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 Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques

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MessageSujet: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime31.03.12 16:52





Anne


de Gallerande




(Diane Kruger)


Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques 289756IMAGE

« L'ambition est comme un torrent et ne regarde pas derrière soi. »

    ► 32 ans
    ► Marquise de Gallerande
    ►Française
    ► Veuve
    ► Catholique
    ► Hétérosexuelle



♕ PROTOCOLE ♕
VERSAILLES : PARADIS OU ENFER ?

« Madame.
-Oui, Lena ?
-Que pensez-vous de Versailles ?

Je pense manquer terriblement d’originalité en disant que Versailles est un lieu fascinant. On aime, on s’y sent attiré, on déteste, on admire ce lieu. Le palais et sa cour provoquent des sentiments contraires. Heureusement, je vis à Paris, et vient donc présenter mes honneurs à la famille royale lorsque je le désire. Je ne sais pas si j’aimerai y vivre mais, peut-être que si l’on me le proposait, je ne refuserais pas. La beauté du lieu me déciderait définitivement. Les jardins sont extraordinaires, et les fontaines font briller les yeux de tous. Il suffit que le soleil fasse son apparition pour que Versailles ressemble au Paradis. Je me promène souvent dans les jardins, même l’hiver. Ce qui me plait, surtout, ce sont les conversations que l’on peut y entendre. On se croit seul, on parle, et d’autres écoutent. J’y apprends une multitude de petits secrets que l’on se promet de garder. Moi, je ne promets rien, puisque je perçois la conversation. Versailles est un lieu où les langues de vipères s’y donnent à cœur joie. Le palais est quant à lui incroyable. L’or partout. Les miroirs qui vous révèlent à vous-même. Les grandes pièces et le mobilier luxueux. J’ai toujours rêvé d’y être, peut-être parce que mes parents avaient ce rêve pour moi. Toujours est-il que je suis fière aujourd’hui de participer à l’histoire de ce palais, et que j’y suis grâce à moi seule.


COMPLOT : VÉRITÉ OU FANTASME PUR ?

«« On dit que le roi est menacé. Qu’en pensez-vous ?

Je ne sais pas qui transmet ces informations, mais après tout, tout le monde doit plus ou moins s’en douter. J’ai vécu la Fronde. Je sais donc que des personnes peuvent s’en prendre à la famille royale. Alors au roi plus particulièrement, oui, je pense qu’on peut s’en prendre à lui. Le pouvoir fait des envieux. Qui n’aurait pas envie d’avoir Versailles, Paris, d’avoir la France et ses armées ? Qui n’en rêve pas ? Nous rêvons tous de pouvoir. Il y a seulement des personnes qui ne veulent pas l’avouer. Si l’on me donnait le pouvoir sur un plateau, je ne le repousserais pas. Versailles est un lieu magnifique, mais il y a plus de coins sombres qu’on ne le croie. On ne sait pas ce qui se dit dans les messes basses. Mais après tout, mon avis importe peu. Et je ne peux rien faire pour le roi, si ce n’est de le laisser régler ces affaires lui-même. Je ne pense pas pouvoir lui être d’une aide précieuse.


COLOMBE OU VIPÈRE ?

« Vous vous diriez plutôt colombe ou vipère ?

Tu me fais rire, Lena, avec tes questions. Mais soit, je vais y répondre. Tu me suis partout, ou presque, Lena. Tu devrais pouvoir répondre à cette question pour moi. Je dirai donc que je suis vipère. Inutile de mentir, si quelque chose peut servir mes intérêts, je n’hésite pas. Alors colporter des ragots pour en tirer profit, je le ferai bien volontiers. Je n’ai pas beaucoup d’amis à la cour. De vrais amis, je veux dire. Je n’ai donc aucun scrupule. S’il faut égratigner quelqu’un, je le fais. S’il faut détruire la réputation d’un autre, je le fais aussi. C’est comme ça, ici. Je ne fais que me plier aux règles. Tu l’apprendras bien assez tôt, Lena.



DES LOISIRS, DES ENVIES A CONFIER ?

Prendre en main l’éducation de Lena de Laval. Mécénat. Poisons : fabrication et commerce. Faire tomber les soupçons et les doutes : en se servant des autres, si possible. L’art. Promenade. Séduction. Salons. Fêtes. Rumeurs. Amants : de préférence jeunes. Théâtre. Profiter de la vie.

♕ HOP, RÉVÉRENCE ! ♕
► Colette
► 57 ans
► Après Les Feux de l'Amour
► Longue vie au roi
► Ma petite fille me l'a montré
► Pas de suggestion, enfin je crois



Dernière édition par Anne de Gallerande le 09.04.12 19:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime01.04.12 10:22

Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques 379906CHATEAUPRESENTATION
BIOGRAPHIE

VERSAILLAISE

_________________________________________________

« Ma chère fille,
Je ne peux m’empêcher de trembler en écrivant ces mots, car, oui, tu es ma fille. Te voir chaque jour me ramène à cette année où j’ai rencontré ton père. Mais je te parle comme si tu étais une simple jeune fille à mon service. Je dois te considérer comme n’importe quelle autre jeune fille. Cela me coûte beaucoup. Lorsque je te vois avec ton grand sourire, je n’ai qu’une envie : te prendre dans mes bras. Je pensais que t’avoir comme dame de compagnie m’aiderait, et j’attendais ce moment comme une bénédiction. Mais je ne me doutais pas à quel point ce serait difficile. Je n’ai qu’une envie : te crier que tu es ma fille. Et le silence à chaque instant prend le dessus. Je me tais pour te préserver, nous préserver. Pour comprendre pourquoi je ne peux te parler aujourd’hui, il faut que je te raconte tout depuis le début. C’est l’occasion pour moi de replonger dans ce qui fut ma vie. C’est l’occasion de comprendre enfin pourquoi j’en suis là, aujourd’hui… »

1644, Château Saint-Etienne, Aurillac

C’était le printemps, et il faisait chaud. J’avais réussi à échapper à ma gouvernante et j’avais couru, jupons relevés, vers mes frères qui s’entrainaient. Ils se battaient avec des épées, et les regarder dans leurs combats me plaisait beaucoup. J’avais alors 10 ans, et mes frères avaient 15 et 16 ans. J’étais la petite dernière, mais surtout, j’étais la seule fille. Notre avenir était tout tracé. Assise à même le sol, la tête sur les genoux, je suivais des yeux les coups d’épées avec admiration. Je n’étais qu’une enfant.

« Anne ! Où êtes-vous ?
-J’arrive, Madeleine ! je savais très bien que je n’avais pas le droit de rejoindre mes frères. Une fille ne devait pas s’intéresser aux armes et aux choses qui concernaient les hommes. Il était inconcevable qu’une jeune fille s’assoie par terre. Lorsque ma gouvernante me voyait, elle me qualifiait de paysanne.
-Où étiez-vous ? Encore en train de regarder vos frères ? Combien de fois vais-je devoir vous dire de ne pas vous assoir par terre. Regardez vos jupons, ils sont plein de poussières. Ha mademoiselle, que vais-je faire de vous ? Je voyais son regard désolé et désespéré. Dans ces moments-là, je voulais lui dire de ne pas se préoccuper de mon avenir, mais je savais très bien que ma gouvernante irait le dire à ma mère. Et je craignais plus que tout ma mère.
-Pardonnez-moi, Madeleine. Je n’irai plus les voir.
-Vous me le dîtes à chaque fois, Anne.
-Cette fois, c’est vrai. Je vous le promets. »

A dix ans, je devais quitter le monde de l’enfance pour rejoindre celui des adultes. Je n’avais que très peu de temps de loisirs. Le matin, j’apprenais à lire le latin et le français avec ma gouvernante. Je l’appelle ma gouvernante mais Madeleine était bien plus que cela. Elle était une amie de ma mère, et celle-ci lui avait demandé de s’occuper de l’éducation de la benjamine que j’étais. En contrepartie, Madeleine, qui était veuve et sans ressource, vivait dans une partie de notre château avec ses enfants. Elle avait été une excellente jeune fille à marier. Eduquée, de bonne société et agréable à regarder, elle avait eu plusieurs admirateurs. Ses parents lui avaient choisi l’un des plus riches d’entre eux. Cependant, quelques années après leurs noces, ce mari avait mis en jeu sa fortune et avait tout perdu. Il était mort d’une manière tragique. Un soir, après avoir bu bien plus qu’il n’en faut, il s’était battu avec des vauriens qui l’avaient assassiné avant de s’enfuir. C’est ainsi que Madeleine se retrouva sans le sou, et avec deux enfants à nourrir. Parfois, j’aurais préféré qu’elle se préoccupe un peu plus de sa progéniture plutôt que de me courir après à longueur de journées. Mais elle était payée pour me gâcher mon enfance, pas pour surveiller ses propres enfants. Elle me transmettait ainsi son éducation et ses connaissances. Lors du repas de midi, j’étais attentivement observée par ma mère et Madeleine. Tu sais sans doute que ce n’étaient pas là des habitudes partagées par toutes les grandes familles. Mais souviens-toi, Lena, mon père était un petit baron. Ainsi mes moindres faits et gestes étaient analysés par les deux observatrices. Je devais parfaitement me tenir à table, sinon j’étais sévèrement punie. O crois-moi, je l’ai souvent été, punie. Si bien que j’eu très vite peur du repas de midi que je vivais comme un terrible moment. Que de souvenirs me reviennent, liés à ces instants partagés avec ma mère, bien tristes instants en réalité. Ma journée ne faisait alors que commencer. Après le repas, en guise de digestion, j’apprenais les langues étrangères. Puis j’avais des cours de maintien et de danse. Ma journée se poursuivait avec des leçons d’Histoire et l’apprentissage des noms des grandes familles de France. La noblesse ne devait pas avoir de secret pour moi. Enfin, j’apprenais le solfège et jouait de divers instruments, dont le piano et la harpe. Voilà mon enfance, Lena. Pourquoi une fille d’un petit baron eut-elle une telle éducation, te demandes-tu sûrement. Je te disais plus haut que pour mes frères et moi, notre avenir était déjà tracé. Naturellement, les garçons pouvaient montrer leurs exploits au combat et espérer une place privilégiée dans les armées du roi ou dans tout ce qui concerne la défense de la personne royale et du pays. Pardonne-moi mon imprécision, je ne suis qu’une femme, après tout. Mon sort posait un peu plus problème. Qui voudrait épouser une fille d’un obscur baron, hormis quelqu’un du même rang ? Or, mon père ne voulait pas promettre ma main à un baron. Non, il espérait beaucoup plus. Ses espérances étaient telles que ma seule beauté ne pouvait suffire. C’est pourquoi j’ai subi une telle éducation, c’est pourquoi j’ai appris des choses qui ne m’intéressaient guère mais que j’apprenais parce que c’était mon devoir. Tu vois, Lena, à dix ans environ, je pensais déjà à mes devoirs. Tu comprends alors à quel point mes parents m’ont inculqué ce sens du devoir dès l’enfance. J’espère que tu as eu une vraie enfance, ces moments d’insouciance où l’on ne pense à rien d’autre qu’à ses rêves. Lena, si tu avais grandi à mes côtés, je t’aurais laissé ton enfance, je t’aurais laissé tes rêves. Pour rien au monde je n’aurais enlevé les étoiles qui brillaient dans tes yeux. Mes parents ont retiré ces étoiles de mes yeux, une à une, sans culpabilité. Ma dot n’était pas exceptionnelle, mon père ne pouvait se permettre de donner beaucoup d’argent à un éventuel époux. Je devais alors compenser par une éducation stricte et rigoureuse. Mon père espérait me voir à la Cour de France, rien de moins. Dès mon plus jeune âge je su ses desseins. Lorsque nous rencontrions des amis de la famille ou des cousins, je regardais les jeunes garçons non comme des compagnons de jeux, mais comme d’éventuels prétendants. Entrainée à être calculatrice, je pensais déjà à mes intérêts et non pas à mes envies. Ainsi se passa mon enfance…

