau frisson, la main du Prince avait eu le temps de se refroidir légèrement mais était-ce le froid ou le désir qu’allumait en elle ce Prince qui se faisait de moins en moins mystérieux mais qui ressemblait en rien à ces autres courtisans. Contrairement à la plupart des hommes, il ne s’était pas énervé ni agacé de ce jeu, de cette attitude. Au contraire, il faisait tout pour l’intriguer, lui donner envie de ce dévoiler. Anna se demanda si c’était la faute à la demande de sa tante qui voulait préserver la pseudo vertue d’Anna ou si c’était simplement que cet homme était ainsi… Voilà un mystère à étudier et pour cela rien de mieux que d’espionner son hôte et de le regarder agir avec les autres beautés féminines.
-Monsieur le Notre a encore montré ici la preuve de son talent, en effet ! Attenant à ce palais des Tuileries, les jardins sont tout aussi somptueux de ceux de Versailles. Hélas, je crains que le temps ne nous empêche de les voir.
- Oh oui merveilleux. D’ailleurs ce nom me dit quelque chose…Mais où l’ai-je entendu, je ne puis vous le dire.
-Hélas, des affaires vont me tenir éloigné de la cour quelques jours durant. Neuchâtel me réclame, et c’est à regret que laisserait ma seule sœur représenter notre famille.
Anna ne put réprimer une lueur de tristesse dans ses yeux. Dommage, elle allait se retrouver entouré de parfaits inconnus ou de gens souhaitant à tout prit s’attirer ses faveurs pour obtenir les bonnes grâce d’un souverain inconnu mais à ne pas oublier dans ses affaires personnelles. Elle n’avait, d’ailleurs, pas encore pu rencontrer Sa Majesté Royale pour lui faire part des bonnes grâces de son Père le Tsar de toutes les Russies et lui porter son message. Et bien tant pis, de toute façon elle s’était faite inscrire sur la liste des invités, elle ne pouvait pas déroger à cela. Et en tant qu’invité Impériale, elle se devait de faire montre de la splendeur Russe.
- Oh quel dommage. Je ne vais donc pas connaître grand monde ce soir-là.
-Il nous faut donc profiter de ces quelques heures qu’il nous reste, avant que je ne m’exile dans mes terres suisses. Dites-moi donc, altesse, quelle déesse mythologique pourrait renaître sous vos traits ? Artémis, ou Diane ? Une reine de Rome serait-elle à la hauteur de nos attentes ?
- Suisse ? Je vous croyais français
Lacha-t-elle en éclatant de rire confuse de son ignorance. La voilà bien sotte.
- Je suis navrée de mon ignorance votre Altesse. Vous vouliez savoir mon costume ? Oh mais n’est ce pas quelques choses qui ne se dévoile pas ? On ne sait jamais si vous donniez cette information à quelconque soupirants repoussé au détour d’une allée. Je serais coincée pour la soirée.
-A moins qu’en mon absence, Hélène de Troie trouverait vos faveurs ? Elle ne pourrait craindre cette fois d’être enlevée à son pays.
- Bon et bien puisque vous insistez. Et puis de toute facon il ne sera probablement pas dure de me reconnaître. J’ai choisit d’incarner Héléna Ginska. Ce nom vous est surement inconnue mais tous les russes la connaisse. Il s’agit de la première épouse du Tsar Yvan IV dict Yvan le Terrible.
Déclara-t-elle en souriant. Alors qu’elle laissait le jeune prince avalé l’idée, elle monta avec l’aide du page, dans le carrosse revenue à leur hauteur. Charles ne tarda pas à suivre et le carrosse se mit en branle en direction de l’Hôtel Parisien des Condés.
- Oh, puis-je vous demandez une faveur ?
- J’aimerais que vous restiez cette nuit, à l’Hôtel. En effet, il n’y a jamais aucun bruit là-bas et s’y réveiller en pleine nuit est effrayant. A Saint Pétersbourg ou meme à Versailles, quelque soit l’heure il y a du bruit. Ici, jamais et ce n’est pas pour me rassurer. Alors lorsque je me réveille je vais à la porte vérifier la présence des gardes. C’est bien le seul moment du jour où j’apprécie leur présence.
Pendant ce temps, le carrosse fendant la foule plus ou moins dense des habitants de Paris et finit par arrivé à l’Hotel des Condés. Charles de Longueville descendit en premier du carrosse et tendit sa main ganté à Anna pour l’aider à descendre. Ils traversèrent l’allée et pénétrèrent dans la bâtisse où il faisait tout de même plus chaud que dehors. Fanny, la femme de chambre d’Anna arriva et les aida à se débarrasser de leurs effets superflue. Ils prirent ensuite place dans le salon du rez-de-chaussée et Anna vit demandé du thé et des gâteaux. Tout le personnel des Condés étaient aux petits soins. C’était à la fois agréable et agacant. Ils s’excusaient au moindre bruit, au moindre frottement. Elle savait que Charlotte de Montmorency apprécie de ses serviteurs un calme et un silence en toute circonstance mais parfois un peu de bruit aide à se rappeler que l’on est pas seule ici. |
| | | Paris de Longueville
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ADMIN BIZUT Phoebus ৎ Prince des plaisirs
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 15.07.10 18:48 | |
| Paris aimait toute cette candeur qui se dégageait de chaque femme, la plus éclairée soit-elle. Il y avait dans leur esprit cette naïveté touchante, et cette vision si simple de la vie que chacune pouvait le séduire pas ce seul trait. S’il n’avait aussi peu de morale que ce comte du Perche, il aurait succombé à chacune d’entre elle, mais son amour-propre le poussait à respecter les vœux de chacune, et seule ces jeunes femmes esseulées le touchaient plus qu’il ne l’entendait.
Il y avait en la princesse de Russie cette curiosité enfantine, qui lui montrait la France telle qu’elle souhaitait la connaître, sans y voir les trésors qu’elle recelait. Mais cette facette de la jeune femme, plus que tout autre, attirait le jeune homme, le renforçant dans cette attitude de guide et protecteur dans cette ville étrangère.
- Le peuple parisien est vraiment étrange. Le peuple français en entier devrais-je même dire. J’ai toujours été impressionné de voir comment ce peuple pouvait être autant attaché à son histoire même sanglante. Et comment ce peuple peut être parfois si rancunier.
