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 Deux femmes pour une intrigue de choc !

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Sofia Farnèse


Sofia Farnèse

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Je l'ai fermé par sa faute. Seul lui pourrait le rouvrir un jour ...
Côté Lit: Je ne suis pas de celles qui se couchent pour un sourire. A peine pour un diamant, mais souvent pour la passion.
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♈ LA BELLA FARNESE ♈
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MessageSujet: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime20.02.13 0:11

Deux femmes pour une intrigue de choc ! Tumblr_lwz3o3F3OA1r4kfic
« Le droit est pour le mérite, et le succès pour l'intrigue. »


Avec la guerre qui commençait, Versailles s'était soudainement dépeuplé de ses étrangers puis de ses hommes français. Sofia aussi a vécu la séparation avec son frère, parti du côté espagnol se battre après lui avoir recommandé cent fois de ne pas faire de bêtises, de lui écrire et surtout de venir à Nancy dés qu'elle le pouvait. Bien qu'elle ai acquiescé, il n'était pas prévu dans l'emploi du temps de la princesse italienne de se rendre dans une ville comme Nancy qui ne l'inspirait absolument pas, lui donnant presque froid dans le dos et préférerait presque s'enfermer dans un couvent que d'aller en Lorraine ! Enfin, peut être pas, mais Sofia n'avait pas envie d'y aller. En plus là-bas, elle aurait à ses trousses le Bar et Édouard, ainsi que leurs femmes respectives … Sans oublier Derek qui pourrait aussi se lancer dans la chasse italienne ! Non, finalement elle était très bien à Versailles et puis elle ne pouvait guère quitter sa fonction auprès de la Reine en claquant des doigts, toute princesse qu'elle était ! Donc pour l'instant, elle continuerait sa vie à Versailles, son petit quotidien, ses petites intrigues et ses vengeances contre Francesco ! De ce côté là, la Farnèse n'allait pas s'ennuyer : il était prévu qu'elle s'allie avec sa nouvelle amie Gabrielle de Longueville pour une drôle de farce contre l'ambassadeur des imbéciles. Mais cela ne suffirait pas, Sofia était bien décidée à le faire payer sur tous les fronts. Si même la Mort ne voulait pas de Francesco (en témoigne le Nouvel An où il n'a pas péri malgré le poison), elle lui ferait regretter d'être en vie. Elle avait quelques idées mais elle y repenserait au château, il était temps de se presser pour rejoindre Marie-Thérèse. Montant dans le carrosse aux armoiries Farnèse-Médicis avec sa jeune suivante Graziella, elles partirent pour le château où on pouvait enfin respirer vu l'absence de beaucoup de monde.

La journée passa son cours avec la lenteur habituelle, Sofia lançant des regards à Éléonore, traduisant leur ennui mutuel. Bon, c'est exagéré, ce n'était pas toute la journée d'un grand ennui non plus mais l'italienne avait besoin de bouger, de voir du monde. Heureusement que la souveraine eut envie de se promener, ce qui allait revigorer toutes ces femmes confinées dans les appartements. Parmi le petit cortège, il y avait entre autre quelques duègnes, la Wittelsbach, cousine de la reine et Isabelle Saint-Amand. Qui aurait cru que cette promenade donnerait des idées à la jeune femme pour sa vengeance ? Cela arriva bêtement : un petit caillou gênant dans la chaussure gauche, obligée de s'arrêter pour le retirer. Rien de bien méchant jusque là mais cela lui permis d'écouter la conversation de deux femmes qui s'offusquaient.

« Non mais comment la Reine peut garder une telle femme dans ses rangs ? Une vénale qui s'allonge contre argent et bijoux !
Pauvre reine crédule. Je me demande ce que la Saint-Amand lui dit pour qu'elle puisse rester à ses côtés … »


Voilà la solution ! Une tierce personne pour faire ce travail ! Une personne sans scrupule, qui ferait tout (ou presque) contre de l'argent et qui ne poserait pas de problème de moral. Isabelle de Saint-Amand couchait contre rémunération, Sofia la paierait mais sans forcément coucher. Une idée sympathique à mûrir le reste du parcours alors que la jeune femme rejoignit le reste du groupe. A quoi pourrait lui servir Isabelle précisément ? Elle n'allait pas payer à Francesco une prostituée, cela était stupide, il fallait que quelque chose foire, qu'elle l'humilie. Le comment de l'humiliation restait à définir car Francesco avait un moral d'acier mine de rien et peu de chose l'effrayait ou blessait son ego. Mais alors qu'elle voulut en parler à la principale intéressée, la voilà qui semblait pressée de quitter son service. Sofia se dépêcha de la rejoindre avant qu'elle ne s’engouffre dans les couloirs.

« Mademoiselle de Saint-Amand ! apostropha l'italienne pour qu'elle s'arrête. Je vous sens pressée mais j'ai besoin de vous parler, auriez vous un moment à m'accorder ? »

Avec le départ du roi, les journées s'étaient assouplies et Isabelle la convia à ses appartements après la prière de la Reine en fin d'après midi, aux alentours de dix-huit heures. Le rendez vous était pris, Isabelle partit et Sofia retourna vers les appartements royaux pour finir son service, contente de cette prise de contact, en espérant avoir davantage d'idées à ce moment là. Déjà elle envoya la jeune Graziella chercher une bourse à l'hôtel ainsi qu'un bijou, sa bague serti d'un beau saphir en or blanc que Sofia ne mettait jamais et qu'un noble italien lui avait offert. Autant avoir de quoi monnayer le moment venu. Cela la fit réfléchir jusqu'à la prière, où elle demanda pardon au Seigneur de ce qu'elle allait demander et faire, que c'était mal. Ce qui ne l'empêchera pas de s'y rendre ! Après avoir salué la reine, Sofia s'emmitoufla dans son manteau, il faisait encore frais pour mars, et sortit par les jardins pour rejoindre le Trianon. Il y avait peu de monde dans les jardins, le froid se faisait ressentir au fur et à mesure que le soleil se couchait. D'ailleurs, il ne restait qu'un ciel rouge lorsque Sofia arriva devant le Trianon où Graziella faisait les cent pas pour se réchauffer. Les deux femmes entrèrent dans le bâtiment à la recherche des appartements d'Isabelle et au moment de toquer, l'italienne regarda sa suivante en fronçant des sourcils.