« Je crois n’avoir jamais connu l’amour de ma mère. Je me demande souvent si elle m’a un jour tenue dans ses bras lorsque j’étais un bébé. J’ai toujours eu l’impression de n’être qu’une poupée à façonner pour arriver au bout de ses ambitions. Oui, c’est ce que j’étais, une poupée. Ma mère n’a jamais pris en compte mes sentiments ni mes envies. Que mon père ne m’aime pas pour ce que j’étais mais pour ce qu’il voulait que je sois, cela ne m’étonnait guère. Mais j’ai toujours cru que les mères étaient plus proches de leurs enfants, d’autant plus de leurs filles. C’est une question que je me poserai toute ma vie, je crois. Ma mère m’a-t-elle aimée un jour ? M’a-t-elle aimée ne serait-ce qu’une minute, une seconde ? Je ne le saurai jamais. Je pense aujourd’hui que la relation qui unit une mère à ses enfants prédestine leur vie. J’ai eu une relation plutôt chaotique avec ma mère, et aujourd’hui j’en paie les conséquences. Je me demande aussi si elle en souffrait ou non… »



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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime01.04.12 14:42

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1648

Château St Etienne, Aurillac

_________________________________________________

« Madeleine, pourquoi père semble si contrarié lorsqu’il me voit ? »
J’avais respiré un grand coup avant de poser cette question à ma gouvernante. Je ne me sentais pas particulièrement proche d’elle, pas assez en tout cas pour lui confier mes angoisses. J’avais remarqué que mon père ne me regardait plus qu’avec un regard désespéré. Cela me faisait très peur. J’avais quatorze ans et prenais conscience du problème auquel je devrais faire face : une petite fortune et un rang peu élevé ne me mèneraient pas très loin. Ainsi ma mère et ma gouvernante redoublaient de sévérité quant à mon éducation. Les réprimandes pleuvaient et je finissais souvent mes soirées en larmes, allongée sur mon lit, l’oreiller dans mes bras. Pour rien au monde je ne voudrais vivre à nouveau cette période. J’entends encore les cris de ma mère lorsque je posais par mégarde un coude sur la table, ou lorsque le livre tombait par terre au lieu de tenir sur ma tête. Je devenais femme, et les détails intimes devenaient affaires familiales. Ma gouvernante me mesurait la poitrine chaque jour. Je ne devais avoir aucun secret pour mes parents. C’est pourquoi j’avais été obligée d’avouer que le jeune palefrenier m’avait embrassée alors que je venais voir ma jument. Certes, je ne l’avais guère repoussé puisqu’il me plaisait. Je savais évidemment que ce ne serait qu’un jeu. Mais la fille de ma gouvernante, jalouse de l’intérêt que sa mère me portait, nous avait vu et l’avait dit à sa mère. Le palefrenier fut jeté hors du château. Je ne le vis plus jamais. Heureusement, mon père était absent à ce moment, et ma mère ne le lui dit jamais. On prétexta une maladie obscure pour justifier l’absence du palefrenier. Mon père était souvent absent. Au début, je ne savais pas pourquoi il partait des semaines entières, ni où il allait. Puis je perçus des bribes de conversations, j’analysais des regards. Je compris que ces absences me concernaient. Je devais apprendre plus tard que mon père rendait visite à des cousines pour leur parler de moi. Son regard désespéré lorsqu’il me voyait était la conséquence des divers refus qu’il devait essuyer quand il voulait me placer chez quelque marquise ou duchesse. Il était fatigué de ces longs voyages et perdait tout espoir. Que deviendrais-je ? Lorsqu’il revenait, je voyais une lueur d’espoir dans le regard de ma mère. Cette lueur disparaissait lorsque nous voyions l’air affligé de mon père. Je me sentais un poids. Un terrible poids qui pesait lourdement sur la famille. L’on se préoccupait tellement de moi que mes frères durent se débrouiller pour trouver leur place dans la société, si bien qu’une fois partis, je n’eus plus de nouvelles d’eux. Ils m’appréciaient beaucoup lorsque nous étions des enfants, j’étais leur petite sœur et moi, je les admirais. Leur affection avait disparu pour laisser place à de l’agacement. Si cela n’avait tenu qu’à eux, je serai déjà mariée à un baron. Parfois, je me dis qu’ainsi, ma vie aurait été plus simple. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. J’espère qu’ils sont heureux. Mais s’ils le sont, ce ne sera pas grâce à mes parents. Dans leur ambition, ils avaient oublié tout ce qui les entourait et m’oubliaient même, moi, l’objet de leurs ambitions. Je ne devenais qu’un pion, un simple pion sur un jeu d’échecs. Aussi lorsque je tombais malade après une promenade à cheval sous la pluie que j’avais faite sans leur autorisation, ils craignirent que je meure. Mais leur crainte ne venait pas de leur amour pour moi. Si je mourais, ils n’auraient plus eu aucun espoir d’ascension sociale. Leur crainte venait de leur ambition. Mes parents n’étaient qu’ambition. Les semaines passaient et l’espoir devenait de plus en plus maigre. Où me placer ? Il fallait assurément que j’aille à la Cour de France pour trouver un mari avec un rang intéressant. Une nuit, je dormais profondément quand j’entendis des cris et des rires. Intriguée, je pris une robe de chambre et courus dans la chambre de ma gouvernante. Je trouvais la porte grande ouverte et à l’intérieur, le lit défait. Je suivis alors les cris qui me parvenaient et arrivai dans le salon. Mes parents et ma gouvernante étaient là. Ma mère et ma gouvernante étaient en robe de chambre, les cheveux défaits. Mon père venait d’arriver. Il pleuvait et ses bottes étaient pleines de boue, ce qui aurait affolé ma mère si mon père n’avait pas annoncé une excellente nouvelle. Ils me virent et se tournèrent vers moi, le sourire aux lèvres. Mon père m’avait enfin trouvé une place. J’avais quatorze ans, et je devais quitter mes parents pour exercer ma fonction de dame de compagnie de Claire Clémence de Maillé, princesse de Condé.

« Je ne sais pas comment a fait mon père pour convaincre la princesse de Condé de me prendre comme dame de compagnie. Ce soir où il avait annoncé la bonne nouvelle semblait irréel. Mon père était apparu comme ça, d’un coup de baguette magique, le sourire aux lèvres. Il n’avait pas donné d’explication. En tout cas, pas devant moi. Dans les jours qui suivirent cette annonce, je n’eus pas le temps de me poser des questions. Absorbée par les préparatifs, je me demandais ce que serait ma nouvelle vie. Il me venait parfois à l’esprit d’être désagréable avec la princesse de Condé pour punir mes parents. Mais je réalisais bien vite que mon avenir était en jeu. Je pourrai me venger de leur traitement une fois que je serai mariée. C’est donc le cœur plein d’ambition que je montai dans le carrosse. Je n’eus pas un regard pour mes parents lorsque les chevaux se mirent à marcher. Je n’avais aucune peine. Ma nouvelle vie m’attendait.




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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime06.04.12 21:26

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1650

Paris

_________________________________________________

« Quel passage de L’Astrée voulez-vous que je vous lise, madame ? »
Assise près de la princesse de Condé, je tournais furtivement les pages. Elle semblait distraite et était debout devant la fenêtre. A moitié cachée derrière les rideaux, elle observait la cour extérieure. J’attendais poliment une réponse, et ne pouvait m’empêcher de lire quelques lignes du roman. Depuis les débuts de la révolte, la princesse de Condé était soucieuse et en même temps enjouée. Elle changeait d’humeur d’une minute à l’autre, et j’en subissais parfois les frais. Cela faisait deux ans que j’étais arrivée à Paris à son service. J’étais arrivée au moment où la révolte naissait, sous le courroux des parlementaires. J’étais arrivée quand le magma des suspicions et des complots commençait à atteindre la haute société parisienne. C’était à la fois exaltant et effrayant. Grâce à mon rôle de demoiselle de compagnie, je côtoyais les proches de la princesse, et les entendais discuter de politique, de révolte et de guerres. Sous mon apparence de jeune fille sage, sans prétention ni ambition, j’écoutais le moindre chuchotement, le moindre murmure qui pourrait m’être utile un jour. Je savais très bien que mon avenir se jouait à chaque instant, et que je devrai saisir la moindre occasion pour m’élever.

« Nous ne lirons pas aujourd’hui, Anne. La situation est grave.
-Je me permets de vous demander quel terrible évènement vous rend si tremblante, madame. La princesse tenait une lettre, et je voyais très bien qu’elle tremblait étrangement. Elle était d’ordinaire une femme forte qui ne laissait entrevoir aucun de ses sentiments.
-Le prince de Condé a été arrêté. Il est à Vincennes. Je ne sais que faire… elle s’effondra sur un siège qui heureusement se trouvait près d’elle. Je pris une carafe et versa de l’eau dans un verre avant de le lui tendre. Puis, pendant qu’elle buvait, je pris son éventail et lui fit de l’air. Je ne savais que faire d’autre, que dire, face à une telle situation.
-Que puis-je faire pour vous aider, madame ? Je ne serai pas d’une grande utilité, j’en conviens, mais s’il y a la moindre chose…
-Faites venir le comte de Laval, maintenant, me coupa-t-elle. »

Après m’être assurée qu’elle allait mieux, je courus chercher un valet et lui demandai de se rendre chez le comte de Laval pour le faire venir. Je ne le connaissais pas encore. Pendant les deux années que j’avais passées aux côtés de la princesse, elle ne l’avait pas invité chez elle. Mais je savais que, par l’intermédiaire du prince de Condé, elle avait entendu parler de ce comte. Je ne m’attendais pas à ce que cette rencontre change ma vie à jamais…

« Oui Lena, tu vas bientôt lire la rencontre de tes parents, celle de ton père et de ta mère. J’imagine que c’est toujours un évènement pour un enfant d’entendre un tel récit. Je ne me souviens pas avoir jamais demandé à mes parents de me raconter leur rencontre. A vrai dire, le récit d’un mariage arrangé n’est pas très palpitant. Mais là, c’était tout sauf une rencontre arrangée. Imagine, l’atmosphère de révolte qui régnait sur la capitale, les salons remplis de personnalités où se jouaient et se déjouaient les alliances. Imagine les femmes qui s’inquiètent pour leurs amants, imagine les jeunes gens excités d’assister à de tels évènements…Et surtout, imagine une jeune fille dont le père est baron, qui a 16 ans et est spectatrice de tout cela. Imagine un homme de 30 ans qui se précipite chez la princesse de Condé, alerté par de terribles nouvelles. Qui pouvait deviner que cette rencontre ferait des étincelles ? »

Installée aux côtés de la princesse, j’attendais, comme elle, le comte de Laval. Je ne savais pas pourquoi elle avait pensé à lui lorsqu’elle avait appris la nouvelle. Ton père, Lena, ne s’était pas encore officiellement lancé dans la révolte. Peut-être le prince de Condé avait-il conseillé à son épouse cet homme si quelque chose arrivait…Soudain, des bruits de portes et de pas se firent entendre, et un valet vint annoncer l’arrivée du comte de Laval. A son arrivée, je me levai puis m’inclinai légèrement, sans encore lever les yeux vers lui. C’est seulement lorsqu’il se dirigea vers la princesse que je le vis. Oh comme je le trouvai beau, Lena ! Ce ne fut pas un coup de foudre, mais son physique m’attirait irrémédiablement. Je le retrouve parfois, lorsque je te vois, même si tu me ressembles beaucoup. Néanmoins, je me faisais discrète. Je m’étais attelée à un travail de couture pendant que tous deux s’entretenaient d’une conversation assez vivante. Il tentait de la calmer, mais la princesse ne pouvait empêcher ses larmes de couler. Connaissant le caractère orgueilleux de ma maîtresse, je faisais semblant de ne rien voir et de ne pas remarquer ses larmes. Après quelques minutes de chuchotements, elle se leva.

