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 Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}

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Rebecca Stuart


Rebecca Stuart

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MessageSujet: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime05.12.12 18:58

Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Nat12 Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Meg12

CALAIS, FEVRIER 1667

Elle tenait fermement la lettre d’instructions au creux de ses mains, ces mêmes mains qui étaient dissimulées sous un mantelet de fourrure. Son regard valsait dans tous les sens et Rebecca tentait vainement d’apercevoir une silhouette connue à travers cette obscurité et ce brouillard si dense. L’heure des retrouvailles approchait et elle en sursauta presque lorsque les cloches de l’église la plus proche sonnèrent les deux heures du matin. Voilà plus d’un an qu’elle avait quitté le duc de Monmouth et sa charmante épouse, ce sont eux qui lui avaient permis de trouver cette place de secrétaire auprès des Condé grâce à une missive de recommandation. Grâce à ce couple très aimé du peuple qu’il soit écossais ou anglais, elle avait pu échapper pour un temps à Morgan et mener un train convenable tout en élevant Roxanne. Sa gratitude pour les jeunes gens demeurait sans faille, si bien que celle que l’on nommait plus à la cour des Stuarts, que " l’intrigante arriviste " , se découvrait un sentiment nouveau de loyauté. Malgré leur position très élevée, la duchesse de Richmond tenait véritablement à l’amitié et à l’estime d'Anne Scott et du fils naturel de Charles II, envers eux elle avait toujours été sincère.

Cette fébrilité qu’elle ressentait à le retrouver, était donc très compréhensible. Elle craignait tout du péril qu’il allait courir pendant les quelques heures de leur entrevue. La guerre n’était-elle pas imminente et les anglais n’appuyaient-ils pas les lorrains ? Déjà les frontières se retrouvaient étroitement surveillées, et quel prestigieux prisonnier aurait-il fait au roi français ! En se rendant à l’endroit du rendez-vous, elle avait tenu à se rendre sur le port, sur lequel elle se trouvait encore, pour être fixée sur le déploiement des autorités sur place. Cela l’avait impressionnée et par conséquent rendu plus nerveuse. Tous les navires étaient contrôlés avec la plus grande minutie et à moins d’une raison légitime de se trouver sur le sol français, beaucoup de navires se voyaient priés ou plutôt ordonnés de regagner l’Angleterre. A vrai dire, Rebecca espérait même que les circonstances fassent que Monmouth ne soit pas reconnu mais congédié, elle préférait cela qu’à une arrestation presque sommaire d’un prince de cette trempe … Ce n’est pas qu’elle doutait des capacités de son royal ami, ce dernier était un conspirateur plus qu’habile. Après tout le choix de la ville de Calais n’avait été sans doute pas faite au hasard, d’appartenance anglaise durant des siècles, cette présence avait laissé bel et bien son empreinte malgré le rattachement à la France en 1558. Des intelligences alliées devaient s’y trouver afin d’aider le duc à pénétrer sans encombres dans la cité. En outre, la langue française n’avait plus aucun secret pour lui, comme en tout bon écossais qu’il était depuis son union. Il pouvait tout à fait duper par un quelconque stratagème toute cette surveillance, le risque ne lui faisait guère peur, néanmoins c’est bien Rebecca qui était victime de cette frayeur pour deux.

Il fallait pourtant s’efforcer de garder son calme pour leur cause. Elle ne pouvait pas se permettre d’être d’un sang-froid implacable lors de ses piètres missions pour la Main de l’Ombre et tout au contraire de trembler, lorsqu’elle s’apprêtait à tramer la possible et future accession au trône du prince. Pourtant, c’était bien parce qu’elle se moquait du combat de l’une et point de la bataille de l’autre, qu’elle se montrait aussi nerveuse. Leur rencontre ne devait pas échouer … Et les minutes passaient et ses yeux se portaient en permanence sur ce cadran qui égrenait des secondes à l’allure de siècles. 2h15 … encore un quart d’heure à patienter et elle serait fixée sur la réussite ou l’échec du prince. Elle qui s’était un instant assise sur un rocher bien humide, se redressa, s’emmitoufla davantage et prit la direction du lieu de leur rencontre qui n’était autre qu’une reculée cabane de pêcheur laissée à l’abandon. Sciemment ou non, elle ne le savait guère …

Parfois, elle traînait des pieds plus qu’elle ne marchait, parfois sa contrariété et le froid la faisait pratiquement courir, ce fut pourtant le pas de course qui l’emporta. A ce train, elle fut par conséquent aux alentours de la maisonnette assez rapidement. Mais c’est lorsque Rebecca s’approcha davantage, qu’elle aperçut une ombre fugace passer à l’intérieur … Un piège ? Le duc était-il arrivé en avance ? Elle s’avança à pas de loups, tout en se dissimulant pour en avoir le cœur net … Non cette silhouette ne pouvait être la sienne, Monmouth était bien plus grand que cela. Un étranger était parvenu à se glisser là ?

Qu’importait qu’il s’agisse du propriétaire du lieu, il devait décamper et vite ! Sa résolution était prise, elle allait l’assommer. Ayant avisé au cours de sa marche quelques rondins de bois, elle revint sur ses pas afin d’en dérober un. Puis, elle contourna la cabane par un chemin boueux avant de raser les murs et de s’abaisser au niveau de la fenêtre d’où on pouvait la voir. Parvenue à la porte, elle l’enfonça d’un coup de pied sec - il faut dire que la porte n'avait pas vraiment l'air solide - son arme improvisée prête à s’abaisser sur le crâne de l’inopportun … C’est alors qu’habituée déjà à l’obscurité et grâce à la lune, ce n’est pas un homme qu’elle vit mais bien une femme et pas n’importe laquelle … Il s’agissait de cette peste de Megan of Scotland, fidèle amie de son cher et tendre époux et qu’elle ne qualifiait par conséquent que par des sobriquets peu aimables.

- BY JOVE ! Qu’est-ce que vous faites ici, Campbell ?

Si la pimbêche était venue fouiner, elle en serait pour ses frais. Rebecca ne serait pas mécontente de la voir finir dans le fleuve un boulet au pied, pour sa curiosité. D’ailleurs, la duchesse de Richmond venait de s’adosser à la porte désormais close, lui barrant toute retraite … Son interlocutrice avait intérêt à tout lui expliquer et dans les détails.

- J’attends !
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Megan Campbell


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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime08.01.13 13:02

Calais? Quelle idée que de se retrouver dans ce port français! Quelles que puissent être ses anciennes accointances anglaises, Megan n’aimait pas la ville. L’unique chose qui pouvait lui plaire était ce brouillard, digne du fog qui entourait les côtes de son île.

Emmitoufflée dans sa cape de voyage, elle venait de sauter à bas du fiacre qui l’avait emmenée de Lille à Calais. La route depuis Paris lui avait semblé interminable et le dos fourbu, elle se revigora rapidement dès qu’elle senti la fraîcheur de la nuit de février passer sous sa cape.
Elle glissa une pièce au cocher et poursuivit sa route au coeur de la ville, ignorant les regards intéressés de quelques courtisans encore dehors malgré la nuit. Megan rabatti sa capuche sur ses cheveux roux, masquant son visage qui trahissait ses origines nobles et pouvait bien souvent lui porter préjudice dans ce genre d’affaires.
Pourquoi n’avait-elle pas choisi les vêtements de Lord Dafoe! Certes, il était possible...voire probable, que celui qu’elle allait retrouver n’aie aucune connaissance de son petit passe-temps....mais quoi! N’était-ce pas plus sécuritaire?!
A la place de son feutre qu’elle affectionnait à chaque mission, elle avait glissé sous sa robe un pistolet chargé, prêt à l’utilisation. Elle avait assez confiance en ses réflexes pour l’utiliser à bon escient et efficacement.

Parcourant les rues sombres, elle ressorti la missive de celui qui la mandait en cette nuit de brouillard. Une cabane sur le quai? Porte rouge? Peuh! La discrétion n’était pas le fort de ces hautes têtes, songea-t-elle ironique. Comploter dans un palais était souvent bien plus aisé que dans des endroits où nul talon rouge ne passait sans être aussitôt traqué de mille regards curieux. Alors son mandataire avait-il choisi des habits de gueux? Le sourire qu’afficha Megan en y songeant répondit de lui-même à cette interrogation muette qu’elle se posa.