« Le sac ! Il est où le sac !?  »

Graziella s'affola et sortit en courant pour vérifier s'il était dehors. Fort heureusement, c'était le cas, elle l'avait laissée tomber en faisant le pied de grue. Enfin, Sofia put toquer à la porte et se faire recevoir par une domestique de la dame de Saint-Amand. Elles patientèrent quelques instants avant qu'Isabelle apparaisse. Ravie de pouvoir faire des affaires, l'italienne lui fit une sympathique sourire en se tournant vers elle.

« Merci de m'accorder un peu de temps, il fallait que je vous parle d'un sujet fort important, d'un projet en réalité, et il me faudrait une personne pour exécuter ce que je voudrais mettre en place. Elle enleva son manteau et le donna à sa suivante, la discussion prendrait plus de cinq minutes. Je sais que vous ne faites rien gratuitement, cela n'est pas un souci. Pour une humiliation, je mettrais le prix qu'il faut. »

Le sujet était sur la table. Sofia ne reculerait pas et n'avait pas peur de dépenser pour faire payer Francesco, se venger de lui et le faire regretter d'agir comme un connard qu'il était. Et Isabelle était la personne parfaite pour cela, la Farnèse n'en doutait pas un seul instant !

« Connaissez vous l'ambassadeur Contarini ? » demanda t'elle avec un petit sourire en coin.

Les dés étaient jetés, à Isabelle de saisir l'opportunité …

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Isabelle de Saint-Amand


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MessageSujet: Re: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime07.03.13 5:46

Isabelle commençait sérieusement à s'ennuyer ferme. Elle réprima un nouveau bâillement. Etait-ce le quatrième, ou le cinquième déjà ? Elle avait perdu le compte, mais il était vrai que Louvois pouvait être si ennuyeux quand il le voulait. Le ministre ne savait parler que de ses affaires, ce qui devenait de plus en plus ennuyeux. La guerre ? Mais à quoi bon. Le pire dans tout cela c'était que la jeune femme n'avait aucune idée de comment ils en étaient arrivés là. Elle discutait tranquillement avec l'un des gentilshommes du roi, quoi de plus normal pour une dame de la reine, malgré les regards malveillant des autres dames de la reine qui ne perdaient bien sûr jamais une occasion de médire sur elle, et soudain elle se retrouvait avec toujours le même gentilhomme, mais Louvois en plus, et tous deux semblaient totalement passionnés par la guerre qui arrivait, et à laquelle tous les gentilshommes du roi partait dans les jours à venir. Et vraiment, les détails techniques des dernières stratégies espagnoles étaient bien loin d'intéresser Isabelle qui n'avait d'ailleurs rien de mieux à faire que de rester là, coite, à les écouter. Plutôt perturbant et agaçant à vrai dire. Et elle était certaine que dans quelques siècles, au XXème par exemple, les femmes écouteraient encore les hommes parler de guerre. Mais peut être cette fois-ci y prendraient-elles part. La patience d'Isabelle avait pourtant ses limites, et après un soupir assez appuyé que les deux hommes ne pouvaient pas ne pas avoir remarqué – ils semblaient d'ailleurs surpris de voir la jeune femme. Eh bien elle allait donc leur montrer qu'elle n'était pas de celles qu'on oublie dans un coin – elle s'éclaircit la gorge et lança juste assez fort pour être entendue des deux hommes.

-Mais, Monsieur Louvois, finalement, ne vaut-il mieux pas faire l'amour que la guerre ?

Et sur cette phrase, elle salua les deux hommes et prit congé, ravie de l'air ahurit qu'ils venaient tous deux d'arborer. Elle quitta le salon pour rejoindre le cortège de la reine, qui avait décidé de partir en promenade, comme à son habitude. Comme à son habitude, la reine avait décidé d'emmener ses petits chiens avec elle. Mais l'un d'entre eux venait d'emmêler sa laisse autour de celle de son voisin. Isabelle, la plus proche, s'agenouilla à côté des animaux et prit le petit turbulent dans ses bras, avant de dégager la laisse et de le rattacher.

-Voilà, votre Majesté.

-Merci, Mademoiselle de Saint-Amand.


La conversation n'avait pas duré plus de quelques secondes. Pourtant, Isabelle sentait les regards outrés dans son dos. Comme d'habitude. Et son trait d'esprit à Louvois devait déjà être sur toutes les lèvres, bien évidemment. Les deux pires étaient sans aucun doute Madame du Payol et sa complice Madame de Montvivier. Elles n'avaient d'ailleurs rien de mieux à faire que cela. De retour chez la reine, alors qu'Isabelle prenait congé de sa Majesté, elle les croisa, qui lui jetaient des regards assassins. Prenant un air faussement concerné, elle leur sourit aimablement mais aussi faussement que possible.

-Madame du Payol, vous avez une mine bien sévère. J'espère que vous n'êtes pas encore en train de faire une indigestion au melon...

Les deux femmes s'offusquèrent à nouveau alors qu'Isabelle, sans attendre, prenait la poudre d'escampette. Dieu, qu'il était bon de s'amuser parfois. Alors qu'elle quittait son service, une voix l'interpela :

-Mademoiselle de Saint-Amand ! Je vous sens pressée mais j'ai besoin de vous parler, auriez vous un moment à m'accorder ?

Sofia di Parma ? La surprise était grande. La princesse ne s'abaissait pas d'ordinaire à parler à des gens moins haut placés qu'elle. Du moins n'avait-elle jamais adressé la parole à Isabelle.

-Mmh... Je suis attendue ce soir, mais si vous voulez vous donner la peine de passer chez moi à Trianon en fin d'après-midi, cela serait parfait.

