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 On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]

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Elisabeth d'Alençon


Elisabeth d'Alençon

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: seul Dieu peut m'indiquer qui aimer
Côté Lit: Je me réserve pour mon futur époux, je ne suis pas de celles qui se donnent!
Discours royal:



When your faith is strong, you dont need a proof


Âge : 20
Titre : duchesse d'Alençon, abbesse de Remiremont
Missives : 414
Date d'inscription : 17/07/2012


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MessageSujet: On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]   On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi] Icon_minitime24.09.12 23:18

Depuis qu’elle avait décidé de sortir se promener dans les jardins cet après-midi-là, la duchesse d’Alençon ne cessait de se répéter que le froid et le gel était une œuvre du Seigneur comme les autres et qu’elle ne devait pas la fuir. En effet, le vent était mordant, le sol glissant mais elle devait bien reconnaître que tous ces petits cristaux de glace qui parsemaient les feuilles des buissons de l’allée centrale étaient pour le moins magnifique. En réalité, Elisabeth avait pour habitude de justifier ses mauvaises idées par une intervention divine quelconque : si elle pêchait par gourmandise, c’est que le Seigneur voulait, pour une raison connue de Lui seul qu’elle ingurgite toute cette nourriture. Si Dieu n’avait pas voulu qu’elle humilie les courtisans issus d’une basse condition, Il ne les aurait pas placés sur son chemin !

La vie de la duchesse se poursuivait donc sans culpabilité ni remise en question, et ce jour où elle avait décidé de sortir affronter le froid en ne se couvrant quasiment pas, elle était sûre de ne pas avoir commis d’erreur. Toute de bleue vêtue, Elisabeth tentait d’entrer en contact avec le Seigneur mais elle commençait à avoir vraiment trop froid : ses coudes et ses genoux étaient ankylosés, ses lèvres se fendaient petit à petit et chaque fois qu’elle essayait d’entamer une prière, de la buée sortait en cascade de sa bouche. Mais elle tenait bon : depuis l’enfance, elle était habituée aux souffrances physiques et s’en félicitait : voilà qui lui ouvrirait à coup sûr les portes du Paradis.


- Madame la duchesse, si on rentrait, souffla sa malheureuse suivante.

Elisabeth se retourna et la vit complètement transie de froid sous sa pelisse de lapin, cadeau de la duchesse douairière qui n’en pouvait plus de voir la dame de compagnie de sa fille dépendante de l’avarice de cette dernière.

- Allons Catheau, reprends-toi, rester dehors n’est pas aussi insupportable que ça, comment comptes-tu prendre soin de ton âme si tu renâcles sitôt que le Seigneur t’envoie une épreuve ? Il fait un temps idéal lorsque l’on a les sens trop échauffés.

Satisfaite de la leçon de vie qu’elle venait de donner à cette pauvre fille, Elisabeth reprit sa route. Elle aperçut au loin un courtisan qui lui fit signe. Elle répondit en inclinant la tête aussi arriva-t-il à sa rencontre.

- Et toi qui voulais t’en aller ! J’aurais eu l’air bien en me promenant seule avec un homme sans chaperon. Penses-tu parfois à ma réputation Catheau ? L’égoïsme est un péché ma fille !

La duchesse se retourna à temps pour ne pas voir le regard meurtrier que lui envoyait sa pauvre servante. Celle-ci se contenta de marmonner : « Pardon madame la duchesse » aussi fort que le permettait ses lèvres gelées.

Le courtisan qui venait à elles était le marquis de Rougé, un homme de plus petite noblesse certes mais tout à fait charmant et de bonne éducation. Et puis, il était suffisamment haut dans l’échelle sociale pour qu’elle accepte de lui faire la conversation. Lorsqu’il arriva face à elle, il la salua avec un respect du plus bel effet.


- Cher marquis, vous voilà donc dehors malgré ce froid !
- Oui madame la duchesse, un peu d’air frais est parfait pour les sens trop échauffés !
- Ah monsieur, vous m’ôtez les mots de la bouche !

Elle lança un regard à Catherine, après toutes ces années, comment cette petite suivante pouvait remettre en question son mode de vie ?

- Avez-vous passé d’agréables fêtes madame la duchesse ?

Elisabeth songea à la fête de Noël, trop festive et manquant de solennité, et à celle du Nouvel An, où elle avait crée l’alliance la plus improbable jamais conçue avec ce petit chevalier qui partageait la même horreur qu’elle vis-à-vis du Lorrain.

- Eh bien, elles furent surprenantes monsieur, à tout point de vue. Et les vôtres !

Dans la mesure où elle avait posé la question simplement par politesse, la duchesse ne s’attendait pas à ce que le marquis réponde. Elle se perdit donc dans ses pensées tandis qu’il répondait, racontant sa petite vie sans intérêt. Elle lui offrit un sourire poli mais légèrement ennuyé, cependant rien n’y fit : le marquis s’entêtait à vouloir la divertir avec ces balivernes. Réprimant un bâillement, Elisabeth commença à regarder autour d’elle, le fait de rester immobile lui donnait froid. C’est alors qu’elle aperçut plusieurs personnes venant d’une basse extraction.