« Je vais me rendre plus présentable. Je n’attends personne, mais on ne sait jamais. Veuillez m’attendre ici, Henri. »
Puis elle fit venir un valet pour ne pas me laisser seule avec le comte de Laval. Il s’installa sur un siège à côté de moi. Je tentais de garder mes yeux sur mon ouvrage, mais je n’avais qu’une envie, le regarder. Il m’observa pendant quelques minutes.

« Comment vous appelez-vous, jeune fille ? me demanda-t-il.
-Anne , lui répondis-je, les yeux toujours fixés sur mon aiguille.
-Et d’où venez-vous
-D’Aurillac, monsieur. J’habitais au château de Saint Etienne.
-Les grandes forêts vous manquent-elles ?
-Point du tout. Je me plais bien plus à Paris. Parler de mes racines raviva certains souvenirs dans mon esprit, et je me piquai le doigt avec l’aiguille. Je ne criai pas malgré la douleur. Je ne saignais pas, heureusement.
-Pourquoi persistez-vous à garder vos yeux sur vos mains ? me demanda le comte, non sans une pointe d’ironie dans la voix. Piquée au vif par cette remarque, comme je l’avais été par l’aiguille, je levai un regard plein de défi sur lui, oubliant mon attirance.
-Pardonnez-moi, je ne sais pas encore coudre sans regarder mon ouvrage. Cette remarque eut le mérite de faire rire mon interlocuteur.
-Eh bien, Paris aura eu le mérite de vous apprendre la répartie.
-Je n’ai guère eu besoin de la capitale pour apprendre la répartie, monsieur le comte , répondis-je en accentuant sur le monsieur. Ceci est le fruit de mon éducation. Avoir grandi loin de Paris n’a pas fait de moi une paysanne sans esprit. »

Alors que je croisai son regard, et que nos yeux se défiaient dans un duel sans merci, la princesse arriva. Il abandonna le duel et se leva précipitamment. Elle l’invita à se rendre chez une de ses amies pour discuter de certaines affaires. Elle me pria de l’attendre sagement ici. Ma maitresse quitta la pièce. Le comte, encore dans la même pièce que moi, m’adressa ces mots :
« Ravi d’avoir fait votre connaissance, mademoiselle d’Aurillac, marquise de la Répartie. » Il s’inclina en souriant, puis disparu.

« Je pensais à lui durant des heures. J’étais souvent distraite, et la princesse me le reprochait à chaque occasion. Le comte de Laval ne venait plus, et je déplorais son absence. Pendant plusieurs semaines, la vie chez la princesse fut morne. Il ne se passait rien. Mais ma maîtresse allait souvent rendre visite chez des connaissances, et je la soupçonnais de mener ses petites affaires loin de moi. Je passais donc mes journées à me trainer de fenêtre en fenêtre, à laisser mon regard se promener sur la cour extérieure, espérant voir le carrosse de ton père. »

« Anne, cessez de vous trainer de cette manière ! Mes invités vont arriver, et vous n’êtes même pas habillée !
La princesse était en effervescence depuis plusieurs jours. Ce n’étaient qu’ordres lancés aux serviteurs, remarques et frayeurs quand à sa tenue, les fleurs et les décorations.

- Mais, madame, vous m’aviez dit que je n’assisterai pas à cette réunion. Quelques jours auparavant en effet, elle m’avait annoncé que je resterai dans ma chambre, car les affaires qui seraient évoquées ne me concernaient pas.
-J’ai changé d’avis. Et dépêchez-vous de vous habiller avant que je ne change encore d’avis. Je veux une demoiselle de compagnie parfaite. Montrez aux invités que je vous traite avec respect et que je suis généreuse avec vous, et vous aurez alors le droit d’assister à d’autres soirées.
-D’accord, madame. Etonnée et déboussolée (mais après tout, ma maitresse avait toujours été d’humeur changeante) je me retirai dans ma chambre pour me changer, et enfiler ma plus belle robe. Je n’avais alors qu’une envie : que le comte de Laval soit présent. »

« Tu dois sûrement te demander pourquoi, après seulement quelques minutes de paroles échangées, je me languissais tant de son absence. Il faut que je t’avoue que le fait qu’il soit un homme y faisait beaucoup. Il ne ressemblait en rien aux quelques jeunes hommes de mon âge que j’avais eu le loisir de rencontrer à Aurillac. Il avait trente ans lorsque nous nous étions rencontrés. Il avait une prestance impressionnante. Et le fait qu’il m’ait adressé la parole et qu’il ait été étonné par mes mots me remplissait de fierté. Je voulais donc avoir de nouveau ce type d’échange, de joute verbale, qui m’amusait beaucoup. J’avais trouvé quelqu’un à ma mesure. »

La soirée battait son plein et j’étais aux côtés de la princesse. Nul comte de Laval n’était apparu. Je m’ennuyais ferme. La princesse de Condé me présentait à ces nouvelles amies qui ne me connaissaient pas encore. Je me demandais pourquoi elle se faisait un tel devoir de me mettre en avant. Je le saurai bien plus tard. Soudain, alors que je parlais d’Aurillac et des forêts verdoyantes, un toussotement retentit. Je me tournai et aperçus le comte de Laval. La princesse le présenta à ses amies sous le nom d’Henri-Charles de la Trémoilles.

« J’ai cru comprendre que vous parliez des forêts d’Aurillac, mademoiselle. Cela vous manque-t-il ? J’avais bien sûr compris qu’il se riait de moi.
-Je dois avouer que l’honneur dont fait preuve la princesse de Condé à mon égard ne me fait pas regretter un instant les forêts de mon enfance. Paris est bien plus intéressante. On y rencontre des personnes cultivées et dont la conversation est agréable. Malheureusement, on y rencontre aussi quelques personnes qui ne peuvent prétendre à ces qualités. Je lui lançai alors un regard plein de défi, et un sourire de circonstance.
-J’espère que vous n’aurez pas à supporter longtemps ces personnes pour lesquelles vous avez si peu d’estime, mademoiselle. »

Il fut ensuite appelé par un groupe de personnes qui désiraient connaitre son avis sur une question. Le reste de la soirée se passa sans que je ne lui parle de nouveau. Il était toujours demandé par quelqu’un et parfois, se promenant dans la pièce, il me lançait un regard. Seule, je m’ennuyais à mourir. Claire Clémence, bien que satisfaite de mon comportement, me laissait maintenant de côté. Je décidai alors de lui demander si je pouvais me retirer sur le balcon arrière de l’hôtel particulier. Il se trouvait à l’opposé de la pièce où se déroulait la soirée. Ayant son accord, je parcourus les couloirs et les pièces et atteint le balcon. Je voulais finir la soirée seule et regarder les étoiles avant d’aller me coucher. Mais lorsque je m’assis sur le rebord su balcon, j’entendis une voix :

« Qui est là ?
Je ne pus retenir un cri de peur. Reprenant mon sang-froid, je remarquai que je connaissais cette voix.
- Monsieur de la Trémoille ?
-Anne ? il était aussi surpris que moi. Je ne m’attendais pas à vous voir ici.
-Et moi donc ! Que faites-vous seul, alors que les invités n’attendent que vous ? malgré la différence de nos rangs, je ne pouvais m’empêcher de lui parler comme si nous étions deux amis. Lui-même ne paraissait pas relever ce que certains auraient pris pour de l’effronterie.
-Je suis lassé de tout ce bruit et de ces voix qui se mélangent. Et en effet, sa voix trahissait un ennui considérable. Il paraissait soucieux.
-Comme je vous comprends ! Heureusement, la princesse n’a plus besoin de moi, je n’ai plus à m’afficher devant ses amies pour parler des forêts. (L’évocation des forêts était bien entendu destinée à le faire sourire. Malheureusement, cela n’eut pas l’effet escompté). Je ne savais pas qu’avoir vécu loin de Paris me conférerait tant d’importance.

Je me levai alors pour me rapprocher de lui et le voir.

-Vous paraissez soucieux. Permettez que je vous demande pourquoi vos sourcils sont froncés.
-Vous ne pouvez pas vous rendre compte des soucis qui m’empêchent de dormir, mademoiselle. Son ton n’était pas enjoué, et il ne cherchait nullement à me provoquer.
-Oh je m’en doute bien, les affaires d’hommes… risquai-je de dire, abaissant la voix à la fin de ma phrase. La vie politique semble bien mouvementée, depuis deux ans, ajoutai-je dans l’envie de le faire parler.
-Ha oui, la politique. Il sembla surpris que j’aborde ce sujet. A vrai dire, je ne pensais pas à la vie politique. Vous allez me demander à quoi je pensais, je présume.
-Je n’aurais pas osé, monsieur le comte, répondis-je, un sourire espiègle au visage.
-Je vous avoue que je n’en crois rien, répondit-il avec un petit rire, le premier de notre conversation.
-Si vous ne me croyez pas, dites-moi à quoi vous pensiez.
-Vous méritez bien votre titre de marquise de la Répartie, dit-il pour changer de sujet.
-Il faut bien que je sois à la hauteur de ce rang.
-Quel âge avez-vous ?
-16 ans. Cette question subite m’avait prise de court. Je me demandais pourquoi, tout à coup, il voulait savoir mon âge. Pourquoi me posez-vous cette question ?
-Vous êtes jeune, vous venez d’une baronnerie du centre de la France, vous êtes demoiselle de compagnie, et pourtant…
-Et pourtant ?Sentant l’affront qui suivrait, je commençais à m’énerver. Le comte avait énuméré ces détails pour me montrer que je n’étais rien.
-Et pourtant vous parlez mieux que certaines dames de haute naissance.
-Etre la fille d’un baron devrait m’empêcher d’avoir de l’esprit et de dire ce que je pense ? Je n’apprécie pas votre raisonnement. Je n’ai certes pas la naissance dont beaucoup rêvent, mais je m’en contente, et passe outre. Voulez-vous que je passe ma vie à ruminer mon rang ?
-Non ce n’est pas ce que…
-Vous savez quoi ? Je prends peut-être des risques en m’adressant à vous de cette manière. Mais le pire que je risque, c’est d’être priée de rentrer chez moi, dans les forêts comme vous vous plaisez à le dire. Je ne me marierai alors jamais parce que ma réputation serait détruite. Alors oui, le risque vous parait énorme. Mais je peux aussi espérer atteindre une bonne situation. Etre fille de baron ne doit pas me faire me résoudre à devenir épouse de baron. J’ai de l’ambition, et cela vous dérange clairement ! Qu’avez-vous… »

Je ne pus pas finir ma phrase car le comte s’était jeté sur moi et m’embrassait avec une ardeur insoupçonnée. Tout entière à ma colère et à l’envie de le gifler, je n’avais pas pu remarquer qu’il se jouait un combat dans son esprit. Son ardeur était contagieuse et j’entourai son cou de mes bras. Mon cœur battait à cent à l’heure. On m’avait déjà embrassée, mais jamais de cette manière. Je ressentais ce désir qui vous empêche de réfléchir. Ma main caressait ses cheveux, tandis que la sienne, dans mon dos, tentait de défaire les rigoureux lacets qui retenaient ma poitrine prisonnière. J’allais défaillir. Je le repoussai.

« Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous faire outrage…
-Vous ne m’avez pas outragée. Je manquais juste d’airfus-je obligée d’avouer pour ne pas qu’il se méprenne sur mes sentiments.
-Il faut que vous appreniez à ne pas trop serrer vos lacets. C’est la première leçon que doit recevoir toute jeune fille qui veut faire son entrée dans la société. J’ai cru comprendre que c’était là votre dessein.
-Et je crois comprendre que vous vous imposez comme mon professeur, ne pus-je m’empêcher de répondre alors que je reprenais mon souffle.
-Si vous m’acceptez en tant que tel. »

La conversation fut interrompue par la voix de ma maîtresse qui m’appelait pour dire au revoir aux invités qui commençaient à partir. Je le quittai précipitamment et rejoignis la princesse. De cette manière, Henri-Charles pouvait rejoindre l’assemblée sans attirer les soupçons. Il apparut alors que je remerciais une comtesse pour l’intérêt qu’elle m’avait porté. Lorsqu’il partit, j’inclinai légèrement la tête avant de croiser son regard.

« Je ne devrais peut-être pas évoquer des détails si intimes. Mais il le faut. Il le faut pour que tu comprennes ce qui nous liait, ton père et moi. Ce qui nous liait, c’était ce désir fou et irraisonné qui nous attirait sans que l’on ne puisse rien y faire. Etait-ce de l’amour ? Je ne sais pas. A vrai dire, je ne pense pas que cela ait été de l’amour. C’était une passion. Une véritable passion, sans retenue. Depuis cette soirée, Henri-Charles venait régulièrement chez la princesse. Mais justement, elle était toujours là. Sa présence m’importunait. Je voulais le comte pour moi seule. Quand je le voyais, je n’avais qu’une envie, le toucher, caresser sa peau et l’embrasser. Je ne pouvais me défaire de son regard, flamboyant de désir alors que la princesse bavardait à côté de nous sans se rendre compte de ce qui se passait. Ce n’étaient que frôlements lorsqu’elle nous tournait le dos, rendant ces jeux interdits incroyablement excitants. Mais il me fallait me résoudre à respecter mon devoir envers la princesse de Condé, et de lui obéir. Je ne savais pas où cela me mènerait. »


-Anne ! essoufflé, Henri-Charles se tenait devant moi.
J’étais installée sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, un ouvrage de couture sur les genoux. La princesse de Condé était allée chez une amie, et me laissait une nouvelle fois seule. J’avais remarqué depuis quelques temps qu’il ne fallait pas prononcer le nom du comte de Laval devant elle. Elle paraissait être insupportée par tout ce qui le concernait. Je m’étais alors fait une raison, et, puisque je ne pouvais moi-même aller le rejoindre, j’attendais désespérément qu’il ose venir.
Etonnée, je me levai et fit tomber mon ouvrage.
-Que faites-vous ici ? j’étais heureuse de le voir, mais n’avais pu m’empêcher d’avoir cette réaction.
-J’ai attendu que la princesse de Condé parte pour entrer. J’ai payé les serviteurs, assez grassement, pour qu’ils ne disent rien. Il fallait que je vous parle. Malheureusement, après cette soirée…
-Nous n’avons pas eu l’occasion d’en parler, le coupai-je. Je ne comprends pas pourquoi elle ne veut plus vous voir…
-C’est long à expliquer, Anne, et je ne peux m’éterniser ici. Cela vous concerne, mais je ne peux vous en dire plus…
-Dites-moi ! Si elle arrive, je pourrai vous cacher.
-Votre détermination me plait, me répondit-il en riant. Ma proposition était sérieuse mais il semblait s’en moquer.
-Pourquoi êtes-vous venu me voir, si ce n’est pour jouer aux devinettes ? lançai-je, piquée au vif.

Il s’approcha alors de moi, si bien que nos visages ne furent séparés que de quelques centimètres. Il mit sa main dans mes cheveux et défit mon chignon austère.
« Cessons de parler » me chuchota-t-il avant de s’emparer de mes lèvres. C’était comme si, pendant ces longues semaines, je n’avais attendu que cela. Cette fois, il lui fut plus aisé de dénouer les lacets de ma robe. Je profitai de chaque instant, chaque seconde. J’aurai voulu que ce moment dure une éternité.

« Je te passe évidemment les détails plus intimes. Tu sais, j’imagine, ce qu’il se passa dans ma chambre. Heureusement, ma maîtresse rentra tard, dans la soirée, et Henri-Charles et moi eûmes même le temps de profiter de quelques heures ensemble avant qu’il ne doive me quitter. La princesse de Condé ne se douta de rien, et les serviteurs ne dévoilèrent jamais ce petit secret. J’avais ton âge, Lena, lorsque je vécu ce moment si intense. Cela allait à l’encontre des principes que l’on m’avait inculqués : les relations charnelles après le mariage, et seulement avec le mari que l’on m’aurait choisi. Mais j’avais décidé de ne pas respecter ces principes. Mon corps m’appartenait et j’avais offert ma virginité à l’homme que je désirais ardemment. Tu t’étonnes peut-être que je te parle si librement. Lena, on t’a sûrement appris ces choses-là aussi. Mais si jamais tu avais l’occasion de vivre ce que j’ai vécu, alors je ne t’en voudrai pas. Certes, je ne peux imposer mon avis concernant ton éducation, mais crois-moi : si tu n’as pas été désirée, tu es quand même le fruit d’une relation qui m’a remplie de bonheur et que je ne regretterai jamais. Te voir me rappelle ces moments passés avec ton père. Quand je te vois, mon cœur s’emplit de tristesse, mais aussi de joie. »




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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime07.04.12 13:41

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1650-1651

Paris

_________________________________________________

« Madame, il faut que je vous avoue quelque chose… Ma voix s’éteignit dans un souffle. Cela faisait quelques mois que la scène dans ma chambre s’était passée. J’avais revu, depuis, Henri-Charles, mais nous n’étions jamais seuls. Quelques signes annonciateurs de ma grossesse étaient apparus. J’étais terrorisée. Ma mère ne m’avait jamais parlé de ces choses-là, et tout ce que je savais, je l’avais appris en écoutant les conversations des amies de la princesse de Condé. Je n’ai pas besoin de te dire comment je me sentais. Très mal. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête. Je savais très bien qu’Henri-Charles était marié, qu’il avait sa famille. Je pensais aussi à mon honneur. Qui voudrait d’une jeune fille qui a déjà perdu sa virginité, avec un homme marié qui plus est. Ces années au service de la princesse n’auraient servi à rien. J’avais tout foutu en l’air, et mon ventre en était la preuve. Je pouvais encore le cacher, mais il fallait que je prenne des dispositions avant que la rondeur n’affirme publiquement mon péché. C’est pourquoi, prenant mon courage à deux mains, j’allai dire la vérité à ma maîtresse.

-Oui Anne, je vous écoute ! Assise près de la fenêtre, elle ne se doutait aucunement de l’ampleur de la nouvelle que j’allais lui annoncer.
-J’ai commis une grave erreur, et malheureusement, il y a des conséquences.
-Que se passe-t-il ? Cessez de parler par énigme je vous prie.
-Je crois que j’attends un enfant. »

Le verre que la princesse tenait dans sa main tomba et se brisa en mille morceaux, dans un fracas assourdissant. Effrayée, j’osai un regard vers elle. Rouge de colère, elle renvoya d’un geste de la main la servante qui venait enlever les bouts de verre. Honteuse, je ne pus retenir des larmes de couler. Mon mouchoir en dentelle ne fut pas suffisant pour les sécher. Cela ne fit qu’aggraver la colère de ma maîtresse. Je t’épargne les cris, Lena, les cris de rage et de désespoir. Ma grossesse allait modifier ses plans, mais ça, je ne l’apprendrai que plus tard. Après s’être calmée, elle se mit à réfléchir à une solution. Après des discussions interminables, il fut décidé que je partirai sans plus tarder dans une de ses propriétés, qui se trouvait à quelques kilomètres de Paris. Mes parents ne furent pas mis au courant. Je ne devais pas leur envoyer de lettre pour éviter un scandale. Cette grossesse devait rester à tout prix secrète. La princesse m’interdit également de revoir Henri-Charles. Elle prévint les domestiques qu’ils seraient renvoyés si jamais ils le laissaient entrer. Mon courrier fut intercepté. Ce qui s’était passé dans ma chambre fut notre première, et dernière nuit d’amour.

« C’est dans cette propriété, loin de tout, que je vécu ma grossesse. J’avais quelques domestiques à mon service qui étaient aussi chargés de me surveiller. Une dame de compagnie me suivait partout, observait mes moindres faits et gestes, et envoyait des courriers à la princesse. J’étais observée, épiée, espionnée. Ma vie ne m’appartenait plus. Tout ce que je pouvais garder pour le moment et qui m’appartenait bien, c’était toi, Lena. C’était ce bébé que je portais en moi. Ces mois furent difficiles. J’étais partagée entre l’idée de te détester, de t’abandonner quelque part et de ne plus jamais entendre parler de toi, et l’idée de t’adorer, de te voir grandir chaque jour et d’être à jamais ta mère. Ma dame de compagnie me demandait souvent si je t’avais trouvé un prénom, si j’avais hâte de te voir. Pour être honnête (car si je t’écris, c’est pour être honnête jusqu’au bout, même si cela doit te blesser), j’étais pressée que tu naisses pour ne plus te voir. Je ne pouvais pas te garder. Cette solution me paraissait la plus raisonnable et en même temps me déchirait le cœur. Que deviendrai-je lorsque, revenue dans la société, l’on apprendrait que j’étais mère sans être mariée ? La princesse m’avait dit qu’elle trouverait une solution et trouverait un endroit où te placer. Mais je ne lui faisais pas confiance. Alors, un soir, alors que tout le monde dormait, je me levai difficilement (j’avais atteint les sept mois et mon ventre était énorme) et atteignis mon secrétaire. J’y pris du papier et une plume, et écrivis une lettre à ton père.

