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 Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait

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Aliénor de Wittelsbach


Aliénor de Wittelsbach

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il est libre de battre mais n'a pas trouvé qui serait digne de lui.
Côté Lit: Il n'y a que moi et parfois ma fille. Pas d'homme, pour cause d'absence de coeur qui bat.
Discours royal:



FEMME D'AUJOURD'HUI
elle flotte, elle hésite ...

Âge : 24 ans
Titre : Archiduchesse d'Autriche, duchesse douairière de Saxe-Zeitz et de l'Autriche inférieure
Missives : 645
Date d'inscription : 13/09/2012


Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Empty
MessageSujet: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime27.12.12 0:56

Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait 110422035727442596
« Le perroquet ne fait jamais que parler sa langue maternelle. »
Une semaine auparavant, Aliénor s'était à une réception organisée par un comte passionné d'art autant qu'elle, mais il avait l'avantage d'avoir voyagé pour les ramener lui-même. Un homme fascinant – bien qu'un peu centré sur lui-même – dont Aliénor avalait ses paroles de voyages et regardait avec emerveillement chaque nouvelle acquisition. Cette soirée fut l'occasion d'un paravent ramené du Japon. Il y avait de quoi s'extasier de l'art asiatique tant les dessins étaient beaux, apaisants et si agréables à regarder, loin des codes occidentaux de peinture. Bien sûr, le comte s'était enorgueillit d'avoir une chose rare et donc précieuse auquel il ajouta :

Mais bien moins précieuse que vous, madame. en lançant une œillade à Aliénor.

Celle-ci sourit mais avait appris à ne plus baisser les yeux devant ce genre de compliments, répondant simplement qu'il était un flatteur et s'en amusait. Les compliments lui glissaient dessus. Non pas qu'elle était arrogante ou imbue d'elle-même mais l'archiduchesse n'avait pas besoin de flatterie. Cela était plaisant, faisait toujours du bien à l’ego mais sans plus. C'est ce soir là qu'elle croisa une nouvelle fois le baron de Roberval. Cet homme à l'allure robuste et peu semblable à ses congénères courtisans sortaient du lot du reste des versaillais de par son physique, mais aussi ses manières. La jeune femme s'était mise en tête de faire de lui un homme plus courtois et beaucoup moins rentre dedans, et elle s'y amusait à ce jeu. Mais ce soir, il était encore question d'art. Roberval parla lui aussi de quelques collections qu'il avait, bien que ce n'était à ses yeux qu'un entassement de souvenirs de ses voyages. Évidemment, il parla du Nouveau Monde mais aussi du Siam où il s'était rendu il y a plus d'un an de cela. Il avait lancé une invitation à Aliénor, sans forcément prendre cela au sérieux (du moins le ton de sa voix l'indiquait comme tel) mais il était difficile pour la jeune femme de passer à côté d'une telle occasion.

Il serait stupide de passer à côté d'une si belle invitation. avait elle répondu avec un large sourire.

Et elle n'avait pas oublié depuis ce jour. Aliénor devait trouver un jour où elle ne dérangerait pas le baron et où ses journées ne seraient pas remplies. Chose difficile mais pas impossible. Il faut dire qu'entre sa charge chez la reine, son travail caché en tant que couturière, sa fille à occuper et le départ progressif des membres du Saint-Empire, il n'y avait que peu d'instant consacré au repos. Puis le corsaire allait bientôt reprendre la mer, il ne fallait pas trop tarder non plus.

C'est en cette journée de février que cela se décida sur un coup de tête. Elle avait passé la matinée avec la Reine, s'occupant de son lever, de parler de quelques affaires, d'aider Olympe Mancini dans ses tâches car sa grossesse lui donnait du fil à retordre. Au moment du dîner de Marie-Thérèse sur les coups de midi, Aliénor prit congés pour rentrer dans son hôtel particulier et souffler un petit peu. Voulant éviter d'attendre derrière deux véhicules qui s'étaient accrochés, le cocher prit un autre chemin et l'archiduchesse admirait ce paysage nouveau avec son enchaînement d'hôtels particulier face à elle. Puis se rappelant qu'Arthur de Roberval vivait à Versailles, elle passa la tête à l'extérieur.

Sauriez vous où se trouve la demeure de monsieur de Roberval ?
L'hôtel de Poséidon ? A quelques rues d'ici madame, je crois.
Conduisez moi, je vous prie. elle repassa à l'intérieur de son véhicule en parlant seule. Bien que ce ne soit pas convenable de passer de la sorte.

Elle s'enroula dans son manteau de fourrure et attendit que le carrosse s'arrête face à un hôtel de taille moyenne mais raffiné vu de l'extérieur. La porte fut ouverte par le cocher qui alla ensuite cogner à la porte de l'hôtel. Un valet vint ouvrir, surpris de voir une jolie jeune femme blonde richement habillée se tenir ici.

Le baron de Roberval est-il chez lui ? demanda t'elle poliment.
Oui madame. Qui dois-je annoncer ?
Aliénor de Wittelsbach.

La porte s'ouvrit sur un joli hall où la jeune femme hasarda son regard. Il était presque étonnant de voir un homme de la vie du corsaire dans un si bel endroit. Les lieux étaient raffinés, élégants, bien loin de l'image qu'on peut avoir de l'habitat d'un homme des mers comme Roberval. Aliénor était donc très agréablement surprise et continua d'observer ce hall alors que le valet commençait à marcher pour chercher son maître. C'est à cet instant qu'une drôle de voix se fit entendre. Avec des mots du langage humain mais la voix ne l'était pas.

A mort ! A mort ! Pendu ! A mort !

Cherchant d'où cela provenait, elle vit sortir de nul part un magnifique perroquet au ravissant plumage coloré dont le rouge pétant dominait les plumes de son corps. Elle l'observait voler gracieusement, hurlant toujours ces horreurs, puis d'un coup fondre sur le valet qui s'était mis à courir dans les escaliers pour lui échapper et se fit pincer sévèrement le bras à entendre le cri de ce pauvre garçon. Continuant à le fuir, il se fit pincer la peau du cou puis tirer les cheveux. Cela amusait l'autrichienne qui riait sous cape alors que le valet réussit enfin à échapper à son tortionnaire en lui claquant la porte au nez. L'animal volait autour de la porte, répétant à de nombreuses reprises « Pendu ! » et cherchant un moyen de passer cette porte. Intriguée par cet animal qu'elle n'avait vu qu'une seule fois en vrai lors de son séjour espagnol. L'animal avait le plumage vert à Madrid et ne volait pas chez son maître, disait quelques mots amusants en espagnol, disant bonjour (du moins, buenos dias) à tous ceux entrant dans la pièce, même si on sortait puis revenait. Là, l'animal semblait vivre libre et adorait maltraiter les domestiques. Le bruit des talons sur le sol interpellèrent le perroquet qui vint vers la jeune femme, tournoya au-dessus d'elle.

A mort ! A mort !

Tout d'abord paniquée qu'il ne tente de la croquer à son tour, Aliénor se souvint qu'elle avait un biscuit dans la poche de sa robe, cela l'aidait à tenir durant son harassante matinée. Le cherchant quelques instants, elle le montra à l'oiseau et tendit son autre bras pour qu'il puisse se poser. L'oiseau s'installa délicatement sur le bras et mangea le morceau de biscuit alors que le perroquet se laissa caresser les plumes du haut de son crâne.

Mais tu n'es pas méchant en fait. Tu es même très gentil et beau. complimenta la jeune femme.

Puis la porte s'ouvrit, faisant apparaître Roberval et son valet. Le perroquet se laissait toujours caresser mais lorsqu'Aliénor s'arrêta, il tourna la tête partout et reprit son envol vers le valet. L'autrichienne fit une légère révérence pour saluer son hôte.

Pardonnez mon audace, baron, d'être venue à l'improviste. Mais passant non loin de chez vous, je me suis souvenue de l'invitation que vous m'aviez donnée chez monsieur le comte, je me suis permise de venir frapper à votre porte pour que vous teniez promesse. lança t'elle avec un large sourire. Mais si je vous dérange, je repasserais quand cela sera plus convenable.

Puis elle détourna les yeux pour voir le perroquet foncer sur le valet qui s'enfuit en courant. Quel drôle de spectacle étonnant et si amusant ! Elle rit doucement de cette scène peu courante dans les maisons nobiliaires et ne put s'empêcher de commenter.

Vous ne devez guère vous ennuyer. J'espère que votre valet court vite et que votre perroquet ne sait pas ouvrir les portes.

Quel drôle d'animal …

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime07.01.13 22:39

- Oh, il faudrait que vous veniez me rendre visite à mon hôtel de Versailles lorsque vous en aurez le temps, vous pourriez admirer par vous-même ce que j'ai pu ramener du Nouveau Monde ou de terre de Siam, avait lancé Arthur de Roberval sans vraiment y avoir réfléchi, un jour où il se trouvait chez un amateur de chinoiseries diverses, qui avait le mauvais goût de se mettre toujours en avant mais avec lequel il partageait la passion des voyages. Même si cet ami en question voyageait dans de lointaines contrées exotiques uniquement pour le plaisir au contraire d'Arthur qui voguait au rythme des galions espagnols et des barques anglaises.

Il avait dit cela par pure politesse, sans penser un seul instant que son interlocutrice aurait pu prendre cette proposition au sérieux. Comment une archiduchesse autrichienne aurait-elle seulement vouloir se rendre chez lui, un pauvre baron qui avait gagné sa (modeste) fortune grâce à la guerre de course ? Mais il n'avait pas résisté à l'envie de le lui suggérer lorsqu'il avait vu ses yeux briller devant les merveilles que présentait leur hôte et l'intérêt qu'elle leur manifestait. Il la savait amatrice d’œuvres d'art – c'était d'ailleurs l'unique raison pour laquelle il s'était rendu à une exposition de l'Académie de peinture au palais du Louvre quelques temps auparavant dans l'espoir de la rencontrer – et d'objets de curiosité. Il ignorait encore qu'Aliénor de Wittelsbach n'était pas du genre à laisser passer les occasions sans réagir. Il aurait pourtant dû s'en douter étant donné les circonstances de leur première rencontre. Elle n'était pas comme toutes ces princesses qui le prenaient de haut sous prétexte qu'il avait des origines sociales un peu douteuses – elles n'avaient pourtant qu'à aller sur les terres de Roberval en Bretagne pour constater que le château qui s'y élevait plus ou moins... Que les ruines qui tentaient de s'y élever dataient du plus vieux Moyen Âge –, à l'image d'Elsa du Luxembourg ou de Bianca de Brabant (encore que pour cette dernière, Arthur n'eut jamais cherché à lui plaire). Non, la jeune femme s'était mis en tête de faire son éducation de gentilhomme en matière amoureuse car elle avait laissé entendre que ses tentatives pour la séduire étaient déplorables, même si le corsaire ne voyait pas réellement pourquoi, il fallait bien montrer à la dame en question qu'elle lui plaisait, non ? En tout cas, il se prêtait au jeu avec bonne volonté dans l'espoir qu'en lui apprenant comment se comporter agréablement avec les princesses et comment attirer leur attention, ce fut elle qui aurait son attention attirée par lui. Après tout, l'espoir faisait vivre, n'est-ce pas ? Malgré tout, la Bavaroise, aussi sympathique fut-elle avec lui, restait une princesse. Et de manière générale, les princesses n'allaient pas rendre visite à des pirates chez eux, c'était le genre de choses qui ne se faisait pas sinon dans les romans. Et encore, Roberval ne pouvait pas le certifier avec certitude car cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ouvert un autre ouvrage que les aventures du roi Arthur qui ne regorgeaient pas de pirates et ses livres de compte dans lesquels ne se bousculaient pas les dames bien nées.

