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 Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias]

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Tobias Jaeger


Tobias Jaeger

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Boah le mien, je m'en fiche un peu! Par contre, j'aime tenir celui de mes ennemis entre mes mains. Littéralement!
Côté Lit: Même s'il y a moins de mondes que dans ma jeunesse, je suis un hôte plutôt accueillant de ce côté-là. Sans non plus tout le temps rechercher de la compagnie: l'âge venant, j'aime mes petites soirées de repos!
Discours royal:



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Âge : 50 ans
Titre : sicaire
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Date d'inscription : 25/02/2013


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MessageSujet: Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias]   Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias] Icon_minitime29.03.13 20:28

C’était une matinée presque ordinaire pour Tobias Jaeger. Il s’était levé brusquement, quittant la chaleur des couvertures pour le froid ambiant sans rechigner. L’armée lui avait appris à ne pas avoir peur du froid. Il s’était donc levé, avait poussé la prostituée qui y avait passé la nuit hors de son lit, avait récupéré l’eau pour ses ablutions, s’était fâché contre la fille qui réclamait son dû pour la nuit, l’avait payé tout en lui faisant savoir qu’elle était un peu chère par rapport à la qualité de ses services, s’était lavé. Il avait pris l’habitude de se laver avec Claes, celui-ci lui avait assuré que s’il était toujours en vie et bien conservé, c’était parce qu’il ne laissait pas la crasse s’accumuler sur lui. C’était un truc de femelette le lavage, mais Tobias était bien obligé de reconnaitre que son ami avait raison alors il s’y était tenu. Ce matin-là, il y mit plus de soin que d’habitude.

- Oh, on rend visite à une donzelle, se moqua la fille.
- T’es encore là toi ? rugit Tobias.

La fille fila sans demander son reste. Tobias termina sa toilette en vitesse et choisit ses habits les moins crottés. La veille, il avait demandé à Gudrun – une de ses sympathiques compatriotes qui était tombée amoureuse d’un soldat du camp ennemi durant la guerre et qui tenait aujourd’hui l’auberge du Lion D’Or à Paris – de laver et repriser sa plus belle chemise et ses plus belles braies. Il plaça ensuite la bassine d’eau sous la fenêtre afin de contempler son reflet dans l’eau désormais croupie. Eh ben, il avait fière allure ce matin ! Fier comme un paon, il se rendit à l’étage du bas pour prendre son petit-déjeuner tout en faisant attention de manger moins salement que d’habitude, pas question de souiller sa belle mise !

- Mais qu’est-ce que tu es chic ce matin, on dirait un grand monsieur, le taquina Gudrun. T’es quand même pas tombé amoureux ?

Elle lui posa un plat de lentilles aux lardons et une pinte de bière sous le museau. L’aubergiste, qui n’était plus de première jeunesse, connaissait parfaitement le commerce de Tobias et était ravie de l’héberger ainsi que de lui laisser sa salle comme bureau : plus personne n’osait faire de grabuge dans son auberge depuis que le colosse s’y était installé. Et puis, ce tueur sans scrupules avait quand même bon cœur, c’était gai de pouvoir cotoyer un homme bon de temps en temps. Depuis la mort de son époux, elle n’avait que des crapules dans son entourage.

- Moi ? ricana Tobias avant de pousser l’un de ses rires gargantuesque dont il avait le secret. Je te rassure Gudrun, tu es la seule femme de ma vie ! Aucune des jeunes drôlesses ici n’a un cul comme le tien, je t’assure !

Il se remit à rire, fier de sa bonne farce. Ce genre de plaisanteries entre eux était d’autant plus irrésistible qu’il n’y avait pas la moindre ambigüité entre l’aubergiste et son pensionnaire meurtrier.

- C’est pour mon jeune maître. Il est arrivé à Paris il y a quelques temps et on a enfin le temps de se revoir !
- C’est pour ce jeune monsieur que tu t’es fait beau comme un coq ?
- Mais oui, six ans qu’on ne s’est plus vu ! Je tremble comme une pucelle le jour de ses noces, conclut-il en se remettant à rire.
- Je ne te vois pas en pucelle effarouchée, répondit Gudrun en riant aussi grassement que Tobias. Bah, ne sois pas en retard pour vos retrouvailles, prend mon vieux cheval. Ça fera plus chic que si tu arrives à pied !