Paris sourit doucement à ces mots si durs et pourtant si doux.
-Chaque peuple, votre grâce, reste attaché à son Histoire, pourvu qu’elle le serve aujourd’hui. Ceux qui possèdent cette chance savent combien le passé influe sur le présent, et combien il est nécessaire de s’en rappeler. Le peuple agit par amour de son pays et de son souverain, quel qu’il soit ; mais il pardonne difficilement qu’on le mette à l’écart et le sous-estime.
|i]Il détourna la tête vers le bâtiment, observant les vitres sans vie, témoins des évènements troublants qui avaient marqué Paris. Lui-même, par toute son éducation, exilé en Normandie, connaissait le poids de la voix du peuple.[/i]
- Peut-être est-ce de la faute à vos souverains après tout. Chaque monarque est responsable des bêtises de son peuple. Non ?
La remarque, loin de toute candeur, fit se retourner vivement Paris vers la jeune femme, et après un court instant pendant lequel il fixa la jeune femme, il prit un ton plus grave et posé, oubliant la douceur du moment qu’ils partageaient.
-Les ministres, mademoiselle, sont parfois plus en tort que les monarques, lorsque ceux-ci sont bien trop jeunes pour gouverner ! Le peuple ne fait que dénoncer des injustices, et chaque révolte trouve sa source dans un mal-être qu’il faut atténuer, et non pas étouffer comme pour le cacher aux yeux des nantis !
Il ferma les yeux un court instant, se rappelant les diatribes de sa mère contre ce cardinal ministre, usurpateur d’un pouvoir qui n’était pas le sien. Combien de fois, depuis sa prime enfance, et même après la mort du « diable rouge », n’avait-il pas entendu ces récriminations ? Bercé des souvenirs de sa mère, éduqué dans cette haine passionnée, rien n’avait su changer son fusil d’épaule.
Il regretta aussitôt ces paroles, que la princesse ne pourrait comprendre, sa vie l’ayant tenu si éloignée de cette guerre française. Cette visite de Paris n’avait pour vocation de la mener sur un terrain politique qu’elle ne pourrait comprendre, et le jeune prince ne ressentait nullement cette envie de la lui faire partager. Il soupira doucement, et comme pour s’excuser de ce léger emportement, pourtant calme, ferma ses doigts sur la main de la jeune femme, souriant à nouveau.
-Pardonnez mon emportement, votre Altesse. Ce sujet est fort épineux depuis de longues années au sein même de la cour de France, jusque dans ma propre famille.
Plein de cette délicatesse coutumière, il porta la main d’Anna à ses lèvres, sans toucher cette peau fine et pâle, et posa son regard azuré sur le sien.
-Mais je vous sais curieuse de toutes ces choses, si ces détails attisent votre curiosité, permettez-moi de vous en parler un autre jour. Celui-ci est délicieux, ne le gâchons point par ces détails politiques.
Il la menait doucement dans les parterres, souriant aux remarques de la jeune femme. Etrangère, curieuse, chacune de ses réflexions respirait la nouveauté, mettant parfois à terre tout ce qu’il avait jusque-là pu entendre dans la cage dorée de Versailles. La franchise de la princesse lui plaisait. Plus qu’il ne l’avait souhaité, et il en oublia sans remord la jeune comtesse de Varret à qui il avait promis ses cartes aux jeux ce soir même. Il voyait s’approcher le jour où il pourrait goûter à ce fruit glacial et exotique, qui semblait pourtant peu pure de ces occupations nocturnes dont il savait être l’acteur.
- Me voilà bien vite détrompé. Quelle triste déception.
Amusé, le jeune prince conserva la mine sérieuse qu’il affectait, mais d’une voix plus franche, joua ce jeu lancé par la jeune femme.
-En effet, Altesse. Les français sont malheureusement de ces peuples qui aiment à se servir puis délaisser. Ils n’attendent que peu d’autorisation, considérant que chaque bien français leur appartient. N’est-ce pas là des pratiques bien barbares ? Je m’en désole chaque jour !
Affichant un sourire amusé, il s’éloigna doucement, sentant néanmoins cette présence à ses côtés. Chaque petite brise lui apportait le parfum de la jeune femme, le laissant imaginer les plus doux instants ; sans l’observer, il voyait les cheveux d’or de la princesse, ce sourire angélique et pourtant si peu innocent, et le regard qu’elle posait sur lui, trahissant des pensées qu’il ne voulait que voir dévoilées. En aucun cas cette envie de possession n’était de l’amour. Simplement ce désir de partager ces instants avec l’une des plus charmantes princesses de Versailles, invitée du roi lui-même. Ce romanesque défi le poussait à continuer un peu plus ce manège dont aucun n’était dupe.
Ces bribes sur l’art avaient éveillée sa curiosité, sentant Anna plus éclairée qu’elle ne laissait voir. Il s’amusait de cette franchise naturelle, ne trouvant aucun obstacle pour atteindre les oreilles de ses interlocuteurs. Il se prit à apprécier non plus la jeune russe, mais également cette vision qu’elle possédait, et qui ouvrait la porte à de multiples discussions dignes des salons de cette délicieuse Ninon.
-L’être humain à souvent peur de l’inconnu, n’est ce pas ?
Les mains croisées derrière le dos, le jeune prince se retourna, souriant à la jeune femme.
-Bien sûr ! L’inconnu est là tout le fondement de la peur de l’homme. L’inconnu face à une bataille inquiète le militaire, l’inconnu du public ralenti la verve du comédien, l’inconnu d’une jeune femme enferme le beau parleur…
Il laissa sa phrase en suspens, croisant le regard d’Anna ; rien, dans ses yeux, ne laissait paraître les pensées qui l’assaillaient en cet instant, ni ce que son imagination le faisait entrevoir. Il conservait cette lueur franche, quoiqu’amusée et peut-être mystérieuse, qui n’avait pour seul but que de laisser la jeune femme dans cette attente d’une réponse ferme.
Ils reprenaient leur lente marche, les doigts de Paris refermés sur ceux de la jeune femme, nullement décidés, l’un comme l’autre, à lever le voile sur ses propres intentions.