En bref, quand il entendit une voiture s'arrêter devant chez lui, Arthur de Roberval n'aurait pas parié sur la venue d'Aliénor de Wittelsbach et aurait probablement traité de fou quiconque lui aurait dit qu'elle avait pris sa proposition au pied de la lettre. D'ailleurs, en envoyant son petit moussaillon, Clément, ouvrir la porte, il ne prit même pas la peine de sortir le nez de sa correspondance. Il avait autre chose à faire que de s'occuper des visiteurs impromptus, préparer son départ pour la guerre notamment ou plutôt son arrivée prochaine à Brest. Cela faisait des mois que L'Orientale mouillait dans le port sans son capitaine et il apparaissait que la plupart des matelots avaient déserté et que l'autre moitié avait contracté des mariages et refusait de partir à l'aventure. Aussi Arthur vitupérait-il contre l'incompétence de son second qu'il chargea d'engager de nouveaux marins avant l'arrivée du capitaine. Les jeunes gens qui voulaient prendre la mer, ça ne manquait jamais comme lui, en son temps quand il avait embarqué sur Le Téméraire pour échapper à des moines vociférateurs. En revanche, pour leurs compétences, c'était plus une question de chance. L'idéal était qu'ils sachent un peu manier l'épée et le pistolet, on n'en demandait pas plus à ce niveau-là, c'était trop désespéré. Il en était là de ses réflexions (et des vitupérations qu'il adressait à son second) quand Clément réapparut soudain dans son bureau à bout de souffle et en claquant la porte derrière lui.
- Il y a une dame qui veut vous voir, monsieur, s'exclama-t-il.
Une dame ? Voilà qui n'était pas courant entre ces murs. Le célibat d'Arthur ne permettait pas la présence régulière de personnes de sexe féminin chez lui. Il avait déjà assez mauvaise réputation comme cela. Pour autant, l'événement ne lui parut pas digne de déchaîner les passions.
- Qui donc ? Demanda-t-il distraitement en supposant que pour Clément même une gueuse d'un certain âge venue saluer la cuisinière Félicie était une dame.
- Elle dit s'appeler Aliénor de Wittelsbach, je ne sais pas pourquoi elle souhaite vous...
- Pardon ?!
Arthur pensait avoir mal entendu mais le moussaillon lui répéta la même chose. Allons ce n'était pas possible ! Aliénor... Chez lui ? Comment une femme aussi belle et raffinée pouvait-elle être se trouver chez lui ? Abandonnant sa plume, il se leva d'un bond et jeta un œil dans un miroir pour s'apercevoir qu'il portait des vêtements d'intérieur très simple, qu'il était tout décoiffé et qu'une barbe de plusieurs jours couvrait ses joues. Il tenta de discipliner ses cheveux sans vrai succès tout en demandant :
- Et où est-elle ?
- Et bien... Dans le hall d'entrée, répliqua Clément, s'attirant un regard noir de son maître.
- Tu l'as laissée patienter comme la dernière des gueuses ? Oh mais... Qu'ai-je donc fait pour avoir un personnel aussi stupide ?
- J'ignorais que vous vouliez la recevoir et...
- L'hôtel est-il présentable au moins ? Les salles de réception ?
Tout en continuant à s'inquiéter des conditions dans lesquelles il allait accueillir l'archiduchesse, Arthur se dirigea à grands pas vers la porte et allait ouvrir quand il entendit une voix caractéristique qui le fit pâlir :
- A mort ! A mort !
- Attends... Tu as laissé madame seule avec... Néron ?
Clément prit un air navré mais il n'était un secret pour personne dans l'hôtel qu'il menait une guerre sans fin contre l'hôte de ces lieux – et qui se considérait comme le second maître au vu de la façon dont il martyrisait la domesticité, le magnifique perroquet qu'il avait rapporté d'Amérique du Sud et qu'il avait voulu offrir à diverses personnes sans succès (dommage, il aurait été du plus bel effet dans la ménagerie du roi). Il fallait bien dire que le malheureux oiseau avait un vocabulaire limité mais une haine du genre humain – et de tout en général – sans limites. Il attaquait à peu près tout ce qui passait à sa portée sauf son protecteur, sentant probablement que s'il s'en était pris à Arthur, il aurait fini le cou rompu. Aussi Roberval ne put s'empêcher de fermer à demi les yeux quand il ouvrit enfin la porte. Dans quel état allait-il retrouver Aliénor ? C'était tout de même gênant d'avoir un perroquet qui tuait des archiduchesses sous on toit. Mais le spectacle qui s'offrit à lui était saisissant et il demeura stupide quelques secondes : le perroquet s'était installé sur le bras de la jeune femme blonde et délicate qui lui caressait doucement la tête. Voyant sa victime favorite reprendre les hostilités, Néron s'envola en un instant pour retrouver Clément qui battit prudemment en retraite. Mais l'attention d'Arthur qui était tellement soulagé qu'il en avait oublié son apparence quelque peu désordonnée, se focalisa sur la demoiselle qu'il avait devant lui et il se plia en une révérence.

- Pardonnez mon audace, baron, d'être venue à l'improviste. Mais passant non loin de chez vous, je me suis souvenue de l'invitation que vous m'aviez donnée chez monsieur le comte, je me suis permise de venir frapper à votre porte pour que vous teniez promesse, dit-elle en le gratifiant d'un grand sourire qui éblouit le baron en question, mais si je vous dérange, je repasserais quand cela sera plus convenable.
- Mais je vous en prie, madame, répliqua le corsaire, vous êtes la bienvenue dans mon humble demeure quand cela vous plaît. Je vous demande pardon pour vous avoir fait attendre en la compagnie de ce charmant petit animal (lequel se posa sur l'épaule de son maître en claquant du bec, furieux d'avoir vu disparaître le valet et en jetant un « pendu » strident mais dépité).
- Vous ne devez guère vous ennuyer. J'espère que votre valet court vite et que votre perroquet ne sait pas ouvrir les portes.
- Mon pauvre valet commence à avoir de l'entraînement, heureusement pour lui mais il ne peut toujours lui échapper, j'ai pris l'habitude de laisser Néron se promener librement dans l'hôtel, il est encore plus insupportable en cage... Mais si je crois donc comprendre que vous êtes là pour admirer ma collection, c'est un honneur de vous la montrer, j'espère qu'elle vous plaira... (Il poursuivit avec une fébrilité qui lui était peu coutumière) Souhaitez-vous boire un rafraîchissement dans le salon auparavant ? Ou au vu de la saison plutôt une boisson chaude ? Sinon, je peux demander qu'on nous serve dans le cabinet, ce sera probablement plus pratique.
Et Arthur préférait à vrai dire. Il n'était pas certain de l’état de son salon vu le peu de temps qu'il y passait. Chassant le perroquet de son épaule, il s'enhardit à prendre le bras d'Aliénor pour la conduire jusqu'aux pièces où il conservait ses trésors ramenés des mers. En chemin, alors que l'oiseau tournoyait autour d'eux comme un vautour en jetant des menaces de mort (charmantes évidemment), il continua à faire la conversation d'un ton plus léger :
- Je suis heureux que vous ayez décidé de faire preuve d'audace, je reçois peu dans mon hôtel mais c'est toujours un plaisir d'avoir une présence telle que la vôtre surtout que je ne m'y attendais pas.
Il lui adressa un sourire sincère. Il était en effet heureux de la voir en ces lieux même si cela lui semblait encore totalement impossible quelques dizaines de minutes auparavant. Et loin d'arborer cette moue méprisante que tant d'autres femmes auraient montré en pénétrant dans la demeure d'un célibataire, Aliénor paraissait se contenter de ce qu'on lui offrait, comme si elle était parfaitement à sa place dans ces longues pièces en enfilade, peu chargées en décoration mais qu'Arthur s'efforçait de rendre chaleureuses. Il lâcha son bras en arrivant devant deux battants fermés et après avoir poussé l'un des deux, s'effaça pour laisser passer la jeune femme avant de pénétrer à son tour dans un grand cabinet composé de deux pièces dans lequel était entreposé un grand fouillis. Des serviteurs s'étaient efforcés de faire un peu de rangement en mettant les trésors dans de vastes malles mais divers objets hétéroclites, fruits de butins divers étaient éparpillés dans la pièce. Les plus proches étaient évidemment ceux de terre de Siam.
- Tous ces objets n'ont pas réellement de valeur sinon sentimentale, expliqua Arthur, je livre à mon roi la plupart de mes cargaisons. Il y a néanmoins beaucoup de bijoux en or, surtout provenant des trésors d'Amérique du sud, des colonies espagnoles. Je vous en prie, fouillez dans les malles, je peux vous aider à les ouvrir et prenez ce que vous souhaitez, vous en ferez un meilleur usage que moi.
Pendant ce temps, les boissons promises arrivaient apportées par une Félicie curieuse de voir quelle dame était entrée dans les grâces du maître et qui parut satisfaite de la politesse d'Aliénor. Alors qu'Arthur servait les cafés et les chocolats dans les tasses, Néron voulut de nouveau se faire remarquer en criant quelques « pendus » et « à mort ».
- Navré de vous imposer sa présence mais il semble vous apprécier. Vous pouvez être flattée qu'il vous ait adoptée, c'est la première fois que je vois cela de sa part. Pauvre petit perroquet, je ne sais pas trop ce qu'il va devenir quand je devrais partir pour la guerre... Je vais sans doute être contraint de le prendre avec moi car je vais fermer mon hôtel.
Comme s'il comprenait les inquiétudes de son maître, Néron se tut et se posa doucement sur une malle en adoptant un air qui parut désolé à Arthur.
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Aliénor de Wittelsbach


Aliénor de Wittelsbach

« s i . v e r s a i l l e s »
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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime22.01.13 16:21

Était-ce bien raisonnable de venir chez les gens de la sorte ? Surtout chez un homme qui n'avait pas une excellente réputation, venir sans chaperon ! En attendant dans le hall alors que le valet s'en allait chercher son maître, Aliénor se posa la question mais ne pouvait faire demi-tour ! Si le baron de Roberval descendait et voyait les lieux vides de toute archiduchesse autrichienne, cela ne serait ni poli ni bien vu. Mais une chose était sûre, la jeune femme n'aurait pas eu une telle attitude à Vienne, surtout sous les yeux de sa tante Éléonore de Gonzague, trop pieuse en engoncée dans ses principes pour voir sa nièce faire pareille chose. Heureusement alors que la capitale autrichienne était bien loin et qu'Aliénor se sentait libre de faire ce que bon lui semblait, même si ses principes lui revenaient toujours en pleine face. Mais tant pis, elle était là, elle y restait ! Personne n'irait rapporter ses moindres faits et gestes alors que la guerre se profilait, il y avait tant de choses plus importantes à raconter que le quotidien d'une Wittelsbach qui n'était bien palpitant en règle général.

Attendant patiemment, il n'y avait bien que le perroquet pour lui tenir compagnie, celui-là même qui attaquait le valet en hurlant « A mort ! » ou « Pendu ! ». Quel drôle d'animal tout de même mais pourtant pas méchant avec la jeune femme puisqu'il se posait sur son bras avec délicatesse et se laissait caresser les plumes. Le baron de Roberval avait un bien drôle animal de compagnie, il n'était pas courant d'avoir un perroquet, du moins à Versailles, et encore moins avec un tel vocabulaire ! Cela pouvait choquer la plupart des dames – Aliénor pensa de suite à sa cousine Elsa – mais cela l'amusait, elle. Il n'y avait qu'à voir son sourire pour comprendre que le perroquet ne lui faisait pas peur et mieux, lui plaisait bien. Quant à Néron, lui qui n'était pas sociable en règle générale, avait adopté la jolie autrichienne. Mais ce dernier quitta le bras de la jeune femme lorsqu'il vit le valet, sans doute une de ses proies favorites, qui s'enfuit, ne voulant sans doute pas se faire pincer une nouvelle fois. Mais arrivait surtout Arthur de Roberval qui ne devait pas s'attendre à une telle visite aujourd'hui, d'ailleurs Aliénor s'excusa de cette visite impromptue mais il n'avait l'air guère embêté, au contraire. Et lorsque l'animal revint vers eux, se posant sur l'épaule d'Arthur, cela ne put qu'amuser la jeune femme et le dénommé Néron fut le temps de quelques instants, le centre de leur discussion.

« Mais si je crois donc comprendre que vous êtes là pour admirer ma collection, c'est un honneur de vous la montrer, j'espère qu'elle vous plaira... Souhaitez-vous boire un rafraîchissement dans le salon auparavant ? Ou au vu de la saison plutôt une boisson chaude ? Sinon, je peux demander qu'on nous serve dans le cabinet, ce sera probablement plus pratique.
En effet, quelque chose de chaud ne serait pas de refus. Mais pitié pas de chocolat, il y en a déjà bien trop chez la Reine.s'amusa t'elle. Et je n'aime guère m'imposer, vous devez avoir fort à faire en ce moment. Dans votre cabinet sera parfait. » répondit la jeune femme avec un sourire poli.