Tobias la remercia en lui présentant sa pinte de bière et se dépêcha d’achever son repas. Il était vraiment heureux de revoir le jeune maitre. Depuis la mort de Claes, c’était l’un des seuls grands amis qu’il lui restait. Il se demanda s’il avait toujours ses crises d’angoisse. Aimait-il toujours autant voyager ? Et, dans cette guerre dont tout le monde parlait, quel camp avait-il choisit ? Ah il était impatient de parler avec lui, il y avait si longtemps ! Inutile de décrire la joie du vieux tueur lorsqu’il avait enfin reçu une lettre de Maximilien, venant de Paris, lui indiquant qu’il pourrait venir le voir quand bon lui semblerait. Il termina son repas puis se rendit à la messe quotidienne. Il s’efforçait de rester un fervent catholique mais il avait tendance à s’ennuyer fermement, pour lui une prière, cela devait être rapide et efficace. Il se tourna vers Gudrun et dit, de sa voix légère comme le son du cor dans la plaine :

- Foutredieu, mais il n’en finira donc jamais !
- [color=orange]Tobias, tais-toi,[/color ]lui répondit Gudrun tout aussi fort.
- Mais on dirait qu’il fait exprès de trainer !
- Tobias, hurla Gudrun tout aussi fort, c’est l’heure de la prière, un peu de respect tu veux ! Je sais que tu es impatient mais ce n’est pas une raison pour être sacrilège alors ferme-la ! Vous pouvez reprendre, mon père, reprit-elle à l’intention du prêtre.


La messe se termina enfin. Tobias sortit de l’église, prit congé de Gudrun et courut prendre la vieille carne qui somnolait dans l’écurie de l’auberge. Elle ne payait pas de mine mais au moins, il n’arriverait pas tout crotté au domicile du jeune maitre. Il chevaucha donc gaiement dans les rues de Paris, impatient qu’il était. Il arriva enfin face à une somptueuse demeure, l’adresse indiquée dans la lettre du jeune maitre. Il savait qu’il ne devait plus l’appeler comme ça, qu’il était un homme parfaitement libre aujourd’hui. Seulement il n’avait jamais pu se faire à la situation. Il se tourna vers l’un des gardes à l’entrée et l’apostropha d’un air patibulaire :

- Je viens voir monseigneur de Wittelsbach !

Le garde haussa un sourcil : que ce grand colosse dans ses habits miteux, juché sur son canasson tout juste bon pour la boucherie, son accent germanique peu dissimulé et sa grosse voix autoritaire ait pu avoir un quelconque rapport avec le raffiné duc de Leuchtenberg lui semblait parfaitement inconcevable. Inconscient qu’il était, il s’approcha du bonhomme :

- Je ne le crois pas mon gars ! Fous donc le camp et il ne se passera rien de dommageable pour toi !
- Ah ! grogna Tobias.

Il descendit de son cheval, sortit son beau couteau offert par une jolie demoiselle de son manteau, et s’approcha du garde. Balayant d’un coup de patte l’épée que le malheureux lui tendait, il l’attrapa par le collet et le colla contre le mur :

- Je suis attendu par monseigneur Maximilien alors tu vas aller me faire annoncer et il ne se passera rien de dommageable pour toi….mon gars !

Peu de temps après, le jeune garde envoyé en mission revenait de la demeure :

- Jules ? Il parait que le maitre l’attend vraiment !
- Vous voyez bien ! dit Tobias avec un sourire carnassier.
- Pardon pour cette regrettable méprise, s’excusa le dénommé Jules d’un air suppliant.

D’un air las, Tobias le lâcha. Jules dégringola sur le sol tandis que Tobias était introduit dans la maison, puis finalement dans un luxueux salon. Il était heureux de voir que le jeune maitre vivait toujours dans le luxe, preuve de la prospérité de sa maison.

- Maitre ! Pardonnez ce tapage, je n’ai jamais pu faire les choses simplement !

Et il sourit tout en s’inclinant respectueusement comme au temps où il était valet. Il n’avait plus pratiqué depuis plusieurs années mais les gestes automatiques étaient revenus comme si le temps n’était pas passé.

- À mort ! A mort !

L’insupportable perroquet de la jeune demoiselle arriva brusquement dans la pièce, se percha sur l’épaule de Tobias et commença à lui mordiller le cou. Cela ne le dérangeait pas, c’était l’animal de la jeune demoiselle. Ainsi que sa maitresse, il pouvait tout se permettre avec la brute épaisse.

- [b]En même temps, ça ne serait plus votre vieux Tobias si j’étais devenu doux et gentil comme un agneau ! Comme vous voyez, j’attendais votre visite en étant toujours fidèle à moi-même ! [b]

Il lui lança un sourire plein de tendresse comme il savait le faire.
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias]   Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias] Icon_minitime05.05.13 0:26