Rue d’Alouette....à gauche, si l’homme de la taverne ne s’était pas trompé. Elle s’enfonça un peu plus dans sa cape lorsqu’un groupe de marins avinés passa à ses côtés. Si il lui arrivait un seul malheur...!! Elle maudit à nouveau son envoyé, malgré tout le respect qu’elle pouvait lui porter, et poursuivit sa marche le long du quai.
Père et fils....ils en avaient décidément de belles! L’un la voulait en France, quant au second, le diable seul devait savoir ce qui se tramait dans cet esprit! Elle avait beau être une Campbell, se targuer de porter un nom qui avait depuis toujours cotoyé celui de son maître du soir, elle ne parvenait parfois pas à comprendre les décisions...peut-être était-ce le pouvoir, se dit-elle en contournant des immenses caisses de bois puant la marée.

Une brise venait souffler un air marin dans ses narines au moment où elle trouva enfin la porte. Poussant discrètement le battant, la main posée sur la crosse de son pistolet, elle entra le plus silencieusement qu’elle pu dans la cahute. Personne....bien évidemment. Pourquoi se donner la peine d’arriver en avance! C’est bien là le privilèges des...presque rois.
Seule une petite lampe éteinte était posée sur la table. Megan en profita pour l’allumer, ôtant sa cape qu’elle jeta sur l’une des deux chaises de la cabane.

Et maintenant? Attendre...comme à chaque planque. Megan connaissait bien cette situation, ses avantages - aucun - et ses inconvénients - énormément. Préférant faire les cent pas dans la pièce, elle tira à nouveau la missive reçue quelques jours auparavant.
Ainsi James Scott faisait appel à ses services? Le père avait du parler au fils, songea-t-elle non sans esquisser un sourire de fierté. Si le roi la conseillait dans une intrigue, c’était une reconnaissance de ses talents d’espionne...et une porte ouverte vers de nouvelles missions que lui confierait certainement Charles II.
L’approche de la guerre avait déséquilibré l’avenir de Megan...fiancée à Froulay, qu’allait-elle faire pendant la guerre? Le roi l’avait démise de ses fonctions, et elle n’avait pas eu le temps d’avouer à Courtenvaux la réelle raison de ce licenciement royal. Elle se voyait déjà recluse à Versailles, dans une cour vide d’hommes, affublée d’Enola of Dorset....ô joie!

Elle relue à nouveau la lettre. Elle ne détestait pas Scott...fils naturel du roi, elle l’appréciait comme ses nombreux compatriotes. Entre deux James, elle préférait nettement Scott à ce catholique de York.
Megan allait reprendre sa lecture lorsqu’un bruit extérieur se fit entendre. Scott arrivait-il déjà?
Elle s’arrêta devant la porte, ne voyant aucune forme masculine ou de lumière qui pouvait révéler l’identité de l’inconnu qui arrivait. Face à la porte, elle posa silencieusement sa main sur son pistolet, prête à dégainer son arme.

Le bruit se rapprochait petit à petit, jusqu’à se taire. Et soudainement, le battant craqua et la porte s’ouvrit à la volée, laissant apparaître....

-Rebecca of Richmond?! What the.....?!
- BY JOVE ! Qu’est-ce que vous faites ici, Campbell ?

Megan avait tiré son pistolet au moment où le battant était projeté sur le mur. Le canon pointé vers Rebecca, elle ne la quittait pas des yeux. Cette vipère était capable de tout, elle en avait l’intime conviction! Mais le culot de cette dernière n’était plus à prouver et Richmond referma la porte derrière elle, bloquant la sortie fermement.

- J’attends !
-Ah! Parce que vous croyez que bloquer cette porte me terrorrisera et me fera parler? Bouuh, lança-t-elle en roulant des yeux! Me voilà prise comme Mary Stuart dans sa tour. Peuh!

Megan rangea son arme, le sourire goguenard. Inutile d’aller trop loin, elle ne voulait pas laisser Morgan sans une petite récompense!
-Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous, vous attendrez, comme d’autres l’ont fait avant vous...”duchesse”! Maintenant quittez l’endroit, quel que puisse être le pauvre homme que vous rejoignez ce soir, j’ai d’autres chats à fouetter qu’une chatte au souffle vicié.

Elle tourna le dos à Richmond, lui signifiant qu’elle n’avait plus rien à ajouter. Mais ses méninges ne chômaient pas. Deux écossaises sous le même toît miteux de Calais, et l’une d’elle approchée par James Scott? Elle eu un regard de dégoût en imaginant Scott ayant fait appel à cette intrigante arriviste. Son frère, au moins, avait du goût! Mais avouer ce qu’elle devinait à Rebecca était bien au-dessus de ses forces. La vipère la croyait faiblarde et inutile? Scott lui apporterai la preuve qu’elle se fourrait le doigt dans l’oeil...et jusqu’au coude!

Les bras croisés, elle se tourna néanmoins vers la jeune femme.
-Je suis quand même épatée de voir que vous êtes venue ici vivante....Avez-vous croisé un de ces adorables marins qui vous a conduite jusque ici?

L’allusion était scandaleuse, plus encore qu’il s’agissait là de mots envoyés de la part d’une baronne à une duchesse...et cousine royale par alliance! Mais Megan était bien trop sûre d’elle pour se laisser abattre par ces petites considérations. Elle avait deux rois à ses côtés, isn’t it?
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Rebecca Stuart


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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime17.01.13 19:01

" Ah! Parce que vous croyez que bloquer cette porte me terrorisera et me fera parler? Bouuh. Me voilà prise comme Mary Stuart dans sa tour. Peuh! "

Rebecca après ce moment de surprise ô combien naturelle, retrouva ses esprits et le cynisme de son adversaire la fit ricaner, tandis que sa jambe droite retenait plus que jamais la porte. S'il était venu aux oreilles de Megan Campbell, qu'elle faisait partie de la Main de l'Ombre et que par conséquent elle en venait parfois à tuer, elle aurait sans doute chanté une toute autre chanson. D'ailleurs le meurtre en tant que tel n'était pas à exclure dans leur situation. Elle représentait un danger et ce n'est pas le pistolet tendu de son interlocutrice sur sa poitrine qui la ferait reculer. Elle avait déjà plus d'une dizaine de diversions en tête pour l'attaquer sous un angle inattendu et le le lui ôter.

- Vous savez, avoir grandi dans le ruisseau a au moins un avantage : celui de savoir se battre. J'ai en effet les moyens de vous empêcher de passer cette porte et je vous invite gentiment à ne pas me pousser à vous faire une démonstration. Je doute fort que vous soyez encore séduisante sans votre scalp ma chère.

Dieu d'ailleurs qu'elle pouvait être laide lorsqu'elle se mettait à rouler des yeux de la sorte, ils étaient devenus particulièrement globuleux. En outre, que l'on puisse être attiré par cette face à tâches de rousseur dépassait l'entendement; le fait d'avoir plu à un roi tel que Charles II, attiré par toute personne portant un jupon, n'était pas pour Rebecca une preuve de son potentiel de séduction. C'était même risible et lamentable. Etre un trophée de plus sur un tableau de chasse impressionnant, quel manque d'ambition et surtout de classe ! La duchesse avait toujours trouvé cette jeune femme vulgaire et l'attitude qui était la sienne ce soir, ne faisait rien pour détromper Rebecca. Une vraie poissonnière vendant ses marchandises à l'étalage, voilà ce qu'elle était, tout homme ne pourrait que s'en lasser bien vite. La duchesse de Richmond la fixait avec dédain des pieds à la tête lorsque contre toute attente, l'autre rangea son pistolet. Elles étaient à présent à armes égales et si Megan désirait juger de l'efficacité de ses ongles, elle ne serait guère déçue.

" Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous, vous attendrez, comme d’autres l’ont fait avant vous...”duchesse”! Maintenant quittez l’endroit, quel que puisse être le pauvre homme que vous rejoignez ce soir, j’ai d’autres chats à fouetter qu’une chatte au souffle vicié. "

Rebecca demeura immobile et à vrai dire si jusqu'à présent Megan l'avait plutôt amusée par le ridicule qui émanait de sa personne, ses propos commençaient à proprement l'irriter. Ses sourcils se froncèrent, sa mâchoire et ses poings se crispèrent sous les insultes tout juste déguisées. Cette pimbêche ne manquerait jamais une occasion de prendre la défense de son cher Morgan par des allusions subtiles. Que savait-elle pourtant sur l'intimité de leur couple ? Pour qui se prenait-elle pour ainsi s'en mêler et la juger en permanence ? On pouvait dire ce que l'on voulait, mais tenue justement au secret par ses nombreuses identités, Rebecca ne pleurait pas en permanence sur son sort de malheureuse épouse et ne trouvait pas en ses amies des chevaliers à l'armure étincelante pour prendre sa défense. Au contraire, ne retenait-elle pas Gabrielle de Longueville pourtant chargée de mettre son époux hors d'état de nuire ? Rebecca accusait les coups et payait cher le fait de l'avoir séduit pour sa position et sa fortune. Leurs déboires étaient assez pénibles comme cela sans que d'autres ne viennent en rajouter. N'étaient-ils pas assez responsables pour régler leurs si grands différends eux-même ? A cette minute, Rebecca se posa même la question sur la nature de leur relation. Amicale vraiment ? Elle n'y croyait que fort peu. S'il s'agissait d'amitié pure, l'écossaise était particulièrement zélée.

D'ailleurs comme l'aurait fait une reine offusquée face à une gueuse, Megan osa lui tourner le dos. Un soufflet ô combien méprisant que Rebecca avait reçu bien des fois. Elle n'était rien qu'une pauvre comtesse ruinée par les hasards d'une guerre civile, et on n'avait cessé de le lui rappeler par ce geste lui démontrant à quel point sa présence et même son existence était insignifiante. Geste dont Rebecca se vengeait très souvent et au centuple. Elle ne pouvait le supporter. C'est presque une aumône que lui accorda par conséquent Megan en se détournant légèrement.

" Je suis quand même épatée de voir que vous êtes venue ici vivante....Avez-vous croisé un de ces adorables marins qui vous a conduite jusque ici? "

Cette fille n'était rien d'autre qu'une peste de la pire espère, une peste qui lui aurait plu de compter parmi son entourage , n'étaient-elles pas du même pays après tout ? N'avaient-elles pas toutes deux une langue de vipère bien acerbe ? Mais définitivement non, la duchesse ne pouvait la souffrir et sa patience était bien trop mise à rude épreuve.

- Lança la putain d'un roi, qui regrettant les augustes draps dans lesquels elle s'est glissés gravite aujourd'hui autour de la putain Leeds. Qui se ressemble s'assemble, comme on dit.

La duchesse de Richmond fit mine de partir en ouvrant la porte, mais revint sur ses pas aussitôt. Elle aimait jouer avec ses proies et les faire bouillir de rage, leur donner l'impression de la victoire pour la leur reprendre aussitôt.

- Tiens à propos, comptez-vous échanger vos places ? Notre roi a toujours voulu la mettre dans son lit et il me semble que vous êtes venue juste après sur sa liste ... sans doute par dépit. J'ai voulu miser gros tout à l'heure sur l'échange de vos amants respectifs. Cependant, que Charles II obtienne la Leeds, c'est possible mais que Louis XIV puisse s’intéresser à vous ...

Ce fut à son tour de rouler des yeux.

- Non non, c'est plus raisonnable d'en rester là. Je ne voudrais pas que Morgan perde un peu plus d'argent à cause de moi, vous comprenez ?

Elle arbora une moue narquoise au possible, tandis qu'elle approchait résolument d'elle. Puisque l'autre l'avait plus que jamais provoquée et s'était mêlée de son union avec Morgan, elle avait décidé de continuer sur cette lancée. Quoi de mieux pour la piquer au vif que de lui rappeler fort méchamment la déconvenue pitoyable de ce dernier. Mesquine, Rebecca l'était jusqu'à la racine des cheveux et sauvage aussi lorsqu'on l'avait plus que jamais irritée. Elle avait grandi en compagnie des enfants des rues et se battait comme tel. Or, à cet instant elle était lassée vraiment, et le courroux qui faisait palpiter le sang dans ses tempes ne s'était pas apaisé, par les piques qu'elle venait de lancer. Son orgueil trop souvent blessé par Megan et ce depuis des années sans jamais riposter, réclamait bien plus que des pointes ironiques au détour d'une conversation. Oui, la comtesse de Rosyth désirait plus que jamais frapper cette Campbell, donneuse de leçons insupportable. Succombant à cet instinct quasi primaire, elle fit alors de grandes enjambées et la fit pivoter avant de lui assener une gifle magistrale.

- Peut-être ainsi daignerez-vous me regarder en face ! Ça sera plus commode pour vous crever les yeux ! J'en rêve depuis longtemps.

Un combat au sommet s'annonçait entre les deux femmes qui ne savaient pas plus l'une que l'autre, les prouesses physiques dont chacune était capable.
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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime25.02.13 15:33

-Vous savez, avoir grandi dans le ruisseau a au moins un avantage : celui de savoir se battre.
Oh! La belle martyr que voilà! Pauvre enfant chérie qui du ramper dans la boue anglaise, traînée par sa famille....Se croyait-elle seule à avoir vécu dans le dénuement? Que songeait-elle, cette Rosyth? Que son enfance était l’unique du pays à avoir souffert de la guerre? La belle rengaine! Bien tenté pour l’effrayer, mais lorsqu’on tirait les lapins à la carabine à 12 ans, on ne craignait pas une harpie juste bonne à séduire pour de l’argent. La voyait-elle vraiment comme une courtisane stupide et insipide? Alors voilà qui était parfait! Qu’elle continue de le croire, la Rosyth, elle déchanterait si elle devait en découdre.

Megan avait rangé son arme, tournant dans la pièce en lorgnant l’autre. Elle n’avait jamais songé à tuer qui que ce soit - le crime lui faisait horreur - mais face à Rebecca, voir le sang couler n’était pas éloigné de ses prérogatives, même s’il ne s’agissait que de blessures. Rebecca avait saigné Richmond, avait profité d’un Stuart jusqu’à la lie et aujourd’hui, elle se pavanait en pauvre épouse éplorée, dont l’enfance avait été ravagée par la guerre et le pauvre père condamné...eurk.

-Avez-vous croisé un de ces adorables marins qui vous a conduite jusque ici?
- Lança la putain d'un roi, qui regrettant les augustes draps dans lesquels elle s'est glissés gravite aujourd'hui autour de la putain Leeds. Qui se ressemble s'assemble, comme on dit.
-Oh! La belle insulte, cracha Megan qui sentait la moutarde lui monter au nez. Finie, l’ironie et le sarcasme, pointait là le caractère on ne pouvait plus écossais de Megan. Vous ne trouvez rien d’autre à dire, alors vous pataugez dans la fange de courtisanes qui n’ont que ces petites piques à la bouche? Megan fit à présent face à Rebecca, les yeux flamboyants, les cheveux défaits tombant comme deux langues de feu autour de ses joues. Je vous croyais bien plus spirituelle.
Elle s’appuya sur la table, ne pouvant contenir la colère qui montait. Une colère si rare, mais si noire ce soir, qu’elle eu voulu étrangler la Rosyth avec son propre tartan.
-Vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre petit nez...La putain du roi obtient tout ce qu’elle veut, elle, maintenant. C’est la race des Campbell, que voulez-vous...mais vous ne pouvez pas comprendre, vous. Votre clan... Elle s’arrêta un moment, fit mine de chercher un nom en tête, avant de reporter son attention sur Rebecca. Oh! J’en ai même oublié le nom de votre clan tant celui-ci est insignifiant, des Lowlands aux Highlands!

