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 « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse

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Marie-Thérèse d'Autriche


Marie-Thérèse d'Autriche

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Un homme qui ne le mérite pas
Côté Lit: Il ne devrait y avoir que mon époux
Discours royal:



R e i n e . D e
♡ COEUR ♡


Âge : 28 ans
Titre : Infante d'Espagne, Reine de France
Missives : 172
Date d'inscription : 01/06/2012


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MessageSujet: « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse   « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse Icon_minitime25.11.13 17:36




Assise en face du peintre Le Brun qui croquait ses traits, essayant de bouger le moins possible, Marie-Thérèse dictait sa lettre pour le roi :

-Je voudrais à mon tour comme les oiseaux chanter l'amour a celui que la nuit je vois dans mes rêves si jolis. Je voudrais que mon cœur par ce chant lui dise, je t'attends qu'il vienne, qu'il m'aime...

-Votre majesté je vous en prie, ne bougez pas !
S’exclama le peintre.

La jeune femme grinça des dents mais se tut, essayant de rester la plus droite possible et de garder la pose. Le peintre se devait de faire des croquis tout d'abord, pour le nouveau portrait officiel de la reine. Elle avait attendu de perdre quelques kilos après sa grossesse pour refaire celui qui semblait totalement indispensable dans une période aussi troublée. Heureusement, rester immobile pendant des heures ne lui paraissait pas si difficile. Elle avait choisit pour ce tableau une robe claire rebrodée de bleu roi, et portait le manteau d'hermine blanche avec velours bleu fleurdelisée des reines de Frances. Autour d'elle, ses dames s'occupaient. Aliénor de Wittelsbach, sa cousine, était à la lecture, Isabelle de Saint-Amand jouait avec les chiens de la reine, Eléonore Sobieska était à son côté et prenait des notes pour la lettre de la reine, un peu plus loin, Sofia Farnèse faisait elle ne savait trop quoi, ne pouvant pas bouger la tête. Il y avait certaines qui brillaient par leur absence, comme Elisabeth d'Alençon, pourtant sa complice de ragots, bien que personne ne semblait les soupçonner.

Pourtant, la souveraine dissimulait avec difficulté son ennui, et son agacement. Elle était au bord de la crise de nerfs. Pour plusieurs raisons : tout d'abord, l'ennui à Versailles, l'impression d'être épiée en permanence – ce qui ne changeait pas vraiment, mais l'absence du roi donnait plus de facilités à la reine pour battre froid à la favorite, chose qu'elle essayait de se retenir de faire pour ne pas alimenter les ragots -, l'inquiétude, pour le roi, pour le duc de Valois – bien qu'elle essaye de s'en défendre, mais il ne fallait pas se leurrer, elle l'aimait toujours – son impression de ne rien contrôler... Bref, un peu trop pour le fragile tempérament de la reine de France qui ne savait plus où elle en était. Le matin même, elle avait réagit assez vivement quand sa femme de chambre lui avait tiré les cheveux en essayant de la coiffer, chose qui ne serait jamais arrivée en temps normal. Alors rester immobile en se faisant houspiller par un peintre, quand bien même il s'agissait de Le Brun, mettait ses nerfs à rude épreuve. Elle avait l'impression qu'elle allait imploser, ou pire, exploser, si elle continuait à se faire traiter comme une enfant. Elle avait beau être toujours calme, censée, douce, il ne fallait pas non plus en profiter, elle restait la reine, et on avait tendance à l'oublier un peu. Une bonne tasse de chocolat ne serait sans doute pas de trop pour lui remettre les idées en place, le tout était d'avoir l'autorisation de bouger pendant quelques secondes le temps d'en demander...

Mais puisqu'elle ne pouvait pas bouger, du moins le corps, elle laissait ses yeux vagabonder de droite à gauche, observant les nouveauté, comme la robe de l'une, la coiffure de l'autre. Elle écoutait aussi les conversations qu'elle pouvait entendre plus ou moins bien, en fonction de la proximité, mais aussi de la force des paroles et de la langue des femmes parlant autour d'elle. Elle songea un instant au peu d'hommes restant à Versailles, et soupira. Il y avait bien peu de raisons pour s'occuper, à part les soirées de jeu, et elle avait encore perdu une somme folle la veille, en espérant se détourner de son ennui et de son cœur oppressé, mais rien n'y faisait. Pas même le fait de voir ses enfants, cela finissait par être absolument ridicule, il fallait qu'elle se reprenne. Peut être une discussion avec le père Jean lui ferait-elle du bien ? Son confesseur la terrorisait, il était hors de question que ce soit à lui qu'elle s'ouvre, mais la religion était un véritable remède pour la reine, bien plus que tout ce que ses médecins pourraient lui donner. Rien que de penser au contenu des potions qu'elle pouvait ingurgiter, elle en avait mal au cœur. Elle se concentra à nouveau quelques instants sur Le Brun qui semblait ne faire qu'un avec sa future œuvre, sans doute pourquoi il était le plus doué, quand une phrase prononcée à mi-voix par l'une des dames légèrement en retrait par rapport à elle, et dont elle ne put reconnaître la voix, lâcha :

-... Comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal !

Fronçant les sourcils, se demandant bien de quoi il pouvait s'agir, et comment elles osaient parler de ce genre de sujet dans la suite de la reine là où chacune se devait d'être chaste et irréprochable, Marie-Thérèse se fit attentive.

