Second Chance

sometimes, we meet our destiny on the road we took to avoid it.

Journal de bord de Wesley Hamilton, 18 juin 2003, Blackwater Ridge, Chilcotin, Colombie-Britannique. [/iLes lieux sont grandioses, baignés d'une lumière irréelle, la liberté paraît sans borne. Plus je passe de temps ici, plus je réalise que cet endroit est parfait pour y implanter mon projet. Une seconde chance, une opportunité pour tous ceux qui passeront par le centre de reprendre leur vie là où ils l'avaient laissée ou de tenter d'en commencer une toute nouvelle, loin d'un passé trop lourd à porter. C'est ce passé que je veux les aider à accepter, l'avenir que je veux les aider à saisir. Je veux croire en eux comme cet homme avait cru en moi, je veux offrir à ceux que l'on rejette une chance de retrouver une place dans une société dont ils ont jadis fait partie. Anciens détenus, délinquants, jeunes adultes égarés... ils auront tous une place dans cet institut, il y aura quelqu'un pour leur tendre la main. Parmi les paysages d'un Canada sauvage, au son des rivières, au pas des chevaux, une tranche de paradis après les sombres méandres de leurs histoires... [i]La liberté Faut la rêver Quand on promène nos corps Sous le mirador Article d'un journal local, 13 septembre 2005. Le centre Seconde Chance fête cette semaine son premier anniversaire. S'il n'a pas été accueilli de bon cœur par les habitants de Blackwater Ridge à son ouverture, la volonté de son directeur, sa sympathie et son sens de la probité ont eu raison des protestations. Son combat n'était pourtant pas gagné d'avance, lui-même ancien détenu, rendu à la vie active par un système judiciaire qui n'accordait pas d'importance à sa réinsertion, sa vie a été la lutte constante d'un homme qui s'est vu juger pour avoir frapper un être qui s'en était pris à sa fille, une lutte pour retrouver un travail, affronter les regards. Son expérience fut l'inspiration de son projet. Aujourd'hui, son centre accueille ceux qui n'ont plus personne pour croire en eux, qui n'ont plus personne en qui croire, ceux que tout le monde rejette il les prend sous son aile, les transforme, leur procure un nouvel horizon. C'est dans notre nature, à quelques kilomètres de notre petite ville, que Wesley Hamilton s'est installé, espérant insuffler à ses pensionnaires le respect et l'espoir. Mais ce dont il les gratifie c'est d'une nouvelle famille. Un projet d'abord décrié avant d'être applaudi. (…) Un bon anniversaire et des félicitations chaleureuses de la part de notre communauté. If a man is a man, he needs someone to believe in. Article d'un journal local, 24 décembre 2010. C'est une sombre veille de Noël pour le centre Seconde Chance, son très apprécié et respecté directeur est décédé cette nuit d'une crise cardiaque. Il laisse derrière lui non seulement sa fille unique, Penelope, mais aussi toute la famille qui s'est construite autour de lui ces dernières années. Depuis sa création, de nombreuses personnes sont passées par le centre, certaines font aujourd'hui partie du personnel de l'établissement, d'autres travaillent dans notre ville. Tous sont en deuil, ayant perdu celui qui leur avait tendu la main dans leurs moments les plus noirs, ayant perdu un père. Nos pensées accompagnent ses proches et nous souhaitons que sa fille puisse porter les responsabilités du centre dont elle hérite. (…) Article d'un journal local, 27 octobre 2011. Presque un an après la mort de son patriarche, alors que les mauvaises langues s'accordaient à dire qu'il allait disparaître, le centre Seconde Chance a trouvé un nouveau souffle. La fille de Wesley Hamilton est parvenue à le maintenir à flots, notamment grâce à l'aide non-négligeable d'un ami de son paternel qui a repris les rênes avec l'engagement et la détermination nécessaires, fort de sa propre expérience. Ancien membre de gang et ancien détenu, il poursuit avec un certain brio l’œuvre de son prédécesseur, lui redonnant même un coup de jeune. (…) Malgré quelques contestations, espérons que l'histoire de ce centre continue à s'écrire en de si bons termes. © Arya C & Sevenways