- C’est alors que j’ai souhaité un merveilleux Noël à ma fam…
- Ça alors, cher marquis, interrompit la duchesse, mais que font donc ces gens à Versailles ? Espèrent-ils tromper quelqu’un ? Cela se voit sans mal qu’ils sont d’une vulgarité sans nom !

Elisabeth se tourna vers le courtisan : puisqu’il n’était pas divertissant, elle allait faire en sorte de l’amener sur une conversation bien plus intéressante : les gens qui lui étaient inférieurs !
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MessageSujet: Re: On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]   On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi] Icon_minitime26.09.12 22:23

« Juste une ! Encore une ! » qu'elle disait tout en piquant encore et encore quelques petites sucreries, ici et là. Elle avait un gouffre pour estomac. Un véritable gouffre, sans fin. Elle pouvait avaler un nombre incalculables de petits fours en tout genre, et de viennoiseries, sans jamais en avoir assez. Et sans même se demander quelle pouvait être l'origine de cette faim insatiable. … Bon, c'est parce qu'elle connaissait, en réalité, l'origine de cette faim, et qu'elle n'était autre que la gourmandise. Gourmande, très gourmande, trop gourmande... Ses appartements étaient constamment parsemés de nourritures. C'est à se demander si elle n'usait pas d'un maléfice pour arriver à garder sa taille de guêpe. Car, honnêtement, une personne de son gabarit devait manger la moitié de ses besoins journaliers.

Mais Mathilda n'était, de toute manière, pas comme Elisabeth. Elle en était très différente. En tous points, ou presque. Mathilda n'était pas issue d'une lignée aussi prodigieuse que celle de la duchesse, étant donné que sa mère n'était ni plus ni moins qu'une bourgeoise hollandaise. Elle n'était pas aussi avare non plus, au contraire. Elle pouvait distribuer généreusement de l'argent tout comme des gifles. Eh bien oui. La jeune femme était loin d'avoir un parfait contrôle sur elle-même, et son statut lui attirant par moments quelques moqueries... Il lui arriverait de réagir de manière plutôt violente. La dernière fois, le tout s'était terminé par un magistrale crêpage de chignons. Dont le vainqueur avait été notre Mathilda nationale. Elle avait même gardé une boucle d'oreille comme trophée de guerre.

En fin de compte, Mathilda et Elisabeth avaient bel et bien un point commun. Leur résistance physique. L'une comme l'autre pouvaient supporter le froid glaçant tout comme les chaleurs brûlantes. Et les coups, en ce qui concernait Mathilda. Elle avait pris l'habitude de se battre dès son plus jeune âge avec ses cousins, et avait grandi en étant plus entourée d'hommes que de femmes. Elle avait grimpé dans les arbres, avait chuté, s'était blessée, mais toujours relevée. Parce qu'elle ne pouvait pas fléchir. Au moindre soucis, son père risquait d'être au courant, et donc de lui interdire définitivement d'y retourner. Elle avait toujours tenté de garder ses petites escapades secrètes, et pour se faire, elle avait bien souvent du supporter la douleur en ne montrant aucun signe extérieur, afin de ne pas être découverte. Et puis, il y a aussi toujours eu l'envie de faire comme ses cousins. Qui, généralement, tentaient de ne rien montrer de leur douleur parce qu'ils étaient des « hommes ». Or, petite fille, elle les avait fréquemment pris comme modèles, et avait donc voulu faire pareil. Avec plus ou moins de succès.

Vêtue d'une rive aux tons beiges et légèrement roses, et assez légères, la jeune brune grimaçait par moments lorsque le vent venait parcourir la peau dénudée de son cou, avant de se ressaisir. Elle avait quotidiennement besoin d'une petite promenade solitaire. Le jour, ou le soir, qu'il vente, pleuve ou neige. Bon, en toute honnêteté, elle avait une petite préférence pour les escapades nocturnes à dos de cheval. Elle se sentait libre, puissante... Sauf qu'elle était de plus en plus épiée à Versailles, et par bon sens – oui, parce que contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle en avait du bon sens. du moins... un peu. - elle avait décidé de les écourter avant que son père en ait vent. Il exigeait d'avoir un compte-rendu de ses journées, de ses relations... Et autant dire qu'il lui était de plus en plus difficile de garder ses petits secrets... Eh bien, secrets, justement.