Et sur ces mots, elle s'éloigna du palais et prit une voiture pour rentrer à Trianon, sans vraiment plus y penser, sa curiosité ayant été absorbée par le diner du soir-même. La journée avait été fatigante, mais elle savait qu'Antoinette, dans sa diligence, lui avait déjà fait couler un bon bain. Cela ne pouvait que lui faire du bien. Elle avait un diner de prévu pour le soir même, chez Mancini. L'invitation du neveu de feu le ministre l'avait surprise. Il avait une certaine réputation, un coureur, une sexualité débridé – au point que certaines rumeurs le disaient l'amant de Monsieur – et une richesse sans borne. La chose paraissait intrigante et la jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire en se disant qu'elle apprécierait grandement de découvrir elle-même la vérité sur toutes ces rumeurs. Cela pouvait être passionnant. Elle resta dans son bain jusqu'à ce que l'eau soit presque froide, ayant choisit sa robe par avance, blanche, rebrodé de fleurs noires. Du plus belle effet. Elle y ajouterait les perles que Derek lui avait offert pour elle ne savait plus quelle occasion. Sobre mais remarquable, comme à son habitude. Le corset avait été serré à ne plus pouvoir respirer, comme la mode l'exigeait. Antoinette en était aux cheveux de sa maîtresse quand on frappa à la porte. Isabelle avait totalement oublié la jeune et inattendue princesse Italienne. D'un geste de la main, elle envoya sa femme de chambre ouvrir la porte à son invitée, alors qu'elle finissait une dernière retouche de maquillage, et passa au petit salon.

-Merci de m'accorder un peu de temps, il fallait que je vous parle d'un sujet fort important, d'un projet en réalité, et il me faudrait une personne pour exécuter ce que je voudrais mettre en place.

Isabelle eut une moue amusée. Réellement ? Sa curiosité était titillée, elle lui fit signe de s'installer, avant de prendre place en face d'elle. Que voulait donc la jeune femme qui avait pourtant la réputation d'obtenir tout ce qu'elle voulait. Pour en passer par Isabelle, la chose devait être délicate. Elle la savait par réputation à l'affut de sensations fortes et prête parfois à s'encanailler, du moment que c'était discret. Voulait-elle donc découvrir de nouveaux plaisirs, de ceux que seule une femme peut donner ? En tant que courtisane, Isabelle s'était déjà retrouvée dans des situations bien plus cocasse.

-Je sais que vous ne faites rien gratuitement, cela n'est pas un souci. Pour une humiliation, je mettrais le prix qu'il faut.


-Une humiliation ? Reprit Isabelle.

Ah, ce n'était donc que cela. Moins délicat, mais sans doute plus amusant.

-Connaissez vous l'ambassadeur Contarini ?

Isabelle eut un rictus. Qui ne connaissait pas l'ambassadeur ?

-Monsignor Contarini est difficile à ne pas remarquer, répondit la jeune femme. Elle fit signe à Antoinette de leur servir de l'orgeat, avant de les laisser. Il est de ces messieurs qu'on oublie difficilement, pour plusieurs raisons.

La jeune femme prit le temps de goûter à sa boisson, ne comprenant décidément pas où Sofia voulait en venir. Si Etienne était malhonnête au possible, Isabelle l'était sans doute moins, puisqu'elle voulait s'assurer de comprendre ce qu'on lui demandait avant de se lancer dans l'aventure.

-Expliquez-moi ? Je dois avouer que l'humiliation ne fait pas partie de mes compétences les plus demandées, bien que j'y excelle...

Il n'y avait qu'à voir sa sortie de chez la reine.
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MessageSujet: Re: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime06.04.13 0:00

« Mmh... Je suis attendue ce soir, mais si vous voulez vous donner la peine de passer chez moi à Trianon en fin d'après-midi, cela serait parfait.
Je viendrais, merci à vous. »


Le rendez vous était pris et pouvait soulever pas mal de questions si quelqu'un avait pu entendre cette brève entrevue : que voulais la princesse Farnèse à la dame de Saint-Amand ? Dans quelle affaire allait-elle se mettre ? Il était bien difficile à imaginer que la jeune femme qu'était Sofia avait une passion pour la vengeance envers le vénitien de pacotille et qu'elle cherchait à lui nuire à tout instant, toujours plus fort. Vu que Francesco se méfierait des contenus de son verre depuis le Nouvel An, il fallait trouver autre chose pour le piquer au vif, lui faire du mal et si elle ne pouvait pas lui prendre la vie, elle s'abaisserait à ternir sa réputation, à la pourrir et l'humilier jusqu'à ce qu'il décide de retourner dans ses eaux croupies et ses bordels de nonnes pour ne plus jamais en ressortir. Mine de rien, c'était un travail de longue haleine car le Contarini ne se laissait pas abattre si facilement, il en fallait beaucoup pour que celui-ci se sente humilié et soit toucher dans son ego, c'était tout ce qu'il y avait à toucher puisqu'il n'avait pas de cœur de toute manière.

Cela était bas et vil, si sa mère apprenait un jour cela, il était certain que Sofia retournera manu militari à Parme et ne se serait pas prête d'en ressortir, pas même pour Rome ou Florence. Il fallait donc toujours agir en secret pour que le moins de monde possible soit au courant. De toute manière, la princesse perdait ses amis comme des petits pains à cause de son caractère ou de ses actions désastreuses, alors elle avait de moins en moins de monde à qui parler de ses projets. Alors, il fallait en venir à des professionnelles : Isabelle saurait fermer sa jolie bouche contre une bonne somme et quelques bijoux, il était facile d'acheter les gens vénales, elle-même en faisait partie. Tout était prêt dans sa tête, il n'y avait qu'à en parler à celle qui pourrait être concernée et c'est ce qu'elle allait faire en cet fin d'après-midi, se rendant au Trianon pour en discuter et voir tous les détails. Isabelle était en pleine préparation, sans doute avait elle à faire ce soir vu l'élégance de la robe, des perles et de la coiffure que s'apprêtait à faire sa dame de compagnie. L'italienne s'assit sur indication de la brune élégante et commença à expliquer au compte-goutte sont idée.

