Eleonor d'Alte ~ Rebelle timide ou timide rebelle ?

Eleonor d'Alte

(Malese Jow)

« Je me marierai le jour où l'on dérobera mon cœur à la Liberté... »

► Eleonor a tout juste 17 ans ; elle fait souvent des petites moues enfantines, et prend beaucoup de libertés face à l'étiquette, aussi on lui donne souvent moins, à son grand embarras.
► Elle est la fille du vicomte d'Alte, aujourd'hui décédé.
► Son père était italien, mais sa mère, française de naissance, l'a ramenée à Paris il y a quelques mois.
► Malgré le jeune âge d'Eleonor, sa mère, la vicomtesse d'Alte, lui cherche un mari. Mais pour l'instant, la jeune fille se dérobe à tous ses prétendants.
► Catholique très pratiquante, comme beaucoup de jeunes filles italiennes de bonne famille.
► Elle ne sait rien de son orientation sexuelle, mais, sans vraiment s'en rendre compte, elle a déjà éprouvé de l'amour saphique envers l'une de ses suivantes... Mais cela n'a été qu'une relation platonique. Quant aux hommes, elle se sent mal à l'aise en leur présence mais il ne la dégoûtent pas non plus. Une bisexuelle refoulée peut-être ? Bien qu'elle soit sûrement mariée avant de s'en rendre compte.

♕ PROTOCOLE ♕

► VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?

Eleonor est arrivée à Versailles il y a peu de temps. Elle a été très impressionnée par le faste des fêtes et la beauté des jardins. Mais en tant que vicomtesses, elle et sa mère n'ont le droit qu'à une petite chambre. Cependant, au grand désespoir de la jeune fille, elles sont obligées d'assister à tous les "grands" évènements de la journée. Le protocole et l'étiquette insupportent Eleonor, qui, malgré sa bonne éducation, a toujours eu la fâcheuse manie de n'en faire qu'à sa tête. Elle s'échappe souvent dans le parc mais prend garde aux mauvaises rencontres. Malgré sa timidité, elle s'est déjà liée d'amitié avec de nombreuses servantes qui couvrent ses petites escapades. Cependant, malgré l'ambiance parfois pesante et oppressante du palais, le fait qu'il soit loin du bruyant Paris lui plaît beaucoup. Quant au spectacle de tous ces courtisans, emmêlés dans leurs petits complots, il la fascine particulièrement...
Elle n'attend rien de Versailles et craint par-dessus tout que sa mère finisse par lui trouver un époux. Il y a bien trop d'hommes à son goût à Versailles !

► COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?

En vérité, Eleonor a mis plusieurs semaines avant que les rumeurs concernant le complot contre le Roi lui viennent aux oreilles. Elle ne sait pas trop quoi en penser, et ne sait pas si elle doit prendre aux sérieux les racontars des cuisinières et des servantes. Mais à force de se cacher derrière les haies à chaque fois que quelqu'un approche dans les jardins, elle a surpris - contre son gré - beaucoup d'étranges conversations... Sans jamais rien entendre de très important, elle se doute que les espions pullulent à Versailles... et compte bien rester hors de leur chemin !

► COLOMBE OU VIPÈRE ?

Plutôt colombe. Blanche colombe même. Malheureusement, Eleonor, en tant que petite italienne provinciale n'a jamais pris l'habitude de colporter des ragots et son caractère ne la pousse pas à le faire. Cependant, elle en a beaucoup entendu depuis son arrivée et n'échappe à la fièvre de Versailles concernant les nouveaux scandales qui se déroule à la Cour...

► DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?

Eleonor a fait beaucoup d'équitation et elle aime monter depuis toute petite. Malheureusement, avec tous les rendez-vous que lui organise sa mère, elle n'en a plus beaucoup le temps et on refuse qu'elle monte à califourchon comme autrefois... A la place, elle se consacre beaucoup à sa seconde passion, le violon. Aussi douce qu'emportée, aussi timide que rebelle, cet instrument lui convient à merveille. Elle aime aussi écrire mais sa maladresse est sans pareille lorsqu'elle danse ou tente de chanter un petit air.
Son unique envie du moment est de trouver un moyen d'échapper à sa mère, enragée par ses caprices, et par la même occasion, rester invisible aux yeux des autres. Si cela était possible et réaliste, elle aimerait que tous les hommes de Versailles disparaissent et avoir les jardins à son entière disposition pour pouvoir s'y promener en paix !

♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕

► Juliette
► 16 ans
► Aléatoire, je ne serai pas souvent là en semaine et pendant les vacances.
► Longue vie au Roi
► En cherchant
► Nop ^^

Naissance

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La naissance d'un être humain n'est jamais facile. Et au XVIIème siècle, les choses étaient loin d'être simples. Eleonor naquit près de Milan, le 19 janvier 1649.
Cet évènement, aussi futile soit-il aux yeux de certains, fut considéré par la famille comme un vrai miracle. Auparavant, sa mère n’avait jamais réussi à enfanter ; elle enchaînait les fausses couches et la famille désespérait d’avoir un jour un héritier. Aussi, la naissance d’Eleonor fut marquée par une joie immense, tout comme par une grande déception. Une fille ne pourrait sans doute pas conserver le nom de la famille et son sang devrait être mêlé pour donner une descendance à cette famille, dont le rang de noblesse était, certes, peu élevé, mais dont la fierté n’avait pas d’égal. Ils avaient une réputation à tenir. On disait des vicomtes d’Alte qu’ils avaient la carrure et la prestance des plus grands ducs d’Italie. Leurs talents de cavaliers avaient même dépassé les frontières de l’Italie.

Contrairement à la majorité des nobles, il leur arrivait de « travailler », ou plutôt de mettre à profit leurs talents pour donner des représentations ; les nobles italiens se bousculaient pour y assister, fantasmant sur le panache et l’intrépidité des vicomtes, qu’eux, disciples de l’hédonisme, avaient perdu depuis longtemps. C’est donc dans cette famille à la petite noblesse mais à la grande renommée que naquit la jeune vicomtesse. On dit que son père pleura de joie à sa naissance, mais que sa mère, déçue d’avoir une fille, oppressée par l’atmosphère familiale, fit montre, au début, de beaucoup moins d’enthousiasme.

***

« Aliénor, reprenez cette enfant enfin… »
« Je suis fatiguée, Luciano, laissez-moi. »

Un grand homme brun au visage bruni par le Soleil, était penché sur une jeune et jolie femme au teint d’albâtre, si blonde que l’on aurait presque dit que ses cheveux étaient blancs. Elle était à demi étendue sur un grand lit, le poignet posé sur son front, l’air las et les yeux dans le vague. Elle contemplait avec un mélange de curiosité et d’appréhension le petit paquet que son mari tenait entre ses bras. Malgré son attitude, étrange de la part d’une jeune mère, elle semblait en proie à un conflit intérieur. Et son mari, loin d’être idiot, s’en rendit vite compte.

« Aliénor, peu importe si cette enfant n’est pas le garçon que vous espériez. C’est votre fille, et la mienne. » Il prit un air taquin et vint frôler son oreille droite avec ses lèvres en susurrant « Elle deviendra sans doute aussi belle que vous… et je suis certain qu’elle saura, à sa façon, faire en sorte que cette famille reste dans les mémoires. »

Un maigre sourire flotta sur les lèvres de l’épouse. Elle était sensible à la flatterie, surtout quand celle-ci venait des hommes. Un véritable sourire se forma sur ses lèvres roses et délicates lorsque son mari lui embrassa la joue, et, par la même occasion, il en profita pour mettre le petit tas de couvertures dans les bras de sa femme. Celle-ci se redressa, reprit un air un peu distant et, d’un air hésitant, raffermit sa prise sur le paquet. Elle souleva le drap qui entourait l’enfant et contempla le visage rose qui en dépassait. Un duvet brun recouvrait le crâne du nourrisson qui ouvrit ses grands yeux clairs et les posa sur sa mère. Cette dernière soupira, passant délicatement sa main fine sur la joue de la petite fille, et murmura :