Elle vit l’autre tourner le dos dans un sourire de délectation. Comment cette écossaise de basse souche pouvait s’en prendre à elle, une Campbell! Son nom s’inscrivait dans l’histoire de sang de l’Ecosse et cette mégère osait la dédaigner en quittant la pièce? Elle refusait la confrontation? Bel orgueil que celui de Rebecca, incapable de tenir tête!
-Alors comme ça on n’ose se confronter à la putain du roi? Vous craignez pour votre réputation? Oh mais suis-je bête! Celle-ci n’est plus à faire!
Megan cru qu’elle avait touché au but, car Richmond se retourna enfin. Qu’elle vienne à elle, et s’il le fallait, ça serait son scalp brun qu’elle ramènerait.
-Vous voyez, les putains ont toujours la part belle...mademoiselle de Leeds et moi nous comprenons parfaitement, fit-elle d’une voix sarcastique qui lui correspondait si peu.
- Tiens à propos, comptez-vous échanger vos places ? Notre roi a toujours voulu la mettre dans son lit et il me semble que vous êtes venue juste après sur sa liste ... sans doute par dépit. J'ai voulu miser gros tout à l'heure sur l'échange de vos amants respectifs. Cependant, que Charles II obtienne la Leeds, c'est possible mais que Louis XIV puisse s’intéresser à vous …

Megan lâcha un petit sourire de dédain alors que l’autre roulait des yeux. Crétine. Idiote. Elle ne comprendrait jamais ce qu’elle avait cherché en provoquant son propre roi. Louis XIV? Il ne l’intéressait pas...Mais la vicieuse avait toutefois su remuer le coeur de l’écossaise. Elle savait qu’elle n’était qu’une passade aux yeux de Charles II...une parmi tant d’autres, une de passage, alors que la favorite était grosse...Mais dans son orgueil, elle avait toujours pensé avoir un statut particulier, car il avait fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui. Il lui avait concédé ce pourquoi elle s’était jeté dans ce jeu, quitte à en perdre son coeur.
Mais Rebecca ne savait rien de tout cela. Elle ne connaissait rien à l’accord passé entre le roi d’Angleterre et son espionne. Elle ignorait totalement ce qui avait été échangé, et ce qui le serait.
Mais pour ces insinuations, Rebecca prendrait cher de ses piques.
La mâchoire crispée, elle fixait sans broncher la jeune femme qui ne tarissait pas de propos acerbes, comme pour exciter cette colère sourde qui pourtant connaissait une accalmie.

-Tout n’est pas argent ou gloire, madame, répondit-elle sourdement. Que croyez-vous qu’un roi peut donner? Je ne suis pas de votre pâte, moi. Je suis une Campbell, j’obtiens toujours ce que je souhaite et soyez certaine que ce que le roi m’a offert dépasse tout ce que vous pouvez obtenir en enfermant un duc par le mariage.
Elle n’avait détourné les yeux de Rebecca qui s’approchait lentement d’elle. Qu’allait-elle faire? L’étrangler? La gifler? Elle se défendrait autant qu’elle pourrait, et dans le pire des cas, son arme était posée non loin.
-Oh et puis cette discussion me lasse, lâcha-t-elle soudainement, se redressant en croisant les bras. J’ai fort mieux à faire, alors quittez les lieux, allez rejoindre vos galants dans quelque bouge de Calais et revenez lorsque mes affaires seront terminées. Respectez la donne, honneur aux plus hauts gradés et sur ce point, vous n’irez jamais plus haut qu’un Campbell.

Elle pivota sur elle-même, tournant ostensiblement le dos à Rebecca, comme pour lui signifier son congé. Lui avoir tant parlé l’avait bien trop agacé et Scott ne tarderait pas à se pointer. Inutile qu’il y voit la Rosyth, elle ne voulait en aucun cas être mêlée à cette catin de luxe.
Bien mal lui en pris, car elle senti soudainement la poigne ferme de Rebecca se refermer sur son bras pour la retourner vers elle. Perdant l’équilibre, Megan tituba un instant, mais la gifle magistrale que lui envoya l’autre la fit vaciller vers la table qui la retint.

- Peut-être ainsi daignerez-vous me regarder en face ! Ça sera plus commode pour vous crever les yeux ! J'en rêve depuis longtemps.
-JE NE REGARDE PAS LES TRAITRES DANS LES YEUX, cria Megan d’une voix glaciale, avant d’attraper le bras de Rebecca et de lui rendre sa gifle! Comment osez-vous!
Dans des bras entremêlés, les deux femmes tentèrent alors de s’agripper, attrapant cheveux, cols et colliers, se tirant des mèches brunes et rousse, essayant de se griffer - s’il le fallait jusqu’au sang! - et de mettre l’autre à terre.

La bougresse se battait bien! Elle l’avait poussée sur la table, essayant de la maîtriser tant bien que mal, Megan ne lui laissant presque aucune chance de lui agripper les poignets.
-Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous! Vous n’êtes qu’une Rosyth! Cette....affaire...remontera jusqu’à la Chambre des Lords, jusqu’au roi lui-même, s’évertua-t-elle, essoufflée!
Elle parvint enfin à se dégager, maîtrisant pour un court moment les bras de Rebecca. Lui faisant face, échevelée, les joues rougies par l’effort, elle l’assassina du regard.
-Car vous n’ignorez pas qu’en étant dans les jupons de la duchesse de Wyatt, dans l’estime de votre mari et dans les draps d’un roi, il m’est si aisé de faire remonter votre conduite, cracha-t-elle, venimeuse, avant d’essuyer une nouvelle attaque de Richmond, qui la projeta par terre.

A quatre pattes, se relevant malgré ces maudites jupes, Megan regretta amèrement ses vêtements de cavalier, de Langlay ou de Dafoe. Les poings crispés, prêtes à en découdre à nouveau, elle ramena lestement une mèche rousse sur son crâne, avant de faire face à Rebecca.
-Vous serez belle, pour votre rendez-vous, trouva-t-elle la force de lâcher dans un regard acerbe.
Dans leur bataille, l’une comme l’autre semblait avoir oublié le pistolet laissé sur la cape de voyage de Megan. Mais l’écossaise l’avisa d’un coup d’oeil et avant que Rebecca ne se soit à nouveau jeté sur elle, elle parvint à la récupérer d’un mouvement brusque et voyant l’autre se rapprocher d’elle dangereusement, pointa le canon sous le nez de Rebecca.
-Un geste de plus et je n’hésiterai pas à....

-A faire quoi, Miss Campbell, la coupa une voix d’homme? Et que se passe-t-il donc, ici?! Mesdames!
Figée, Megan pivota soudainement vers l’homme qu’elle reconnu aussitôt et baissa le pistolet qu’elle jeta au loin sur sa cape. Godness!
-Oh...my lord, murmura-t-elle en s’inclinant prestement.

Et cette sorcière se trouvait encore là! La peste!


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Rebecca Stuart


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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime08.03.13 20:10

La nature écossaise et passionnée de Rebecca s'était depuis bien longtemps endormie, pour laisser place au côté très calculateur de sa personnalité. Mais tel un volcan qui s'éveille, la jeune Richmond à cette minute prouvait à quel point, le naturel revient au grand galop. Avoir giflé cette peste de Megan Campbell ne lui suffisait plus, elle voulait lui faire rentrer dans la gorge toutes ses insultes. A cet instant elle aurait été capable de la tuer. Comme un jour elle avait pu tuer son horrible tante, ce que la pimbêche ignorait d'ailleurs. Des images d'une violence terrible parcouraient l'esprit de l'épouse de Morgan, et rien que pour lui faire perdre ce sourire dédaigneux, elle lui aurait volontiers écrasé le visage contre les murs. Tant de haine et tant de rage contenues ne pouvaient laisser présager que le pire entre les deux compatriotes. Elles étaient très loin des salons et de la cour pour s'envoyer de piètres piques ... En outre, son ennemie aux vulgaires tâches de rousseur n'avait fait qu'amener Rebecca jusqu'aux limites de sa patience. Non seulement, elle la prenait de haut comme toujours mais en outre, elle avait osé insulter sa famille ! La duchesse de Richmond avait beau parfois renier sa mère qui ne la comprenait pas et ne cautionnait pas sa façon d'atteindre les sommets, mais cela les concernait toutes deux. L'autre sous prétexte d'avoir possédé un rang supérieur au sien par la naissance, l'avait écrasée quelques instants plus tôt de toute sa superbe. Superbe qu'elle n'allait pas tarder à perdre en plus de son scalp ...