En se levant ce matin-là, Maximilien avait senti que la journée aurait quelque chose de spécial. Peut-être était-ce la lumière du jour qui avait quelque chose de particulier alors qu’elle filtrait à travers les rideaux, peut-être était-ce le fait qu’il venait pour une fois de passer une nuit sans cauchemars, ou bien le fait qu’il n’entende pas encore Igor et Néron se disputer dans le couloir alors que le cosaque venait s’assurer que son maître était réveillé. L’hôtel Wittelsbach était plongé dans une ambiance particulière depuis quelques jours, surtout à mesure qu’approchait le départ du jeune duc pour la Lorraine. Les préparatifs se faisaient en hâte, et c’était la première fois qu’Igor était autant forcé de bouger en tous sens pour s’assurer que les très nombreuses lettres qu’envoyait son maître pour prévenir de son départ arrivaient à destination, pour préparer les malles, pour l’aider à s’assurer que toutes ses affaires étaient en ordre, et mille autres détails avant le grand départ. Ces préparatifs étaient d’autant plus importants que Maximilien s’en irait seul en Lorraine : Igor avait été chargé de rester auprès d’Aliénor et Marie-Anne et veiller à ce qu’il ne leur arrive rien. Tout était pratiquement achevé ; finalement, seulement huit jours auraient été nécessaires entre l’annonce de son départ à Aliénor et le grand jour. Il essayait d’un penser le moins possible, du moins pas en termes de départ, et tentait de l’envisager comme un de ses énièmes voyages à travers le monde. Seulement, c’était la première fois qu’il se retrouvait impliqué dans une guerre de cette ampleur, et mine de rien, il se demandait comment toute cette histoire allait se terminer. Combien de temps allait-il être tenu éloigné de Versailles ? Combien de temps Léopold le garderait-il auprès de lui ou l’enverrait-il en ambassade à l’étranger ? Et surtout, combien de temps allait-il passer séparé de sa petite sœur ?

Mais ce matin, mû par un pressentiment inexplicable, Maximilien ne ruminait guère ces sombres pensées alors qu’il laissait Igor l’habiller pour aller assister à la messe de Sainte-Geneviève. Il avait réussi, quelques jours plus tôt, à contacter son ancien valet et lui signaler où il habitant ainsi qu’il pouvait passer quand il le désirait, selon sa convenance. Il n’avait pas reçu de réponse, mais Igor lui avait assuré que la lettre était arrivée à bon port. Plus les jours passaient plus, paradoxalement, Maximilien savait que Tobias ne tarderait plus. Il lui avait dit qu’il devrait bientôt quitter, sans donner trop de détails, et jamais Tobias n’avait manqué un rendez-vous fixé par son ancien employeur. Il avait peut-être été retardé ou empêché, mais Maximilien était convaincu qu’il viendrait avant son départ. Il avait beau ne plus être un enfant et n’avoir pas vu Tobias depuis six ans, il continuait d’avoir en l’imposant germanique une foi aveugle et presque candide. Tobias viendrait, tôt ou tard. Tobias venait toujours.

Suivi d’Igor, Maximilien alla assister à la messe et ne rentra que quelques heures plus tard après être passé à confesse ; si Dieu n’était pas dans les préoccupations premières du jeune homme, il n’en restait pas moins un Catholique appliqué, surtout en ne sachant pas quand il aurait prochainement l’occasion de retourner à l’église ou se confesser. Après avoir regagné l’hôtel, il s’installa dans l’un des nombreux salons de la masure avec un ouvrage sur l’histoire de France commencé la veille, s’accordant un peu de temps de loisir avant de retourner à ses interminables courriers. Lecteur chevronné et rapide, il avait déjà pratiquement atteint la moitié du livre lorsqu’un des gardes qui surveillait l’entrée de l’hôtel vint frapper à la porte.

« Qu’y a-t-il, Rotrou ? »
« Pardonnez-moi de vous déranger Monseigneur, mais il y a là dehors une espèce de colosse avec un très fort accent germanique qui demande à vous voir… Il dit que vous attendiez sa visite et tient Jules immobilisé contre le mur avec son bras sur sa gorge… »

Aussitôt le regard de Maximilien s’illumina d’une joie enfantine et un large sourire éclaira son visage. Il le savait, il le savait qu’il avait raison !

« Ce monsieur dit vrai, Rotrou. Faites-le introduire, je vais le recevoir immédiatement. Et traitez-le bien ! »

Incrédule, le garde hésita un instant puis fit demi-tour. Maximilien bondit de son fauteuil et, le cœur battant d’impatience, fit brièvement les cent pas avant de s’arrêter près de la cheminée où il pianota sur le marbre en attendant l’arrivée de son probablement plus vieil ami. Alors que les secondes s’égrenaient et qu’il entendait des pas approcher, de vieux souvenirs commençaient à lui revenir en mémoire. Oui, décidément, il pouvait affirmer avec certitude que Tobias était son plus vieil ami : pour ce gamin solitaire n’ayant guère de contact avec d’autres enfants à l’époque, son ancien valet avait été plus qu’un serviteur, mais son ami, son compagnon de jeux, son confident, son indéfectible pilier en l’absence d’un père qui ne lui avait jamais accordé assez d’attention. Tout ce que son enfance avait pu compter de bons souvenirs, Tobias y était systématiquement lié. Sa présence, dans la mémoire du jeune homme, était synonyme de sécurité et de bonheur. Un exploit dans le cadre familial si particulier des Wittelsbach où Maximilien n’avait guère eu qu’Aliénor et Tobias pour lui tenir compagnie et ne pas le faire se sentir mal à l’aise entre son père et Ferdinand-Marie.

-Maitre ! Pardonnez ce tapage, je n’ai jamais pu faire les choses simplement ! s’exclama une voix dans son dos.