-Monsieur le Nôtre est l’architecte du théâtre des jardins de Versailles. Son œuvre sera certainement intemporelle, tant elle ravi chaque spectateur.
Il sentit chez la jeune femme cette déception à l’annonce de son absence du bal, et du cacher le sourire qui le chatouillait. Elle n’était pas la première à lui dévoiler cette moue, et n’en serait pas la dernière, tant les jeunes filles à qui il avait du avouer ce mensonge s’étaient pressées pour le lui demander. Ces preuves si marquées ne pouvaient que le renforcer dans cet orgueil qu’il entretenait, et l’idée d’être présent là où nul l’attendait lui plaisait déjà. Cette position de force ne pouvait que l’enchanter.
Il perçu cependant cette réelle déception dans la voix de la princesse, et se retournant, resserra ses doigts autours de la fine main.
-Ne craigniez rien, mademoiselle ; les apparences sont trompeuses, et je suis certains que dans ces courtisans qui vous inquiètent, vous saurez trouver le cavalier qui vous sied.
Il eut volontairement ce sourire qu’il adoptait lors de ses discours couverts, et continua sur cet air faussement contrit.
-Mademoiselle ! Loin de moi cette idée de vouloir trahir votre secret ! Vous êtes bien trop précieuse pour sa majesté, en tant qu’invitée de la cour, et vous jeter dans la fosse aux lions est mon dernier souhait.
A l’inverse, je vous rejoindrais pour vous en sortir, ajouta-t-il en souriant, appuyant ses paroles d’un regard.
Il l’invitait silencieusement à s’installer dans le carrosse qu’ils avaient rejoins, et éloignant le serviteur qui se plaçait déjà derrière le véhicule, poursuivit tout en grimpant à son tour.
-Epouse d’Yvan le Terrible ? Serez-vous à la hauteur de cet époux ? Auquel cas je crains pour ceux auprès de qui je trahirais votre secret….voilà qui me pousse à ne point le dévoiler, soyez-en assurée !
Il s’assit sur la banquette, en face de la jeune femme, respirant à nouveau ce parfum qui réchauffait l’atmosphère fraîche de l’hiver. A nouveau, il pourrait observer ses traits parfaits et son sourire mutin, et chercher cette faiblesse dans son regard qui pourrait lui ouvrir une porte entr’ouverte.
Son oreille se dressa à cette faveur qu’elle souhaitait lui demander, et d’un geste, l’invita à poursuivre, alors que toute son attention se portait sur les mots qu’il entendait. Ils couvraient le bruit des roues cahotant sur les pavés de Paris, et au fur et à mesure des explications de la jeune femme, un sourire vint élargir les lèvres du jeune homme, annonçant cette lueur qui brilla bientôt dans le regard du prince.
Il suivait cependant le chemin emprunté, et aux abords de l’hôtel, posant ses yeux sur ceux de la jeune princesse, recouvrit sa main de la sienne, la couvrant d’un regard plus parlant que de simples mots.
-Cette idée est délicieusement indécente, mademoiselle.
Un sourire franc avait ponctué sa phrase, et sans laisser le temps à la jeune femme de répliquer, ordonna au valet de déplier le marchepied, qu’il descendit avec grâce. Offrant son bras à la jeune femme, il la suivit alors jusqu’aux salons particuliers, où déjà les serviteurs s’activaient.
Il détestait depuis toujours ce silence oppressant qui régnait dans la demeure de sa tante, lui faisant amèrement songer aux visites faites à la duchesse de Longueville. Le regard terni face aux serviteurs courbés à son approche, servant le thé demandé, il rompit ce silence sacré d’une voix claire.
-De grâce nous ne sommes pas à Port-Royal ! Je doute qu’un peu de bruit puisse effrayer son altesse !
Les serviteurs sourirent aux mots du jeune maîtres qu’ils appréciaient autant que sa tante, et osant un toussotement, prirent congés, laissant entendre des bribes de voix au travers des portes pourtant closes.
Paris se retourna vers la jeune femme, et le regard brillant, se décida enfin à répondre à la question soumise quelques minutes auparavant.
-Mademoiselle…je suis un Longueville…me croyez-vous réellement Suisse ?
Sa voix, aussi délicieuse et calme qu’il savait la rendre, ne pouvait en aucun cas tromper la jeune femme. |
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 01.09.10 15:54 | |
| -Epouse d’Yvan le Terrible ? Serez-vous à la hauteur de cet époux ? Auquel cas je crains pour ceux auprès de qui je trahirais votre secret….voilà qui me pousse à ne point le dévoiler, soyez-en assurée !
Anna éclata de rire en entendant la question du Prince. Elle reprit son souffle et médita sa réponse pour laisser durer le suspense. Tout en réfléchissant, elle affichait des regards et des moues tantôt contrit, tantôt furieux ou d’autre fois joyeux pour ménager son effet. Une fois la réponse bien préparé dans sa tête, elle répondit en appuyant son accent russe un peu plus que d’ordinaire.
- Evidemment mon Seigneur ! Ne savez vous pas qu’un russe est un hôte des plus apprécié, il sait récompensé les gens à leur juste valeur. Si ceux-ci se comporte en ami devant tous et même en son absence alors il sera récompensé comme il se doit. Mais s’il est un vile gredin et en plus se joue de lui, alors c’est la mort qui risque de lui coûter. Peut-être que cela vient de là l’idée que les russes sont barbares. En plus bien sur du fait que nous sommes éloigné du centre de l’Europe et que donc personne ne se risque à venir dans nos steppes neigeusses.
Lâcha-t-elle dans un sourire éclatant illuminé par sa dentition plus que parfaite pour l’époque et laissant sous entendre tout et n’importe quoi. Autant jusqu’à présent le Prince eut pu croire que finalement il pourrait rapidement goûter au délicieux fruit défendu de la jeune Princesse Russe autant maintenant le doute était admis. Anna cachait bien son jeu. Elle avait apprit à se taire quand il le fallait, à rester candide et espiègle sans dévoiler toute son intelligence car c’est dans cette art que résiste la vraie intelligence. Savoir dévoiler le fond de soit même seulement quand il le faut.