" C’est la race des Campbell, que voulez-vous...mais vous ne pouvez pas comprendre, vous. Votre clan Oh! J’en ai même oublié le nom de votre clan tant celui-ci est insignifiant, des Lowlands aux Highlands! "

Rebecca avait fait éclater en guise de seule réponse, à cette réplique pourtant venimeuse, un rire fort moqueur. Elle s'était alors redressée de toute sa morgue.

- Vraiment ? Et c'est par notre insignifiance que nous les Rosyth avons mis un roi à genoux et l'avons livré à ses ennemis ? C'est aussi sans doute, parce que notre nom est insignifiant, que des grands noms nous ont fait le privilège de débarquer un jour dans notre château afin de le brûler ? Allons donc ma chère, que vous ont donc appris vos précieuses gouvernantes, pour que vous ignoriez le nom de celui qui a livré Charles Ier à Cromwell, au soir du 30 novembre 1648 ? Pensez-vous que l'on ait déterré post-mortem mon père pour le simple plaisir de le faire ? Notre race comme vous dites est de celles qui font trembler les trônes ! Que voulez-vous, nous ne sommes pas de celles qui se vautrent à la façon des courtisanes !

Fort heureusement, ce rappel historique et cynique ne fut pas entendu par le visiteur royal que toutes deux attendaient. Monmouth était le petit fils de Charles Ier que Rebecca évoquait si légèrement, contrairement à son père dont elle parlait presque avec fierté. Et pourtant elle était loin d'être fière de cette trahison et des agissements de son père qui les avait conduits tous à la ruine et même à la misère d'ailleurs. C'est à son père qu'elle devait ces moments où avait dû courber l'échine et chausser sa cousine comme une domestique. Quel manque de discernement il avait eu ce jour là, ce jour où tout s'était joué pour le roi Stuart en fuite, et où le comte de Rosyth avait cédé à ses compagnons ! Mais, elle n'allait pas permettre à cette pimbêche d'oser prétendre que son clan n'avait jamais eu son importance. D'ailleurs, elle n'allait rien lui permettre du tout en fait et cette gifle avait été plus que claire à ce sujet. Et même si l'autre venait de lui attraper le bras et de lui assener une gifle en retour, cela ne fit pas reculer le moins du monde Rebecca. Ce n'était pas son genre de partir comme un chien, la queue entre les jambes et de se confondre en excuses. Il aurait fallu pour qu'elle en arrive à un tel comportement, qu'il y ait eu une bourse bien garnie à la clef et encore ... Même de Megan Campbell, elle n'en aurait point voulu.

" Comment osez-vous! "
- Oser est la devise de ma famille et du clan que vous méprisez tant. Vous avez osé cracher votre venin jusqu'à n'en plus finir, alors je vais oser la même chose mais de façon plus directe !

Et sans plus attendre, elle lui cracha au visage tandis que l'autre avait désormais saisie dans sa poigne, sa chevelure d'ébène et la mettait à mal. Un collier de perles offert par un soupirant, vit son fermoir brisé et s'échappa de sa nuque. Il vola en éclats un peu plus loin. Rebecca pour cette fois ne reporta pas son attention sur ce bijou qui avait coûté une fortune. Elle était toute à son combat et la sauvageonne en elle reprenait vie. Griffures, morsures tout fut bon pour que l'autre la lâche de temps à autre. Elle la mordait même parfois jusqu'au sang, et puisque qu'elle n'arrivait pas à agripper ses poignets, c'est ses jambes qu'elle saisit. Ainsi si Megan l'avait bousculée violemment contre la table, Rebecca mettait à mal son équilibre afin de la faire chuter. Mais il faut bien dire ce qui est, Rebecca ne s'était pas attendue à une telle défense de la part de son ennemie jurée. L'autre avait de bons réflexes et cette bataille entre filles s'annonçait rude et ... très longue. Bientôt d'ailleurs, Rebecca comme un trophée eut dans sa main tout un pan de la robe de Megan. Elle en avait déchiré un bout et il n'était pas petit.

" Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous! Vous n’êtes qu’une Rosyth! Cette....affaire...remontera jusqu’à la Chambre des Lords, jusqu’au roi lui-même. "
- Mais faites donc ! Vous n'êtes bonne qu'à chouiner auprès de mon mari et du roi ! Je n'en attendais pas moins de vous !

Et le combat corporel se transforma donc en menaces d'une part et en totale indifférence d'autre part. Rebecca se moquait bien, à cette minute du moins, des répercussions à vrai dire. Et le regard assassin de l'autre ne changea pas grand chose à cet état de fait ...

" Car vous n’ignorez pas qu’en étant dans les jupons de la duchesse de Wyatt, dans l’estime de votre mari et dans les draps d’un roi, il m’est si aisé de faire remonter votre conduite. "
- Faites donc vous dis-je ! Hurlez la même sur tous les toits du palais, je vous en prie ! Mais n'oubliez pas qu'avec ça à mon doigt ...

Elle prit une seconde de répit, afin de bien lui montrer son alliance en signe de défi.

- Je suis toujours une Richmond, aux dernières nouvelles ! Je ne suis plus une Rosyth ! Ma conduite est liée à celle de mon mari, ne lui en déplaise et ne vous en déplaise ! Vous me traitez de putain mais je suis une putain mariée, en l'épousant j'ai adopté son nom. Ce qui m'éclabousse, l'éclaboussera lui ! C'est à vous de voir !

Et il y avait énormément de vrai dans cette répartie, Megan allait devoir y réfléchir par deux fois avant de tenter quelque chose. Mais réfléchir à cet instant, n'était apparemment pas leur priorité. Le combat des pestes venait de reprendre plus féroce que jamais, elles ne prenaient le temps que de respirer et encore entre deux coups.

" Vous serez belle, pour votre rendez-vous. "
- Il existe des hommes qui apprécient la crasse chez une femme, mais vous devez être au courant. Regardez Henri IV ! C'est parce que vous devez sentir souvent le fauve comme ce soir, que vous avez dû pouvoir vous glisser dans le lit de Charles II, son petit fils. Le goût pour la saleté doit être de famille !

Les insultes volaient autant que les gifles mais la bataille faillit bien prendre fin tragiquement, lorsque la Campbell par une pirouette atteignit son pistolet. Elle le braqua tout à coup vers Rebecca qui s'immobilisa par la force des choses.

" Un geste de plus et je n’hésiterai pas à.... "
-A faire quoi, Miss Campbell. Et que se passe-t-il donc, ici?! Mesdames!

Si la duchesse de Richmond s'apprêtait à lancer encore une pique très acerbe, elle dut ravaler son venin, lorsque leurs regards convergèrent vers la porte d'entrée. Le duc de Monmouth venait de faire son entrée. Rebecca se redressa aussi vite que Megan pivota, et tenta d'arranger sa coiffure et sa tenue. Elle était rouge de honte, pas seulement pour s'être donnée en spectacle mais aussi parce qu'elle n'avait pas réussi à faire sortir l'intruse de cette cabane. Elle s'inclina douleureusement devant l'altesse royale et demeura quelques secondes muette. Ce rendez-vous secret ne l'était déjà plus et l'échec était cuisant.

- Pardonnez moi votre Altesse, j'ai tenté à plusieurs reprises de faire sortir Miss Campbell, la dernière solution que j'avais trouvée était un rapport de forces mais j'avoue ne pas y être parvenue. Que faire devant une arme à feu braquée sur vous, et devant une attitude aussi lâche ?
- Assez duchesse ! Cela suffit !

L'ordre était incisif et ne souffrait pas que l'on y désobéisse. Rebecca baissa donc les yeux après avoir assassiné du regard, son ennemie.

- Je ne vous ai pas réunies toutes deux pour que vous vous entretuiez, mais que pour que vous unissiez vos forces !