Vu son rang et son sang, Aliénor pourrait tellement profiter de sa position sociale, être une de ces princesses scandaleuses comme cette italienne à la Maison de la Reine, ou tant d'autres. Mais la jeune femme avait au moins le respect des siens et n'aimerait pas voir la réputation de sa famille entachée par sa faute, même si elle n'était pas blanche comme une oie non plus. Non, elle restait polie et ne se permettait pas de faire la diva chez les autres, ce n'était absolument pas son genre. Elle ne vit pas d'objection non plus à ce qu'il lui prenne le bras pour la conduire. Après tout, le baron faisait déjà beaucoup d'efforts pour être un gentilhomme, cela changeait de leur première rencontre, Aliénor ne pouvait décidément pas lui en vouloir alors qu'il se montrait charmant et poli.

« Je suis heureux que vous ayez décidé de faire preuve d'audace, je reçois peu dans mon hôtel mais c'est toujours un plaisir d'avoir une présence telle que la vôtre surtout que je ne m'y attendais pas.
Je vous en remercie. Je ne suis pas de ce genre à venir chez autrui sans prévenir, mais l'occasion semblait trop belle pour ne pas la saisir. » répondit-elle en lui rendant pareil sourire.

La curiosité la faisait venir ici. Non pas pour savoir où vivait le corsaire mais Aliénor aimait les jolies demeures et observer ce qui se faisait chez les autres, même si cela n'avait rien à voir avec son hôtel. Les pièces qu'ils traversèrent étaient simples mais belles, contrairement chez les Wittelsbach où il n'y avait pas une pièce sans décoration, fruit d'un second mariage qui avait poussé l'archiduchesse à collectionner sans relâche pour s'occuper et être le plus souvent éloignée de son affreux mari boiteux qu'elle n'aimait guère. L'effet de l'accumulation se voyait donc chez elle mais point chez Arthur, du moins par où ils sont passés. Cela rendait donc l'autrichienne davantage curieuse de savoir ce que le corsaire pouvait bien avoir comme merveilles et surtout où il les mettait. Le suspense prit fin lorsque Roberval ouvrit une porte à deux battants, laissant Aliénor pénétrer dans une salle où il y avait une foule d'objets, de malles, de choses en tout genre entassé un peu partout autour d'elle. En effet, tout ce qui n'était pas dans le reste de l'hôtel se trouvait ici, c'était plus qu'évident. Regardant partout pour essayant de voir tout ce qui pouvait s'y trouver, la jeune femme se tourna finalement vers le maître des lieux :

« Tous ces objets n'ont pas réellement de valeur sinon sentimentale. Je livre à mon roi la plupart de mes cargaisons. Il y a néanmoins beaucoup de bijoux en or, surtout provenant des trésors d'Amérique du sud, des colonies espagnoles. Je vous en prie, fouillez dans les malles, je peux vous aider à les ouvrir et prenez ce que vous souhaitez, vous en ferez un meilleur usage que moi.
C'est vrai ? Vous m'y autorisez ? En cet instant, les yeux d'Aliénor brillèrent comme une enfant à la recherche d'un trésor. Je ne sais par où commencer, vous avez tant voyagé ! »

Hésitant quelques instants, ne sachant même plus où regarder, Aliénor décida que le plus simple était de regarder ce qui était à portée de main. Et justement, une énorme malle semblait attendre d'être ouverte, juste à quelques pas d'eux. A l'intérieur, il y avait tout un fouillis mélangeant objets, cartes, ce semblait être des ustensiles de navigation. Parmi les objets, on pouvait y trouver une statue aztèque tenant une cabosse de cacao, quelques objets incas, dont certains en or, et même un magnifique collier richement paré en or avec des pierres précieuses. Le tenant dans ses mains, Aliénor fut impressionnée d'autant de richesses.

« N'avaient-ils aucune notion de l'or pour fabriquer de telles merveilles ? Porter cela à Versailles ou à Vienne reviendrait à hurler sa fortune. Mais il est splendide. »

Pourtant elle le reposa sur le côté pour regarder ce qu'il y avait d'autres. Même si Arthur l'invitait à se servir, ce n'était pas pour autant qu'il fallait tout prendre ou alors les plus grosses pièces. Mais elle stoppa ses recherches lorsque les boissons arrivèrent et remercia la domestique d'un sourire et d'un hochement de tête avant d'être servie par le corsaire d'une tasse de café qui ferait grand bien par ce temps. Le perroquet faisait lui aussi son entrée avec toujours le même vocabulaire en tournant autour d'eux.

« Navré de vous imposer sa présence mais il semble vous apprécier. Vous pouvez être flattée qu'il vous ait adoptée, c'est la première fois que je vois cela de sa part.
Je suis touchée d'être une privilégiée de la sorte !
Pauvre petit perroquet, je ne sais pas trop ce qu'il va devenir quand je devrais partir pour la guerre... Je vais sans doute être contraint de le prendre avec moi car je vais fermer mon hôtel.
Comme c'est triste. dit elle avec un air compatissant. Pour vous comme pour lui car vous êtes son maître, et je doute que votre valet puisse s'en occuper sans être pincé à longueur de journée. Ne pouvez vous pas l'emmener avec vous ? »

Elle s'approcha de Néron et lui caressa doucement le haut de la tête, ce que l'animal semblait apprécier puisqu'il releva le bec, ferma les yeux et se calmait. Mieux encore, comme pour montrer qu'il adorait il répétait à voix basse, presque douce des « pendu, pendu ». S'il avait été un chat, il aurait ronronné mais ce singulier animal avait sa façon à lui de s’exprimer.

« Il est vraiment adorable … du moins quand il le choisit car il a l'air d'avoir son caractère ? Je n'en avais jamais vu un de cette couleur. Une connaissance à Madrid en possède un, bleu et jaune. Je ne sais quel âge à le vôtre mais il paraît que cela peut vivre jusqu'à soixante-quinze ans ! Néron pourrait donc nous survivre. Elle se redressa après avoir arrêté de caresser le perroquet qui la regarda en criant « à mort ! ». Quel drôle de vocabulaire. Est-ce vous qui lui avez appris ? Mais en tout cas, son nom lui va à merveille, il ne manquerait plus qu'il apprécie le violon ! »

Riant doucement à sa petite plaisanterie, elle regarda une dernière fois l'animal qui ne cessait de la fixer. Puis elle but une gorgée de sa boisson chaude avant de poser sa tasse et reprendre ses recherches dans une autre malle.

« Si je collectionne pour mon plaisir personnel, mon frère est un passionné d'histoire en tout genre. Je suis certaine qu'il serait comme un poisson dans l'eau en cette pièce et pourrait vous raconter l'histoire de chaque civilisation que vous avez pu voir … à moins qu'il ne s'amuse à apprendre de nouvelles insultes au perroquet, en allemand ! »

Tout en parlant, elle sortit une magnifique carte marine, extrêmement bien dessinée et bien trop propre pour avoir été utilisée en mer. N'ayant jamais voyagé en dehors de l'Europe – même si elle avait fait bien plus de chemin sans doute que son frère aîné l’électeur Ferdinand-Marie – elle pouvait bien voir que l'Europe était bien petite sur cette carte de l'Océan Atlantique et surtout face à ce Nouveau Monde qui semblait si fascinant. Il y avait tant de précision sur cette carte, tant d'armoiries aussi. Elle reconnut aisément l'aigle à deux têtes des Habsbourg, et surtout différencier qu'il s'agissait des Habsbourg d'Espagne et leurs colonies.

« Je sais que vous avez davantage voyagé que n'importe quel courtisan en une vie. Où êtes vous allé ? »

La curiosité n'était pas toujours un vilain défaut, cela pouvait prouver de l'intérêt aussi. Néron voulut d'ailleurs se mêler à la conversation et se posa non loin de la carte, comme s'il semblait lui aussi très intéressé.

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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime16.04.13 1:59

Arthur de Roberval ne croyait toujours pas à la réalité de la scène qu'il avait sous les yeux et pourtant, la présence de la petite silhouette de la jeune femme blonde qui s'était penchée sur les coffres constituait une preuve irréfutable qui aurait dû achever de le convaincre. Qu'il était donc étrange de voir Aliénor de Wittelsbach se trouver chez lui en train de farfouiller dans ce qui était une sort de cabinet de curiosités où s'entassaient tous les trésors qu'il conservait de ses voyages ! Voilà bien une présence sur laquelle il n'aurait jamais parié surtout si l'on considérait la façon dont leur relation avait débuté. Et encore, même l'idée qu'il pouvait exister une « relation » entre une archiduchesse autrichienne cousine de l'empereur et profitant de la compagnie des Grands de ce monde et un petit corsaire qui avait été élevé sur une pauvre terre bretonne et sur le pont d'un navire au milieu de marins aux mœurs peu policés était saugrenue. C'était au gré des hasards de Versailles qu'il l'avait vue et désirée, elle la petite jeune femme toute frêle et fragile – un paradoxe si on songeait que c'était elle qui possédait le pouvoir entre eux deux alors qu'il faisait une tête de plus qu'elle – mais seulement d'apparence, car elle s'était avérée beaucoup plus forte et ferme qu'elle ne le laissait paraître, comme quoi tout était possible dans cette étrange scène de théâtre où tous jouaient leurs rôles à la perfection. Il avait été bien puni d'avoir osé outrepasser le sien, notamment avec Elsa du Luxembourg qui s'était avérée être une femme hautaine et méprisante. Mais voir Aliénor là, chez lui, avec un sourire ravi aux lèvres lui semblait la juste récompense des efforts qu'il avait fait pour tenter de se montrer à moitié assez digne d'elle depuis qu'elle lui donnait des conseils pour se comporter comme le parfait gentilhomme de cour. Se rendait-elle compte qu'il faisait tout cela uniquement pour elle car après tout, il n'avait pas vraiment cure de plaire à cette cour de loups qui le méprisait autant qu'il la détestait ? Il l'ignorait mais il ne perdait pas espoir de devenir aux yeux de la belle archiduchesse quelqu'un d'important. Même s'il fallait admettre, se disait-il en regrettant de ne pas pouvoir boire une gorgée de son fort café comme il l'appréciait, pour se remettre un peu plus d'aplomb, que l'accueillir à moitié décoiffé, dans une tenue d'intérieur, las d'avoir travaillé jusque tard dans la nuit pour préparer un bateau qui irait attaquer les alliés du cousin de la jeune femme n'était pas la meilleure chose qui pouvait arriver pour que sa petite affaire tourne à son avantage. Quoique, Aliénor de Wittelsbach se révélait une demoiselle pleine de surprises, elle venait de le prouver, il n'était probablement pas au bout des siennes. Même les rêves devenaient réalité apparemment...

Sans quitter Aliénor du regard, Arthur posa sa tasse de café et ouvrit par avance quelques malles autant pour attiser sa curiosité que pour l'aider par avance dans sa fouille. A son passage, il lui semblait faire revivre des pays lointains et des aventures passées qui lui revenaient comme par vagues à mesure de la houle, des odeurs venues du passé remontaient jusqu'à ses narines et il se surprit à sourire, un peu mélancolique. Ce fut la jeune Wittelsbach qui interrompit le cours de ses pensées :
- N'avaient-ils aucune notion de l'or pour fabriquer de telles merveilles ? Porter cela à Versailles ou à Vienne reviendrait à hurler sa fortune. Mais il est splendide.
Elle s'était légèrement légèrement redressée, tenant en main un magnifique collier dont le capitaine avait complètement oublié l'existence jusqu'alors. C'était un de ces objets qu'il avait reçu en cadeau au fil de ses voyages, raison pour laquelle il n'avait pas considéré qu'il faisait partie du butin et qu'il ne l'avait pas livré soit à ces avares d'armateurs soit au roi, son seul maître. C'était un bijou d'une qualité exceptionnelle, constitué de perles d'or et de pierres précieuses bleues et vertes qui miroitaient même dans la faible luminosité de cet après-midi. S'il était étrange de voir cette pièce d'orfèvrerie entre les mains d'une archiduchesse autrichienne au teint de lait alors qu'il avait dû appartenir à une princesse indigène à la peau brune et lui avoir servi de parure, Arthur ne put s'empêcher de penser qu'ils s'étaient bien trouvés. Le collier porté par Aliénor n'aurait pas dénoté peut-être parce qu'il était peut-être aussi exceptionnel qu'elle, peut-être parce qu'il ne l'aurait pas écrasé de sa magnificence comme cela aurait été le cas avec toute autre femme quelconque mais parce qu'il n'aurait fait que souligner sa beauté.
- Au contraire, répliqua le corsaire en s'appuyant un instant contre une console qui se trouvait là, attirant Néron qui se contentait pour le moment de cris stridents, je pense qu'ils accordaient sa pleine valeur à l'or qu'ils pensaient être des morceaux du rayon du soleil. Ils ne le cachaient pas sous leur matelas, ne le transformaient pas en monnaie mais en faisait des merveilles. Cette pièce m'a été offerte par des Indiens en terre de la Nouvelle-Espagne après des échanges fructueux passés en contrebande. J'ignore s'ils savaient réellement qu'ils venaient de me donner un vestige de leur passé glorieux.
Leur conversation fut interrompue par l'arrivée de Félicie et Arthur se chargea d'aller remplir les tasses de café dont l'odeur emplit rapidement la pièce où ils se trouvaient, lui accordant encore plus cet aura d'exotisme dont elle s'était parée depuis leur arrivée. Il n'eut pas le loisir de poursuivre sur le même thème car Néron en profita pour se faire remarquer, à son habitude. Arthur se surprit à penser que le petit perroquet ne devait pas apprécier d'être oublié. D'ailleurs, il réussit à obtenir ce qu'il voulait car la jeune femme, attendrie devant un animal qui envoyait tout le monde à la pendaison, alla lui gratter la tête. Et la charmante bête qui pinçait les habitants de la maisonnée se laissait faire, comme envoûté par le charme de la demoiselle, lui aussi.