Anna relâcha son sourire et étudia l’attitude et le regard du Prince, il est vrai qu’il semblait tout aussi intelligent, réussissant à ne rien laisser transparaître de ses intentions, de ses envies, de ses pensées ou alors juste ce qu’il faut au bon moment. Lâché de manière plutôt pesé, étudié et calculé. Ils se rejoignaient donc dans multiple facette de leur être. Mais de là à dire qu’ils pourraient s’aimer ! Foutaise et bêtise, jamais de la vie !
Elle finit par lui faire part de son désir de le voir rester avec elle à l’hôtel des Condé et sa réponse fut… énigmatique, laissant Anna légèrement perplexe et curieuse de voir dans quel sens il avait interprété cela. Oui, elle avait peut-être quelques idées en tête, mais elle ne se souvenait pas avoir laissé cela transparaître dans sa requête, ou alors le Prince était réellement plus doué que ce qu’elle croyait pour envisager toutes les issus possible.
- Cette idée est délicieusement indécente, mademoiselle.
Elle voulut donc rapidement calmer ses ardeurs.
- Caché donc ce sourire que je ne saurais voir. Vous allez vous faire des idées là où il n’y en a pas cher Prince.
« Je serais même bien aisé de me refuser à mon idée première rien que pour calmer vos ardeurs… » acheva en pensée Anna. D’ailleurs c’est la phrase qu’elle finit pour elle qui la fit réellement sourire. D’un sourire diabolique qui pouvait sous entendre tout et n’importe quoi. Cela du laisser le Prince perplexe au vue de son regard pour lequel Anna dû se retenir fortement pour ne pas éclater de rire. Dieu Tout Puissant, qu’il était adorable avec son petit minois d’ange à croire qu’en chaque femme se cache une enfant candide et stupide. On avait pas appris à Anna à être autre chose que cela, alors au premier abord elle semblait souvent l’être. Et parfois même au second. Disons qu’elle aimait garder au fond d’elle ce qui s’y cache, comme un trésor, son trésor personnelle et intime. Et cela personne ne le saurait jamais à part peut-être l’homme qu’elle aimerait peut-être, ou pas, un jour.
Le carrosse finit par atteindre le fameux Hôtel et dans un soupir las, Anna posa sa main sur le bras du Prince. Elle passa rapidement sa main dans sa coiffure pour vérifier sa mise en place et affichait son sourire froid et austère habituel, elle franchit l’allée et pénétra dans l’hôtel. Alors qu’Anna allait boire une gorgée de son thé, elle sursauta et manqua de s’ébouillanter en entendant la remarque de Charles.
- De grâce nous ne sommes pas à Port-Royal ! Je doute qu’un peu de bruit puisse effrayer son altesse !
Elle posa rapidement la fameuse tasse et attrapa une serviette pour éponger les quelques gouttes qui auréolaient son corsage. Anna observa la réaction des serviteurs et sourit à son tour en les voyants obtempérés. Enfin un peu de vie dans cette maisonnée ! Anna sourit ensuite à Charles.
- Hum, merci beaucoup. Cela est bien mieux ainsi. Par contre je doute que ma femme de chambre apprécierait ces quelques gouttes.
Dit-elle de manière détendu et taquine en éclatant de rire. Fanny allait encore faire la tête, pourtant il n’y avait pas de quoi l’eau ici est bien plus chaude qu’à Saint Pétersbourg pourtant. Et puis ce n’est que du thé après tout. C’est bien plus simple à enlever que du chocolat ou même de la tomate. Anna soupira consterné en secouant la tête et ne put s’empêcher d’éclater de nouveau de rire mais cette fois-ci de manière plus retenu en imaginant la tête de cette pauvre Fanny. Elle allait finir par lui faire des poisses en cachette pour se venger. Il est vrai qu’elle l’avait obligé à venir en Russie mais c’est ainsi quand on se met au service d’une Altesse Impériale, qu’avait-elle en tête en venant se proposer au Palais Impériale ?
Anna fut rapidement tiré de son songe en entendant la question du jeune Prince, question piège ?
- Mademoiselle…je suis un Longueville…me croyez-vous réellement Suisse ?
Anna le regarda et soupesa la question, elle laissa place à une mine réfléchit et somme toute à un cerveau en ébullition, flûte, certes ses origines sont française mais serait-il déçu de ne pas être prit pour un Suisse ? Anna se mit à rougir honteuse de sa réflexion. Quelle sotte ! A partir dans ses pensées elle en oubliait le ton employer et la tournure de la phrase dont la réponse était évidemment mise en avant par l’ordre des mots employé dans l’interrogation. Et d’un franc mais candide :
- Bien sur que non ! D’où ma méprise ! j’en suis navrée cher Prince.
Lâcha Anna dans un sourire amusé.
- Hum… Vous parliez tout à l’heure d’Yvan le Terrible, mais connaissez vous l’histoire de son épouse ? Je parle de la première évidemment, Héléna Glinska. Elle est très peu connue en vérité à cause de la popularité peu sympathique de son époux. Et puis, c’était une femme Russe comme toutes les épouses russes : effacé et sachant se taire en public.
Alors qu’ils discutaient sur la réalité de la vie d’Héléna Glinska, le cuisinier des Condé entra dans le salon et après une humble révérence, demanda ce que souhaite manger ces jeunes gens. Anna regarda Charles et lui demanda d’une voix égale.
- Je vous laisse choisir et me permettre de découvrir des plats français dont je n’ai pas encore eu le loisir de goûter.
La conversation reprit son cours avant de songer au diner. Pour le moment, Anna n’avait pas réellement faim, elle se mourrait surtout de discuter avec le jeune Prince à qui elle pouvait faire découvrires les réalités russes, peut-être allait-il changer finalement d’idée sur ce pays souvent considéré comme Barbare. Surtout que parfois les français ne sont pas mieux. |
| | | Paris de Longueville
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 11.09.10 17:23 | |
| Paris ne pu que sourire aux explications si terribles, et pourtant si délicieuses de la jeune princesse russe. Ces mots détonnaient presque avec la finesse de la jeune femme, et il lui répondit dans un sourire malicieux.