« Oh. Mais que faîtes-vous là ? Ce n'est pas un endroit pour un petit être de votre espèce. » A qui parlait-elle ? A un oiseau. Eh bien ? Pourquoi ces créatures ne mériteraient-elles pas qu'on leur fasse la conversation ? Ah. Solitude quand tu nous tiens. Mais oui, le cœur tendre de la jeune Mathilda avait faibli pour la pauvre petite bête, qui avait l'air frigorifié. Qui ne le serait pas par un froid pareil ? Bon, Elisabeth et Mathilda, peut-être. Mais l'animal n'avait pas l'air d'être aussi résistants que les demoiselles. Délicatement, la jeune femme le prit dans ses mains, les refermant sur lui doucement, avant de se mettre à souffler par une petite ouverture. Cela lui ferait un peu d'air chaud, et le réchaufferait donc par la même occasion. Si elle n'avait pas peur de contracter une maladie ? Eh bien... Mathilda n'était pas tant effrayée par ce genre de chose. Du moins... Elle n'était pas tant inquiétée par le fait de les contracter de cette manière. La manière qui l'inquiétait le plus était celle dont sa mère en avait contracté une. Manière qu'elle tentait d'éviter le plus possible, d'ailleurs.

Par contre, il y avait une personne qu'elle n'était pas arrivée à éviter. Elisabeth d'Alençon. Oh, ce n'est pas qu'elle la détestait... Si en fait. C'était un peu cela. Enfin, avant qu'elle ne puisse aller vers elle, elle fut rejointe par deux jeunes femmes. Deux jeunes femmes très sympathiques, et aussi adorables qu'elle pouvait l'être. Elle n'était pas issue d'une haute noblesse... Elles étaient même encore pires que Mathilda, puisque la jeune germanique avait son père pour rehausser la barre. Tout sourire, elle échangea quelques mots avec elle, pensant alors être définitivement débarrasser de la jeune noble lorsque... « […] Cela se voit sans mal qu’ils sont d’une vulgarité sans nom ! » Il s'agissait là de tout ce qu'elle avait entendu de la conversation. Qui était donc d'une vulgarité sans nom ? Mathilda. Et ses amies. Evident. Elles étaient visées. Et voilà pourquoi Mathilda l'appréciait peu. Parce qu'elle la visait tout le temps. Et qu'elle visait par la même occasion son entourage. « De qui parlez-vous donc, très chère ? Si je puis me permettre, je ne vois personne d'une vulgarité sans nom dans les parages. » laissa-t-elle échappée, après avoir relâché le jeune oisillon qu'elle avait gardé si longtemps dans les mains. Il avait l'air d'être assez en forme désormais pour voler de nouveau de ses propres ailes. Bref, la jeune comtesse fit quelques pas en avant, et reprit la parole. « Oh. Pardonnez-moi. J'en ai oublié de vous saluer. » dit-elle tout en leur adressant à tous deux un petit signe de tête, plus par politesse que par envie.
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Elisabeth d'Alençon


Elisabeth d'Alençon

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MessageSujet: Re: On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]   On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi] Icon_minitime09.10.12 3:29

Pendant un cours instant, Elisabeth en resta sans voix ! Venait-elle réellement d’entendre cette petite folle lui parler de la sorte ? Elle regarda un instant l’effrontée : il s’agissait de la jeune Mathilda, fille naturelle de l’archevêque de Cologne, un étranger quelconque qu’elle n’avait pas la moindre envie de connaître. Elle ne savait qu’une chose : la jeune femme qui osait l’affronter du regard n’était rien de plus qu’une enfant du péché. Comment osait-elle seulement poser les yeux sur elle : cousine, nièce et petite-fille de monarque. La duchesse sut qu’elle ne s’était pas trompée à propos de ces personnes : elles étaient vulgaires, mesquines et bien trop impudentes à son goût. Elle ne pouvait pas laisser passer ce quasi crime de lèse-majesté !

- Mademoiselle, dit-elle de son ton le plus hautain afin de la remettre à sa place, ne vous a-t-on jamais appris que l’Etiquette exige que je sois la première à vous adresser la parole ? Sans compter que l’on ne rentre pas une conversation sans y avoir été invitée. On fait peut-être ainsi en Allemagne mais ici, Dieu merci, nous sommes en France, et la grossièreté n’est pas tolérée, en particulier devant la cousine de monseigneur le roi !

Dans son dos, Catheau poussa un grognement comme à chaque fois qu’elle trouvait que sa maitresse en faisait trop. Pourtant Elisabeth trouvait qu’il était de son devoir d’instruire cette vulgaire petite bâtarde, des usages à la Cour de France. Puisqu’elle avait décidé de se mêler aux grands de ce monde, Dieu lui pardonne, qu’au moins elle se comporte correctement et apprenne à rester à sa place. Mais tout de même, la duchesse devait reconnaître une chose : elle avait le sens de la mise en scène lorsqu’il s’agissait de conclure ses insolences : elle avait lâché un oisillon blanc qu’elle tenait entre ses mains – Dieu seul savait ce qu’il faisait là – puis avait dit le plus naturellement du monde :

- Oh. Pardonnez-moi. J'en ai oublié de vous saluer.

Il y avait quelque chose de sauvage dans le sans-gêne de la jeune fille que la duchesse se promit de mâter au plus vite.