- Je pourrais certes le prendre sur mon navire, après tout, il a déjà beaucoup voyagé en ma compagnie mais cette fois-ci, je prends la mer pour des circonstances... Moins plaisantes et c'est sans doute idiot mais je ne veux pas le savoir à bord en pleine bataille... Ou quand je chercherais à élaborer un plan d'attaque, il est une source sans fin de distraction, conclut Arthur en laissant échapper un petit rire.
- Il est vraiment adorable …, s'extasia Aliénor avant de se reprendre, du moins quand il le choisit car il a l'air d'avoir son caractère ?
- C'est peu de le dire, il a l'air d'avoir une grande haine du genre humain, je n'ai jamais su pourquoi.
- Je n'en avais jamais vu un de cette couleur. Une connaissance à Madrid en possède un, bleu et jaune. Je ne sais quel âge à le vôtre mais il paraît que cela peut vivre jusqu'à soixante-quinze ans ! Néron pourrait donc nous survivre.
Roberval qui, malgré toute son affection pour l'animal, ne trouvait pas que c'était une excellente nouvelle préféra garder le silence en voyant l'oiseau s'envoler en jetant encore ses mots favoris mais qui, cette fois-ci, semblaient emplis de satisfaction.
- Quel drôle de vocabulaire. Est-ce vous qui lui avez appris ? Mais en tout cas, son nom lui va à merveille, il ne manquerait plus qu'il apprécie le violon !
- Oh non, lui rétorqua Arthur un peu vexé mais dont le ton était toujours aussi amusé et enthousiaste, au contraire, j'ai toujours essayé de lui apprendre d'autres expressions mais il n'en fait qu'à sa tête. Et j'en ignore totalement la raison. Il a sans doute appartenu à un pirate français qui utilisait souvent ce vocabulaire... Car son ancien propriétaire parlait plus volontiers espagnol, italien ou arabe et il n'était pas du genre à se montrer aussi cruel ! Imaginez donc qu'il fasse irruption au moment de négociations, cela pourrait créer un incident diplomatique, c'est une raison de plus pour ne pas l'emmener avec moi ! Pour le violon, je vous avoue que je n'ai pas souvent l'occasion de lui en faire écouter, peut-être pourrez-vous réparer ce manque ?
Il termina lui aussi sur un rire et la regarda avec intérêt poser sa tasse et se lancer dans l'exploration d'une nouvelle malle, la plus proche, tout en babillant sur les connaissances de son frère qu'Arthur n'avait pas eu l'honneur de rencontrer mais qui, aux dires d'Aliénor, semblait un joyeux drille à l'humour bien particulier. Elle trouva là une carte marine qu'elle déplia soigneusement sur le coffre et qui n'avait jamais servi à Arthur qui préférait la simplicité et sa boussole plutôt que les dessins de ces plans de prestige qui servaient plus à attiser le rêve qu'à véritablement voyager. Sur celle-ci, l'artiste avait tracé avec soin les terres connues et même les lointains territoires dont on soupçonnait l'existence sans en savoir beaucoup plus comme la « terra incognita » de l'océan Pacifique. A l'intérieur des pays, des blasons indiquaient quelles maisons y régnaient mais aussi quelles animaux étranges y avaient élu domicile. Les fleurs de lys occupaient une toute petite part d'Europe et le nord du Nouveau Monde. Les aigles des Habsbourgs volaient eux sur de beaucoup plus grands territoires. Le corsaire s'approcha doucement d'Aliénor pour regarder par-dessus son épaule. Il y avait toujours ce même constat qui le frappait à chaque fois qu'il voyait une telle carte : ils étaient bien petits et leurs querelles étaient bien misérables face à l'immensité du monde. Outre le fait que l'artsite n'avait sans doute vu aucun monstre marin de sa vie et encore moins un dauphin qui ressemblait à un poisson géant.

- Je sais que vous avez davantage voyagé que n'importe quel courtisan en une vie. Où êtes vous allé ? Demanda Aliénor qui devait sentir sa présence.
Néron s'était posé non loin d'eux et semblait attendre une réponse lui aussi. Arthur avait souvent parlé de ses mésaventures dans les salons mais il s'agissait surtout de sa mission diplomatique en terre de Siam dont on lui parlait ou de ses combats contre les pirates et les Espagnols dont on demandait le récit, on s'intéressait rarement à ses voyages en eux-mêmes. En approchant le doigt, il désigna des contrées à la jeune femme en les énumérant et en lui contant quelques anecdotes. La Méditerranée lors de ses combats contre les Turcs avec son ami de Vignerot, les Caraïbes évidemment, ce lieu mythique pour les corsaires, le Nouveau Monde où il avait côtoyé indigènes, Français, Anglais et Espagnols, les côtes africaines, ainsi que l'Asie avec notamment Siam. Le conflit à venir semblait bien ridicule circonscrit qu'il l'était dans la Manche et la mer du Nord.
- J'ai récupéré Néron sur cette île des Caraïbes, expliqua Arthur non sans penser que cela allait sans doute paraître étrange à une archiduchesse, c'était à la faveur d'un jeu de cartes, quand on n'a plus d'argent à miser, on s'échange ses animaux. Son ancien maître l'a perdu et je l'ai donc récupéré. J'imaginais pouvoir l'offrir en cadeau au roi mais pour une raison étrange, il n'en a pas voulu pour sa ménagerie. Croyez-vous qu'il avait peur de se faire dévorer ?
Il adressa un sourire à la jeune femme et se pencha à son tour dans la malle. Elle était emplie d'objets du Nouveau Monde, un peu en désordre et le capitaine s'étonnait lui-même d'avoir autant conservé, lui qui ne s'attachait à rien ni personne. Un soupçon de mélancolie s'empara de lui quand il distingua des fourrures et des arcs qui provenaient de Nouvelle-France, sans grande valeur comme tout ce qui venait des Indiens de la tribu du coureur des bois Cavalier mais auxquels Arthur tenait sans doute plus qu'à tous les bijoux aztèques ou incas pour ce qu'il avait vécus avec eux et surtout avec elle, cette femme dont il avait fait depuis longtemps le deuil mais cela ne l'empêchait pas d'avoir conservé des souvenirs de ces temps heureux. Il attrapa une petite poupée aux traits un peu grossiers mais vêtue d'une tunique brodée de perles de couleurs et portant de vrais bijoux au cou et aux poignets et de vrais cheveux ébène rassemblés en natte. C'était une gamine qui en avait fait cadeau au « grand homme blanc ». C'était un présent dérisoire mais fait avec une immense bonté d'âme et de cœur, d'un désintérêt total.
- Je sais que vous avez une petite fille avec vous à Versailles. Même si son âge est avancé, pensez-vous qu'elle accepterait de jouer avec cette petite poupée ? Elle n'a rien à faire dans ce coffre, elle n'a de sens qu'entre les mains d'un enfant, non ?
Cette proposition le distrayait de ses pensées en tout cas. Se relevant, il avisa le collier d'or et de pierres précieuses, posé délicatement par Aliénor sur le côté et le désigna d'un geste :
- Je sais bien que vous le porterez pas à Versailles ou à Vienne mais je vous en prie, acceptez de repartir avec le collier que vous avez trouvé. Il me plaît de le savoir entre vos mains car je sais que vous saurez en admirer la beauté. Et il mérite d'être vu à sa juste valeur, pas uniquement comme une pièce qui vaudrait tant de louis mais une œuvre en elle-même. Votre frère pourrait sans doute vous raconter de quelle civilisation elle vient et s'il ne le peut, cela saura assurément attiser sa curiosité.
Roberval avait gardé un ton badin en faisant cette proposition mais il scruta avec une certaine inquiétude l'attitude de la jeune femme, espérant de tout cœur qu'elle allait accepter. A vrai dire, de sa part à lui, ce n'était pas totalement indifférent mais il était bien trop fier pour s'imaginer ce qu'il voulait de sa part à elle. Prenant le devant face à de possibles réticences, il ajouta alors que le perroquet se posait sur son épaule en sifflant, pris d'une subite inspiration :
- En échange, vous pourriez me rendre un petit service. Oh vous pouvez aisément refuser mais cette idée me vient puisque je vois que Néron vous apprécie réellement... Peut-être pourriez-vous le garder ?
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Aliénor de Wittelsbach


Aliénor de Wittelsbach

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il est libre de battre mais n'a pas trouvé qui serait digne de lui.
Côté Lit: Il n'y a que moi et parfois ma fille. Pas d'homme, pour cause d'absence de coeur qui bat.
Discours royal:



FEMME D'AUJOURD'HUI
elle flotte, elle hésite ...

Âge : 24 ans
Titre : Archiduchesse d'Autriche, duchesse douairière de Saxe-Zeitz et de l'Autriche inférieure
Missives : 645
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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime12.05.13 14:25

Le bijou qu'elle tenait entre ses mains était exceptionnel, une rare beauté et sans d'un prix considérable s'il avait été fabriqué par un orfèvre européen, conscient vraiment de la valeur et surtout de la richesse de la personne qui la commanderait. Mais pour ces peuples de l'autre côté de l'océan, il s'agissait de morceaux de rayons de soleil. Cela était si bien dit, Aliénor ne pouvait que sourire à ce terme et s’émerveiller davantage. Mais ce serait folie de prendre une telle beauté, la jeune femme ne voulait pas non plus dépouiller le corsaire de ses trésors, surtout les plus somptueux. Elle le reposa délicatement alors qu'une domestique arriva avec les boissons. L'odeur du café emplissait la pièce alors que l'autrichienne vint prendre sa tasse fumante, souffla avec délicatesse dessus. Elle buvait rarement du café, la reine préférait le chocolat, bien épais de préférence. A Vienne, l'impératrice Éléonore de Mantoue détestait le café, trouvait que cela noircissait l'âme et qu'on était capable d'accoucher d'un enfant noir si l'on en buvait trop. Foutaises, ce n'était qu'une boisson, pas un breuvage diabolique conçu par une quelconque sorcière des lointains continents. Mais elle n'eut pas le temps de boire beaucoup, Néron avait fait son entrée tonitruante, cet animal coloré qui semblait apprécier Aliénor qui le lui rendait bien et lui grattant la tête. Il semblait évident que Roberval n'emmène pas son animal avec lui. Pauvre bête, l'archiduchesse compatissait avec le perroquet qui roucoulait ses mots habituels, content qu'on s'occupe de lui. Elle n'imaginait pas un instant la proposition que lui ferait Arthur d'ici quelques minutes mais espérait sincèrement que quelqu'un serait apte à s'occuper de cette bête à plumes sans se faire pincer à tout bout de champ ! La conversation avait d'ailleurs dérivé sur Néron qui s'était finalement envolé, heureux d'avoir été le centre d'attention de la jeune femme et laissa les deux humains à leur conversation, qui portait cette fois-ci sur le vocabulaire de l'oiseau.