-Oui, répondit l'autre. A se demander comment après une honte pareille, elle ose se présenter ici.

-Je vous le demande ! C'est inadmissible. Pensez-vous que la reine est au courant ?

-Elle n'oserait se montrer si c'était le cas. Mais la reine ne sait jamais rien vous vous en doutez bien. C'est bien l'avantage du roi quand il est là d'ailleurs...

Marie-Thérèse se crispa. Elle savait ce qu'on disait dans son dos, mais qu'on ose le dire de cette manière en prenant l'expression au pied de la lettre, cela manquait totalement de raison ! Elle restait la maîtresse dans ses appartements. Pourtant, elle ne dit rien, attendant d'en savoir un peu plus.

-Se donner en spectacle de la sorte, dans la galerie des glaces, et avec un aventurier en plus ! Une femme de son rang, vous imaginez... Même d'autres ont au moins la décence de le faire en privé, de manière à ce qu'on ne puisse rien trouver à véritablement leur reprocher, mais en pleine galerie des glaces... Seigneur.

Tout en écoutant, la jeune femme dévisagea une à une les dames de sa suite, éliminant celles de rangs inférieures, et les absentes. Cela laissait peu de monde.

-Vraiment, je m'attendais à mieux de la part de la Princesse Farnèse...

Sans plus faire attention à quoi que ce soit, Marie-Thérèse tourna vivement la tête vers l'incriminée. Pas besoin de lui en dire plus pour savoir exactement ce qu'il lui était reproché. Cela n'empêcha pas Eleonore Sobieska, qui avait sans doute entendu la fin de la discussion, de réagir ou du moins d'essayer, et pire, à Le Brun de tenter à nouveau :

-Votre Majesté, je vous en prie.

-¡Suficiente!
S'écria soudain la reine.

Le silence se fit dans l'assemblé.

-Sortez ! Lâcha la souveraine, glaciale, à l'intention du peintre.

Il n'en faudrait pas beaucoup plus à la reine pour totalement exploser. Pendant que le peintre s'exécutait, elle darda son regard sur Sofia Farnèse. On la prenait pour une idiote ? Hélas pour Farnèse, c'était elle qui allait tout prendre...
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MessageSujet: Re: « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse   « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse Icon_minitime28.12.13 23:00

Éléonore Sobieska passait ses derniers instants dans les appartements de la reine de France. Et cette constatation, loin de la désespérer, faisait office de consolation qu'elle se répétait en boucle pendant qu'elle tenait la plume, contrainte et forcée, tout en songeant que personne de sensé n'aurait pu lui confier le soin de recopier une lettre adressée au roi lui-même. Il fallait dire qu'elle n'était pas particulièrement touchée par le potentiel tragique de l'idée de vivre ses derniers instants ici-bas, même si elle n'était pas certaine de revenir un jour parmi ces dames, et même si son petit voyage de plaisance en Italie risquait de ne pas être plaisant pour tout le monde (comprendre par là, une bonne partie de la Chrétienté). En cet après-midi empli d'ennui, Rome lui paraissait même être une destination particulièrement enviable, une sorte d'Eldorado, sans l'or et sans les Indiens – combien même les vêtements ecclésiastiques pouvaient être bariolés –, où elle pourrait fuir l'ennui, les courtisans médisants et une grande partie de son passé. Et au moment où la jeune femme leva la tête de la feuille où elle faisait mine de s'appliquer pour jeter un regard sur la suite de Marie-Thérèse, elle songea que l'ennui était finalement le pire des fléaux, d'autant plus qu'il l'attaquait de manière de plus en plus régulière depuis le départ de beaucoup d'hommes pour la guerre. Dieu seul savait pourtant à quel point il sévissait dans la maison de la reine de France ! Ennui qui non seulement ne comblait pas son désir d'activité mais qui en plus la poussait à songer à ce qui l'attendait dans les semaines à venir, ce à quoi elle préférait se refuser.
- Je voudrais à mon tour comme les oiseaux chanter l'amour à celui que la nuit je vois dans mes rêves si jolis. Je voudrais que mon cœur par ce chant lui dise « je t'attends », qu'il vienne, qu'il m'aime..., disait Marie-Thérèse.
La main de la Polonaise traçait les lettres mais tout cet étalage de sentimentalisme la laissait perplexe, d'autant que la vision de la jeune reine chanter en chœur avec les oiseaux tout en rêvant d'un prince charmant n'était particulièrement crédible. Surtout si le prince en question était un roi qui voyait davantage la favorite qu'il s'était choisi, même si celui-ci était réputé donner la voix en s'accompagnant de sa guitare. Étant donné que même cette image ne la fit pas sourire, elle préféra se laisser aller à quelques rêveries tout en notant (plus ou moins) ce que la reine lui dictait, rêveries à base de pigeons et de rats qui s'étaient baladés dans cette pièce quelques semaines auparavant ce qui avait donné lieu à une chasse frénétique et à l'un des meilleurs moments passés dans cette pièce. Hélas, depuis le temps, les rats avaient tous disparu et aucun d'entre eux ne leur faisait l'honneur de sa présence, ce qui était fort dommage car la jeune Polonaise était certaine que la plume était une arme contondante à l'image de ces scalpels dont lui avait parlé la dame de Vendières qui était venue les saluer la veille. Et le tableau monumental du premier peintre du roi aurait été parfait pour assommer les pigeons. Malheureusement, il fallait croire que la prose lyrique dégoulinante de bons sentiments et d'amour de la reine les faisait fuir. Et il était écrit, visiblement, que cette journée se terminerait dans l'ennui le plus total pour Éléonore.