- Nous nous en passerons mademoiselle ! Marquis…

Elle offrit son bras au jeune homme qui le prit avec un empressement propre à sa nature de chien domestique qui ne pouvait survivre sans un maître. Ils tournèrent les talons mais Elisabeth ruminait : il fallait calmer cette enfant au plus vite, qu’elle comprenne qu’elle lui devait le plus grand respect !

- Oh madame la duchesse, commença le marquis de son ton le plus sirupeux, comment a-t-elle osé ? Vous, qui faites partie des Grands de cette Cour, que dis-je ? De ce monde !
- Certes monsieur le marquis, cette jeune demoiselle a grand besoin d’une leçon !

Elisabeth lui aurait bien crié ses quatre vérités mais voilà : cédant à son impulsivité naturelle et elle aurait l’air d’être la plus sotte du monde si elle était retournée faire savoir le fond de sa pensée à la jeune fille. Elle ne pouvait lui rendre son insolence sans abandonner pour cela sa dignité.

- Madame la duchesse, continua le marquis, je suis mortifié à l’idée que vous ayez pu souffrir cette jeune écervelée et sachez que je ferai n’importe quoi pour vous rendre votre honneur !
- N’importe quoi ? Vraiment ?

Elisabeth regarda son compagnon de promenade plus attentivement : il était sans le moindre doute servile, malléable et totalement dépourvu de la moindre dignité. En deux mots : il convenait parfaitement à la situation.

- Eh bien monsieur le marquis, réjouissez-vous, vous allez m’être utile dans cette délicate situation !
- Oh madame la duchesse, rien ne saurait me causer plus de plaisir que cet insigne honneur que vous me faites, rien, sachez-le !
- Bien !

Cette dernière réplique avait peut-être été envoyée avec un petit peu plus d’impatience que nécessaire, mais le marquis ressemblait de plus en plus à un petit épagneul qui quémande l’amour de son maître et, du coup, il commençait sérieusement à user sa patience.

- Savez-vous qu’il s’agit là de la bâtarde d’un homme d’église allemand !
- Oh Seigneur, et dire qu’elle a osé vous adresser la parole madame la duchesse ! J’en suis tout…
- Passons !

Elisabeth commençait à perdre son calme légendaire et à sérieusement envisager de bannir le marquis de la Cour. Elle ne détestait pas que l’on rende hommage à sa position à la Cour mais de là à le faire de façon aussi outrancière, elle n’était pas assez vaniteuse pour ne pas sentir toute l’hypocrisie que cela cachait. Et le fait qu’on puisse lui dire qu’on l’admirait tout en ne faisant que se servir d’elle lui hérissait le poil.

- Eh bien, monsieur le marquis, j’aimerais que vous retourniez auprès de cette demoiselle et que vous la remettiez sévèrement à sa place ! Dites-lui qu’une pécheresse par la naissance ne peut pas tout se permettre et certainement pas de s’adresser de la sorte à une dame vertueuse. Dites-lui également que si cela devait se reproduire, je ne l’épargnerai pas et qu’elle ne devrait pas commettre l’erreur de me sous-estimer !

Elisabeth observa le visage pâle du marquis qui était passé du teint de porcelaine au verdâtre. Elle ne pouvait pas retourner formuler sa menace à la jeune demoiselle sans y laisser son honneur mais si quelqu’un d’autre lui faisait passer le message, ainsi elle saurait que la duchesse avait beaucoup d’alliés à la Cour et qu’elle ne devrait pas tenter de tenir des propos contre elle dans l’enceinte de Versailles.

- Bien madame la duchesse, glapit le marquis.

Elisabeth se mit à imaginer comment elle lui ferait entendre raison : peut-être que si le marquis avait d’autres hommes autour d’elle, ce serait parfait. Ou peut-être pas. La jeune allemande avait l’air parfaitement insolente, il faudrait faire les choses en grand afin de l’impressionner. D’un seul coup, la duchesse se demanda si elle n’en faisait pas trop, après tout, il ne s’agissait que d’une simple jeune fille, pourvue d’un simple titre de courtoisie. Certes, elle lui avait manqué de respect ce matin, mais avec une attitude pareille, elle se ferait bannir sans mal de la Cour. Il n’était peut-être pas utile d’en faire autant.

Toute à sa rêverie, elle n’avait pas remarqué que Rougé était déjà partit à la rencontre de la jeune femme.


- Mais enfin monsieur, pas maintenant ! C'est ridicule d'y aller maintenant!

Trop tard, il était déjà trop loin pour qu’elle puisse le rappeler sans avoir l’air ridicule ! Il allait falloir assumer ce mauvais allié. Elle s’approcha discrètement afin d’entendre et de voir sans être vue.