« Oh non, au contraire, j'ai toujours essayé de lui apprendre d'autres expressions mais il n'en fait qu'à sa tête. Et j'en ignore totalement la raison. Il a sans doute appartenu à un pirate français qui utilisait souvent ce vocabulaire... Car son ancien propriétaire parlait plus volontiers espagnol, italien ou arabe et il n'était pas du genre à se montrer aussi cruel ! Imaginez donc qu'il fasse irruption au moment de négociations, cela pourrait créer un incident diplomatique, c'est une raison de plus pour ne pas l'emmener avec moi ! Pour le violon, je vous avoue que je n'ai pas souvent l'occasion de lui en faire écouter, peut-être pourrez-vous réparer ce manque ? Aliénor se mit à rire en imaginant l'oiseau débarquer au milieu de négociations.
En effet, il serait difficile avec lui dans les parages, si seulement il savait dire des mots plus joyeux. Je suis sûre pourtant qu'il aurait bien plus à dire s'il pouvait parler comme nous ! »

Elle n'avait pas idée, Néron avait changé au moins trois fois de maîtres, avait vécu par-delà les territoires connus par le commun des mortels, il avait du voir des choses fabuleuses … à moins qu'il n'ait vu que des mises à mort et des pendaisons vu son vocabulaire ! Enfin, le perroquet n'allait pas être la vedette le temps de toute sa visite, Aliénor venait voir les trésors qu'Arthur avait ramené de ses expéditions, il était temps de voir ce qu'une nouvelle malle contenait. Elle se baissa avec délicatesse pour ne pas froisser se robe et se mit à chercher à nouveau tout en babillant l'air de rien, comme s'il était tout naturel qu'elle se trouve en ces lieux. Jamais Aliénor n'aurait fait cela à Vienne, les yeux de sa tante l'empêchaient de faire quoi que ce soit, ainsi que cet ordre des dames esclaves de la vertu dont elle faisait partie malgré elle. Au milieu de sa famille et de ses compatriotes, il était plus difficile d'être naturelle et se comporter comme bon nous semble, dans la limite du raisonnable bien sûr. Ici, qui saurait ce qu'elle fait, mis à part Maximilien qui était justement bien heureux de savoir sa sœur respirer un peu ? Personne, puis elle ne faisait rien de mal, Dieu pouvait en témoigner ! Elle n'avait rien à se reprocher de toute manière. Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir, cela ne changerait pas. Mais revenons au contenu de cette malle : parmi les bibelots et matériels de navigation, il y avait cette magnifique carte qu'elle sortit pour l'examiner avec attention. Que l'Europe était minuscule face au reste du monde. Finalement, elle avait parcouru bien peu de chemin, contrairement à Roberval à qui elle demanda de parler de ses voyages.

La Wittelsbach ne se rêvait pas en grande aventurière, elle savait qu'elle n'aurait pas sa place dans les tribus du Nouveau Monde ou même à traverser des déserts. Bien que cela soit des histoires intéressantes, qu'elles fassent voyager, Aliénor ne se voyait pas embarquer pour de longs voyages de la sorte. Elle préféra écouter Arthur lui parler de la Méditerrannée, qu'elle aussi avait brièvement emprunté pour aller de Gênes à Barcelone, les Caraïbes célèbres pour ses pirates, ce Nouveau Monde qu'elle voyait sauvage, et bien sûr le Siam dont elle avait déjà entendu Arthur en parler. Il avait fait plus de voyage qu'elle n'en ferait en dix vies. Finalement, le doigt du corsaire s'arrêta sur une île.

« J'ai récupéré Néron sur cette île des Caraïbes, c'était à la faveur d'un jeu de cartes, quand on n'a plus d'argent à miser, on s'échange ses animaux. Son ancien maître l'a perdu et je l'ai donc récupéré. J'imaginais pouvoir l'offrir en cadeau au roi mais pour une raison étrange, il n'en a pas voulu pour sa ménagerie. Croyez-vous qu'il avait peur de se faire dévorer ?
Sans aucun doute ! Craignez la colère de la colombe dit on mais je pense que l'on doit davantage se méfier d'un perroquet. Ou alors peut être aurait-il préféré un éléphant. Plus difficile à transporter mais aussi moins bavard. Elle eut un petit sourire amusée, imaginant Louis XIV avec un éléphant de compagnie. Les rois sont difficiles à contenter, je sais ce que c'est. »

Puis il était temps de repartir à la chasse au trésor. Cette fois-ci, Arthur se pencha à son tour et les deux fouillèrent le contenu de la malle : Aliénor découvrait tandis que Roberval redécouvrait, mais il y avait toujours ce sentiment d'émerveillement de voir sous les yeux des objets qu'on ne pensait pas garder ou avoir entre les mains un jour. Dans ce silence, la jeune femme tourna brièvement la tête vers son hôte qui lui, avait les yeux fixés sur un tas de choses apparemment sans valeur comme un arc mais il y avait dans le regard de ce grand brun à l'air bourru comme une grande tendresse en cet instant. Sans doute par pudeur et par respect, la jeune femme tourna la tête en quête d'un nouveau trésor à découvrir. C'est alors que, serré dans la grande main du corsaire, se tenait une petite poupée. Elle n'avait rien d'extraordinaire, une poupée de chiffon mais la parure de bijoux qu'elle portait ainsi que sa jolie tresse sombre la rendait jolie. Que faisait une poupée ici ? Un cadeau donnée par une enfant ? A moins qu'il ait eu une fille ? Jamais la jeune femme n'oserait poser la question à haute voix, elle était bien trop polie pour cela mais regardait toujours la poupée.

« Je sais que vous avez une petite fille avec vous à Versailles. Même si son âge est avancé, pensez-vous qu'elle accepterait de jouer avec cette petite poupée ? Elle n'a rien à faire dans ce coffre, elle n'a de sens qu'entre les mains d'un enfant, non ?
Elle en sera grandement touchée d'un si joli présent. La poupée fut entre ses mains, elle l'observa un instant puis releva la tête. Je suis certaine qu'elle l'adorera, elle lui donnera un nom et rejoindra ses nouvelles amies les poupées. Merci pour elle. »

Elle était touchée, cela se voyait dans ses grands yeux bleus. Il ne connaissait pas Marie-Anne, elle n'était rien pour lui et pourtant faisait un cadeau, cela ne pouvait que faire plaisir à une mère, surtout quand on la sait aussi attachée à son enfant. Elle ne saurait jamais d'où venait cette poupée mais peu importe, ce jouet allait trouver une nouvelle vie. Aliénor n'était pas venue recevoir des cadeaux et si celui-ci était modeste en valeur pécuniaire, le collier qu'elle avait trouvé tout à l'heure, si. Pourtant, Arthur lui en faisait cadeau, à son grand étonnement.

« Je sais bien que vous le porterez pas à Versailles ou à Vienne mais je vous en prie, acceptez de repartir avec le collier que vous avez trouvé. Il me plaît de le savoir entre vos mains car je sais que vous saurez en admirer la beauté.
Oh je ne peux l'acc … mais elle n'avait pas parlé assez fort, ou le corsaire ne l'avait pas écouté puisqu'il continuait, lui coupant la parole.
Et il mérite d'être vu à sa juste valeur, pas uniquement comme une pièce qui vaudrait tant de louis mais une œuvre en elle-même. Votre frère pourrait sans doute vous raconter de quelle civilisation elle vient et s'il ne le peut, cela saura assurément attiser sa curiosité.
Cela est bien trop, vous me faites un bien beau présent. Elle en avait même rougi en baissant les yeux quelques instants. Ne croyez pas que je sois venue pour me faire offrir de si belles pièces, là n'était point mon attention. Je devrais refuser pour cela mais … elle hésita quelques instants, observant le corsaire, voyant son air un peu inquiet. Elle chercha ses mots mais Arthur fut le plus rapide.
En échange, vous pourriez me rendre un petit service. Oh vous pouvez aisément refuser mais cette idée me vient puisque je vois que Néron vous apprécie réellement... Peut-être pourriez-vous le garder ?
Pendant votre absence ? Elle observa avec un petit sourire le perroquet posé sur l'épaule de son maître avant de rire. Monsieur de Roberval, vous savez finalement prendre les dames par les sentiments. Il serait difficile de vous dire non dans ces cas-là. Où auriez vous mis cet oiseau sinon ? »

Sentant qu'on parlait de lui, le perroquet gonfla ses plumes et répéta à plusieurs reprises ''pendu !'' mot qu'il affectionnait particulièrement. Peut être voulait-il signifier qu'il était content.

« Cela tombe bien, la maison familiale est bien trop grande pour trois autrichiens à Paris. Ce petit animal a besoin d'un toit. Et je pense que mon frère et ma fille seront ravis d'une nouvelle présence. De savoir lequel des deux sera le plus content, j'ai d'ailleurs ma petite idée. Elle penchait évidemment pour son frère, sûrement le plus gamin malgré qu'il soit l'aîné à l'hôtel. Mais je suis touchée que vous me fassiez confiance, il s'agit tout de même de votre animal de compagnie ! J'essaierais d'en prendre soin … et qu'il ne pince personne. Sur ce dernier point, je ne vous garantie rien ! »

Elle rit en imaginant Néron attaquer Igor, le valet cosaque de Maximilien (sans savoir à quel point l'oiseau en ferait sa cible préférée) ou alors si elle l'emmenait à Versailles, à embêter les duègnes. Cela mettrait un peu d'animation, il était certain que son amie Eléonore Sobieska apprécierait ce spectacle ! Aliénor tendit la main vers le perroquet qui ne se faisait pas prier pour quitter son maître et s'accrocher à la manche de la jeune femme.

« Il sera entre de bonnes mains, soyez en certain. N'est ce pas joli oiseau ? C'est très coquet un perroquet, des plumes rouges, bleues violettes ; ça vit ça bouge et ça répète, un excellent programme en perspective. Elle releva les yeux vers le baron, le sourire joyeux aux lèvres. Et si nous continuions nos fouilles, en vous promettant de ne rien vous prendre davantage ! Mais de vos voyages, vous ramenez tellement de jolies choses ! Avez vous des objets ramenés du Siam ? J'admire ce qu'il vient de ces terres, ayant moi-même une collection de quelques œuvres japonaises. »
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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime09.06.13 2:20

Roberval n'avait en aucun cas prémédité d'offrir tous ces présents à Aliénor de Wittelsbach, il aurait été déjà bien en peine d'imaginer qu'elle débarquerait chez lui pour venir fouiller dans les trésors qu'il conservait comme il le lui avait proposé sur un coup de tête quelques temps auparavant. Il n'était pas non plus particulièrement généreux – au contraire, sa réputation parmi les autres corsaires était parfaitement à l'opposé et les pirates qui avaient croisé sa route auraient été bien en peine de louer sa pitié, car ils pendaient tous au bout d'une corde désormais (car eux, on les pend sans procès, c'est plus court et ça ne sert à rien de parlementer). Quant à la jeune Indienne qu'il avait passionnément aimé, elle ne lui demandait rien et ne voulait absolument rien de lui car elle tenait à rester libre. De toute façon, le seul cadeau qu'Arthur aurait pu lui faire, c'était de s'offrir lui-même et entièrement mais elle avait disparu trop tôt pour cela. En l'occurrence, en cette froide journée de février 1667, loin des forêts de Nouvelle-France, il ne pensait pas à séduire la jeune Allemande ou à s'attirer des louanges, il éprouvait seulement une véritable satisfaction à l'idée de lui faire plaisir. Le sourire qui s'ébaucha au coin de ses lèvres devant ses (vaines) tentatives de protestation lorsqu'il lui fit présent du collier venu d'Amérique du sud voulait tout dire. Il s'était appuyé contre le coffre qu'ils venaient d'explorer ensemble pour mieux l'observer quand elle baissa le regard et que ses joues rondes rougirent. Ce n'était rien que pour cela qu'il le lui avait offert, cette forme de remerciement lui suffisait. Si le collier paraissait avoir une valeur inestimable, il trouvait, lui, qu'il ne pouvait gagner sa valeur qu'en était possédé par un être qui sortait de l'ordinaire. Il la trouva si adorable à réagir ainsi qu'il eut, pendant quelques centièmes de secondes, la forte envie de se rapprocher d'elle, de passer ses doigts sans grâce sur ses pommettes, de lui relever la tête en lui prenant le menton pour mieux plonger son regard dans le sien et... Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ? Malgré tout, il chassa ces songes malencontreux d'un revers de la main, ce n'était guère bienséant et Aliénor valait mieux que cela. Après tout, elle lui avait fait assez confiance pour venir le dénicher jusque dans sa tanière, il n'était pas question qu'il abuse d'elle et qu'il fasse preuve de ses mauvaises manières qu'elle lui avait reproché au moment de leur rencontre. Il avait décidé qu'il n'aurait rien à se reprocher vis-à-vis d'elle et cela fonctionnait assez pour qu'elle se soit laissée guider par sa curiosité. Heureusement, il ne savait pas qu'elle faisait parti de l'ordre des esclaves de la vertu sinon il en aurait été probablement un peu intimidé. Ou alors il aurait pu en rire tant ces considérations qui préoccupaient tant les dames de bonne naissance lui semblaient lointaines et dépassées, à lui qui avait appris à vivre sans se soucier du qu'en dira-t-on.