A la faveur d'un instant où le peintre Le Brun détournait l'attention de la reine (en lui demandant de rester droite dans sa robe de brocart ou de tourner le visage vers lui, ce qui dépassait Éléonore qui ne comprenait pas pourquoi Marie-Thérèse s'infligeait ce genre de torture), la jeune femme poussa un soupir et leva à nouveau la tête de sa lettre aux mots tracés la va-vite, tâchée d'encre que l'on n'oserait de toute façon pas envoyer au roi. Personne ne semblait partager son impatience qui la faisait se trémousser sur son siège. Le père Jean était de nouveau absent ce qui reflétait, à défaut d'être un bon homme d'église, d'une excellente capacité à jouer les filles de l'air. Aliénor de Wittelsbach faisait une lecture silencieuse dans une attitude détendue sans prêter attention à ce qui l'entourait tandis que cette peste de Saint-Amand n'avait rien trouvé d'autres à faire que de faire japper les chiens en jouant avec eux, ce qui était proprement agaçant (Éléonore n'aurait jamais avoué qu'elle aurait bien aimé passer son temps à promener les bichons plutôt qu'à tenir la plume pour écrire de telles stupidités). Puis les yeux de la Polonaise se posèrent sur Sofia Farnèse et elle comprit qu'elle n'était pas la seule à ne pas se sentir tout à fait à l'aise. Il aurait fallu venir de très loin pour ne pas être au courant du scandale qui avait entaché les pas de cette princesse – ou alors être la reine de France qu'on ne tenait guère au courant de ce qui se passait dans sa propre cour, mais Éléonore qui n'était pas particulièrement un modèle de vertu (elle eut une pensée pour son dernier amant en date, parti sur le front après lui avoir promis de revenir chasser en sa compagnie) ne s'en formalisait guère. Sinon que quitte à se laisser aller à des plaisirs charnels, mieux valait ne pas les faire devant les yeux de la cour entière. Depuis que la princesse avait été découverte dans les bras de son amant italien, de nombreux chuchotements la poursuivaient partout où elle se rendait et à chaque fois qu'elle entrait dans une pièce, tous les regards se tournaient vers elle, la plupart scandalisés d'ailleurs, comme si personne n'avait jamais fauté. Mais il fallait croire que l'hypocrisie régnait en maîtresse à Versailles, davantage que la reine elle-même, car jusque dans le salon de Marie-Thérèse, on osait faire des messes basses en jetant des coups d’œil à l'Italienne qui était probablement au centre de toutes les conversations et qui en avait bien conscience. D'ailleurs dans la pièce, à part Aliénor plus imperméable aux ragots, la Saint-Amand qui ne devait avoir de conversation avec les chiens, seuls la reine et Le Brun qui s'intéressait plus à ses coups de pinceaux semblaient ne s'être aperçu de rien. Jusqu'au moment où deux dames de la suite se mirent à parler beaucoup plus fort. Assez en tout cas pour qu’Éléonore elle-même, pourtant perdue dans ses rêveries en vienne à tiquer.

- Comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal ! Disait la première d'un ton docte, une jeune femme que la Polonaise ne connaissait que de vue.
- Oui, répondit la deuxième, à se demander comment après une honte pareille, elle ose se présenter ici.
Les deux dames de compagnie paraissaient lancées et le débat se poursuivait sur le même mode si bien qu’Éléonore crut bon de de chercher à intervenir pour couvrir leurs paroles, dans la crainte que la reine ne prenne mouche du comportement de la Farnèse :
- Votre Majesté, êtes-vous certaine de vouloir parler d'oiseaux ? Certes, c'est tout à fait mignon les oiseaux mais croyez-vous que le roi serait sensible au chant des oiseaux ? Pourquoi ne pas lui dire que...
La Sobieska, peu habituée aux lettres d'amour, moulina un instant, non sans jeter un regard désespéré à Le Brun qui paraissait, de son côté, plutôt lui en vouloir de perturber la tranquillité de sa petite séance de pose. Mais de toute façon, ce n'était pas à elle que la reine prêtait attention et Éléonore eut la désagréable impression qu'elle écoutait mot à mot la petite conversation de ces deux idiotes.
- Vraiment, je m'attendais à mieux de la part de la princesse Farnèse...
- Le temps se remet à faire beau, Votre Majesté, s'écria Éléonore dans un geste de désespoir, comme si le nom n'avait pas clairement résonné à leurs oreilles, peut-être pourrions-nous bientôt organiser une petite chasse pendant laquelle nous pourrions prendre l'air, j'aurais aimé voir cela de mes yeux avant mon départ...
- Votre Majesté, je vous en prie ! S'exclama Le Brun, exaspéré, en même temps.
Mais Marie-Thérèse s'était déjà retournée vers Sofia Farnèse et lança un glacial « Suficiente » qui ramena immédiatement le silence. Il était rare de voir la reine crier de tels ordres si bien qu'on lui obéit davantage par surprise que par crainte de sa colère.
- Sortez, poursuivit la jeune femme en direction du peintre qui s'exécuta promptement, non sans avoir un geste de mauvaise humeur.
L'atmosphère s'était brusquement crispée dans la pièce, dans l'attente de ce qui allait suivre. Comment allait réagir la reine ? Allait-elle exploser en rappelant à Sofia ses devoirs moraux qui lui avait donné sa place dans cette maison – combien même c'était là davantage hypocrisie que réalité ? Allait-elle se dégonfler ? On prenait déjà les paris dans le dos de la petite reine, sans aucune vergogne, pendant que la Farnèse allait subir toutes les foudres.
- Votre Majesté, tenta Sobieska qui n'avait plus rien à perdre puisqu'elle était déjà à moitié en congé, je vous en prie, faites preuve d'indulgence, nous faisons parfois des erreurs et considérez que nous sommes parfois déjà suffisamment punies en...
Devant la colère de Marie-Thérèse, elle s'interrompit et n'insista pas. Puisqu'il en était ainsi, autant sortir pour laisser les deux femmes en tête à tête sans que les courtisanes ne se délectent de la dispute, Éléonore choisit de prendre congé en entraînant avec elle les autres dames qui sortirent dans un silence assourdissant jusqu'à ce que la porte claque derrière elles, ce qui fit renaître un brouhaha assourdissant pour commenter ce qui venait de se passer. Éléonore fut la dernière à sortir et ferma soigneusement le battant non sans lancer un long regard d'encouragement à son amie la princesse Farnèse qui était la seule avec laquelle on pouvait s'amuser dans cette maison. Elle ne pouvait plus rien pour elle mais elle croisait les doigts pour que la reine fasse preuve de sa soit-disant charité chrétienne.
- La voilà dans de sales draps, cette effrontée ! S'écria l'une des dames qui avaient déclenché la crise en parlant trop fort.
Éléonore se retourna promptement pour lui faire face et la toisa de toute sa hauteur :
- Méfiez-vous madame, vous vous croyez peut-être insoupçonnable mais vous n'êtes à l'abri de rien, vous qui retrouvez un peu trop souvent le marquis de Semblançay.
- Vous n'avez aucune preuve ! Répliqua la dame en pâlissant brusquement.
- Comme le disait Monsieur le frère du roi : le supplice de l'empale est un jeu qui commence si bien et se finit si mal ! La singea Éléonore en commençant à disperser les autres femmes, j'ai entendu dire que monsieur le marquis, à force de tester bien des lits, offrait parfois des cadeaux empoisonnés à ses conquêtes. Votre âme noire ne flétrit pas votre beau visage, la syphilis pourrait peut-être le faire !
Sur ces paroles tout à fait aimables, Éléonore fit volte face et s'apprêta à patienter de longues minutes : Sofia aurait sans doute besoin de soutien lorsqu'elle serait libérée à son tour.

Spoiler:
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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
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♈ LA BELLA FARNESE ♈
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MessageSujet: Re: « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse   « Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse Icon_minitime13.01.14 23:16

« Rien n'est jamais sans conséquence, En conséquence, rien n'est jamais gratuit. » Sofia, Eléonore, Marie-Thérèse Tumblr_lw0hgcf1F01r23tzz

« La mauvaise plaie se guérit, la mauvaise réputation tue. »
Cela paraissait un jour ordinaire pour quiconque vivait à Versailles, loin du tumulte des batailles, les gens vivaient bien. Si certains (plutôt certaines) tremblaient pour des parents, amis, maris, amants sur le front, cela n'empêchaient pas de vivre convenablement, de continuer à paraître, à acheter, à rire et s'amuser. On ne pouvait décemment pas passer ses journées à prier dans la chapelle pour le salut des pauvres âmes se jetant à corps perdu pour son royaume ! On avait beau même être dans la maison de la Reine et passer deux fois par jour à la messe, on y passait pas tout son temps non plus … Chez Marie-Thérèse, entre les deux messes, les dames passaient leur temps entre la broderie, la lecture, la musique et quelques divertissements que donnaient parfois les nains, ou les duègnes sans le vouloir. Cela n'avait pas grand-chose de palpitant mais ce n'était pas comme s'il y avait du choix. Certaines dames vendraient père et mère – du moins s'ils étaient encore vivants – pour avoir une charge dans une Maison royale, peu importe son prix, du pendant qu'on peut s'élever socialement. Pendant ce temps, certaines dédaignaient s'y rendre, presque comme un fardeau. Comme mademoiselle Farnèse.

Non pas que celle-ci n'appréciait pas la reine, elle fut flattée d'entrer en tant que dame de compagnie, et s'y rendait toujours avec politesse, avec de quoi s'occuper et surtout avec des histoires à raconter. Mais ces derniers temps, elle y allait à reculons, comme un mauvais pressentiment qu'il pouvait s'y passer quelque chose de mauvais. Depuis cette soirée avec Morosini, la jeune femme avait bien vu les regards sur son passage, ainsi que les murmures, les ricanements et avaient eu vent des cancans. Tout Versailles savait, sauf Marie-Thérèse, ce qui se révélait être un exploit. La reine était à des lieues de toutes ces histoires, on pouvait remercier les bigotes de la tenir éloignées de tout cela. A plusieurs reprises, Sofia voulut demander un congé, mais pour aller où ? Il était hors de question de retourner à Parme ou à Rome, d'avoir sa famille sur le dos. Nancy peut être, voir son frère mais la perspective de la ville ne l'enchantait guère. Elle était coincée dans la prison qu'elle s'était construite, à attendre sa sentence comme lors du jugement dernier. Cela se ressentait dans tout son être : elle était habillée beaucoup plus sobrement, les couleurs éclatantes et l'or avaient laissé place aux parles et aux coloris plus sobres, elle avait rangé ses parures les plus excentriques. Si elle continuait de sourire et rester piquante dans ses paroles, Sofia se mettait beaucoup moins en avant, du moins chez la Reine. Et aujourd'hui, elle continuait dans sa lancée d'adoucissement du comportement. On avait pu la remarquer particulièrement pieuse lors de la messe du matin, à réciter ses prières avec ferveur, puisqu'il n'y avait plus que Dieu pour lui sauver la mise. Ou une idiote, comme Michelle de Bergogne, à faire une bêtise plus énorme que la sienne !