«"Seigneur, je vous en prie, Faites en sorte que cet imbécile ne m'embarasse pas! "

Rougé était arrivé auprès de l’impudente :

- Sachez mademoiselle que votre attitude était d’une grossièreté sans nom. Madame la duchesse était contrariée que vous lui manquiez à ce point de respect ! On ne s’adresse pas de cette façon à quelqu’un d’aussi honorable !

Le jeune marquis bombait le torse tel un enfant racontant sa première promenade dans les bois, s’exprimait d’une petite voix haut perchée parfaitement irritante et semblait assez satisfait de lui-même. Elisabeth en était navrée pour lui.

- Madame la duchesse ne donnera pas suite à cette histoire mais si cela devait se reproduire, elle devra sévir.

Elisabeth ne put s’empêcher de fermer les yeux en fronçant les sourcils. Pas de doute, Dieu lui envoyait une épreuve ce matin!


- Et, sachez également mademoiselle qu’avec des origines aussi viles que les vôtres – après tout votre mère n’était jamais qu’une catin – on évite de se faire remarquer et on reste à sa place !

La duchesse rouvrit les yeux. Bon, c’était déjà moins mauvais comme réplique. Comment allait réagir Mathilda ?


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MessageSujet: Re: On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]   On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi] Icon_minitime02.01.13 19:57

Mathilda était insolente. Ce n'était pas faux. La jeune allemande était insolente, tête-brûlée... Elle ne portait que peu d'attention aux conséquences de ses actes, et agissait comme elle en avait envie. Pour le plus grand malheur de son père. Du moins, lorsqu'il en était mis au courant. C'est que généralement, elle s'arrangeait pour qu'il n'en sache rien. Sauf que, il arrive par moments que les choses deviennent ingérables, incontrôlables, bien trop énormes... Et ce n'est que là que de La Bavière le père est contraint d'agir, et parfois de « camoufler » les mauvais agissements de sa fille. M'enfin... Elle n'agissait pas spécialement mal. Elle agissait tout simplement au gré de ses envies. Elle n'aimait pas l'hypocrisie. Être superficielle ne l'intéressait pas. Quite à en assumer les conséquences, elle préférait et de loin être naturelle. Être elle-même. Et puis, à y regarder de plus près, il s'agissait là de sa vie, et non de celle des autres. Par conséquent, leur avis importait très peu. Du moins son père y accordait peut-être de l'importance mais ce n'était pas le cas pour elle. Encore heureux, sinon la petite brunette aurait sûrement fini par mettre fin à ses jours et cela depuis des lustres. « Fille de catin. » ou encore « Telle mère, telle fille. Elle doit en collectionner, des amants. » voilà ce qu'on dit de la douce et belle Mathilda. Jalousie, rancune... Rancune parfois causée par sa mère, il y a de cela des années, et dont elle était la cible puisque la défunte n'était plus de ce monde. Les femmes peuvent s'avérer cruelles et viles. Elles l'étaient envers Mathilda. Mais elle ne leur portait aucune importance. Ce qu'elles pouvaient dire ne lui faisait ni chaud, ni froid. Tout comme ce que pouvait penser la duchesse d'elle.

« Mademoiselle, » dit-elle de son ton le plus hautain afin de la remettre à sa place, « Ne vous a-t-on jamais appris que l’Etiquette exige que je sois la première à vous adresser la parole ? Sans compter que l’on ne rentre pas une conversation sans y avoir été invitée. On fait peut-être ainsi en Allemagne mais ici, Dieu merci, nous sommes en France, et la grossièreté n’est pas tolérée, en particulier devant la cousine de monseigneur le roi ! » La jeune Mathilda ne faisait aucun effort. Elle montrait clairement son désintérêt pour tout le blabla qu'elle était en train de débiter face à elle. Elle n'avait jamais aimé ce genre de discours de toute manière. M'enfin. Allons, si elle désirait tant être une donneuse de leçons, eh bien qu'elle le fasse ! Mathilda ne l'en empêcherait pas, mais ne l'écouterait pas pour autant. L'Etiquette... Elle n'en avait que faire de l'Etiquette. L'Etiquette exige-t-elle aussi qu'on s'en prenne aux gens en se basant sur de simples préjugés ? Ou des rumeurs ? Eh bien non. Mathilda aurait peut-être respecté l'Etiquette si la jeune duchesse l'avait tout simplement respectée, elle, ainsi que ses quelques amies qui l'entouraient. L'allemande se contenta d'afficher un petit sourire en coin tout le long de ce « monologue », sans rien lui répondre.

Heureusement pour la jeune Mathilda, la duchesse finit par rebrousser chemin, en compagnie de son toutou de la journée. Aussitôt qu'ils s'éloignèrent, la brunette laissa échapper un petit rire, amusée, en donnant quelques petits coups de coudes aux jeunes femmes qui l'accompagnaient. « Oh, cessez donc de vous en faire ! Que peut-elle nous faire en réalité ? Pas grand chose ! Ou alors... Au pie des cas... » Elle plaça sa main sur sa gorge, en faisant mine de s'étouffer. « Couic. » Devant le regard effaré de ses compagnes, son rire redoubla alors qu'elle secouait la tête. « Et l'on me dit naïve. Vous l'êtes encore plus que moi ! Elle ne peut rien nous fa-... » Sauf qu'elle n'eut pas l'occasion de poursuivre sa petite discussion que le toutou à sa maman vint y prendre part. N'avait-il donc rien retenu du discours de la duchesse ? Comme quoi, il ne fallait pas s'inviter dans les conversations.