« Une humiliation ? »

Sofia avait réussi à capter une première fois la jeune femme face à elle. Un bon point pour commencer, il fallait continuer en demandant à Isabelle si elle connaissait Francesco. Après tout, il pourrait très bien être un de ses clients, ancien ou non.

« Monsignor Contarini est difficile à ne pas remarquer Il est de ces messieurs qu'on oublie difficilement, pour plusieurs raisons.
Il est malheureusement inoubliable pour ceux qui le rencontrent.
lâcha la princesse en roulant des yeux d'un air blasé. Elle savait de quoi elle parlait.
Expliquez-moi ? Je dois avouer que l'humiliation ne fait pas partie de mes compétences les plus demandées, bien que j'y excelle...
Si je suis venue à vous, c'est que je ne peux guère agir à ma guise et que l'ambassadeur à deux sous me connaît trop bien pour ne pas comprendre que j'agis pour lui nuire. Et je sais qu'une femme de votre trempe pourrait sans doute m'aider. »


Elle se tut un instant, prit une gorgée de boisson pour se rafraîchir et éclaircir la voix. Bien que la chose ne soit pas des plus compliquée, il fallait expliquer la situation sans trop en dire, c'est à dire sans mentionner l'histoire passée entre Sofia et Francesco, et qu'on ne pense pas que ce soit une simple vengeance d'une idiote sur un homme qui lui a brisé le cœur. Sofia refusait de se voir comme une désespérée, une espèce d'ancienne fiancée hystérique. Non, elle s'était promis un jour de se venger, de lui rendre la monnaie de sa pièce pour qu'il comprenne qu'on ne jouait pas avec les gens de la sorte, voilà tout. Arborant un petit sourire, Sofia pouvait commencer son petit speech.

« L'histoire est assez simple. Francesco Contarini est, sans tourner autour du pot, un salaud de la pire espèce qui ne sait pas ce qu'un cœur est ni que le monde qui l'entoure n'est pas en pierre. Si personne jusque là ne lui a fait comprendre, je me charge de cette croisade. Nous avons un vieux contentieux jamais réglé car il est trop lâche pour faire les choses en face. Elle essayait de ne pas se rappeler à quel point il lui avait fait mal presque neuf années auparavant, à quel point il l'avait détruite. Quant à moi, pour rester davantage à Versailles, je ne peux agir en pleine lumière. Ma mère étant ce qu'elle est, je n'ai le droit à aucune erreur si je ne veux pas retourner chez moi. Et il se méfie trop de moi, je ne peux plus rien faire en personne, ce qui me contrarie beaucoup, il est toujours amusant de se venger soi-même. »

Elle poussa un petit soupir de déception. S'il avait bu son verre au Nouvel An, tout en aurait été fini et Sofia aurait pu mener une existence bien plus sereine, heureuse de s'être vengée et d'avoir débarrassée l'humanité d'un cloporte aussi stupide que malfaisant. Mais les choses étant ce qu'elles sont, Francesco semblait increvable alors il fallait passer à d'autres méthodes.

« Vous devez penser qu'un tour chez une de ces nombreuses empoisonneuses suffirait. Mais le voir mourir ne m'intéresse plus, je pense que même la Mort ne veut pas de cet individu. J'ai besoin de frapper là où cela fait le plus mal : son ego démesuré. le ton était sans appel, Sofia savait ce qu'elle voulait. C'est là où j'ai besoin de vous : il me faut quelqu'un pour le blesser dans son ego, quelqu'un qui peut l'approcher. Et comme il aime les jolies femmes qui savent caresser les hommes dans le sens du poil, j'ai pensé à vous. »

Au sourire de Sofia, cela passait donc pour un compliment. Isabelle était de ces belles femmes qui savaient mentir pour obtenir ce qu'elles souhaitent, c'était parfaitement ce que voulait la princesse dans cette mission. Elle espérait que cela pouvait intéresser Isabelle. Elle but quelques gorgées, il fallait au moins cela après ces explications.

« Votre prix sera le mien, bien évidemment. J'ai déjà amené ce qui pourrait être une avance. Elle fit signe à Graziella qui avait le petit sac de le donner à son interlocutrice. Il ne manque que l'idée parfaite. Je connais trop bien cet idiot, un œil extérieur pourrait m'aider … »
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Isabelle de Saint-Amand


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MessageSujet: Re: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime17.04.13 5:16

Il devait surement être étrange de voir Isabelle recevoir dans une tenue qui était évidemment bien loin d'une robe d'après-midi portée chez la reine. Peut être Sofia di Parma y verrait-elle comme quelque chose à prouver, ce qui n'était pourtant pas le cas. Mais Isabelle n'en avait cure. Après tout, elle et la princesse n'étaient pas du genre à se côtoyer auparavant, et la froide brune était bien curieuse du pourquoi de ce revirement de situation. C'était plutôt cocasse, car si l'italienne n'avait pas non plus une réputation de blanche colombe, on se gardait bien de dire certaines choses à voix haute sur elle. Son rang, sa fortune, et ses relations, faisaient qu'on ne voulait pas trop s'avancer sur les rumeurs. Elle était tout le contraire d'Isabelle en somme. La jeune femme se demandait d'ailleurs si les rumeurs Versaillaises allaient dire quelque chose sur ce rapprochement inopiné. Il était presque impossible que personne ne se soit rendu compte du déplacement de la princesse Farnèse et de sa destination. Quelque chose de plus léger que la guerre arrivant ne pouvait faire de mal qu'aux sujets des potins, et Isabelle en avait connut de biens pires. C'était peu de le dire. Ils étaient toujours bien loin de la vérité, quel que soit le sujet, chacun y allant de sa propre version des fais, et le résultat du bouche à oreille était toujours des plus amusants à récupérer. Mais encore fallait-il savoir de quoi l'italienne voulait parler. Et connaissant sa réputation, elle n'avait pas sa langue dans sa poche.