Faisant volte-face, Maximilien parut rayonner de bonheur alors qu’il avait enfin en face de lui son vieux compagnon qui lui faisait la révérence. Néron parut vouloir approuver en criant ses éternelles horreurs et en venant mordiller le pauvre Tobias, mais celui-ci ne parut pas s’en formaliser et ajouta :

- En même temps, ça ne serait plus votre vieux Tobias si j’étais devenu doux et gentil comme un agneau ! Comme vous voyez, j’attendais votre visite en étant toujours fidèle à moi-même !
« J’aurais été déçu si tel avait été le cas, Tobias ! Mais tu t’es fait attendre dis-moi, j’avais fini par me dire que je n’aurais pas le bonheur de ta visite avant mon départ pour la Lorraine. » répondit Maximilien avec un sourire qui indiquait l’exact contraire. Evidemment qu’il avait su que Tobias viendrait, il n’en avait pas douté une seule seconde. La seule donnée inconnue avait été : quand ? Mais maintenant il avait la réponse, puisque Tobias se tenait en face de lui.

Il n’avait pas changé d’ailleurs malgré les six années passées. Tobias était et resterait toujours pour lui ce gigantesque colosse capable quand il était petit de le soulever d’une main pour le faire grimper sur son dos, et même aujourd’hui il lui apparaissait toujours comme un géant. Maximilien était lui-même assez grand pour un homme, mais Tobias faisait une bonne tête de plus que lui et surtout était bâti comme un gladiateur. C’était en partie ça que Maximilien avait toujours aimé chez son ancien serviteur : cette force physique colossale dont lui-même était dépourvu, la certitude qu’avec un titan pareil à ses côtés, il ne pouvait rien lui arriver. Il aurait été facile d’imaginer Tobias ne prêter aucune attention au gamin qu’il était alors, mais au contraire, avec sa bienveillance un peu bourrine, il avait été un second père dont jamais le petit Wittelsbach n’aurait osé rêver avant que son vrai père ne le sorte comme par magie de ses rangs pour le placer au service de son fils. Si Maximilien-père avait donné la vie à son fils et une éducation, Tobias était celui qui lui avait apporté sécurité et affection, deux éléments dont il avait cruellement manqué jusqu’à son arrivée. Une présence, imposante, presque écrasante, mais à laquelle il s’était accrochée avant de s’y habituer jusqu’à ne plus imaginer faire un pas sans l’ex-soldat sur ses talons.

« Beim Gott, tu n’as pas changé mon ami. » sourit Maximilien qui se sentit soudain rajeunir de plusieurs années, avant d’arrêter de résister pour ouvrir grand les bras et aller serrer Tobias contre lui –même si, en l’occurrence, ce fut plus Tobias qui l’écrasa contre son cœur que le contraire. Cette étreinte pratiquement fraternelle acheva de le faire retomber en enfance : combien de fois Tobias l’avait-il pris dans ses bras de la sorte pour le consoler d’un chagrin, ou d’une bêtise qu’il avait faite et qui avait déplu à sa mère ? A l’époque, les bras massifs de Tobias et leur étau étaient parmi les rares choses à pouvoir réellement calmer les pleurs du petit Maximilien ; et durant son adolescence, à pouvoir calmer ses abominables crises d’angoisse durant lesquelles il voyait des choses invisibles aux yeux du monde. Ces hallucinations l’avaient hanté toute sa vie, mais il ne les avait jamais si bien surmontées que depuis que Tobias avait été là pour lui apprendre à vivre avec. Même après qu’il ait quitté son service, Maximilien avait beaucoup mieux vécu ses visions et su les dissimuler à son entourage. Mine de rien, l’impact de Tobias sur la vie de son jeune maître avait été considérable. Et c'était maintenant qu'il le retrouvait qu'il se rendait compte d'à quel point il lui avait manqué.

Consentant finalement à se détacher de son vieil ami, Maximilien le détailla de haut en bas avec un plaisir évident, avant de déclarer :

« Tu as toujours autant d’allure, dis-moi. Si tu savais ce que je suis content de te voir, ton départ a été beaucoup regretté il y a six ans ! Heureusement ton successeur est à la hauteur de la tâche, un jeune cosaque que j’ai tiré d’un sacré pétrin quelque part en Lituanie il y a quelques années… Il est loyal, discret, et ne rechigne jamais devant l’effort, mais il ne pourra jamais remplacer mon bon vieux Tobias… Je t’en prie, installe-toi, fais comme chez toi, j’ai demandé à ce qu’on nous apporte de quoi célébrer nos retrouvailles. »

S’installant dans le fauteuil en face de celui occupé par Tobias, Maximilien croisa ses longues jambes l’une par-dessus l’autre et il ne fallut pas plus d’une minute pour qu’un serviteur ne revienne avec un plateau chargé de deux verres et d’une carafe de vin. Maximilien servit lui-même un verre à son interlocuteur, et le lui tendit avant de lever le sien pour trinquer.