-Croyez-le, mademoiselle, on ne peut songer à la barbarie d’un peuple devant une si délicieuse représentante. Je pourrais douter de vos paroles, mais suis prêt à traverser es neiges pour le vérifier par moi-même…si vous acceptez de me servir de guide.
Il se tut un instant goûtant silencieusement à cet instant ou tout deux s’observaient imperceptiblement. Elle était joueuse, le doute n’était plus permis et Paris savait que rien ne pouvait rester figé avec une telle personnalité en face de lui. Elle savait le charmer, et se rétracter aussitôt, le laissant face à un mur de glace, ou a ces steppes enneigées. Mais il ne pouvait nier apprécier ce jeu silencieux, ces œillades discrètes, et ces tentatives afin de percer cette carapace dans lequel chacun s’enveloppait.
Plus la partie s’avérait périlleuse, plus Paris prenait du plaisir à la jouer, à relancer cette balle de l’autre côté. De loin, il préférait ces parties à celles d’un jeu de paume. Seuls dans cette voiture qui cahotait sur les pavés de la ville, Paris avait tiré les rideaux des petites fenêtres, plongeant la petite cabine dans une certaine intimité. Mais leurs réserves mutuelles faisait régner une atmosphère énigmatique.
La proposition de la princesse ne pouvait qu’atténuer cette sensation, pour le plus grand plaisir du prince. Ainsi, elle se dévoilait elle-même en plongeant les yeux fermés dans le lac que lui avait montré Paris. En quelque sorte, elle se trahissait, et montrait ses véritables intentions à son égard.
Paris afficha un sourire étonné, étouffant un petit rire courtois.
-Votre altesse, je comprends ainsi à regret que nous ne pourrons partager ces vers si indécents que Monsieur Molière a bien voulu nous offrir dans son Dom Juan…
Il laissa sa phrase un suspens, lançant un petit soupir de déception, et marchant vers les salons, attendit qu’ils soient éloignés des oreilles de quelques indiscrets de sa connaissance, avant d’afficher un sourire plus serein et franc.
Derrière ce masque de courtisan, il nul doute que les rouages du jeune libertin fonctionnaient, tournaient, s’alimentaient eux-mêmes tels ces nouvelles machines ayant créé ce palais versaillais. Si un tel paradis était possible, rien ne semblait irréaliste auprès d’une femme…de cette femme en particulier !
Etait-ce l’orgueil ou son assurance qui lui dictait sa conduite ? Nul ne pouvait le confirmer, mais Paris ne pouvait s’en cacher : dans un tel jeu de faux-semblants, il lui était nécessaire de réfléchir avant d’agir, afin de mieux sonder la partie adverse. Il ne devait pas agir avec fougue, comme l’avait fait sa famille par le passé pour ces questions bien plus graves. Séduction et politique demandaient la même adresse, les mêmes atouts que Paris s’efforçait d’acquérir.
Il observa les valets quitter la pièce et posa un œil confus sur la jeune femme qui épongeait sa robe auréolée d’une tâche de thé. Il se tut quelques fugaces secondes, tentant de masquer l’éclair qui avait illuminé son regard bleu. Non. Il ne se lèverait pas pour aider la jeune femme. Elle avait refusé de vive voix une indécente proposition, il lui fallait accepter ce qu’elle-même ne souhaitait peut-être pas.
-Ca n’est en effet que quelques gouttes d’eau, si votre camériste se choque ainsi, je ne puis vous conseiller de l’en tancer, mais n’hésitez en aucun cas à confier votre toilette aux caméristes de ma tante.
Il s’enfonça un peu plus dans le petit fauteuil, montrant bien qu’il ne lèverait aucun seul petit doigt pour l’aider, et dans un sourire franc, conclu d’une voix enjouée.
-Les gens de la maison de ma tante vous apprécient déjà beaucoup, altesse. Il semble que la Russie fasse une impression toute particulière partout où elle dépose son parfum.
Il aimait fait sourire la jeune princesse, qu’il voyait ainsi se dévoiler, et faire fondre cette glace. Elle conservait cette grande réserve, ce visage insondable, et dans ces élans plus francs, il essayait alors de lire ce qu’elle souhaitait lui cacher. Petit à petit, il souhaitait l’amener sur ce terrain de confiance, afin de mieux connaître cette personnalité glaciale. Sa franchise et sa méprise le firent sourire.
-Me voilà coupable de vos rougeurs ! Pardonnez-moi, il ne s’agissait que d’une simple plaisanterie ! Mes origines sont effectivement françaises ; Neuchâtel appartient à la famille de mon défunt père depuis de nombreuses années ; je ne vous ennuierai donc pas en vous parlant de la situation de cette place, entre le Royaume de France et nos voisins.
Saisissant une tasse de thé chaud, il souffla doucement dessus avant d’en prendre quelques gorgées ; ça n’était là que pure politesse, le goût inexistant de la boisson n’ayant pu trouver les faveurs du prince. Relevant les yeux sur la jeune femme, il l’encouragea d’un sourire franc.
-Effacée ? Discrète en public ? Je ne peux qu’être enthousiaste de la faveur que vous me faites. Je n’ai jusqu’alors jamais pu songé que vos compatriotes puissent être telles que vous les décrivez !
A nouveau, il posa un regard plus appuyé sur Anna, sans laisser transparaître la moindre émotion, qu’une aimable amitié naissante et un simple intérêt pour cette conversation. Il devait avant toute chose connaître la jeune femme, découvrir quelle personnalité se cachait sous ce masque avant de pouvoir agir plus librement.
Il jeta un œil ennuyé sur le maître d’hôtel ; avant de se retourner pour lui signifier son ennui de cette présence, il accepta d’un sourire la proposition de la princesse.
-Ma tante peut se targuer de posséder maître Delétoille. Biche, monsieur, accompagnée comme il se doit ce que qui fait son succès.
Il congédia d’un geste impatient le cuisinier avant de reporter une attention toute particulière sur la princesse russe. Si elle ne se dévoilait d’elle-même, il sonderait lui-même ce qu’elle tentait de soustraire à sa vue. Un lueur plus chaude alluma le regard de Paris.