En cette journée d'avril, toutes les dames s'occupaient comme elles le pouvaient, dans un silence presque religieux, mis à part quelques chuchotements de conversations peu audible pour les oreilles qui ne se tendaient pas vers elle. Alors que certaines brodaient, lisaient ou jouaient avec les chiens, Sofia s'amusait à dessiner pour passer le temps. Sa planche sur les genoux, les feuilles se succédaient en plusieurs dessins, d'esquisses à des portraits des personnes autour d'elle. On pouvait bien voir qu'elle avait juste mis en avant l'air sévère et le gros nez d'une duègne, alors qu'un autre, plus détaillé, montrait l'ennui de son amie Éléonore Sobieska devant son secrétaire à devoir écrire la lettre pour le roi. Là, elle dessinait une autre duègne, Olympe de Wolfenberg, avec son chignon impeccable, à lire sa bible comme si c'était un roman passionnant. Cela aurait pu être un dessin vraiment beau si une phrase n'avait pas fait tressaillir la princesse :


« Même d'autres ont au moins la décence de le faire en privé, de manière à ce qu'on ne puisse rien trouver à véritablement leur reprocher, mais en pleine galerie des glaces... Seigneur. Vraiment, je m'attendais à mieux de la part de la Princesse Farnèse...

A son nom, son fusain dérapa sur la feuille, faisant une grosse trace sur le visage dessiné, comme si elle avait barré sa propre œuvre. Un mauvais frisson lui parcourut le dos et à peine eut elle levé les yeux que la princesse rencontra le regard de la souveraine, rempli d'un sentiment qu'elle ne lui connaissait pas : la colère. Une femme si douce et compatissante pouvait-elle ressentir cela ? Apparemment oui, Sofia allait d'ailleurs en faire les frais, bien qu'elle s'en serait bien passée. Pourtant, elle s'y était préparée mentalement, que Marie-Thérèse allait la bannir de sa Maison, de la Cour, de France même si elle le voulait, et elle aurait eu raison. Dans son sentiment de supériorité, l'italienne s'était sentie intouchable, comme les Médicis dont le sang coulait dans ses veines. Toute cette ferveur chrétienne et cette simplicité de comportement, c'était bien sa façon de gravir son chemin de croix, faire pénitence et espérer le pardon. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'est qu'on prenne sa défense. Il était après tout risqué de s'opposer à une reine, même si l'on était une tête brûlée comme Éléonore Sobieska. Son amie fit une dernière tentative pour calmer la souveraine :

« Votre Majesté, je vous en prie, faites preuve d'indulgence, nous faisons parfois des erreurs et considérez que nous sommes parfois déjà suffisamment punies en … »

Mais même la plus vive des renardes pouvait se calmer face au regard glacial de Marie-Thérèse. Il y eut un silence morbide dans le salon tout d'un coup, la princesse s'était levée, toute tremblante, telle une condamnée que l'on amenait à l'échafaud, avec la foule autour d'elle à la scruter, à observer sa peur, attendre avec délectation qu'elle faille, prête à lui lancer des tomates pourries et des pierres si son discours n'était pas convaincant. Rien n'aurait été pire qu'une mise à mort (de sa réputation) devant tout ce monde, cela était assez un calvaire, autant garder un peu de dignité, le peu qu'il lui restait. Son amie polonaise eut la bienveillance de faire sortir tout le monde, même si les dames jetaient un dernier regard à l'italienne, souvent mauvais d'ailleurs, à croire que tout le monde n'attendait que cela, sa mise à mort, comme des protestants attendant l’exécution de catholiques sous Bloody Mary. Heureusement que le dernier d'entre eux fut rempli de compassion, Éléonore l'encourageait du regard et eut en réponse un faible sourire de la princesse, avant de voir les portes se refermer. Face à Marie-Thérèse, elle ne faisait pas la fière, elle la princesse si hautaine d'habitude. Elle ressemblait davantage à une petite fille ayant fait une bêtise, et rêverait de quitter le château incognito, vêtue d'une peau d'un vieil âne pour vivre son destin. Mais ce n'était pas possible, il fallait rester là, debout, dans sa longue robe bordeaux, relevée de quelques dentelles aux manches et au col. Il était temps de vivre sa déchéance sociale, il fallait laisser parler la reine en premier.