« A nos retrouvailles ! Maintenant que je t’ai enfin sous la main, raconte-moi un peu : qu’es-tu devenu depuis six ans ? Je tiens à connaître ton sort depuis que tu m’as abandonné, et surtout ce qui t’amène à Paris maintenant alors que la guerre va éclater. »
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Tobias Jaeger


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« s i . v e r s a i l l e s »
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Côté Lit: Même s'il y a moins de mondes que dans ma jeunesse, je suis un hôte plutôt accueillant de ce côté-là. Sans non plus tout le temps rechercher de la compagnie: l'âge venant, j'aime mes petites soirées de repos!
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias]   Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias] Icon_minitime02.07.13 18:09

- Comme si je pouvais ne pas être là quand vous m’appelez, maître ! Vous le savez bien pourtant !

Mais Tobias n’était pas réellement fâché de la remarque de son ancien seigneur, ils avaient toujours été complices et il savait que Maximilien ne doutait pas de lui. D’un autre côté, il avait répondu à la question qu’il se posait : ainsi, il devrait partir en Lorraine alors que la guerre se déclarait. C’était trop bête : voilà qu’ils étaient enfin réunis depuis que Tobias avait été envoyé en exil six ans plus tôt et ils devraient bientôt se quitter à nouveau. Tobias ne pensait pas dire ça un jour mais : fichue guerre ! Il pensa une seconde à se porter volontaire mais qui tiendrait la boutique en son absence ? Et puis, il ne pourrait pas choisir son camp et ne se retrouverait pas forcément avec le jeune maître. Vraiment, c’était triste et, pour un peu, ça lui aurait gâché ses retrouvailles. Mais rien ne pouvait ternir ce moment-là : Tobias avait une tendresse presque paternelle pour le jeune duc et il lui avait cruellement manqué durant tout ce temps.

- Beim Gott, tu n’as pas changé mon ami.

Et de venir le serrer contre son cœur. Le colosse se sentit devenir tout chose, surtout de voir que leurs relations n’avaient pas changées malgré le temps qui était passé. Il ne chercha même pas à dissimuler la petite larme qui perlait au coin de son œil. L’avantage d’avoir sa stature, c’est que personne n’oserait vous accuser d’être faible, peu importe les circonstances. Il pouvait donc se permettre d’être émotif. Quand Tobias avait obtenu son travail auprès du prince-électeur de Bavière, il s’était tout de suite pris d’affection pour les deux plus jeunes enfants de celui-ci. L’aîné n’était pas trop mal mais la petite demoiselle lui rappelait sa presque-fille et le jeune maître, à bien des égards, son grand ami Claes. Immédiatement, le chef des gardes, brute épaisse redoutée entre toutes dans les alentours, s’était occupé des enfants comme l’aurait fait un père. Il avait toujours admiré les gens intelligents et du coup, il aimait entendre parler le jeune maître, qu’il comprenne ou non ce qu’il raconte. Le voir grandir, devenir un homme sage, calmer ses angoisses quand il en avait. Il se souvenait d’une fois où, alors qu’il était petit, Maximilien hurlait parce qu’il n’arrivait pas à dormir pendant sa sieste. Tobias était arrivé discrètement dans la chambre et lui avait assuré qu’il avait terrassé tous les monstres de la maison et que le petit garçon pouvait désormais dormir tranquille. Aujourd’hui, il n’aurait pas été plus heureux si ça avait été son fils en personne qu’il retrouvait. C’est pourquoi, il le serra aussi fort que possible, essayant d’éviter de le casser en deux.

- Et vous, vous êtes devenu un sacré bonhomme !

Il se recula pour l’observer un peu mieux. Le jeune duc était effectivement définitivement sortit de l’adolescence aujourd’hui et ressemblait tout à fait à un homme. Tobias était fier de voir son jeune maître grandir et s’épanouir. Il lui manquait peut-être une femme, pour prendre soin de lui. Mais bon, chaque chose en son temps. Et puis, il n’était pas n’importe qui, il ne pouvait pas épouser la première venue.

- Tu as toujours autant d’allure, dis-moi.
- Je suis peut-être un peu plus vieux, maître. Que voulez-vous ? Encore une bougie soufflée, encore une année passée, et encore une bougie soufflée, et encore une année passée. Mais on fait ce qu’on peut !
- Si tu savais ce que je suis content de te voir, ton départ a été beaucoup regretté il y a six ans !
- Et moi donc ! Vous m’avez manqué aussi, il y  en pas deux comme vous, maître ! Et puis, je ne voulais pas vous laisser dans l’embarras…
- Heureusement ton successeur est à la hauteur de la tâche, un jeune cosaque que j’ai tiré d’un sacré pétrin quelque part en Lituanie il y a quelques années… Il est loyal, discret, et ne rechigne jamais devant l’effort, mais il ne pourra jamais remplacer mon bon vieux Tobias…

Heureusement que le jeune duc avait rajouté la dernière phrase, Tobias s’était sentit envahit par une petite pointe de jalousie ! Bon, bien sûr, le jeune maître était quelqu’un d’important, il ne pouvait pas rester sans valet mais il avait préféré oublié qu’il avait sans doute été remplacé après son départ. Et même si le maître semblait toujours autant l’aimer qu’avant, il semblait quand même satisfait des services du petit nouveau et ça, ça ne plaisait pas au colosse bavarois mais alors là, pas du tout !