La stupéfaction de Rebecca fut entière, tout autant que son incompréhension. Ainsi Megan Campbell n'était pas en ces lieux par hasard ? Qu'est ce que cela voulait dire ? Le fils illégitime du roi d'Angleterre s'était alors avancé d'elles, après avoir refermé la porte et les avait pointées du doigt.

- J'ai besoin de vous mesdames mais j'ai tout d'abord besoin que vous fassiez la paix, sinon vous ne me serviriez à rien et je préfère faire appel à d'autres personnes ! Des personnes davantage capables de se maîtriser ! Malgré toute l'amitié que je vous porte, lady of Richmond, je me dois de penser à ma cause d'abord ! J'attends de vous deux, mesdames, que vous vous entendiez et que vous cessiez ces comportements indignes de votre condition ! Vous n'êtes pas des chiffonnières ! Par Saint Georges !

Ce camouflet fut pire que toutes les gifles et coups de Megan et pourtant Dieu sait qu'ils n'avaient pas été tendres, mais à perdre la confiance de Monmouth, elle préférait encore être damnée en enfer. Pour lui, allait-elle accepter de serrer la main de la Campbell ? C'était l'un des pires sacrifices que l'on pouvait lui demander.

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Megan Campbell


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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime07.05.13 15:41

Courbée en n’osant se relever face à Monmouth, Megan fusilla Rebecca du regard. La garce, la vicieuse! Peut-être même avait-elle fait exprès de la suivre ce soir, afin de la prendre en défaut! La peste personnifiée pouvait dévoiler son statut d’espionne...L’échec serait plus que cuisant si Charles II la congédiait pour une telle erreur.
- Pardonnez moi votre Altesse, j'ai tenté à plusieurs reprises de faire sortir Miss Campbell, la dernière solution que j'avais trouvée était un rapport de forces mais j'avoue ne pas y être parvenue. Que faire devant une arme à feu braquée sur vous, et devant une attitude aussi lâche ?
- Assez duchesse ! Cela suffit !
-Des petites garces dans ton genre, ça pullule dans les tavernes et sûrement des plus compétentes, marmotta Megan dans un sourire mauvais en jetant un regard à Richmond. Voyant son adversaire baisser la yeux face au prince, Megan ne pu que relever le menton, échevelée, encore rouge et essoufflée, mais l’oeil fier.
- Je ne vous ai pas réunies toutes deux pour que vous vous entretuiez, mais que pour que vous unissiez vos forces !

Megan s’étouffa dans un rire nerveux qu’elle ne pu contenir qu’en se faisant assassiner du regard par James Scott. S’unir avec Rebecca?! Quelle folle idée! Saugrenue! Stupide! Inutile! Ah, on ne pouvait être fils de Charles II sans se permettre de telles affaires, et malgré tout le respect qu’elle devait à son rang - plus qu’à son sang - Megan ne mordit la langue pour ne pas à lui balancer quelques “Tu n’es pas le fils de producteurs d’artichauts, pour oser une telle gageure!”.
Ravalant son rire, elle baissa un moment les yeux, laissant le prince s’exprimer. Il s’était avancé vers elle, refermant la porte derrière lui et avait ôté son manteau, posé sur la table.
- J'ai besoin de vous mesdames mais j'ai tout d'abord besoin que vous fassiez la paix, sinon vous ne me serviriez à rien et je préfère faire appel à d'autres personnes ! Il jeta un nouveau regard noir au pistolet que tenait Megan, qui s’en débarrassa au plus vite sur une chaise. Des personnes davantage capables de se maîtriser ! Malgré toute l'amitié que je vous porte, lady of Richmond, je me dois de penser à ma cause d'abord ! J'attends de vous deux, mesdames, que vous vous entendiez et que vous cessiez ces comportements indignes de votre condition ! Vous n'êtes pas des chiffonnières ! Par Saint Georges !

Megan osa néanmoins ce qu’elle n’avait encore jamais fait: elle haussa les épaules dans un sourire goguenard qu’elle jeta à Rebecca. Elle s’aperçu rapidement que l’idiote avait une admiration pour Monmouth qu’elle-même ne possédait pas. En fils de son roi, elle lui obéissait et le respectait. En héritier possible, elle le préférait à un York, mais lui demander d’avoir pour lui l’admiration qu’elle portait au père était une erreur à ne pas faire. Aussi, se faire réprimander par Monmouth l’inquiétait guère...ses ordres venaient de bien plus haut!
-Mylord, commença-t-elle d’une voix déférente, je ne sais ce qui vous a poussé à me compter dans cette affaire, mais je...
-Le roi, miss Campbell. Je crois savoir que vous ne souhaiteriez pas lui déplaire, n’est-ce pas?

Megan sentit le rouge lui monter aux joues et serra les dents face au visage impassible mais ferme du duc. Elle baissa les yeux, comprenant alors que chaque ordre qui émanait de lui pouvait provenir du roi lui-même. Et plus encore, elle n’avait aucune envie de voir son petit secret révélé à Rebecca. Celle-ci pourrait penser ce qu’elle souhaitait concernant les derniers mots de Monmouth, sa réputation n’était de toute façon plus à faire à ce sujet!
-Serrez-vous la main, et oubliez un instant vos querelles de péronelles, mesdames!

Le visage sombre, Megan tourna la tête vers Rebecca. De profil, ainsi décoiffée, elle lui rappela un vif instant le portrait d’Albert II, qu’elle avait pu voir un jour chez les Wittelsbach. By jove! Ce même cou allongé vers un large menton! Cette bouche fuyante! Ce nez - seule chose regardable! - et ce regard brun, fixé vers l’avant, comme vide de toute intelligence! Sa coiffure devait jouer, car Megan voyait là comme un casque brun retomber en franges molle sur son front, recouvrant sa tête comme un drap. On aurait dit une mauvaise fourrure jetée-là sur son crâne rond. Elle ne pu se retenir de pouffer malgré la gravité de la situation, mais ces pensées-là ne se contrôlaient pas! Faire équipe avec Albert II? L’affaire pouvait être drôle, mais plus jamais elle ne verrait Rebecca de la même manière.
-Mylord, fit-elle en tournant la tête vers Monmouth. Avant que je ne trahisse mes principes en serrant la main de cette femme, vous pourrez rapporter ma fidélité à sa Majesté, car c’est bien pour elle que votre service devient mon devoir. Elle courba respectueusement la tête, tendant une main ferme à Richmond. Serrez donc, madame, écrasez mes doigts, je vous promets que vous ne deviendrez pas rousse, lança-t-elle sans voir l’exaspération du duc qui levait les yeux au ciel.

Les deux femmes se prirent brièvement la main, Megan lançant un regard sournois à sa compatriotes.
-Parfait, soupira le duc. Venons-en aux faitx. Il tira la chaise, s’asseyant en face des deux femmes.
Je sais que vos aspirations politiques ou religieuses ne vous portent pas à espérer voir un jour mon oncle sur le trône, commença-t-il sans ambage. J’ai donc besoin de vous pour une affaire qui devra rester confidentielle. Tout ce qui sera dit ici ne sortira de cette miteuse cabane.
Megan hocha gravement la tête, comprenant que l’heure n’était plus aux mauvaises plaisanteries sur Albert II.
-Mon oncle a le soutien mitigé du peuple. Avec la guerre qui s’annonce, les erreurs tactiques peuvent être aisées. Les trahisons également, ajouta-t-il en fixant Richmond puis Megan. Celle-ci fronça les sourcils, ne sachant exactement ce qu’il attendait d’elles.
-Une guerre est le moyen de faire chuter une personne du piédestal sur lequel elle se trouve, poursuivit-il sans pour autant cesser de tourner autour du pot.
Il se tut un moment, observant les deux femmes.
-Mylord, osa Megan d’une voix sincère.
-Quoi encore, Campbell?
-Que devons-nous faire pour vous, exactement ?
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MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime10.08.13 11:50

-Des petites garces dans ton genre, ça pullule dans les tavernes et sûrement des plus compétentes.
- Vous êtes un tas de merde dans un bas de soie, Campbell !