De toute façon, ils n'étaient pas seuls et Néron qui sifflait et lançait ses charmantes insultes se rappela à eux de la plus agréable des façons en venant se poser sur l'épaule de son maître qui était l'un des rares à ne pas subir sa tyrannie (question de survie, ceci dit), lequel eut alors l'idée de le confier à Aliénor durant son absence – et au-delà si elle appréciait la compagnie du petit animal coloré. Cette proposition eut le mérite de remettre à l'aise la jeune femme qui laissa même échapper un rire cristallin qui sonna harmonieusement aux oreilles du corsaire qui n'avait pourtant pas l'habitude d'écouter ce son-là.
- Monsieur de Roberval, vous savez finalement prendre les dames par les sentiments...
- Je suis ravi de vous surprendre, glissa-t-il avec un large sourire désormais.
- Il serait difficile de vous dire non dans ces cas-là. Où auriez vous mis cet oiseau sinon ?
- Je n'ose y songer, répliqua Roberval en caressant la tête du perroquet qui avait visiblement senti qu'on parlait de lui car il gonflait ses plumes multicolores comme s'il espérait se présenter sous son meilleur jour, mais vous êtes l'une des rares personnes qu'il paraît estimer – quel compliment ! Et en qui j'ai toute confiance, non seulement pour en prendre soin mais aussi pour ne pas se faire pincer !
Curieux destin tout de même pour un oiseau que de naître dans un pays de Nouvelle-Espagne pour passer entre les mains d'un original comme Alessandro Sforza puis à celles beaucoup plus conventionnelles de Roberval à la faveur d'un échange autour d'une partie de cartes. Et de finir dans l'hôtel particulier d'une famille princière d'Allemagne pour animer les jours parfois mornes de l'une des princesses les plus estimables que connaissait Arthur (et Dieu savait pourtant qu'il avait des liens particuliers avec celles-ci, Maryse d'Armentières et Elsa du Luxembourg lui avaient pourtant apporté plus de problèmes que de joies). S'il avait su dire autre chose que « à mort » ou « pendu », il aurait sans doute eu beaucoup d'aventures à raconter, peut-être autant que son maître actuel.
- Et je pense que mon frère et ma fille seront ravis d'une nouvelle présence, continuait Aliénor, de savoir lequel des deux sera le plus content, j'ai d'ailleurs ma petite idée.
Roberval qui n'avait pas la chance d'avoir rencontré Maximilien de Wittelsbach supposa qu'elle parlait de sa fille, la petite Marie-Anne. Il ne l'avait jamais vu mais il l'imaginait fort bien, à l'image de sa mère, petite et toute blonde, sage et attentive à ce qu'on lui disait, rosissant de plaisir quand on lui faisant un présent. Toujours prête à s'émerveiller devant les beautés que le monde pouvait offrir. Quand on vivait dans un univers aussi brutal et violent que celui de la piraterie, on perdait souvent cette ressource essentielle et pourtant... Pour Roberval, cela différenciait les diverses étoffes de l'humanité.
- Mais je suis touchée que vous me fassiez confiance, il s'agit tout de même de votre animal de compagnie ! Poursuivait Aliénor sans se rendre compte des réflexions qui agitaient l'esprit d'Arthur, j'essaierais d'en prendre soin … et qu'il ne pince personne. Sur ce dernier point, je ne vous garantie rien !
Le corsaire éclata d'un rire sincère avant d'ajouter, amusé :
- Au moins, je suis sûr qu'il ne pourra rien vous arriver en mon absence, Néron saura veiller sur vous et attaquer ceux qui vous approchent de trop près ! Il peut être plus efficace qu'un chien de garde, finalement.

A ce moment-là, Aliénor tendit la main vers le petit perroquet qui décolla de l'épaule de son maître pour aller s'accrocher au bras de la jeune femme qu'il avait déjà pleinement adoptée, au grand plaisir d'Arthur.
- Il sera entre de bonnes mains, soyez-en certain.
- Je ne m'inquiète même pas, la rassura le marin.
- Et si nous continuions nos fouilles, en vous promettant de ne rien vous prendre davantage ! Mais de vos voyages, vous ramenez tellement de jolies choses ! Avez vous des objets ramenés du Siam ? J'admire ce qu'il vient de ces terres, ayant moi-même une collection de quelques œuvres japonaises.[/color]
- Être dépouillé par vous me fait plaisir, affirma Arthur, souriant, en la dirigeant vers les malles qui se trouvaient les plus proches de l'entrée de la petite pièce, et je préfère savoir mes objets admirés dans la collection d'une aussi célèbre mécène que vous plutôt qu'abandonnés ici. Peut-être qu'un jour, je devrais faire mon propre cabinet de curiosités, qu'en pensez-vous ? Je serais alors ravi de bénéficier de vos conseils.
Pour cela, fallait-il encore qu'il décidât de s'installer définitivement à Versailles et pour être tout à fait honnête, ce n'était pas dans ses projets immédiats. Bien sûr, il devait partir à la guerre mais il ignorait surtout combien de temps il allait rester à son retour. Pendant des années, il n'avait pas été question qu'il mette au placard plus de quelques mois son titre de capitaine mais pourtant, il l'avait fait et pire que tout, il commençait à se constituer des liens forts à Paris, des liens familiaux, des haines et des désirs de vengeance mais des amitiés peut-être des amours aussi. Il était tombé dans le piège, il avait acheté une maison, il avait ses propres gens... Mais il ne pouvait renoncer aux aventures qui avaient fait le sel de son existence. Là où il était le mieux, c'était sur le pont d'un navire.
- Monsieur, je peux récupérer les tasses ? Puis-je vous apporter autre chose, de quoi vous restaurer ?
C'était Félicie qui venait d'interrompre le cours des pensées d'Arthur qui lui commanda de débarrasser en effet puis de préparer la cage de Néron. La gouvernante de l'hôtel jeta un regard curieux sur le perroquet, toujours accroché à Aliénor mais ne fit aucun commentaire en disparaissant. Son apparition avait eu le mérite de faire revenir Arthur à la réalité et il se pencha sur une énorme malle qu'il ouvrit soudainement pour en dévoiler les trésors :
- Saviez-vous, vous qui parliez d'éléphant tout à l'heure, que le roi du Siam a désiré offrir un pachyderme au roi Louis ? Commenta Arthur qui se plaisait toujours à se rappeler des anecdotes de son voyage en terre orientale, là où il avait rencontré Haydée pour la première fois, mais j'ai refusé tout net de l'embarquer dans mon bateau, j'osais à peine imaginer les dégâts qu'il pouvait causer s'il paniquait en pleine tempête. Et la mer est très agitée dans cet océan. Je regrette presque, si Louis XIV avait refusé comme il l'a fait pour le perroquet, je me serais retrouvé avec un éléphant dans mon jardin, cela aurait été du plus bel effet. En avez-vous déjà vu ? C'est légèrement plus encombrant qu'un perroquet, aussi agressif soit-il.

Il se rendit compte que l'après-midi avait passé à une vitesse folle lorsqu'il eu du mal à distinguer tous les objets dans la malle à cause des ombres qui s'étaient agrandies. Tout en continuant à raconter de charmantes histoires sur la vie des Siamois et sur la manière (et avec la curiosité) avec lesquelles ils avaient accueilli les Européens qu'ils étaient, il sortit néanmoins quelques objets.
- Je connais mal le Japon qui est très fermé à notre commerce encore mais voici les quelques objets que l'on m'a offert au Siam. La plupart des présents diplomatiques ont fini dans les collections royales mais je pense que ce panneau de bois laqué est une petite merveille.
En effet, les deux bouddhas qui se faisaient face sur la plaque, entièrement dorés, étaient réalisés avec la plus grande minutie. Arthur lui confia l’œuvre pour qu'elle puisse l'admirer puis découvrit également quelques étoffes de soie fine qu'il fit toucher à la jeune femme.
- J'ai vu une débauche de luxe absolument impressionnante au Siam, dit le corsaire d'un ton songeur, il est parfois étrange de constater les disparités entre les différents pays du monde, en Nouvelle-France, on se contentait volontiers d'une étoffe rêche et d'un arc de bois. Mais tous, autant que nous sommes, nous avons le sens de la beauté.
La découverte se terminait. Ils n'avaient admiré qu'une infime partie des trésors qui remplissaient la salle d'Arthur mais celui-ci espérait que cela donnerait une excuse à Aliénor pour revenir le voir. Mais il ne pouvait la voir partir comme cela, il avait quelque chose à lui demander et il se sentait fébrile rien qu'à cette idée. Ce fut d'ailleurs la raison pour laquelle il ne fit pas attention à un vase de porcelaine chinoise qu'ils avaient posé sur le bord de la malle et qui, sous le choc, tomba à terre en se brisant en mille morceaux.
- Oh zut, s'exclama Arthur avant de se retourner vers la jeune femme en tentant de rassembler les morceaux les plus gros en rougissant légèrement, avant que vous ne me quittiez, je souhaitais vous souhaiter le meilleur pour les mois à venir. Vous n'êtes pas sans ignorer que je vais partir pour la guerre...
Il hésita un instant avant de formuler sa question :
- Jugez-vous que vos conseils m'ont été profitables ? Suis-je donc devenu le gentilhomme que j'ai oublié d'être pendant toutes ces années ?
Il s'était redressé et la fixait désormais droit dans les yeux, malgré sa gêne.
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Aliénor de Wittelsbach


Aliénor de Wittelsbach

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il est libre de battre mais n'a pas trouvé qui serait digne de lui.
Côté Lit: Il n'y a que moi et parfois ma fille. Pas d'homme, pour cause d'absence de coeur qui bat.
Discours royal:



FEMME D'AUJOURD'HUI
elle flotte, elle hésite ...

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Titre : Archiduchesse d'Autriche, duchesse douairière de Saxe-Zeitz et de l'Autriche inférieure
Missives : 645
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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime04.07.13 21:28

Il y avait des femmes difficiles à contenter, qui en voulait toujours plus, ne se satisfaisait de rien, même si on leur mettait tout l'or de France à ses pieds. Et il y avait celles qui savaient se contenter de ce qu'on leur donnait, surtout si c'était fait avec plaisir. Aliénor était de cette seconde catégorie, bien loin de ces vénales qui peuplaient Versailles. Pourtant, elle était née dans une grande famille, liée à la famille impériale autrichienne, et n'avait jamais manqué de rien, matériellement parlant. Mais son éducation pieuse l'a gardée humble, n'avait pour grand pêché que l'amour des arts, rien de bien méchant en soi. Point de rêve de grandes pierreries, d'or à ne plus savoir quoi en faire (même si elle ne crachait pas dessus) ni de foule d'hommes à ses pieds. Alors qu'un homme lui offre un collier d'une telle préciosité sans rien attendre en retour (du moins, à court terme), il y avait de quoi faire plus que plaisir à Aliénor, qui ne pourrait jamais porter un tel collier à la Cour mais le geste était de taille. Rajoutez à la poupée et à présent que Roberval lui demande de garder Néron, jamais l'autrichienne ne se serait attendue à tout cela lorsqu'elle avait décidée de se rendre chez le corsaire ! Comme on dit bien, la chance sourit aux audacieux, elle ne pouvait qu'approuver ce proverbe à partir d'aujourd'hui.