- Je t’en prie, installe-toi, fais comme chez toi, j’ai demandé à ce qu’on nous apporte de quoi célébrer nos retrouvailles.
- Oh…vous me faites trop d’honneur, répondit-il en rosissant légèrement.

Dans n’importe quelle autre demeure, fut-elle celle d’un grand seigneur, Tobias n’aurait pas attendu qu’on l’invite à s’asseoir et se serait naturellement installé sur le siège le plus confortable, quitte à en dégager l’occupant d’un grognement rauque. Mais chez le jeune maître, tout de même, il tâchait de se tenir. Il s’installa sur un pouf tandis que le maître s’installait en face de lui. C’était la première fois qu’ils étaient assis ainsi, comme s’ils étaient des égaux. Il se fit même servir, comme s’il était un grand monsieur. Tobias était flatté d’être reçu de la sorte et se sentait légèrement gauche. Quand ils trinquèrent, il tâcha d’éviter d’en mettre partout et de vider son verre en deux lampées comme il avait l’habitude de le faire au Lion d’Or.

- Maintenant que je t’ai enfin sous la main, raconte-moi un peu : qu’es-tu devenu depuis six ans ? Je tiens à connaître ton sort depuis que tu m’as abandonné, et surtout ce qui t’amène à Paris maintenant alors que la guerre va éclater.
- Oh mais je ne vous ai pas abandonné ! Si ce petit fils de seigneur n’avait pas mal parlé de mademoiselle Aliénor à la taverne, on se serait pas accrochés comme ça ! Bon, j’ai peut-être tapé un peu fort mais croyez bien que c’est pas moi qui ait décidé de partir !

Tobias se doutait que le jeune duc savait cela. Il tentait simplement de gagner du temps. En fait, il était très gêné de lui dire ce qu’il faisait depuis toutes ces années !

- Eh bien, c’est la veuve de mon ami Claes – je vous avais parlé de lui hein ? -  qui m’a conseillé Paris quand je cherchais un endroit où me fixer. J’y ai monté une petite affaire. Elle est modeste mais elle marche bien, j’ai une bonne clientèle, fidèle ! Faut croire qu’ils sont satisfaits de mes services.

C’était assez incroyable de voir que le colosse qui faisait trembler les quartiers les plus malfamés de Paris, qui avait plus de victimes, autant à la guerre qu’à la besogne, à son actif, devenait doux et effarouché lorsqu’il se trouvait en présence des enfants Wittelsbach. Sa brutalité naturelle était totalement mise de côté lorsqu’il se trouvait en sa présence.

- Mais c’est juste que je me disais…ça vous plairait pas trop comme affaire en fait vu que vous disiez toujours : « Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
           Le doux parler ne nuit de rien. »
Disons que si vous avez des problèmes avec quelqu’un, qu’il vous fait des misères, ben on me paye pour que la personne ne pose plus de problème !


Une façon élégante de dire : « sicaire ».

- Après tout, vous m’auriez vu faire boucher, comme mes parents ? Eh oui, voilà que vous n’êtes plus là pour me surveiller et le diable est de retour

Il poussa son rire habituel qui ressemblait plus à un rugissement et, oubliant ses bonnes résolutions, avala son verre en un rien de temps. Il était soulagé d’avoir osé dire au jeune maître ce qu’il faisait dans la vie.

- Pour ce qui est de la guerre, bah je ne sais pas encore, je vais peut-être rester pour tenir mon affaire – je ne voudrais pas qu’on me vole mes clients. Mais, je me disais, c’est trop bête que vous soyez obligé de partir, on vient à peine de se retrouver.

Et il rajouta, avec une pointe de jalousie dans la voix :

- Mais bon, heureusement vous aurez votre casaque là, pour vous protéger !
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MessageSujet: Re: Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias]   Le bon, la brute et le perroquet [Maxi-Tobias] Icon_minitime12.01.14 19:31

Maximilien avait beau ne pas vraiment se l’avouer, il était soulagé de voir que Tobias s’était finalement décidé à se montrer, même à la dernière minute. Si, rationnellement, il avait toujours été convaincu que le géant autrichien pointerait le bout de son nez comme il l’avait toujours fait sans exception, une vilaine voix lui avait soufflé, quelque part au fond de son esprit, que peut-être son ancien valet avait d’autres chats à fouetter que de rendre visite à son ancien maître. Et quel maître. Un jeune homme important, certes, mais qui restait sûrement tout de même un gamin aux yeux du soldat et n’avait officiellement plus aucune autorité sur lui. S’il n’était pas venu, Maximilien n’aurait eu aucune excuse pour lui en vouloir, et pourtant il savait pertinemment qu’il aurait été horriblement déçu. Et c’aurait été la mort dans l’âme qu’il serait parti en Lorraine rejoindre son frère bien-aimé. Mais puisque Tobias s’était finalement montré, ça changeait la donne. Non seulement pourrait-il partir avec la joie d’avoir revu son vieil ami, mais peut-être pourrait-il même tirer plus de cet entretien. Car Maximilien de Wittelsbach avait beau aimer les retrouvailles et être ravi de celles-ci, il faisait rarement les choses sans une quelconque arrière-pensée.