Rester digne, le menton relevé, ne pas pleurer, même si les larmes sont prêtes à couler, ne pas faillir, ne pas tomber, c'était si difficile face aux mots qui tombaient comme des couperets. Cela faisait mal, mille poignards en son être seraient sans doute moins douloureux. A croire que Marie-Thérèse avait bien plus à déverser que sa colère sur le mauvais comportement de sa dame de compagnie. Mais il ne fallait surtout pas le faire remarquer, la jeune femme n'était pas folle à ce point, et avait autre chose à penser à cet instant, à se répéter qu'elle était une idiote, et qu'il ne fallait surtout pas, en aucun cas, pleurer. Quand le silence tomba à nouveau dans la pièce, c'était comme si toute la misère du monde s'appuyait sur les épaules de la Farnèse, dont la gorge serrée lui empêcha pendant plusieurs secondes de s'exprimer, avant de tenter une piètre défense,  elle était coupable d'avance de toute façon. Elle hocha une fois de la tête, acceptant les insultes et le réquisitoire à son encontre, puis elle serra les mains l'une contre l'autre comme dans une prière, un pardon à demander.

« Votre Majesté, elle prit une inspiration pour gérer son timbre de voix défaillant par l'émotion, mon comportement fut bien indigne, je suis d'accord. Je pourrais blâmer beaucoup de choses pour justifier mon arrivée à une telle infamie mais rien ne trouve grâce à mes yeux. L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir, c'est ce qu'une jeune femme devrait appliquer chaque jour de sa vie, ne se focaliser que sur l'honneur, le mien, celui de ma famille, de mon rang, de la charge qui est mienne, du moins était. »

Sa voix s'étrangla lorsqu'elle mit le verbe au passé. Elle savait qu'elle ne pouvait pas rester ici, ce qu'elle avait fait était impardonnable, jamais une reine ne pourrait garder une dame du palais après un tel scandale, surtout pas Marie-Thérèse, aussi à cheval sur la vertu et l'exemplarité de sa Maison. Bien sûr, Sofia pourrait dire que d'autres ne valaient pas mieux qu'elles, mais elles étaient juste plus discrètes, et ne se laissaient pas aller avec un vicomte de rat vénitien après quelques verres de trop. Elle soupira, une larme s'échappa de ses yeux pour venir courir sur ses joues rougis par l'instant. D'un geste délicat et pudique, elle baissa la tête et fit mourir la perle d'eau du bout de son doigt, sachant pertinemment que d'autres suivront, mais elle reprit, d'une voix beaucoup moins sûre qu'elle ne le voudrait.

« Jamais il n'a été dans mon intention de déshonorer votre nom, votre Maison et la rigueur de son règlement. Je vous implore juste le pardon de mon abominable conduite … »

Qui aurait pu croire qu'une fille aussi fière et méprisante que Sofia Farnèse, pourrait se montrer aussi désolée et pénitente, à chercher un pardon dans le regard de la Reine ? Personne n'aurait imaginé une telle scène il y a encore quelques semaines. Les choses changent dit on …
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Marie-Thérèse d'Autriche


Marie-Thérèse d'Autriche

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Pourquoi aujourd'hui, plutôt qu'hier ou demain, et pourquoi sur Farnèse ? Objectivement – ce qu'elle n'était pas du tout à cette minute précise – Marie-Thérèse aurait été incapable de le dire. L'instantanéité, un agacement profond, la goutte d'eau qui fait déborder le vase... La reine avait toujours été un modèle de vertu et de patience pour la cour, mais aussi de pardon, trois qualités indispensables à ses yeux pour une souveraine, parmi toutes celles qu'une jeune femme se devait d'avoir. Par sa réaction excessive – le mot était faible – elle manquait à tous ses principes et tous ses devoirs. On la pensait naïve, esseulée, voir même stupide. Comment en aurait-il put être autrement ? Elle parlait mal le français avec son accent espagnol à couper au couteau, ne comprenait pas tout ce qu'on lui disait, son mari lui préférait certaines dames de la cour et elle noyait son dépit dans le chocolat qu'on lui envoyait d'Espagne ou d'ailleurs, en plus de ses grossesses qui marquaient son corps malgré les corsets serrés à l'étouffer. De l'aigreur, de la jalousie alors... Il y avait sans doute un peu de cela. Et savoir que jusque dans sa maison, qui était tout de même censée être la plus respectable de tout Versailles, on osait venir rapporter de tels ragots, cela lui était insupportable. Elle ne pouvait laisser cela impuni, la princesse Farnèse allait servir d'exemple à tout le monde, on ne se moquait pas impunément de l'honneur de la maison de France ! Et ce, malgré toutes les diversions et supplications de madame Sobieska.

- Votre Majesté, tenta Sobieska qui n'avait plus rien à perdre puisqu'elle était déjà à moitié en congé, je vous en prie, faites preuve d'indulgence, nous faisons parfois des erreurs et considérez que nous sommes parfois déjà suffisamment punies en...