Citation :
« Henri Charles,
Je ne peux rien vous dire sinon que je pense à vous chaque jour. Je suis enfermée dans une prison, certes dorée, mais les barreaux invisibles me sont plus douloureux que s’ils avaient été de fer. Je vous ai caché que j’attendais un enfant. Un enfant de vous, Henri-Charles. Cette nuit que nous passâmes ensemble restera à jamais gravée dans ma mémoire, mais surtout, elle est la cause de cet enfant que je porte en ce moment-même. J’essaie de le détester, cet enfant, pour n’avoir aucun mal à le quitter. Mais je n’y parviens pas. Je ne voudrais même jamais le voir, pour ne pas remarquer une ressemblance avec vous. Je suis obligée de l’abandonner. Je serai obligée d’abandonner mon bébé, notre bébé. Il sera le fruit de cette passion si ardente qui nous a réunis. Mais je veux être sûre de son bonheur, je veux que ce bébé soit heureux, choyé et dorloté. Il le mérite. La princesse me dit qu’elle lui cherche une famille. Mais je suis terrifiée par la colère qui l’a habitée lorsque je lui ai tout avoué. Je ne peux plus lui faire confiance. Il me reste donc vous, en dernier recours, Henri-Charles. Je n’ai plus que vous pour préserver le fruit de notre amour. Alors, je vous en prie, acceptez d’accueillir au sein de votre famille ce petit être qui pour le moment prend vie en moi. Elevez-le comme votre enfant, ce qu’il est, et veillez à son bonheur. C’est la dernière chose que je vous demande et après, vous n’entendrez plus parler de moi, je vous le promets.
Je suis votre dévouée,
Anne
»

Il me fallait cependant un moyen de faire partir cette lettre sans attirer les soupçons et surtout, sans que les domestiques ne la récupèrent et la donnent à la princesse. C’est pourquoi pendant plusieurs jours, elle attendit dans mon secrétaire, sous clef. Puis un jour, j’aperçus par hasard ma dame de compagnie en excellente…compagnie. Elle s’était cachée avec un domestique dans un coin du jardin, pensant sûrement que j’étais trop faible pour m’y promener. Mais, malheureusement pour elle, j’avais besoin d’air frais. A cette vision, un sourire perfide se dessina sur mes lèvres. J’avais trouvé comment envoyer ma lettre. Je l’attendis donc sagement, assise sur un banc, devant l’entrée du jardin. J’ai pu voir ses pommettes rougir et j’ai pu entendre des mots prononcés difficilement. Le pacte fut simple et clair : elle faisait parvenir ma lettre à Henri-Charles et en échange, je restais muette sur ses agissements. C’est ainsi que ton père accepta de prendre soin de toi. Tu étais tout ce qui lui restait de moi. »

Paris, 1651
« Non, c’est hors de question ! Je croisai les bras pour montrer mon mécontentement. J’avais accouché quelques mois auparavant, et étais de retour chez la princesse. Elle m’avait laissée tranquille quelques temps, puis se servait maintenant de son autorité pour m’obliger à accepter un mariage. J’avais déjà rencontré l’homme que je devais épouser. Un vieux marquis, pas très beau, avec qui je n’arrivais pas à avoir de conversation. Il me considérait comme une gamine à éduquer pour s’en faire obéir. Il était le contraire d’Henri-Charles. Je ne retrouvais plus ce que j’avais avec ton père : quelqu’un avec qui converser, avec qui batailler avec les mots. De plus, je voulais prendre le temps pour me trouver un époux. Le marquis de Gallerande ne faisait pas partie de mes choix. A dix-sept ans, j’avais encore quelques années devant moi pour trouver un meilleur parti. Mais cela n’était pas du goût de la princesse, qui entendait décider à ma place.

-Vous épouserez le marquis de Gallerande, que vous le veuillez ou non ! Ceci est mon choix. Je vous ai été d’une grande aide, si je me souviens bien. Je vous ai fait rencontrer la société parisienne. Vous avez participé à mes soirées. Certes, vous faire rencontrer Henri-Charles de la Trémoille n’’était pas une très bonne idée, mais là encore, je vous ai aidée en vous permettant de vous retirer dans mon domaine pour cacher votre ventre. Voilà comment vous me remerciez !

-Ma vie m’appartient, madame ! Je vous remercie pour votre aide, pour votre générosité et pour tout le bien que vous m’avez apporté ! Mais je veux décider par moi-même de ce que sera ma vie. Mes propres parents ne décident pas à ma place, et je ne vous laisserez pas me choisir un époux.

-Anne, vos bêtises ont failli m’en coûter ! Pour assurer vos arrières, et les miennes, ce mariage est une aubaine ! Je ne vous laisserez pas gâcher cette opportunité. Votre relation avec le comte de Laval était une grave erreur. En épousant le marquis de Gallerande, vous vous ferez pardonner.

-Il en est hors de question.

La princesse se mit à hurler, puis tomba évanouie en plein milieu du salon. Sans perdre mon calme, je m’agenouillai près d’elle et lui fis de l’air avec mon éventail. Elle reprit conscience, puis je l’aidai à s’assoir. Calmée, elle reprit la conversation.

-Anne, il faut absolument que vous épousiez ce marquis. Vous risquez la disgrâce royale, et moi aussi par la même occasion, s’il se fait éconduire.

-Mais, pourquoi ? Je ne comprenais plus rien. Que venait faire la reine dans cette affaire ? Je n’étais pas si importante, même pas du tout. Qui pouvait se soucier de mes faits et gestes ?

« C’est alors que ma maîtresse me raconta tout depuis le début. Lena, ce que j’appris ce jour là me poussa à devenir ce que je suis aujourd’hui. Je découvris en effet ce jour-là que je n’avais été qu’un pion depuis le début. Je t’écrivais au début de cette lettre que je ne savais pas comment mon père avait réussi à persuader la princesse de Condé de me prendre à son service. La princesse était dans les environs à cette période, en voyage, pour chercher des alliés et aider son époux. Mon père, dans ses déplacements, avait entendu parler de son arrivée et s’était proposé comme aide. Il se ralliait donc, de loin certes, au prince de Condé, mais se proposait de persuader d’autres seigneurs des environs. En échange, la princesse de Condé m’acceptait comme demoiselle de compagnie. Cela ne l’enchantait guère au début, mais puisque mon père se révélait être une aide intéressante, Claire Clémence était prête à accepter n’importe quoi.
La Fronde changeait beaucoup de choses pour tout le monde. Les Condé étaient devenus les ennemis de la couronne. La princesse m’expliqua qu’à ce moment, Anne d’Autriche faisait tout pour réduire leur pouvoir. La soirée pendant laquelle ton père m’avait embrassée pour la première fois fit naître une idée dans l’esprit de ma maîtresse. Lors de cette soirée, j’avais fait la connaissance du marquis de Gallerande. Mais je pensais tellement à Henri-Charles que je n’avais pas remarqué ses regards insistants sur ma personne. Je ne le savais pas, mais le marquis avait parlé de moi à la princesse de Condé. Il insistait pour me voir régulièrement, et je le voyais parfois, parmi les autres invités réguliers de Claire Clémence. Tout entière à ma passion pour Henri-Charles, je ne remarquais rien. Je ne me doutais pas que mon avenir se jouait sous mes yeux. L’intérêt que le marquis portait pour moi était une occasion inestimable pour la princesse de Condé. En effet, la princesse de Condé redoutait Anne d’Autriche, et le marquis, par sa position auprès de la couronne, pouvait faire en sorte que je devienne dame de compagnie de la reine. Cela ne dérangerait pas Claire Clémence que je quitte son service puisqu’elle pouvait facilement trouver d’autres personnes. Et pour couronner le tout, en posant ses pions délicatement à des places privilégiées, la princesse de Condé pouvait retrouver la grâce royale, et son rang auprès de la couronne. J’étais un pion, un vulgaire pion au service de cette Condé. Le marquis de Gallerande n’était pas officiellement un allié des frondeurs, et à vrai dire, personne ne savait vraiment dans quel camp il se trouvait. Toujours est-il qu’il était suffisamment bien placé pour qu’une princesse de sang s’intéresse à lui. C’est pourquoi je devais épouser ce marquis. Le futur des Condé en dépendant ou du moins, c’est ce que me disait la princesse pour faire culpabiliser. Elle avait tant fait pour moi, me disait-elle, comment pouvais-je être ingrate au point de refuser de l’aider ! Après tout, une fois mariée, je pourrai mener ma propre vie de femme. La place de dame de compagnie de la reine était, qui plus est, un honneur ! Je n’étais qu’une fille de baron, je ne pouvais refuser cette place. Après de longues conversations, de nombreux refus, de cris et de larmes, je finis par accepter, par dépit, par colère et peut-être aussi par ambition. La princesse m’avait persuadée. Ce mariage et la place aux côtés de la reine étaient des occasions en or pour moi. Fou de joie, le marquis fit même venir mes parents, à ses frais, pour qu’ils puissent assister au mariage. »



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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime07.04.12 14:05

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Paris,Aurillac

1659-1660

_________________________________________________

1659, hôtel particulier des époux Gallerande, Paris

« Je vous hais ! Vous êtes un être détestable qui ne mérite le respect de personne, pas même des misérables qui habitent dans la rue !
-Et moi donc, très chère ! Vous ne méritez même pas que je visite votre couche !
-Cessez de venir me voir alors, vos visites m’importunent.
-Ne vous plaignez donc pas que je prenne une maîtresse. »

Je me permets un petit saut de huit ans, Lena. Pendant ces huit années, j'ai été mariée au marquis de Gallerande. Mes parents étaient ravis, et profitaient de la générosité du marquis. La Fronde avait pris fin. J’avais promis d’aider la princesse de Condé en profitant de ma place de dame de compagnie d’Anne d’Autriche. Mais je n’en fis rien. Cela aurait pu jouer en ma défaveur, je risquais en effet d’agacer la mère du roi. Mais le mariage auquel la princesse de Condé m’avait poussé m’était vite devenu insupportable, et je lui en voulais terriblement. Le marquis était heureux de m’avoir, dans les premiers temps. Il visitait régulièrement ma couche, ce qui me dégoutait. Il n’avait rien d’Henri-Charles et entre nous, il n’y avait aucunement cette passion dévastatrice. Je ne pouvais m’empêcher, comme tu le vois, de toujours comparer le marquis à ton père. A cause de mon refus de l’aider, la princesse de Condé quitta Paris et rejoignit les Flandres espagnoles. Cela m’arrangeait. Je n’avais plus peur d’elle et pouvait commencer à vivre sans contrainte, s’ils n’étaient celles de mon époux, comme je devais m’en rendre compte. Après avoir profité de notre hyménée, le marquis s’est vite ennuyé. Personne ne m’avait avertie de son côté volage. Très vite je dus accepter son absence. A vrai dire, le fait qu’il déserte note hôtel ne me dérangeait guère. J’avais alors toute ma tranquillité. Non, ce qui me dérangeait, c’était que moi, je ne puisse faire de même. Les domestiques étaient à son service et je voyais très bien qu’ils ne m’appréciaient pas. Ils m’épiaient, et je ne pouvais pas prendre le risque d’avoir des amants. Je trouvais cela injuste. Le marquis pouvait prendre des maîtresses, quand moi je devais rester fidèle. Je contenais difficilement ma colère. Mais un jour, je vis une femme qui sortait de la chambre de mon époux. En me voyant, elle rougit et retourna dans sa chambre. Cela fut de trop. A partir de ce jour, le marquis faisait venir, chez nous, ses maîtresses. Anne d’Autriche, un jour, me fit une remarque et je compris que tous savaient que je vivais avec les maîtresses du marquis. Tous se riaient de moi, la petite provinciale parvenue à un haut rang, mais qui subissait sans rien dire le comportement de son mari. Je décidai alors je prendre les choses en main. Il y eut des disputes. Beaucoup de disputes. Des cris, des hurlements même lorsqu’il me gifla, un jour. Sous la violence du coup j’étais tombée, et de souffrance et de colère je hurlais. Je ne voulais qu’une chose : me venger.
J’avais entrepris une stratégie, me sentant l’âme guerrière. Au lieu de vouloir cacher à tout prix les agissements de mon mari, je racontais à qui voulait l’entendre ce qu’il me faisait subir. Je gardais le sourire et riais même de mes propres malheurs, montrant que je n’en souffrais guère. Très vite, tout Paris connaissait notre vie de couple. Enervé comme je ne l’avais jamais vu, le marquis prit une décision qui me déchira le cœur et que je n’avais pas prévue : il m’exila. La générosité dont il avait fait preuve auprès de mes parents lui permit de m’envoyer chez eux, à Aurillac, dans le château de mon enfance que je croyais ne plus jamais voir. Il leur avait fait part de mon comportement indécent qui méritait punition. Quant à moi, il obtint mon silence en me menaçant. Le marquis savait très bien que j’avais perdu ma virginité avant le mariage, et que j’avais eu une fille dont le père était Henri-Charles de la Trémoille. Si je ne voulais pas qu’il le raconte dans toute la capitale, je devais accepter ma retraite et me faire plus obéissante à l’avenir. Je n’eus donc d’autre choix que de faire le voyage jusqu’au château de St-Etienne, lieu de mon enfance.