Très vite d'ailleurs, elle avait finit par clairement avouer le but de sa visite. Il était à mille lieux de ce qu'Isabelle pouvait penser, et bien loin de ce qu'on lui proposait de faire d'habitude pour de l'argent. Ca en devenait un peu étonnant d'ailleurs. Mais la réputation d'Isabelle devait la précéder. Elle ne reculait devant rien ou presque pour de l'argent. C'était en gros les bruits qui circulaient sur elle, à force de savoir qu'elle passait d'homme fortuné en homme puissant. C'était vrai, ou presque. A un ou deux détails prêts. Et entre expérimenter une nouvelle pratique au lit avec un nouvel amant, et risquer de briser l'entente entre Venise et Versailles, il y avait un monde. Alors bien que la personnalité de l'ambassadeur ne soit pas parmi ses préférées, il n'y avait qu'à voir son comportement de roi du monde, elle tenait tout de même à sa tête, si non à sa position à la cour. Elle avait travaillé trop dur pour y parvenir et ne pouvait se permettre de tout risquer sur un coup de dé – elle leur préférait largement les cartes de toute façon. Alors une bourse bien rempli allait difficilement suffire comme assurance à la jeune femme aux multiples facettes. Elle en attendait un peu plus de la part de la belle italienne. Heureusement celle-ci ne semblait pas en avoir fini, et avait décidé de jouer ses cartes avec le plus grand soin. Une preuve d'intelligence dont Isabelle lui était gré. Si elle voulait qu'elle travaille pour elle, autant être claire et précise dès le début.

-Il est malheureusement inoubliable pour ceux qui le rencontrent, marmonna Sofia à l'encontre de Contarini.

Isabelle aurait presque cru à un cœur brisé, et elle en savait assez sur le sujet pour être presque certaine de ce qu'elle pensait. Mais elle préféra n'en rien dire et continua sur son idée, avoir plus de renseignements à propos de ce qu'elle devait faire, selon la jeune femme, pour ne pas avoir trop de surprises.

-Si je suis venue à vous, c'est que je ne peux guère agir à ma guise et que l'ambassadeur à deux sous me connaît trop bien pour ne pas comprendre que j'agis pour lui nuire. Et je sais qu'une femme de votre trempe pourrait sans doute m'aider.

Flatterie ? Ce n'était pas désagréable, mais ce n'était pas non plus ce qui fonctionnait pour le mieux avec la froide française. Isabelle jouait distraitement avec son verre pendant que Sofia prenait une gorgée de boisson pour se donner la force de continuer et s'éclaircir les idées, sans doute. Isabelle utilisa ce bref laps de temps pour essayer d'imaginer ce qui avait bien pu se passer entre les deux italiens. Ca avait dut être intense et passionné pour que Sofia veule se venger de la sorte. Ah... La passion... Intense à vivre, mais destructrice une fois que l'un des deux décide que c'est fini, Isabelle en savait quelque chose...

-L'histoire est assez simple. Francesco Contarini est, sans tourner autour du pot, un salaud de la pire espèce qui ne sait pas ce qu'un cœur est ni que le monde qui l'entoure n'est pas en pierre. Si personne jusque là ne lui a fait comprendre, je me charge de cette croisade. Nous avons un vieux contentieux jamais réglé car il est trop lâche pour faire les choses en face.

Isabelle sourit. L'image collait plutôt bien à la réputation de l'homme qu'elle n'avait pourtant jamais vraiment côtoyé. Cela la rendait curieuse. Elle adorait les défis.

-Quant à moi, pour rester davantage à Versailles, je ne peux agir en pleine lumière. Ma mère étant ce qu'elle est, je n'ai le droit à aucune erreur si je ne veux pas retourner chez moi. Et il se méfie trop de moi, je ne peux plus rien faire en personne, ce qui me contrarie beaucoup, il est toujours amusant de se venger soi-même.

C'était une histoire classique, et éternelle. Un amour bafouée, une vengeance désirée. Cela faisait couler de l'encre depuis des siècles, et ce n'était sans doute pas prêt de s'arrêter. C'était classique. Isabelle posa son verre et se leva. Elle jeta un bref coup d'oeil à son reflet pour s'assurer que sa chevelure tenait en place, puis à la pendule. Eh bien, Mancini attendrait. Décidément, les italiens lui prenaient sa journée !

-Je comprends vos motifs... De femme à femme. Mais ce que je ne comprends pas, c'est le mal que vous avez l'air de vouloir vous donner pour lui nuire ?

Il y avait d'autres moyens bien plus discrets après tout. Et bien plus efficaces.

-Vous devez penser qu'un tour chez une de ces nombreuses empoisonneuses suffirait. Mais le voir mourir ne m'intéresse plus, je pense que même la Mort ne veut pas de cet individu. J'ai besoin de frapper là où cela fait le plus mal : son ego démesuré.

Isabelle laissa échapper un rictus. Il était vrai que l'ambassadeur était connu pour placer sa personne, sa beauté au dessus de tout. Un véritable Narcisse réincarné.

-C'est là où j'ai besoin de vous : il me faut quelqu'un pour le blesser dans son ego, quelqu'un qui peut l'approcher. Et comme il aime les jolies femmes qui savent caresser les hommes dans le sens du poil, j'ai pensé à vous.

Isabelle connaissait assez les hommes pour savoir que leur égo, qu'ils avaient un peu trop tendance à confondre avec leur honneur, était le plus souvent la cause première de leur perte, hélas pour eux. Et à part ces messieurs anglais qui avaient pris cette terrible habitude de ne plus se battre en duel et s'y tenaient, un peu partout ailleurs en Europe, c'était le seul moyen qu'on connaissait encore pour régler ses problèmes. C'était aussi la première cause de mortalité dans la noblesse, malgré l'interdiction des édits. Mais cela voulait aussi dire qu'elle connaissait la plupart des faiblesses des hommes de Versailles, et ça, Sofia l'avait bien comprit. Elle savait comment les séduire et les amener à faire ce qu'elle voulait, la plupart du temps. Isabelle esquissa une révérence moqueuse.