Voilà comment un perroquet qui n'était sûrement pas destiné à quitter le Nouveau Monde avait vécu de grandes choses, passant dans diverses mains de marins de plusieurs origines, s'installait à Versailles avec une Wittelsbach comme maîtresse, sans aucun rapport à la marine car le Saint Empire n'était pas réputé pour avoir une grande flotte ... Une flotte tout court même. Pour cela, il fallait se tourner vers les cousins espagnols mais Aliénor n'avait aucun rapport avec la mer, son seul voyage fut celui d'avoir relié Gênes à Barcelone en Méditerranée, il y a plus aventurier tout de même ! Mais une fois que Néron fut le centre d'attention durant quelques instants, tout fier, les plumes gonflés et l'insulte facile, il était temps de passer à autre chose. Toutes ces malles ne rêvaient que d'être ouvertes, selon la jeune femme. Ou, pour être exact, elle rêvait de toutes les ouvrir ! Bien trop polie pour cela, elle en demanda la permission à un Arthur qui semblait ravi de sa présence.

Être dépouillé par vous me fait plaisir, affirma Arthur et ils se dirigèrent vers les malles qui se trouvaient les plus proches de l'entrée de la petite pièce, et je préfère savoir mes objets admirés dans la collection d'une aussi célèbre mécène que vous plutôt qu'abandonnés ici. Peut-être qu'un jour, je devrais faire mon propre cabinet de curiosités, qu'en pensez-vous ? Je serais alors ravi de bénéficier de vos conseils.
J'en serais ravie ! répliqua la jeune femme, enjouée. Vous disposez d'une magnifique collection, il serait dommage de tout laisser cacher. Je vous aiderais avec grand plaisir, soyez en sûr.

Néron ne quittait pas sa nouvelle maîtresse qui attendait de voir des merveilles de l'Orient, cet endroit fascinant et si méconnu, où l'on parle davantage de mythes que d'une réelle histoire. Mais ils avaient un art de vivre, et des collections fabuleuses, bien loin des techniques occidentales et des objets absolument magnifiques, mais des cadeaux un peu trop originaux.

Saviez-vous, vous qui parliez d'éléphant tout à l'heure, que le roi du Siam a désiré offrir un pachyderme au roi Louis ? Mais j'ai refusé tout net de l'embarquer dans mon bateau, j'osais à peine imaginer les dégâts qu'il pouvait causer s'il paniquait en pleine tempête. Et la mer est très agitée dans cet océan. Je regrette presque, si Louis XIV avait refusé comme il l'a fait pour le perroquet, je me serais retrouvé avec un éléphant dans mon jardin, cela aurait été du plus bel effet.
Je n'en doute pas ! S'amusa la jeune femme.
En avez-vous déjà vu ? C'est légèrement plus encombrant qu'un perroquet, aussi agressif soit-il.
Jamais mais cela doit être impressionnant. On dit que cela est presque grand qu'une maison ! J'aurais dû décliner la proposition de vous le garder, mon jardin ne l'aurait pas supporté. Mais voyez le bon côté des choses : vos domestiques n'auraient pas été pincés à longueur de journée.

Une malle fut ouverte sur les présents siamois, une infime partie de ce qu'avait ramené Arthur puisque tout était revenu à Louis XIV mais il restait quelques beautés, des objets curieux et magnifiques, le tout sur fond d'histoires locales, de ce qu'il avait vu. Aliénor tentait d'imaginer le décor, le mode de vie et s'émerveillait devant ce panneau de bois avec ces bouddhas et toute cette dorure qu'elle tenait entre ses mans.

J'ai vu une débauche de luxe absolument impressionnante au Siam, il est parfois étrange de constater les disparités entre les différents pays du monde, en Nouvelle-France, on se contentait volontiers d'une étoffe rêche et d'un arc de bois. Mais tous, autant que nous sommes, nous avons le sens de la beauté.
La beauté est une question de point de vue, nous ne sommes qu'humains pour juger. dit doucement la jeune femme en reposant la laque de bois avec une infinie douceur. J'ai entendu dire que les siamois se déplaçaient parfois en rampant, face à leurs hôtes, en guise de respect. Est-ce vrai ? Car l'inconvénient de ne pas voyager est que toutes sortes d'histoires affluent et il est difficile de démêler le vrai du faux ! Mais j'avoue que j'ai du mal à m'imaginer des hommes les uns derrière les autres, ramper à terre dans ... la salle de bal de Fontainebleau. Ou la Galerie des Glaces.

Quelques objets passèrent entre ses mains encore. Mais les bons moments passaient trop vite, et il commençait déjà à faire sombre, la nuit tombait petit à petit, la jeune femme ne devrait plus tarder à partir, elle avait encore de la route jusqu'à Paris, la capitale n'était plus très sûre une fois que le soleil a quitté le ciel, à croire que les brigands ne vivaient que la nuit, comme ces créatures mythiques dans les régions de l'est de l'Europe. Mais elle se plaisait bien ici, toutes ces beautés et la gentillesse du maître de maison rendaient le moment plus agréable encore. Elle recula de deux pas pour laisser le soin à Arthur de refermer ses malles mais eut un petit sourire de voir à quel point le corsaire pouvait être un homme raffiné. Bon d'accord, il n'en était pas à faire de la broderie ou du crochet mais on ne demandait pas tant à un homme ! Aliénor avait toujours le nez pour voir le bon en chacun de soi, du moins en ceux qui le méritaient. Elle s'était perdue dans ses pensées l'espace d'un instant, une de ses absences habituelles, mais sursauta lorsque le vase se brisa sur le sol. Une maladresse de Roberval qui tentait de ramasser les plus gros bouts. Mais en l'espace d'un instant, elle crut déceler un changement d'attitude de la part du marin, un peu plus hésitant. Rougissait-il ? Elle préféra ne pas regarder avec insistance.

Avant que vous ne me quittiez, je souhaitais vous souhaiter le meilleur pour les mois à venir. Vous n'êtes pas sans ignorer que je vais partir pour la guerre...  Jugez-vous que vos conseils m'ont été profitables ? Suis-je donc devenu le gentilhomme que j'ai oublié d'être pendant toutes ces années ?

A cette question, elle retint un petit rire. Non pas pour se moquer, mais il était amusant de voir un homme de la carrure de Roberval se sentir un peu gauche face à une autrichienne pas bien grande, et surtout de se soucier autant de l'image qu'il renvoyait. Cela avait un côté touchant, bien loin de l'image de rustre que lui avait décrit sa mégère de cousine Elsa, ni de ce même Arthur qu'elle avait connu de façon très peu conventionnelle. Elle hocha de la tête de façon positive.

Il va sans dire que vos progrès sont des plus satisfaisants. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Je ne pensais pas être si bon professeur et vous si bon élève.

Ce n'était pas parfait, mais pour un homme qui n'était pas courtisan né, qui n'avait pas besoin de faire de manières sur un navire, il s'en sortait parfois bien mieux que des hommes de cour qui pensaient que tout leur était du ! Bien sûr on n'en était pas non plus à l'absolu amour courtois du Moyen Âge, comme au XIIe siècle sous Aliénor d' Aquitaine, mais il ne fallait pas non plus être trop exigeant. Elle lui fit un large sourire, contente de voir qu'on pouvait toujours s'améliorer quand on le voulait.

Il n'y a qu'à voir comment vous m'avez reçu. La politesse de ma part aurait été de m'annoncer, je vous ai pris de cours et sûrement aviez eu autre chose à faire. Mais vous m'avez accueillie avec, j'espère, grand plaisir et vous avez su avoir une grande conversation. Et puis offrir des présents à une dame, vous vous êtes comportés comme un parfait gentilhomme. Puis elle baissa ses yeux et finalement regarda tout autour d'elle avant d'ajouter. Et s'il vous prenait l'envie d'exposer vos trésors, vous seriez parmi ces personnes qui ont non seulement de bonnes manières mais aussi du goût. Autant dire que vous entreriez dans la quintessence des bonnes personnes à fréquenter. Mais sans cela, rassurez-vous monsieur de Roberval, vous êtes un excellent gentilhomme, je vous félicite.

Voilà qui était dit, cela avait le mérite d'être clair. Il est vrai qu'à Vienne, Aliénor ne fréquentait que la très haute société, étant dans les papiers de la mère de l'empereur et étant quand même le fruit d'une union entre les Wittelsbach et les Habsbourg, jamais là-bas elle ne se serait autorisée de prendre un corsaire sous son aile pour lui apprendre la bienséance ! De toute façon, il n'y avait pas de corsaire à Vienne et l'étiquette était trop rigide pour ne serait-ce que penser à la liberté !

Après ce moment aussi intéressant que sympathique, il était tout de même temps de prendre congés. Une domestique arriva avec la cage, destinée à Néron pour l'emmener à Paris. L'oiseau menaça la domestique en lui hurlant des "à mort !" stridents mais il fut tout de même mis en cage sans grande difficulté. La poupée et le collier offerts par Roberval, Aliénor les mit dans le petit ballotin qui lui servait de sac et tout ce petit monde redescendit dans le hall de la demeure du corsaire français. Aliénor récupéra son opulent manteau de fourrure pour affronter le froid hivernal pour la ramener jusqu'à Paris. Elle se tourna vers Arthur et lui fit une élégante révérence avant de se saisir de Néron, caché par un linge pour ne pas qu'il attrape froid.

Je vous remercie pour ce délicieux moment, je n'avais jamais autant voyagé comme cela, sans pourtant n'avoir quitté une pièce. Et ne vous inquiétez pas à propos de Néron, je saurais bien m'en occuper. Elle fit un dernier salut. Et bien que mes préférences aillent au camp adversaire, je vous souhaite bonne chance pendant cette guerre, en espérant que Dieu vous garde.

Et voici que l'autrichienne blonde passa à nouveau la porte de l'hôtel, mais cette fois-ci pour en ressortir. Son carrosse l'attendait, son cocher lui tenait la porte et elle s'engouffra dedans, avant de quitter les lieux, direction sa propre demeure. Pendant le voyage, la jeune femme avait l'esprit empli de voyages et de belles choses, toutes les merveilles qu'elle avait eues sous les yeux et entre ses mains étaient de véritables trésors et elle se satisfaisait d'avoir dépassé un peu la bienséance pour faire cette visite impromptue. Néron, à ses côtés, étaient secoués par la route et ponctuait le voyage par ses mots habituels, ce qui mettait un petit peu d'animation dans ce trajet qui devenait long, alors que Paris se détachait au lointain, très légèrement. C'est à cet instant qu'elle entendit le hurlement d'un loup et prit un peu peur. Le hurlement devenait plus proche et, écartant le lourd rideau de velours, elle vit un homme sur le bord de la route, se prenant pour un loup.

C'est le duc d'Enghien, madame
. Il est inoffensif. expliqua le cocher alors qu'ils continuaient d'avancer.
Pauvre enfant, murmura Aliénor en refermant le rideau. A croire que les grandes familles ont toute la folie en malheur.

Enghien, fils du Grand Condé, lui rappelait ses cousins Habsbourg, et aussi son fils qu'elle avait eu lors de son second mariage avec Sigismond-François. Mais s'il était en dehors des murs parisiens, c'est que la ville n'était plus très loin. Et en effet, ils passèrent la porte quelques minutes plus tard. Lorsqu'elle rentra à l'hôtel, il était presque l'heure pour sa fille d'aller se coucher, mais elle eut le temps de lui offrir la poupée. Marie-Anne l'observa quelques secondes puis sauta au cou de sa mère pour la remercier. Le collier trouva sa place dans le coffret à bijoux. Néron quant à lui, fut montré à Maximilien qui l'adorait déjà et voulut lui rendre sa liberté. Bonne idée, surtout avec Igor non loin. Le perroquet fonça vers lui en hurlant "pendu !" et lui piqua le bras, pour le plus grand fou rire des Wittelsbach frère et sœur.