- Oh mais je ne vous ai pas abandonné ! Si ce petit fils de seigneur n’avait pas mal parlé de mademoiselle Aliénor à la taverne, on se serait pas accrochés comme ça ! Bon, j’ai peut-être tapé un peu fort mais croyez bien que c’est pas moi qui ait décidé de partir ! s’exclama-t-il de sa grosse voix, tirant un sourire au jeune duc. Evidemment que Maximilien le savait, mais il aimait taquiner son vieux serviteur ; vu sa constitution, c’était de toute façon le pire qu’il pourrait jamais lui faire.
« Ne t’en fais pas Tobias, je le sais bien. Comment tu veux que j'oublie? Ce cerveau n'oublie rien. » lui rappela Maximilien en tapota du bout du doigt sur sa tempe. « Je n'ai jamais rien oublié depuis que ma mère a arrêté de m'allaiter. C'était un mardi, il pleuvait. Mais raconte-moi donc, au lieu de me tenir en haleine avec des absurdités. »

C’est alors que Maximilien remarqua que Tobias avait l’air mal à l’aise, presque gêné – quelque chose d’assez inhabituel chez ce colosse pour être remarqué. Ayant assez de tact pour ne pas le faire remarquer à voix haute, le jeune homme se contenta de l’encourager du regard, gardant le silence pour lui permettre de rassembler ses pensées.

- Eh bien, c’est la veuve de mon ami Claes – je vous avais parlé de lui hein ? - qui m’a conseillé Paris quand je cherchais un endroit où me fixer. J’y ai monté une petite affaire. Elle est modeste mais elle marche bien, j’ai une bonne clientèle, fidèle ! Faut croire qu’ils sont satisfaits de mes services.
« Claes… Oui, je me souviens de ce nom, tu m’en avais parlé parfois à Schlossheim. Il faudra que je remercie cette brave femme de t’avoir envoyé à Paris alors, puisque cela m’a permis de te retrouver. » sourit Maximilien avant d’ajouter, curieux : « Mais tu ne me dis pas le plus important, de quel genre d’affaire s’agit-il ? Pardonne-moi, mais je t’imagine bien mal en commerçant ! »
- Mais c’est juste que je me disais…ça vous plairait pas trop comme affaire en fait vu que vous disiez toujours : « Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe/Le doux parler ne nuit de rien. » Disons que si vous avez des problèmes avec quelqu’un, qu’il vous fait des misères, ben on me paye pour que la personne ne pose plus de problème !

Le temps pour Maximilien d’assimiler ces informations, de lire entre les lignes, et il en resta bouche bée. Tobias, payé pour se débarrasser des importuns ? Tobias, mercenaire ? Tueur ? Stupéfait, il dévisagea longuement le colosse sans savoir quoi dire, songeant simplement –et sans trop savoir pourquoi- que son défunt père aurait fait une drôle de tête en apprenant que son ancien chef de garde et l’homme aux bons soins duquel il avait confié ses précieux enfants s’était lancé dans une carrière aussi peu recommandable. Quant à Ferdinand-Marie, qui n’avait jamais vraiment apprécié le valet de Maximilien, n’en parlons même pas. Mais Tobias ajouta :

- Après tout, vous m’auriez vu faire boucher, comme mes parents ? Eh oui, voilà que vous n’êtes plus là pour me surveiller et le diable est de retour.

Cette remarque fit éclater Maximilien de rire ; effectivement, il voyait aussi mal Tobias en boucher qu’en peintre ou libraire.

« Toi boucher, ce serait comme imaginer le cardinal de Richelieu simple moine reclus dans son abbaye. Il serait dommage de gâcher un tel potentiel. J’espère au moins que personne encore n’a mis de récompense sur ma tête, j’en serais bien embêté ! » plaisanta Maximilien, parfaitement conscient que Tobias ne lui ferait jamais le moindre mal. « Et puis ma foi, il faut bien gagner sa vie. Je ne suis pas sûr de vouloir les détails de ta nouvelle activité, mais je suis heureux de savoir que les affaires sont… prospères. »

Après tout, il venait de le retrouver, ce n’était pas le moment de s’embarrasser de questions d’éthique.

- Pour ce qui est de la guerre, bah je ne sais pas encore, je vais peut-être rester pour tenir mon affaire – je ne voudrais pas qu’on me vole mes clients. Mais, je me disais, c’est trop bête que vous soyez obligé de partir, on vient à peine de se retrouver.
« Justement, à ce prop… »
- Mais bon, heureusement vous aurez votre casaque là, pour vous protéger !