-Vous me flatteriez presque, signorina.

L'italienne fit signe à sa servante qui posa une bourse sur la table

-Votre prix sera le mien, bien évidemment. J'ai déjà amené ce qui pourrait être une avance. Il ne manque que l'idée parfaite. Je connais trop bien cet idiot, un œil extérieur pourrait m'aider …


Isabelle réfléchit un instant, croisant les bras sur sa poitrine. L'idée parfaite ? Comment tourner en ridicule un homme qui aime trop les femmes ? Et qui aime trop son corps par la même occasion. Un homme à qui, apparemment, on ne dit jamais non... La jeune femme avait besoin d'un peu plus de temps et de détails. Elle se rassit, sans toucher à la bourse, elle ne voulait pas passer pour vénale à ce point. Se rencognant dans son fauteuil, elle se prit à questionner Sofia.

-J'ai besoin de plus de détails sur lui, sur l'homme.

Mais vu la rancune que la jeune femme avait à son encontre, cela allait être un peu plus difficile que prévu. Son jugement ne pouvait qu'être biaisé par ce qu'il lui avait fait, elle ne savait quand exactement.

-Vous allez devoir faire quelque chose d'un peu compliqué. Oubliez, l'espace d'un instant, toute la haine et la rancune que vous ressentez contre lui. Et concentrez-vous sur l'homme en lui-même. Ne pensez plus au personnage de cour. Essayez de vous rappeler, sans l'amplifier ou passer outre le moindre détail. Cela pourrait être utile. Ses habitudes, ses goûts... En matière de femmes, bien sûr, mais aussi de sorties. Ses péchés mignons... Un rien qui me permettrait de l'approcher sans que cela ne soit suspect.

Après tout, la cours entière savait qu'elle et Derek, c'était fini, et des rumeurs courraient déjà sur Mancini. Elle ne voulait pas gâcher ses chances.
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Sofia Farnèse


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MessageSujet: Re: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime07.05.13 19:28

Se rendait-elle compte que son projet était un peu puéril, tout comme celui de l'anniversaire de Francesco ? Où était la Farnèse qui voulait empoisonner, tuer, voir convulser sur le sol ce rat vénitien, prince des ordures ? Il faut dire que depuis le Nouvel An où il avait échappé à son mortel poison, Sofia était persuadée que le Contarini était sur la liste noire de la Mort. Ne riez pas, on peut être une princesse capricieuse, une apprentie empoisonneuse et croire aux signes de la sorte. Malgré son attitude arrogante et déplacée, elle restait néanmoins une jeune femme croyante, comme toute bonne italienne à son sens. Et pourtant, elle pêchait par jalousie et égoïsme. S'accrocher de la sorte à une vieille vengeance de la sorte devait la rendre pathétique aux yeux d'Isabelle, la princesse se souvenait encore des phrases de Francesco à l'anniversaire, celles là même qui avaient provoqué son courroux et la poussait à continuer son entreprise, au lieu de passer à autre chose.

Et elle expliqua le tout à Isabelle, en omettant tout de soit le vrai motif de sa vengeance. Elle ne voulait pas que l'on sache qu'elle avait perdu une partie de sa dignité car Francesco l'avait rejetée publiquement, l'humiliant devant la noblesse vénitienne, qu'elle avait vu sa vie si parfaite jusque là s'écrouler et surtout que son cœur s'était brisé. Non, Sofia ne voulait qu'on sache, à Versailles, qu'elle avait pu aimer un pareil salaud, bien qu'il fut tellement plus adorable jusqu'à ce qu'il découvre son reflet, tel un Narcisse. Et puisqu'il s'aimait tellement, que cela était sa grande faiblesse, il fallait jouer là-dessus, c'est ce qu'elle racontait à la dame de Saint-Amand, si élégante face à elle.

« J'ai besoin de plus de détails sur lui, sur l'homme. » Demanda Isabelle.

Elle aurait pleins de choses à dire, mais pas forcément des plus sympathiques ni des plus objectifs. Le visage de l'italienne s'était renfrognée l'espace d'un instant. Dire du bien de ce chien galeux lui écorcherait sa jolie bouche. Isabelle dut bien le sentir alors qu'elle se rassit face à la jeune femme.

« Vous allez devoir faire quelque chose d'un peu compliqué. Oubliez, l'espace d'un instant, toute la haine et la rancune que vous ressentez contre lui. Et concentrez-vous sur l'homme en lui-même. Ne pensez plus au personnage de cour. Essayez de vous rappeler, sans l'amplifier ou passer outre le moindre détail. Cela pourrait être utile. Ses habitudes, ses goûts... En matière de femmes, bien sûr, mais aussi de sorties. Ses péchés mignons... Un rien qui me permettrait de l'approcher sans que cela ne soit suspect.
Je pourrais commencer par vous dire que c'est un con. C'est bien connu, les cons ça osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Mais ce ne serait sans doute pas suffisant. »
Lança la princesse avec un petit sourire.

Malgré l'humour, on pouvait voir dans son regard un poil d'inquisition, à se demander à quoi ce cirque de mémoire allait l'aider, Sofia poussa un petit soupir et fixa un point imaginaire au plafond, tentant de faire ce que la jolie brune face à elle lui demandait. Il fallait se départir de l'énorme couche de haine doublée de rancœur pour se montrer la plus neutre possible. Un véritable exercice pour la parmesane qui n'était pas habituée à être objective, donnant son avis sur tout, surtout sur Contarini. Il y eut un silence de quelques secondes et Sofia tentait de faire une liste cohérente, un petit sourire venait aux lèvres, un drôle de mélange de mélancolie mais surtout de diablerie.