« Sachez mademoiselle que votre attitude était d’une grossièreté sans nom. Madame la duchesse était contrariée que vous lui manquiez à ce point de respect ! On ne s’adresse pas de cette façon à quelqu’un d’aussi honorable ! » Bon. Là, tout de même, ce petit manège commençait à sérieusement l'agacer. Pourquoi la duchesse n'était-elle donc pas venue lui arracher elle-même la tête, si son comportement lui avait été si insupportable ? Mathilda se tourna vers le jeune homme, et le fusilla du regard. Elle n'avait jamais été dotée d'une très grande patience. Elle allait craquer d'une minute à l'autre. « Madame la duchesse ne donnera pas suite à cette histoire mais si cela devait se reproduire, elle devra sévir. » Qu'elle m'arrache donc la tête. Je n'attends que cela. Voilà ce qu'en pensait la jeune femme, de ses menaces. Elle ne le prenait pas au sérieux. Encore moins que la duchesse.

« Et, sachez également mademoiselle qu’avec des origines aussi viles que les vôtres – après tout votre mère n’était jamais qu’une catin – on évite de se faire remarquer et on reste à sa place ! » … Il venait de parler de sa mère. Et... Cela ne passerait pas avec la jeune Mathilda. Depuis son plus jeune âge, l'allemande porte un très grand respect et beaucoup d'admiration à sa génitrice, qu'elle aime bien plus que son père et que tout autre membre de sa famille bien qu'elle n'aie passé que quelques années en sa compagnie. Elle ne supportait pas que l'on puisse la traiter de catin... Parce qu'elle n'en était devenue une qu'à cause de son père. Et d'elle. Il fallait bien qu'elle élève sa fille. Elle souhaitait la meilleure éducation pour Mathilda. Alors elle s'était engagée sur cette voie-là, qui lui permettait de gagner énormément et d'offrir à sa gamine tout ce dont elle avait besoin, et bien plus encore. « Je vous interdis de parler de ma mère de la sorte ! Vous n'avez donc aucun respect pour la mémoire des morts ? Comment un hypocrite irrespectueux tel que vous ose me faire la morale ? » La parole fut accompagnée par un geste. Elle leva son pied pour le poser sur le sien. Et le lui écraser. Violente ? Oh, il avait de la chance, elle avait déjà arrachée la boucle d'oreille d'une fille, et un bout de peau avec. C'est qu'il ne fallait pas la provoquer, la petite Mathilda. « Mes origines sont peut-être « viles » à vos yeux... Mais, au moins, j'ai le mérite de ne pas me rabaisser plus bas que terre et de ne pas ramper aux pieds des plus grands pour le prestige. Ha. D'ailleurs. Le prestige. Quel prestige y a-t-il à se faire remarquer de la sorte ? Je préfère, et de loin, me faire remarquer pour ce que je sois. Aussi vile que suis-je. Aussi insolente et irrespectueuse que suis-je. Que me faire remarquer en jouant un rôle, tel que vous. Déguerpissez maintenant, avant que je ne m'énerve vraiment. » Mathilda ne plaisantait plus. Il avait touché un point sensible. … Et c'est cette duchesse qui l'avait envoyé. Elle devait être bien contente de la voir dans un tel état.
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Elisabeth songea que le froid environnant devait être un signe du Seigneur pour l’inciter à ne pas sortir ce matin, une histoire parfaitement pénible l’attendait à l’extérieur des murs. Et voilà qu’elle avait ignoré un signe divin. Elle présenta mentalement ses excuses au Seigneur – plusieurs fois – et décida d’assumer pleinement les conséquences de son acte. Ainsi la duchesse d’Alençon se retrouvait dehors, grelottante dans sa pelisse qui se laissait petit à petit imprégner par l’humidité ambiante, à observer une scène plus que pénible. Et dire qu’avant ce matin, Elisabeth avait apprécié la présence du marquis de Rougé dans son entourage. Elle ne l’avait certes pas estimé, n’allons pas jusque-là, mais au moins elle le trouvait d’agréable compagnie, un peu trop servile peut-être mais après tout, n’était-elle pas la descendante du bon roi Henri ? Bon elle était forcée d’admettre qu’il en faisait souvent un petit peu trop, allant jusqu’à l’agacer même. Et il avait eu recours à ces pratiques pas plus tard que quelques minutes plus tôt. Néanmoins, il restait un homme né dans une bonne famille et reconnaissait sans broncher la supériorité de son rang. Ce fait était suffisamment rare à la Cour pour qu’elle y prête attention. Mais en voyant sa réaction ce matin, elle le trouvait encore plus idiot que ce qu’elle avait d’abord cru. Pourquoi un aussi grand défenseur de sa cause devait-il être aussi fat ? Si elle n’avait craint les foudres divines, Elisabeth se serait bien laissé envahir par un sentiment de pure injustice. Certes, elle voulait qu’il lave son honneur mais pas de la sorte, il s’y était pris vraiment n’importe comment ! Et il l’avait impliquée dans sa sotte entreprise en la nommant et en suggérant que l’idée venait d’elle. La dernière phrase avait eu beau être plus à propos que le reste de son discours, elle manquait néanmoins cruellement de finesse. Non, décidément, elle n’aimait plus le marquis.