-La biche est un animal que j’affectionne particulièrement. Elle est sauvage mais maternelle ; nul ne semble pouvoir se l’attacher, mais elle réserve à chacun ses propres surprises. Méfiante, elle peut cependant se complaire de votre présence et ceux qui ont su s’attacher cette beauté de la nature en sont les plus heureux.
Il se tut un instant, poursuivant sur le même ton doux et mesuré, pesant chacun de ses mots.
-C’est un des mets les plus délicats et des plus fins. Si elle semble dure à l’œil, elle révèle toutes ses saveurs et son piquant naturel pour le plus grand plaisir du palais. Elle est exceptionnelle par son fondant, et amenée par une main de maître, elle se montre exceptionnelle, déroutant vos sens et tout ce que vous avez alors connu jusque-là. Elle mêle douceur et tendresse si l’on sait l’apprivoiser et ne pas craindre sa dureté.
Dans un sourire intrigant, il allongea ses bras sur les accoudoirs du fauteuil sans lâcher les pupilles azurées de la jeune femme. |
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 12.10.10 18:02 | |
| Ce souvenant de la requête lancé à demi-mot par le jeune Prince, Anna se lança sur un discours un peu plus taquin.
- Je doute que vous ayez besoin d’un guide pour visiter la Russie dans ce cas. Vous semblez bien vous débrouiller seul. Mais je pourrais peut-être trouver un moment pour se faire…
Elle fit cependant la moue en entendant la remarque sur sa Fanny.
- Elle serait encore plus vexé que je confie mes corsages à une autre. Elle a beau avoir du caractère il ne faut pas trop abuser de sa gentillesse. Et puis je suis sur qu’elle a déjà pris goût à l’eau tout de même plus chaude en France qu’en Russie.
Anna regarda le Prince bien installé dans son fauteuil pendant qu’elle tentait de détacher quelque peu le corset de sa robe.
- J’avais entendu dire que les français et à plus forte raison les hommes ayant du sang français dans les veines étaient des galants hommes. Mais si j’en juge par votre attitude cela ne semble pas être le cas.
Décocha Anna à Charles. Elle lui sourit pour adoucir cette pique qui ne voulait point méchante. Elle le regarda boire du thé et au vue de la grande appréciation qu’il avait pour ce breuvage et la description qu’il en avait faite plus tôt. Elle se demanda si Charles en buvait par politesse ce qui serait probable au vue de son éducation. Ou bien était-ce pour faire plaisir à la jolie jeune femme présente en face de lui ? Il voulait la séduire, c’était certains. De toute façon pour Anna, chaque homme qui s’intéresse à elle est mis dans deux catégories distinctes. Il y a ceux qui veulent juste coucher avec elle pour avoir un trophée de plus. Et ceux qui espèrent gagner son titre au passage. Du coup lorsqu’il s’agit d’autre chose qu’un simple garde ou d’un simple page, Anna fait en sorte de bien les choisir. D’en avoir suffisamment envie pour que les dangers encoururent en vaille la peine. En faite elle fait monter son propre désir pour mieux savourer l’instant. Un peu comme on pourrait saliver devant une magnifique parure qu’on veut se faire offrir pour une occasion spéciale fort éloigné afin d’être certain de le souhaiter. Pour cela il faut être certains que le jeune homme à des principes et qu’il n’est pas trop homme à se vanter. Il est vrai que l’attitude d’Anna peut pousser à la vantardise. Peu d’hommes au placé peuvent se vanter de l’avoir eu dans leur lit, du coup ça peut donner envie de se targuer de celui d’à côté qui rame toujours et n’a même pas eu droit à un sourire.
Mais déjà la conversation continuait et Anna rattrapa le fil du discours. Elle sourit au Prince et répondit :
- Evidemment vous n’avez pu le voir ici. Mais une femme russe accompagnant son époux sera toujours silencieuse plutôt que de blablater à tout va ! Ici je suis la seule de ma famille, je n’ai pas d’époux fort heureusement et j’ai donc le loisir de pouvoir parler. De plus, je représente mon pays, ma famille et la couronne. Je me dois donc d’être intelligente, vive, courtoise, sociable et d’avoir de la discussion. Vous ne croyez pas ?
Anna attendit la réponse du Prince réponse verbale ou physique qu’importe. Elle enchaîna ensuite.
- De plus, beaucoup d’hommes en Russie boivent à cause de la fraîcheur du temps, surtout chez les paysans. Et on connaît tous les méfaits de l’alcool.
Anna soupira mais fut rapidement détourné de ce bien triste sujet en voyant l’arrivé du maître d’hôtel que Charles de Longueville lui présenta. Anna le salua d’un hochement de tête et écouta la commande du jeune homme. De la biche, en Russie on en mange peu, on préfère la garder pour la reproduction et avoir des cerfs. Les cerfs sont utiles aux paysans pour traîner les traîneaux dans la neige durant les longs mois d’hiver. Les gens de meilleures condition y préfèrent les chevaux évidemment. Elle en a d’ailleurs déjà vu lors de chasse organisé par son père ou par des courtisans de la cour. Mais mangé, non rarement. Elle préféra tout de même feindre l’ignorance et écouta l’explication donné un privé sur le choix de ce met fait par le prince.
-C’est un des mets les plus délicats et des plus fins. Si elle semble dure à l’œil, elle révèle toutes ses saveurs et son piquant naturel pour le plus grand plaisir du palais. Elle est exceptionnelle par son fondant, et amenée par une main de maître, elle se montre exceptionnelle, déroutant vos sens et tout ce que vous avez alors connu jusque-là. Elle mêle douceur et tendresse si l’on sait l’apprivoiser et ne pas craindre sa dureté.