1660, Aurillac, château St Etienne

Le retour à Aurillac fut difficile. Mes parents m’accueillirent avec froideur, comme si j’étais une prisonnière. La fierté qu’ils avaient eue le jour de mon mariage avait disparu, et ils étaient dorénavant dans le camp du marquis. Rien n’avait changé, chez eux. Le château était toujours le même. Le seul changement était l’absence de mon ancienne gouvernante, décédée peu de temps après mon départ. Ses enfants avaient quitté le château pour mener leur propre vie. Les premiers jours, j’avais vraiment l’impression d’être dans une prison. Désormais habituée au luxe, je devais vivre dans un décor plus rustique et moins rutilant.
Heureusement j’avais le droit de sortir du château pour prendre l’air. Je prenais même plaisir à aller au marché du village. Je voulais juste échapper à l’ambiance morne et froide du château, pour découvrir les couleurs des fruits et légumes sous les rayons chauds du soleil. Habillée simplement, je découvris une autre vie. Mais si je paraissais apprécier cette retraite, je cherchais en réalité une manière de rentrer rapidement à Paris pour retrouver les fastes de mon nouveau rang. Je feignais de m’assagir devant mes parents, prétendant un repentir sincère. J’allais régulièrement à la messe et me confessais le plus souvent possible. Je pleurais parce que mon mari me manquait et je disais regretter mes agissements. Il faut croire que je possédais un talent de comédienne parce que je sentais mes parents fléchir. Je savais qu’ils écrivaient au marquis pour lui rapporter ce que je faisais et disais. Je sentais mon retour approcher.

« D’ambitieuse, je devins manipulatrice. Oh Lena, je vais te faire peur, je le sais, mais je te dois la vérité. Tu dois savoir que, depuis que l’on m’avait éloignée de ton père, je n’avais que faire de l’intégrité, de la fidélité et de tous les bons sentiments qui peuvent exister dans le cœur des hommes. Je n’avais qu’une envie : me venger de ce mari qui m’avait éloignée d’Henri-Charles. S’il n’avait insisté auprès de la princesse de Condé pour m’épouser, celle-ci n’aurait peut-être pas empêché ton père de me voir. Je voulais surtout pouvoir décider de ma vie, de mon destin et plus encore, de mon corps. Il était ma propriété et je voulais l’offrir à qui je voulais. Par tous les moyens, je décidai alors de prendre les choses en main. »

« Et vous dîtes que cela ne laisse aucune trace ?
-Aucune ma petite dame, vous le mettez dans son verre, il boit, et hop, il meurt pas longtemps après.
-Il y a des signes annonciateurs ?
-Oh oui, il va vomir ! Préparez un pot sinon il salira vos tapis. Sinon, je peux vous fabriquer quelque chose avec des produits naturels, si vous avez peur. Je fais quelques petits trucs, vous savez.
-Et si nous faisions ces quelques petites choses ensemble ? Tout cela m’intrigue beaucoup et m’intéresse. Je voudrais apprendre vos poisons avant de retourner à Paris.
-Je connais quelqu’un à Paris, dont la renommée dépasse les frontières. Je lui envoie parfois des produits qu’on ne trouve qu’à proximité des forêts. Je peux vous conseiller auprès d’elle.
-Cela serait vraiment très gentil de votre part. En attendant mon fameux retour, travaillons sur vos poisons. Vous disiez donc qu’il nous fallait du sang de crapaud et du venin de vipère. Mais comment faîtes-vous pour recueillir le venin de vipère ?

En me promenant le soir aux alentours d’une forêt proche du château, j’avais fait la connaissance d’une vieille du village qui venait récupérer des choses étranges. D’abord effrayée par ma présence, puisqu’elle savait que j’étais la fille du baron, elle fut rassurée lorsque je me mis à lui parler. Depuis cette soirée, j’allais la voir, chez elle, et elle me montrait comment faire des poisons. L’idée avait surgit parmi la fumée dégagée par l’eau bouillante et les odeurs dégoûtantes de ces fameux mélanges. Pourquoi ne pas me servir d’un poison pour tuer mon époux ? Aucune trace de lutte, pas de sang, et pas d’arme à cacher. Je devrais juste feindre la tristesse et le désarroi, ce qui ne serait pas difficile.

« Oh Lena, je sais que tu vas me haïr, que tu vas avoir honte de moi et me détester. Mais comprends-moi, s’il te plait. Les femmes n’ont aucun droit, mais je ne pouvais l’accepter. Le marquis de Gallerande ruinait ma vie. Je vivais un cauchemar. Le poison, c’était la seule solution. »

1660, Paris, hôtel particulier des époux Gallerande

Mes efforts avaient payé, et j’étais, enfin, de retour à Paris. C’était sous un soleil radieux que j’avais lu la lettre du marquis qui, fier de mes efforts et apaisés par mon apparente obéissance, m’autorisait à rentrer à Paris. Nous vécûmes quelques mois, en apparence de nouveau heureux, mais à peine quelques semaines après mon retour, le marquis faisait déjà venir ses maîtresses sous mes yeux. Je feignais de l’accepter, de me soumettre à cette envie. Mais en secret, mes desseins étaient bien plus sombres qu’il ne le croyait. Sourires et paroles douces cachaient un esprit devenu diabolique.

-Madame, madame ! Le marquis est malade ! Venez vite !
-Que se passe-t-il ? Qu’y-a-t-il donc ?
-Il vomit ! Il y a du sang, et la couleur laisse présager le pire.
-Appelez un médecin, dépêchez-vous !

Au chevet du marquis, je pleurais, tremblais, et lui disais que je m’en voulais pour toutes les peines que je lui avais causées. Les domestiques mirent du temps à trouver un médecin qui daigne se déplacer jusqu’à notre hôtel particulier. Cela m’arrangeait bien, car pendant ce temps, mon époux mourrait à petit feu. Et même si l’odeur me rendait moi-même malade, je me contenais pour montrer mon affliction. Plus que quelques instants à le supporter. Je tenais la main du marquis et la serrais de toutes mes forces comme si, par ce simple geste, je voulais lui faire sentir que sa mort n’était pas naturelle. Comme prévu, sa gorge était sèche, tant et si bien que lorsqu’il voulut parler, ce ne fut qu’un son rauque et inaudible qui sortit de sa bouche. Je le regardai, et vis dans son regard qu’il savait. Il avait deviné. Un des domestiques qui étaient dans la chambre me dit alors que le médecin ne semblait pas arriver, et que le marquis allait rendre son dernier souffle. Je redoublais alors de pleurs et demandai à tous de quitter la pièce, pour passer les derniers instants avec mon mari, seuls. Une fois qu’ils furent partis, je levai les yeux sur le marquis qui, sentant la mort approcher, tentait de crier sans y parvenir. Mon regard froid lui fit avoir des sueurs froides, à moins que ce ne fût encore un effet de l’arsenic. Je retirai ma main de la sienne et m’approchai de son visage. Le marquis avait des crampes et il se tordait de douleur. Je mis ma main sur son front, et lui chuchotai : « Voilà ce qui arrive lorsqu’on s’en prend à moi. Tu aurais du te méfier de moi à partir du jour où je fis partir la princesse de Condé du royaume de France. Ne t’inquiète pas, je vais feindre le chagrin et tout le monde croira à une mort naturelle. J’ai tout prévu. Les fruits et légumes que tu as mangés sont avariés, et lorsque je m’en rendrai compte, je mettrai dehors la cuisinière. Oui, comme tu le vois, tu as fait une grave erreur en me gâchant la vie ». Il eut un dernier spasme, puis le souffle de la vie quitta son corps. Son regard était terrorisé, comme si le marquis avait vu un fantôme avant de mourir. De ma main je lui fermai les paupières, puis je criai pour alerter les domestiques. Pour provoquer des larmes, je pensais à Henri-Charles, à notre passion détruite et à mon enfant abandonné. Cette faille parvenait seule à me rendre fragile. Je feignais d’être la veuve éplorée qui venait de perdre un être cher.

L’enterrement eut lieu, et je fus entourée de tous ceux qui se riaient de moi, quand les maîtresses du marquis s’installaient chez moi. Quelques jours plus tard, je découvris des aliments pourris dans mon assiette. Accusant ma cuisinière, je la fis renvoyer. Tout le monde fut étonné et me consola de cette perte si difficile. Invitée chez des amies, je pleurais et accusais cette cuisinière incompétente qui avait empoisonné mon époux. J’avais joué mon jeu à la perfection.

« J’étais alors libre, et heureuse. Bien sûr, cela ne m’a permis de retrouver ton père, je l’avais perdu à jamais. Mais je pouvais dorénavant mener la vie que j’entendais. Je voyais mes amis autant de fois que je le désirais. J’étais maîtresse de mon corps, et cette liberté était le résultat du combat acharné que j’avais mené. Tu ne seras plus fière de ta mère, Lena. Tu me renieras, et je ne t’en voudrais pas. J’imagine que celle qui t’a élevée est beaucoup plus respectable. Je l’espère. »




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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime09.04.12 18:21

Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques 138694GIF3
1661-1666

Paris,Versailles

_________________________________________________

« Je ne peux vous donner le nom de ma cliente, mais vous retrouverez sa domestique pour lui donner ce qu’elle a demandé. Surtout, cachez votre visage et ne parlez à personne. Si vous me rendez de tels services, je vous donnerai peut-être quelques secrets de fabrication…
-Je ferai attention. Je vous retrouve demain soir, ici même, murmurai-je.

Profitant de cette liberté nouvelle, j’avais fait connaissance avec Catherine Deshayes, appelée la Voisin. Elle ne me faisait pas confiance, et voulait que je lui prouve ma bonne foi en lui rendant service. Malgré mon rang, j’acceptai ce que certains auraient pris pour un parjure. Le soir, je me cachais donc derrière une cape noire pour distribuer toutes sortes de poisons aux clients de celle qu’on disait être une sorcière. Peu à peu, j’obtins sa confiance. Je pus participer à la fabrication de ses poisons, et je recueillais quelques secrets qui me seraient utiles un jour. Puis je fis la connaissance d’autres empoisonneuses, moins connues dans le milieu, et je leur proposais mes services pour les faire connaître. C’est ainsi que je devins une personne assez reconnue dans le milieu des poisons, et on avait souvent besoin de moi. Toutes concurrentes, elles ne se doutaient pas qu’elles profitaient des services d’une et même personne. Je faisais mon propre commerce, en demandant, en échange de mes services, quelques fioles que je redistribuais ou dont je me servais personnellement. Mon honneur était sérieusement engagé. Mais je faisais tout pour le préserver. Ainsi ne me connaissaient-elles pas sous mon vrai nom, mais sous celui d’une bourgeoise, Adèle Moreau.