« On ne peut nier qu'il a un certain goût pour l'art, même s'il adore par-dessus tout être représenté sur lesdits œuvres. Il tient cela de son oncle, le vrai, pas celui qui couche avec sa mère ! C'est un amoureux des belles choses, je ne dirais pas un mécène mais il pourrait le devenir s'il le voulait. Le théâtre est aussi quelque chose qu'il apprécie beaucoup, mais point de tragédie, il faut savoir s'amuser et se divertir. Elle baissait les yeux vers Isabelle puis se leva pour continuer ses paroles, ayant besoin de marcher pour mieux réfléchir, à son sens. Comment peut on oublier la mode ? Il aime être à la pointe du chic, peut être à en devenir ridicule à avoir tant de fanfreluches, mais comme tout homme voulant être trop coquet. A part Monsieur ... mais peut-on le mettre entièrement le Prince dans la catégorie masculine ? Pardon je m'égare. » Elle rit doucement.

Être objectif était un exercice difficile, il fallait bien un peu de jugement à un moment, c'était plus fort que la jeune femme. Et elle n'avait même pas jugé Contarini, ce qui était un léger progrès. Finalement, son ancien fiancé avait du goût, à défaut d'avoir de la jugeote.

« Pour les femmes, le physique ne lui est pas le plus important mais il n'aime ni la pauvreté ni la laideur. Cela a le mérite d'être clair, il aime les belles femmes, sans véritablement de critère physique particulier, il n'y a qu'à voir la liste de ses conquêtes : des brunes, des blondes, des rousses ... des blonds et des bruns aussi. Elle roula des yeux en parlant de ce qui s'appelait le mal français en Europe, sauf en France où on parlait de vice italien. Il aime énormément aussi les femmes qui le flattent, rien de mieux pour lui que de faire le paon face à toutes ces palabres. Il faut peu le contrarier : il n'aime que le meilleur selon lui, même si vous n'êtes pas d'accord avec lui. Avec lui, il faut adopter deux attitudes : celle de la cruche qui lui dit amen et le vénère comme un dieu, technique facile pour celles qui n'ont rien en tête et espère qu'il se découvre un petit cœur qui bat la chamade. Elle grimaça et observa un instant Isabelle. Mais je vous insulterais en vous demandant d'être ainsi, vous êtes loin d'une Michelle de Bergogne et sa clique de demoiselles en fleurs ! La seconde attitude est assez opposée mais toute aussi efficace : celle de la femme fatale, charismatique, qui lui promet à demi-mots monts et merveilles, non pas à long terme mais dans l'intensité de l'instant, avec une certaine sensualité, un brin de résistance et assez de mystère pour avoir son entière attention. Comprenez vous maintenant pourquoi ai-je pensé à vous ? » finit la jeune femme avec un petit sourire en coin.

C'était flatteur pour Isabelle d'être comparée à une femme fatale, sensuelle, mystérieuse et charismatique. Le choix était donc bien évident. Il restait à ce que la belle brune face à elle accepte véritablement, ce qu'espérait Sofia, ne sachant plus vers qui se tourner sinon. Elle se rassit, un peu plus sérieuse, ne revenant pas d'avoir dépeint un portrait plutôt positif de Francesco, elle ne s'en était pas crue capable.

« Dans une ligne simple, il faudrait l'approcher lors d'une de ses innombrables sorties, le flatter comme il se doit, le faire mordre à l'hameçon, pensant qu'il vous tient, qu'il va vous avoir … Mais savoir en échapper et l'humilier m'échappe avec précision. Le faire passer pour un malotru, pire de ce qu'il est, requiert une idée de haut niveau dont il ne se remettra pas avant longtemps, où même une indigestion de melons serait une partie de plaisir. »

C'était le plus difficile à trouver, mais avec tout ceci, Isabelle trouverait sans doute la parfaite idée pour blesser Contarini dans son ego ! Il n'y avait pas de doute !
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MessageSujet: Re: Deux femmes pour une intrigue de choc !   Deux femmes pour une intrigue de choc ! Icon_minitime14.06.13 12:22

Isabelle connaissait bien les hommes, et les femmes désormais. Il n'était pas difficile de songer que si la jeune italienne cherchait à se venger de son compatriote, d'une manière assez ferme pour venir lui demander son aide, elle avait énormément souffert. Mais Isabelle n'était pas née pour venger son sexe et dominer l'autre, comme l'écrirait plus tard Choderlos de Laclos, non. Elle ne faisait cela ni par dévotion ni par bonté d'âme. Quelle âme, d'ailleurs, pourraient demander certains ? Sofia di Parma y mettait le prix, il n'y avait qu'à voir l'acompte qu'elle avait apporté à la jeune femme. Et la réputation de vénale de la française n'était pas surfaite. Elle était prête à tout pour ne pas retomber dans le caniveau duquel elle était sortie, et quand elle disait « tout », elle le pensait réellement. Elle ne jugeait pas son interlocutrice, du moins pas de manière visible. Elle voulait se venger d'un homme qui l'avait blessée. Une histoire vieille comme le monde en fin de compte. Isabelle ne connaissait que trop peu l'ambassadeur de Venise pour accorder une valeur quelconque à cette « mission », autre que le bénéfice financier qu'elle pouvait en retirer, car la princesse Farnèse était riche. Ce n'était jamais un argument à négliger. De là à dire que les deux jeunes femmes pourraient devenir alliées plus tard, il ne fallait pas trop spéculer, mais c'était le genre de service dont on pouvait se sentir reconnaissant pour un certain temps. Voilà donc les raisons qui poussèrent Isabelle à ne pas refuser.