Anna l’écouta attentivement et crut comprendre un sous entendu. Elle eut alors l’envie soudaine de tenter une tombé des masques. Mais en douceur, dans toute la logique de cette conversation. Elle voulait pouvoir garder les commandes pour faire demi-tour si jamais tout dérape. Voir la subtilité du jeu du Prince. Oui en effet, ils jouent à un jeu, l’un comme l’autre en sont conscient dans leur coin. Mais ont-ils consciences que l’autre le sait aussi ? La jeune Princesse se doute de ce que souhaite Charles de Longueville et apprécie d’autant plus le tact et la retenu dont il fait preuve. Mais lui, a-t-il conscience de Ô combien Anna a percé dans son jeu ? Quoique, elle pourrait fort bien se tromper. L’un comme l’autre avancent ses pions de manière pesé. Anna s’amusant à retirer les idées qui pourraient naître lors de demande. Et il faut bien avouer que le Prince réussissait sans remous à se rattraper. Ils jouent pourtant à un jeu dangereux, et à chaque avancé ils sont un peu plus près du ravin. D’un ravin dont ils se jouent et avec lequel ils ont finalement l’habitude de jouer. Peut-être pas aussi finement certes, il est rare de trouver un tel partenaire de séduction à sa hauteur. Ils ne sont sans doute pas les meilleurs à ce jeu, en tout cas Anna ne s’en venterais pas, mais ils semblent bon dans leur domaine. Elle décida donc d’avancer d’une grande enjambé son pion de manière aussi habile que possible. Elle sourit au Prince accrochant son regard au sien et répondant à son explication sur la biche lança ce qui lui venait à l’esprit.
- Ne feriez-vous pas la description d’une personne de votre connaissance en parlant ainsi de ce met ?
Mais ne voulant point le laisser enchaîner, Anna prit les devant. Elle avait dit cette première phrase en souriant mais à la seconde où elle l’eut fini, elle le stoppa.
- Soyons franc mon cher.
Puis se levant d’une enjambé, elle fila à la fenêtre tournant le dos au jeune homme. Ce dernier pour pouvoir continuer de la voir devrait tourner la tête. Elle allait sans doute dévoiler un peu de son jeu. Mais après tout, qui est le maître de ce jeu ? Il est en effet bien difficile de le savoir. Parfois l’un domine parfois l’autre, mais souvent de manière assez homogène et insondable.
- Selon vous, qui de nous deux se joue le plus de l’autre ? Vous le Prince de Neufchâtel toujours en quête qu’une nouvelle conquête exotique et difficile à atteindre ? Ou la prude Princesse de Russie ? |
| | | Paris de Longueville
« s i . v e r s a i l l e s »Côté Coeur: Une servante de ma connaissance...Côté Lit: la servante sus-citée l'a déserté, profitez-en!Discours royal:
ADMIN BIZUT Phoebus ৎ Prince des plaisirs
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| Sujet: Re: "Mignonne, allons voir si la rose..." [Anna&Paris] 16.11.10 23:33 | |
| Paris jeta un regard brillant sur la jeune femme ; l’idée des longues plaines enneigées de Russie ne l’enchantaient guère, mais pourquoi cesser le jeu lorsque la séduction est la carte jouée ?
-Ce serait un plaisir de vous avoir pour guide, mademoiselle.
L’œil rivé sur la tâche qui s’étalait à présent sur la robe de la jeune femme, il ne s’ennuya aucunement de sa propre remarque et s’amusa de la réponse de la princesse. Etait-elle réellement contrariée ? Ses sourcils froncés auraient pu la trahir, mais la voix toujours claire et fraîche de la jeune femme rattrapait ce qu’elle souhaitait masquer.
Le calcul se formait dans l’esprit du jeune homme, le faisant ignorer la remarque de la jeune femme sur sa camériste. A dire vrai, il se souciait peu de ce que pouvait vivre la servante russe avec l’eau française ; ces sujets à propos des valets ne trouvaient que rarement leur place au sein des salons qu’il fréquentait. Plus elle parlait, plus il s’enfonçait dans le siège, observant distraitement la jeune femme s’agiter. Ses doigts pianotaient sur les accoudoirs alors qu’un mince sourire étira ses lèvres.
- J’avais entendu dire que les français et à plus forte raison les hommes ayant du sang français dans les veines étaient des galants hommes. Mais si j’en juge par votre attitude cela ne semble pas être le cas.
La remarque d’Anna le figea un court instant dans son attitude désinvolte. Une autre qu’elle eu été assise dans ce fauteuil, le jeune homme aurait lancé quelques répliques assassines. Il ne fallait pas rompre le charme amical qui flottait doucement dans la pièce ; que souhaitait-il exactement ? Envisager un doux avenir fugace, peut-être une seule nuit ? Anna, sans le savoir mais peut-être en le voulant, avait touché une corde sensible. Elle l’avait considéré comme l’un de ces provinciaux, ou peut-être l’un de ces insipides courtisans sans esprit ni galanterie ? Personne dans tout Versailles n’avait souligné aussi clairement au jeune prince son manquement à ces règles simples ; peut-être quelques faiblesses lui faisaient tort, mais jamais le nom de Longueville n’avait été entaché d’une telle remarque.
Il ravala amèrement sa fierté, mais s’enfonça un peu plus dans son fauteuil, sirotant silencieusement une gorgée de thé sans goût et insipide. Il conserva tout le sang-froid dont il savait faire preuve afin de ne pas trahir ses intimes pensées et jeta un œil à la dérobée à la robe de la jeune femme.
-Vos insinuations pourraient me blesser, mademoiselle, si mon attitude n’en n’avait pas été réfléchie auparavant. Quelle eut été votre réaction si je m’étais penché sur ce corset, et aurait effleuré de mes mains votre robe ? Il est des gestes qu’un homme doit se garder de faire, préférant ainsi passer pour un rustre.
Il posa un regard brillant sur la princesse russe, appuyant silencieusement son propos et laissant à la jeune femme imaginer la scène à loisir. Peut-être, si son imagination la retranchait si loin, parviendrait-elle à imaginer le jeune homme penché sur ce corset bien trop serré, laissant apparaître des formes bien trop gracieuses ?
Il préféra éloigner définitivement un éventuel malaise qui pouvait s’installer, et se détendant, offrit toute son attention à la jeune femme, lancée sur les coutumes sociales de son pays. Pouvait-elle réellement être si effacée et discrète qu’elle le prétendait ? Cette beauté froide pouvait prouver cette réserve, mais ce regard sûr, ce sourire décidé démontraient ces hypothèses. La princesse ne devait pas être de ces jeunes femmes soumises à leur père ; il sentait en elle une volonté dynamique, une envie de se libérer de chaînes parentales.