- Catheau, chuchota-t-elle à sa pauvre suivante transformée en glaçon, je ne veux plus jamais voir cet homme dans mes appartements ! Sa compagnie m’insupporte désormais !

Si la duchesse avait été un petit peu plus attentive, elle aurait pu voir un sourire se dessiner sur les lèvres bleuies de Catheau. Elle en avait plus qu’assez de ces gens que sa maitresse se forçait à apprécier pour la seule et unique raison qu’ils correspondaient aux critères qu’elle s’était fixée. Aussi les appartements de la duchesse d’Alençon étaient-ils régulièrement visiter par des gens de qualité mais la suivante ne pouvait s’empêcher de songer que la qualité en question était celle de leur arbre généalogique et non pas celle de leur esprit.

Pendant que la suivante savourait ce moment, Elisabeth continuait d’observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle se demandait quelle serait la réaction de la jeune fille : indignation ? tristesse ? caprice enfantin ? Elisabeth ne doutait pas un seul instant du fait que la jeune allemande se rendrait ridicule car, une fois qu’on admettait le fait que le discours du marquis tombait comme un cheveu dans la soupe, elle n’avait certainement pas l’éducation pour contrer efficacement les remarques de Rougé. D’ailleurs, tandis qu’elle écoutait le discours de bout en bout, les yeux de la jeune allemande avaient commencé à envoyer quelques éclairs.


- Je vous interdis de parler de ma mère de la sorte ! Vous n'avez donc aucun respect pour la mémoire des morts ? Comment un hypocrite irrespectueux tel que vous ose me faire la morale ?

Elisabeth ne put s’empêcher de soulever un sourcil. Tout cela manquait de style, c’était indéniable, mais sur le fond, elle soulevait un point important : il fallait honorer les morts. Sa mort avait beau n’être qu’une catin, étant donné qu’elle était morte, on ne pouvait plus le dire à voix haute. Mais l’insulte au marquis, cela, Elisabeth ne pouvait pas cautionné. Elle ne pouvait cautionner non plus ce qui suivit : la jeune allemande écrasa violemment le pied du courtisan qui poussa un cri suraigu qui n’avait rien ni de digne ni de réellement masculin. Voilà bien des manières de sauvageonne, même une fille de cuisine n’aurait osé se comporter de la sorte en public. Non pas qu’Elisabeth fréquente les filles de cuisine ou ait la moindre idée de quoi était faite leur vie mais cela faisait partie des affirmations sorties de nulle part qu’elle défendait bec et ongles, sûre d’être dans le vrai.

- Mes origines sont peut-être « viles » à vos yeux... Mais, au moins, j'ai le mérite de ne pas me rabaisser plus bas que terre et de ne pas ramper aux pieds des plus grands pour le prestige. Ha. D'ailleurs. Le prestige. Quel prestige y a-t-il à se faire remarquer de la sorte ? Je préfère, et de loin, me faire remarquer pour ce que je suis. Aussi vile que suis-je. Aussi insolente et irrespectueuse que suis-je. Que me faire remarquer en jouant un rôle, tel que vous. Déguerpissez maintenant, avant que je ne m'énerve vraiment.

Non, décidément cette petite manquait d’éducation. Mais Elisabeth ne put s’empêcher de remarquer l’éclair de fierté qui animait ses yeux malgré le fait qu’un voile assombrissait son regard. Voilà un évènement qui dépassait totalement la duchesse : dans sa situation – bâtarde notoire née d’une femme de basse extraction de surcroit – comment pouvait-on même envisager d’être fière ? A sa place – que Dieu la préserve d’y être un jour – Elisabeth se serait cachée dans une petite propriété où elle aurait mené une vie presque monacale dans la plus grande discrétion. Alors d’où lui venait cet orgueil ? C’est alors que la réponse sauta aux yeux d’Elisabeth : la demoiselle de Cologne ne possédait que ça, ça et un titre de courtoisie, rien d’autre. Elisabeth sourit en la voyant, s’accrochant à sa fierté, face au marquis qui s’était assis pour masser son pied endolori. Il fallait reconnaître qu’il avait l’air misérable.