C'est tout ce qu'elle pouvait se permettre en présence du duc de Monmouth, marmonner entre ses dents, comme cette peste venait de le faire ! Ce rire nerveux face à leur déconfiture et au ton très sévère de l'altesse royale, elle le lui aurait coupé net dans la gorge, si elle avait pu. Oui elle l'aurait étranglée de ses propres mains. Elle n'avait jamais éprouvé aucun plaisir sadique à tuer certaines personnes gênant le maître de la Main de l'Ombre, au contraire c'était même pour elle une obligation, mais la Campbell, cela aurait été bien différent. Malheureusement, cette garce avait une chance de cocue, mais après tout n'était ce pas ce qu'elle était, cette favorite de pacotille, une cocue royale  tout autant qu'elle certes quoique ... Entre Morgan et son cousin, la bataille pouvait être rude ! Pourtant cet état de fait la mettait en joie, cette péronnelle ne retiendrait pas aussi longtemps le roi anglais qu'elle avait pu retenir son cousin dans les filets du mariage et ce malgré une potentielle annulation ! Megan se contentait des miettes, quelle imbécile ! Elle jeta à nouveau un regard méprisant à son ennemie puis reporta son attention vers leur interlocuteur, bien plus digne d'intérêt. Chassant une mèche folle de son visage, elle se redressa également avec fierté.  Elle se savait bien trop proche de l'épouse du duc pour lui avoir déplu en seulement quelques minutes, la colère du duc allait retomber. Il fallait se taire et attendre le redoux. Ce que la sotte se trouvant à ses côtés ne fit pas, un sourire carnassier s'afficha alors sur les lèvres de Rebecca.

-Mylord,  je ne sais ce qui vous a poussé à me compter dans cette affaire, mais je...
-Le roi, miss Campbell. Je crois savoir que vous ne souhaiteriez pas lui déplaire, n’est-ce pas?

Elle rougissait cette affreuse rousse pâlotte, oui elle rougissait. Voilà qui était bien plaisant à voir.  Elle en serrait même les dents, si seulement elle avait pu se mordre la langue dans le même élan et se la couper, elle aurait moins persifflé la vipère !

- Oui le roi, miss Campbell. Celui qui vous fait bien trop la grâce de ses faveurs, vous souvenez-vous ?
- Vous avez passé les bornes, duchesse !
- Altesse, je n'utilise les bornes que pour monter à cheval, vous ne l'ignorez pas.

Cette réplique lancée avec insolence mais également avec un ton mutin, le fit sourire légèrement. Le duc n'ignorait pas le penchant de son père pour le sexe faible après tout et ne l'appréciait-il pas justement pour ce franc parler qu'elle avait toujours eue en sa compagnie ? Elle était toute écossaise, et sa fierté, son culot lui plaisaient même à ses propres dépends parfois. Mais tout de même, elle feint une nouvelle soumission en baissant les yeux et la tête.

- Serrez-vous la main, et oubliez un instant vos querelles de péronelles, mesdames!

Ce n'était pas une querelle, il s'agissait d'une véritable guerre de femmes, tout comme celle que se livrèrent Blanche de Castille et Isabelle d'Angoûlême  au temps des Plantagenets. Si toutes deux  faisaient appel à leur clan pour arbitrer leur désaccord, cela pouvait s'achever  en crise en Ecosse. Les Campbell étaient presque tout puissants dans le pays, une famille très ancienne et Rebecca ne l'ignorait pas malheureusement ! Néanmoins les Rosyth, peut-être moins à craindre avant  le fatidique jour qui vit un de leurs pairs livrer un roi à son ennemi, pouvait leur donner du fil à retordre. Surtout depuis le remariage de sa mère avec un représentant imminent des Buchan, autre clan influent. Pourtant, puisqu'elle était justement femme, sournoise, menteuse et manipulatrice, elle savait parfois se plier comme le roseau pour mieux contrattaquer par la suite. Elle avait cédé à la colère il y a quelques minutes, mais elle savait que la réflexion et la patience seraient bien plus efficaces pour détruire cette pimbêche, le temps venu. La duchesse désira cracher sur cette main tendue, compresser toutes ses phalanges au point de lui en briser quelques os, mais serra finalement sa paume sans ne rien écraser.

- Serrez donc, madame, écrasez mes doigts, je vous promets que vous ne deviendrez pas rousse !
- Tuez-moi, je vous en supplie, mais la bouche fermée madame !

Elle ne supportait plus la voix détestable de la baronne. Pour quelques instants seulement, pouvait-elle tenir ses lèvres closes ?  Fort heureusement, après avoir levé les yeux au ciel à la pique ridicule de Megan, le duc de Monmouth prit place sur une chaise afin de leur expliquer leur mission.  Rebecca ne fixait plus son adversaire en jupons, sa concentration étant dirigée toute entière sur les propos du prince.

-Parfait. Venons-en aux faits. Je sais que vos aspirations politiques ou religieuses ne vous portent pas à espérer voir un jour mon oncle sur le trône.

Sans ne rien dire, Rebecca  acquiesça en hochant plusieurs fois la tête. Jacques d'York ne ferait en aucun cas un bon souverain, il n'en avait pas la carrure et l'avenir avec un tel monarque se révélerait bien sombre pour l'Angleterre. Sans doute tôt ou tard serait-il chassé du trône par le peuple lassé, mais si l'on pouvait éviter qu'il ne gravisse les marches de Westminster, autant tenter le tout pour le tout en effet.

-Mylord.  
-Quoi encore, Campbell?
-Que devons-nous faire pour vous, exactement ?


Le duc de Monmouth croisa jambes et bras et après avoir regardé en direction de la porte et des fenêtres par précaution, reprit :

- Ce que je voudrais est très simple. Représentez-vous un instant une lettre adressée à un ennemi, une quelconque négociation faite à l'insu de Sa Majesté, n'est ce pas là une  preuve suffisante de forfaiture ? De trahison ? Il suffit qu'un témoin de bonne foi, ne prenant part à aucune intrigue de la cour tombe par inadvertance sur ce document et le duc d'York est arrêté et écarté.

Rebecca  ne comprenait que trop bien où son royal ami voulait en venir.

- Et pour cette lettre doit-on contacter un faussaire de grand talent pour la rédiger ?

L'oeil du duc de Monmouth se mit à pétiller, face à cette question qui avait toutes les allures d'une affirmation. La duchesse sut qu'elle avait vu juste.

-  Non seulement le contacter, lui faire écrire ce courrier mais le placer dès que vous le pourrez, dans les appartements du duc afin que l'on y trouve parmi ses papiers. Vous ne serez pas trop de deux pour cette mission. Vous comprenez à présent pour quelle raison mesdames, vous devez rester soudées ... au moins pour un temps.

En effet, la mission ne se révélait pas aisée et Rebecca se rendait bien compte qu'elle ne pourrait jamais accomplir cette tâche seule. La peste ne serait pas de trop pour l'y aider. Après quelques instants de silence, où les pensées de la duchesse virevoltaient en tout sens, échafaudant déjà un début de stratagème, Rebecca répondit avec fierté :

- J'irai au bout de cette mission, altesse. Je mettrai tout en œuvre pour que le duc ne soit plus rien  avant la fin de cette guerre. Vous pouvez comptez sur ma loyauté et ma discrétion.

Le duc sans un mot se leva marquant ainsi le terme de cette conversation ou tout comme. Elle alla alors récupérer sa cape qui se trouvait toujours au sol, déchirée par endroits. Elle s'approcha vers Megan et même si sa vue lui était insupportable, planta son regard dans le sien.

- Restons en contact madame, vous pourrez faire parvenir vos courriers au 2 rue des cordeliers à Paris. Il s'agit d'un endroit sûr où nous sommes rattachées officiellement ni l'une ni l'autre pour plus de sûreté. Pourtant vos lettres me parviendront. Je vais m'efforcer de trouver ce faussaire prodige. Au revoir !

Le ton n'avait rien d'aimable, elles n'étaient qu'en affaires après tout et donc c'était ce ton qui était adopté. Un ton froid et dur. Avant de quitter cette cabane, elle s'inclina devant le duc.