Peut-être, en l’observant plus longuement, pourrait-il percevoir en elle une ombre familière ; cette liberté choisie sous des couverts de femme accomplie ressemblait étrangement à celle choisie par Gabrielle. Mais en aucun cas la jeune russe ne deviendrait un ersatz de sa sœur aînée.
-Je crois sincèrement que vous avez raison, mademoiselle, admis Paris en hochant la tête dans un sourire. Il eut été bien ennuyeux de faire découvrir Paris à une compagne muette.
Il ne souhaitait parler d’avantage devant maître Delétoille et attendit non sans impatience le départ de celui-ci. Il savait que ses explications, sous teinte d’innocence, avait marqué l’esprit de la jeune femme. Elle se disait intelligence ? Il était temps qu’elle démontre ce qu’elle venait de lui expliquer. Le sourire relevant le coin de ses lèvres, l’œil mutin, Paris attendit silencieusement la réaction de la jeune femme. S’il était le rustre qu’elle avait insinué, elle se récrirait. Si elle possédait assez d’esprit, elle jouerait la même partie que la sienne et qui sait, peut-être, lui dévoiler enfin ce que cachait ce masque de froideur déjà fissuré.
Sa réponse plu au prince. Il avait mené la jeune femme où il souhaitait la voir. Elle avait avancé son pion sur cet échiquier, dévoilant une douce stratégie. Que se passait-il dans cet esprit étranger au sien ? Que voyait-elle de lui ? Paris la sentait entrée dans ce jeu de plain pied, prête à lancer d’autres dés, à savourer le plaisir du gain ; mais il ne la laisserait pas prendre les rênes de ce jeu. Elle était la femme et lui, l’homme. Il savait ce qu’elle pouvait désirer, et ce que lui seule à l’heure actuelle pouvait lui offrir.
Ses mots précédents lui revenaient en mémoire, alors que la voix gracieuse de la jeune femme brisait ce silence.
- Ne feriez-vous pas la description d’une personne de votre connaissance en parlant ainsi de ce met ? Soyons franc mon cher.
Le sourire de Paris s’élargit à ces paroles franches et sans détour. Espérait-elle vraiment de lui une réponse honnête et franche ? Paris était-il seulement un modèle d’honnêteté ? Il ne retint pas le léger rire qui le prit devant une telle audace. Il inspira doucement, jouant de ses doigts avec l’épaisse chevalière d’or qui entourait son doigt, mais la princesse coupa sa réponse à peine formulée.
- Selon vous, qui de nous deux se joue le plus de l’autre ? Vous le Prince de Neufchâtel toujours en quête qu’une nouvelle conquête exotique et difficile à atteindre ? Ou la prude Princesse de Russie ?
Le prince stoppa soudainement son geste et tournant les yeux vers la jeune femme, leurs regards bleus se croisèrent. Mais cette lueur amusée avait disparu des pupilles du jeune homme devant l’affront impudent que venait de lui lancer la princesse russe. Personne à la cour ne s’était permis à de telles réflexions à son encontre et en sa présence. Il n’ignorait aucunement tout ce qui se disait et les alimentait de lui-même, mais nul ne s’était risqué à de tels propos. L’orgueil froissé du jeune prince pouvait mener ces inopportuns sur de glissants terrains.
Elle n’était pas la prude qu’elle décrivait. En observant ses gestes, ses regards depuis de nombreuses journées, Paris avait su aujourd’hui soulever une partie de ce voile glacé. Détournant son regard d’Anna, Paris se décolla silencieusement du fauteuil pour poser sur la table sa tasse encore fumante et se redressant, clos la discussion. A son esprit, la vérité éclatait et de tout cet orgueil blessé dont il était capable, usa de ce ton sûr.
-Vous eusses été prude que déjà mes paroles précédentes vous auraient choquée, jusqu’à me quitter brutalement en claquant cette porte si chère aux yeux de ma tante ; votre éducation vous aurait empêché de m’admonester un soufflet que je méritais pourtant. Vous savez qui je suis, mais vous vous lancez dans ce jeu les yeux fermés par l’envie de prendre la main.
Il eut un rire amusé et posant fermement ses mains sur les accoudoirs du petit fauteuil, se leva lentement et marcha jusqu’à la jeune femme postée à la fenêtre. Il s’approcha du plus près qu’il pu, veillant à ne pas effleurer la princesse. Il connaissait ces attitudes fermées et devinait aisément quels sentiments pouvaient agiter Anna.
Doucement, il posa sa main sur le bras de la princesse et se pencha vers son oreille.
-Vous avez espéré mener ce jeu en conservant vos atouts jusqu’à l’ultime instant, mais vous avez fait cette erreur de ne jamais supposer que je connaissais vos cartes. Or, aucun jeu ne m’est inconnu, voilà pourquoi aucune conquête exotique ne parvient à s’envoler des cages dont je les entoure.
Il s’éloigna d’Anna et marchant vers la console sur lequel reposait une fiole de verre, l’attrapa d’un geste sec tout en la tournant dans ses doigts. Il décida d’abandonner le ton doux qu’il avait employé jusque-là et termina d’une voix claire.
-Tout propos, mademoiselle, n’est pas aussi léger que ces discussions innocentes. L’appétit m’a quitté, veuillez m’en excuser.
Sans laisser le temps à la jeune femme de le retenir par quelques paroles d’excuses, il arrangea sa veste et salua courtoisement la princesse. Tournant la poignée de la porte d’une poigne ferme, il se retourna néanmoins une dernière fois, un sourire réchauffant son visage froid des minutes passées. Un nom et un visage familier avait éclairé son esprit échauffé. Une ultime pirouette avant de refermer cette porte était nécessaire.
-La description de ce met était celui de ma délicieuse sœur aînée, votre altesse, la duchesse de Longueville. Pour votre douce pénitence, laissez-moi simplement vous contacter lorsque la plaisante Scudéry ouvrira les portes de son hôtel.
Il se pencha à nouveau dans une courtoisie forcée, le regard à nouveau brillant. Il ne souhaitait en aucun cas rompre totalement avec la jeune femme en la quittant sur un courroux forcé. Si elle désirait réellement ce qu’il pouvait lui offrir, elle patienterait quelques heures ou quelques jours. Cela ne pourrait que le rendre plus important à ses propres yeux. |
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