- Madame la duchesse, qui est l’une de mes amies intimes, n’en restera pas là, mademoiselle ! Soyez assurée qu’il y aura des conséquences et qu’elles seront lourdes pour vous, reprit le marquis.

Elisabeth abandonna là ses réflexions et avant qu’elle ne comprenne ce qu’il lui arrive, s’avança vers eux.

- Vraiment, monsieur le marquis ? Puis-je savoir au nom de quoi je volerai à votre secours ?

Un nuage de vapeur s’échappa de sa bouche et sa voix devenue rauque à cause du froid était plus sèche qu’à l’ordinaire.

- Ainsi, non seulement vous me désobéissez lorsque je vous demande de laisser cette jeune demoiselle tranquille mais en plus vous associez mon nom à votre entreprise ! Et vous vous dites mon ami intime ? N’avez-vous pas honte ?
- Mais, madame la duchesse…, balbutia le pauvre marquis, complètement perdu.
- Taisez-vous ! Pour l’heure, vous avez dit assez de sottises comme cela ! Veuillez vous en aller ainsi que mademoiselle de Cologne vous l’a demandé ! Et à l’avenir, je me dispenserai de votre petite compagnie, monsieur !

En regardant s’en aller le pauvre homme, Elisabeth chassa ses derniers scrupules. Certes, elle avait désavoué publiquement un courtisan qui lui était fidèle afin de sauver l’honneur d’une simple bâtarde. Mais lorsqu’elle avait marché sur le pied du marquis, la jeune fille avait rappelé un lointain souvenir à la duchesse :

Elle était très très jeune et venait d’arriver à Remiremont. Sœur Marie-Cécile avait entrepris de l’éduquer correctement, qu’elle cesse ses caprices et renonce à sa vanité. Ainsi deviendrait-elle une abbesse honorable. Mais Elisabeth avait toujours été si gâtée qu’elle avait mit beaucoup de temps à accepter son nouveau style de vie. Et un jour qu’une nonne excédée parce qu’elle ne voulait pas se tenir à table auprès de ses petites camarades, jugées d’une trop pauvre naissance à son goût, lui avait dit que sa mère n’avait sûrement pas assez de volonté pour tenir un démon pareil, la petite Elisabeth lui avait marché sur le pied en lui assurant que son père la ferait jeter en prison pour avoir parler ainsi de la duchesse d’Orléans. Les conséquences avaient été terribles pour Elisabeth, punie pour la première fois de sa vie.

La jeune duchesse avait oublié à quel point elle avait pu être intenable dans sa toute petite enfance. Sans sœur Marie-Cécile, elle ne serait pas la jeune femme digne et honorable qu’elle était aujourd’hui. La petite demoiselle de Cologne n’avait pas eu cette chance. On l’avait envoyé à Versailles mais elle était si jeune, il n’y avait personne qui se soit occupée correctement de son éducation. Oh sa pauvre mère avait dû faire ce qu’elle pouvait – que Dieu ait l’âme de cette pauvre pêcheresse- mais n’étant elle-même qu’une femme de pauvre qualité, comment pouvait-elle faire quelque chose pour sa fille ? Un projet germait dans l’esprit d’Elisabeth, un projet né de son impulsivité aussi coutumière qu’inavouée.



- Mademoiselle, veuillez croire que jamais je ne vous aurai envoyé le marquis pour vous rabrouer de la sorte, surtout en public. Cela n'est pas digne de mon rang! L’altercation de ce matin n’était qu’un malheureux malentendu et sachez qu’en ce qui me concerne, tout cela est oublié !

La jeune duchesse sourit, plus satisfaite que jamais : voilà plusieurs mois qu’elle se disait que faire preuve de charité simplement en donnant de l’argent n’était peut-être pas si exemplaire que cela. Elle voulait marquer les esprits par sa générosité. À titre d’exemple bien sûr. Afin que tous l’imitent autour d’elle. Ce n’était que pour accomplir le dessein du Seigneur. Elle interdisait à quiconque, elle la première, de penser que c’était pour sa gloire personnelle. Sauver une église ou un monument était certes un acte de bonté mais avec la jeune allemande, elle allait sauver une âme. Elle ferait de ce petit diable une jeune dame parfaitement éduquée dont la réputation ne serait plus jamais entachée. Tout cela malgré une naissance scandaleuse ! Oui, Elisabeth était persuadée que Dieu lui envoyait une tâche dont elle pourrait se montrer à la hauteur. N’était-elle pas Sa plus fidèle servante à la Cour ? C’était décidé, elle prendrait donc la jeune femme sous son aile et l’aiderait à venir à bout de son insolence.

- Allons, allons ! N’y pensons plus ! Laissez-moi le plaisir de vous offrir une collation dans mes appartements, ils sont douillets et correctement chauffés. Je viens d’avoir une charmante idée dont il faut absolument que je vous fasse part.

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On peut parfois cacher les plus beaux joyaux dans les écrins les plus viles [Eli-Mathi]
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