La reine était pourtant inflexible. Cela dut se lire sur son visage, car la polonaise se tue immédiatement, et tout le monde quitta la pièce. Olympe de Wolfenberg manqua d'ailleurs de se prendre les pieds dans l'ouvrage qu'une de ces dames avait laissé tomber, ce qui rajouta à l'agacement de la reine qui soupira fortement. Mais quand apprendrait-on à se tenir dans cette maison ? La pièce se vidait peu à peu, et Marie-Thérèse, toujours assise sur son fauteuil, attendait, ne pipant mot, sans quitter la Farnèse qui s'était levée du regard. Pour une fois, Sofia ne semblait pas exulter d'orgueil, ce qui était assez rare de la part de l'italienne. La faute devait donc être non seulement avérée, mais encore plus grave que ce qu'on avait pu dire à la reine. Ce n'était donc pas le moment de faiblir, bien au contraire, il fallait être inflexible et ferme. La dernière, Eléonore Sobieska sorti, et referma la porte. Il n'y avait pas besoin d'être médium pour savoir que toutes les oreilles étaient collées à la porte et attendaient de savoir de quelle manière tomberait la tête de Sofia Farnèse. Pourtant, avant que l'infante espagnole eut le temps d'ouvrir la bouche, déjà, l'italienne se répandait en mea culpa :

-Votre Majesté, mon comportement fut bien indigne, je suis d'accord. Je pourrais blâmer beaucoup de choses pour justifier mon arrivée à une telle infamie mais rien ne trouve grâce à mes yeux. L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir, c'est ce qu'une jeune femme devrait appliquer chaque jour de sa vie, ne se focaliser que sur l'honneur, le mien, celui de ma famille, de mon rang, de la charge qui est mienne, du moins était.

Le visage de Marie-Thérèse n'eut aucune expression quand elle mit la phrase au passé. Le plaidoyer aurait surement touché la jeune femme en temps normal, mais pas aujourd'hui, il en était hors de question. Sofia avait péché de la pire des façons aux yeux de la reine, elle devait donc être punie. Et encore, elle aurait de la chance si la reine ne la faisait pas disgracier !

-Jamais il n'a été dans mon intention de déshonorer votre nom, votre Maison et la rigueur de son règlement. Je vous implore juste le pardon de mon abominable conduite …

-Il suffit, madame. Rien de ce que vous pourrez dire ne pourra racheter votre conduite ! Voilà ma proposition : rien. Quand le bras a failli, l'on punit la tête. Enfin, le bras... Il ne me semble pas que ça soit par là que vous ayez péché. Vous connaissez le plus élémentaire des principes pour faire parti de ma maison, et vous l'avez allègrement bafoué, sans aucune considération pour votre vertu, ou pire, votre réputation. A travers celle-ci, faisant parti de ma maison, c'est la mienne que vous avez salit bien que de votre propre aveux cela n'ait jamais été votre intention. Pourtant l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Le ton était cassant, glacial et distant, sans appel. Marie-Thérèse fit un geste du bras pour se débarrasser du lourd manteau d'hermine dont ont l'avait affublée pour le portrait de Lebrun devait finir, et se leva tant bien que mal, avançant dans la pièce et se dirigea vers son coffret à bijou dont elle dégagea un petit crucifix en bois.

-Que ceci vous accompagne dans votre pénitence. J'enverrai mon confesseur pour écouter votre culpabilité et trouver le châtiment adéquat à votre situation. En tout cas, vous n'êtes plus la bienvenue en cette maison. Vous verrez avec la comtesse de Soissons pour récupérer les quelques effets que vous avez pu laisser ici.

Elle lui tendit le petit crucifix.

-Qu'il vous accompagne pendant votre pénitence, et qu'il vous serve de souvenir de l'affection qu'une fois je vous avais portée.

Et, sans appel possible, la reine se détourna. L'entretien était terminé. Le temps de Sofia Farnèse chez la reine également. Et Marie-Thérèse avait l'impression d'avoir redoré sa réputation de reine à la hauteur de l'époux qu'était Louis, malgré le sentiment de malaise qu'elle ressentait encore. Sofia Farnèse n'avait plus qu'à sortir.
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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
Discours royal:



♈ LA BELLA FARNESE ♈
Più bella cosa non c'è

Âge : 24 ans
Titre : Princesse Farnèse, Princesse Chimay par mariage
Missives : 1402
Date d'inscription : 03/09/2011


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Personne n'avait sans doute vu la reine Marie-Thérèse en colère ! Elle si calme, douce, placide et pieuse, personne ne pouvait penser un jour voir ses traits se durcir, son visage se crisper et hausser le ton. Sofia aurait préféré ne jamais le voir, surtout quand cela tombe sur elle. Il n'était pas chose aisé d'entrer dans la maison de la Reine, il fallait tirer les bonnes ficelles ou être dans les bonnes grâces de la souveraine. Une fois entrée, on se cramponnait à sa charge, même si certaines journées pouvaient paraître assez longues – Sofia et Éléonore se soutenaient mutuellement sur ce point – on ne pouvait nier ni les rentes ni le prestige de cette position. Il y avait pourtant peu de règle à respecter : être présente, assister à la messe et faire preuve de vertu pour les non-mariées, et de monogamie pour les autres. Seulement voilà, personne n'était parfait, et la Farnèse encore moins, par sa vénalité et son sang chaud.

Loin de la sulfureuse princesse, la tête haute et l'air hautain, c'était une toute autre Sofia qui se tenait là, le regard baissé sur le tapis de sol, à se triturer les mains à s'en faire mal et se contenir de tout son être pour ne pas pleurer. Un sentiment de culpabilité, elle ne pensait pas ressentir cela un jour, surtout pour un acte qu'elle pensait privé, et intime.

Alors que Marie-Thérèse se débarrassa de son manteau d'hermine, seul le bruit de tissu et de fourrure rencontrant le sol vint troubler le silence pesant, comme un cri dans la nuit. A peine l'italienne respirait, se sentant comprimée dans sa robe et ne voulant qu'une chose : rentrer chez elle et s'enfermer à triple tour dans sa chambre. Mais l'histoire était loin d'être infinie : alors qu'elle osa lever les yeux, Sofia vit la souveraine tendre un petit crucifix de bois, bien modeste d'apparence mais hautement crucial pour une reine aussi dévote, qui ne plaisantait pas avec la bonne conduite.