« Espérons que tu ne décevras personne… Eleonor. »
« Elle saura faire ses preuves auprès de vous, ma mie. »
« Nous verrons Luciano, nous verrons… »

Petite Enfance

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Eleonor grandit donc dans le petit château des vicomtes d’Alte. Enfant choyée, elle était parfois capricieuse, et plutôt désobéissante : on disait de son père qu’il la gâtait beaucoup trop. Mais la sévérité dont faisait preuve sa mère modérait son caractère rebelle, et elle apprit finalement à se soumettre à l’autorité parentale. La petite vicomtesse, cependant, restait intrépide, un peu garçon manqué parfois. Elle préférait largement courir dans les prairies plutôt que de passer des heures à étudier les bonnes manières avec sa mère. Elle passait également énormément de temps sur son poney et en compagnie des palefreniers. Elle fréquentait les enfants des domestiques plus que ses propres cousins, qu’elle jugeait ennuyeux. Et elle ne se privait pas de se disputer avec eux. Malheureusement, l’une de ces disputes ne resta pas sans conséquence…

***

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? »
Une jolie petite brunette, les mains sur les hanches, les yeux jetant des éclairs, se tenait fièrement devant un jeune adolescent, d’une petite douzaine d’années. L’air goguenard du blondinet et de ses acolytes, qui ricanaient derrière lui, semblait rendre la petite fille furieuse.

« Répète si tu l’oses ! Répète pour voir, Fabrizio ! »
« J’ai dit, ma chère cousine, que les femmes étaient tout juste bonnes à faire des enfants. Et j’ai dit aussi que votre mère était une incapable parce qu’elle aurait du s’abstenir, quand on voit le résult… »

Un poing partit vivement. Un nez craqua et du sang se répandit sur le pavé couleur marbre. Puis, l’adolescent se mit à hurler comme un goret qu’on égorge. Une domestique fit irruption dans la petite cour et se mit à crier aussi fort que le gamin. Comprenant vite ce qu’il s’était passé, elle réprima un juron dans sa barbe, attrapa la petite vicomtesse par la main et la tira jusque chez sa mère.

La discussion qui suivit devait marquer un tournant important dans la vie d’Eleonor…

Aliénor d’Alte

Eleonor, j’espère que vous vous rendez bien compte que ce n’est pas un comportement digne d’une vicomtesse.

Eleonor

Mais…

Aliénor d’Alte

Il n’y a pas de mais. Votre cousin a raison, même s’il aurait pu exprimer son opinion différemment. Le devoir d’une femme est de se marier, procréer et de se comporter dignement. Non pas, de se battre avec ses propres cousins et de se comporter comme un garçon des rues ! J’aurai sans doute vous le faire comprendre un peu plus clairement. Vous êtes une femme, Eleonor. Une petite femme, certes, vous n'avez que huit ans pour l’instant, mais il est grand temps que nous prenions en charge votre éducation.

Eleonor

Que voulez-vous dire Maman ?

Aliénor d’Alte

A partir de maintenant, vous aurez plus d’heures d’études avec votre précepteur et moi-même. Ça vous empêchera de battre la campagne et d’aller traîner avec tous ces chenapans, qui ont apparemment une détestable influence sur vous. De plus, je crois que je vais demander à votre père d’engager une suivante Il est grand temps que vous ayez quelqu’un pour vous surveiller et s’occuper correctement de vous. A présent, sortez.

Vous vous en doutez, cette décision n'était pas du tout au goût d'Eleonor, habituée jusqu'ici à faire ce qui lui plaisait. Lorsqu'on lui présenta sa jeune servante, Angela, qui venait d'avoir quinze ans, elle l'accueillit avec méfiance. Pendant quelques temps, elle essaya d'échapper à sa surveillance. Mais c'était peine perdue. Non seulement Angela était assez maligne pour déjouer les tours de la petite, mais en plus, elle était d'une douceur et d'une gentillesse exemplaire à son égard. Très vite, Eleonor tomba sous le charme de sa "baby-sitter" et ne la quitta plus. Cela la poussa à s'assagir et elle devint beaucoup moins rebelle et beaucoup plus attentive pendant les cours. Au grand bonheur de sa mère.