En parallèle de cette activité, je faisais fructifier un autre commerce, plus respectable : celui des œuvres d’art. J’admirais les artistes qui parvenaient à nous faire ressentir des sentiments et des sensations à travers la peinture, la sculpture ou l’écriture. Je fréquentais les salons précieux, dont ceux de la fameuse Mademoiselle de Scudéry, que tu dois connaître de nom. J’y fis la connaissance des jeunes filles de bonnes familles, peut-être futures clientes… Etre mécène me procurait un immense plaisir. Je rencontrais les artistes, devenais leur amie, et les aidait à survivre dans notre milieu hostile. Grâce à la petite fortune du marquis de Gallerande, maintenant mienne, je me fis mon propre petit musée que je faisais découvrir à mes amis. Je me faisais l’organisatrice de salons où nous débattions des nouvelles œuvres, littéraires et artistiques en général. C’est ainsi qu’un jour, je fis la connaissance d’un jeune Anglais, dont la vivacité d’esprit enchantait l’auditoire. Nous fîmes connaissance, et j’appréciais toujours plus son esprit, sa joie de vivre et sa plume. Il se disait poète, et curieuse, je voulais à tout prix lire quelques vers. Impressionnée, je ne fus pas avare en compliments, et chaque fois que je le voyais, je ne pouvais m’empêcher de lui adresser quelques paroles. J’étais son amie, et il se confiait à moi. Il disait m’admirer.

« Anne, vous êtes ma Muse, mon Inspiratrice, et je vous dois mes plus beaux vers.
-J’en suis flattée, Alfie. Si je suis à l’origine de vos merveilleux vers, alors je m’enchante de permettre aux Lettres françaises de bénéficier de votre talent.
-Vous serez toujours celle qui m’inspire, Anne, celle qui donne le souffle à ma plume. Vous ne me laissez jamais dormir, votre beauté ne me laisse aucun répit. Il faut que j’écrive, que je vous loue, que je vous rende immortelle.

Je te l’avoue, Lena, il ne cessait de me flatter. Je me pâmais lorsqu’il me disait ces choses que les femmes aiment à entendre. Oui, il me rendait belle, me rendait éclatante de jeunesse, et heureuse. Il n’y avait rien entre nous, je te rassure. Je ne voulais pas en faire mon amant, et j’appris par la suite qu’il en était de même de son côté. Non, il ne figurait pas parmi mes amants. Alfie contribua à donner une certaine notoriété à mes salons. Les femmes aimaient entendre ses vers, et moi, j’étais fière d’être la Muse. Fière, j’en profitais pour exercer une autorité sur Alfie. Jeune, il était facilement manipulable.

Mais, à côté de mon activité de mécène, je poursuivais mon commerce dans les poisons.

« Faites boire le contenu de cette fiole à votre rivale, et elle deviendra malade, tant et si bien qu’elle restera au lit pendant plusieurs jours, vous laissant le champ libre pour l’homme convoité. J’agrémentai mon discours d’un clin d’œil discret. Je sortis la fiole de ma cape, lorsque j’entendis des bruits de pas précipités. Je me retournai, et aperçue une jeune femme qui s’enfuyait. Je tendis rapidement la fiole à la cliente et remontai mes jupons pour poursuivre celle qui s’échappait. Elle avait peut-être entendu ce que je disais. Malheureusement, cette scène se passait en été et il faisait encore clair. La jeune femme avait sûrement vu mon visage. Je parvins à maintenir son allure et à apercevoir le lieu où elle devait habiter puisqu’elle entra sa cérémonie. Je me dirigeai vers la porte pour entrer à sa suite, mais celle-ci refusait de s’ouvrir. La panique s’emparait de moi. Si cette sotte me dénonçait, il en était fini de moi. Se voir affiliée aux poisons menait à la mort. En colère, ne me contrôlant plus, je me jetais de toutes mes forces sur la porte, qui ne cédait toujours pas. Sans espoir, je fis quand même le tour de la bâtisse, et aperçus une porte ouverte. Elle menait à la cuisine. Essoufflée, je courus et parcourus la maison à la recherche de cette petite sotte qui avait oublié de fermer une porte. Puis j’entendis ses pleurs, et je m’approchai discrètement de la pièce où elle se trouvait. C’était un salon, où je me serai bien installée si je ne devais pas me préoccuper du sort de cette femme, tant le feu de la cheminée rendait l’atmosphère agréable. J’arrivai dans son dos, et lui dis :

-Je t’ai retrouvée…
-Je…je vous en prie, ne…ne me faîtes rien. Elle sanglotait et n’arrivait pas à prononcer une phrase correctement.
-Comment pourrai-je savoir que tu ne me dénonceras pas ?
-Je…Je vous le…le promets. Vous avez ma…ma parole.

Je ne la croyais pas, et mes impressions furent fondées lorsque j’aperçus dans sa main une lettre. Je la lui pris sans qu’elle ne puisse répliquer. La lettre était destinée à son époux, Marc, et cette femme y disait qu’elle m’avait vue vendre des poisons. Elle doutait pour sa vie. Elle ne pouvait pas avoir plus raison. Pendant que je lisais rapidement la lettre, elle prit une seconde fois la fuite et je la poursuivis. Nous courûmes pendant quelques minutes. Je sentais que je ne pourrai la rattraper et qu’elle arriverait à m’échapper. Ma vie en serait finie. Nous passâmes alors dans une bibliothèque. Je pris un livre au vol, et le gardai avec moi, tout en courant derrière ma nouvelle ennemie. Elle descendit un escalier en courant. Je restai sur le palier, et lançai le livre que je tenais dans mes mains de toutes mes forces sur son dos. Elle perdit l’équilibre sous le choc et tomba jusqu’au sol. J’attendis quelques secondes. Elle ne bougeait plus. Je descendis doucement l’escalier, aux aguets. Arrivée à son niveau, je compris qu’elle ne bougerait plus jamais. Elle ne respirait plus. En proie à une grande frayeur, je ne savais que faire. J’avais accompli un nouveau meurtre, le second. Mais j’en voulais à cette sotte. Si elle ne s’était pas enfuie, dans la rue, je n’en serais pas arrivée là. C’était juste une question de survie. Pour masquer le meurtre en accident, je la portai jusqu’au salon où le feu brûlait dans la cheminée. Je laissais son corps dans la pièce. J’agissais sans réfléchir, comme par instinct de survie. Je pris un livre qui traînait et arrachai des pages que j’approchai du feu, puis lorsque les flammes gagnèrent le papier, je le jetai dans la pièce. Enfin, je me dépêchai pour quitter la bâtisse avant que le feu n’atteigne toutes les pièces. Sans un regard en arrière, je rentrai chez moi. Mon honneur était sauf. Ma vie l’était aussi.

« Adèle Moreau. Je suis enchantée de faire votre connaissance. Votre jeu au théâtre me surprend toujours plus. Vous me faîtes rire à chaque représentation.
-Je vous remercie. Je suis Lionel Gaudin, et je suis heureux de faire votre connaissance, moi aussi.
-Je connais votre nom. Jean-Baptiste me l’a dit. Je fais partie de ses admirateurs, alors, j’ai droit à quelques faveurs. »

Un clin d’œil acheva mon petit numéro de charme. Lorsque je m’ennuyais, j’allais voir des représentations théâtrales, et j’appréciais celles de la troupe de Molière. Celui-ci me connaissait sous mon nom d’emprunt. Je lui avais demandé de faire venir Lionel. Le jeune comédien me plaisait beaucoup. Il avait un air mystérieux qui m’attirait. Lena, je t’ai déjà dit à plusieurs reprises que je voulais être maîtresse de mon corps. C’est ce que j’étais, depuis la mort du marquis. Je profitais de ma liberté. Je me retrouvai très vite dans le lit de Lionel. Bien évidemment, je refusais qu’il vienne chez moi. Je ne voulais pas qu’il connaisse mon véritable nom ou qu’il ait une idée de ma fortune. Je restais pour lui la bourgeoise. Je ne m’attachais pas vraiment à lui, mais je sentais que des sentiments connaissaient à naître de son côté. Grâce à ma fortune qui prospérait grâce aux poisons et à l’art, je lui donnais de l’argent pour qu’il puisse survivre. Même s’il était logé par Molière, vivre à Paris n’était pas facile. Je passais, et je passe toujours, des moments extraordinaires à ses côtés. J’aime sa jeunesse, son tempérament de feu et sa vivacité. Lionel est un peu ma bouffée d’air frais, et je vais vers lui lorsque les rudiments de la Cour m’oppressent. Vivre parmi la noblesse m’ennuie, parfois, et je sais que Lionel peut me faire oublier ce milieu.

« Lena, tu penses peut-être que j’exagère. Lorsque tu es à mes côtés, je ne parais pas être une femme indépendante et libre. Mais à la Cour, je me dois de garder pour moi ces petits secrets. Mon autre identité ne peut paraître sous les lustres de Versailles. Là-bas, j’y suis la veuve qui s’occupe en prenant des artistes sous son aile. A Paris, je suis la bourgeoise qui prend du bon temps et s’amuse. Je ne regrette rien de mes actes passés, car ma vie, aujourd’hui, m’apporte tout ce dont j’ai besoin. »

Mes talons claquaient sur le sol et résonnaient dans le silence de la nuit. Je tentais de marcher plus discrètement, mais n’y parvenais pas. Je me cachai derrière un mur, et passai la tête pour voir si l’on me suivait toujours. Depuis le début de la soirée, je n’avais pu effectuer mes transactions de poison. Cette personne me suivait et je n’avais osé nous mettre en danger, mes clientes et moi. J’essayais donc de perdre cette personne, mais elle me retrouvait toujours. La soirée s’était passée ainsi. Il était désormais presque minuit. Fatiguée, je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi. Mais je ne le pouvais, cela revenait à crier haut et fort mon nom. Tournant à l’angle d’une rue, je pris une autre rue et une autre, espérant ne plus voir celle qui me suivait. Mais j’entendis les froufrous de sa robe. Sans réfléchir, j’ouvris une porte à tout hasard et la refermai derrière moi. Après un soupir de soulagement, je sentis la poignée bouger. On m’avait rattrapée. Je ne savais pas chez qui j’étais, mais il y avait du bruit. Je courus vers la pièce la plus proche, et pris au passage un loup. Il y en avait plusieurs à la libre utilisation des invités. Une fête masquée ? Je n’aurais pas pu rêver mieux. Mais arrivée dans la pièce, je fus particulièrement…choquée. En y repensant des jours plus tard, j’en riais et je regrettais de ne pouvoir en parler à personne. J’aurais tant aimé pouvoir en rire avec Lionel ou avec Alfie, bien que celui-ci se fût fait plus discret ces derniers jours. Toujours est-il qu’à ce moment, je n’avais pas envie de rire. C’était une fête masquée plutôt spéciale. Les couples étaient à moitié nus et s’enlaçaient sans cérémonie. Ils étaient à plusieurs dans la même pièce, mais cela n’avait l’air de gêner personne. Trop occupés à se toucher, aucun d’eux n’avait remarqué ma présence. Soudain, je sentis une respiration dans mon dos. Je me retournai, et vis celle qui me poursuivait, elle aussi masquée. Je partis alors rapidement et cherchai un endroit où me cacher. Je passais entre les couples, me cachais derrière les murs. Je fis tant de fois le tour du rez-de-chaussée que j’en eus des vertiges. Puis je vis celle que j’esquivais. Elle était de dos et donc ne me voyait pas. J’avançai discrètement jusqu’à elle, puis, une fois derrière son dos, je tirai doucement sur le nœud qui faisait tenir son masque. Enfin, sans plus attendre, je rejoignis la porte d’entrée et quittai cet hôtel de la luxure.