- Si votre Altesse me permet d'aller dès maintenant veiller à ses intérêts ...
- Faites madame et au plaisir de vous revoir. Je vous conserve dans mon amitié et dans celle de ma femme.

Il n'en fallut pas plus pour Rebecca pour arborer un sourire triomphant et surtout ravi. A ce sentiment, elle tenait énormément. Elle se dirigea le cœur apaisé bien que le corps griffé et mordu, vers la porte et sortit dans le froid glacial de l'hiver. Elle laissait à l'intérieur le duc de Monmouth et Megan échangeaient quelques dernières paroles, pour ce soir elle ne subirait plus l'odieuse présence de sa compatriote.

Le vent lui fouetta ses joues meurtries par les gifles de la Campbell et sembla la laver de son contact, elle en fut bien aise. Toujours tenant la poignée après avoir refermée à la porte derrière elle, elle inspira profondément pour se donner le courage nécessaire d'affronter ce complot qui n'était pas moins un complot d'Etat. Seulement pour cette fois, elle n'était pas reléguée à une place bien secondaire, mais avait tout au contraire une place de premier plan, voilà qui la changerait de sa vie pour l'heure si peu trépidante au sein de la Main de l'Ombre.

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Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Empty
MessageSujet: Re: Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky}   Les vipères ayant sifflé tout l'été, ne se retrouvèrent pas fort dépourvues lorsque la bise fut venue {Meg & Becky} Icon_minitime03.12.13 23:06

Megan avait un moment oublié sa rivale écossaise. Dès que l'idée de complot fusait, dès que le mot d'intrigue paraissait dans la conversation, elle oubliait totalement ses ressentis personnels et s'apprêtait à se donner corps et âme dans la mission confiée; si celle-ci venait de la part de son roi, elle ne perdait alors aucune minute à réfléchir à sa probable implication: elle s'y jetait.
Elle observa le duc de Monmouth, non sans retenir un sourire lorsqu'elle jeta une oeillade discrète à Richmond. Cette anesse était aux pieds du bâtard, c'en était presque pathétique!
En voyant l'idiote, elle eu une pensée pour ces quelques vers du poète Rotrou qu'elle avait entendu peu de temps auparavant.
-À quelques heureuses fins, que tendent ses projets,
Jamais il ne fait bien au gré de ses sujets ;
Il passe pour cruel, s’il garde la justice,
S’il est doux, pour timide, et partisan du vice ;
S’il se porte à la guerre, il fait des malheureux ;
S’il entretient la paix, il n’est pas généreux.


-Que dites-vous, Miss Campbell, souleva Monmouth en se retournant vers elle avec un sourcil inquisiteur?
-Que le duc d'York serait bien cruel de ne pas être généreux, fit-elle brièvement en hochant la tête d'un signe de respect.
-Bon. Ce que je voudrais est très simple. Représentez-vous un instant une lettre adressée à un ennemi, une quelconque négociation faite à l'insu de Sa Majesté, n'est ce pas là une  preuve suffisante de forfaiture ? De trahison ? Il suffit qu'un témoin de bonne foi, ne prenant part à aucune intrigue de la cour tombe par inadvertance sur ce document et le duc d'York est arrêté et écarté.
Megan sourit au plan. L'affaire était absolument parfaite, et elle entrevoyait déjà la manière de procéder. Alors que l'autre parlait de faussaire, Megan songeait au terrain, à la façon de glisser cette lettre, ou à un tout autre moyen pour faire chuter celui qu'elle voulait éloigner du trône d'Angleterre.
- Et pour cette lettre doit-on contacter un faussaire de grand talent pour la rédiger ?
Megan leva les yeux au ciel devant la stupidité d'une telle question. Elles perdaient du temps!
-Je t'apprécie mais j'ai horreur de sentir ton souffle humide,marmonna-t-elle en jetant un regard moqueur à Rebecca.
- Non seulement le contacter, lui faire écrire ce courrier mais le placer dès que vous le pourrez, dans les appartements du duc afin que l'on y trouve parmi ses papiers. Vous ne serez pas trop de deux pour cette mission. Vous comprenez à présent pour quelle raison mesdames, vous devez rester soudées ... au moins pour un temps.
-Vous pouvez comptez sur mon dévouement, my Lord. Comme toujours.

Megan préféra ne pas en dire plus. Soit elle critiquait ouvertement Rebecca qui l'horripilait au plus haut point, soit elle dévoilait son véritable jeu. Et sur ce dernier point, elle refusait obstinément d'en livrer le moindre mot face à la vipère. En tant qu'espionne, elle avait appris à réfléchir rapidement aux différentes options qui s'ouvraient à elle, sans perdre de temps. Elle connaissait ses faiblesses, mais tout autant que ses forces, et cette facette incisive de sa personnalité l'aidait bien souvent. Elle détestait perdre du temps à des plans sournois, elle préférait se fier à son instinct, et sa petite expérience en la matière  lui donnait assez de confiance pour cette nouvelle mission.
Elle n'avait pas encore  totalement réalisé que cet acte pourrait briser la confiance que son roi avait placé en elle. Faire tomber York, c'était trahir un Stuart. Même catholique, elle s'était promis de retrouver la gloire de ses ancêtres, fidèles aux rois d'Ecosse.

-J'irai au bout de cette mission, altesse, pérorait déjà  Rebecca, l'oeil brillant. Je mettrai tout en œuvre pour que le duc ne soit plus rien  avant la fin de cette guerre. Vous pouvez comptez sur ma loyauté et ma discrétion.
Megan retint un rire mauvais. Comment cette courtisane attirée par le luxe et l'oisiveté pouvait-elle croire en ses capacités?! Trop de confiance pouvait gâcher un plan, il fallait qu'elle tire à elle la couverture la plus dangereuse.
-Si sa majesté le roi  m'a recommandé à vous, qui suis-je pour trahir son choix, my Lord, répondit Megan, qui préféra rester plus modeste que sa concurrente et étonnante alliée?
Elle suivi du regard la duchesse reprendre son manteau et écouta distraitement ses informations concernant le courrier. Avait-elle retenu une seule chose? Certes non, mais elle hocha la tête afin de la satisfaire.
-Chargez vous du faussaire, puisqu'il semble que cette spécialité vous soit connue, siffla-t-elle, madame. Je me chargerai de la suite.
- Si votre Altesse me permet d'aller dès maintenant veiller à ses intérêts, salua l'autre en s'inclinant devant le duc. Megan leva les yeux au ciel devant la duchesse et son idole. Elle aperçu sur le visage de sa rivale un sourire radieux faceà cette mission, et Megan s'amusa de voir combien l'action pouvait donner de plaisir aux inutiles.
Elle ne partir toutefois pas immédiatement à la suite de la duchesse et attendit quelques secondes qu'elle se fut éloignée.

-My Lord, commença-t-elle d'une voix plus grave, signifiant qu'il n'y avait là plus de jeu de femmes, vous connaissez ma position puisque votre choix s'est porté sur moi.
-En effet, miss Campbell, répondit Monmouth en se levant pour se préparer à sortir. Y-a-t-il un problème à ce niveau?
Elle sentit la voix légèrement condescendante du duc, mais habituée à plus désagréable, ne s'en formalisa pas.
-Sa Majesté me fait confiance pour lui rapporter les nouvelles de la cour de France, résuma-t-elle pour ne pas dévoiler sa réelle mission, cela serait pour elle une profonde déception que de connaître ma participation à un tel complot, que je soutiens pourtant.
-Soyez rassurée, miss Campbell, vos intérêts seront protégés.
-La duchesse de Richmond ne doit évidemment rien connaître de cela, my lord.
-Elle ne le sera pas, vous avez ma parole, baronne.

Rassurée sur son sort, Megan s'inclina respectueusement devant le duc, avant que celui-ci ne sorte à son tour. Restée seule, la tête remplie d'idées compliquées et irréalisables, Megan rendit sa tranquillité à la pièce dans un geste machinal, passa son pistolet sous sa première jupe, se glissa sous son épais manteau et quitta la bicoque en soufflant la bougie falotte.
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