Elle avait écouté en détail l'histoire de l'italienne, tout en réfléchissant en même temps. Elle ne connaissait Contarini que de vue, ils avaient dus être officiellement présentés à un moment ou à un autre, mais cela était sorti de sa mémoire. Ce n'était qu'un détail après tout. Il aimait les femmes pour le plaisir qu'il pouvait en tirer, elle aimait les hommes pour le bénéfice qu'ils pouvaient lui donner. Ils étaient complémentaires, et elle ne doutait pas qu'elle puisse trouver une raison pour l'aborder, et pire, le faire tomber dans le piège qu'elle créerait. Après tout, la réputation de l'italien le précédait. A ceci prêt qu'il préférait les jeunes filles sans défense qu'il pouvait séduire aisément. Isabelle était d'une autre trempe et c'était sans doute où se trouverait la difficulté à le faire se plier à ses quatre volontés, mais ceci était un détail à régler plus tard. Après tout, elle devait « juste » le ridiculiser... Cela ne devait pas être du plus compliqué. Il faudrait quelque chose d'original, de différent, qui reste gravé dans les mémoires pendant longtemps. Heureusement, l'imagination d'Isabelle était sans limite, ou presque. Un de ses nombreux talents pour cette activité de courtisane qu'elle exerçait avec une facilité déconcertante. Il n'y avait plus qu'à trouver la bonne idée, et pour cela elle devait en savoir plus sur qui était Contarini, et qui mieux que sa commanditaire pour le lui dire ? Bien que l'exercice que lui demanda la brune sembla assez difficile, il n'y avait qu'à voir la grimace qu'elle lui fit. Isabelle resta toute ouïe.

-Je pourrais commencer par vous dire que c'est un con. C'est bien connu, les cons ça osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Mais ce ne serait sans doute pas suffisant.

Isabelle lui jeta un petit regard sévère. Il fallait que l'italienne y mette du sien si elle voulait que la jeune femme réussisse dans la mission qu'elle lui avait donnée. Il fallait bien qu'elle y mette un peu du sien, en plus de la somme qui trônait sur la table.

-On ne peut nier qu'il a un certain goût pour l'art, même s'il adore par-dessus tout être représenté sur lesdits œuvres. Il tient cela de son oncle, le vrai, pas celui qui couche avec sa mère ! C'est un amoureux des belles choses, je ne dirais pas un mécène mais il pourrait le devenir s'il le voulait. Le théâtre est aussi quelque chose qu'il apprécie beaucoup, mais point de tragédie, il faut savoir s'amuser et se divertir.

La française eut un petit sourire machiavélique.

-Quelle ironie, alors, qu'il devienne le dindon de la farce que vous avez décidé de lui jouer.

Sofia se leva et se mit à arpenter la pièce de long en large, cherchant ses mots. Isabelle en profita pour jeter un coup d'oeil à la pendule. Elle était en retard...

-Comment peut on oublier la mode ? Il aime être à la pointe du chic, peut être à en devenir ridicule à avoir tant de fanfreluches, mais comme tout homme voulant être trop coquet. A part Monsieur ... mais peut-on le mettre entièrement le Prince dans la catégorie masculine ? Pardon je m'égare.

Isabelle garda le silence, attendant la suite, prenant note mentalement de tout ce que lui disait l'italienne et qui pourrait lui être utile très bientôt.

-Pour les femmes, le physique ne lui est pas le plus important mais il n'aime ni la pauvreté ni la laideur. Cela a le mérite d'être clair, il aime les belles femmes, sans véritablement de critère physique particulier, il n'y a qu'à voir la liste de ses conquêtes : des brunes, des blondes, des rousses ... des blonds et des bruns aussi.


Isabelle songea un instant que l'expression « avoir des goûts italiens » prenait ainsi tout son sens.

-Il aime énormément aussi les femmes qui le flattent, rien de mieux pour lui que de faire le paon face à toutes ces palabres. Il faut peu le contrarier : il n'aime que le meilleur selon lui, même si vous n'êtes pas d'accord avec lui. Avec lui, il faut adopter deux attitudes : celle de la cruche qui lui dit amen et le vénère comme un dieu, technique facile pour celles qui n'ont rien en tête et espère qu'il se découvre un petit cœur qui bat la chamade.

-Il reste en cela un homme comme un autre, susurra la française. Combien étaient les hommes qu'il fallait brosser dans le sens du poil... ? Rien de bien compliqué pour elle en soit. Mais Isabelle était désormais trop connue pour pouvoir arborer ce personnage qui était utile quand on avait quinze ans...

-Mais je vous insulterais en vous demandant d'être ainsi, vous êtes loin d'une Michelle de Bergogne et sa clique de demoiselles en fleurs ! La seconde attitude est assez opposée mais toute aussi efficace : celle de la femme fatale, charismatique, qui lui promet à demi-mots monts et merveilles, non pas à long terme mais dans l'intensité de l'instant, avec une certaine sensualité, un brin de résistance et assez de mystère pour avoir son entière attention. Comprenez vous maintenant pourquoi ai-je pensé à vous ?

Isabelle lui répondit par un sourire amusé. Eh bien, voilà qui était bien plus dans ses cordes, bien que le caméléon qui sommeillait en elle aurait pu se plier aux difficultés de la première.

-Dans une ligne simple, il faudrait l'approcher lors d'une de ses innombrables sorties, le flatter comme il se doit, le faire mordre à l'hameçon, pensant qu'il vous tient, qu'il va vous avoir … Mais savoir en échapper et l'humilier m'échappe avec précision. Le faire passer pour un malotru, pire de ce qu'il est, requiert une idée de haut niveau dont il ne se remettra pas avant longtemps, où même une indigestion de melons serait une partie de plaisir.

Isabelle se leva à son tour, et s'approcha du secrétaire où elle prit un petit morceau de papier et une plume, qu'elle trempa dans l'encre avant de griffonner quelque chose sur le morceau de papier, qu'elle replia et tendit à Sofia.

-Eh bien, les occasions de s'amuser sont bien trop rare désormais à Versailles pour ne pas saisir celle-ci. Voici donc la somme que vous me verserez. Je l'estime parfaitement correcte pour les services que vous me... demandez. Quant aux détails, ne vous en faites pas, je m'en chargerai. Il me faut d'abord cerner le personnage par moi-même. Mais ne vous en faites pas, nous devrions réussir à remplir vos attentes au plus tôt.

Isabelle lui fit un clin d'oeil, au moment où Antoinette entra, la capeline de sa maîtresse sur le bras.

-Mais il me faut vous quitter. Je vous tiendrai au courant au plus tôt de l'avancer de notre affaire.

Sa servante lui passa sa cape, et récupéra la petite bourse qui trainait toujours sur la table, avant de disparaître. Voilà un défi à la mesure de la jeune femme...

FIN DU RP
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