Si Maximilien resta sans voix cette fois, c’est bien par surprise. Qu’était-ce donc qu’il avait cru entendre poindre dans la voix bourrue de Tobias ? Etait-ce de l’envie ? De la jalousie ? Il n’en crut pas ses oreilles. Tobias, son Tobias, jaloux de ce brave Igor ? S’il n’avait été un diplomate aussi rompu à son métier, il aurait sûrement à nouveau éclaté de rire. Dieu merci, il parvint à se contenir et se contenta d’un sourire alors qu’il se mordait violemment l’intérieur de la joue pour ne pas se laisser aller au fou rire qui le menaçait méchamment. Intérieurement, il s’imagina ses deux valets face à face, l’immense et imposant Tobias face au jeune et, bien qu’agile, pas très vaillant Igor. Le tableau était pour le moins pittoresque. Finalement, Maximilien s’autorisa à rire, mais pas trop – il s’agissait de ne pas trop froisser l’amour-propre de Tobias.

« C’est un cosaque, Tobias ; et Igor ne m’accompagnera pas à Nancy. » répondit-il en se relevant de son fauteuil, comme à chaque fois qu’il se lançait dans de longues explications ; pour une raison ou une autre, il préférait être debout dans ces moments-là. Probablement un certain sens du spectacle caché, même s’il s’en défendrait si on lui posait la question… Après tout, il avait plus la réputation d’être modeste que celle d’une drama-queen. « J’ai décidé qu’Igor resterait avec Aliénor aussi longtemps que la guerre durera. En mon absence, sans compter celle de notre frère, elle va se retrouver toute seule ici ou à Vienne, j’aime autant éviter qu’elle se retrouve sans repères ni personne pour lui venir en aide en cas de besoin. Et je sais qu’Igor y pourvoira parfaitement. Cependant… »

Laissant sa phrase en suspens, Maximilien, qui avait marché jusqu’à la cheminée, prit quelques secondes pour rassembler ses pensées. Etait-il raisonnable de demander ça à Tobias alors qu’ils venaient tout juste de se retrouver ? Après tout, ce dernier n’avait peut-être aucune envie de reprendre du service alors que ses affaires avaient l’air de bien se porter ; et encore moins pour partir loin de Paris et s’impliquer dans une guerre qui ne l’intéressait probablement pas. Maximilien jusqu’à présent n’avait pas douté que Tobias accepterait sa proposition : maintenant, il en était beaucoup moins sûr. Mais puisqu’ils en étaient là, il n’avait aucun intérêt à reculer maintenant. Au moins aurait-il essayé, si jamais son ancien valet refusait.

« Cependant… » reprit-il en se tournant vers Tobias, « je vais tout de même avoir besoin d’assistance une fois là-bas. Tu me connais, je déteste voyager tout seul, mais je refuse aussi de voyager avec de parfaits inconnus en qui je ne puisse pas avoir entière confiance. Igor ne m’accompagnant pas, il faut que je trouve quelqu’un pour le remplacer. Quelqu’un qui je connaisse assez bien pour savoir que je ne risque rien à l’emmener à Nancy, en qui je puisse avoir confiance pour des missions parfois… délicates. »

Maximilien marqua une nouvelle pause, laissant le temps à Tobias de digérer ces informations.

« J’ignore combien de temps ce voyage durera, ni même si mes aventures me mèneront ailleurs qu’à Nancy. En tout cas, je vais clairement avoir besoin d’une main sûre pour m’assister. Quelqu’un de sûr, de loyal, et qui n’ait pas froid aux yeux. Quelqu’un qui sera bien entendu récompensé et rémunéré à la hauteur de ses talents, cela va sans dire. Mais tant qu’à faire, j’aimerais avoir à mes côtés quelqu’un dont j’aie déjà éprouvé la fidélité et en qui j’aie toute estime et toute confiance. »

Relevant les yeux sur Tobias, Maximilien inspira, et se lança :

« Tobias, je sais que nous venons de nous retrouver et que tu as tes propres affaires ici, à Paris, mais… accepterais-tu de m’accompagner à Nancy ? »

Il n’avait encore donné aucun détail sur la nature exacte du travail qui l’attendrait s’il acceptait, mais d’abord Maximilien voulait avoir l’assurance qu’il viendrait ; ou ne viendrait pas, selon sa réponse. Bien sûr, il voulait que Tobias vienne avec lui car il savait que c’était un serviteur hors pair ; ce qu’il n’avait pas dit à voix haute mais que ses yeux verts trahissaient malgré lui, car ses yeux le trahissaient toujours sans qu’il ne le sache lorsqu’il était en confiance avec quelqu’un, c’était qu’il avait besoin de la présence rassurante de quelqu’un de connu et d’apprécié. Il ignorait pour combien de temps il serait absent loin d’Aliénor et de ses quelques amis de Versailles, et cette perspective l’angoissait plus que de raison. Pour ses nombreux voyages, c’était toujours lui qui était aux commandes, qui décidait quand il partait et quand il revenait. Cette fois, il était l’esclave de circonstances extérieures, et cette perspectives l’angoissait plus qu’il ne voulait l’admettre. Maximilien avait besoin de Tobias. Si Tobias était là, au moins, il avait l’assurance d’avoir toujours quelqu’un de son côté. Et un ami, c’est sûrement la chose la plus précieuse que l’on puisse avoir en temps de guerre.
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