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MessageSujet: Re: Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait   Quand l'originalité d'un cadeau fait le bonheur de celui qui le fait Icon_minitime10.07.13 23:40

L'après-midi qu'Arthur de Roberval avait passé avait été un véritable plaisir. Pas un instant il ne s'était senti rabaissé par la jeune femme qui n'était pourtant autre qu'une archiduchesse avec laquelle il n'avait rien en commun. En d'autres circonstances, pourtant, bien des femmes l'avaient regardé de haut comme si elles valaient vraiment mieux que lui comme cette Elsa de Luxembourg, la propre cousine d'Aliénor qui était pourtant une bien plus grande dame qu'elle. Non, la jeune femme, non contente de considérer qu'il était normal de le visiter comme tout gentilhomme digne de ce nom, l'avait écouté, avait ri à ses anecdotes, avait accepté ses présents avec des yeux brillants dont il se repaissait et lui racontait à son tour des anecdotes pour rebondir sur ce qu'il lui disait. Arthur, du loin de son bateau n'avait pas toujours eu l'occasion de réfléchir à ce qu'était la véritable grandeur d'autant qu'il croisait, lui, plus souvent des petits pirates sans gloire ni nom ni talent mais il lui semblait qu'elle avait trouvé sa quintessence en Aliénor de Wittelsbach qui était indiscutablement cultivée mais aussi modeste, humble et faisait preuve d'une grande gentillesse, toutes les qualités que les « Grands » oubliaient parfois, perdant ainsi ce rang qu'ils pensaient leur revenir de droit.
- Cela doit être impressionnant, disait la jeune femme lorsque l'on aborda le thème des éléphants, ramenant son interlocuteur dans la réalité, on dit que cela est presque grand qu'une maison ! J'aurais dû décliner la proposition de vous le garder, mon jardin ne l'aurait pas supporté. Mais voyez le bon côté des choses : vos domestiques n'auraient pas été pincés à longueur de journée.
- En effet, approuva Arthur en riant, mais je ne suis pas sûr que je les aurais retrouvés en meilleur état, ils auraient eu probablement plus que quelques bleus.
Il était déjà temps d'ouvrir la malle sur les cadeaux des Siamois et avec un sourire, le corsaire laissa la jeune femme farfouiller, trouvant qu'elle avait presque l'air d'une petite fille qui ouvrait un coffre aux trésors.
- J'ai entendu dire que les siamois se déplaçaient parfois en rampant, face à leurs hôtes, en guise de respect. Est-ce vrai ? S'enquit Aliénor, car l'inconvénient de ne pas voyager est que toutes sortes d'histoires affluent et il est difficile de démêler le vrai du faux ! Mais j'avoue que j'ai du mal à m'imaginer des hommes les uns derrière les autres, ramper à terre dans... La salle de bal de Fontainebleau. Ou la Galerie des Glaces.
- Cette image est en effet fort peu crédible, rétorqua Arthur, un large sourire aux lèvres, figurez-vous que c'est le cas devant le roi du Siam mais quand ils sont venus à Versailles, ils se sont contentés de se prosterner devant le roi puis de partir à reculons les mains jointes. Ils ont été étonnés de pouvoir lever les yeux vers Louis XIV, cela ne leur est pas permis dans leur pays. Mais ce n'est pas plus mal, les courtisans auraient eu du mal à garder leur sérieux devant un tel spectacle ou à conserver leur attention fixée sur le roi !

Les heures avaient défilé sans que les deux compagnons improvisés ne s'en rendre vraiment compte et déjà la nuit tombait sur la ville de Versailles, il était temps de refermer les dernières malles et de laisser partir l'archiduchesse avec son tout nouveau perroquet qui l'avait adoptée. Mais avant de la voir quitter les lieux, Arthur avait une demande un peu spéciale à lui faire, une demande qui le gêna assez pour qu'il se mélangeât les pinceaux et en fasse tomber un vase, de peu de valeur, heureusement. Il s'excusa platement, le teint rouge, furieux de passer pour un imbécile mais la jeune femme fit preuve de tact et détourna un peu le regard, le temps qu'il reprenne ses esprits. Il crut lire une lueur d'amusement dans son visage et il espéra sincèrement qu'elle n'était pas en train de se moquer de lui. Néanmoins, il ne baissa pas la tête et la fixa, faisant preuve de sa témérité devenue légendaire.
- Il va sans dire que vos progrès sont des plus satisfaisants. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Je ne pensais pas être si bon professeur et vous si bon élève.
Un sourire s'ébaucha sur les traits de Roberval et il déposa doucement les morceaux de porcelaine à ses côtés :
- Vous êtes le parfait professeur, madame car tout ce que j'ai fait, je le fais pour vous plaire, vous savez vous attacher autant les cœurs que les esprits..., commença-t-il avant d'ajouter un peu précipitamment, conscient d'être allé un peu loin : mes mots ont dépassé mes paroles... Euh, mes pensées, pardonnez-moi.
La jeune femme ne parut pourtant pas lui en tenir rigueur et poursuivit, elle aussi animée d'une expression joyeuse :
- Il n'y a qu'à voir comment vous m'avez reçu. La politesse de ma part aurait été de m'annoncer, je vous ai pris de court et sûrement aviez eu autre chose à faire.
- Non, je vous assure que..., protesta Arthur mais elle ne lui laissa pas le temps de terminer.
- Mais vous m'avez accueillie avec, j'espère, grand plaisir...
- Je vous l'assure !
- Et vous avez su avoir une grande conversation. Et puis offrir des présents à une dame, vous vous êtes comportés comme un parfait gentilhomme. Et s'il vous prenait l'envie d'exposer vos trésors, vous seriez parmi ces personnes qui ont non seulement de bonnes manières mais aussi du goût. Autant dire que vous entreriez dans la quintessence des bonnes personnes à fréquenter. Mais sans cela, rassurez-vous monsieur de Roberval, vous êtes un excellent gentilhomme, je vous félicite.
Il s'inclina respectueusement devant elle et lui baisa la main, comme tout bon gentilhomme se devait de le faire et se redressa un peu trop rapidement, selon l'étiquette pour lui faire face et lui adresser un large sourire :
- Votre opinion m'est plus chère que n'importe quelle autre, je vous remercie. Je garde bien en mémoire tous vos conseils et je vous promets de ne pas les oublier même sur les ponts de mon navire. Enfin, même si je m'accorderais quelques moments de pause de temps à autres, lors des combats, conclut-il avec un petit rire.
Après quelques autres remerciements de part et d'autres, Aliénor et Arthur traversèrent à nouveau les pièces peu décorées qu'ils avaient empruntées à l'aller pour se retrouver dans le hall d'entrée où le petit moussaillon avait osé faire attendre la grande dame en compagnie du perroquet. Cette fois-ci Néron avait été mis en cage, par son maître lui-même afin d'éviter toute mort et on l'entendait lancer quelques uns de ses mots favoris d'un ton triste derrière le drap qui recouvrait sa cage et qui lui permettrait d'affronter le terrible froid hivernal. Le corsaire souleva un instant le drap pour lui souhaiter un agréable séjour (et lui demander d'être sympathique avec sa nouvelle maîtresse mais c'était là beaucoup demander à un pauvre perroquet) pendant qu'Aliénor recouvrait ses épaules d'une épaisse zibeline. L'archiduchesse fit une petite révérence, imitée par Arthur puis se saisit de Néron :
- Je vous remercie pour ce délicieux moment, je n'avais jamais autant voyagé comme cela, sans pourtant n'avoir quitté une pièce.
- Je vous remercie d'être venue, rétorqua Roberval, je suis ravi de vous avoir permis de voyager, en ma modeste compagnie.
- Et ne vous inquiétez pas à propos de Néron, je saurais bien m'en occuper. Et bien que mes préférences aillent au camp adversaire, je vous souhaite bonne chance pendant cette guerre, en espérant que Dieu vous garde.
Le capitaine lui adressa un dernier signe de tête, appréciant ces paroles d'encouragement puis ce fut terminé, Aliénor avait disparu, emportant Néron avec elle.

Quand la porte eut claqué derrière lui et que le carrosse de l'archiduchesse se fut assez éloigné pour qu'il ne puisse plus entendre le bruit des roues qui s'enfonçaient dans les cailloux de sa cour, Arthur de Roberval s'arrêta quelques secondes dans l'entrée de son hôtel particulier qui lui sembla désormais bien vide. Il secoua la tête comme pour effacer le rêve qu'avait été cet après-midi en se traitant d'imbécile d'y avoir cru mais l'absence évidente de son perroquet (dont on remarquait autant la disparition que la présence tant il était envahissant) lui confirma que le passage d'Aliénor n'était pas là qu'un fruit de son imagination et il se surprit à ébaucher un sourire ravi alors qu'il remontait dans son bureau. Il y retrouva son petit moussaillon, Clément qui avait allumé les chandeliers, après avoir visiblement cherché à éviter Néron jusqu'à son départ pour ne pas avoir à dire au revoir au pauvre perroquet mais Arthur le renvoya d'un geste, il lui restait encore beaucoup de travail avant de quitter les lieux et de rejoindre son navire à Brest, rien ne devait être laissé au hasard. Néanmoins, après le départ de Clément, il ne retourna pas immédiatement à sa chaise et avança jusqu'à la fenêtre pour jeter un œil à son jardin envahi par l'obscurité, dans lequel se détachaient quelques ombres à l'image de ces ombres chinoises montrées à la cour par monsieur Séraphin lors de la soirée du nouvel an (et dont Arthur, pourtant déjà allé en Chine, n'avait jamais entendu parler auparavant). Jardin qui aurait été en effet un peu trop petit pour accueillir un éléphant, constata-t-il en se remémorant un passage de sa conversation avec Aliénor. Le voilà qui devenait sentimental ? C'était bien le monde à l'envers ! Et pourtant, il était obligé de remarquer que certaines parties de sa nouvelle vie versaillaise allait lui manquer. Évidemment, cela aurait fait ricaner des femmes sans cœur et sans esprit comme Elsa du Luxembourg – dont même Richmond semblait s'être lassé, c'était pour dire ! – mais le sérieux de la jeune Aliénor en ferait partie entre autres. Il s'était voilé la face pendant des mois même en faisant ses préparatifs mais maintenant qu'il était dépouillé de quelques uns de ses trésors et surtout de son perroquet, non qu'il ne l'aimât particulièrement mais cela lui faisait une présence, il se rendait bien compte qu'il était désormais sur le départ et qu'il n'était en aucun cas assuré de pouvoir un jour revenir ici malgré tout ce qu'il pouvait dire aux domestiques qui, comme Félicie, étaient attristés de le voir partir – il n'était en effet pas un maître très exigeant – et surtout de devoir chercher à nouveau du travail. Il n'était pas particulièrement pessimiste sur son sort mais Versailles n'avait été qu'une escale dans le grand voyage de son existence. Comment pourrait-il découvrir de nouveaux univers en ne restant qu'à ce port ? Toutes les richesses qu'il avait dans ses coffres comme dans son cœur, ce n'était pas en allant de salons en salons qu'il avait pu les acquérir, tout le monde n'avait pas la chance d'être une archiduchesse devant qui s'ouvraient toutes les portes. Ou peut-être la malchance car elle ne pouvait pas non plus tout quitter pour partir à l'aventure, elle n'en avait même pas l'envie.

- Capitaine ? Capitaine, désolé de vous déranger, fit la voix de Clément qui avait passé la tête par la porte entrebâillée et qui cacha sa surprise en voyant son maître debout et inactif, mais nous avons une intrusion dans les jardins de l'hôtel particulier. Il s'agirait d'un couple et monsieur l'intendant demande s'il doit aller les chasser.
Arthur leva un sourcil interrogateur mais il entendit des bruits montant depuis son jardin et tourna le visage vers celui-ci. Malgré les ombres, il distingua une jeune femme vêtue de sa tenue « adamique » comme diraient certains – ou plutôt complètement nue – poursuivie par un homme plus âgé qui ne parvenait pas à la rattraper et criait assez fort pour que le corsaire puisse entendre les mots : « Mais ne te promène dont pas toute nue ! ». Il devait sans doute y avoir une fête non plus (l'hôtel Vasa était réputé pour la somptuosité de celles-ci) et les deux jeunes gens disparurent assez vite mais la vision était assez saugrenue pour qu'Arthur éclatât de rire, un fou-rire franc et clair qui lui fit presque mal au ventre et qui n'avait pas franchi ses lèvres depuis bien longtemps.
- Capitaine ? Insista le moussaillon, un peu décontenancé.
- Laissez-les donc, ils ne font de mal à personne, répliqua Roberval en se détournant cette fois-ci définitivement de sa fenêtre.
Ce fut le sourire aux lèvres qu'il se rassit dans sa chaise et reprit le courrier qu'il entendait destiner à son second à Brest même si son esprit vagabondait à des lieues de là. L'instant de mélancolie était passé et il eut soudain la certitude qu'il reviendrait à Versailles, ne serait-ce que parce que ce monde n'était pas un port mais bel et bien l'endroit de toutes les aventures et de toutes les surprises où chacun n'était pas totalement ce qu'il semblait être. Il suffisait de voir Aliénor de Wittelsbach. Le reste de la soirée, Arthur le passa à imaginer quelles seraient les nouvelles victimes de son perroquet qui allait désormais mettre de l'animation dans un tout autre hôtel particulier.

FIN
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