« Que ceci vous accompagne dans votre pénitence. J'enverrai mon confesseur pour écouter votre culpabilité et trouver le châtiment adéquat à votre situation. En tout cas, vous n'êtes plus la bienvenue en cette maison. Vous verrez avec la comtesse de Soissons pour récupérer les quelques effets que vous avez pu laisser ici.
Bien, votre Majesté. »
Elle arrivait tout juste à dire ces trois mots tant sa gorge était serrée.

Envoyer un confesseur ? Quelle horreur … Et quand Marie-Thérèse lui tendit le crucifix, elle ne pouvait que l'accepter entre ses blanches mains tremblantes. L'humiliation était complète en cet instant.

« Qu'il vous accompagne pendant votre pénitence, et qu'il vous serve de souvenir de l'affection qu'une fois je vous avais portée. »

C'était fini, la reine s'était retournée, signe que la conversation était close et la disgrâce totale. Malgré tout, l'usage de la révérence ne devait pas se perdre, Sofia en fit une dernière en reculant jusqu'à la porte, puis se retourna pour sortir, tout en fourrant le crucifix dans une poche de sa robe. Là, se tenait toute les dames et demoiselles de la Reine, toutes observaient cette princesse aux yeux baignés de larmes, dont certaines coulaient enfin. Beaucoup de regards méchants, hautains, surtout de la part des duègnes qui ne manquèrent pas de lancer des remarques à voix basse dans leur langue natale. Heureusement, des visages compatissants se détachaient de cette foule hostile, notamment Éléonore, vers qui la jeune femme se rendit avec un sourire triste :

« Vous allez me manquer … » lâcha t'elle dans un sanglot.

Puis avant que les larmes ne viennent inonder son visage, la Farnèse quitta l'antichambre et se hâta vers l'escalier, essuya ses larmes en espérant que rien ne se verrait, mais qui était dupe à Versailles ? Et si la reine était au courant, qui ne l'était pas ? Vite, fuir loin de ce château, quitter ces murs oppressants qui ne voulaient plus d'elle jusqu'à la Cour. Comprimée dans sa robe, elle crut une nouvelle fois défaillir, un laquais se hâta de faire venir son carrosse où elle monta sans un mot jusqu'à l'hôtel où elle résidait. Ici aussi, tout semblait froid, son frère était parti. Sofia se sentait plus seule que jamais. Montant dans sa chambre, elle commença à paniquer et tira sur le tissu de sa robe :

« Enlevez moi là ! Vite ! Vite ! » hurla t'elle.

Un instant interdite, ses dames vinrent l'aider à quitter le vêtement qui lui coupait la respiration. Le crucifix tomba sur le sol, une des servantes le ramassa pour le poser délicatement sur un meuble non loin de là, alors qu'une autre porta la tenue loin de sa maîtresse, qui se retrouvait en chemise, grelottante. Elle pleurait sans pouvoir se retenir. La honte, ce sentiment d'impuissance la prenait au corps. Elle avait l'impression d'avoir perdu ce qu'elle avait construit ici, d'avoir tout perdu. S'allongeant sur sa méridienne, son personnel la laissa à pleurer comme une enfant, seule. Cela dura plusieurs heures jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de larme pour le restant de la journée. Enfilant une robe de chambre, Sofia s'installa ensuite à sa coiffeuse pour voir les dégâts des larmes sur son visage : rougi, le maquillage ayant coulé en suivant la trace des larmes ; même sa coiffure n'était pas épargnée, son chignon de travers et des boucles rebelles encadrèrent son visage. Elle retira les nombreuses épingles de sa crinière bouclée, et enleva toute trace d'artifice. A quoi bon garder cela, il n'y avait plus de raison de tricher, de se mettre en avant, elle n'oserait plus pénétrer dans Versailles … Mais Versailles venait à elle. En début de soirée, sa suivante Graziella osa passer la tête dans la chambre, Sofia était toujours devant sa coiffeuse, presque amorphe.

« Signora, le confesseur de la reine est là …
Ce n'est pas vrai, elle l'a vraiment envoyée …
Elle mit son visage entre ses mains et soupira. Je ne veux pas le voir, dites lui que je suis couchée.
Mais je ne peux pas mentir à un homme de Dieu ! »


Sofia se leva et rejoignit son lit où elle s'allongea, tournant le dos à sa suivante décidément trop bête.

« Voilà, tu ne mentiras plus ! »

N'osant pas la contredire, Graziella s'en retourna congédier le confesseur, tandis que Sofia se recroquevilla dans son lit, ses yeux rouges dans le vide, à se demander ce qu'elle pourrait bien faire. Retourner à la Cour était impossible ; rester ici serait un calvaire ; retourner à Parme serait l'enfer … Il ne restait que Nancy, mais elle n'en était pas encore à envisager cette éventualité comme une solution fiable, cherchant plutôt à partir en province. Ou en Savoie, elle ne savait pas encore. Qui sait ce que l'avenir allait lui réserver encore dans l'enceinte de la ville de Versailles. Après tout, rien ne pouvait être pire. Du moins, pour l'instant …


FIN
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