« Je l’avais échappée belle, cette nuit-là. Je devais redoubler d’attention, depuis, pour transmettre les fioles à mes clientes. Je me sentais toujours suivie, et j’avais peur que quelqu’un n’ait des soupçons à propos de moi. Comme tu le vois, Lena, je mène une vie assez dangereuse. Mais cela me plaît. »

« On dit que le jeune Surrey se pâme devant le chevalier de Lorraine. On dit même qu’il le suit partout, oubliant parfois jusqu’à ses devoirs envers Monsieur. Croyez-vous que ses vers lui seront destinés ?
-Le chevalier, sa Muse ! Ha, comme cela me fait rire !
-Je ne vous le fais pas dire, chère amie.

Me promenant dans les jardins de Versailles, j’avais entendu cette discussion. Ralentissant le pas, je tendais l’oreille. J’avais remarqué qu’Alfie se faisait plus distant. Il pouvait se passer une semaine sans qu’il ne vienne me voir. Je n’avais plus le privilège de lire ses vers avant tout le monde. Sa présence me manquait car, je te l’avoue, j’aimais me sentir importante. Je me disais alors qu’il était ingrat. Je lui avais tant donné ! Il était aimé par ces dames grâce à moi. Il me devait le respect. Et ce n’était pas en m’ignorant qu’il me remerciait. Il ne répondait pas à mes lettres. Il m’évitait lorsqu’il me voyait à Versailles. Je voulais lui faire regretter son attitude. Pour cela, je contins ma colère, et arborai un grand sourire pour aller lui parler.

« Alfie, comment allez-vous ? Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus ! »
Lui laissant à peine le temps de répondre, je lui demandai un service. J’avais tant besoin de son aide, ne pourrait-il pas me l’apporter, après tout ce que j’avais fait pour lui ? De cette manière, je faisais d’une pierre deux coups : je me vengeais de ce petit imbécile, et je trouvais quelqu’un pour porter mes poisons sans que l’on ne me soupçonne. Oui, Lena, je suis machiavélique. Mais je me dois de te dire qui je suis, sans détour et sans fard. Je me mets à nu, et voilà qui je suis.

« Sans Beauharnais, c’est vraiment difficile pour s’entrainer ! Bon, allons au campement, nous verrons là-bas !
Je me promenais dans les jardins, et j’avais entendu, et vu, le mousquetaire qui parlait. Un grand brun, jeune, que j’observais, le sourire aux lèvres. Mais soudain, ce nom, Beauharnais, réveilla quelque chose dans mon esprit. Et je me souvins. Dans la maison de la sotte que j’avais tuée, j’avais vu le tableau d’un homme âgé, dont le nom apparaissait au dessus du cadre : Beauharnais. Je fis alors le rapprochement. Le mousquetaire déplorait l’absence de Beauharnais : était-il mourant de chagrin ? Je décidai alors intérieurement de le surveiller de près. Moi qui pensais ma vie saine et sauve…Il ne manquerait plus qu’un mousquetaire en soif de vengeance pour tout faire tomber à l’eau.

« Anne, je n’en peux plus. Mon époux m’insupporte, et je dois accepter chacun de ses faits et gestes en bonne épouse que je dois être.
-J’ai connu cette situation, mon amie.
-Vous avez eu de la chance. Enfin, je veux dire…La mort de votre époux a du être horrible, mais aujourd’hui…Enfin vous voyez, je ne veux pas dire que vous deviez être heureuse mais…
-Ne vous en faîtes pas, Flore, j’ai compris où vous vouliez en venir. Je pense, et j’ose vous le dire parce que nous sommes amies depuis plusieurs mois maintenant, que le statut de veuve est infiniment enviable. Bien évidemment, évitez de le crier sur tous les toits.
-Vous pouvez me faire confiance. Je m’en veux, Anne, mais parfois, je prie pour être dans la même situation que la vôtre… »

Flore de Bar me paraissait être influençable. Et cette impression se confirma au fil des semaines. De confidences en confidences, je parvins à avoir sa confiance. Chaque jour elle déplorait sa vie, se plaignait et parfois, j’avais envie de la gifler. Oui, j’étais, et je suis, son amie. Mais elle peut être si insupportable, parfois ! Des plaintes, et jamais d’action ! Alors je lui insuffle des idées. Je lui parle de poison. De meurtre. Puis je lui parle de liberté, de vie menée comme on l’entend. Je sens qu’elle y pense. Qu’elle veut tuer son mari. Qu’elle fasse donc, et me laisse tranquille ! En attendant, elle prend part au commerce des poisons, et ce, avec grand plaisir. Voilà qui m’aide bien. Si on me soupçonne, Flore me sera d’une aide utile…sans qu’elle ne s’en rende compte.

« Voilà ce que je fus, et ce que je suis aujourd’hui. Je ne te demande pas d’être indulgente envers moi. Je ne veux pas non plus que tu ressentes de la compassion. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est que je l’ai voulu. Et si tu es là, à mes côtés, c’est aussi parce que je l’ai voulu. Oui, Lena, je t’ai voulue près de moi. J’avais promis à Henri-Charles de ne plus jamais intervenir dans sa vie. J’ai failli à ma promesse. J’avais appris par quelque connaissance que tu vivais avec tes grands-parents. Je leur ai alors envoyé une lettre, leur disant que j’avais entendu parler de tes qualités. Tu me l’as toi-même dit, tu étais admirée là où tu habitais. Cela paraissait donc possible. Je t’ai alors demandé comme dame de compagnie. Je pensais que ce serait un cadeau formidable que me feraient alors tes grands-parents. Mais je dois t’avouer que cela m’est difficile. Te voir chaque jour m’est un bonheur et une souffrance en même temps. Je vois ton père, lorsque tu apparais devant moi. Mes souvenirs refont surface. Je pense à cette nuit, cette nuit si formidable. Lorsque je te vois, mon regard se fait mélancolique. Tu es ma faille, dorénavant, Lena, et je me demande si c’était vraiment une bonne idée de te faire venir. Si quelqu’un l’apprend…alors je serai perdue. Ton père est ma faiblesse, il l’a toujours été. Dorénavant, tu l’es aussi. Et ça, c’est dangereux, pour chacune de nous. »



La main posa la plume et plia le papier. Le sceau marqua la fin de la lettre. Rien n’y serait ajouté, ni enlevé. Mais la lettre était destinée à ne pas être lue, car elle fut posée dans un coffre dont une serrure bloquait l’ouverture.






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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime09.04.12 19:16

Ma fiche est finie ! cheers

Bonne lecture ! Smile
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Philippe d'Orléans


Philippe d'Orléans

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a été brisé, piétiné et maintenant celui qui était à mes côtés est devenu mon ennemi. Quelle cruelle destinée !
Côté Lit: Le lit de mon palais est si confortable et accueillant !
Discours royal:



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Âge : 27 ans
Titre : Prince de France, Monsieur le frère du Roi, Duc d'Orléans, de Chartres, d'Anjou, seigneur de Montargis
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Date d'inscription : 03/01/2007


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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 12:21

TU ES VALIDÉE !
BIENVENUE A VERSAILLES

Han quelle jolie fiche **
Vraiment, je l'ai dévorée, je l'ai trouvée magnifique. Puis le style de la lettre à sa fille, j'ai trouvé ça vraiment touchant et original en plus ! Tu as très bien su t'approprier son histoire et on sent que tu as du faire pas mal de recherches pour arriver à cela.

Juste remplis ta fiche de personnage (profil ► "si versailles") ^^

Que dire, à part que j'adore et que tu as validée sans problème ! Ah si, Monsieur tient à te dire que nous allons être de grands amis What a Face Toi même tu sais pourquoi ! What a Face

Allez Colette 57 ans (j'adore PTDR ) tu es à nouveau des nôtres sous ce fabuleux personnage \o/ Tu connais la maison à force ! Razz
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PENSE PAS BÊTE ; Qui est qui ? Petit topo des personnages sur le forum.Fiches de liensFiche de rpsDemandes de rangs et de logementsProposer un scénario.

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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 12:31

Merci ! Ca me touche vraiment **
Je sens que je vais faire de grandes choses avec Anne ! (et je suis pressée de mettre au point tu sais quoi Laughing )

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Amy of Leeds


Amy of Leeds

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Mère enfin apaisée et femme comblée mais pour combien de temps encore ?
Côté Lit: Le Soleil s'y couche à ses côtés.
Discours royal:



♠ ADMIRÉE ADMIN ♠
Here comes the Royal Mistress

Âge : A l'aube de sa vingt septième année
Titre : Favorite royale, comtesse of Leeds et duchesse de Guyenne
Missives : 7252
Date d'inscription : 10/09/2006


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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 12:43

Coucouuuuuuuuu et bienvenuuuuuuuuuuuue, je suis de l'avis de Mister, Colette ( PTDR )

Quelle belle fiche, tout ça en forme de lettres, j'ai adoré et j'ai bu tes paroles jusqu'à la fin. **

C'est donc un énième grand oui pour moi aussi ! cheers

Amuse toi bien parmi nous, nous empoisonne pas trop quand même par contre ! Razz


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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 14:05

Merciiii ** **

Je crois que c'est la fiche dont je suis la plus fière I love you

Je vais tenter de ne pas empoisonner les Versaillais, même si ça va être dure de se retenir Laughing
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 15:26

Ma chère Colette, entre empoisonneuses il va bien nous falloir un lien What a Face Compte sur moi pour passer très vite sur ta fiche de liens, en attendant, bravo, c'est une superbe fiche I love you I love you RE-BIENVENUUUUUUUUE cheers cheers cheers
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 17:22

Bienvenue très chère Colette, ça fait plaisir de voir des personnes de ton âge parmi nous Very Happy .

Que dire sinon que je suis une fan de ta fiche, que je l'ai dévoré au fur et à mesure de tes posts et que cette Anne est vraiment un personnage fascinant I love you ?


Bref amuse-toi bien avec cette charmante marquise, j'essayerai d'échapper à ses poisons Razz . Encore bravo cheers
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 17:36

Merci Helle ! Je réfléchis à un lien Clin d'Oeil

Arthur : Merci pour tous ces compliments ** J'avais peur que mon âge soit un obstacle. Mais j'espère apporter des choses à ce forum grâce à mon expérience Razz
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime10.04.12 21:10

Fiche magnifique ** Dis donc, c'est une folie schizo qui s'abat sur Versailles. On aiiiiime! Twisted Evil

Les empoisonneuses ont la classe I love you
Je sens qu'on va avoir des aventures par milliers bientôt!
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Cédric de Portau


Cédric de Portau

« s i . v e r s a i l l e s »
Côté Coeur: Il a servi il y a des années avant de complètement le ferme. Mais la revoir me fait redevenir ... humain ?
Côté Lit: Sans courir après les dames, il se porte à merveille !
Discours royal:



    B E L Z E B U T H
    l'associé du diable


Âge : 29 ans
Titre : Comte de Gan
Missives : 524
Date d'inscription : 11/05/2011


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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime12.04.12 18:42

Han, encore une empoisonneuse Razz
J'adore ta fiche et ton style d'écriture I love you
(ouais, je mets un coeur avec Cédric, c'est rare Razz Savoure Razz)
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime13.04.12 12:38

Merci Pam' Very Happy Ouai, plein d'aventures Twisted Evil

Cédric : Mercii ** Je savoure le I love you qui vient de Cédric, c'est rare Laughing
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MessageSujet: Re: Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques   Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques Icon_minitime

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Anne de Gallerande, un esprit diabolique sous des airs angéliques
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